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1 Géographie urbaine : « La ville : source de réussite ou d’échec ? » (Source : google.images) 1 er régendat en Sciences Humaines 2014-2015 André DROUART

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    Géographie urbaine : « La ville : source de réussite ou

    d’échec ? »

    (Source : google.images)

    1er

    régendat en Sciences Humaines 2014-2015

    André DROUART

    http://www.google.be/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&frm=1&source=images&cd=&cad=rja&docid=E90AHgjdUvBI7M&tbnid=94RbUUyJta1U8M:&ved=0CAUQjRw&url=http://www.passeportmonde.com/destinations/asie-mineure-et-centrale/dubai/dubai-ville/&ei=YVk5UuKUGYSc0QWEt4CoCg&psig=AFQjCNHOnCfd1TwVauoJ1-wcK2OTjW3MvA&ust=1379576441170417http://www.google.be/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&frm=1&source=images&cd=&cad=rja&docid=-svgLcbj4P49-M&tbnid=mWq-n4oUxwhr6M:&ved=0CAUQjRw&url=http://www.argentepargne.com/classement-des-villes-les-plus-cheres-du-monde-421&ei=ylk5UubEOuSo0QXivIDoCw&psig=AFQjCNFXKihR_iTvVKYBbVwOQ8cSf-QcVQ&ust=1379576612270467http://www.google.be/imgres?hl=fr&biw=1438&bih=677&tbm=isch&tbnid=iXF89_CvP0E7aM:&imgrefurl=http://www.easyvoyage.com/maroc/marrakech&docid=ESvVwR1SqKhwEM&imgurl=http://www.easyvoyage.com/images/villes/6664/570x360/1056.jpg&w=570&h=380&ei=Jls5UvXYPKqj0QWKwYHwDw&zoom=1&ved=1t:3588,r:23,s:0,i:156&iact=rc&page=2&tbnh=181&tbnw=274&start=16&ndsp=20&tx=138.36846923828125&ty=104.68423461914062https://www.google.be/imgres?imgurl&imgrefurl=http://www.hd-wallpaper.images-fonds.com/index.php?mod%3Dmg3%26ac%3Dimage%26alb%3D348%26img%3D8309&h=0&w=0&sz=1&tbnid=KpHo6VF4AoyQjM&tbnh=177&tbnw=284&zoom=1&docid=VhEauSvqSlYsFM&hl=fr&ei=9Vo5UrSQOJS20QWll4GwBg&ved=0CAQQsCU

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    Introduction La grande majorité de nos élèves et des étudiants vivent en ville. Certains géographes considèrent que l’on arrive à l’époque de « l’urbain généralisé ». Comprendre son espace de vie est non seulement un atout mais aussi une nécessité. Se sentir « bien dans sa peau » passe par se sentir bien dans l’espace dans lequel on vit. Pour se faire, il faut le comprendre. C’est un des objectifs de ce cours. Les réalités urbaines sont cependant multiples et diverses. Bruxelles n’a pas le même paysage et la même composition sociologique que Virton pour ne s’en tenir qu’à deux villes belges. Que dire alors de mégalopoles dans certains pays du Sud comme Sao Paulo comportant presque autant d’habitants que l’ensemble de la Belgique. Les villes reflètent l’histoire, la culture des populations. Les villes du Nord en particulier celles d’Europe sont les plus anciennes. Le fait le plus marquant aujourd’hui est l’essor urbain énorme des pays en développement. Selon l’ONU, si, en 1950, la population urbaine africaine ne représentait que 15%, en 2030 elle devrait être de 55%. « Cette progression de l’urbanisation a deux aspects. La ville est un foyer de progrès, un pôle de concentration des services –emplois, santé, éducation, culture, recherche-, c’est aussi une source d’innovation. Néanmoins, cette croissance urbaine a des effets pervers : est-elle compatible avec le développement écologique ? (…) l’urbanisation transforme les espaces en « milieux techniques » qui provoquent une multitude de nuisances : pollution, accumulation de déchets, accroissement des risques, etc. 1» C’est la question de la ville durable qui est posée c'est-à-dire celle qui préserve l’environnement sur le long terme, qui est compatible avec la croissance économique et qui tient compte d’une plus-value sociale.

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    1 PAULET Jean-Pierre, « Géographie urbaine », Armand Collin, 2009, 120 pages

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    La ville est en perpétuel changement. Elle est aussi un lieu de tension sociale qui peut se matérialiser par des crises. Les émeutes urbaines en sont une expression. Dans quelle mesure les politiques de la ville sont-elles responsables, causes de ces tensions ? Sont-ce les villes qui sont en crise ou une crise de certaines villes ? Malgré cette très grande diversité, les villes peuvent s’organiser et se structurer suivant un certain nombre de règles. Celles-ci peuvent justement nous aider à comprendre l’organisation urbaine quel que soit le pays dans lequel on se trouve. Tentons ensemble d’analyser ces situations.

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    1. La difficulté d’une définition de la ville. La notion de ville paraît, intuitivement, à chacun de nous relativement claire. Elle correspond à un espace bâti, densément peuplé que l’on oppose généralement aux zones rurales qui entourent la ville. Et pourtant, lorsqu’on tente de fournir une définition plus précise de la ville, on se rend compte que cette opération n’est pas aussi aisée qu’il y paraît. De nombreux géographes se sont essayés à définir la ville sans parvenir à donner une définition entièrement satisfaisante. Les raisons de cette difficulté de définir la ville sont compréhensibles. Tout d’abord, les espaces urbanisés sont extrêmement variés. Effectivement, il y a très peu de points communs entre une ville industrielle comme Charleroi, par exemple, et une station balnéaire comme Oostende. Peu de points communs encore entre une Capitale et une petite ville de province. Un élément unit néanmoins ces espaces urbains : ce sont des agglomérations durables par rapport à des agglomérations temporaires comme les marchés au Moyen-âge ou certains marchés actuels au Maghreb qui rassemblent des tentes en pleine campagne un jour par semaine. On pourrait donner à la ville une définition statistique : un seuil minimal d’habitants. C’est ce que font certains Etats. Ainsi, en France, une agglomération d’habitants a un statut de ville lorsqu’elle atteint 2 500 habitants. Cependant, ce nombre varie d’un Etat à l’autre. Ainsi il est de 5 000 en Autriche, 300 en Islande, … On le voit, une définition statistique n’est pas bonne dans la mesure où elle n’est pas universelle. La Belgique, par ailleurs, n’a pas de définition statistique de la ville. En Belgique, ville est un titre honorifique officiel qui était octroyé par arrêté royal aux communes. Cette compétence a été transférée aux régions. C’est donc par voie décrétale qu’une commune urbaine peut obtenir le statut de ville. Il se justifie par plusieurs critères dont parfois l'importance qu'un bourg avait par le passé, c'est-à-dire un critère historique. Aujourd’hui une liste d’indicateurs a été établie par circulaire en Région wallonne afin d’octroyer ce titre2. Il existe donc légalement, en Belgique, des villes et des communes qui exercent les unes et les autres le même pouvoir politique qu’elles aient ou pas le statut de ville. Les grandes métropoles d’Europe occidentale sont nées au Moyen-âge. La ville peut revêtir un caractère historique. La concentration de la population par unité de surface bâtie est un caractère fréquent des villes. Cette densité de population élevée n’est, une fois de plus, pas un critère absolu ; une agglomération comme Los Angeles s’éparpille plus que certains villages méditerranéens. On pourrait aussi définir une ville sur base de ses activités. On distingue traditionnellement la campagne c'est-à-dire l’espace rural à la ville, l’espace urbain. Le premier milieu se caractérise par une activité essentiellement agricole.

    2 « Bientôt le titre de « ville » ? » MOREL Pierre, Le Soir, samedi 21 février 2009 (Annexe 1)

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Belgique

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    La ville serait donc tout simplement un espace où les activités ne seraient pas agricoles. Or, certaines villes peuvent compter une forte proportion d’agriculteurs. C’est le cas dans certaines villes méditerranéennes ou dans les « agrovilles » de l’ex. URSS. A l’inverse, une usine ou une gare entourée de quelques habitations ne peuvent pas mériter le nom de ville. Une autre approche de la ville peut aussi être effectuée par la sociologie. Le contrôle social, c'est-à-dire le contrôle du groupe sur une personne est généralement plus fort dans un espace rural où les personnes se connaissent mieux, vu leur faible nombre. La ville est donc favorable à plus d’anonymat, moins de contrôle social. C’est un élément qui peut expliquer la plus grande criminalité dans l’espace urbain. De manière à compléter notre information, reprenons ci-dessous différentes définitions géographiques de la ville. Au vu de ce qui est dit ci-dessus, on comprendra le caractère partiel de celles-ci.

    MERENNE E., Dictionnaire de termes géographiques, FéGéPro, 1981 Ville : groupement, généralement très dense, d’immeubles consacrés à l’habitation ou à des activités principalement commerciales, industrielles et administratives.

    GEORGE P., Dictionnaire de la Géographie, PUF, 1996, p. 485 Ville : groupement de population agglomérée défini par un effectif de population et par une forme d’organisation économique et sociale.

    DERRUAU M., Précis de géographie urbaine, Colin, 1976, p. 536 La ville est une agglomération importante, aménagée pour la vie collective (cet aménagement s’appelle l’urbanisme) et dont une partie notable de la population vit d’activités non agricoles ou d’activités agricoles.

    LEFEVRE M.A., Définitions géographiques de villes, bulletin de la Sobeg, tome XXXIII, 1964, n°2, pp. 235-239 La ville est l’habitat d’une population qui s’occupe de fonctions urbaines multiples et complexes : commerciales, industrielles, de fonctions de services, celles-ci s’étendant régionalement suivant un rayon plus ou moins en profondeur.

    Soulignons ici un concept important dans cette définition, celui de fonction urbaine. Celle-ci se définit comme un rôle assumé par la ville. Nous en reparlerons ultérieurement.

    Pour Jean-Pierre PAULET, le concept de ville correspond à des espaces bâtis et transformés qui s’opposent aux zones rurales qui l’entourent. D’une manière générale, la ville se caractérise par de fortes densités de population. La notion se

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    fonde sur différents critères : les fonctions par exemple sont essentielles ; celles-ci sont surtout commerciales, politiques, industrielles et intellectuelles.

