france france catholique catholique

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FRANCE Catholique FRANCE Catholique 3:HIKLMI=YUW^U[:?d@b@k@j@k; M 01284 - 3109 - F: 2,90 E ISSN 0015-9506 Reconnaissance des apparitions du Laus pages 12 à 17 Chrétiens et islam : au Qatar , en Algérie et en Irak pages 19-20 et 22 ENTRETIEN n Hubert Védrine : Les élites françaises face à l’ Europe et au monde pages 8 à 10 Festival de Pâques à Chartres pages 24 à 26 84 e année - Hebdomadaire n°3109 - 7 mars 2008 www.france-catholique.fr 2,90 FRANCE Catholique

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ISSN

001

5-95

06

Reconnaissance des apparitions du Lauspages 12 à 17

Chrétiens et islam :

au Qatar,en Algérie et en Irak

pages 19-20 et 22

ENTRETIEN

n Hubert Védrine :Les élites françaisesface à l’Europeet au monde pages 8 à 10

Festivalde Pâques

à Chartrespages 24 à 26

84e année - Hebdomadaire n°3109 - 7 mars 2008 www.france-catholique.fr 2,90€

FRANCECatholique

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BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3109 7 mars 2008

MondEAidE AliMEntAiRE : Le budget 2008 du Programme alimentaire mondial est insuffisant pour nourrir les 73 millions de personnes auxquelles il est destiné ; il manque 500 millions de $.nucléAiRE : Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni le 25 février à propos du programme nucléaire iranien.L’Inde a procédé le 26 février à un tir d’essai de missile à capacité nucléaire depuis une plateforme sous-marine.MonnAiE : 90 millions de pièces à l’ef-figie d’un homme préhistorique seront émises dans la zone euro en 2009 pour fêter les 10 ans de la monnaie unique.FinAncE : Dans un rapport rendu public le 27 février, la Commission européenne préconise une plus grande transparence sur les fonds souverains contrôlés par des pays tiers sans restreindre pour autant leur activité ; plus de trente pays (Norvège, pays du Golfe, Chine….) disposent de ce genre de fonds dont les actifs sont évalués entre 1 500 et 2 500 milliards de dollars.FiScAlité : Le problème des évasions fiscales vers le Liechtenstein révélé en Allemagne il y a deux semaines s’est diffusé en Europe et en Amérique ; en France, le fisc enquête sur deux cents dossiers.cliMAt : La tempête qui a sévi sur l’Eu rope le 1er mars a fait au moins treize morts en Allemagne, Autriche et Tchéquie...AFRiquE du Sud : Après une visite de quelques heures au Tchad où il a évoqué le problème des opposants dont on était sans nouvelles, le président Sarkozy a poursuivi le 27 février son voyage vers l’Afrique du Sud ; ce pays qui traverse une pénurie d’énergie est intéressé par le nucléaire français ; le Président y a annoncé une réforme de la politique africaine de la France.tuRquiE : L’armée turque a livré de durs combats dans le nord de l’Irak contre les places fortes du PKK. Elle aurait eu 27 tués et aurait anéanti 240 Kurdes.Une loi votée le 20 février à Ankara va permettre aux communautés chrétien-nes et juives de récupérer des biens anciennement confisqués.AFghAniStAn : Selon des informa-tions rendues publiques le 27 février, la France pourrait engager des forces spéciales dans les zones tribales bor-dant le Pakistan. Suite au scoop d’un

site américain révélant que le prince Harry de Grande-Bretagne combattait en secret les talibans, le jeune homme a été rapatrié, sa mission étant devenue trop dangereuse depuis sa divulgation.liBAn : L’élection du président de la République a été renvoyée au 11 mars en raison des divergences qui opposent les parties en présence ; c’est le 15e report depuis septembre 2007. coloMBiE : Le Venezuela a accueilli le 27 février quatre nouveaux otages libé-rés par les Farc, tous anciens élus colom-biens; l’un d’eux a insisté sur l’urgence de la libération d’Ingrid Betancourt dont l’état de santé est dégradé. Le n°2 des Farc, Raul Reyes, a été tué par l’armée colombienne a-t-on appris le 1er mars. L'o pération a eu lieu en territoire équa-torien, ce qui pro voque un grave incident diplomatique.RuSSiE : Dmitri Medvedev, candidat du pouvoir, a été élu Président le 2 mars avec 70% des voix ; son Premier minis-tre sera le Président sortant, Vladimir Poutine. cAMERoun : L’armée a pris position le 28 février à Yaoundé après des manifes-tations violentes contre la vie chère.tchAd : Un des opposants tchadiens dis-parus depuis février, Ngarlejy Yorongar, est arrivé vivant à Yaoundé le 2 mars.gAzA : Des milliers de Palestiniens ont manifesté le 29 février contre les atta-ques israéliennes menées en représailles des tirs de roquettes sur Israël. 70 Gazaoui ont été tués en deux jours ; le président de l’Autorité palestinienne a suspendu le 2 mars les négociations de paix avec Israël.iRAk : Le 29 février, Mgr Paulos Faraj Rahho, archevêque de Mossoul des Chal-déens, a été enlevé à l'issue d'un chemin de croix dans l'Église du St-Esprit à Mossoul dans le Nord de l'Irak. Trois personnes qui l'accompagnaient ont été tuées. Les ravisseurs ont demandé une rançon.En visite à Bagdad, le président iranien a annoncé le 2 mars l’instauration de nou-velles relations entre les deux pays.JERSEY : La découverte par la police britannique d'un squelette d'enfant dans la cave d'un ancien orphelinat de l'île de Jersey (appelé Haut-de-la-Garenne) accrédite la rumeur, jamais prise au sérieux par la justice jusque-là, de nombreux crimes sexuels commis à cet endroit, des années 60 à 80. 160 victi-mes se sont soudain fait connaître.

étAtS-uniS : 40.000 patients traités de 2004 à début 2008 au «Centre d'endos-copie du Nevada du sud», à Las vegas, doivent se sou mettre à des tests pour déterminer s'ils ont été contaminés par les virus de l'hépatite B et C voire le sida, car cette clinique ne respectait pas les normes d'hygiène les plus élémentaires.

FRAncEPRiX : Le Premier ministre a annoncé le 25 février une opération « coup de poing » pour lutter contre ce qu’il estime être des abus des industriels et des distributeurs en matière de hausse des prix.EMPloi : Après plusieurs mois de baisse, le chômage a augmenté en janvier de 0,7%; les économistes redoutent un ra lentissement de la consommation ; la chute du dollar qui a passé la barre de 1,50 $ pour un euro, n’arrange pas les choses.JuSticE : En tentant de contourner la décision du Conseil constitutionnel à propos de la loi de rétention des crimi-nels dangereux, N. Sarkozy a provoqué de vives réactions dans les milieux poli-tiques et judiciaires ; cependant, selon un sondage IFOP du 26 février, 80% des Français seraient favorables à cette loi. Dix-neuf personnes étaient mises en examen le 26 février pour les violences commises contre les forces de l’ordre à Villiers-le-Bel en novembre 2007.Le jeune homme qui, en pleine classe, avait poignardé son professeur en 2005 a été condamné le 1er mars à 13 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de l’Essonne. Le procureur de la République de Tours a demandé le 26 février le renvoi en cour d’assises de Véronique Courjault pour assassinat dans l’affaire des « bébés congelés ».MédEcinE : 180 associations ont organi-sé le 29 février la première journée euro-péenne consacrée aux maladies rares qui touchent 30 millions de personnes en Europe.littéRAtuRE : Misha Defonseca, auteur du livre à succès dont on a tiré un film : « Survivre avec les loups », a avoué qu’el-le a inventé toute cette histoire qu'elle avait prétendue autobiographique.égliSE : Dom Gérard Calvet, fondateur de l'abbaye bénédictine du Barroux, est mort le 28 février à 81 ans.

J.L.

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SOMMAIRE ACTUALITé

4 éCONOMIE La question des prix Alice Tulle 5 AFRIQUE Paris-Le Cap Yves La Marck 6 ASIE Timor-Leste en panne YLM 7 POLITIQUE Le coup de crayon Emmanuel Chaunu 8 POLITIQUE éTRANgèRE L'aveuglement des élites françaises Hubert Védrine / Alexandre Da Silva 11 SOCIéTé Euthanasie, cas emblématique Tugdual Derville

DOSSIER

12 APPARITIONS MARIALES Du nouveau au Laus Patrick Sbalchiero 14 Le parfum et l'huile PS 17 Qui est Benoîte ? François de Muizon / P. Sbalchiero ESPRIT

18 LECTURES 5e dimanche de carême Michel Gitton 19 ECCLéSIA Pâques au Qatar Adnan Nasrawin

L'inquiétude des évêques algériens NNSS H. Teissier, G. Piroird, A. Georger, C. Rault 22 égLISE Irak : les chrétiens dans l'étau Marc Fromager 23 MéMOIRE DES jOURS Michel Debatisse Robert Masson

MAgAzINE

24 MUSIQUE Pâques fait son show à Chartres Christophe Lafontaine et Caroline Pougnet 27 IDéES Toujours la laïcité... Gérard Leclerc 29 B.D. Sac au dos sans trêve, 22/40 Albéric de Palmaert - Palmar 30 ExPOSITIONS Daniel Lebée à "La Ruche" Alain Solari 32 ThéâTRE "Logomotive théâtre" Pierre François 33 CINéMA "Soyez sympas, rembobinez", "Les femmes de l'ombre", "L'heure d'été" "Sans plus attendre" M.-Ch. Renaud d’André/ M.-L. Roussel 34 ThéâTRE "Un riche, trois pauvres" Pierre François 35 TéLéVISION "La môme", "Retour à Cold

Moutain", "je crois que je l'aime" Marie-Christine Renaud d’André 36 TéLéVISION Votre début de soirée M.-Ch. R. d’A. 38 BLOC-NOTES Vie associative et d’église Brigitte Pondaven

éDITORIAL

FRANCECatholique n°3109 7 mars 2008 3

Lors de la sixième journée européenne des universités (1er mars) centrée sur les relations entre les deux côtés de l'Atlantique, Benoît XVI a déclaré à son public d'étudiants : « Le christianisme constitue un lien fort et profond entre le Vieux Continent et le Nouveau Monde ; malheureusement ce qu'on appelle la civili-

sation occidentale a trahi en partie son inspiration évangélique ». Reprenant ainsi un débat récurrent, le pape a mis l'accent sur la vraie signification de ce qu'on appelle ordinairement « nos racines chré-tiennes ». L'acharnement de beaucoup pour s'opposer à toute mention explicite du rôle du christianisme dans l'élaboration de notre civilisation trouve ici son explication la plus forte. Pourquoi s'enfoncer dans le ridicule d'un tel déni sinon par peur d'un rappel qui sonne comme une mise en garde, et plus encore une sommation à retrouver un sens de la dignité humaine de plus en plus compromis par la manipulation, la marchandisation, voire la négation de notre humanité.

Que le message de la Bible et le ferment évangélique ne soient pas seuls en cause dans nos origines culturelles, les chrétiens seront les derniers à ne pas l'admettre eu égard à ce que notre ami Rémi Brague appelle « la secondarité du christianisme », c'est-à-dire cette faculté de reconnaître ce qui le précède, en en faisant ressortir le bien fondé. De même que l'Église primitive reconnaît dans le livre saint des juifs son Ancien Testament, de même la philosophie grecque et le droit romain trouvèrent dans leur ordre l'accueil le plus empressé. C'est bien pourquoi, selon Henri Irénee Marrou, il n'y avait nulle peur chez les premiers chré-tiens de confier leurs enfants aux écoles de l'Empire pour en reccueillir les meilleures leçons humanistes. C'était aussi la démarche d'un Ricci et de ses compagnons dans la Chine du XVIIe siècle où ils étaient devenus mandarins parmi les mandarins. Mais cette ouverture au trésor des civi-lisations du monde n'abolissait pas la nouveauté absolue du Christ et de sa révolution de l'Agapé.

On sait qu'au XVIIIe siècle, le mouvement européen des Lumières, qui consistait pour l'essentiel en un essor du savoir pour un progrès généra-lisé, n'était pas indemne de violentes poussées antichrétiennes. Ce sont celles-ci qui expliquent encore aujourd'hui le furieux déni des racines chrétiennes. Pourtant, ce n'est pas la Raison, la science ou le progrès qui sont en cause dans ce conflit des mémoires et des valeurs, mais précisé-ment cette nouveauté absolue qui du Christ se reflète sur tous les visages d'hommes. Exclure cette nouveauté permanente de la grâce, ce n'est pas servir l'humanisme moderne, c'est se mutiler de sa référence au secret de notre dignité et de notre salut. n

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur :

Toujoursles valeurschrétiennes

par Gérard LECLERC

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La réplique désormais célèbre du président de la Ré publique en visite au salon de l’Agricul-ture a agité les médias

pendant trois jours et la vidéo de l’incident a été vue par d’in-nombrables personnes. Mais la Toile ne sert pas seu lement à la distraction des internautes. On y trouve ces temps-ci une vidéo très prisée. Elle montre le candidat Sarkozy décla-rant, du haut d’une tribune, qu’« une des questions centrale pour la France, c’est celle du pouvoir d’achat des Français. Les sa laires sont trop bas, les revenus sont trop faibles » et la France « qui travaille dur » « trouve qu’on n’arrive pas à joindre les deux bouts ».

Puis on passe à un extrait de la conférence de presse du 8 janvier : « s’agissant du pouvoir d’achat, qu’est-ce que vous attendez de moi ? Que je vide des caisses qui sont déjà vides ? Ou que je donne des ordres à des entreprises à qui je n’ai pas à donner d’ordres ? (…) Réduire le débat poli tique français à la seule question du pouvoir d’achat, c’est absurde » déclare le président de la République.

Le débat politique fran-çais porte sur de nombreux sujets - c’est évident. Mais le souci du pouvoir d’achat est devenu primordial et les clas-ses moyennes et po pulaires qui avaient voté pour le « candidat

du pouvoir d’achat » éprouvent une vive déception. Celle-ci est renforcée par les informations que publient divers organis-mes.

L’INSEE a montré qu’en 2006, le pouvoir d’achat des sa lariés moyens n’a augmenté que de 0,4%, mais seulement en raison de l’augmentation très modérée du salaire des cadres, car le pouvoir d’achat des employés a stagné et celui des ouvriers a baissé (- 0,2%). C’est là une tendance ancienne,

car la part des sa laires dans le PIB a baissé de 0,7% entre 1982 et 2006.

Une autre tendance vient compliquer la situation : la hausse des prix des produits alimentaires atteint, dans des cas récents, des proportions inouïes. L’enquête pu bliée en

février par la revue 60 Millions de consommateurs a confirmé ce que cha cun peut constater : sur les trois derniers mois, le lait a augmenté de 20%, les camemberts se situent entre + 12 et + 32%, les pâtes alimen-taires et certains jambons dépassent les 40% d’augmen-tation !

Comme les négociations salariales n’aboutissent qu’à des augmentations inférieures à l’inflation annuelle (3%), le pouvoir d’achat est pris dans

une logique baissière comme on dit à la Bourse.

Conscient du décalage entre les pro messes de la campagne et les résultats, le gouvernement tente une double action :- D’une part, favoriser l'aug -mentation du temps de travail,

par les heures supplémen-taires, mais il aimerait bien aussi une régression du temps partiel non choisi, par exemple pour les cais sières de su permarchés. Les grands distributeurs, sous pression, s'ap prêtent d'ailleurs à faire des propositions à leurs sala-riées, après des grèves très médiatisées. Mais peut-on globalement augmenter le temps de travail dans une période de faible croissance ?- D’autre part, le gouverne-ment veut favoriser la concur-rence entre les mêmes grandes surfaces comme entre les firmes (par exemple celles de la téléphonie mobile). Des opérations de vérification des prix ont lieu. Les fabricants de produits d'entretien ont été convaincus d'ententes illicites et vont devoir payer des amendes. Les centrales d'achat des grands distribu-teurs sont lourdement soup-çonnées.

Une telle détermination aura certainement un impact sur les prix, mais à moyen ou long terme, alors que les consommateurs veulent des résultats immédiats. Comment justifier à leurs yeux un tel écart des prix alimentaires avec l'Allemagne ou l'Italie ?

En attendant d'éventuels résultats, il faudra donc s’at-tendre à des mouvements d’impatience et de colère et ne pas s’étonner si beaucoup calment leurs nerfs en se moquant, par internet inter-posé notamment, des diri-geants et des conseillers qui font des gaffes, au risque de déconsidérer la politique au moment-même où l'on doit voter. n

La question des prix

ACTUALITEECONOMIE

Le pouvoir d'achat est pris dans une logique baissière, comme ont dit à la Bourse

4 FRANCECatholique n°3109 7 mars 2008

par Alice TULLE

(

Le pouvoir d'achat des Français est menacé et ceux-ci, en attendant de sanctionner le gouvernement dans les urnes, s'agitent ou, dans le meilleur des cas, se défoulent...

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Une semaine après une tournée de George Bush dans c inq pays africains d’Est en Ouest (Bénin,

Tanzanie, Rwanda, Ghana et Liberia), Sarkozy a survolé le continent du nord au sud, en direction du Cap avec un seul arrêt au Tchad. Il a prononcé le 28 février devant le président Thabo Mbeki et le Parlement sud-africain au Cap un discours qui se veut refon-dateur de la relation entre la France et l’Afrique. Sept mois après son discours de Dakar le 26 juillet 2007, caricaturant l’Afrique éternelle, hors de l’histoire, du paysan africain, il a présenté sa vision d’une Afrique nouvelle fondée sur « le modèle sud-africain »..

Bush et Sarkozy conver-gent dans leur appréciation du tournant économique survenu sur le continent depuis le début du XXIe siècle qui pour-rait en faire la région du monde appelée à connaître la croissance la plus rapide. Les opportunités offertes par la mondialisation permettent aux investissements du secteur privé de dépasser en valeur les montants d’aide publique au développement.

Bush a cependant donné à cette dernière, pour ce qui concerne les États-Unis, traditionnellement en retard par rapport aux Européens, une nouvel le impulsion par ticulièrement centrée sur la lutte contre le Sida et le paludisme. Il a pu déployer en ce domaine les ressources du « conservatisme compas-

sionnel » qui trouve des échos importants dans une Afrique travaillée par toutes sortes de mouvements religieux. Il est à cet égard étonnant que le président français qui parle religion à Rome, à Riyad et sans doute demain à Jérusalem, n’ait pas eu un mot pour l’espérance africaine, chrétienne ou musulmane,

au Cap de Bonne Es pérance. Sans doute n’a t-il pas voulu retomber dans les pièges de Dakar, ou parce que la France en Afrique a toujours voulu se démarquer des croyances ? Il manque aujourd’hui à sa relation avec les Africains ce supplément d’âme.

Dans leurs discours res -pectifs, Bush et Sarkozy se croisent sur le volet sécuri-taire. Le commandement mili-taire américain pour l’Afrique (Africom) se met en place mais le président américain a nié vouloir installer des bases sur le sol africain (outre celle déjà existante à Djibouti depuis 2002).

La France entreprend de se dégager de son rôle de gendarme de l’Afrique, annonce qu’elle révisera ses accords de défense et repliera sans doute, à terme, certaines de ses bases (Dakar, Libreville, Djibouti, Abidjan, Ndjamena et Abéché).

Bush cependant n’est pas le bienvenu en Afrique du sud où Sarkozy est accueilli à bras ouverts. Un reste de natio-nalisme et d’anti-impéria-lisme y favorise une certaine méfiance à l’égard de la Maison Blanche.

En revanche les piliers de la Françafrique ne cachent pas leur ressentiment de voir Paris faire les yeux doux à Pretoria. Eux-mêmes, au Sénégal, au Cameroun, à Djibouti, cour-tisent Washington, se sentant lâchés par Paris. Ce chassé-croisé contribue à standardi-ser les différentes parties de l’Afrique jusqu'à présent écar-telées entre francophones et anglophones, Occidentaux et Orientaux.

L’Afrique du sud et le reste de l’Afrique noire sont naturellement appelés à se rapprocher. À mesure que la première continue de s’afri-caniser, elle va connaître les mêmes difficultés que le reste du continent. À cet égard, la succession de Mandela par Mbeki puis celle, programmée pour 2009, de Mbeki par Zuma accélèrent cette transition.

Parallèlement, les pans les plus modernes de l’économie dans les pays moins dévelop-pés de l’Ouest, du Centre et de l’Est africains tendent à se comporter comme ceux du Cap ou de Johannesburg. L’Afrique du sud est une locomotive pour le reste de l’Afrique, mais elle doit se concentrer sur sa propre population dont 40% vivent encore sous le seuil de pauvreté (1 $ par jour). n

ACTUALITEpar Yves LA MARCK

Paris - Le CapAFRIQUE

FRANCECatholique n°3109 7 mars 2008 5

)En revanche, les piliers de la Françafriquene cachent pas leur ressentiment

L’Afrique entre passé et futur : Sarkozy choisit Le Cap contre Dakar, au nom du réalisme et de la transparence…

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L'état de santé du prési-dent timorais, José Ra mos-Horta, prix Nobel de la Paix 1996, blessé par balles dans

une tentative de putch, le 11 février, s’améliore après cinq interventions chirurgicales dans un hôpital australien où il avait été évacué dans le coma. Son agresseur, un chef militaire entré en dissidence armée a été tué par la garde présidentielle, mais fait désor-mais figure de mythe à la Che Gevara pour ses partisans...

