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Investir dans la paix et la prévention de la violence dans le Sahel-Sahara : Deuxièmes Conversations régionales AOÛT 2017 Introduction L’extrémisme violent s’exprime de différentes manières, selon les contextes. Alimenté par des causes tant endogènes qu’exogènes, il s’agit d’un phénomène qui, s’il se manifeste sur le plan local ou national, a également des dimensions régionales et internationales. Touchant à tous les enjeux de société, de la sécurité à la gouvernance, en passant par la religion, l’idéologie, l’économie, le social, la justice et le développement, l’extrémisme violent est une problématique complexe dont la compréhension et l’analyse varient suivant l’approche choisie. Assiste-t-on à la radicalisation de l’islamisme ou à l’islamisation de la radicalité, comme le soulève un débat bien connu sur ce thème ? En quoi l’extrémisme et la violence diffèrent-ils ? S’agit-il d’une tentative de changement (liée aux réalités politiques, sociales ou économiques et à la détérioration des liens État-citoyen), voire une révolution, ou une quête de sens (associée à la perte des repères traditionnels, historiques, et normatifs) ? Quel rôle la religion et l’éducation religieuse jouent-elles dans l’émergence du phénomène ? Comment poser ces questions et engager le dialogue dans le respect tout en protégeant les sociétés de la violence ? Quel rôle, à cet égard, pour les chercheurs, les religieux et les érudits ? Les politiques ? Les administrateurs ? Le secteur privé ? Les médias ? Les jeunes ? Les femmes ? Souhaitant poursuivre et approfondir les échanges régionaux sur ces thèmes, l’Institut International pour la Paix (IPI), les Nations Unies et le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) suisse, ont organisé la deuxième édition des Conversations régionales pour la prévention de l’extrémisme violent sous le thème « Investir dans la paix et la prévention de la violence dans le Sahel- Sahara » à N’Djamena, au Tchad, les 31 mai et 1 er juin 2017. La rencontre a réuni plus d’une centaine de participants de 14 pays d’Afrique du Nord, de l’Ouest et centrale, d’une dizaine d’organisations régionales et internationales et quelques experts extérieurs. Ils provenaient d’horizons très divers : dirigeants politiques, administrateurs, représentants des divers corps armés et de sécurité, membres de la société civile (hommes, femmes, jeunes, ONGs), autorités religieuses et traditionnelles, représentants des médias (en leur capacité d’experts), représen- tants du secteur privé, chercheurs, représentants d’organisations régionales et internationales, et diplomates. Ces Conversations font suite à celles organisées à Dakar, au Sénégal, en juin 2016 1 ; elles s’inscrivent également dans la continuité Ce séminaire a été co-organisé à N’Djamena, au Tchad, du 31 mai au 1 er juin 2017 par IPI, les Nations Unies et le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) suisse. Le séminaire a réuni plus d’une centaine de participants de 14 pays d’Afrique du Nord, de l’Ouest et centrale, d’une dizaine d’organisa- tions régionales et internationales ainsi que des experts, afin de discuter la problématique de la prévention de l’extrémisme violent d’une perspective régionale. Ces conversations font suite à celles organisées à Dakar en juin 2016. Arthur Boutellis, Delphine Mechoulan et Aïssata Athie du Centre Brian Urquhart pour les opérations de paix d’IPI ont supervisé les prépara- tions substantives de la rencontre. Delphine Mechoulan et Marie-Joëlle Zahar ont assuré la rédaction de ce rapport. Ce rapport reflète l’inter- prétation des discussions par les rapporteurs et ne représente pas nécessairement les opinions de tous les participants. IPI est reconnaissant envers ses généreux donateurs, dont le soutien rend possible les publications comme celle-ci. En particulier, IPI remercie la Confédération Suisse. 1 International Peace Institute, « Investir dans la paix et la prévention de la violence en Afrique de l’Ouest et dans le Sahel-Sahara : Conversations autour du Plan d’action du secrétaire général », septembre 2016, disponible à www.ipinst.org/2016/09/investing-in-peace-west-africa-sahel-sahara . Les conversations de Dakar ont contribué au développement de perspectives régionales sur le Plan d’action du secrétaire général pour la prévention de l’extrémise violent. Assemblée générale de l’ONU, Plan d’action pour la prévention de l’extrémise violent du 24 décembre 2015 : Rapport du secrétaire général, 24 décembre 2015, UN Doc. A/70/674.

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Page 1: Investir dans la paix et la prévention de la violence …...médias et secteur privé, comme acteurs clés de la prévention de l’extrémisme violent s’avère indispensable ;

Investir dans la paix et laprévention de la violence dansle Sahel-Sahara : DeuxièmesConversations régionales