    A ces tentatives de définitions classiques, certains auteurs donnent aujourd’hui une définition systémique à la ville et considèrent celle-ci comme un écosystème, à savoir un système fonctionnel qui intègre une communauté d’êtres vivants, de personnes à son environnement, son milieu de vie. Enfin, une étude de la ville, comme le souligne DERRUAU3, « ne peut se conduire suivant un modèle stéréotypé. Elle doit cependant considérer un certain nombre de points :

    La situation et le site,

    Les étapes de la croissance,

    Les fonctions de la ville et aussi ses besoins (ravitaillement, eau, transports),

    La population de la ville (origine, composition, caractères démographiques),

    Les quartiers (y compris leur aspect),

    Le rôle de la ville dans la région, les rapports avec les autres villes, autrement dit sa place dans le réseau urbain. »

    Le concept de ville est difficile à définir car ses composantes sont complexes. Dans ces conditions, comme nous venons de le voir, il est difficile de définir cette complexité. Essayons malgré tout de connaître au préalable de ce cours quelques termes couramment employés pour définir en tout ou en partie la ville. Ces définitions sont inspirées du dictionnaire des termes géographiques (Emile MERENNE, Didier Hatier, Bruxelles 1990, 312 pages) et de l’ouvrage : Géographie urbaine (op. cit.) de Jean-Pierre PAULET. Elles sont également discutables.

    Noyau urbain : Partie centrale d’une ville (généralement, l’ensemble des premiers éléments d’une ville).

    Banlieue : Partie d’une agglomération qui prolonge la ville parfois au-delà de ses limites administratives ; zones suburbaines proches de la ville.

    Agglomération : Ensemble urbain formé de la ville et de sa banlieue.

    Région urbaine ou aire urbaine : Espace souvent hétérogène, entourant une ville (un pôle), dont les diverses parties sont complémentaires et entretiennent avec le pôle dominant plus d’échanges qu’avec une autre région. C’est par exemple un bassin d’emploi où un certain pourcentage de population travaille dans l’agglomération urbaine.

    3 DERRUAU M. Précis de géographie humaine, Colin, 1976, pp. 357-358

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    Fonction urbaine : Rôle assumé par la ville (exemples : les fonctions résidentielle, commerciale, administrative, scolaire, religieuse…).

    Métropole : Grande ville ; plusieurs auteurs prennent le seuil d’un million de population pour définir celle-ci.

    Mégapole : Ensemble urbain important formé d’une très grande agglomération ou d’un ensemble de villes voisines. Là aussi le seuil de population varie : dix millions d’après l’ONU, dix suivant d’autres auteurs. On trouvera ci-dessous, la liste des mégapoles de plus de dix millions d’habitants dans le monde.

    Mégalopole : Aires urbaines complexes qui englobent divers pôles et des zones peu dynamiques. Elles se caractérisent par des fonctions dominantes : concentration des capitaux, des sièges sociaux, des différents pouvoirs. Le chapelet de ville aux Etats-Unis entre Boston et Washington en constitue un exemple.

    Sur le site http://www.citypopulation.de/world/Agglomerations.html vous pourrez observer les plus grandes agglomérations du monde.

    http://www.citypopulation.de/world/Agglomerations.html

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    2. La genèse et les fonctions premières des villes.

    2.1 Des villes de convenance géographique.

    Les villes sont qualifiées de « convenance géographique » lorsqu’elles se sont développées dans un espace où les facteurs naturels, physiques du paysage ont facilité l’initiative humaine à entreprendre et y développer des activités urbaines. On constate de grandes similitudes dans les conditions géographiques recherchées par les bâtisseurs des villes, c'est-à-dire les conditions de situation et de site. La situation d’une ville est la manière dont est positionnée celle-ci par rapport aux grands ensembles (humains et physiques) qui fixent les relations nécessaires à l’accomplissement des fonctions. C’est donc un ensemble de données géographiques qui ont contribué au développement de la ville. On retiendra comme données humaines les axes de circulation, les frontières politiques, linguistiques, le contact entre régions économiques, la proximité d’autres villes, … Au niveau physique, on relèvera les rivages, les fleuves, la confluence, les axes de vallées ou de montagnes, les débouchés de cols, … Ainsi, on peut qualifier la situation de Bruxelles par les termes suivants : Bruxelles est située :

    Au centre de l’Europe occidentale, de l’Union européenne et de la Belgique,

    A la frontière entre les régions Flamande et Wallonne,

    A l’intersection entre les basses plaines de l’Europe du Nord et les bas plateaux de l’Europe centrale,

    Le long de la Senne L’intérêt de définir la situation est bien évidemment de trouver des réponses à la genèse de la ville et à son développement. La position centrale de Bruxelles tant au niveau européen que belge est un élément indiscutable dans son développement de rôle de capitale belge et européenne. Le siège de ses institutions, les activités qu’elles engendrent et le public qu’elles amènent sont fondamentaux pour cette ville. Soulignons que la situation s’observe sur des cartes à petite échelle à savoir suivant les villes à situer : 1/100 000, 1/200 000, 1/1 000 000, … Le site d’une ville est le cadre physique (relief et hydrographie) de l’endroit précis où elle a pris naissance et où elle a développé des rapports, des liens avec ces éléments naturels. La ville de Namur a un site à la fois de promontoire et de confluence de la Sambre et la Meuse. Anvers, grand port international, a comme site le fond de l’estuaire de l’Escaut, sur sa rive droite.

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    Le site s’observe généralement sur des cartes à grandes échelles : 1/10 000, 1/25 000, … Si les avantages du site gardent généralement une certaine pertinence dans le temps, la situation d’une ville et ses avantages peuvent évoluer. Ainsi la ville de Tongres située le long d’une voie romaine a vu l’avantage de cette situation péricliter lorsque le transport fluvial a pris le dessus comme moyen de circulation commerciale. Par contre, Tournai a gardé une situation favorable par la présence de l’Escaut lorsque les conditions ont changé.

    Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530249264/f1.zoom.r=Les%20voies%20romaines.langFR consulté le 03.11.2013

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530249264/f1.zoom.r=Les%20voies%20romaines.langFRhttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530249264/f1.zoom.r=Les%20voies%20romaines.langFR

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    Trois facteurs géographiques sont ou ont été les plus courants à l’origine de la naissance des villes :

    Le souci de défense ;

    Les contacts et les communications entre les hommes ;

    L’exploitation de richesses naturelles minérales.

    2.1.1. Les villes à vocation de défense. De nombreuses villes doivent leur création à un souci de défense. A l’origine, certains obstacles à la circulation devenaient la raison même du choix d’un lieu comme site d’habitat défensif. Une colline4, un escarpement5, un bras de rivière6 et un marécage figurent parmi les plus classiques. L’acropole d’Athènes en constitue un exemple classique comme les oppida (lieu élevé servant de refuge) de Namur et de Huy. Une boucle de méandre entourant un promontoire escarpé forme les sites de Bouillon, Tolède, Berne. Les îles entourées de bras de rivières furent à l’origine de Paris, Bruxelles, Strasbourg, …

    2.1.2. Les villes à fonction commerciale.

    Les contacts et les communications entre les hommes favorisent la fonction commerciale et le développement des villes. Les facteurs géographiques ayant développés le commerce sont nombreux et divers :

    Le contact de régions à produits divers provoque spontanément des échanges. Ainsi le bord Nord du bas-plateau de la région limoneuse avec la plaine flandrienne est jalonné de ville : Renaix, Grammont, Bruxelles, Louvain, …

    Le contact entre la montagne et les terres basses a favorisé la genèse de Milan, Turin, Lucerne, Zurich, …

    Les vallées, en tant que lieux favorables à la circulation, les croisements d’axes de communications (routier, ferroviaire, fluvial) facilitent les échanges et appellent les villes. Les voies romaines ont ainsi donné

    4 Relief d’altitude modérée et caractérisé par la forme convexe de sa partie dominante.

    5 Pente raide qui termine un relief au-dessus d’une région plus basse.

    6 Subdivision latérale d’une rivière séparée des autres par des îles.

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    naissance à de nombreuses villes, centres de commerce : Tongres, Tournai, Bavai, Tours, Poitiers.

    Les lieux de rupture de charge, c'est-à-dire de passage d’un mode de transport à un autre, constituent également un facteur au développement de la ville. Ainsi, dans le cas particulier de Bruxelles, celle-ci est née au point de rupture de charge fluviale de la Senne dans ses relations avec Anvers. Le cours d’eau devenant trop étroit, la marchandise était débarquée. Cette opération était favorable au développement du commerce.

    Le gué, le passage aménagé, le pont … furent à l’origine de nombreuses villes comme Londres, Maestricht, Bordeaux, …

    Les confluents de deux rivières navigables donnèrent naissance à de nombreuses villes : Namur, Lyon, Gand, …

    2.1.3. Les villes minières et industrielles.

    Les villes minières sont nées de la présence de matières premières. Les plus typiques sont celles basées uniquement sur l’extraction sans qu’il y ait transformation des matières premières car celle-ci est impossible sur place. Ce sont les plus rares. C’est le cas des villes nées de l’extraction du fer dans les régions arctiques comme Kiruna en Laponie7. Les villes charbonnières sont les plus fréquentes et ont marqué fortement le paysage régional. C’est le cas, en Belgique, dans la région du Borinage (sous-région belge située en Région Wallonne dans la province de Hainaut, à l'ouest et au sud-ouest de la ville de Mons, à l'extrémité ouest du sillon industriel) et du Limbourg ; c’est aussi le cas des villes comme Charleroi, La Louvière et Liège. Des pays comme l’Angleterre et l’Allemagne, en particulier dans le bassin de la Ruhr, présentent eux aussi des villes et régions avec ce type de paysage. Souvent, des villes industrielles se sont développées à proximité des centres d’extraction afin d’éviter le coût du déplacement de la matière première. C’est le cas de la sidérurgie dans les villes citées ci-dessus, soit le sillon Sambre et Meuse. C’est encore le cas de la Lorraine française. Un autre exemple est celui de la ville de Mulhouse où l’industrie chimique s’est développée à proximité des mines de sel de potasse.

    7 Dans un sens large, la Laponie (en suédois Lappland, en same Sápmi) désigne le pays des Saamis.

    Elle est alors une région boréale européenne, située au nord de la péninsule scandinave (dans le nord de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et au nord de la presqu’île de Kola en Russie).