Ce petit État miraculé, devenu indépendant en mai 2002, après vingt-cinq ans d’occupation indonésienne et cinq siècles de colonisation portugaise, ne parvient pas à tourner la page de sa décolo-nisation.

Aux oppositions régionales entre parties orientale et occi-dentale de l’île, où le nouvel État conserve une enclave dans ce qui demeure une province indonésienne, s’ajoutent des règlements de comptes entre indépendan tistes et collabo-rateurs de l’ancien pouvoir indonésien, et se surajoutent des rivalités entre la vieille garde mar xisante de la lutte pour l’indépendance, reve-nue de ses bases exté rieures (Mozambique), et résistants de l’intérieur.

Le Fretilin, ex-mouvement de libération transformé en parti, demeure le plus impor-tant mais il a été évincé du

gouvernement par une coali-tion de nouveaux partis démo-cratiques après les dernières élections de mai-juin 2007.

Ceux-ci ont maintenu au pouvoir les deux héros de l’in dépendance, au jourd’hui président et premier mi nistre. Toutefois ces derniers n’ont plus l’aura de 2002, Xanana Gusmao, l’homme fort, avait

été plébiscité à 85%. L’élection cette fois-ci fut très serrée. Ra mos-Horta avait dû faire des concessions aux partisans du chef militaire dissident, et Gusmao, de président, est devenu premier ministre.

La sécurité demeure le point faible du pays. L’op-position de la police – héritière des supplétifs de l’In donésie

– et de l’armée – issue des anciens guérilleros – a dégé-neré en conflit ouvert en 2006. Il n’y eut d’autre solu-tion que de licencier ou de suspendre bon nombre des uns et des autres. Dans un pays où, pendant l’occupation indonésienne, s’étaient donné libre cours les milices et où les jeunes se défoulaient dans

des clubs d’arts martiaux, les gangs ont pu proliférer sans contrôle.

La présence, depuis l’indé-pendance, de 1 500 policiers des Nations Unies et d’envi-ron un millier de militaires australiens et néo-zélandais ne permet pas de mainte-nir l’ordre. Elle perpétue au contraire un état d’assistanat

et de tutelle de plus en plus mal ressenti par la population. La communauté internatio-nale n’a pas encore trouvé la formule magique pour traiter des États fra giles, concept qui fait pourtant l’objet d’infinies discussions multilatérales. Les ONG font du bien, mais l'ar-gent qu'elles gèrent alimente aussi les aigreurs sociales.

L’Église catholique n’a ja mais cessé de jouer un rôle de repère dans une société disparate en termes claniques, linguistiques ou culturels. Son ralliement à la cause de l’indé-pendance a valu à son arche-vêque, Carlos Belo, de partager le prix Nobel de la Paix de 1996 avec l’actuel président, José Ramos-Horta. Son opposition au précédent gouvernement, du Fretilin, a ce pendant scellé le sort de ses velléités idéolo-giques. Elle manque cruelle-ment de moyens, notamment pour développer des écoles et es père une aide du nouveau gouvernement.

Aujourd’hui la paix n’est tou jours pas au rendez-vous car l’œuvre de justice et de ré conciliation, après d’aussi terribles massacres, n’est pas encore achevée. Les trauma-tismes continuent à peser sur les familles tandis que la majorité des jeunes - 40% de la population a moins de 18 ans - s’enfonce dans le désœu-vrement et la violence.

Un mince espoir de déve-loppement économique repose sur l'exploitation de gisements de pétrole dans le golfe de Timor, que l'Aus-tralie a d'ailleurs bien du mal à accepter de partager... Mais l'on sait qu'une telle rente pétrolière peut aussi avoir ses effets pervers... n

Timor-Leste en panne

ACTUALITEASIE dU SUd-EST

Ce petit État miraculé ne parvient pasà tourner la page de sa décolonisation

6 FRANCECatholique n°3109 7 mars 2008

par Yves LA MARCK

(

Dernier État à avoir accédé à l'indépendance – jusqu’au Kosovo -, le Timor oriental (Timor-Leste), catholique à 92%, connaît une guerre civile larvée.

Page 7: FRANCE FRANCE Catholique Catholique

ACTUALITE

Le coupde crayonde Chaunu

FRANCECatholique n°3109 7 mars 2008 7

PATronAT : Le versement d’une prime de départ de 1,5 million d’euros à Denis Gautier-Sauvagnac, ancien président de l’Union des industries métallurgi-ques, a suscité un tollé le 29 février ; la présidente du Medef a demandé la démission des membres de l’Union qui représentent son organisation ; de son côté, la ministre de l’Economie a réclamé la transparence.EnTrEPrISES : L’avionneur EADS–Airbus a décroché le 29 février une commande de 179 avions ravitailleurs d’un montant de 35 milliards de dol-lars pour l’armée américaine alors que Boeing était donné favori.

Page 8: FRANCE FRANCE Catholique Catholique

n Quels enseignements avez-vous tirés de l’exercice des responsabilités ?

Par mes origines politiques, je suis à gauche – je dirais même « catho de gauche » - ce qui signifie croyance au progrès, au tiers-monde, à l’universalisme. Je n’ai jamais eu de problème avec les posi-tions des socialistes lorsqu’ils étaient aux affaires.

Cela dit, après la fin de l’Union sovié-tique j’ai eu le sentiment que le triom-phalisme occidental sonnait faux. Vous vous souvenez des thèses de Fukuyama, qui annonçait la « fin de l’histoire », l’en-trée dans la gouvernance, la victoire des valeurs universelles de l’Occident. Puis il y eut la réplique de Huntington – sa thèse sur le « choc des civilisations » qui fit scan-dale chez les progressistes. Mais, dans les années 90, l’optimisme reste dominant : il semble que le monde constitue désormais une seule « communauté internationale » et même le très raisonnable président Bush disait qu’on entrait dans « le nouvel ordre mondial » sous direction américaine.

À cette époque, j’observe pour ma part que cette lecture est trop occidentale : les Chinois, les Arabes, les Israéliens ont une autre approche et les Russes n’ont pas disparu de la carte du monde.

Quand je deviens ministre en 1997, je sens un véritable décalage entre l’opi-nion dominante, surtout à gauche, et la marche du monde. De nombreux problèmes ne sont pas réglés et il y a de sérieuses oppositions entre les points de vue. Ce qui

m’amène à penser que l’avertissement de Huntington est plus fondé que l’optimisme de Fukuyama : un affrontement entre civili-sations ne peut pas être exclu, surtout pour ce qui concerne les relations entre l’Islam et l’Occident. Je sais bien que l’Occident est un concept vague et que l’Islam présente des visages très contrastés et il est vrai qu’il y a eu pendant longtemps une indulgence américaine pour les islamistes. Je ne crois pas au choc Islam-Occident mais je me méfie énormément des petits groupes qui, de part et d’autre, cherchent ce choc. Pour conjurer ce risque réel, il faut le prendre au sérieux.

À la même époque, je m’interroge aussi sur le concept de « communauté interna-tionale » : c’est une aspiration sympathique mais est-elle pour autant réalisée ? Pas plus que la Société des nations après la première guerre mondiale ou les Nations Unies que l’on célèbre alors que, dès 1947, le monde entre dans la guerre froide. Je doute que la machine à mondialiser - qui est par certains aspects une broyeuse – puisse effacer les États. Je ne crois pas à « l’espace mondial » évoqué dans les communiqués des grandes organisations internationales : il me semble que les nations n’ont pas disparu.

n Ce constat vaut-il pour la partie Ouest de notre continent ?

Oui. Cette évolution est plus particu-lièrement marquée sur la question euro-péenne. Je n’ai jamais été mal à l’aise

avec cette idée - d’autant plus qu’avec François Mitterrand, on ne risquait pas que la construction européenne trans-forme la France en un archaïsme. Mais la façon dont certains socialistes sont européens n’est pas très éloignée de la haine de soi. Leur façon d’affirmer que les États nationaux sont dépassés n’est pas seulement un point de vue économique : il y a chez eux comme un règlement de compte avec les nations en général et avec la nation française en particulier. Ils voudraient les éradiquer et leur subs-tituer une Europe supranationale alors que je pense, à cette époque déjà, que la construction européenne ne peut pas se substituer aux nations. Cela d’autant plus que la construction européenne est un despotisme éclairé, un élitisme. Jamais les peuples européens n’ont manifesté dans la rue pour être fusionnés d’urgence ; ils ont apprécié de vivre en sécurité et dans la prospérité sans avoir à présenter des papiers d’identité à chaque frontière. Rien de plus.

L’élargissement est alors le seul projet commun des Européens : seuls quelques Français se posent des questions. Vous vous souvenez de l’échec du traité d’Ams-terdam en 1997. Le sommet de Nice est une réussite, après âpres négociations, mais c’est une réussite contestée : se répand même l’idée que ce traité est une calamité et telle est actuellement l’opi-nion de la plupart des journalistes.

n Pourquoi ce jugement négatif ?

Le traité de Nice a été rejeté parce qu’il concentre deux séries opposées de critiques :- celles des fédéralistes sincères, qui pensent que le traité ne va pas assez loin : ils n’ont guère d’échos dans les popula-tions concernées, mais sont influents dans les élites qui veulent depuis 1945 qu’on en finisse avec les nations.

ACTUALITEPOLITIQUE ÉTRANGÈRE

La construction européenne nepeut pas se substituer aux nations

8 FRANCECatholique n°3109 7 mars 2008

propos recueillis par Alexandre DA SILVA

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Alors que l'Europe se dote d'une quasi-Constitution, nous avons demandé à Hubert Védrine (après aussi son Rapport au président de la République*) ce qu'il pensait de la situation de l'Europe et du monde aujourd'hui.

L'aveuglement des élites

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- celles des Allemands qui sont hostiles au traité de Nice pour des raisons complète-ment différentes. Depuis la réunification, ils ont été très cohérents : Kohl, Schröder et Merkel ont eu pour objectif commun et priorité absolue de renforcer le poids de l’Allemagne dans les institutions.

Je dis cela sans aucune vindicte, je me contente de décrire une situation qui est très intéressante quant au déphasage. Lors de la réunification, Kohl dit à Mitterrand qu’il lui faut plus de députés au Parlement européen. Mitterrand refuse en soulignant que toute la construction européenne est fondée sur une égalité politique entre la France et l’Allemagne : Adenauer était tout à fait acquis à ce principe.

n Et Maastricht ?

Lors des négociations sur le traité de Maastricht, Mitterrand veut surtout éviter une zone mark. Les Allemands font le sacrifice du mark et Mitterrand accepte, en guise de compensation, qu’il y ait 14 parlementaires européens de plus pour l’Allemagne – mais pour solde de tout compte. Quand Schröder arrive, il fait dire par toute la diplomatie allemande qu’il serait temps que l’Allemagne ait son vrai poids dans le Conseil Européen. Or la France, l’Italie, l’Allemagne, la Grande Bretagne ont le même poids dans le Conseil. À Nice, cette demande est refusée par la France, mais Chirac accepte que le nombre de parlementaires allemands ne soit pas diminué alors que le nombre de parlementaires des autres pays est réduit pour cause d’élargissement. Lors de la convention présidée par Giscard, les Allemands demandent qu’il soit tenu compte de la démographie – ce qui fait passer la France de 9 à 13% des voix, et l’Allemagne de 9 à 18%. Personne en France n’a contesté, ni même discuté, ce point, même les partisans du Non. Dans le nouveau traité, le changement de mode

de vote est préservé – mais retardé de dix ans – et le nombre de parlementaires allemands n’a pas été diminué.

n Qu’en concluez-vous ?

Une fois encore, les élites françaises n’ont pas su négocier. Elles entretien-nent leur chimère, loin des aspirations de la population : il y a quelques années, certains ont publié une tribune dans Le Monde pour demander la fusion entre la France et l’Allemagne – comme s’il s’agissait de deux firmes automobiles. Ces élites n’arrivent pas à distinguer entre la construction d’une Europe concrète avec

des politiques communes précises et utiles et leur rage d'éradiquer les identités.

n Comment un homme politique français de droite ou de gauche peut-il en arriver à penser qu’une politique extérieure fran-çaise n’est plus nécessaire ?

La deuxième guerre mondiale ! On dit que l’attachement à l’identité est une idée dangereuse parce qu’elle conduit au patriotisme, donc au nationalisme, donc à la guerre, donc à la guerre mondiale, donc à Hitler, donc à Auschwitz… Telle est la version grand public. Mais il y a aussi des versions plus compliquées qui

Il y a des versions plus compliquées qui tiennent de la haine de soi

Hubert Védrine fut un proche collaborateur de François Mitterrand et le ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin de 1997 à 2002.

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ACTUALITErelèvent de la haine de soi. L’Europe, c’est bien parce que le dépassement de la nation c’est bien : il faut éradiquer ce qui est national et faire en sorte que plus personne ne soit identifiable par rapport à un groupe précis. Ce thème a été déve-loppé par Joska Fischer en Allemagne. Nous sommes dans une idéologie artifi-cielle, qui ne fonctionne pas : en dépit de la mondialisation chacun reste attaché à son pays.

n Seriez-vous devenu souverainiste ?

Non. Ce qui a été fait jusqu'ici est bien et nous avons un immense intérêt à avoir des politiques communes – par exemple Galileo. Mais l’Europe forte ne passe pas par des nations faibles. C’est ce qui me différencie du courant dominant. L’Europe forte suppose des nations fortes et il faut faire la synthèse par le haut. Nous n’aurons jamais de politique étrangère commune en faisant la guerre à la diplomatie française ou britannique. Cette politique commune suppose un accord au sommet des trois ou quatre grandes diplomaties européennes.

n Où en sont les relations franco-alle-mandes ?

Il faut que la classe politique fran-çaise arrête de reprendre le couplet sur la nécessité de relancer le couple fran-co-allemand pour relancer l'intégration européenne. Elle a tout faux ! Pour les Allemands, il n’y a plus de couple car ils estiment que la question française est réglée et ils s’occupent de la question polonaise. La France, quant à elle, doit montrer qu’elle a de grandes capacités de coopération avec les Britanniques, les Espagnols etc. pour montrer aux Allemands que nous avons d’autres choix. Nous pouvons développer une politique d’alliances avec des puissances exté-rieures à l’Union européenne – la Russie par exemple dont il est absurde de penser qu’elle voudra un jour entrer dans l’usine à gaz gérée par Bruxelles.

n La crise qui menace la Belgique n’est-elle pas due au soutien que la Commission européenne accorde aux régions ?

La Commission était peuplée de fédéralistes qui voulaient faire reculer les États nationaux et qui tentaient de faire l’Europe à coup de directives réglant des détails – dont ont ne voit pas l’équi-valent aux États-Unis. L’idée de renforcer les régions faisait partie de la stratégie menée contre les États. La Commission ne

s’est pas rendu compte qu’elle jouait avec le feu dans le cas de la Belgique, et peut-être dans d’autres cas. Aujourd’hui, plus personne ne pense que la Commission sera le gouvernement de l’Europe et son influence a été stabilisée. Mais pendant vingt ans l’idéologie anti-étatique s’est développée et j’espère qu’elle n’a pas porté un coup fatal à la Belgique. Car, si la Belgique éclatait, l’effet d’entraînement serait terrifiant.

n A gauche, on évoque une « Europe sociale ». Qu’en pensez-vous ?

Une partie de la gauche veut une Europe fédérale afin qu’elle soit plus sociale. C’est une incohérence. Quand on est fédéraliste, on vote à la majorité.

Or la majorité, dans l’Europe à 27, ce n’est pas l’Europe sociale à la française : dans le meilleur des cas, l’Union européenne se rapprocherait du modèle tchèque. Les socialistes suédois avaient bien compris cela et redoutaient l’Europe sociale.

En fait, il faut partir des grandes conventions internationales et agir

de telle sorte que le niveau de protection sociale soit relevé. C’est difficile, parce que le débat sur les questions sociales fait rage à l’in-térieur même des pays européens. Mais il est sûr que nous n’abouti-rons à rien si nous nous en remettons à l’Union européenne pour la politique sociale.

Pour le moment, nous subissons la mise en concurrence de chacun avec chacun, par exemple du travailleur européen avec le travailleur chinois. Les campagnes sur les droits de l’homme ne chan-geront rien à cet état de fait. Il faut créer un rapport de force avec la Chine : nous pouvons peut-être agir sur le plan juridique dans le

domaine de la protection de plusieurs sortes de droits et obliger au respect des clauses environnementales internatio-nales.

Plus généralement, il faut trouver à l’échelle mondiale un meilleur équilibre entre les stratégies d’ouverture et les éléments de protection. Acquises à un libéralisme simpliste, les élites euro-péennes n’y consentiront pas aisément : il faudra un choc pour que le système européen se mette à bouger. n

Pour le moment, nous subissons la concurrence de chacun avec chacun(

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* Livres récents d'Hubert Védrine :- "Rapport au président de la République sur la France et la mondia-lisation", Fayard, 154 p., 10 e.- (sous sa direction) "5 + 5 = 32, feuille de route pour une Union médi-terranéenne", Perrin, 261 p., 14 e.- (en collaboration avec Armand Abécassis et Mohamed Bouabdallah) "Continuer l'Histoire", Fayard, 149 p., 10 e.

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C’est d’abord une image. Une image choc qui s’imprimera durable-ment dans la tête de millions de Français.

Celle d’une femme de 52 ans, victime d’une impressionnante tumeur qui lui déforme le visage au point d’exorbiter ses yeux. Et pourtant, dès qu’elle parle, c’est la vie et la vivacité de Chantal Sébire qui prennent le dessus. Mais c'est bien la mort qu’elle demande au prési-dent de la République, comme l’avait fait Marie Humbert pour son fils. Sa maladie est incurable. Ses douleurs physi-ques sont mal régulées par les analgésiques. Allergique à la morphine, ex plique-t-elle, elle refuse les sédatifs par volonté de ne pas être « mise dans un état second ». Le 20 heures de France 2 du 26 février 2008 aura donné à son cas valeur embléma t ique dans une sé quence dont l’émotion ne peut que renforcer l’adhésion d’une immense majorité des Français à l’euthanasie légale. Chacun des trois enfants entourant la patiente soutien-drait sa revendication. Un certain malaise plane cepen-dant quand on perçoit une dimension « altruiste » dans les mobiles de la patiente : « Mon fils et mes filles n’en peuvent plus de me voir souffrir ».

Même si Chantal Sébire ne se pose pas en militante de l’euthanasie sans condition, l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) pense avoir trouvé la nouvelle

figure de proue de son combat au moment où elle rend pu blique une campagne de pétition pour une loi en faveur de « l’aide active à mourir ».

Jean-Luc Romero annon-çait dès le 26 février sa volonté de se rendre auprès de Chantal Sébire « dans les tout prochains jours » avec une délégation de l’association qu’il préside. La stratégie des tenants du suicide médicalement assisté est de promouvoir les situations les plus extrêmes afin de faire valoir l’exception, conscients que cela suffirait à ruiner la règle de l’interdit du meurtre. Or, le cas aujourd'hui médiatisé – peut-être au-delà du souhait de l’intéressée, semble-t-elle avouer – réduit presque au silence les opposants à l’eu-thanasie légale. Derrière le visage de plus en plus déformé de Chantal Sébire, on devine une volonté de fer et un grand courage. Or, cette femme a successivement perdu le goût, l’odorat et la vue. Il y a là de quoi impressionner le commun des mortels. Et, par ailleurs, elle s’exprime avec une redoutable efficacité. Contrairement au jeune Vincent Humbert dont le kinésithérapeute avait révélé qu’il souffrait de troubles du comportement causé par son traumatisme crânien, Chantal Sébire se présente comme « un patient conscient, qui exprime sa volonté avec détermination,

sans être atteint par la moindre pathologie psychiatrique ».

Âgée de 12 ans, sa plus jeune fille évoque ce qui serait une contradiction de notre société : un droit au suicide sans droit à l’euthanasie. L’ADMD fait de même. Pourtant si le fait de tenter de se suicider n’entraîne plus de poursuites pénales, le suicide ne constitue pas un droit positif : aucun suicidant ne pourrait obtenir répara-tion en justice contre ceux qui l’auraient sauvé, et ceux qui l’auraient laissé mourir pour-raient même être attaqués pour « non assistance à personne en danger ».

Chef du service de réanima-tion du CHU de Montpellier, le professeur Olivier Jonquet se montre prudent sur cette situa-tion médicale tout en évoquant « son caractère dramatique » : « Il y a d’abord la question de la douleur physique à propos de laquelle il m’est difficile d’être affirmatif bien que je sois un peu surpris par ce qui est dit. La morphine n’est peut-être pas à la première place pour traiter le type de douleurs entraînées par cette tumeur. J’ose espérer qu’il y a d’autres substances qui se montreraient plus efficaces que les traitements classiques. Ensuite, il y a la souffrance mo rale, notamment celle qui est liée à l’aspect physique de la patiente et qui, je pense, explique largement cette

médiatisation. Elle me pousse à redire que la personne humaine (comme sa dignité) n’est pas réductible à son aspect phy- sique, ni d’ailleurs à son inté-grité intellectuelle. »

Or, derrière la force d’âme de Chantal Sébire, on constate la volonté de ne pas se coucher devant la maladie : « Je l’ai combattue pendant sept ans, je ne veux pas que cette tumeur ait le dernier mot » lançait-elle à l’AFP. Son médecin ex plique son refus de se suici-der en la décrivant comme une « battante qui veut terminer la tête haute » et « veut rester lucide jusqu’au bout et (…) que le corps médical l’accompagne dans sa volonté ».