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Belgiquehttp://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gion_wallonnehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Province_de_Hainauthttp://fr.wikipedia.org/wiki/Monshttp://fr.wikipedia.org/wiki/Sillon_industrielhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Su%C3%A9doishttp://fr.wikipedia.org/wiki/Samehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Saamihttp://fr.wikipedia.org/wiki/Europehttp://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9ninsule_scandinavehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Norv%C3%A8gehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Su%C3%A8dehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Finlandehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Presqu%27%C3%AEle_de_Kolahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Russie

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    2.2. Les villes de fondation systématique et à fonctions particulières.

    Les villes de fondation systématique ont été créées de toutes pièces en vue de fonctions spécialisées. Cependant, il ne faut pas les opposer aux villes de convenance géographique car toute création a souvent tenu compte du site et/ou de la situation. Presque toutes ces villes ont un trait commun : la régularité de leur structure. L’emplacement des fonctions urbaines est défini par un plan établi d’avance. Il répond au principe de zonage appliqué dans les cités modernes mais déjà en vigueur dans l’ancienne Egypte et dans les villes romaines.

    2.2.1. Les villes à fonction politique.

    Ces villes sont un symbole de puissance, une manifestation tangible de domination. Les exemples sont nombreux et parfois très anciens comme Tell el Amarna créée au XIVème siècle avant JC par Akhénaton.

    Source : Tell El-Amarna, reconstitution du quartier d'habitation. L'Art de l'ancienne Egypte, Editions d'Art Lucien Mazenod, Paris 1968, p523 Narbonne, Arles, Toulouse, Carcassonne, Trêves, Cologne ont été créées par les Romains pour marquer leur possession.

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    Photo aérienne oblique de la ville de Carcassonne.

    Source : http://www.cars-bassin-thau.com/upload/site-thau/P11-11-05a-carcassonne.jpg 28.11.09 La ville de Gdansk en Pologne fut, elle aussi, créée dans un but politique : la recherche d’un accès à la mer. La fonction de capitale politique a généralement entraîné le développement des plus grandes villes : Paris, Londres, Mexico, Tokyo … Même si elle n’a pas cette taille, Bruxelles connaît aussi un développement grâce à ses fonctions de Capitale. Brasilia est une des plus récentes capitales du monde. Ses premières infrastructures et bâtiments furent construits en seulement 1 000 jours avant son inauguration le 21 avril 1960, sous l'impulsion du Président Juscelino Kubitschek. Le but du projet était d'attirer vers l'intérieur des terres la population et l'activité économique, alors essentiellement concentrée dans les grandes villes côtières, afin de mieux répartir les richesses. Brasilia fut aussi bâtie pour apaiser l'affrontement existant entre les deux autres « capitales » du pays : Rio de Janeiro et São Paulo.

    http://www.cars-bassin-thau.com/upload/site-thau/P11-11-05a-carcassonne.jpghttp://www.cars-bassin-thau.com/upload/site-thau/P11-11-05a-carcassonne.jpghttp://fr.wikipedia.org/wiki/21_avrilhttp://fr.wikipedia.org/wiki/1960_en_architecturehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Juscelino_Kubitschekhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Rio_de_Janeirohttp://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A3o_Paulo

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    2.2.2. Les villes religieuses.

    Ces villes ont été créées ou se sont développées à l’endroit des grands pèlerinages : Lourdes, Fatima, Jérusalem, La Mecque. La ville est organisée en fonction de l’affluence des pèlerins : grandes avenues menant au sanctuaire, fonction tertiaire d’hébergement très développée, commerces, en particulier, d’objets pieux. La mosquée Masjid el Haram à La Mecque

    Source : http://alhaqq.files.wordpress.com/2007/09/mecca-hajj.jpg 28.11.09

    2.2.3. Les villes universitaires.

    A l’origine, les fonctions religieuses, par le biais de l’enseignement de la théologie, ont été à la base de la création d’universités. Certaines villes universitaires sont fort anciennes et datent le plus souvent du Moyen-âge : Bologne, la plus ancienne université d’Europe date du XIIème siècle. Nombreuses sont les petites ou moyennes villes abritant de grandes universités : Oxford et Cambridge au Royaume-Uni, Princeton aux Etats-Unis, Heidelberg (Allemagne), Pise (Italie) et Louvain (Leuven) en Belgique en constituent de bons exemples. L’université crée parfois une « ville » dans la ville comme le quartier latin à Paris.

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    2.2.4. Les villes nouvelles.

    Ces villes nouvelles sont des créations systématiques répondant aux impératifs de la vie moderne. Elles peuvent répondre à différents objectifs : La création de capitales en dehors de zones urbaines (Brasilia (Brésil), Canberra (Australie) et Washington (USA)).

    Plan de la ville de Canberra (structure radio-concentrique)

    Source : http://escience.anu.edu.au/lecture/cg/exercises/a1/map/CanberraMap.jpg

    28.11.09

    La décentralisation de l’habitat et la limitation des migrations alternantes autour de grandes métropoles. Les villes nouvelles de la région parisienne (Cergy-Pontoise, Melun-Sénart, Saint Quentin-en-Yvelines, Evry, Marne-la –Vallée, …) ou encore Villeneuve d’Ascq près de Lille, l’Isle d’Abeau près de Lyon, les rives de l’étang de Berre près de Marseille.

    http://escience.anu.edu.au/lecture/cg/exercises/a1/map/CanberraMap.jpg%2028.11.09http://escience.anu.edu.au/lecture/cg/exercises/a1/map/CanberraMap.jpg%2028.11.09

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    Équilibrer les différentes régions au point de vue de la population et de ses activités ; on les trouve surtout dans les républiques de l’ex-Union Soviétique (plus de mille) et visent à la création de foyers industriels près de nouveaux gisements de matières premières.

    La création de villes en discontinuité avec une grande agglomération : les new towns britanniques, après la seconde guerre mondiale.

    La création d’une ville autour d’une université : Louvain-La-Neuve.

    La création de ville à caractère touristique pour capter le tourisme national qui partait à l’étranger : les villes nouvelles du Languedoc Roussillon comme La Grande Motte.

    La Grande Motte.

    Source : http://www.panoramio.com/photo/7288840 28.11.09

    http://www.panoramio.com/photo/7288840

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    3. Les modèles urbains

    3.1. La définition d’un modèle et son utilité Dans plusieurs domaines scientifiques, on utilise le concept de « modèle ». Il faut entendre ici une sorte « d’image moyenne, de représentation simplifiée » d’une réalité en l’occurrence ici d’une ville. L’intérêt est de comparer une situation précise au modèle. La difficulté est, entre autre, d’expliquer comment et pourquoi dans le cas particulier étudié, celui-ci s’écarte du modèle de base.

    3.2. Le modèle des métropoles d’Amérique du Nord. L’imaginaire collectif de l’Amérique du Nord, en particulier des Etats-Unis, est souvent associé à un milieu urbain où trône au centre des immeubles tours ou « gratte-ciel », symbôle de puissance économique. Ce n’est naturellement pas un hasard si les attentats du 11 septembre 2001 ont eu pour cible les deux tours du World Trade Center. Comme dans beaucoup de pays développés, la majorité des Américains vit en ville. Plus de 30 % des Américains vivent dans une métropole de plus de cinq millions d'habitants8. Ces agglomérations sont récentes, caractérisées par une opposition marquée entre les quartiers centraux et la périphérie. Ce contraste de paysages urbains est aussi marqué par un contraste ethnique et social. On peut trouver sur Internet de nombreuses représentations de modèle urbain de villes américaines. Elle présentent cependant toujours certaines mêmes cararctéristiques. Remarquons au préalable que les plus importantes mégapoles sont situées soit le long des côtes (Atlantique et Pacifique), soit le long d’un lac ou d’une voie d’eau. Ceci est à la fois lié à des facteurs historiques (l’immigration) et économiques (le transport maritime et fluvial favorise les échanges commerciaux). Un premier modèle en noir et blanc caractérise de manière schématique cet espace urbain. Source : http://juliendaget.perso.sfr.fr/Clem/3004brevet_2_2.jpg

    8 GHORRA-GOBIN C., 2003, Villes et société urbaine aux États-Unis, p.104

    http://juliendaget.perso.sfr.fr/Clem/3004brevet_2_2.jpg

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    Le centre de la ville ou CBD pour Central Business District est le « centre des affaires ». Il regroupe le siège de multiples sociétés commerciales souvent multinationales qui rivalisent pour occuper le gratte-ciel le plus haut et, dans ce dernier, l’étage le plus élevé. Ce quartier exprime la puissance des villes américaines. On y trouve également des services et des commerces. C’est un quartier où l’on y travaille mais on n’y habite pas. Sa position centrale a pour conséquence le prix élevé des terrains. C’est une des raisons pour laquelle les constructions s’opèrent en hauteur.

    Source: Copie écran Google earth (CBD de Chicago) Autour du CBD se localisent les quartiers du 19ème siècle. Si lors de leur construction les immeubles résidentiels de ces quartiers étaient occupés par une population aisée, au fur et à mesure de leur dégradation, ils ont été successivement occupés par une classe moyenne puis par les minorités défavorisées essentiellement noir (d’origine africaine) et latino (d’Amérique latine). Ils sont aussi constitués d’anciennes industries et d’entrepôts dont certains peuvent être laissées en friche. Certains quartiers forment de véritable ghetto où le taux de délinquance peut être élevé. Ce sont, par exemple, les quartiers noirs de Harlem et du Bronx à New York ou le quartier des Mexicains à l’est de Los Angeles.