Derrière un cas exception-nel par sa gravité, on retrouve les mobiles habituels de la tentation d’euthanasie : peur de souffrir, peur de peser, peur de perdre de nouvelles capa-cités. En réclamant l’aide de la société pour « partir digne-ment », la patiente exprime, à sa façon, le désir de maîtrise qui taraude de plus en plus nos contemporains devant le scandale de la souffrance et de la mort.

Pendant que Marie Humbert fustige « le gouvernement qui bloque ce que comprennent les Français », le député Jean Leonetti, auteur de la loi fin de vie dont le fils de Chantal Sébire demande de « nuan-cer les termes », répond : « Le débat ne doit pas être initié ou relancé par des histoires indi-viduelles, dans un contexte émotionnel ». n

ACTUALITEpar Tugdual DERVILLE

Cas emblématiqueEUThAnAsIE

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)Le cas aujourd'hui médiatisé réduit presqu'au silence les opposants à l'euthanasie

Il n’a pas fallu longtemps aux médias pour donner sa pleine force émotionnelle à la revendication d’une femme gravement malade de se voir administrer la mort.

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Pourquoi a-t-il fallu trois siècles pour juger positivement les évé-nements du Laus ? Depuis les faits, ce sanctuaire de montagne, com-paré à un refugium peccatorum (« refuge des pécheurs » comme le mentionne une inscription dans la

basilique), attire chaque année des dizaines de milliers de fidèles. On y allègue guérisons inexpli-quées et phénomènes mystiques divers. De quoi en retourne-t-il ?

Benoîte Rencurel est contemporaine de Louis XIV dont le règne personnel s’étend de 1661 à 1715. Originaire du village de Saint-Étienne-d’Avançon (180 habitants), elle voit le jour dans une famille de paysans modestes, « bons catholi-ques et très vertueux » dont elle est la cadette.

Son père meurt en 1654. Selon une tradition solidement attestée, Benoîte dit alors à sa mère : « Dieu et sa mère nous assisteront. »

Catherine Julien, nièce du curé de son village natal, lui obtient un emploi de bergère. C’est un coup de pouce certain sinon une petite promotion : c'était indispen-sable pour permettre à la famille de survivre tout simplement.

Benoîte est une enfant au tempéra-ment contemplatif et même mystique. Elle partage avec les siens un goût pour la prière, le recueillement, la piété ma-riale. Débats et traités de théologie lui sont inconnus. Elle apprécie les morti-fications, à l’instar de nombre de ses contemporaines, et « éprouve un grand désir de voir la Vierge Marie et de se

mettre à son service ».Son entourage apprécie les qualités humaines

de l’adolescente : « Elle ne se fâche jamais et se fait aimer de chacun. » C’est une fille « sage, mo-deste et pieuse », affirme un proche.

Mai 1664 (la date exacte reste incertaine) : Benoîte fait paître son troupeau au Vallon des Fours. Comme à son habitude, elle récite le cha-pelet. Brusquement, elle lève les yeux. Elle voit non loin d’elle, le long du torrent qui dégringole

DOSSIER

Le 4 mai prochain, l’épiscopat français, en la personne de Mgr Di Falco Léandri, évêque de Gap, reconnaîtra, au cours d'une messe télévisée, le caractère surnaturel des apparitions de Marie à Benoîte Rencurel (1647-1718), au sanctuaire de Notre-Dame du Laus (du patois laous : lac), dans les Alpes du Sud, à 930 mètres d’altitude, à 200 km de Marseille. À cette occasion, un colloque réunira différentes personnalités sur le thème, ô combien discuté en cette année du cent-cinquantième anniversaire des apparitions de Lourdes… des manifestations mariales.Nous avons demandé à Patrick Sbalchiero, historien universitaire, spécialiste des apparitions, collaborateur depuis longtemps du Père René Laurentin, et qui participera à ce colloque, de nous rappeler la sainte histoire qui se passa au siècle de Louis XIV mais qui n'a pas fini de porter des fruits merveileux. Peuvent en témoigner les responsables de l'accueil du pèlerinage qui n'ont jamais eu tant à fournir la fameuse huile du Laus...

par Patrick SBALCHIERO

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APPARITIONS MARIALES

Du nouveau au Laus

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la pente à cet endroit, dans une cavité naturelle d’un rocher, « une belle dame avec un petit en-fant d’une beauté extraordinaire, qu’elle tient par la main. » L’apparition dont « l’éclat du visage » est extraordinaire, « entre et sort » de la cavité sous le regard médusé de la bergère.- « Belle dame, que faites-vous là-haut ? lui de-mande-t-elle. Voulez-vous acheter du plâtre ? […] Voudriez-vous un peu de pain qui est bon, que nous tremperons à la fon-taine ? »

Benoîte ne reçoit aucu-ne réponse. La « Dame » se met à rire mais garde le silence.- « Voulez-vous me donner cet enfant [Jésus] qui me réjouit tant ? » lance-t-elle.

nouveau silence.Puis l’apparition dis -

paraît à l’intérieur de l’ex-cavation, comme un rêve d’une rare densité.

Jusqu’à la fin de l’été 1664, la « Dame » se ma-nifeste presque chaque jour.

En juillet, l’apparition rompt le silence pour la première fois : « Ma fille […] ne crains rien,

tu sais bien que tu es ma fille ! », lance-t-elle à Benoîte.

Et celle-ci de répondre : « Bonne Mère ! »À un moment, Benoîte a failli expérimenter

en sa chair ce phénomène si complexe du « tou-cher » mystique que nous avons étudié ailleurs : notre-Dame lui tend la main mais elle n’ose lui obéir : « Il n’est pas juste qu’une chair de chien-

ne touche de si belles mains. »

À la fin d’août 1664, François Grimaud, avo-cat au Parlement de Gre noble, arrive sur les lieux pour enquê-ter. Il va jouer un rôle important dans le suc-cès du sanctuaire. Il a déjà expérimenté une fausse apparition, non loin du Laus. Mais au contact de sa voyante, il déclare : « Elle me confirma les diverses apparitions avec une assurance et une gaieté

sans pareille. […] Je l’ai [Benoîte] trouvée fort raisonnable, d’humeur sincère et nullement cou-pable d’invention. »

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Notre-Damelui tendla main

Du nouveau au Laus

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Le 28 août 1664, l’apparition demande à Benoîte d’organiser pour le lendemain une pro-cession depuis le village jusqu’au Vallon des Fours. Le 29 août, elle révèle son identité : « Dame Marie ».

Fin septembre 1664 : « Dame Marie », « écla-tante comme le soleil », se manifeste à Benoîte, non plus du côté du Vallon des Fours, mais à côté de Pindreau, au Grand Chemin. Le message sui-vant stupéfaits maints fidèles :- « Allez au Laus, vous y trouverez une petite cha-pelle d’où s’exhaleront de bonnes odeurs, là vous me verrez et me parlerez très souvent. »

L’apparition manifeste son désir de façon très claire :- « Je veux que l’on fasse bâtir ici une église. Beaucoup de pécheurs et de pécheresses s’y convertiront. C’est là que vous me verrez très souvent ».

La page est tournée : le sanctuaire alpin de-vient l’objet de toutes les attentions, malgré

l’étroitesse de la chapelle de l’épo-que (à peine 15 m2) : « le moindre de tous les lieux dédiés à la très Sainte Vierge et le plus inconnu ».

Parallèlement, François Grimaud est témoin des parfums inexpliqués autour de Benoîte en particulier :- « Son corps et tout ce qu’elle por-te sentent parfaitement ces céles-tes odeurs. »

Les premiers pèlerinages s’orga-nisent. D’abord locaux, ils prennent un tour plus régional dès le début de 1665. Le 3 mai 1665, 35 proces-sions se rendent jusqu’au Laus. De la Pentecôte à septembre 1665, les offrandes grimpent jusqu’à plus de 530 livres : 45 fois le salaire men-suel d’un prêtre !

C’est l’époque où « l’ange » com-mence à se manifester à Benoîte

qui, dorénavant, a la faculté de « lire dans les consciences ». Surtout, Les premières guérisons « miraculeuses » sont alléguées. François Grimaud en recense 18 du 28 juin au 8 septembre 1665. Bientôt, sur recommandation de l’apparition, les croyants frotteront leurs maux avec l’huile de la lampe de l’église.

À la mi-septembre 1665, Antoine Lambert, vicaire général d’Embrun, accompagné d’un Jé-suite, André Gérard, ouvre la première enquête ecclésiastique. Benoîte est un peu décontenan-cée, mais l’apparition la soutient : « nul n’a rien à commander à la Mère de Dieu. »

Le fils de saint Ignace, témoin d’une « grande lumière », alors qu'il prie dans la chapelle, s’ex-clame : « Le doigt de Dieu est ici. »

Les deux enquêteurs autorisent le pèlerinage.

DOSSIER

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Le parfum et l'huileLe curé me demandait d’accompagner le pèlerinage à ND du Laus, le 2 et 3 juin. Je décide de faire moi-même un vrai pèlerinage. À l’arrivée, le samedi, vers 15h, sans perdre de temps, je vais à l’église. Un prêtre attend devant le confessionnal. Effectivement, je sens des odeurs de parfum ; c’est léger, diffus. Je regarde autour de moi : pas de femmes, pas de fleurs, pas d’encaustique, mais ce parfum. De quelles fleurs ? Impossible à dire. Je vais vite me confesser.Le lendemain, dimanche, je me pointe à l’ouverture de l’église, à 6h, pour prendre « en douce » de l’huile de la lampe qui brûle dans le sanctuaire. J’avais préparé une fiole à cet effet, pour mon frère atteint de la maladie de Burger, une artérite juvénile oblitérante. En entrant dans l’église, je retrouve ce parfum de la veille, léger, diffus. Alors là, je prends mon temps. Je respire à fond. Je prélève un peu d’huile. Evidemment, par maladresse, je m’en mets plein les mains que j’essuie à ma chemise, sous la soutane. Je quitte l’église pour aller boire un café et m’assurer que je ne rêve pas. Je reviens devant l’autel. Toujours ce parfum.A 8h, messe du pèlerinage avec prédication. Toujours le même parfum. Arrive la partie de la messe appelée « la communion ». Au moment où je découvre le calice, des bouffées violentes de parfums sortent du calice et me coupent le souffle, m’obligeant à respirer plusieurs fois par saccades. La « violence » et le « volume » de ces bouffées de parfums persistèrent jusqu’à la fermeture de la porte du Tabernacle, après la distribution de la communion, pour redevenir, comme avant, ce parfum léger, subtil que je retrouverai chaque fois que je serai dans l’église. Au cours de mes promenades, j’ai eu beau respirer la nature, je n’ai jamais retrouvé cette odeur.Maintenant, il est 14 heures. Retour à Marseille. Je suis assis à l’arrière du car. Je me surprends à avoir les bras croisés appuyant sur ma poitrine. Car depuis des années, une douleur persistante sur le côté droit m’interdisait ce geste et me réveillait toutes les nuits. La médecine a cherché l’origine de cette douleur sans trouver. Je vivais donc avec la salutaire pensée de ma mort.Brusquement, je me dis : mais, ce matin, tu t’es essuyé les mains sur ta chemise de ce côté droit avec l’huile de la lampe qui brûle dans le sanctuaire. Holà ! Doucement coco ! on va voir cette nuit. Si la douleur a réellement et définitivement disparu, alors, c’est qu’au Laus tout est vrai : les parfums et l’huile qui brûle dans la lampe devant le Saint-Sacrement qui guérit. Eh bien, je le dis, par expérience : au Laus tout est vrai… Merci, Seigneur.* Témoignage d'un vicaire marseillais publié sur le blog du sanctuaire du Laus.

René Humetz, juge d’instruction à la retraite, a conservé son goût de la rigueur et son sens de l’investigation en les appliquant au domaine des phénomènes extraordinaires de la vie spirituelle. En avril prochain, paraîtra son dernier ouvrage : Enquête sur les parfums de Notre-Dame du Laus (éd. du Sarment-Jubilé). Il y rappelle que ce phénomène est né en septembre 1664 lorsque la Vierge a fait découvrir à Benoîte la chapelle de Bon-Rencontre, au hameau du Laus. Ce sont les bonnes odeurs qui l’y ont aidé. Et l’y ont guidée. Ces parfums ont été présents pendant toute la vie de Benoîte, soit qu’elle en fut la bénéficiaire, soit qu’une infinité d’autres personnes les ont ressenties. Benoîte les sentait particulièrement en prémices de ses apparitions du Christ en Croix. Le phénomène a traversé des siècles et se manifeste encore de nos jours sans qu’aucune fréquence notable ni qu’aucun type particulier de bénéficiaire aient pu être identifiés. René Humetz a analysé 102 témoignages à partir de 1848 ; les derniers d’entre eux remontent à 2006. Ces fragrances ont, selon ceux qui les ont respirées, une très grande intensité olfactive et une absence de similitude véritable avec des parfums connus.

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Notre-Dame du Laus par Honoré Pela

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DOSSIER

16 FRANCECatholique n°3109 7 mars 2008

Les « guérisons » continuent : 33 entre juin 1667 à décembre 1669, année au cours de laquelle Benoîte allègue six « apparitions » de saint Joseph et, surtout, deux visions du Christ en croix, « tout ensanglanté ». L’abbé Jean Peytieu († 19 mars 1689) devient le « protecteur » du sanctuaire (de Muizon) et le confesseur de Benoîte.

Les dons affluent régulièrement. Le 4 juillet 1666, un acte notarié est si-gné prévoyant la construction d’une nouvelle église d’une surface équiva lant à 240 m2. Les travaux prennent fin en 1669. Benoîte entre alors dans le tiers-Ordre de Saint-Domi-nique. Le sol de l’édifice sera dallé en 1676 seulement, et les chapelles latérales, dédiées à l’enfant Jésus et à saint Jo-seph, ne sortiront de terre que 17 ans plus tard, en 1686.

En 1672, l’archevêque d’Em brun visite les lieux et demande un rapport à l’abbé Jean Peytieu, qui va devenir une source histo rique passionnante : l’Histoire de ce qui s’est passé de plus extraordinaire à Notre-Dame du Laus (1664-1672) ».

Contrairement à ce qu'on verra en d’autres lieux (Lourdes, Fatima, etc.), Benoîte se rend seule sur les lieux des apparitions. Au départ, semble-t-il, les fidèles ne semblent pas « suivre » la voyante. Après la reconnaissance officielle du pèlerinage, la situation change du tout au tout : le Laus, sanctuaire des « bonnes odeurs » (Grimaud y perçoit une « marque sensible de la sainteté du lieu »), connaît une popularité croissante.

La personnalité et les dons extraordinaires de Benoîte ont bien sûr contribué à ce succès.

La voyante intrigue et interroge aussi : n’est-elle pas la proie involontaire du « diable » à partir de 1684 ? n’est-elle pas sujette à des « transports » nocturnes (cinquante par an entre 1692 et 1709 selon François Aubin) et à d’autres manifesta-tions paranormales ?

Les années 1690 ont été terribles pour le Laus, en particulier la lutte dans laquelle les jansénistes se lancent contre le sanctuaire et les manifesta-tions. De 1692 à 1699, les ecclésiastiques char-gés d’encadrer les pèlerins sont des adversaires résolus de Benoîte et de ses apparitions.

En 1716, un sculpteur de Gênes, Honoré Pela, réalise une statue de la Vierge en marbre blanc de Carrare que l’on voit encore au-dessus de l’autel ainsi qu’un ex-voto scellé dans le mur ex-térieur de l’édifice portant ces mots : « À la plus grande gloire de Dieu, la première fois que j’en-trai dans cette église, je sentis une si suave odeur qu’il m’obligea de faire présent de cette vierge de marbre […] »

En septembre 1718, Benoîte rend son âme à Dieu dans les bras d’une nièce, en souriant, comme si, par-delà la mort, elle voyait Celle qui l’avait accompagnée tant de fois dans l’épaisseur de la réalité humaine. Ce monde, pour beaucoup, Benoîte l’a quitté en odeur de sainteté.

Quinze heures après sa mort, on a constaté que son corps gardait toute sa souplesse. On l’inhuma dans le cimetière paroissial puis peu après, on la déplaça dans l’église elle-même.

En 1775, Benoîte est exhu-mée : « aucune trace de décom-position » ne fut observée et un sang « vermeil » coula de sa joue, suite à une égratignure provo-quée par la chute d’une pierre (Manuscrits du Laus).

En 1827, des travaux sont entrepris dans la chapelle. un autel en marbre prend la place de l’autel initial sur lequel était apparue notre-Dame ; il est

remplacé à son tour par un autel plus grand en 1879.

En 1833 est édifiée une petite chapelle au Vallon des Fleurs. En 1850, un oratoire est ajouté à l’endroit précis des apparitions mais un glis-sement de terrain en a eu raison. Le 7 septem-bre 1871, Pie IX déclare Benoîte « Vénérable » et signe l’introduction de la cause de béatification. Le 18 mars 1892, Léon XIII érige l’église du Laus au rang de basilique mineure. Le 31 juillet 1981, un nouveau décret pontifical permet la « conti-nuation de la cause de béatification » de « Sœur Benoîte ». En 2003, un nouveau chantier ajoute une aile et une chapelle absidiale. n

Benoîte rend son âme

à Dieu en souriant

Tombeau de la sœur Benoîte morte en odeur de sainteté

Le 15 août 2007au Laus

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Quelles sont les origines sociales de la voyante, nBenoîte Rencurel ?

F. de Muizon : Benoîte est issue d’une famille de paysans alpins qui ne sont ni parmi les plus pauvres, ni parmi les plus riches du village de Saint-Etienne-d’Avan-çon. Cependant, la mort du père (Benoîte a 7 ans) plonge cette fa-mille dans une situation précaire. La future voyante est placée comme bergère dès l’âge de 12 ans et n’ira donc pas à l’école. Elle ne saura jamais lire, ni écrire, ce qui n’était pas une situation exceptionnelle dans la vallée. Sa famille est très pieuse et Benoîte a, dès son plus âge, un tempérament mystique assez marqué. Ce n’est pas pour autant une rê veuse… La garde de 150 moutons et chèvres est à ce propos une excellente école !

Sous quels traits la Vierge se montre-t-elle ? n

La voyante fait preuve à cet égard d’une grande discrétion. La Dame n’a pas toujours la même apparence. Elle est, par exemple, plus ou moins « lumineuse ». Pour le reste, nous retrou-vons un point commun aux apparitions en géné-ral, à savoir l’amour et la bonté que communique cette Dame. Je ne crois pas qu’on puisse parler d’une évolution au fil des apparitions, mais plu-tôt d’une élasticité de ce que l’on peut considérer comme une métareprésentation, en fonction des mes sages et du contexte de chaque apparition.

Les guérisons miraculeuses ont-elles joué un rôle nimportant dans le succès du sanctuaire ?

Les guérisons ont joué un rôle important dans le mouvement populaire qui va accompagner les apparitions durant 54 ans. On le constate dès le premier pèlerinage dont il est rendu compte dans les Manuscrits du Laus. C’est le pèlerinage de Lazer, un village voisin. un « estropié », connu de tous, se met à marcher normalement peu de temps après son arrivée au Laus…

Benoîte a été déclarée Vénérable en 1871. Mais nil faut attendre 1981 pour qu’un décret pontifical relance la cause de béatification. Pourquoi ?

Le Vatican a considéré que le précédent dos-sier de béatification comportait certaines fai-blesses, et il a donc fallu reprendre la cause par le bon bout, si j’ose dire.

Que peut apporter la spiritualité de Benoîte ? n

Chacun, je pense, pourra saisir, dans l’im-mense personnalité de Benoîte, la facette ou la dimension à laquelle il sera sensible. Pour les uns, ce sera la mystique douée de charismes excep-tionnels. Pour d’autres, l’ascète : Benoîte man-geait peu ou pas, dormait très peu, passait de longues heures en prière… Ce qui peut paraître à certains excessif redevient moderne sous bien des aspects.

D’autres personnes seront sensibles au fait que ce soit une femme, qui ait été placée ainsi durant 54 ans sous les « feux de l’actualité », dans un milieu pas particulièrement féministe ! Ce « cas » a interpellé les historiens.

On pourra encore méditer sur le rôle d’évan-gélisatrice de Benoîte, sa relation avec les prê-tres d’un côté, les pèlerins de l’autre. toujours à l’écoute et d’une grande obéissance dans une situation d’intermédiaire pas aisée à tenir… Ou bien sur le choix du Laus, ce hameau perdu, pour remplir une mission prophétique : être un lieu pour ceux et celles qui se sentent tellement éloi-gnés de Dieu, qu'ils ne savent plus comment le trouver (« Refuge des pêcheurs », comme l'indi-que une inscription)… À chacun de trouver « sa » Benoîte. n

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DOSSIER

La mystiquedouée decharismes

exceptionnels

François de Muizon a publié « La Vie merveilleuse de Benoîte Rencurel » (en 2004 chez Nouvelle Cité). Il s'est interrogé sur le sens prophétique du combat spirituel mené par la voyante durant toute une vie de souffrances et de grâce merveilleuses.

ENTRETIEN AVEC FRANçOIS DE MUIZON

Qui est Benoîte ?

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ESPRIT

Le Christ notre seigneur semble apporter au constat de la mort de Lazare une nuance de taille : il dort, c’est-à-dire qu’il peut se réveiller, c’est

d’ailleurs ce qui va arriver grâce à l’intervention du Maître. Que veut-il dire exactement ? La mort pourrait-elle ne pas être la mort, ou ne pas l’être tout de suite ?

Il semble bien que la foi chrétienne nous oblige à faire une distinction entre la mort clinique (l’arrêt des fonctions vitales coordonnées) et la mort "réelle", "métaphysique", si on caractérise cette dernière comme le moment où une existence humaine est marquée du sceau de l’irréversible, c’est-à-dire finalement celui où elle est "jugée", confrontée à l’absolu de Dieu, face auquel s’exprime l’option fondamentale de la vie.

C’est ainsi que l’on peut comprendre que l’on soit autorisé à donner des sacrements "sous condition" à des gens qui, d’un point de vue médical, viennent de mourir. C’est aussi ce qui explique que certains mystiques (comme Marthe Robin) aient pu faire plusieurs fois l’expérience d’une

mort apparente, avant leur définitif départ (sans parler des expériences-limites rapportées par des personnes revenues du coma dépassé et qui semblent avoir éprouvé les frontières de la mort). Et puis les exemples où une résurrection miraculeuse n’est pas une simple réanimation, comme c’est justement le cas de Lazare ("il sent déjà !"), autorisent à penser que les bénéficiaires de ces signes (qui ont dû connaître par la suite une "vraie" mort) n’étaient pas encore jugés.

On en vient ainsi à la conviction que la Mort (la vraie), dans sa dé-finitive horreur, n’a commencé vraiment qu’avec la mort du Christ. Avant lui (et j’ajouterais : en dehors de lui), le sort des hommes qui disparaissent de cette terre n’est qu’un vaste sommeil en attendant la visite du Christ (sa descente aux enfers). C’est ce que nous décrivent non seulement les religions païennes, mais l’Ancien Testament quand il nous parle du "Shéol" (que nous avons traduit par "enfers", au risque d’une confusion avec l’enfer des damnés, la Géhenne de l’Évangile) : lieu d’ennui et d’attente, où les défunts, bons et

mauvais confondus, mènent une existence diminuée (lire par exemple Job 10, 21-22).

La Mort, telle qu’elle se présente à partir du Christ, ouvre sur le choix définitif. Elle seule comporte la terrible possibilité du refus éternel, par le "péché contre l’Esprit", où une âme peut se refuser à jamais à l’amour. Elle seule aussi débouche sur la béatitude anticipée qui prépare la Résurrection finale, pour tous ceux qui auront dit un vrai oui à l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Le Purgatoire lui-même n’est pas un prolongement de l’attente des enfers, dans l’attente d’une ses-sion de rattrapage, c’est la cure de désintoxication que doivent traverser ceux qui définitivement, malgré leurs incohérences, ont choisi de suivre le Christ, mais qui sont encore entravés dans leur course vers lui.

Combien d’hommes autour de nous "dorment", c’est-à-dire n’ont pas encore pris conscience de la nouveauté de la venue du Christ et de la profondeur de sa mort ? à nous de les réveiller. n

Lecture du livre d’Ézékiel (37, 12-14) - Psaume 129 - Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (8, 8-11) - Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (11, 1-45)

Notre amiLazare dort par le PèreMichel GITTON

5e dImaNchE dE caRêmE (aNNéE a)

Retrouvez chaque jour, sur internet, les points d'oraison du Père Michel Gitton,

à partir des lectures du jour : www.france-catholique.fr et chaque semaine

les "Échos de St-Quiriace" par le P. Gitton sur Radio-Espérance.

La Mort, telle qu'elle se présente à partir du Christ, ouvre sur le choix définitif(

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ALGérie Mercredi 27 février 2008

Lettre des évêques d’Algérie aux communautés religieuses des quatre diocèses

Notre rencontre avec les responsables des Congrégations religieuses

Nous venons comme évêques des quatre diocèses d’Algérie, de participer à la rencontre très riche qui s’est établie les 25, 26 et 27 février à la Maison Diocésaine d’Alger, entre les responsables des Congrégations Religieuses vivant, travaillant et priant en Algérie. Après cette rencontre qui avait pour centre une réflexion sur nos « solidarités » dans la société algérienne et dans l’Eglise d’Algérie, nous voulons vous dire la richesse de cette réflexion et vous inviter à interroger les participants à la rencontre pour en recueillir les fruits, notamment en utilisant le compte-rendu qui en sera fait dans « Partage ».

Les événements difficilesde ces derniers mois

Nous sommes très sensibles au contraste qui s’établissait pendant cette rencontre, entre notre appel à vivre « la solidarité évangélique » avec le peuple algérien, et les obstacles qui se sont présentés ces derniers temps à l’épanouissement de nos solidarités.

Ces obstacles, vous les connaissez, ce sont les difficultés faites pour l’octroi des visas d’entrée privant ainsi plusieurs des Congrégations Religieuses de recevoir les responsables, qui soutiennent, de l’extérieur, leur engagement dans le pays.

Cette dif ficulté s’aggrave encore lorsque ce refus de visa est opposé à ceux et celles qui veulent nous rejoindre pour rester avec nous. Leur présence est absolument nécessaire pour rajeunir nos communautés et remplacer ceux qui ont dû nous quitter pour raison de santé, ainsi que ceux qui ont été rappelés à Dieu.

Plus grave encore, comme vous le savez, les membres d’une communauté nouvelle – la communauté Salam – qui nous avait rejoints pour vivre, avec nous la présence auprès des étudiants lusophones se sont vu retirer leur autorisation de résider dans le pays.

Un autre aspect de nos solidarités a

Pâques au Qatar

par Adnan NAsrAwiN

L a fête de Pâques cette année 2008 aura une nouvelle signification pour les chrétiens qui sont au Qatar, État du Golfe Arabe, puisqu’ils vont fêter la Résurrection du Christ dans la nouvelle église de Notre-Dame du Rosaire,

la première de son genre dans ce pays musulman et qui sera inaugurée le jour même. L’inauguration de cette première église à Doha, la capitale du Pays, donnera une reconnaissance officielle à la présence de ces 100 000 chrétiens qui appartien-nent à des dizaines de nationalités qui vivent sur le territoire qatari. Elle officialise la liberté religieuse accordée à ces chrétiens par les autorités qataries, ce qui constitue un événement de taille, qui mon-tre l’esprit d’ouverture et la tolérance de cet État musulman, qui a opté pour une politique d’ouverture sur le monde et son atta-chement à la liberté religieuse.

L’inauguration de cette première église catholique ne peut que satisfaire le Vatican, après l’appel lancé récemment par le Pape Benoît XVI, pour que les Pays arabes ouvrent largement la porte à la liberté religieuse des chrétiens, sur-tout dans certains pays de la région, où il est encore interdit aux chrétiens de pratiquer leur religion en public et en communauté.

Cette église catholique de Doha sera inaugurée par un haut émissaire du pape Benoît XVI, ce qui permettra de continuer à cette occasion le dialogue de confiance et de respect mutuel engagé entre le Vatican et les autorités du Qatar depuis longtemps déjà.

Mgr Giovenni Bernardo Gremoli qui a été, pendant 29 ans, vicaire aposto-lique du Vatican dans les pays du Golfe, ayant juridiction dans sa mission di-plomatique au nom du Vatican sur le Qatar a qualifié l’inauguration de l’église à Qatar « d’événement historique », parce qu’il n’y a jamais eu d’église dans ce pays par le passé, dit-il.

Le Vicaire apostolique du Vatican dans les pays du Golfe a rendu hommage à la politique d’ouverture de l’émir du Qatar, en affirmant : « Son Altesse cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani m’avait toujours accueilli avec grande affabilité et une grande disponibilité. » Et Mgr Gremoli d’ajouter : « L’émir du Qatar a toujours montré un grand intérêt envers le monde chrétien, au point que depuis 2004, il organise tous les ans à Doha une conférence pour le dialogue entre chrétiens et musulmans et qui accueille depuis 2006 des représentants du judaïsme et le cardinal Jean Louis Tauran a représenté le Vatican à ces conférences ».

Les travaux de ces conférences ont abouti à la création d’un Centre pour le dialogue interreligieux, avec la participation des représentants de trois religions monothéistes.

De son côté Mgr Pierre Burcher, évêque de Lausanne en Suisse, qui avait par-ticipé à ces conférences à Doha, avait affirmé qu’elles ont montré clairement que le dialogue entre les trois religions monothéistes est nécessaire pour la création d’une relation fondée sur le respect mutuel et la découverte de l’autre dans la clarté et le dialogue en et non dans la polémique et le conflit.

Il est à noter que celle qui porte le message d’ouverture, de dialogue et cet esprit de tolérance de l’État du Qatar au monde n’est autre que Sheihka Mozah bint Nasser Al Missned, l’épouse de l’Émir du Qatar. Elle symbolise cet esprit de

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été plus gravement mis en cause par la décision qui a sanctionné le P. Pierre Wallez et le médecin de son secteur qui avaient rendu visite à des migrants vivant dans des conditions difficiles à la frontière algéro-marocaine.

Notre rencontre avecM. le Ministre des Affaires religieuses

M. le Ministre des Affaires Reli gieuses a bien voulu nous recevoir à notre demande durant la période où nous étions tous les quatre à Alger.

Nous lui avons exprimé la volonté de solidarité des communautés chrétiennes d’Algérie, qui exprime le respect de l’Eglise pour la société algérienne, pour ses traditions, pour ses références religieuses. Mais nous lui avons exprimé aussi l’inquiétude de la communauté catholique en Algérie, devant certaines

décisions administratives récentes.Il nous a écoutés avec beaucoup

d’attention et nous a affirmé que l’État n’avait aucune volonté de mettre en cause la présence de l’Eglise catholique dans la société algérienne. Il a d’ailleurs prévu avec ses collaborateurs que nous pourrons travailler avec la commission ad hoc du ministère, pour étudier en détail les divers articles de l’ordonnance du 28 février 2006 et des décrets d’application. Quand le travail avec cette commission sera suffisamment avancé nous vous en communiquerons les résultats.

Les difficultés rencontrées parles autres communautés chrétiennes

Lors de notre rencontre avec M. le Ministre des Affaires Religieuses, nous lui avons remis une lettre signée par les quatre évêques pour lui demander

de bien vouloir intervenir pour faire rapporter la mesure qui conduit le pas-teur Hugh Johnson, ancien président de l’Église Protestante d’Algérie, à quitter l’Algérie après quarante-cinq années de vie dans le pays.

Nous avons aussi présenté à M. le Ministre la situation des communautés coptes qui se constituent en ce moment, à la faveur de l’arrivée de travailleurs dans des entreprises égyptiennes.

Notre échange a aussi évoqué les dif ficultés auxquelles sont affrontées les communautés évangéliques récemment constituées. M. le Ministre a clairement affirmé son respect de la liberté de conscience, mais il a beaucoup insisté sur la volonté des responsables de l’Algérie, d’éviter la constitution de groupes qui feraient problème pour l’unité du pays. Pour lui, un croyant doit se faire proche de tous et ne peut être contre les autres.

renouveler nos engagementsde solidarité

La rencontre avec les responsables des Congrégations nous a permis de renouveler les motifs et les moyens de notre vie en solidarité.

Les événements récents ont, en certains endroits, réveillé des méfiances qui nous paraissent injustes. Nous avons donné la preuve, depuis des années, que la recherche de frères et de sœurs en humanité dans le pays est notre vocation et notre mission. Nous mettons là en œuvre l’appel du Christ «Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». Certains journaux écrivent maintenant que nos engagements de service sont des moyens pour obtenir des conversions. Une fois encore nous voulons leur dire que la vie à la suite de Jésus implique la gratuité dans le service. Notre joie s’épanouit là où nous pouvons nous accueillir les uns les autres dans le respect de la différence. Faire naître la communion entres les hommes de toute les origines, des toutes les cultures, c’est pour nous la mission de Celui qui « a donné sa vie pour rassembler dans l’unité tous les enfants de Dieu dispersés ».

Nous voulons respecter chacun dans son identité religieuse et dans sa recherche personnelle. C’est d’ailleurs l’un des grands défis du monde mo derne.

La tentation est grande de choisir dans la tradition chrétienne qu’un seul aspect de la fidélité à la mission. Le Pape Benoît XVI, dans sa lère encyclique a mis au centre de notre vie chrétienne cette conviction si forte du Nouveau Testament « Dieu est Amour » et il nous invite à mettre en œuvre cette certitude dans

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dialogue et d’ouverture au monde à travers les différentes des missions interna-tionales de haut niveau, qu’elle occupe comme Envoyée spéciale de l’UNESCO pour l’éducation de base et l’enseignement supérieur supérieure, ainsi que mem-bre du Groupe de Haut niveau de l’ONU pour l’Alliance des Civilisation entre l’Occident et le Monde Arabo-Musulman.

Dans une conférence remarquée qu’elle avait donnée récemment à l’Institut royal pour les Affaires internationales de Londres, Sheikha Mozah a présenté la vision de son Pays pour promouvoir les relations et le dialogue entre les religions en ces termes : « Nous avons besoin de nous enraciner dans des valeurs communes qui guident la marche de l’humanité aujourd’hui. Ces valeurs communes doivent avoir pour fondement, la conviction que Dieu, que Son nom soit loué,

est le Dieu de tous sans distinction et que personne ne peut s’approprier Dieu à lui seul ».

Elle a appelé fermement à rejeter l’extrémisme et la violence que pratiquent certains au nom des religions en affirmant haut et fort : « Nous avons à dénoncer ceux qui pratiquent l’extrémisme et la violence au nom de la religion et qui sont heureusement une minorité aujourd’hui. Nous devons savoir d’une manière très claire que personne ne peut justifier la violence par la religion et que personne ne peut exclure l’autre au nom de la religion »

Sheikha Mozah, membre du Groupe de Haut niveau de l’ONU pour l’Al-liance des Civilisations de l’ONU, présente de l’Islam sa vrai image authentique de paix, de dialogue et d’acceptation de l’autre en ces termes : « L’Islam défend le droit essentiel de chaque personne humaine à vivre sa foi et sa croyance re-ligieuse en toute liberté et dignité et le saint Livre du Coran affirme clairement dans ce domine : « A vous votre religion et à moi la mienne ».

Dans cet esprit de tolérance et de respect mutuel entre les religions que conduisent l’Émir du Qatar et son épouse, l’inauguration de cette première église à Doha a été accueillie favorablement par la plupart des intellectuels du Pays, comme le témoigne la réaction de M. Abdel Hamid Al Ansari, ancien doyen de la faculté de la Charia à l’université du Qatar qui a déclaré : « Réserver des lieux de culte aux différentes religions monothéiste est un droit de l’Homme fonda-mental garanti par l’Islam ».

à terme quatre églises doivent être construites au Qatar pour d’autres confes-sions chrétiennes dans les années qui viennent. Ainsi avec l’inauguration de cette première église de Notre Dame du Rosaire au Qatar, on peut espérer qu’elle ouvrira une nouvelle ère pour la liberté religieuse des Chrétien dans cette région du monde. Incha Allah ! n

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notre vie quotidienne et par nos travaux de solidarité.

Les dimensions internationalesde nos fidélités locales

Nos travaux de solidarité s’expriment par des services très concrets et qui peuvent paraître très modestes : soutien scolaire, formation féminine, aide aux handicapés, appui à l’artisanat, bibliothèque pour étudiants, aide aux personnes âgées et isolées, formation professionnelle, accueil des enfants, maternité.

Mais cette solidarité quotidienne vécue dans la relation entre chrétiens et musulmans depuis des dizaines d’années a mis en œuvre une vie d’Église locale devenue féconde pour l’Eglise Universelle.

Nous savons la place tenue par des religieux ayant vécu en Algérie, dans la réflexion de l’Eglise Universelle, lors de la rédaction à Vatican II, du document relatif à la relation entre chré-tiens et musulmans. Ce texte a eu un rôle déterminant dans le changement de regard de l’Église catholique sur le monde de l’islam.

Dans l’étape présente de la vie du monde beaucoup d’événements tendent à opposer chrétiens et musulmans, La vocation qui nous a été donnée en Algérie pendant toutes les années passées, reçoit donc du contexte présent une nouvelle importance.

Nos solidarités habitent notre prière et prennent source dans notre vie eucharistique – « donner sa vie pour les frères » – Les épreuves traversées nous invitent d’ailleurs à vivre plus profondément le Mystère du Christ.

Beaucoup de nos amis algériens savent le prix qu’il nous a fallu payer pour mettre en œuvre cette solidarité. Certains se rappellent le sacrifice consenti par nos frères et sœurs religieux et religieuses, en même temps que beaucoup d’Algériens non chrétiens, lors de la crise algérienne de 1994 à 1996.

D’autres gardent comme une réfé-rence actuelle, ce qu’ils ont reçu, au -trefois, de l’engagement solidaire des Pères et des Sœurs. Cette histoire peut, parfois, nous paraître comme nous renvoyant à une époque révolue. Nous pensons au contraire que les évolutions présentes du monde font de notre vocation à une solidarité qui passe les frontières, une vraie mission pour aujourd’hui et pour demain.

Nous remercions tous ceux qui, ces dernières années se sont joints à nous pour vivre ensemble cette mission.

Leur présence parmi nous fortifie notre espérance. Et comme Benoît XVI nous le propose dans l’Encyclique Spe Salvi, nous vous invitons tous à découvrir autour de vous, dans la société algé-rienne « les personnes qui savent vivre dans la droiture. Elles sont des lumières d’espérance » (Spe Salvi, 49).

Henri TEISSIER, archevêque d’AlgerGabriel PIROIRD, évêque de Constantine

Alphonse GEORGER, évêque d’Oran Claude RAULT, évêque de Laghouat

KAZAKHSTAN La Famille franciscaine répond avec enthousiasme et générosité à l’appel de l’Église au Kazakhstan, qui a demandé de rendre présent dans l’immense pays de l’Asie centrale “l’esprit d’Assise”, c’est-à-dire l’esprit du dialogue de la paix et de la réconciliation, signe caractéristique du charisme franciscain. Frère Roberto Peretti, de la Province de Padoue, déjà pendant de nombreuses années missionnaire en Roumanie, le Père Pawel Blok, de la Province de Danzica, quarante ans, et le Père Alexei Skakovskii, né au Kazakhstan, 27 ans, sont partis le 12 février pour la nouvelle aventure missionnaire de l’Ordre des Frères mineurs Conventuels. Les trois franciscains ont reçu le “mandat missionnaire” solennel du Ministre Général, le P. Marco Tasca, au cours d’une célébration qui a eu lieu à Assise sur la tombe de saint François. Le Ministre Général leur a donné le Crucifix et l’Evangile, en présence de nombreux frères de l’Ordre. L’évêque d’Astana leur a demandé d’être avant tout des témoins de spiritualité et des constructeurs de dialogue et serviteurs de la charité. L’Église au Kazakhstan traverse une phase de renaissance et de dévelop-pement. Comme signe de plus grande communion avec l’Église entière en Asie, les évêques du Kazakhstan vont devenir membres de la Fédération des Conférences épiscopales asiatiques (FABC). Quand la Commission Centrale de la FABC se réunira, à la mi-avril, à Bangkok, elle acceptera la demande de la Conférence des évêques catholiques au Kazakhstan. Aux débuts du nouveau millénaire, l’Église en Asie centrale comptait seulement un évêque ; mais, grâce au travail constant des religieux et des missionnaires, à présent elle en compte cinq. L’Église dans le vaste pays de l’Asie centrale est toutefois encore une petite communauté qui vit avec courage la foi dans un pays à majorité islamique.

Dans un pays où 40% de la population est kazakh de religion musulmane et 35% est russe de religion orthodoxe, les catholiques sont un groupe hétérogène (Ukrainiens, Polonais, Allemands de la Volga) d’environ 185 000 fidèles. L’actuel système de gouvernement assure à toutes les confessions religieuses présentes dans le pays la liberté né ces-saire. Les rapports entre l’État kazakh et l’Église catholique sont bons. Dans la capitale, Astana, il y a une nonciature du Saint-Siège et un concordat existe entre le Saint-Siège et le gouvernement du Kazakhstan. L’Église a désormais une structure consolidée dans ses deux diocèses et réalise un travail pastoral important par les prêtres, religieux et religieuses provenant de pays variés. Différents mouvements ecclésiaux et des nouvelles communautés se consacrent également à un travail apostolique. Les jeunes montrent une forte identité chrétienne et convaincue, fruit précieux de l’engagement intense de l’Église dans la pastorale des jeunes. Les jeunes découvrent le Christ de plus en plus comme unique réponse à leurs questions sur le sens de la vie et l’Église comme une véritable famille.

(PA) (Agence Fides 28/2/2008)

ASSYrieNS Mgr Mar Bawai Soro, évêque assyrien dissident de San-Diego (Etats-Unis), né en 1954 à Kirkuk en Irak, et résidant à Chicago, a été un des acteurs du dialogue de l'Église assy rienne (300.000 fidèles dans le monde) avec Rome, de 1994 à 2005. Il a été déposé en décembre 2005 par ses confrères évêques assyriens qui lui reprochaient de célébrer la messe en langue vernaculaire au lieu du syriaque. Le 17 janvier dernier, il a demandé à rejoindre l'Église chaldéenne catholique avec ses six prêtres et trente diacres.