    http://hist-geo.spip.ac-rouen.fr/IMG/jpg/SCimg1.jpg

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    Source : http://www.nytimes.com/newsgraphics/2014/01/05/poverty-map/?ref=us Cependant, la situation est bien plus complexe que cela. Car si effectivement, Harlem a longtemps été le symbole de la ségrégation des Noirs américains et de la ghettoïsation de leurs quartiers, il connaît une renaissance depuis le début des années 1980. Comme dans beaucoup de villes européennes, ce quartier fait l’objet d’une gentrification dont la portée symbolique est grande. « Le terme «gentrification» est un néologisme anglais mis en évidence en 1963 par la sociologue Ruth Glass à propos de Londres. Il désigne, avec une connotation négative, l'évolution sociale des quartiers centraux dégradés, investis progressivement par les classes aisées. Sous l'effet de « la rénovation urbaine », publique et privée, les loyers et les valeurs foncières augmentent, les habitants des quartiers sont relégués au profit d'une classe sociale détentrice, si ce n'est de revenus importants, du moins d'un capital socio-économique élevé. Il en découle un changement discret de sociologie des quartiers urbains.9 » La gentrification de Harlem a fait l’objet d’une thèse10 dont sont extraites la photo et les cartes ci-dessous. Elle s’attache à démontrer que la gentrification de Harlem est le résultat de politiques publiques volontaristes et d’investissements massifs orientés vers des partenaires privés. D’autre part, l’approche géopolitique permet d’appréhender de manière particulièrement fine la dimension conflictuelle de cette stratégie de politique urbaine, et d’exposer la complexité des jeux d’acteurs, des représentations et des rapports de force à l’œuvre sur ce petit territoire. Une 9 Extrait de la page du site de l’ARAU (Atelier de Recherche et d’Action Urbaines), plus

    particulièrement sa page http://www.arau.org/fr/urban/conf/22/gentrification-a-bruxelles-

    mythes-et-

    realites?utm_medium=email&utm_campaign=Newsletter+fvrier+2012&utm_content=Newsletter+fvri

    er+2012+CID_560028e4d96e4fc528ce1bc6999b71ca&utm_source=Newsletter&utm_term=Gentrificati

    on++Bruxelles+mythes+et+ralits

    Consultée le 4 février 2014

    10 RECOQUILLON Ch. (2010). Conflits et résistances, une analyse géopolitique de la gentrification de

    Harlem, New York City. Paris: Université Paris 8 – Vincennes / Saint-Denis, thèse de géographie, 409

    http://www.nytimes.com/newsgraphics/2014/01/05/poverty-map/?ref=ushttp://www.arau.org/fr/urban/conf/22/gentrification-a-bruxelles-mythes-et-realites?utm_medium=email&utm_campaign=Newsletter+fvrier+2012&utm_content=Newsletter+fvrier+2012+CID_560028e4d96e4fc528ce1bc6999b71ca&utm_source=Newsletter&utm_term=Gentrification++Bruxelles+mythes+et+ralitshttp://www.arau.org/fr/urban/conf/22/gentrification-a-bruxelles-mythes-et-realites?utm_medium=email&utm_campaign=Newsletter+fvrier+2012&utm_content=Newsletter+fvrier+2012+CID_560028e4d96e4fc528ce1bc6999b71ca&utm_source=Newsletter&utm_term=Gentrification++Bruxelles+mythes+et+ralitshttp://www.arau.org/fr/urban/conf/22/gentrification-a-bruxelles-mythes-et-realites?utm_medium=email&utm_campaign=Newsletter+fvrier+2012&utm_content=Newsletter+fvrier+2012+CID_560028e4d96e4fc528ce1bc6999b71ca&utm_source=Newsletter&utm_term=Gentrification++Bruxelles+mythes+et+ralitshttp://www.arau.org/fr/urban/conf/22/gentrification-a-bruxelles-mythes-et-realites?utm_medium=email&utm_campaign=Newsletter+fvrier+2012&utm_content=Newsletter+fvrier+2012+CID_560028e4d96e4fc528ce1bc6999b71ca&utm_source=Newsletter&utm_term=Gentrification++Bruxelles+mythes+et+ralitshttp://www.arau.org/fr/urban/conf/22/gentrification-a-bruxelles-mythes-et-realites?utm_medium=email&utm_campaign=Newsletter+fvrier+2012&utm_content=Newsletter+fvrier+2012+CID_560028e4d96e4fc528ce1bc6999b71ca&utm_source=Newsletter&utm_term=Gentrification++Bruxelles+mythes+et+ralits

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    analyse plus complète de ces documents est téléchargeable sur http://mappemonde.mgm.fr/num32/mois/moi11403.html (consulté le 4 février 2014)

    http://mappemonde.mgm.fr/num32/mois/moi11403.html

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    Le troisième type de quartier rencontré dans la ville américaine est la banlieue pavillonnaire. Le paysage est ouvert et verdoyant. La densité d’habitant y est faible. C’est la maison individuelle quatre façades, en retrait de la rue, entourée d’un jardin qui domine. La maison de la famille « Simpson », dessin animé symbolisant la famille moyenne des Etats-Unis, en est une belle illustration.

    Source : http://files.simpsonmaniac.webnode.fr/200000003-1205112ff0/539735178.jpg

    Pour éviter de trop longs déplacements de ces populations vers le centre, les entreprises, les services ainsi que les centres commerciaux et de loisirs se sont également localisés en périphérie dans les lieux les plus accessibles soient les nœuds autoroutiers. Les autoroutes maillent l’ensemble urbain.

    Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c6/Croquis_ville_am%C3%A9ri

    caine.png?uselang=fr consulté le 4 février 2014

    http://files.simpsonmaniac.webnode.fr/200000003-1205112ff0/539735178.jpghttp://files.simpsonmaniac.webnode.fr/200000003-1205112ff0/539735178.jpghttp://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c6/Croquis_ville_am%C3%A9ricaine.png?uselang=frhttp://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c6/Croquis_ville_am%C3%A9ricaine.png?uselang=fr

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    Le terme edge city dans le schéma ci-dessus est « un néologisme proposé par J. Garreau, parfois traduit par "ville-lisière" ce qui ne rend pas tout à fait compte de l'expression américaine. Elle renvoie à un positionnement spatial dans l'agglomération mais aussi à une dynamique spatiale de "front". Pour J. Garreau, une edge city est un lieu d'existence récente (20 ou 30 ans) qui rassemble surtout des emplois, des bureaux, des espaces commerciaux et d'hôtellerie, quelques sièges sociaux. Ils constituent ainsi de nouveaux lieux de vie dont les capacités d'auto-organisation concurrencent, en partie seulement, le noyau urbain principal. Ces villes-lisières participent à la polynucléarisation des espaces urbains.11 » Soulignons encore que le plan des villes américaines est le plus souvent un plan en damier. C’est à la fin du 18ème siècle que le Gouvernement des Etats-Unis propriétaire de nombreux hectares de terrain a décidé d’adopter un système d’arpentage en carré. Les propriétaires faisaient une acquisition d’un terrain carré. C’est fort logiquement que le plan en damier c’est imposé dans ces conditions. Il n’est pas propre aux Américains. On le retrouve dans d’autres villes y compris d’Europe et du Moyen Orient.

    Source : http://1.bp.blogspot.com/-KBXiBTh9y_8/T0ABcS-YpRI/AAAAAAAAATk/LQ9_mckBd4w/s1600/villenord-am%C3%A9riciane.jpg

    Consulté le 4 février 2014 Une vue aérienne panoramique à 360° peut parfois être plus parlante qu’une modélisation. Ceci en constitue un bel exemple pour la ville de Chicago : http://www.airpano.com/360Degree-VirtualTour.php?3D=Chicago-Illinois-USA Consulté le 4 février 2014

    11 Extrait du site Géoconfluences à la page : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/edge-city-

    ville-lisiere consulté le 4 février 2014

    http://1.bp.blogspot.com/-KBXiBTh9y_8/T0ABcS-YpRI/AAAAAAAAATk/LQ9_mckBd4w/s1600/villenord-am%C3%A9riciane.jpghttp://1.bp.blogspot.com/-KBXiBTh9y_8/T0ABcS-YpRI/AAAAAAAAATk/LQ9_mckBd4w/s1600/villenord-am%C3%A9riciane.jpghttp://www.airpano.com/360Degree-VirtualTour.php?3D=Chicago-Illinois-USAhttp://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/edge-city-ville-lisierehttp://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/edge-city-ville-lisiere

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    Source : BEKAERT M. et Cie (2006), Géographie 3e/6e Savoir et Savoir-faire, de Boeck, Bruxelles, 232 pages

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    Source : http://www.emilangues.education.fr/files/par-rubriques/documents/2008/ressources-pedagogiques/gatedcommunities.JPG

    Consulté le 4 février 2014 Les « gated communities » sont des ensembles résidentiels clos.

    http://www.emilangues.education.fr/files/par-rubriques/documents/2008/ressources-pedagogiques/gatedcommunities.JPGhttp://www.emilangues.education.fr/files/par-rubriques/documents/2008/ressources-pedagogiques/gatedcommunities.JPG

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    3.3. Les villes du Sud Des villes existaient dans les pays du Sud de la planète, les pays en développement, avant l’expansion coloniale. Comme beaucoup de villes du Nord, elles jouaient un rôle commercial important parfois compléter de fonctions religieuse, intellectuelle ou politique. Toutefois, beaucoup de villes du Sud se sont développés durant la période coloniale particulièrement en Amérique latine et en Afrique noire. Comme décris ci-avant, la majeure partie de la croissance urbaine des villes du Sud est récente et rapide. Son développement peut-être tentaculaire.

    Source : BEKAERT M. et Cie (2006), Géographie 3e/6e Savoir et Savoir-faire, de boeck, Bruxelles, page 31

    La coupe synthèse ci-dessus permet d’identifier différents quartiers d’une ville du Sud, ici plus particulièrement en Amérique latine. Le quartier colonial, historique, occupe classiquement le centre géographique de la ville. Autour d’une place se retrouvent des bâtiments de pouvoir : un hôtel communal voir un parlement, une église catholique … Le plan dessiné par le colonisateur espagnol est en damier. La photo couleur aérienne prise en oblique de Cuzco (Pérou) illustre cette structure urbaine.

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    Source : Stathis Chionidis http://www.panoramio.com/photo/93367777 consulté le 2014.05.10 En Afrique du Nord, le quartier historique s’appelle une médina. Elle date du moyen-âge et, comme en Europe occidentale, ce noyau historique est entourée de fortifications. Ci-dessus, les remparts de la ville de Marrakech.

    Source : Cătălin Nenciu http://www.panoramio.com/photo/22818377 consulté le 2014.05.10 La fonction commerciale est présente souvent sous forme de marché soit temporaire soit sous une construction permanente. La gare routière ou ferroviaire est aussi un lieu d’animation où la fonction commerciale y est présente. Dans les médinas, ce quartier s’appelle le souk. On peut y vendre des produits artisanaux locaux.

    http://www.panoramio.com/photo/93367777http://www.panoramio.com/photo/22818377%20consulté%20le%202014.05.10http://www.panoramio.com/photo/22818377%20consulté%20le%202014.05.10http://www.panoramio.com/photo_explorer#user=1384355&with_photo_id=93367777&order=date_deschttp://www.panoramio.com/photo_explorer#user=150323&with_photo_id=22818377&order=date_desc

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    Les populations populaires sont généralement reléguées en périphérie dans des constructions de qualité souvent médiocre. Les populations pauvres vivent dans des bidonvilles définis par le Programme des Nations unies pour les établissements humains, comme la partie défavorisée d'une ville caractérisée par des logements très insalubres, une grande pauvreté et sans aucun droit ou sécurité foncière. Ils portent aussi le nom de favelas, en particulier au Brésil. Ils sont généralement localisés dans des zones dangereuses pour être construite tels que des versants qui peuvent faire l’objet de glissement de terrain, des zones inondables …

    Bidonville à Manille aux Philippines Source :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bidonville#mediaviewer/Fichier:Manila_shanty.jpg Consulté le 14.05.10

    A l’inverse, les quartiers résidentiels des populations riches se concentrent dans certains quartiers qui sont privatisés. Pour pouvoir y accéder, il faut y être autorisé.

    Source : Google earth quartier de Brasilia (capitale du Brésil)

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bidonville#mediaviewer/Fichier:Manila_shanty.jpg

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    Les zones industrielles de la ville sont généralement associées à un moyen de transport (gare de chemin de fer, port maritime). Comme dans les villes nord-américaines, on peut trouver un CBD semblable architecturalement : des immeubles tours ou buildings regroupant le siège de sociétés internationales, d’hôtel de luxe ou d’enseignes commerciales internationales ainsi que de banques, d’administrations publiques… Un front de mer peut aussi être un lieu de développement touristique lorsque celui-ci existe et que le climat est favorable. La clientèle y est majoritairement étrangère. Le développement rapide de ces villes pose de multiples problèmes :

    Souvent, les infrastructures ne suivent pas la croissance de la population ; les hôpitaux, par exemple, s’avèrent trop peu nombreux pour les soins à prodiguer ;

    La mobilité, le déplacement dans la ville, peut aussi poser problème ; les embouteillages peuvent être nombreux à cause de l’usage de la voiture nécessaire par l’insuffisance des transports en commun et la taille de la ville;

    La problématique des déchets est sérieuse ; elle est source de pollution voir de maladie ;

    Dans le même ordre de problématiques de santé et d’environnement, l’approvisionnement en eau et l’égouttage ne suivent pas la croissance de la ville ;

    Tous ces problèmes sont encore plus importants dans les bidonvilles. Pour survivre, les populations urbaines pauvres vivent souvent de l’économie informelle. L'économie informelle désigne « l'ensemble des activités productrices de biens et services qui échappent au regard ou à la régulation de l’Etat »12. Elles sont constituées par exemple par des cireurs de chaussures, des vendeurs de billets de loterie, des colporteurs de denrées alimentaires (boissons, glaces, friandises…), « trieurs » de poubelles… Comme leur travail et leur revenu ne sont pas enregistrés par l’Etat, ces personnes n’ont aucune sécurité sociale. Leur revenu est modeste mais la tâche est lourde. Il n’est pas rare que cette forme de travail soit aussi le lot d’enfants.

    12

    Echaudemaison C. Dictionnaire d'Économie et des Sciences sociales, Nathan Paris 1993, p. 143

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    Photo du court métrage | 2003 Happy day de Abdeslam Kelai13

    Source : http://www.africultures.com/php/index.php?nav=film&no=750# Consulté le 2014.05.10

    13 « Saïd, petit garçon de sept ans, se voit obligé par son père de travailler comme cireur de

    chaussures. Il lui ordonne de ramener au minimum cinquante dirhams par jour. Muni d'une seule

    boîte de cirage, en bois, il sera, dès sa première journée de travail, maltraité et humilié. Battu par

    une bande d'enfants de la rue, sa boîte est détruite. Il va errer à travers la ville, n'osant pas rentrer

    chez lui… »

    http://www.africultures.com/php/index.php?nav=film&no=750http://www.africultures.com/php/index.php?nav=film&no=750

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    4. La classification des villes belges

    4.1. La ville légale

    Comme évoqué dans la première partie du cours traitant de la définition d’une ville, en Belgique, certaines des 589 communes possèdent le « titre de ville » par héritage historique. Elles ont gardé ce statut lors de l’indépendance de la Belgique. La situation a cependant évolué depuis 1830. Par exemple parce que les communes belges ont subi des fusions. Effectivement la loi du 30 décembre 1975 réduit le nombre de communes en Belgique de 2 359 à 596. La fusion a été effective au 1er janvier 1977. L’objectif est essentiellement d’ordre budgétaire afin d’amener les communes plus grande à des économies d’échelle. Il fallait éviter que chaque commune possède «sa » piscine ou son centre culturel. Précisons encore qu’après la fusion anversoise de 1983, il ne reste plus que 589 communes en Belgique: 308 en Région flamande, 262 en Région wallonne et 19 en Région de Bruxelles-Capitale. Ces fusions ont eu pour effet de faire perdre leur statut de ville à des communes comme Gosselies et Warneton car elles ont été englobées dans des entités plus grandes, respectivement Charleroi et Comines. D’autres communes, comme Ottignies-Louvain-la-Neuve (1983) ou Lommel (1990) ont été promues au rang de ville par Arrêté Royal. D’autres communes ont réobtenu ce titre après l’avoir perdu (Fleurus, Comines, Waremme, Jodoigne, Beauraing, Rochefort). Insistons sur le fait que le titre de ville est purement honorifique et ne recouvre aucune notion d’importance numérique ou économique. Ainsi, de grandes communes bruxelloises comme Schaerbeek et Anderlecht n’ont pas le statut de ville alors qu’elles sont dans les dix premières communes en importance quant à la taille de leur population. Lecture en Annexe 2 DEGEMBRE M.F., Le réseau urbain belge au 19ème siècle : vestige d’Ancien Régime dans la dynamique du développement contemporain, FEGEPRO, 1995, n° 117, pp 69-78. Cette étude reflète assez bien la situation actuelle. Soulignons toutefois que la définition du statut de ville d’une commune est une matière aujourd’hui régionalisée. C’est ainsi que le Parlement wallon a voté en 2009 le statut de ville pour la commune d’Herstal à l’initiative de son député bourgmestre, Frédéric DAERDEN (Annexe 1).

    http://fr.wikipedia.org/wiki/30_d%C3%A9cembrehttp://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9cembre_1975http://fr.wikipedia.org/wiki/1975http://fr.wikipedia.org/wiki/1er_janvierhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Janvierhttp://fr.wikipedia.org/wiki/1977http://fr.wikipedia.org/wiki/1983http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gion_flamandehttp://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gion_wallonnehttp://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gion_bruxelloise

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    4.2. La ville statistique ou socio-économique A côté de la ville légale, l’ancien Institut National de Statistiques accompagné de chercheurs en économie et géographie a établi une classification des communes selon le degré d’urbanisation et défini des régions urbaines ainsi que des zones d’influence des villes.

    4.2.1. Typologie des villes selon le degré d’urbanisation On se référera pour ce faire à l’article de MERENNE B., VAN DER HAEGEN H., et VAN HECKE E. : La Belgique, diversité territoriale, Bulletin du Crédit Communal, 51° année, N° 202, 1997/4, pp 13 et 14 et Géographie de la Belgique, les villes, Crédit communal, 1992, pp 450-454 ou encore consultable sur le net à partir de l’adresse : http://www.belspo.be/belspo/home/publ/pub_ostc/recens/fr013.pdf 22.02.2010. Pour bien comprendre cette typologie, différents concepts doivent être définis ou rappelés. On entend par urbanisation le processus de développement des villes et l’expansion de la population urbaine. On étudie souvent les processus et les formes différentes d’urbanisation.

    a. Degré d’urbanisation des communes belges

    Dans le présent article, les auteurs définissent une urbanisation morphologique et une urbanisation fonctionnelle. Pour l’urbanisation morphologique, les auteurs ont utilisé deux critères : la densité de population et la part de la superficie occupée par des parcelles bâties. Pour l’urbanisation fonctionnelle, trois fonctions urbaines ont été utilisées : la fonction commerciale, la fonction scolaire et la fonction de travail (emplois).

    http://www.belspo.be/belspo/home/publ/pub_ostc/recens/fr013.pdf

  • 32

    b. Régions urbaines

    On entend par banlieue la partie d’une agglomération qui prolonge la ville parfois au-delà de ses limites administratives ou primitives. Dans ce sens la région politique de Bruxelles Capitale (les 19 communes) fait entièrement partie de son agglomération ; la ville primitive a englobé dans sa croissance une série de noyaux villageois anciens correspondant souvent aux noms des communes appartenant à la région administrative de Bruxelles-Capitale (Anderlecht, Jette, Schaerbeek, …). La région urbaine au sens géographique et l’agglomération urbaine de Bruxelles, dépasse largement ce carcan administratif. Le phénomène d’urbanisation de la zone voisine de la ville s’appelle d’une manière générale, la périurbanisation.

  • 33

    Les migrants alternants sont les navetteurs, c’est-à-dire les personnes qui exercent leur profession en dehors de leur commune, de leur ville, voire de leur région de résidence. On estime que Bruxelles accueille chaque jour ouvrable près de 400.000 migrants alternants entrants venant des deux autres régions administratives de la Belgique, les régions Flamande et Wallonne. La périurbanisation est une expansion, une croissance de la ville vers ses campagnes environnantes mais qui, à la différence de la banlieue traditionnelle «agglomérée » à la commune-centre, se fait de manière relativement diffuse dans un espace qui garde partiellement son caractère rural. C’est une urbanisation nouvelle autour des agglomérations mais faisant partie de la ville par les activités et les modes de vie des habitants ; elle correspond souvent à une urbanisation plus fonctionnelle que morphologique. La rurbanisation (contraction de « rur », pour rural, et « d’urbanisation ») est un processus d’urbanisation des espaces ruraux en lien avec les villes.