PAriS La onzième semaine du Marais chrétien se déroule du 8 au 16 mars autour du thème "Vivre dans la ville", avec notamment des visites des plus belles églises des vieux quartiers du centre de Paris, des concerts et des expositions.

rOCK CHréTieN L'un des pionniers du rock chrétien américain, Larry Norman, est mort le 24 février, à 60 ans, d'une insuffisance cardiaque, à Salem (Orégon).

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ÉGLISE

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Les chrétiens dans l'étau

IRAK

Des hél icoptères américains sur volent la ville à basse alti-tude. Au loin, les derricks couvrent l’horizon, ponctué par des flammes gigantesques.

Nous entrons à Kirkouk, une des grandes villes irakiennes, et les contrôles se multi-plient. Nous arrivons jusqu’à l’évêché qui jouxte la cathédrale, il y a des blocs de bé ton partout pour protéger la zone. Une voiture piégée a encore explosé tout près il y a un mois.

C’est dimanche et la cathédrale, dé diée au Sacré-cœur, est remplie. Alors que tout déplacement constitue en soi un risque, nous sommes frappés par la ferveur de toutes ces personnes pour qui la messe dominicale prime sur toute autre considération. La messe est très belle, la langue chaldéenne est très proche de l’araméen parlé par le Christ. À la fin de la messe sur le parvis, surveillé par des hommes en armes, comme devant toutes les églises d’Irak, nous discutons avec les fidèles. Tous nous remercient de notre visite, perçue comme un encouragement et un signe d’espoir. C’est la première fois qu’une délégation de cette importance vient jusqu’à eux. Nous n’avons pas l’im-pression d’avoir fait grand-chose, mais si notre visite a pu aider, tant mieux. Nous ne sommes là que pour 24 heures. C’est à ceux qui vont rester que tout l’honneur doit revenir.

Depuis le début de l’opération amé ricaine (mars 2003), on estime que la moitié du petit million de chrétiens d’Irak a quitté le

pays, dévasté par la guerre, le terrorisme et la misère. Comme tous les Irakiens, les chrétiens souffrent de ce chaos, mais eux sont encore plus isolés. Ils n’ont pas de mi lices pour les défendre et constituent une cible idéale. Enlèvements et demandes de rançon sont leur lot commun (on a pu lire dans nos colonnes, la semaine dernière, comment cela s'ac-compagnait de chantage à la conversion à l'islam…) Beaucoup de chrétiens ont dû rejoindre le nord de l’Irak, la province autonome du Kurdistan. Chassés de cette région à partir des années 60, ils retrouvent en effet, mais une ou deux générations plus tard, leurs vil lages d’origine. Pour les plus jeunes, c’est très difficile : ils viennent de la ville et se retrouvent à la campagne, ils ne parlent pas la langue (kurde) et il n’y a pas de travail. Ils sont étrangers dans leur propre pays. Beaucoup re partent donc plus loin, en Syrie, en Jordanie, en Turquie, avant d'aller encore plus loin, en Suède, au Canada, en Australie. Dans les vil lages reconstruits à la hâte, lorsque

nous demandions si les gens voulaient repartir, tous répondaient affir-mativement d’un seul cœur. Si la situation

s’arrangeait à Bagdad ou Mossoul, beau-coup y rentreraient aussitôt.

L’Église essaie de garder ses fidèles dans le pays, mais il faudrait rassurer les gens et leur trouver du travail. En atten-dant, elle songe à l’avenir. Le Séminaire a été fermé à Bagdad, il a été rouvert à Erbil, au Kurdistan. On l’appelle le Séminaire des caravanes, car les bâtiments sont en préfabriqué. L’AED va aider pour trans-former cette installation provisoire en quelque chose de plus adapté aux études des futurs prêtres du pays.

Il faut, comme le disait Jean d’Ormes-son dans son appel en faveur des chré-tiens d’Irak, « qu’ils sachent qu’ils ne sont pas abandonnés, que d’autres chrétiens pensent à eux, prient pour eux, agissent pour eux… et qu’il y a pour eux, dans leur longue nuit, quelque chose qui ressemble, au loin, à une lueur d’espérance ». ■

Marc Fromager participait à la visite œcuménique en Irak du 11 au 19 février dont nous avons parlé la semaine dernière (cf. lettre Ecclésia).

par Marc FROMAGER

Beaucoup de chrétiens ont dûrejoindre le nord de l'Irak

© AE

D

) Écoutez la chronique de Marc Fromager, chaque semaine sur :

Chrétiennes irakiennes

Messe dans l'église de Karamles,

village natal du père Raghed, assassiné le 3 juin dernier à Mossoul (sa tombe est dans l'église)

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En mémoire des jours

Il y a tout juste dix ans, mourait Michel De batisse. Il venait d'un

monde qu'on disait voué à l'immuable. On parlait d'ailleurs de l'ordre éternel des champs. Sans regar-der de trop près à ce que cela recouvrait de peine au quotidien. Quant on habi-tait par exemple un lieu-dit aux flancs du Mont Forez, sur des terres froides qu'on dénommait "les bois noirs" en l'occurence. La famille Debatisse vivait là de quelques chèvres et d'un maigre troupeau de vaches. Le grand père ne savait pas lire, faute d'avoir pu aller à l'école, ce qui était un sort assez commun dans un temps où le travail des enfants était chose cou-rante, et de stricte néces-sité.

Michel Debâtisse devait devenir célèbre, mais qui pouvait le savoir quand il était à Palladuc, le nom de son village natal, auquel il est d'ailleurs resté fi dèle ? Assez vite, il devait se ré véler, à la faveur d'un mouvement qui fit date à la mi-temps du siècle dernier. On était dans les années trente, à un

moment où s'o péraient de grands bouleversements, pour le meilleur et parfois aussi le pire.

Michel Debatisse était de cette race d'hommes qui forcent le cours des des-tins. Il n'avait que son cer-tificat d'études, mais une curiosité insatiable, quand il allait aux champs, au pas de ses bœufs : il avait tou-jours sur lui un livre, dont il lisait au moins quelques pages. Durant toute la guerre, il tint un journal, dans lequel il consignait le cours des événements, qui avaient alors une portée mondiale. Ce n'était pas une personnalité qui enten-dait subir sa condition.

La JAC c'était un pro-jet de société et d'Église, dans lequel Michel se reconnaissait, sans réaliser encore jusqu'où le mène-rait ce mouvement, qui du même pas, leur parlait de Dieu et des hommes. La nouveauté c'était une prise de conscience qui passait outre les vieux déterminismes. Une géné-ration se levait au nom de sa foi. L'événement prit des proportions imprévisibles. A Palladuc, en particulier, il y avait donc une famille qui avait quelque prédilec-tion à un entendement à la me sure de cette sorte de soulèvement, qu'on quali-fiera un jour de "révolution silencieuse". L'expression de Michel Debatisse cor-respond au chemin par-couru, dont un livre re trace en ce jour l'étonnant iti-néraire. L'auteur Claude Goure, vient lui même de ces années et de ces bou-leversements, dont il fut contemporain, et le reste,

à voir la fidélité de sa mémoire. C'est en somme un témoin qui n'a pas grand effort à faire pour se reconnaitre dans l'his-toire de Michel Debâtisse, et de toute la paysannerie, comme on disait alors.

On vivait dans des conditions qui étaient celles d'un "prolétariat oublié", selon une expres-sion de René Dumont. Il en était ainsi depuis si long-temps, qu'on pouvait pen-ser en effet que tel était l'ordre du monde. On en avait assez de se faire sa propre place, pour ne pas se soucier d'improbables changements. Il y avait de la résignation plus que d'un consentement dans ces attitudes. On n'était pas f ier d'être paysan. C'en était au point que les jeunes, dans leur service militaire, ne faisaient pas état de leur origine. Le lan-gage des autres se mon-trait cruel, évidemment, dès qu'on faisait état de ses enracinement paysans. Qui se montrerait heu-reux de se voir réduit à des appellations de "pecnots", quand ce n'était pas de "bouseux".

Dans une petite ferme de Palladuc, Michel De -batis se ressentait les en jeux du mouvement à opérer. C'était de dignité dont il s'agissait. Le mé rite de la JAC ce fut pré-cisément de rendre à un peuple humilié, la consi-dération à laquelle il avait droit. Comme tout le reste concernant la juste aspi-ration à sortir de ces sols de terre battue sur lesquels on vivait et parfois dans des conditions d'exiguité,

car plusieurs générations se partageaient l'espace dont elle pouvait disposer. Michel Debatisse fut à la pointe de ces courants, qui avaient force de révolu-tion silencieuse en effet, mais non moins résolue. La personnalité de Michel Debatisse explique la place qu'il a tenue dans cette extraordinaire mutation, qui allait conduire des lea-ders paysans à s'impliquer dans de vastes instances économiques ou sociales, qui conditionnent le deve-nir des paysans. Comme dans toutes les catégo-ries sociales, l'itinéraire d'un Michel Debâtisse est l'aboutisement et la consé-quence d'un nouveau deve-nir.

Le livre de Claude Goure est passionnant car il re trace avec précision les étapes d'une longue marche, qui ne devait rien à celle de Mao dans les mêmes moments. Le récit de ces années suppose une relecture de cette histoire fort complexe, et parfois sujette à contradiction, et donc à des contradic-teurs. Debatisse qui fut à la pointe de tous les choix de société que cela suppo-sait, n'oubliait pas l'homme de Palladuc, où avec son épouse et un associé, il retrouvait ses racines.

Dans l'humilité des ori-gines qui était garante de ses fidélités les plus fon-damentales. C'est un grand livre, et c'est nous tous qu'il concerne. n

Une noble figure

ParRobert Masson

ESPRIT

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Claude Goure, Michel Debatisse ou la révolution paysanne, éditions Desclée de Brouwer, 250 pages, 20 e.

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Le rock chrétien n'est pas mort. Il est juste un peu malade. Après Glorious, les groupes Totus et Spear Hit ont en effet rangé les guitares dans leurs étuis,

et débranché les micros en attendant des jours meilleurs. Produire du « rock chrétien » est, de fait, un sacré défi humain et financier, auquel s'ajoute - on en a déjà discuté ici - un certain « isolement ec clésial », dans la mesure où on ne voit toujours pas que l'Enseignement catholique, les dif férentes aumôneries, voire le scou tisme aient complètement compris qu'il se jouait sur ce front culturel quelque chose qui les concernait de plein droit. Pour conjurer ces difficultés, « l'Association Ce Printemps Artistique » (ACPA), s'em ploie à créer un espace de dialogue entre le « spi » et la musique populaire contemporaine des jeunes gé né ra tions, celle qui constitue un véritable langage commun des lycées, des universités... C'est donc le fes tival de Pâques, à Chartres, dont une bonne partie se déroule juste devant la cathédrale. Au printemps 2008, pas moins de trente-neuf groupes de tous genres musicaux se mettront en scène pour partager la joie de la résurrection du Christ. L’an dernier près de 20 000 visiteurs ont participé à cet événement national.

Chartres est un lieu de culture et d'histoire, de prière et de pèlerinage, où le témoignage d'une communauté vivante, qui vit pleinement la foi au Christ ressus-cité, a toute sa place. Pendant le festival s'y ajoutent la jeunesse et certaines expressions de l'art contemporain. Au premier chef, la mu sique populaire dans des acceptations très diverses : du rock louange au rap en passant par le jazz manouche… Et un peu de classique

éga lement… Une fête de la musique en quelque sorte - à l'échelle de toute une ville puisque les églises, les théâtres, les rues et les bars sont mis à contribution - mais relookée version chrétienne.

À cette occasion, « le Festival permet aux artistes d'être découverts par un public plus large et de gagner en professionnalisme », nous explique Jean-Baptiste Fourtané, père de la manifestation : « Dès la première édition, le Festival a souhaité donner à de jeunes artistes dé butants, férus de mu-sique, la chance de se produire devant un public large et passionné ». Véritable

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Une fête de la musique, en quelque sorte, mais relookée version chrétienne

Du 22 au 24 mars, Chartres fêtera la Résurrection tout en musique. Le festival de Pâques, pour la sixième année consécutive, s'impose comme le rendez-vous incontournable du rock chrétien.

MUSIQUECHARTRES

Pâques fait son show

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Outer Fringe, groupe de rock punk autrichien, lors d'une précédente édition du festival.

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par Christophe LafonTaine et Caroline PouGneT

tremplin, le Festival l’est sans conteste. De nombreux groupes ont d’ailleurs « fait mouche » depuis, comme en témoigne Günther, du groupe autrichien outer fringe : « Merci beaucoup à toute l'équipe d'organisation ! Je dois dire que cela a vraiment beaucoup aidé notre groupe : aussi, merci encore de votre invitation et de votre soutien à la musique chré tienne. »

Jeanne-Marie Boudant, depuis cinq ans membre du groupe rennais Théos, se rappelle avec émotion : « il y a deux ans, nous avons gagné le "tremplin" du festival et ainsi rencontré Rejoyce qui

est de venu notre producteur. Le festival de Pâques a été le lieu et le moyen pour Théos de passer du rêve à la réalité, après des années de travail. La musique pop chrétienne s'essouffle parce que le pu blic manque. Et si le public est parfois absent c'est sûrement qu'il n'est pas au courant des choses (soutien de L'église, des médias...) ou que la valeur artistique est très faible. Il est vrai qu'un message fort porté par une musique inefficace

ne vaut rien. C’est tout le problème du professionnalisme dans l’Église, qui est encore plus criant pour la musique. Une exigence de qualité, comme celle qu'on peut expérimenter à Chartres, donnera d'autant plus de crédit aux groupes et à leur message et leur permettra d'être pré sents sur la "scène publique". Si les groupes font de la bonne musique, il n’y a aucune raison de s'inquiéter ! Le public les reconnaîtra ! »

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La pop-louange, le rock, le reggae,tout cela peut toucher les cœurs...

Pâques fait son show

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Les Light Singers, groupe de Gospel de Seine Saint-Denis qui sera présent à Chartres en 2008.

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Cet effort de professionnalisation passe en effet forcément par des mo-ments "en conditions réelles", avec tout l'en vironnement nécessaire. C'est cela qu'offre le festival de Pâques à certains groupes enfin prêts à prendre leur envol.

Mais si le festival est un tremplin professionnel, le seul roc(k), c'est Dieu ! Les artistes sont là pour fêter le Christ ressuscité. Le fond a précédé la forme. Tous s'annoncent comme des porteurs de sens. Il s'agit de toucher tous les âges, tous les publics pour une seule rencontre : Dieu. L'équipe du Festival, depuis ses dé-buts, croit dur comme roc(k) que toute musique, toute expression artistique, peut avoir sa place pour dire le sens de la vie, qui habite le chrétien.

Et qui dit jeune, dit aussi « rock chrétien » : chrétien par le texte, mais rock

par la musique ! Les jeunes générations aspirent à dé couvrir un vrai message, celui du Christ : un message moderne. « Ceux qui sont loin de la foi ont besoin d'une première marche pour grimper vers Dieu, d’une main tendue vers eux avant qu'ils ne donnent la leur », confirme Louis, bénévole depuis trois ans. Et d’insister : « la pop-louange, le rock, le reggae, tout cela peut toucher les cœurs très largement, bien au-delà des cercles cathos ». De fait, les groupes chrétiens dans la musique actuelle parlent à de nombreux jeunes qui ne sont pas du tout atteints par les structures traditionnelles de l'Église.

Accrochés au « devoir évangélique » comme l'huître à son rocher, les fes tivaliers accueilleront cette année MC Solaar, le plus célèbre des rappeurs français qui a

eu notamment le mérite, par sa douceur poétique, de sortir ce genre du ghetto de l'apologie de la violence. Sont aussi attendus : Padre Jony (qui est prêtre), Discantus (voix de femmes a cappella qui font revivre des chants du Moyen-Age), Father Stan Fortuna (il est membre de la communauté des Franciscains du Bronx), Superhero (de Glagow), Am Ketenes ("Tous ensemble", en manouche et en jazz), Prédicateurs Du Ghetto (alias PDG), Delphine (Martineau) chanteuse à idées et à voix, et bien d'autres encore…

Des artistes qui sont, au moins, sensibles au message véhiculé par le Festival, nous confie Cécile, la res-ponsable de la programmation « In », voire qui, comme les deux "rappeurs hip-hop" Neeks et Blessearly, du groupe PDG cité ci-dessus, considèrent, qu'après un regrettable dé tour par la délinquance juvénile, le des tin leur a donné une véritable mission pour prêcher la Bonne Parole, la Paix et la Joie dans les "Quartiers" - comme on dit - où celles-ci entrent difficilement… »

Pour sa sixième édition, le Festival de Pâques élargira la scène à d'autres expressions artistiques comme la danse, la sculpture, ou la BD, encore un peu plus que l'an passé… Car c'est l'un des mystères de l'art, il peut, dans sa pure diversité, toucher de près les plus grands mystères de la foi et les traduire. Les artistes sont des passeurs de grâces. Le Festival l'a compris. n

Le Festival de Pâques a aussi sa star Academy !Un casting de jeunes talents, un jury et un public qui vote pour son groupe préféré : le Fest'up est la Star Academy du Festival de Pâques. Concours musical crée en 2005, le Fest'up a pour but de faire découvrir de jeunes artistes et donne sa chance à tout le monde. Chacun ayant son univers musical bien à lui. Les règles du jeu sont simples. Le concours met en compétition quatre groupes de musique devant le public et sous l'œil averti d'un jury professionnel composé de directeurs artistiques, directeurs de maisons de production ou encore de musiciens confirmés. Chaque candidat - sélectionné en amont - dispose de trente minutes pour soulever la salle. « C'est une occasion pour les artistes en herbe de se confronter à la critique, de rencontrer des programmateurs et un public attentif aux nouvelles créations musicales » se félicite Bérengère, responsable du Fest'up 2008. La révélation du concours recevra le Prix du jeune talent 2008 ainsi que l'opportunité d'être programmé sur la scène In du Festival 2009. Un concours qui compte pour distinguer les jeunes talents qui feront la musique chrétienne de demain.

Les bénévoles autour de Mgr Boccardo (qui présidait le Festival 2007) et Mgr Pansard (évêque de Chartres)

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IDEESLE JOURNAL DE GERARD LECLERC

6 JANVIER

Mais revenons au fameux discours de St-Jean de Latran. La rédaction n'est pas d'Henri Guaino. Diverses sources font état d'un travail commun à Emma-nuelle Mignon, une des collaboratrices les plus proches de Nicolas Sarkozy et au père Philippe Verdin, dominicain... Quand j'ai entendu ce fameux discours sur KTO, j'ai été sidéré. Je ne m'atten-dais pas à une telle prosopopée. Au vrai, pouvait-on faire mieux pour une célé-bration de la France chrétienne, de son histoire, de ses grandes figures de la sainteté et de la pensée ! Et l'évocation du cardinal Lustiger, d'une rare délica-tesse ! Oui, ce discours m'a ému et je n'ai aucune raison de le cacher. Il était évident qu'il déclencherait des réactions d'indignation et de colère. Il semble que le Président en ait eu conscience et qu'il ait mesuré le risque de sa provocation, mais il n'a pas voulu amender ses pro-pos.

Dans l'histoire de la République, c'est une date, parce que, d'évidence, jamais un chef de l'État, même le gé-néral de Gaulle, ne s'était exprimé avec un tel accent, une telle insistance sur la France chrétienne. C'est vrai qu'un in-terdit a été brisé. La fameuse laïcité de l'État a toujours exigé une extrême re-tenue, une abstention verbale qui devait correspondre au néces saire « agnos-ticisme d'État ». Beaucoup en ont fait une règle intan gible. Parce qu'il est garant de l'impartialité de l'État qu'il doit représenter, le Président ne devrait contrevenir en aucun cas à son devoir de réserve. Ce qui est demandé à tout fonctionnaire, comment le premier magistrat pourrait-il s'y dérober ? Lui, plus qu'aucun autre, devrait donc jeter sur ses convictions personnelles dans l'ordre religieux un voile pudique, ce voile d'ignorance souvent évoqué par le philosophe politique John Rawls.

Cette objection me trouble sans vraiment me déstabiliser. Le trouble vient de l'incontestable part de vérité de l'affirmation. L'impartialité du chef

de l'État par rapport à la pluralité des croyances, au traitement juste qui doit leur être accordé, n'est pas susceptible de compromis. Mais j'objecte que ce principe n'est pas nécessairement en-tamé par une affirmation personnelle de convictions ni même - ce qui est en-core plus difficilement admissible dans une certaine tradition française - par un statut confessionnellement carac-térisé du chef de l'État. Prenons le cas de l'Angleterre. La reine Élizabeth est le très officiel chef de l'Église (anglicane) d'Angle terre. Je ne sache pas que les ca-tholiques de ce pays, ni les membres des autres religions, ont présentement à se plaindre de la « partialité » religieuse de leur souveraine. Il en va de même des rois et présidents des pays de style concor-dataire en Europe. On dira qu'il n'y a jamais eu, au Royaume-Uni, de pre mier ministre de religion catholique. Mais je doute qu'Élizabeth y soit pour quelque chose. C'est plutôt la société anglaise, dans sa particularité historique, qui est opposée à ce qui contreviendrait à une habitude née de la rupture d'Henry VIII au XVIe siècle.