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    Source : http://sder.wallonie.be/ICEDD/CAP-sder2006/cartes/map02map.pdf

    consulté le 14.02.2011

    http://sder.wallonie.be/ICEDD/CAP-sder2006/cartes/map02map.pdf

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    4.2.2. La hiérarchie des villes et leur zone d’influence

    Une ville n’existe pas seulement par les habitants qui y vivent mais également à travers ceux qui la fréquentent pour y effectuer leurs achats, y travailler, y étudier et bénéficier des services qu’elle offre. Cette attraction régionale exercée par la ville est appelée la polarisation urbaine. Cette polarisation permet de définir la zone d’influence d’une ville c'est-à-dire l’espace entourant une ville où les habitants ont des relations privilégiées (par exemple le fait d’y faire prioritairement leurs achats) avec cette ville. Les hôpitaux, les musées, un centre de commerces intégrés, une école supérieure … ne sont pas réservés aux seuls habitants d’une ville. Sur base de l’importance de la polarisation exercée par les centres urbains, à savoir l’extension de leur zone d’influence, on peut établir un maillage urbain ou un réseau urbain hiérarchisé. Ce concept de hiérarchie urbaine est défini comme le niveau atteint par les activités de service des centres d’habitat qui rayonnent avec plus ou moins d’intensité et plus ou moins loin dans l’espace géographique environnant. Pour définir ces zones d’influence, des études empiriques basées sur des enquêtes ont été réalisées. On se réfèrera pour ce faire à l’article de VAN HECKE, E., 1998, Actualisation de la hiérarchie urbaine en Belgique, Bulletin du Crédit Communal, 52ème année, N° 205, pp 45-76. En Annexe 3 sont fournies les pages 56 à 58 de l’article. Malgré l’ancienneté de cette étude, celle-ci reste encore aujourd’hui une référence importante dans le cadre belge. VAN HECKE E., professeur à la K.U.Leuven, a élaboré au milieu des années 1990 un classement de la hiérarchie des communes pour l’ensemble des 589 entités communales constituant la Belgique. Pour ce faire, il a eu recours à un ensemble de données sur la présence/l’absence ou sur l’importance de différents services présents au sein de chaque commune. Huit groupes de services/fonctions ont ainsi été examinés : • les soins de santé et l’accompagnement social (hôpitaux de taille variable selon le nombre de lits, polycliniques, services sociaux…) ; • les sports, loisirs et secteur horeca (hall sportif, exploitants d’installations sportives, casinos, hôtels, restaurants) ; • la fonction communication (gares de chemin de fer, lignes d’autobus) • les services avec fonction de guichet (ONEM, bureaux d’intérim, bureau de recettes des contributions, la Poste et les banques) ;

  • 36

    • les fonctions de pouvoirs publics (chef-lieu d’arrondissement ou de province, centres judiciaires, gendarmerie14, pompiers et cultes) ; • la culture (académies, cinémas, centres culturels, salles de concerts, théâtres et musées) ; • l’enseignement (enseignement secondaire, supérieur non universitaire, supérieur universitaire et centres PMS) ; • le commerce de détail (présence ou absence d’une trentaine de branches commerciales + prise en compte du nombre de magasins). Pour chaque fonction, un certain nombre de points a été accordé à chaque commune en faisant en sorte qu’au total, la somme des points pour chaque fonction soit égale à 1000 ou 500 pour l’ensemble de la Belgique. Le score global de 500 points pour le pays a été retenu pour les sports, loisirs et horeca, les transports publics, les pouvoirs publics et la fonction de guichet, vu que ces fonctions semblaient moins refléter la hiérarchie urbaine que les quatre autres fonctions. Sur cette base, chaque commune s’est vue attribuer un score global en valeur absolue concernant son équipement. Au total, cette étude a mis en évidence :

    5 grandes villes : Bruxelles, Anvers, Gand, Liège et Charleroi;

    17 villes régionales : Mons, Namur, Bruges, Louvain, Hasselt, Courtrai, Malines, Tournai, Alost, Ostende, Verviers, Turnhout, La Louvière, Saint-Nicolas, Roulers, Arlon et Genk;

    31 petites villes bien équipées c'est-à-dire celles présentant un indice d'équipement élevé et un taux de pénétration d'au moins 60 % sur leur propre population et attirant une population extérieure égale ou supérieure à la population interne polarisée;

    18 petites villes moyennement équipées et en position intermédiaire;

    et 32 petites villes faiblement équipées, c'est-à-dire celles présentant un indice d'équipement relativement faible, attirant au moins 45 % de leur propre population et ayant un flux externe d'au moins 40 % par rapport au flux interne.

    Les cartes de l’Annexe 3 fournissent les zones d’influence des deux premières catégories de ville. Une étude récente sur la « Structure fonctionnelle du territoire wallon : Hiérarchie urbaine et aires d’influence 15» apporte un éclairage actualisé sur cette

    14 Vu la réforme des polices, la gendarmerie n’existe plus. On parle de police zonale au niveau des

    communes regroupées en zone et de police fédérale.

    15 Etude réalisée dans le cadre du Diagnostic territorial de la Wallonie préparatoire à l’actualisation

    du SDER (Schéma de Développement de l’Espace Régional) , par J.-M. Lambotte (ULg - Lepur), A.

    Leclercq (UCL-Creat) et C. Bazet-Simoni (ULB-Guide) Sous la direction scientifique de G. Devillet

    (ULg - Lepur - SEGEFA), Y. Hanin (UCLCreat) et C. Vandermotten (ULB-Guide), Structure

    fonctionnelle du territoire wallon : Hiérarchie urbaine et aires d’influence, Novembre 2011,

  • 37

    thématique. Elle ne couvre malheureusement que le seul territoire wallon, fédéralisation de la Belgique oblige … La méthode retenue consiste en la délimitation des aires d’influence des pôles urbains par agglomération des communes entre elles à l’aide de la même classification hiérarchique tenant compte des trois motifs de sortie du domicile :

    Le travail

    L’enseignement secondaire et supérieur

    Les achats semi-courants – plus spécifiquement les achats de vêtements –

    « Chacun des 3 motifs de déplacements a un impact spécifique sur le découpage en aires d’influence. Chaque type de déplacements a une incidence sur le découpage du territoire en aires d’influence des pôles urbains. Comme les relations domicile-travail concernent largement de longs déplacements notamment transrégionaux et transfrontaliers, elles tendent à générer un nombre limité de bassins d’emplois dont certains centrés sur des villes situées hors du territoire wallon. Avec l’enseignement secondaire, on obtient plutôt un très grand nombre de bassins scolaires. Dans ce cas, les déplacements transrégionaux et transfrontaliers sont très faibles. Pour l’enseignement supérieur, le nombre de bassins se réduit à nouveau, mais les frontières régionales restent assez hermétiques sauf vis-à-vis de Bruxelles et, au niveau de la partie nord de la Communauté germanophone, vis-à-vis d’Aix-la-Chapelle. Pour les achats de vêtements, si on observe à nouveau un grand nombre de bassins, une part d’entre eux a un caractère clairement transfrontalier. Une fois tous ces motifs combinés, on obtient un résultat intermédiaire. Tenant compte des pôles extérieurs au territoire wallon, ce dernier apparait pouvoir être découpé en 31 aires d’influence, dont quatre transfrontalières/transrégionales. Sur ces 31 aires d’influence, 9 couvrent un territoire relativement étendu (Liège, Charleroi, Namur, Mons, Tournai, Bruxelles, Marche-en-Famenne, Libramont et Bastogne). A l’opposé, une dizaine de ces aires d’influence ont une taille très limitée (cf. Comines, seule commune wallonne principalement dépendante de Lille ou les aires de Chimay, Couvin, Nivelles, Jodoigne, Hannut, Dinant, Ciney et Virton). Remarquons que les aires d’influence de Bruxelles, Luxembourg et d’Aix-la-Chapelle présentent un caractère discontinu dans l’espace (Carte ci-dessous).

    Conférence Permanente du Développement Territorial Région wallonne Numéro 25, pages 17 et 18

    consultable sur : http://cpdt.wallonie.be/sites/default/files/NDR_25.pdf

    http://cpdt.wallonie.be/sites/default/files/NDR_25.pdf

  • 38

    Soulignons aussi qu’une trentaine de communes apparaissent clairement comme étant situées à cheval sur deux aires d’influence. Il faut donc en déduire que, tenant compte de la géographie des flux, les aires d’influence des pôles urbains peuvent être considérées comme des territoires aux contours flous. Au sein des aires d’influences les plus étendues, il apparaît que le lien de dépendance direct entre une commune excentrée et le principal pôle urbain autour duquel cette aire s’organise est parfois faible (cf. entre Doische et Charleroi, entre Vielsalm et Liège…). L’attachement de ces communes éloignées à une telle aire d’influence est dû à l’effet rebond inhérent à la méthode Mirabel. Cela s’explique par le fait que les communes situées entre le pôle principal et cette commune éloignée sont à la fois très dépendantes de ce pôle majeur et rayonnantes vis-à-vis de cette entité retirée.16 » L’objet de cette étude n’est pas neutre. « La principale utilité d’une analyse de la hiérarchie urbaine et des aires d’influences est d’alimenter les réflexions relatives

    16

    J.-M. Lambotte (ULg - Lepur), A. Leclercq (UCL-Creat) et C. Bazet-Simoni (ULB-Guide) Sous la

    direction scientifique de G. Devillet (ULg - Lepur - SEGEFA), Y. Hanin (UCLCreat) et C. Vandermotten

    (ULB-Guide), Structure fonctionnelle du territoire wallon : Hiérarchie urbaine et aires d’influence,

    Novembre 2011, Conférence Permanente du Développement Territorial Région wallonne Numéro 25,

    pages 17 et 18 consultable sur : http://cpdt.wallonie.be/sites/default/files/NDR_25.pdf

    http://cpdt.wallonie.be/sites/default/files/NDR_25.pdf

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    à la structure spatiale du SDER17. Dans ce cadre, l’analyse de la structure fonctionnelle du territoire wallon fait ressortir quatre enjeux liés à cette approche: - L’enjeu de la minimisation de la demande de mobilité : la hiérarchie urbaine peut être un outil précieux en vue de réduire, pour un maximum de trajets, la distance parcourue via une répartition spatiale et une maitrise de l’ampleur des équipements, des emplois et des services au vu de la population desservie et de son évolution. Le principe du respect de la hiérarchie urbaine doit dès lors être interprété comme une logique d’organisation des fonctions sur le territoire visant à minimiser les déplacements de longues distances pour un motif de déplacement unique. Il s’agit ainsi d’inscrire ceux-ci dans des chaines de déplacements impliquant le minimum de détour à un maximum de personnes. Il s’agit aussi d’encourager, pour les déplacements à longue distance inévitables, le recours aux transports en commun structurants par la concentration des fonctions à large rayonnement dans les pôles bénéficiant d’une bonne desserte par ces modes ; - L’enjeu de l’équité territoriale dans la répartition des services et fonctions : il s’agit de s’inscrire dans une logique polycentrique et de maximiser la part de la population disposant, à proximité de son lieu de résidence, d’une offre en service de base ; - L’enjeu de la gouvernance supra-communale : conformément aux intentions de la DPR18 concernant le traitement de diverses politiques à l’échelle des bassins de vie, les aires d’influence pourraient être prises en compte pour la mise en place d’une coopération structurelle impliquant une stratégie commune en matière de développement territorial et un certain nombre de projets d’intérêt supra-local menés de façon collective ; - L’enjeu du positionnement adéquat des grandes villes wallonnes vis-à-vis de l’accueil des fonctions métropolitaines et du rôle des villes wallonnes dans la métropolisation de l’économie régionale19 » Sur un point plus politique, on lira avec attention l’interview du Bourgmestre de Liège pour lequel « Les villes sont maltraitées20 » (Annexe 4) et celle du Ministre wallon de l’Aménagement du territoire pour lequel « La villa quatre façades, ce n’est plus faisable21 » (Annexe 5). La ville est-elle l’avenir ? 17 Schéma de Développement de l’Espace Régional est un instrument de conception de

    l’aménagement du territoire wallon. Pour en savoir plus, http://developpement-

    territorial.wallonie.be/pages/Quoi.html

    18 Déclaration de Politique Régionale

    19 Op cit page 51

    20 BODEUX Philippe et LAMQUIN Véronique, « Les villes sont maltraitées », jeudi 23 février 2012, Le

    Soir, page 4 (Annexe 4)