Ainsi, je ne parviens pas à endosser l'objection, tout en la respectant. Mais je voudrais encore aller plus loin. Il me semble que la véritable raison de l'in-terdit laïque tient non pas à un principe quasi-constitutionnel, mais à une sorte de non-dit qui s'est imposé à cause de l'extrême tension de ce qu'on a appelé « la lutte entre les deux France », la France religieuse et la France antireli-gieuse. Un Jean Baubérot est proche de cette explication, lorsqu'il met en garde sur le danger de ranimer les démons d'une ancienne querelle. C'est que nous avons une Histoire très particulière avec la Révolution et l'aboutissement d'une frénésie antichrétienne présente au long du XVIIIe siècle. L'éradication programmée du christianisme demeure, qu'on le veuille ou non, un moment de

notre passé, et les luttes de la Troisième République contre les congrégations et la puissance de l'Église prolongent un même règlement de compte. Je ne veux pas expliquer ainsi que les esprits n'auraient pas été depuis pacifiés, mais la pacification a résulté d'un compromis qui repose sur le non-dit. Surtout n'en parlons pas !

Autre version : la religion est désor-mais renvoyée au domaine privé, sinon au secret des consciences, du moins non-admise sur la scène publique. Pro-position mille fois répétée et au demeu-rant absurde, mais dont le sens est très symbolique. L'intrusion - ou du moins ce qui est décrit comme tel - du reli-gieux sur cette scène publique serait en soit peu supportable car susceptible de peser sur les consciences et de fausser la libre discussion démocratique. Qu'im-porte que cette intervention se fasse sur le mode argumentatif et non sur celui de l'injonction, les préjugés ont la vie dure. Qu'importe aussi que le débat civique soit souvent obéré par de lourds préjugés idéologiques ou par des modes de séduction publicitaires, la religion est toujours réduite péjorativement au « dogmatique », un terme généralement non critiqué, ce qui est un comble. Les arguments contre le dogme sont de ca-ractère dogmatique dans la pire accep-tion du terme.

Mais revenons à cette idée d'un compro mis plus ou moins explicite sur un voile d'inconnaissance jeté par l'État sur les idées essentielles, celles que John Rawls appelle « compréhensives » et qui concernent les grandes options sur le Vrai et le Bien. Au risque de rallu-mer le feu, j'ai envie de dire que l'inter-dit, s'il a eu lieu d'exister, n'a pas statut d'éternité, et je me demande sérieuse-ment si sa transgression n'est pas bien- venue. Ne sommes-nous pas prisonniers d'habitudes désuètes qui remontent à une époque de crispation extrême ?

Les arguments contre le dogme sont de caractère dogmatique

Toujours la laïcité...

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Je comprends que certains soient gênés, mais leur gêne ne tient-elle pas d'abord à leur volonté farouche de maintenir leur propre idéologie comme identifiée à celle de la République ? Tout de même, ce sont toujours les organisations ratio-nalistes - Libre Pensée, Grand Orient… - qui montent au créneau pour « dé- fendre la laïcité menacée ». Que quel-qu'un vienne briser l'oukase, je ne peux m'en plaindre.

J'ajoute que les réactions ac- tuelles au discours du Latran sont par-fois étranges. Avec Bernanos, j'ai envie de répéter : « La colère des imbéciles emplit le monde ». Et lorsqu'Yves Ber-nanos, le petit-fils de l'écrivain, m'ap-prend que sur un site internet socialiste on a traité son grand-père d'écrivain collaborationniste, je réitère. Après pro-testation, l'énorme sottise a disparu du site sans que sa responsable ait pré-senté la moindre ex cuse. Il est vrai que, dans le genre, on avait déjà connu pire. C'est par Jean-Marie Domenach, dans France Catho lique, que j'avais appris la perle publiée il y a déjà maintenant longtemps par l'hebdomadaire Téléra-ma. Celui-ci accordait le même quali-ficatif à Charles Péguy, mort en 1914 ! L'inculture et l'amnésie sont les plaies d'une époque où des jeunes gens sont privés des connaissances les plus élé-mentaires. À l'avantage de la IIIe Répu-blique, il faut quand même rappeler que l'enseignement secondaire ne faisait pas l'impasse sur l'histoire religieuse et ses monuments littéraires. Aujourd'hui l'agressivité antireligieuse s'autorise de toutes les ignorances…

Un dernier mot. L'État et son premier magistrat n'ont pas à être pris en défaut de neutralité de langage mais en défaut d'impartialité pratique. On ne peut im-poser à un Président de taire son atta-chement au patrimoine chrétien de la France. On serait en droit, en revanche, de lui reprocher comme une forfaiture de défavoriser l'exercice de la liberté de penser et de croire.

8 JANVIER

Simone de Beauvoir aurait 100 ans ! Inévitable commémoration avec col-

loques, publications, biographies. A prio-ri, je ne suis pas très tenté par la lecture de nouvelles parutions. Les éventuelles révélations biographiques sont déjà dans les journaux. Malgré les louanges à l'icône du féminisme, il est difficile de cacher la part la moins agréable d'une vie et de ses engagements. Je ne cherche d'ailleurs pas à développer une polémique, et moins encore à formuler je ne sais quelle condamnation. Ce serait dérisoire et contraire à toute sensibilité chrétienne. D'ailleurs tout ne m'est pas contraire chez Beauvoir. J'ai lu cer taines pages de ses Mémoires avec intérêt, et - notamment avec le Deuxième sexe - elle m'a donné l'occasion d'une discussion serrée et profitable. C'est mon pro-blème avec Sartre et avec elle. Je suis d'une génération qui n'a pu les éviter et qui s'est en partie formée en se définis-sant par rapport à eux et contre eux, notamment à propos de leur conception de la liberté.

Je ne sais pas si j'irai beaucoup plus loin dans cette discussion que dans le chapitre consacré à Beauvoir dans L'amour en morceaux. Cela constituait une seconde lecture par rapport à celle que j'avais faite peu auparavant dans un article de France Catholique pour les 50 ans du livre. En un mot : là où on voit généralement une sorte de manifeste féministe, je discerne surtout un aveu d'impuissance à situer la femme autre-ment que dans une relation mimétique à l'homme qui est le seul modèle possible. D'où l'impasse féministe où les femmes, piégées par une absence de symbolique positive ou un trop plein d'imaginaire qui, à force de célébrer le génie fémi-nin, constitue un gynécée fermé sur lui-même. À l’en contre de cette double mé-prise, j'osais défendre l'idée d'un éternel féminin, puisé chez Dante, Soloviev ou Teilhard et qui assume une différence de la femme pour une réciprocité entre les sexes.

Mais j'ai été ramené à un autre aspect de Beauvoir qui faisait autrefois l'objet de grandes discussions : sa rupture avec ses origines familiales et chrétiennes. Une rupture qui troublait parfois telle-ment un certain milieu ecclésial qu'un livre, dont j'ai oublié l'auteur, dénonçait

dans la révolte de la jeune normalienne « l'échec d'une chrétienté ». L'expérience m'a rendu méfiant à l'égard de ce type de réaction. Peut-on ainsi faire le malin en fustigeant les générations précé-dentes et le piètre témoignage qu'elles auraient donné ? Sommes-nous si sûrs d'avoir mieux réussi et notre propre bi-lan ne devrait-il pas, au contraire, nous inviter à plus d'humilité et à un surcroît de discernement ? Toujours est-il que les Mémoires d'une jeune fille rangée ne m'avaient nullement impressionné ou conduit à stigmatiser l'échec d'une chrétienté. Au contraire !

J'ai tout de même pris connaissance d'un livre de Beauvoir que je n'avais pas encore lu. Il s'intitule curieusement, dans la collection Folio, Anne ou quand prime le surnaturel. Initialement, il de-vait même s'appeler Primauté du spiri-tuel, par un détournement ironique du titre du célèbre essai de Jacques Ma-ritain. Car il s'agissait de dénoncer, à partir des ressentiments de sa jeunesse, ce que Simone appelait « les mystifica-tions spiritualistes ». Simone de Beau-voir n'avait elle-même que peu d'indul-gence littéraire à l'égard de ces cinq nouvelles où les mêmes personnages s'entrecroisent mais dont l'auteur n'a pas voulu faire le roman unique dont la trame, pourtant, se dessine. C'est le souvenir de Zaza qui domine. Cette jeu-ne fille morte prématurément, et dont Beauvoir a toujours attribué la dispari-tion à une mère étouffante et surtout à un catholicisme aliénant, névrotique. Qu'en fut-il exactement. Élizabeth La-couin (Zaza qui fut si amie de Simone), de sa mère, de sa famille, de l'influence religieuse du milieu ? Doit-on vraiment faire confiance à l'écrivain et à sa fé-rocité péremptoire ? Simone est en ef-fet un juge plutôt implacable, du style jupitérien, et ses condamnations sont sans appel. La façon dont elle traite la maman d'Élisabeth, en forçant son for interne, en s'autorisant à interpréter ses débats de conscience, en formulant même sa prière dans une mise en scè-ne de sa relation personnelle avec son Dieu, tout cela me met mal à l'aise alors même que ses admirateurs y voient l'ex-pression de son extrême lucidité.

(à suivre)

28 FRANCECatholique n°3109 7 mars 2008

L'impuissance à situer la femme autrement que dans une relation mimétique à l'homme

IDEES

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La vie de Jacques Sevinsac au dos sans trêve...

22/40Texte de A. de PalmaertDessins de Palmar

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© Editions Viltis - Albéric de Palmaert, 12 rue Botzaris, 75019 Paris - 06 62 22 37 75

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Le Musée du Montparnasse, lui-même abrité dans un lieu à l’écart du temps à deux pas de la tour Montparnasse, pré-sente des photographies de Daniel Lebée consacrées à "La Ruche et ses artistes

aujourd’hui". Depuis 1902, La Ruche héberge et sert de résidence à une exceptionnelle commu-nauté d’artistes (voir ci-dessous). Daniel Lebée commence à photographier ce lieu unique en 1985. Il y installe son atelier en 2005.

Le photographe est né à Paimpol en 1946, mais il vit depuis longtemps à Paris ou dans

sa proche banlieue (Boulogne-Billancourt, où il fixera sur la pellicule les Usines Renault). Élève à l’Institut Français de photographie, il se livre à sa passion dès l’âge de 16 ans. Il devient photographe indépen-dant en 1972, travaille pour des compagnies aériennes et des maisons de mode. On lui doit notamment des clichés du Gala de l’Union des Artistes. Il reçoit des commandes de la Direction du Patrimoine

(ministère de la Culture). Daniel Lebée expose régulièrement. Il photographie pour le Musée du Louvre, la RMN* ou des collectionneurs privés.

Sur les murs du Musée du Montparnasse, les photographies en noir et blanc nous font péné-trer dans un univers inspiré, reflet d’un monde un peu mystérieux. On plonge sur "la Ruche vue d’une grue" (1990). Le "Reflet de la Rotonde" fait penser à un lavis à l’encre de Chine. Les photos de Daniel Lebée sont souvent proches du dessin. Ou, paradoxalement, de la peinture : la "vue de chez Léonard Léoni" rappelle la construction des toiles de Vieira da Silva. "La Rotonde et le jar-din sous la neige" (hiver 1986) fait contrepoint à la seule tache de couleur de l’exposition : "la Ruche", une huile sur toile de Pierre Maunoir, habitant du lieu, que l’on retrouve plus loin dans son atelier fixé sur la pellicule. Les noirs sont profonds. "La Ruche, la nuit" (2002) fait briller ses lumières qui veillent dans une nuit d’encre. Le photographe maîtrise le flou d’une façon étonnante : "Reinaldo de Santis" semble surgir d’un univers aussi étrange qu’étranger. Lorsque Daniel Lebée nous fait pénétrer dans l’atelier

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Daniel Lebée

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Quand le photographe Daniel Lebée fixe sur la pellicule "La Ruche", mythique cité d’artistes, le temps suspend son vol…

Musée du Montparnasse

daniel Lebéeet "La ruche"par Alain SOLARI

Le refletd'un mondeun peumystérieux

expositions

La RucheCité d’artistes, "la Ruche" est née des utopies du XIXe siècle, notamment de la lecture de Fourrier. Elle doit son inauguration, en 1902, à la générosité d’Alfred Boucher. La cité a été construite avec des matériaux de récupération de l’Exposi-tion Universelle de 1900 : éléments métalliques conçus par Eiffel, briques récupé-rées, cariatides empruntées aux pavillons "exotiques"… Les bâtiments qui abritent les ateliers se déploient autour d’une célèbre rotonde. Léger, Chagall, Soutine, Zadkine sont passés par là… Aujourd’hui, "la Ruche" est une fondation (La Ruche / Seydoux) présidée par Michel Euvrard. Plus de 50 artistes, appartenant à une dou-zaine de nationalités, vivent et travaillent dans ce lieu. ■

La Ruche, 2 passage Dantzig, 75015 Paris.

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de Léonard Léoni, on se croirait dans un film noir. Ses portraits ne sont jamais banals : ainsi d’eduardo Arroyo, entre deux toiles. en plongée ou contre-plongée, les visiteurs entrent chez chacun des artistes sans aucun voyeurisme. et lorsqu’ils ne sont pas sur la photo, on devi-ne leur présence. Dans cette enclave préservée de l’agitation urbaine, courez voir les peintres, sculpteurs… abeilles qui font leur miel dans "la Ruche". ■

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Pierre Maunoir

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* RMN : Réunion des musées nationaux.

"La Ruche et ses artistes aujourd’hui, photo-graphies de Daniel Lebée", jusqu’au 23 mars, tous les jours, sauf lundi, (12h30-19h), au Musée du Montparnasse, 21 avenue du Maine, 75015 Paris, tél. 01.42.22.91.96 / www.museedumontparnasse.net

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La compagnie normande "Logomotive théâtre" s’est associée au théâtre du Trident de Québec pour constituer une équipe mixte, qui a récemment joué sur le continent américain Terre océane, de Daniel

Danis. Ce n’était pas la première fois que "Logomotive théâtre" mettait en scène cet auteur québécois : c’est autour d’un de ses textes qu’il y a quelques années Jean-Paul Viot et Gill Champagne ont lié connais-sance. Le premier résultat de ce travail pour "Logomotive théâtre" a été d’être invitée à des festivals français – "Automne en Normandie" et les "Francophonies" de Limoges – à l’automne prochain.

D’autres aspects méritent aussi examen. Les comédiens apprennent-ils le métier de la même façon des deux côtés de l’Atlantique ? Une ins-truction de mise en scène est-elle semblablement comprise partout ? L’écriture d’un auteur est-elle reçue de la même façon par les deux publics ? Les différences culturelles créent-elles des malenten-dus ?

Pour Gill Champagne, qui a aussi travaillé avec Suisses et Belges, les bains culturels n’influent pas sur le travail, la démarche professionnelle étant de fouiller au plus près le sens du texte. Avec une équipe mixte, on progresse tous ensemble de façon cohérente. Les éventuelles divergences tiennent aux sensibilités artistiques dont on se réclame, pas aux pays d’origine. Il y a par contre une façon de travailler différente, les Québécois disposant de moins de temps pour répéter. Afin de permettre au comédien de quand même s’impré-gner du texte, les heures de répétition sont répar-ties sur une longue durée. C’est une nécessité, le spectateur étant de plus en plus exigeant.

Mais il refuse d’adapter les textes en fonction du public. Et celui d’un Québécois dit par des acteurs suisses en Suisse aboutit à une nouvelle création, grâce aux sensibilités conjuguées des interprètes et des spectateurs. Cet aspect est d’autant plus mar-qué que la pièce est dépourvue de didascalies.

Jean-Paul Viot confirme le propos sur les répé-titions, et confesse son admiration devant l’orga-nisation qui en résulte, qui nécessite une mentalité de fonceur. Mais l’auteur québécois dit les choses de façon directe, et du coup rencontre un public. De même, le comédien québécois, marqué par l’ambiance anglo-saxonne qu’il subit, a un jeu plus charnel, physiquement engagé, avec plus de pré-sence qu’un français. Et il confie avoir parfois été

troublé par ce public, qui goûte beaucoup plus le texte que le jeu ou la situation. Car la langue est un patrimoine précieux. Jean-Paul Viot constate avec admiration que Michel Tremblay, qui écrivait en "joual"(1) dans les années 60, est parvenu à décom-plexer le franco-québécois. C’est d’ailleurs sur ce vocabulaire cousin qu’on peut mutuellement se taquiner, le Québécois reprochant au Français de dire "planning" juste avant d’interrompre sa conversation

en raison d’un "call" sur son téléphone portable. Et le Français relevant que "c'est le fun" quand une Québécoise est "tombée en amour" sans réaliser qu'il met ses vêtements à nettoyer au "pressing".

Y voir un envahissement commun de nos deux "nations" (ce dernier mot ayant été employé pour le Québec par un premier ministre fédéral qui ne mesurait sans doute pas bien les différences de sens selon que le mot étant anglais ou français…) du français par l’anglais reviendrait à oublier que chez nos voisins communs un "rendez-vous" pour "affaire" n’évoque pas spécialement des questions de "budget", ce dernier mot finissant par être apatride à force d’emprunts et d’évolutions réci-proques. À chacun de tenir sa place, sans impé-rialisme ni honte. Mais ceci est une autre histoire, comme aurait dit un célèbre auteur anglais… n

théâtre

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(1) Joual : terme forgé dans les années 30 désignant un cheval en franco-québécois populaire. Le terme est marqué péjorativement dans le Trésor de la langue française : "français parlé par un groupe linguistique dont la langue maternelle est gravement ébranlée" par l'anglais. Reverso en fait un "parler populaire à base de français forte-ment anglicisé". D'autres dictionnaires y voient un synonyme de "québécois".

Les collaborations artistiques internationales sont une chose, entre francophones une autre, le défaut de traduction ne signifiant pas forcément uniformité de sens. Que se passe-t-il donc lorsqu’une compagnie théâtrale normande s’associe avec une québécoise pour monter un spectacle ?

La langueest unpatrimoine précieux

"Logomotive théâtre"

par Pierre François

Francophoniepratique©

LoU

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LEBL

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Gill Champagne

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CINEMA

Michel Gondry, né à Versailles en 1963, est incontestablement une figure à part dans le pay­

sage cinémato graphique. Après avoir fait ses gammes dans les clips musi­caux, puis la publicité, avec une réus­site internationale, il a mis son imagi­nation très féconde au service du ci ­néma. Il en a une approche ludique, très fantaisiste et le titre même de ses films (« Eternal Sunshine of the Spotless Mind », « La science des rêves ») sug­gère cette poésie joyeuse. Son nouvel opus est un hymne au ci néma ama­teur.

Mike travaille dans un petit vidéo­club du New Jersey. En l'absence pro­visoire de son patron, il a pour mission d'assurer le bon fonctionnement de la boutique. Tout irait pour le mieux si son ami Jerry, mécanicien excentrique et paranoïaque, ne s'était pas retrou­

vé, à la suite d'un sabotage ayant mal tourné, avec un étrange pouvoir magnétique. Lorsqu'il entre dans le vidéo­club, toutes les cassettes se trouvent démagnétisées... Pour ré parer la gaffe, les deux compères ne trou­vent rien de mieux que de reconstituer les films en devenant cinéastes. Que vont en penser les clients ? Pour ap pré cier cette comédie, il faut na tu rel lement être sensible à l'esprit fan tasque et bon enfant qui

règne dans les histoires de Michel Gondry, toujours riches en trouvailles visuelles. Le récit distille aussi un agréable par fum de nostalgie pour ces lieux dé su ets qui tentent vainement de résister au passage du temps... Les personnages se révèlent très attachants et la mobilisation de tout un quartier pour que vive encore ce pe tit vidéo­club est finalement très émouvante. ■

Soyez sympas, rembobinez. Comédie dramatique améri-caine (2007) de Michel Gondry, avec Jack Black (Jerry), Mos Def (Mike), Danny Glover (Mr. Fletcher), Mia Farrow (Miss Falewicz), Melonie Diaz (Alma), Irv Gooch (Wilson), Chandler Parker (Craig), Arjay Smith (Manny), Quinton Aaron (Q), Gio Perez (Randy) (1h39). (Adolescents). Sortie le 5 mars 2008.

Les femmes de l’ombreLise Willameur s'est engagée dans la Résistance à Londres et travaille pour le SOE (Special Operations Executive). Avec quatre autres femmes, elle a pour mission d'exfiltrer un agent anglais prisonnier de l'armée allemande qui risque de divulguer des informations capitales sur le débarquement. L'histoire est passionnante et rend un bel hommage à ces femmes résistantes trop souvent oubliées. Elle est servie par cinq comédiennes très inspirées qui apportent un indéniable relief à leurs personnages. Le récit offre de nombreux rebondissements qui se suivent sans temps morts. La mise en scène de Jean-Paul Salomé (« Belphégor », « Arsène Lupin »), un peu trop académique, n'est pas complètement à la hauteur de son sujet. Le courage de ces jeunes femmes qui accomplirent cette mission au péril de leur vie force l'admiration. On déplore quelques scènes légères et une faute de goût dans la mise en scène d'un suicide. M.-L. R.