    21 DURAND Gil, « La villa quatre façades, ce n'est plus faisable », Site Internet du journal Le Soir,

    jeudi 23 février 2012, http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2012-02-23/la-villa-quatre-facades-

    ce-n-est-plus-faisable-898942.php

    http://developpement-territorial.wallonie.be/pages/Quoi.htmlhttp://developpement-territorial.wallonie.be/pages/Quoi.htmlhttp://www.lesoir.be/actualite/belgique/2012-02-23/la-villa-quatre-facades-ce-n-est-plus-faisable-898942.phphttp://www.lesoir.be/actualite/belgique/2012-02-23/la-villa-quatre-facades-ce-n-est-plus-faisable-898942.php

  • 40

    4.2.3. La classification fonctionnelle des villes

    Les activités et les fonctions des villes peuvent servir à une classification. Les villes, d’une manière générale, sont caractérisées par un développement important de la fonction tertiaire. La périurbanisation qui est le phénomène d’urbanisation progressive d’un espace rural en périphérie de la ville, conduit certains géographes à préférer une définition fonctionnelle de la ville plutôt qu’une définition morphologique. Effectivement, les limites de la ville apparaissent dans ces circonstances de moins en moins nettes. On lira à ce sujet l’article : Géographie de la Belgique, les villes, Crédit communal, 1992, pp 468 et 469 ainsi que le tableau fourni en annexes 6 et 7.

  • 41

    5. Les modèles urbains de Reilly et Christaller

    5.1. La loi de Reilly

    Il existe des méthodes mathématiques qui permettent de délimiter les zones d’influence des villes. La plus connue est la loi de Reilly22. En s’appuyant sur la théorie de la gravitation de Newton23, Reilly analyse l’attraction des consommateurs entre deux villes de taille différente. Il met en évidence l’existence d’un point de rupture, c'est-à-dire un point d’égale influence entre deux villes, au-delà duquel les consommateurs effectueront leurs achats dans la ville la plus importante en taille. La loi de Reilly peut s’énoncer comme suit : « Dans des conditions normales, deux villes attirent la clientèle d’une ville plus petite en proportion directe de la population de ces deux villes et en proportion inverse de la distance de la petite ville à chacune des grandes villes. En d’autres mots, l’attraction d’une ville « a » (=Va) est directement proportionnelle à sa population (=Pa) et inversement proportionnelle au carré de sa distance (=Da). » La formule se présente de la sorte :

    𝑉𝑎 = 𝑃𝑎

    𝐷𝑎2

    En tenant compte des deux villes, on a la formule suivante :

    𝑉𝑎

    𝑉𝑏=

    𝑃𝑎

    𝑃𝑏 / (

    𝐷𝑎

    𝐷𝑏)

    2

    Cette loi permet de calculer un point de rupture à partir de la formule suivante:

    𝐷𝑏 =𝐷

    1 + √𝑃𝑎 𝑃𝑏⁄

    22

    REILLY W. J. (1931), “The law of retail gravitation”, W. Reilly ed, 285 Madison ave, New York

    23

  • 42

    où, D représente la distance entre les villes a et b, Pa et Pb les populations respectives des deux villes (avec Pa > Pb). Cette formule permet de déterminer la frontière des aires d’influence des deux villes. En fait, cette frontière est un cercle dont on peut calculer le rayon (cfr exercice ci-dessous). Cette loi, simple en apparence, n’est pas sans poser des problèmes d’application. La distance D se mesure plutôt en temps qu’en distance kilométrique. En effet, cette loi fonctionne bien pour l’analyse des zones rurales mais, en zone urbaine, les consommateurs ont plusieurs choix à l’intérieur de la distance qu’ils sont prêts à parcourir. D’autre part, cette loi ne tient pas compte de la nature du produit acheté. Or, pour les produits durables, les consommateurs sont prêts à parcourir une distance supérieure à celle qu’ils parcourent pour se procurer un bien de consommation courante. Par conséquent, les zones d’attractions commerciales sont différentes selon les produits et se chevauchent. Il n’en demeure pas moins que cette loi est (ou a été) très utilisée pour le calcul d’un emplacement d’un point de vente. Exercice : Sur base des données suivantes, on te demande de calculer le point de rupture entre la Région de Bruxelles Capitale et Anvers. La population de la Région de Bruxelles Capitale est de 1 107 336 habitants et celle d’Anvers de 472 071. La distance entre les deux villes est 55 kilomètres.

    Cet exercice montre qu’à une force d’attraction déterminée correspond une circonférence sur laquelle tous les points subissent cette même attraction. Cette circonférence est appelée isodyne. Les points de tangence ou d’intersection de deux isodynes d’attraction égale exercée par deux villes concurrentes appartiennent à la limite des zones d’influence des deux centres urbains. En reliant tous les points d’intersection, on peut déterminer la zone d’influence de chaque centre. La méthode appliquée aux cinq centres belges de niveau 1 est fourni en Annexe 8. Il est extrait du travail réalisé par J. A. SPORCK (ULG) au sujet de la hiérarchie des villes et leur structuration en réseau.

  • 43

    5.2. La théorie des places centrales de W. Christaller

    Il faut attendre les années 1930 pour voir l’apparition d’une théorie portant sur la hiérarchie urbaine et les réseaux urbains, proposée par W. Christaller (1933). Intégrée plus tard dans les théories économiques par Lösch, cette théorie inductive et générale, exprimée à partir de l’étude des villes de l’Allemagne du Sud, explique la taille, le nombre et, surtout, la distribution des villes. C’est sur base de l’observation de la régularité des villes dans leur distribution spatiale que Christaller a tenté de formaliser ses observations à travers un modèle. Pour Christaller, la ville est une place centrale dont le rôle est de fournir des services et des biens dans l’espace environnant, son espace polarisé. Mais toutes les villes ne jouent pas le même rôle ; celui-ci dépend de sa taille, des services offerts … Il y a un lien entre les fonctions que la ville dispense et sa hiérarchie. Cette hiérarchie engendre dans l’espace une organisation des villes selon un système hexagonal. En effet, partant du fait qu’un bien est offert à partir d’un lieu central, la zone de desserte de ce lieu représente donc un cercle (égal à l’aire de chalandise). Cependant l’on s’aperçoit très vite que cette représentation n’est pas la plus adéquate puisqu’il existe des zones vides qui ne peuvent être desservies (fig. 1).

    Figure 1. - Aire de chalandise circulaire

  • 44

    Pour couvrir l’ensemble de l’espace, il décide d’emboîter ces cercles avec l’aide d’hexagones (fig. 2).

    Figure 2. - Aire de chalandise circulaire hexagonale

    Pour construire son modèle, il part d’une idée simple : tout point de l’espace devra être à moins d’une heure de marche, soit 4 kilomètres, d’une place centrale. Le côté de chaque hexagone a une longueur de 7 kilomètres. Le sommet de chaque hexagone est alors une place de 1er niveau, alors que le centre est une place de 2ème niveau commandant 6/3 = 2 places de niveau inférieur. En construisant les hexagones à partir du centre de second niveau, on obtient des centres de niveau 3 et ainsi de suite jusqu’au niveau 7. Ces centres sont respectivement dénommés : bourg, gros bourg, ville de district, ville d’arrondissement, ville préfecture, capitale de province et capitale régionale. La superficie de la zone desservie par un centre d’un certain niveau est trois fois supérieure à celle desservie par un centre de niveau inférieur ; c’est le système k = 3. Face à la rigidité de son modèle, Christaller a ensuite imaginé deux autres modèles basés sur la prise en compte des transports (k=4) et des administrations (k=7).

    Figure 3. - La hiérarchie hexagonale des villes selon Christaller

  • 45

    Niveau Distance

    (km)

    Superficie

    (𝑘𝑚2)

    Pop.

    Centre-

    ville

    Pop. Aire

    d’influence

    (d=60hab : 𝑘𝑚2)

    Nombre

    places

    centrales

    1 Marché local 7 45 800 2 700 486-729

    2 Bourg 12 135 1 500 8 100 162-243

    3 « canton » 21 400 3 500 24 300 54-81

    4 « district » 36 1 200 9 000 72 000 18-27

    5 « préfecture » 62 3 600 27 000 225 000 6-9

    6 Ville province 108 10 800 90 000 675 000 2-3

    7 Ville régionale 186 32 400 300 000 2 025 000 1

    √3 X3

    Soulignons quelques limites au modèle de Christaller. Celui-ci ne tient que s’il n’y a pas d’obstacles naturels tels que des montagnes, lacs… De plus, les villes doivent avoir un rôle économique de marché, une fonction commerciale ce qui n’est pas toujours le cas (villes de l’ancienne URSS). Quelques modifications ou compléments ont été apportés au modèle de Christaller, sans toutefois nier la puissance de ses travaux. Pour Lösch, se basant surtout sur l’étude de marché, l’existence des niveaux de villes peut être démontrée dans le cadre de la théorie néo-classique de l’équilibre général, si ce n’est que le rapport du nombre de villes entre les différents niveaux peut être variable. La théorie générale de W. Christaller reste à la base d’une répartition des systèmes de peuplement fondée sur l’offre et la demande de services.

  • 46

    6. La croissance urbaine et ses problèmes

    6.1 L’explosion urbaine contemporaine

    Il existait déjà des grandes villes dans la plus haute antiquité ; par exemple, Rome, Athènes ou encore Troie. C’est cependant au cours du XIXème siècle et surtout au XXème siècle que les villes ont connu une phase d’expansion importante liée à l’industrialisation. L’essor des villes s’est d’abord manifesté en Europe nord-occidentale, puis, par diffusion, il a touché peu à peu le reste de l’Europe ainsi que l’Amérique du Nord, l’Amérique latine et l’Océanie. Ce développement a également touché le Japon assez tôt. La croissance urbaine a ensuite gagné le reste du monde par le biais de la colonisation. Le taux d'urbanisation est la proportion de personnes vivant en ville. Il a doublé pratiquement tous les demi-siècles. Une personne sur deux (48%) en 2003 vit en ville, contre seulement un peu plus d’une sur dix en 1900. Le mouvement de concentration de la population mondiale dans les villes devrait se poursuivre dans les prochaines années. Les hommes vivront davantage dans des villes de plus en plus nombreuses et de plus en plus grandes

    Années

    Taux d’urbanisation %

    1800 3.0

    1850 6.4

    1900 13.6

    1950 29.2

    1995 41.0

    2000 47.2

    2010 51.5

    2030 (estimation) 60.0

    Les pays industrialisés sont, dans l'ensemble, plus urbanisés que les pays du Sud : 89% des Britanniques vivent en ville ainsi que 80% des Américains (USA) et 76% des Français. En revanche, ce n'est le cas que de 37,2% des Africains (18% des habitants du Burkina-Faso) et de 37,5% d’Asiatiques. Mais l'urbanisation progresse partout. Et le nombre de villes aussi, ainsi que leur taille. Les villes dépassant les 10 millions

    http://www.cite-sciences.fr/lexique/pop_definition.php?idmot=295&iddef=637&id_expo=13&lang=fr&id_habillage=24

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    d'habitants étaient trois en 1950 : New-York (12,3 millions), Shanghai et Londres (10,2 millions chacune). En 2003, elles étaient 20 ; en 2010, elles étaient 24. Les cinq plus grandes villes au monde étant Tokyo (43 millions d'habitants), Mexico (28), New-York (25), Séoul (23), Karachi (21). C’est dans les villes des pays en développement que la croissance urbaine actuelle est la plus forte alors que les métropoles des pays industrialisés voient leur croissance s’infléchir.

  • 48

    L’espace urbain s’est accru sous trois formes principales :

    Par la périurbanisation, soit une extension de la ville à sa périphérie. On parle encore de rurbanisation, c'est-à-dire d’urbanisation d’un milieu rural ou de suburbanisation ;

    Par une extension en hauteur et en profondeur (le WTC à New York au début des années septante (410 mètres et 109 étages) ou, plus récemment, la tour la plus élevée du monde à Dubaï : Burj Dubaï, avec ses 828 mètres et ses 160 étages) ;

    Par la construction de villes nouvelles.

    Source : http://www.linternaute.com/savoir/grands-chantiers/tours-du-monde/burj-alarab-tower.shtml 2010.04.20 Le XXème siècle aura produit, en surface, au moins 100 fois plus d’espace urbain qu’il n’en existait à ses débuts. Les distances à l’intérieur des plus grandes agglomérations qui se mesuraient il y a moins de deux siècles en centaines de mètres, se mesurent aujourd’hui en dizaines de kilomètres. Le Sunset Boulevard à Los Angeles, par exemple, s’allonge sur 150 kilomètres. Cette croissance extraordinaire des villes a entraîné l’apparition de conurbations, c'est-à-dire que les banlieues de plusieurs villes, en s’étendant, se rapprochent et se touchent. La Ruhr en Allemagne, la région de Lille-Roubaix-Tourcoing et le Randstad aux Pays-Bas en sont des exemples. Ce phénomène a conduit sur la côte NE des Etats-Unis, entre Washington et Boston en englobant New York, à la formation de mégalopolis ou mégalopoles, c'est-à-dire, un immense ensemble urbain où il n’y a plus vraiment de ville mais une zone bâtie, quasi continue, avec des élargissements correspondant aux grandes métropoles. Citons encore, comme

    http://www.linternaute.com/savoir/grands-chantiers/tours-du-monde/burj-alarab-tower.shtml%20%202010.04.20http://www.linternaute.com/savoir/grands-chantiers/tours-du-monde/burj-alarab-tower.shtml%20%202010.04.20http://www.linternaute.com/savoir/magazine/photo/les-tours-les-plus-grandes-du-monde-en-2009/2-taipei-101.shtml

  • 49

    exemple, San Diego-Los Angeles-San Francisco sur la côte Ouest des Etats-Unis et la mégalopole japonaise de Tokyo-Nagoya-Osaka-Kobé.

    Source : http://blogs.ac-

    amiens.fr/etablissements/0021476U_histgeovinci/images/croquis.jpg 2010.04.20

    6.2 La métropolisation des villes

    Le terme métropole est utilisé dans les années soixante pour désigner une grande agglomération dotée d’équipements tertiaires supérieurs, en particulier financiers et administratifs, commandant une zone d’influence étendue. D’une manière générale, la métropole désigne la première ville d’un pays ou d’une région. On distingue trois types de métropole : les métropoles internationales (Londres, Paris…), nationales (Bruxelles) et régionales (Anvers). Si les métropoles sont à l’honneur dans les années soixante, elles subissent une crise à partir des années septante. Leur population et leur activité industrielle croissent faiblement quand elles ne diminuent pas. Depuis les années quatre-vingts, elles retrouveront une certaine croissance en étant associées à de grandes cités de services et de commandement pour un territoire assez vaste. Le contexte socio-économique favorise les échanges internationaux. Les métropoles englobent alors d’autres fonctions plus spécifiques comme les services aux entreprises tant à l’amont (recherche, innovation …) qu’à l’aval (marketing, communication …). C’est ce nouveau processus qui traduit la concentration des activités dans certaines métropoles que les entreprises choisissent pour créer leur activité tertiaire industrielle, villes qui proposent des services rares.

    http://blogs.ac-amiens.fr/etablissements/0021476U_histgeovinci/images/croquis.jpg%202010.04.20http://blogs.ac-amiens.fr/etablissements/0021476U_histgeovinci/images/croquis.jpg%202010.04.20

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    La métropolisation entraîne aussi une redéfinition des espaces au sein de la ville. Les fonctions grandes consommatrices d'espace (loisirs, commerces, industries) sont rejetées dans les périphéries alors que les centres villes sont réservés à l'habitat favorisé et aux activités à forte valeur ajoutée. Il y a une double dynamique dans le phénomène de métropolisation, c'est à la fois une concentration d'hommes, d'activités et de valeurs sur un pôle urbain et une redistribution de ces attributs par le même pôle qui restructure ainsi son territoire d'influence. Cette polarisation autour des grandes villes est la conséquence de la concentration des emplois (qui sont surtout tertiaires). Elle entraine des flux de migration pendulaire. L’expression désigne les déplacements quotidiens des personnes de leur domicile à leur lieu de travail et inversement. Le territoire « métropolisé » est donc parsemé de voies rapides, de rocades, d'autoroutes et d'échangeurs. La métropolisation implique donc le renforcement des grandes villes, essentiellement celles situées en tête d'un réseau urbain, ou les villes capitales.

  • 51

    Table des matières

    « La ville : source de réussite ou d’échec ?»

    Introduction

    1. La difficulté de définir le concept de ville

    2. La genèse et les fonctions premières des villes

    2.1. Les villes de convenance géographique

    2.1.1. Les villes à vocations de défense

    2.1.2. Les villes à fonction commerciale

    2.1.3. Les villes minières et industrielles

    2.2. Les villes de fondation systématique et à fonctions particulières

    2.2.1. Les villes à fonction politique

    2.2.2. Les villes religieuses

    2.2.3. Les villes universitaires

    2.2.4. Les villes nouvelles

    3. Les modèles urbains

    3.1. La définition d’un modèle et son utilité

    3.2. Le modèle des métropoles d’Amérique du Nord

    3.3. Les villes du Sud

    4. La classification des villes belges

    4.1. La ville légale

    4.2. La ville statistique ou socio-économique

    4.2.1. Typologie des villes selon le degré d’urbanisation

    a. Degré d’urbanisation des communes belges

    b. Régions urbaines

    4.2.2. La hiérarchie des villes et leur zone d’influence

    4.2.3. La classification fonctionnelle des villes

    5. Les modèles urbains

    5.1 La loi de Reilly

    5.2. La théorie des places centrales de Christaller

    6. La croissance urbaine et ses problèmes

    6.1. L’explosion urbaine contemporaine

    6.2. La métropolisation des villes

  • 52

    Bibliographie

    BEKAERT M. et Cie (2006), « Géographie 3e/6e Savoir et Savoir-faire », de Boeck,

    Bruxelles, 232 pages

    BIEBER A. et J.-P. ORFEUIL J.-P., 1993, « La mobilité urbaine et sa régulation :

    quelques comparaisons internationales », les Annales de la recherche urbaine,

    n°59-60, pp.126-139

    BRÜCK Laurent (2002) « La périurbanisation en Belgique : comprendre le

    processus de l’étalement urbain », Novembre 2002, SEGEFA (service de géographie

    économique fondamentale et appliquée de l’ULg) – LMG (Laboratoire de

    méthodologie de la géographie de l’Université de Liège).

    ECHAUDEMAISON Claude Danièle (1993) « Dictionnaire d'Économie et des Sciences

    sociales », Nathan Paris

    GHORRA-GOBIN C. (2003) « Villes et société urbaine aux États-Unis », p.104

    HERVOUËT V. (2001) « La sémantique périurbaine : ou comment se repérer dans

    un dédale de mots et d’expressions », ESO n°15 -mars 2001, CESTAN - Université de

    Nantes, pp.121-126

    LAMBOTTE J.-M. (ULg - Lepur), LECLERCQ A. (UCL-Creat) et BAZET-SIMONI C.

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    Hanin (UCLCreat) et C. Vandermotten (ULB-Guide), Structure fonctionnelle du

    territoire wallon : Hiérarchie urbaine et aires d’influence, Novembre 2011,

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