Drame français (2007) de Jean-Paul Salomé, avec Sophie Marceau (Louise Desfontaine), Julie Depardieu (Jeanne Faussier), Marie Gillain (Suzy Desprez) (1h58). (Grands adoles-cents). Sortie le 5 mars 2008.

Sans plus attendreDeux hommes qui n'ont plus que quelques mois à vivre décident de réaliser leurs rêves. Malgré la gravité du sujet et quelques clichés, Rob Reiner signe une œuvre généreuse et attachante, pleine d'humour et de tendresse. Morgan Freeman et Jack Nicholson forment un tandem des plus sympathiques. Cette œuvre est d’une belle profondeur humaine, mais aussi religieuse, grâce à la foi qui anime l'un des deux héros. Quelques trivialités. M.-L. R.

Comédie dramatique américaine (2007) de Rob Reiner, avec Morgan Freeman (Carter), Jack Nicholson (Edward), Sean Hayes (Thomas), Beverly Todd (Virginia), Rob Morrow (1h36). (Adolescents). Sortie le 27 février 2008.

L’heure d’étéÀ la mort d'Hélène Berthier, 75 ans, ses descendants se réunissent pour évoquer le sort de la maison familiale. Olivier Assayas n'emprunte jamais les chemins où on l'attend. Après un précédent long métrage opaque et sordide (« Boarding Gate »), il signe une œuvre à la fois lumineuse et teintée de nostalgie, qui semble portée par

la grâce. Cette histoire universelle est interprétée par des comédiens très inspirés. La peinture de cette famille, qui voit peu à peu ressurgir les souvenirs et prend conscience du temps qui passe, a quelque chose de profondément émouvant.

Marie-Lorraine RousseLDrame français (2007) d’Olivier Assayas, avec Juliette Binoche (Adrienne), Charles Berling (Frédéric), Jérémie Rénier (Jérémie), Édith Scob (Hélène), Dominique Reymond (Lisa), Valérie Bonneton (Angela), Isabelle Sadoyan (Eloïse), Kyle Eastwood (James), Alice de Lencquesaing (Sylvie), Émile Berling (Pierre) (1h40). (Adolescents). Sortie le 5 mars 2008.

Le jeu de Black Jack est à l'image du cinéma de Michel Gondry : aussi loufoque qu'attachant.

Le bonheur du cinémaSoyEz SyMpAS, rEMbobINEz par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Le film offre denom br eux clins d'œilà des films populaires connus de tous

(

FRANCECatholique n°3109 7 mars 2008 33

Écoutez Marie­Christine Renaud d'André chaque semaine sur :

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"Un riche, trois pauvres"(1) est plus qu’une pièce, c’est un univers. Au tout début, on voit trois dos, trois vestes noires par-dessus des panta-lons noirs. Soudain ils se retournent.

Leurs visages sont passés au blanc : ce sont des clowns. Parmi eux, un être androgyne. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes d’hésitations qu’on finit par trouver le chemin menant au monde poétique de Calaferte, tel qu’il nous est montré par ces comédiens.

La mise en scène donne tout son relief à la parole en l’appuyant sur le silence et en jouant sur les répétitions et les variations de ton pour faire sentir toutes les nuances de l’appel, de la contestation, de la violence, de l’ensemble des rapports humains possibles.

Un musicien percussionniste soutient l’ex-pression des relations qui s’expriment sur le pla-teau, les souligne, voire les amplifie.

Comme décor, une corde formant un trapèze au-dessus des comédiens. Des poulies lui per-mettent d’être manœuvrée et de servir d’outil pour des chorégraphies communes. Un des acteurs explique, et on s’en rend effectivement compte en

voyant la pièce, combien ce lien signifie l’interdépendance (plus que la solida-rité) et est régulièrement le moyen de dominer à deux contre un.

Car l’univers de Calaferte décrit l’ordre du monde dans ce qu’il a d’absurde. Mais sans méchanceté aucune. « Les choses sont ainsi », Très bien secondé par la Compagnie des Crieurs de nuit, Calaferte les montre dans leur cruauté brute et nous offre d’en rire. Il faut être reconnaissant à ces artistes de nous permettre de rire finement, sans recours à des ficelles connues ou à la vulga-rité. Ce qui est une marque indéniable de talent.

Parfois, entre deux saynètes intervient une projection de Guignol. L’auteur était lyonnais et savait combien Guignol est le seul personnage de théâtre autorisé à taper sur les symboles d’auto-rité (gendarme, juge, politicien…) pour réussir à dépasser toutes nos limites : il finit d’ailleurs par assommer la mort elle-même. À ce titre, cette pièce, si elle est plus facilement compréhensible par des adultes, est néanmoins réservée à ceux qui ont conservé un cœur d’enfant. n

théâtre

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(1) "Un riche, trois pauvres", de Calaferte, avec Véronique Mangenot, Etienne Guillot, Christian Magnani, René Le Borgne. Au Théâtre Douze-Maurice Ravel, 6, av. Maurice Ravel, 75012 Paris. Du mercredi au vendredi (20h30), le samedi (19h30), du 12 mars au 12 avril. Places à 13 e, réduit 11 e. Tél. 01.44.75.60.31, [email protected]

Succès, tournéeQue dire d’un texte d’Ibsen si ce n’est que Paul Fort ne sera jamais assez béni d’avoir fait connaître cet auteur à la France ? "Quand nous nous réveillerons d’entre les morts"(1) sera à Clamart le 21 mars et aux Ulis le 27. Le metteur en scène a choisi de laisser en place le décor de la première scène durant toute la pièce, lequel permet néanmoins de multiples évocations. Les cloisons et projections vidéos participent de cette introduction dans la réalité des sentiments plutôt que dans celle des faits. Ceci étant, il est nécessaire de se laisser embarquer sous peine de rejeter le dispositif scénique, et le reste avec. ■

(1) Quand nous nous réveillerons d’entre les morts, d’Henrik Ibsen. Avec Jean-Pascal Abribat ou Pierre Tessier, Dominique Jacquet, François Macherey, Claude-Bernard Perot, Johanne Thibaut. Mise en scène de Jacques David. Au Théâtre Jean Arp (Clamart) le 21 mars, Centre Culturel Boris Vian (Les Ulis) le 27 mars.

Montrer l’absurdité du monde peut mener au pessimisme ou au rire. Calaferte a clairement choisi la seconde solution.

L'univers de Calaferte décrit l'ordre du monde dans ce qu'il a d'absurde

"Un riche, trois paUvres"

par Pierre François

Farcefine

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Certains rôles marquent une car rière. Parce qu'ils exigent une véritable transformation physique mais

nécessitent, plus encore, de faire vivre son personnage de l'intérieur. C'est ce travail qu'a accompli Marion Cotillard pour tenir le rôle d'Édith Piaf et le résul-tat est im pressionnant. Elle a bien mé rité ses récents Oscar et César.

En 1918, la petite Édith a trois ans. Abandonnée par sa mère, elle est confiée à sa grand-mère paternelle qui tient une maison close. Elle est ensuite prise en charge par son père, un contorsionniste. C'est lors d'un spectacle de rue donné par son père que la jeune Édith chantera pour la première fois en public. Un jour, elle sera repérée par Louis Leplée, qui dirige un cabaret. Commence alors une

longue carrière, chaotique, mais intense. Olivier Dahan signe un portrait magnifique d'une chanteuse inclassable au parcours pour le moins romanesque. Le récit passe avec fluidité et cohérence d'une époque à l'autre, illustrant quel-ques-uns de ces moments qui contri-buèrent à forger l'âme d'une ar tiste et la profondeur d'une existence. Certains partis pris de mise en scène se révèlent très inspirés comme cette façon de filmer Édith Piaf sur scène, petit corps chétif entouré d'une aura de lumière. Beaucoup de scènes, teintées d'onirisme, se révèlent très émouvantes.

Jalonnée de tragédies, éprouvée par la maladie, la vie d'Édith Piaf fut parfois un long calvaire. Elle transcen-dait ses souffrances à travers son art. Elle puisait aussi sa force dans sa foi profonde. Quelques légèretés. ■

La môme. Comédie dramatique française (2006) de Olivier Dahan, avec Marion Cotillard (Édith Piaf), Sylvie Testud (Momo ne), Pascal Greggory (Louis Barrier), Emmanuelle Seigner (Titine), Jean-Paul Rouve (Louis Gassion), Gérard Depardieu (Louis Leplée), Clo til de Cou reau (2h20). Diffusion le vendredi 14 mars, sur Canal +, à 20h50.

Retour à Cold Mountain

La guerre de Sécession a souvent inspiré les cinéastes américains. Mais lorsque Charles Frazier a écrit son roman, en 1997, il a choisi de mettre en scène des personnages ordinaires, bousculés par les ra vages de cette guerre. S'inspirant, de son propre aveu, de l’« Odyssée » d'Homère, il brosse une fresque magistrale qui ne pouvait qu'inspirer un cinéaste telqu'Anthony Minghella.Il n'y avait pas grand-chose de commun entre la jeune et élégante Ada, fille du nouveau pasteur de la ville, et Inman, un jeune charpentier timide et réservé. Pourtant, dès leur première rencontre, un tendre sentiment les unit. Ils n'auront pas le temps de le voir grandir, car la guerre éclate, et Inman part se battre. Quelques lettres d'Ada permettent à celui-ci de tenir sous un déluge de feu et de fer. Blessé, Inman déserte pour retrouver sa bien-aimée. Mais la route est longue et semée d'embûches. Dans le même temps, la jeune femme apprend, avec l'aide de Ruby, une paysanne, à vivre au jour le jour. Après « Le patient anglais », qui lui a valu une pluie d'Oscars, Anthony Minghella renoue avec un genre injustement négligé : le mélo flamboyant. Quel spectacle ! Les paysages sont magnifiques, la reconstitution de l'époque très soignée et la musique superbe. Grâce à une mise en scène ample et lyrique, à une interprétation de grande classe et à une photographie de belle fac ture, le cinéaste fait revivre cette époque et un amour absolu que rien ne peut arrêter. C’est cet amour, qu’aucun sacri fice ni aucune souffrance ne peut entamer, qui fait tout l’intérêt de cette œuvre magnifique. Et cela, malgré les violences inévitables et les images très sensuelles (évitables, celles-là !).

Drame américain (2003) de Anthony Minghella, d'après le roman de Charles Frazier, avec Jude Law (Inman), Nicole Kidman (Ada Monroe), Renee Zellweger (Ruby Thewes), Eileen Atkins (Maddy), Brendan Gleeson, Philip Seymour Hoffman, Natalie Portman, Giovanni Ribisi (2h33). Diffusion le dimanche 9 mars, sur M6, à 20h50.

TÉLÉVISION

Je crois que je l’aimeLucas, un riche industriel, s'éprend de la belle Elsa, une artiste céramiste chargée de faire une création dans le hall de son entreprise. Mais une déception amoureuse passée l'incite à demander au détective privé de sa société d'enquêter sur la jeune femme. Malheureusement pour lui, ce dernier prend très au sérieux sa mission, au point qu’il installe

une caméra et des micros dans l’appartement de la jeune femme. Cette jolie comédie romantique signée Pierre Jolivet ne manque ni de fantaisie ni d'humour. Sandrine Bonnaire et Vincent Lindon forment un couple plein de charme, et ils sont pour beaucoup dans le plaisir que l’on prend à regarder cette œuvre. Mais quelques longueurs et certaines facilités viennent ralentir le rythme du récit. Malgré un passé sentimental déjà chargé, nos deux héros sont en quête du grand amour. L'histoire se déroule dans un contexte de licence des mœurs. Une petite scène sensuelle.Comédie dramatique française (20026) de Pierre Jolivet, avec Sandrine Bonnaire (Elsa), Vincent Lindon (Lucas), François Berléand (Roland), Liane Foly (Jeanne Larozière), Kad Merad (Rachid), Guilaine Londez, Albert Dray, Venantino Venantini (1h30). Diffusion le mercredi 12 mars, sur Canal +, à 20h50.

Ses chansons illustrent plusieurs scènes-clés du film créant ainsi un pont entre sa vie et son cheminement artistique.

La môme Piafpar Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

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À côté d'une Marion Cotillard éblouissante, le reste de la distribu-tion est impeccable

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TF120.50 Phénoménal ! Diver­tissement présenté par J.­L. Reichmann, avec Natacha Amal, Manu Payet, Valérie Bègue (Miss France 2008), Quentin (gagnant de la Star Academy), Dave et Éve Angeli.23.20 New York, section crimi-nelle. Série Vincent D’Onofrio, Kathryn Erbe 2.01.00 New York, police judi-ciaire. Série avec J. L Martin 2.France 220.50 Les Victoires de la musique 2008. Divertissement présenté par Nagui, avec.France 3

20.50 La grande peur dans la montagne J. Téléfilm d’après Ramuz, avec Jean­Luc Bideau, Jean­Baptiste Puech, Jérémy Covillault. Une très belle adaptation de Ramuz, avec des paysages superbes, mais inquié­tants.23.00 Passé sous silence «Monsieur Neuwirth, tenez bon! Le combat pour la pilule». Téléfilm avec Benjamin Boyer, Delphine Zentout.00.35 La case de l’oncle Doc «Paris de femmes». Arte21.00 L’aventure humaine «1529, le siège de Vienne» J. Très intéressant, mais trop succinct21.50 L’aventure humaine «1631, massacre à Magdebourg» J. Documentaire. Intéressant et assez équilibré.22.40 Fin de parcours GA. Téléfilm avec Manfred Zapatka, Walter Kreye (1h46). Pas mal fait, mais avec beaucoup de longueurs.M620.50 Médium : «L’angoisse et l’espoir», «Esprit vengeur», «Dans la peau d’un autre». Série avec Patricia Arquette 2.23.15 Dead zone. Série avec Anthony Michael Hall 2.Canal +20.50 Rugby «Stade Français/Perpignan».KTO20.50 VIP «Yann Moix». Un romancier qui s’intéresse aux saintes.21.50 Passion selon saint Matthieu, de Jean­Sébastien Bach.

television

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TF119.35 Soirée spéciale élec-tions municipales 2008. Soirée spéciale présentée par Caire Chazal et Patrick Poivre d’Arvor.21.20 Les experts : «Petit Poucet», «Grissom fait mouche», «Pulsions». Série avec Marg Helgenberger 3.23.50 Hannibal A. Horreur (2000) de Ridley Scott, avec Anthony Hopkins, Julianne Moore (2h05) 3. Élégant et bien fait, mais avec quelques scènes très pénibles.France 2

19.30 Élections municipales 2008. Soirée spéciale présentée par Élise Lucet et David Pujadas.22.15 Le convoyeur A. Policier (2004) de Nicolas Boukhrief, avec Albert Dupontel (1h35) 3. Efficace et bien mené, mais très violent.France 319.30 Élections 2008. Soirée spéciale présentée par Audrey Pulvar, Louis Laforge et Gérard Leclerc.00.45 Hommage à Tex Avery. Animation en VO de Tex Avery.ArteÁ la recherche de la super nanny20.40 Corrina, Corrina J. Comédie (1994) de J. Nelson, avec Whoopi Goldberg, Ray Liotta (1h47). Charmant.22.30 Nounou parfaite exigée. Documentaire.23.35 Nounous d’ailleurs. Documentaire.00.25 La lucarne «Nicolas Bouvier : 22 Hospital street». Documentaire.M620.50 Retour à Cold Mountain A. Drame (2003) de Anthony Minghella, avec Jude Law, Nicole Kidman, Renee Zellweger, Eileen Atkins (2h28) 2. (Voir notre analyse page 35)23.40 Enquête exclusive «Les kamikazes du trafic de cocaïne». Magazine.Canal +20.55 Football «Lyon/Bordeaux».KTO16.30 Conférence de carême «Qui dites­vous que je suis?», avec Fabrice Midal et Rémi Brague. 20.50 La foi prise au mot «Le métier de théologien».

TF120.50 Père et maire «Ah! la famille !» GA. Téléfilm avec Christian Rauth. Bête et avec une violation du secret de la confession.22.30 Ugly Betty : «Secrétaires à l’honneur», «Retour au Mexi­que», «East side story» GA. Série avec America Ferrara. Lourd.00.45 Vol de nuit, avec S. Janicot, C. Ladjali, A. Deloche, Alice Dekker, Axel Kahn, Jean­Marie Pelt, Dominique Noguez.France 220.50 FBI, portés disparus : «La fin et les moyens», «Fin de par­

tie», «Traque». Série 2.23.15 Complément d’en-quête «Réformes : Et si Attali avait raison ?». 01.25 Au clair de la lune «Barenboïm on Beethoven».France 320.55 Ils ne respectent rien ! Divertissement de C.

Hondelatte, avec P. Desproges, S. Gainsbourg, Coluche, Fernan­del, Jean Yanne, T. Le Luron, Les Nuls, Alain Chabat, etc.23.20 La femme de Gilles A/Ø. Drame (2004) de F. Fonteyne, avec Emmanuelle Devos (1h44). Prenant, mais très cru.01.10 NYPD blue. Série 2.Arte21.00 Tchao pantin A. Drame (1983) de Claude Berri, avec Coluche (1h30). Excel­lent, mais assez glauque et vio­lent. Coluche est sensationnel.22.30 De la maison des morts. Opéra de Leos Janacek, avec le Mahler Chamber Orchestra, sous la direction de Pierre Boulez, et avec Olaf Bär (1h40).00.10 Mustapha Kemal Atatürk «Naissance d’une répu­blique» J. Utile à rappeler.M620.50 D & Co «Une semaine pour tout changer». Magazine.22.25 Nouveau look pour une nouvelle vie «Transformation radicale». Magazine.Canal +

20.50 La traque GA. Téléfilm avec Yvan Attal, Franka Potente (1h48) 2. (Voir notre analyse ci­contre)KTO20.50 La terre et le sacré «Les animaux divins».22.15 KTO magazine «Volontaires avec Fidesco».

TF120.50 Les experts, Miami : «Dis paritions», «Crimes sur le campus», «Pirates de l’Atlanti­que». Série avec David Caruso 3.23.20 Pascal, le grand frère. France 220.50 Chez Maupassant «Aux champs» GA. Téléfilm avec Marianne Basler, Guillaume Gouix (0h57). Excellent, mais atroce.21.50 Chez Maupassant «Le petit fût» J. Téléfilm de Claude Chabrol, avec Tsilla Chelton, François Berléand (0h27). Réjouissant.22.25 Faites entrer l’accusé «Le meurtre du député Benbara». Magazine 3.France 320.50 K-19, le piège des pro-fondeurs J. Guerre (2002) de Kathryn Bigelow, avec Harrison Ford (2h18). Une his­toire authentique, occultée par les Soviétiques. Passionnant, mais trop long.23.30 Modigliani GA. Drame (2004) de Mick Davis, avec Andy Garcia, Elsa Zylberstein (2h02). Très hollywoodien.01.35 NYPD blue. Série 2.Arte

21.00 Le monde selon Monsanto GA. Passionnant, mais inquiétant.Le Congo : Infiniment riche, démocratiquement pauvre22.50 Congo, une démocratie à réinventer GA. Pas mal.23.55 Pillage au Congo GA. Terrible.00.10 Patrice Lumumba «Une tragédie africaine» GA Assez tendancieux.M620.50 Pékin Express, la route des Incas «Perdus au milieu de nulle part : Dans le désertd’Uyuni». Divertissement pré­senté par Stéphane Rotenberg.22.40 T’empêches tout le monde de dormir. Magazine de Marc­Olivier Fogiel.Canal +20.50 Hard candy. Thriller (2006) de David Slade, avec Patrick Wilson (1h40) 4.KTO20.50 Movimento, l’engagement de l’Église brésilienne, avec le frère Betto22.15 La foi prise au mot. «Le métier de théologien».

samedi 8 mars Dimanche 9 mars lundi 10 mars Mardi 11 mars

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Émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Judaïca», «Source de vie», «Présence protestante» - 10h00 Le jour du Sei-gneur «Travailleurs précaires : Les nouveaux pauvres» ­ 11h00 Messe en l’église Saint­Sta­nislas­des­Blagy, à Fontenay­aux­Roses (92)

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television

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sur Canal +Lundi 10, à 20h50La traque GASerge et Beate Klarsfeld (le premier est un juif français, la seconde une Allemande non juive) ont passé leur vie à traquer les criminels de guerre nazis, en particulier Klaus Barbie. Cette traque de Klaus Barbie est très bien menée, les auteurs de cet excellent téléfilm ayant fait revivre avec beaucoup d’authenti­cité l’époque des années 70/80 et la vie en Amérique latine. Mais c’est un peu hagiographique. On admire le courage des Klarsfeld et leur détermination, mais on est terrifié par le cynisme des politiques.

TF120.50 Dr. House : «Demi­prodige», «L’homme de ses rêves» GA. Série avec Hugh Laurie, Omar Epps, Robert Sean Leonard 2. Hilarant et très caustique.23.10 New York unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 2.France 2

20.55 Vérités assassines (1/2) GA. Téléfilm avec Zabou Breitman, Michèle Bernier, Maher Kamoun, Philippe Lefebvre (1h30) 3. Un excellent suspense, mais des scènes pénibles.22.40 Un jour, un destin «Claude François, la vérité sur sa mort». Magazine présenté par Laurent Delahousse.France 320.50 Pièces à conviction «Shoah par balles, l’histoire oubliée». Magazine présenté par Élise Lucet, avec Simone Veil, le père Patrick Desbois, etc 2. 23.25 Petits d’hommes (2/2). Documentaire.00.30 NYPD blue. Série avec Dennis Franz.Arte21.00 Les mercredis de l’his-toire «The War : (3 et 4/14) “Le pire est à venir“, “Ça commence à barder“» GA. Très inté­ressant.22.45 À pas de loup A/Ø. Comédie dramatique en VO (2005) de Vanessa Jopp, avec Meret Becker, H. Bartholomaus (1h38). Bien fait, mais sombre et érotique.M620.50 Recherche appartement ou maison. Divertissement avec Stéphane Plaza, Thibault Chanel et Laurence Simonney.Canal +20.50 Je crois que je l’aime GA. Comédie dramatique (2006) de Pierre Jolivet, avec Sandrine Bonnaire, Vincent Lindon, François Berléand (1h26). (Voir notre analyse page 35)KTO20.50 L’enfant du chemin. Un bébé dans le ventre de sa mère sur les routes de Compostelle.22.10 Un jour, une foi «La famille en questions».22.35 VIP «Yann Moix».

TF120.50 Les rois du système D. Magazine présenté par Julien Courbet et Églantine Éméyé.23.20 C’est quoi, l’amour ? Magazine présenté par Carole Rousseau.France 2

20.55 Boulevard du Palais «La geôle» GA. Téléfilm avec Anne Richard, Jean­François Balmer, Marion Game, Éric Naggar, Lannick Gautry, Céline Gorget, Catherine Salviat (1h30) 2. Original et bien fait, mais un peu outrancier.22.40 Esprits libres. Magazine présenté par Guillaume Durand.France 320.50 Thalassa «En Patagonie». Magazine présenté par Georges Pernoud.23.20 La vie comme un roman «Cœurs de femmes, de la rue à la vie». Documentaire.Arte21.00 L’affaire Vera Brühne (1 et 2/2) A. Téléfilm avec Corinna Harfouch, Uwe Oschsenknecht, Ulrich Noethen (2h54). Une histoire authentique assez prenante, mais c’est assez compli­ qué, et l’héroïne a un comporte­ment des plus contestables.23.55 Perpétuité pour Vera Brühne. Documentaire.00.40 Tracks «Spécial mondes hors pistes».M620.50 Bones : «Les nerfs à vif», «Rien ne va plus», «Roman meurtrier». Série avec Emily Deschanel, David Boréanaz 2.23.20 Californication. Série avec David Duchovny, Natascha McElhone 3.Canal +20.50 La môme GA. Comédie dramatique (2006) de Olivier Dahan, avec Marion Cotillard, Sylvie Testud, Pascal Greggory, Emmanuelle Seigner, Jean­Paul Rouve, Gérard Depardieu, Clotilde Coureau (2h20). (Voir notre analyse page 35)KTO20.50 KTO magazine «Et le 7e jour, il chôma...», avec René Poujol, Joseph Thouvenel, Jean­Christophe Maisonneuve, Jean­Yves Boulin.21.45 Un jour, une foi «La vie des diocèses».22.15 Un îlot dans la tempête.

TF120.50 Une femme d’honneur «L’ange noir» GA. Téléfilm avec Corinne Touzet, François­Éric Gendron, Franck Capillery, Pierre­Marie Escourrou. Cet épisode inégal et artificiel marque la fin d’une série popu­laire.22.35 La méthode Cauet. Divertissement présenté par Cauet.France 220.55 Envoyé spécial : «La reconstruction des visages», «Aborigènes, la fin des rêves». Magazine.23.10 Infrarouge : «Travailler à en mourir», «Une fille tombée du ciel». Documentaires.France 320.50 Enfin seul(s) GA. Téléfilm avec Michel Aumont, Sophie­Charlotte Husson, Nozha Khouadra. Un téléfilm qui ne tient pas les promesses d’un début assez amusant. Sur fond de licence des mœurs, la fin banalise le transsexualisme.22.30 Spéciales élections 2008.23.40 NYPD blue. Série.01.10 Espace francophone «Gens de la francophonie : Spécial Togo».Arte21.00 Fucking Amal Ø. Comédie dramatique (1999) de L. Moo­dysson, avec Alexandra Dahl­ström (1h26). Sans grand intérêt et choquant sur le fond.22.20 Marc Jacobs & Louis Vuitton. Documentaire.23.45 Paris-Berlin, le débat «Citoyen sous tutelle ?».M620.50 Nouvelle star. Divertisse­ment présenté par Virginie Efira, avec Lio, Sinclair, Philippe Manœuvre et André Manoukian.22.45 Les chirurgiens de l’es-poir (11 et 12). Feuilleton docu­mentaire 2.Canal +

20.50 Damages (6 et 7/13) GA. Série avec Glenn Close, Rose Byrne 2. Remarquable, mais très noir.KTO21.00 La vocation de l’écoute «Musique et spiritualité sur l’île d’Orta», avec Jean­François Antonioli. 21.45 Art et culture.

Mercredi 12 mars Jeudi 13 mars vendredi 14 mars

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T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive : Elément positif : Elément négatif

Repères

RaDiosRadio Notre DameSamedi 8 mars11h Matière à penser, avec Régis Debray sur les Chrétiens d'Orient (rediffusion lundi 10 mars à 18h30).Dimanche 9 mars20h (en différé, 16h30 à Notre-Dame de Paris) sur le thème général "Qui dites-vous que je suis ?" (Matthieu, chapitre 16), conférence de Carême sur "La Philosophie", avec Fabrice Midal et Rémi Brague (philoso-phes), suivie d'un débat (20h45-22h), par P. Moracchini.Du 10 au 15 mars7h Reportage Opération Pâques avec les Chrétiens d'Irak.Jeudi 13 mars18h30 Face aux Chrétiens, avec Dominique Reynié (professeur de sciences politiques, IEP Paris).RCFSamedi 8 mars12h Face aux chrétiens spécial Municipales, Bertrand Delanoë, Maire sortant à Paris.19h30 A Bible ouverte "Saint Paul l'évangélisateur".Dimanche 9 mars18h15 (en différé, 16h30 à Notre-Dame de Paris) conférence de Carême "La philosophie", avec Fabrice Midal et Rémi Brague (philosophes).19h50 Elections "Résultats et ana-lyse du 1er tour des Municipales"Lundi 10 mars14h30 Halte spirituelle "La miséri-corde", avec le Père Guy Gilbert (1/5, tous les jours à 14h30 ou 20h45)France CultureDimanche 9 mars10h Messe depuis la chapelle des Spiritains, 4 rue Erasme, 75005 Paris, commentée par Frère Eric Macé. Prédicateur : Père Michel Albaric, o.p.16h30 Conférence de Carême, en direct de Notre-Dame de Paris, commentée par Frère Éric Macé. "La philosophie", avec F. Midal et R. Brague (philosophes).

Marie BiziEN

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Paris✔ à l'espace Georges Bernanos, Association "Les Amis de Saint Louis d'Antin", 4, rue du Havre, 75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.26, fax 01.45.26.65.25, dans le cadre du cycle "La vie intérieure", une conférence est proposée "La nais-sance du Christ dans l'âme chez les mystiques rhéno-flamands", par le Père Michel Gitton, le 10 mars (19h, salle Péguy). Entrée libre, participation souhaitée.✔ L'IPC - Facultés Libres de Phi-losophie et de Psychologie, 70, av. Denfert-Rochereau, 75014 Paris, ✆ 01.43.35.38.50, fax 01. 43.35.59.80/ipc.infos@ipc-asso. com organise, le 11 mars (20h30), une conférence "Manager ou ma-nipuler ?", avec Bertrand Carroy (directeur de "Crescendo", département de formation continue en entreprise de l’IPC, docteur en philosophie).✔ Du 8 au 16 mars a lieu la 11e semaine du Marais chré-tien, au thème en résonance avec l’actualité électorale "vivre dans la ville". Au chapitre des nouveautés, on note l’ouverture d’un nouveau lieu – la Maison de l’Europe – et la participa-tion d’Atanase Périfan, créateur de "la fête des voisins", qu’il veut désormais étendre à tout notre continent. En musique, on entendra une création pour l’orchestre français des flûtes et une version exceptionnelle du Requiem de Mozart selon un manuscrit retrouvé l’an der-nier, pour un quatuor de cordes. Détails sur http://maraischretien.free.fr/ ou ✆ 01.55.79.96.04.✔ Le Centre Trinité, 3 rue de la trinité, 75009 Paris, ✆ 01.48.74. 79.93, [email protected], www.centretrinite.comorganise le 13 mars (20h) "Accueillir et écouter en vérité", par Brigitte Level (psychologue). Cette conférence est ouverte à tous ceux qui dans leur activité pastorale ou dans leur travail sont en situation d’accueil .Aisne✔ La Communauté de la Sainte-Trinité propose une session de guérison intérieure du lundi 10 (17h) au samedi 15 mars (10h), "Le Seigneur est ma force.Com-ment trouver une nouvelle éner-gie dans le Seigneur?", animée par le Père Munier (du diocèse de Bourges). Inscription : frère Ephrem Yon, Prieuré Saint pierre et Saint Paul, 02210 La Croix sur Ourcq, ✆ 03.23.55.26.57 [email protected]✔ Le Foyer de Charité, B.P.17, 06330 Roquefort-les-Pins, ✆ 04. 92.60.30.00, fax 04.92.60.30.01,

prévoit une retraite d'approfon-dissement, du 17 au 23 mars "Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive !" (Jean 8), avec le Père Jean-Claude Lenain.Côtes-d'Armor✔ Le foyer de Charité de Tressaint, BP 54 145, 22104 Dinan Cedex, ✆ 02.96.85.86.00, fax 02.96.85.03.56, propose des activités, pour tous : du 17 au 23 mars, Semaine sainte "Chantons le chant des mon-tées à Jérusalem", du 19 au 23 mars, Triduum Pascal, "Que ta volonté soit faite", avec le Père Hervé Gosselin ; le 25 mars, une "Journée pour Dieu".Dordogne✔ Le Centre Notre-Dame de Temniac, 24200 Sarlat, ✆ 05. 53.59.44.96 / www.temniac.org propose une session La foi chrétienne "La liturgie, tradi-tion et changements", avec le Père Jean-Marie Ploux (théolo-gien, prêtre de la Mission de France) le 26 avril (10h-17h30). Frais d’inscription : adhérent : 30 e, non-adhérent : 35 e, étudiant, demandeurs d’emploi : 12 e, cotisation d’adhésion pour un an : 30 e, repas : 10 e.Haute-Loire✔ Une session "Chant et cithare" (technique de la cithare, mor-ceaux, cithare d'accompagne-ment, harmonie, improvisation musique d'ensemble - possibi-lité de participer librement à la célébration des offices liturgiques et à l'Eucharistie), sera animée par Maguy Gérentet, du 5 (16h) au 10 avril (16h), au centre des religieuses dominicaines, 100 avenue de Vals, BP 610, Vals-près-le-Puy, 43008 Le Puy-en-Velay, ✆ 04.71.09.33.39, fax 04. 71.04.05.97, (Sr Marie Diane). [email protected]. Rens. ✆ 04.72.41.84.98. Frais pédagogiques 110 e, dont 40 e sont à régler à l'inscription.Hauts-de-Seine✔ A la chapelle Sainte-Rita, Ser-vice de l'hôtellerie, 7 rue Gentil-Bernard, 92260 Fontenay-aux-Roses, ✆ 01.41.13.36.00, une re traite en silence est proposée du 11 au 13 avril par les Oblats de la Vierge Marie. Pour tous. Indre✔ Au Sanctuaire Notre-Dame de Pellevoisin, 3B rue Notre-Dame 36180 Pellevoisin, ✆ 02.54.39. 06.49, fax 02.54.39.04.66, une retraite, pour tous, est organisée du 20 au 23 mars, "Il vit et il cru", pour vivre le triduum pas-cal, auprès de la Vierge Marie, avec frère Bernard Marie.Indre-et-Loire✔ La communauté de l’Emmanuel

et le Sanctuaire de l’Ile-Bouchard organisent un Triduum Pascal du 20 au 24 mars, pour les 18-35 ans, et les familles. Vivre une retraite pour les 3 jours Saints avec Notre Dame de la Prière. Au pro-gramme : Vivre la Cène, la Passion et annoncer la Résurrection avec Marie au rythme d’enseignements (avec les Pères Yves Le Saux et Ber nard Peyrous), de carrefours et de la liturgie. Rens. auprès de la Maison de Chézelles, 6 place de la Mairie, 37220 Chézelles. ✆ 02.47.58.52.01. http://chezelles .ilebouchard.com/Lot-et-Garonne✔ Au Foyer de charité, Notre Dame de Lacépède, 47450 Colayrac-Saint-Cirq, ✆ 05.53. 66.86.05 / [email protected] une retraite, de la semaine sainte, est prévue du 17 au 23 mars "De son cœur couleront des fleuves d'eau vive", avec le Père Bostyn, Pour les personnes qui ne peu-vent se libérer toute la semaine sainte, possibilité de vivre le tri-duum ; arrivée pour 19h30. Ce peut être une belle occasion de découvrir l'Amour du Seigneur que de profiter du Carême pour faire une retraite.Moselle✔ Une conférence-débat est proposée le 27 mars (20h30) sur le thème «Que faire aujourd’hui pour protéger la vie humaine ?», Avortement, eugénisme, eutha-nasie en question, animé par Xavier Mirabel, (médecin cancé-rologue et président de l’Alliance pour les Droits de la Vie), au Foyer des jeunes travailleurs, Espace Pilâtre de Rozier, 2 rue Georges Ducrocq, 57000 Metz. Entrée libre. Rens. Aline Sinnig (déléguée de la Moselle), ✆ 06.85.10.89.00.Oise✔ A la Ferme de Trosly, Ser-vice accueil, B.P. 21, 23 rue d'Orléans, 60350 Trosly-Breuil, ✆ 03.44.85.34.70 ou 03.44.85. 34.75, fax 03.44.85.34.71, une session est proposée, du 4 au 6 avril, Temps pascal, avec Mgr Guy Gaucher (Carme et évêque auxiliaire émérite de Bayeux et de Lisieux), sur le thème "Ma folie à moi, c'est d'espérer", L'espérance, avec Thérèse de Lisieux.Saône-et-Loire✔ Les Sanctuaires, BP 104, 71603 Paray-le-Monial Cedex, ✆ 03.85.81.62.22, prévoit un spectacle "La clarinette conte" (contes musicaux juifs et psaumes), le 8 mars (20h30), à l'Hôtel du Prieuré. En première partie, "L’aventure de Gueitzel", un conte d’après Isaac Bashevis Singer. [Pourquoi donc cet ange avait-il abusé du nectar céleste ?

Voilà l’origine, la vraie, de tous les ennuis de ce pauvre Gueitzel...]. Dans la seconde partie Rose Bacot interprètera diverses mélo-dies hassidiques et psaumes ainsi que l’"Abîme des oiseaux" d'Olivier Messiaen. Réserv./rens. ✆ 03.85.81.10.92. Tarifs : 10 e, groupe scolaire, chômeurs : 8 e, moins de 15 ans - 5 e, famille : parents + enfants : 25 e.Var✔ Un cocktail musical surprenant ! Jazz, pop, rock, soul, zestes de blues, air latinos... "Aquero" sera en concert le 15 mars (20h), à l'Eglise des Augustins, rue Barba-roux, 83170 Brignoles. Tarif en prévente : 14 e, sur place 16 e, réduit pour enfants, étudiants : 9 e, sur place 11 e, familles : 3 personnes ou plus : 30 e. Rens. ✆ 06.10.32.29.21. Infos sur "Aquero", auprès de l'associa-tion Caldeira ✆ 04.74.26.27.19, 06.10.32.29.21, www.caldeira.frYvelines✔ L'abbé Amaury Sartorius, la chorale et l'orchestre de la cathé-drale Saint-Louis de Versailles annoncent leur prochain concert spirituel dans la joie de Pâques, le 29 (21h) et le 30 mars (16h), à la cathédrale Saint-Louis de Versailles "Puccini : Missa di glo­ria" Mozart : Te Deum et Regina Cœli. Chœur et orchestre de la cathédrale Saint-Louis sous la direction de l'abbé Amaury Sartorius, avec le concours de Robert Dumé (ténor) et Jean-Marc Salzmann (baryton). Placement libre. Libre participation. Garderie d'enfants le dimanche.✔ Le Foyer de Combs-la-Ville, 10 rue Sommeville, 77380 Combs-la-Ville, ✆ 01.60.60.20.62, fax 01.60.34.07.48, propose une retraite fondamentale, du 24 au 30 mars "Je suis avec vous", les présences réelles du Ressucité, avec le Père Alain Rouel.✔ Le Petit Salon des antiquaires (vaisselle, bibelots, linge de maison, curiosités, tableaux et meubles) tient ses portes ouvertes jusqu'au 30 avril 2008, les vendredis (14h-19h), samedis (11h-19h), dimanches (11h-19h) au 8 rue de la Moutière, 78490 Montfort-L'Amaury.Belgique✔ Une retraite "Icône", un che minement spirituel en pei-gnant une icône, pour débu-tants et initiés, sera animée par Astride Hild, à l’Abbaye d’Orval (Belgique), du 31 mars (soir) au 6 avril (soir), sur le thème "Chemin de foi" en peignant l’icône des disciples d’Emmaüs. Rens./ins-crptions : ✆ 00.32.(0)2.731.47.36 [email protected]://users.pandora.be/astrid

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Fraternité du "Bon Larron"✔ La Fraternité du "Bon Larron", créée en 1981, par le Père Yves Aubry, reconnue "association pri-vée de Fidèles" par l’évêque de Versailles, a pour objectif d'ap-porter aux détenus des prisons et à leurs familles une aide spi-rituelle et humaine sur tous les terrains possibles. Les soutenir à leur libération et les aider à pren-dre place dans l’Église et dans la société. Un week-end national de la fraternité a lieu les 29 et 30 mars, à la Fondation d’Auteuil, 40 rue Jean de la Fontaine 75016 Paris, sur le thème "Prisonnier, mon frère", avec Jean Vanier. Inscriptions (10 e), repas du dimanche (12 e). Rens. W.E national Bon Larron, 11 rue Henri Simon, 78000 Versailles, ✆ 01.30. 21.28.89 / week.end.bon.larron @gmail.com / www.bonlarron.orgPèlerinages✔ Une découverte artistique et spirituelle de l'Andalousie est proposée avec le Mouvement Résurrection et les Jeunes de St-Christophe de Javel. Séville, Grenade, Cordoue. Etapes à Lourdes, Burgos, Ségovie, pour les jeunes de 11 à 30 ans, du 26 avril au 4 mai, par car. Pour les moins de 18 ans : 450 e, au-delà : 480 e. Rens et insc. : Secrétariat Andalousie, 28 rue de la Convention, 75015 Paris. ✆ 01. 45 78 33 77. [email protected]✔ Un pèlerinage avec Notre Dame de Vie, en Turquie sur les pas de saint Paul, pour les Jeunes Professionnels. Cap­padoce, Konya, Ephèse, Lao­dicée, Istanbul&hellip est pro-posé du 12 au 21 juillet, 1180e, en pension complète. Rens : [email protected] / ✆ 06.09. 92.42.64. Inscriptions avant le 31 mars sur www.notre-damedevie.org (rubrique activi-tés/jeunes professionnels).Avec les frères de Saint-Jean✔ Cet été… guide bénévole, à La Chaise-Dieu. Haut-lieu religieux depuis le XIe siècle, La Chaise-

Dieu (43) attire chaque été de nombreux touristes. Si vous avez entre 18 et 30 ans, les frères de Saint-Jean vous invitent à faire découvrir le patrimoine artis-tique et religieux très riche de l’abbatiale au sein d’une équipe de guides bénévoles, sur une période de 15 jours entre le 29 juin et le 17 août. Contact. : Père Nicolas ou Père Michel-Marie au 04.71.00.05.55 ; [email protected] ; www.abbaye- chaise-dieu.comRADIO ESPÉRANCE✔ Le Père Michel Gitton, rec-teur de l'abbatiale St-Quiriace à Provins, nous prépare cha-que semaine aux lectures du di manche. Ainsi à sa suite, faisons du dimanche et de ses textes liturgiques la source et le sommet de notre vie spirituelle quotidienne. Retrouvez le Père Michel Gitton et ses "Échos de St-Quiriace", le samedi (8h20) et (18h50) et le dimanche (6h) sur Radio Espérance en partenariat avec France Catholique.✔ Un pèlerinage en Égypte est organisé par le frère Alain de la Croix et le Père Drago (Cté-St-Jean) du 8 au 15 novembre. Randonnée et navigation sur les rives du Nil, sur le thème "Découvrir Dieu en sa pater-nité; Jésus en tant que Fils bien aimé du Père ; l'Esprit-Saint en tant qu'unité d'amour entre le Père et le Fils". Visites : Louxor, Karnak, Assouan, Descente silencieuse du Nil, Villages du Nil, Edfou, Thèbes. Prix 1060 e, taxes d'aéroport et visa inclus. Possibilité d'extension au Désert Blanc : randonnée du 15 au 22 no vembre, avec un supplément de 525 e. Programme détaillé sur http://maisonsaintjean.com/ Rens. auprès de Frère Alain de la Croix, ✆ 02.47.92.26.07, [email protected]

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FRANCECatholique n°3109 7 mars 2008 39

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