AOÛT 2017

Introduction

L’extrémisme violent s’exprime de différentes manières, selon les contextes.Alimenté par des causes tant endogènes qu’exogènes, il s’agit d’un phénomènequi, s’il se manifeste sur le plan local ou national, a également des dimensionsrégionales et internationales. Touchant à tous les enjeux de société, de la sécuritéà la gouvernance, en passant par la religion, l’idéologie, l’économie, le social, lajustice et le développement, l’extrémisme violent est une problématiquecomplexe dont la compréhension et l’analyse varient suivant l’approche choisie. Assiste-t-on à la radicalisation de l’islamisme ou à l’islamisation de laradicalité, comme le soulève un débat bien connu sur ce thème ? En quoil’extrémisme et la violence diffèrent-ils ? S’agit-il d’une tentative de changement(liée aux réalités politiques, sociales ou économiques et à la détérioration desliens État-citoyen), voire une révolution, ou une quête de sens (associée à laperte des repères traditionnels, historiques, et normatifs) ? Quel rôle la religionet l’éducation religieuse jouent-elles dans l’émergence du phénomène ?Comment poser ces questions et engager le dialogue dans le respect tout enprotégeant les sociétés de la violence ? Quel rôle, à cet égard, pour leschercheurs, les religieux et les érudits ? Les politiques ? Les administrateurs ? Lesecteur privé ? Les médias ? Les jeunes ? Les femmes ? Souhaitant poursuivre et approfondir les échanges régionaux sur ces thèmes,l’Institut International pour la Paix (IPI), les Nations Unies et le Départementfédéral des affaires étrangères (DFAE) suisse, ont organisé la deuxième éditiondes Conversations régionales pour la prévention de l’extrémisme violent sous lethème « Investir dans la paix et la prévention de la violence dans le Sahel-Sahara » à N’Djamena, au Tchad, les 31 mai et 1er juin 2017. La rencontre a réuniplus d’une centaine de participants de 14 pays d’Afrique du Nord, de l’Ouest etcentrale, d’une dizaine d’organisations régionales et internationales et quelquesexperts extérieurs. Ils provenaient d’horizons très divers : dirigeants politiques,administrateurs, représentants des divers corps armés et de sécurité, membresde la société civile (hommes, femmes, jeunes, ONGs), autorités religieuses ettraditionnelles, représentants des médias (en leur capacité d’experts), représen-tants du secteur privé, chercheurs, représentants d’organisations régionales etinternationales, et diplomates. Ces Conversations font suite à celles organisées àDakar, au Sénégal, en juin 20161; elles s’inscrivent également dans la continuité

Ce séminaire a été co-organisé àN’Djamena, au Tchad, du 31 mai au 1er

juin 2017 par IPI, les Nations Unies etle Département fédéral des affairesétrangères (DFAE) suisse. Leséminaire a réuni plus d’unecentaine de participants de 14 paysd’Afrique du Nord, de l’Ouest etcentrale, d’une dizaine d’organisa-tions régionales et internationalesainsi que des experts, afin dediscuter la problématique de laprévention de l’extrémisme violentd’une perspective régionale. Cesconversations font suite à cellesorganisées à Dakar en juin 2016.

Arthur Boutellis, Delphine Mechoulanet Aïssata Athie du Centre BrianUrquhart pour les opérations depaix d’IPI ont supervisé les prépara-tions substantives de la rencontre.Delphine Mechoulan et Marie-JoëlleZahar ont assuré la rédaction de cerapport. Ce rapport reflète l’inter-prétation des discussions par lesrapporteurs et ne représente pasnécessairement les opinions de tousles participants.

IPI est reconnaissant envers sesgénéreux donateurs, dont le soutienrend possible les publicationscomme celle-ci. En particulier, IPIremercie la Confédération Suisse.

1 International Peace Institute, « Investir dans la paix et la prévention de la violence en Afrique de l’Ouest et dans leSahel-Sahara : Conversations autour du Plan d’action du secrétaire général », septembre 2016, disponible àwww.ipinst.org/2016/09/investing-in-peace-west-africa-sahel-sahara . Les conversations de Dakar ont contribuéau développement de perspectives régionales sur le Plan d’action du secrétaire général pour la prévention del’extrémise violent. Assemblée générale de l’ONU, Plan d’action pour la prévention de l’extrémise violent du 24décembre 2015 : Rapport du secrétaire général, 24 décembre 2015, UN Doc. A/70/674.

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du séminaire précurseur à Tunis en novembre 20152. L’espace créé par cette initiative lancée il y a dix-huit mois apparaît comme unique et fortementsollicité. Sa dimension régionale originale (unissantAfrique du Nord et Afrique subsaharienne), le soinapporté à la participation d’acteurs d’horizonsprofessionnels divers, un libre espace de parole, lapossibilité d’aborder dans un climat ouvert des sujetssouvent tabous, sont autant d’aspects qui furentfortement soulignés. Un appel a été lancé pour queles initiateurs maintiennent cette dynamique, touten soutenant des actions à une échelle plus réduitequi pourront aussi nourrir une prochaine éditiondes Conversations. Lors des précédentes rencontres, il avait étéconstaté que les politiques relatives à la préventionde l’extrémisme violent devaient être fondées sur desactions conjointes, impliquant les institutions(locales, étatiques, régionales et internationales) etles communautés. Seules de telles actions pourraientapporter des réponses innovantes, adaptées auxcontextes et aux perceptions locales spécifiques.Cette deuxième édition des Conversationsrégionales a donc porté plus particulièrement sur lesquestions liées aux relations État-citoyens, à laparticipation politique, au dialogue inclusif et auxinitiatives multiples dont le résultat, si ce n’estl’objectif, est d’offrir des alternatives à la violence.Ces thèmes furent traités au sein de quatre groupesde travail relatifs à la relation État-citoyens, au rôlespécifique des forces de défense et de sécurité, à celuides médias et à la situation particulière de la régiondu bassin du lac Tchad. En outre, la violence des groupes armés n’est plusconsidérée comme une fatalité mais comme liée àdivers courants de violence qui traversent nospropres sociétés. La violence des inégalités sociales etéconomiques, des dominations, du non-respect desgroupes minoritaires, du comportement noncontrôlé des porteurs d’armes, de l’exclusionpolitique est clairement reconnue. Encore malintégrée aux réponses apportées par les dispositifs etstructures étatiques, cette reconnaissance apparaîtcependant comme un élément émergeant dans lesréflexions et actions des acteurs politiques. Laperception que l’avenir de nos sociétés est en jeu estmaintenant plus globalement partagée. Les rivalités

économiques et communautaires, l’intolérance et lesluttes de pouvoir ne vont pas disparaître, mais laviolence extrême les recadre dans une nouvelleperspective qui va toucher le socle social et politiquede nos sociétés. Visant à mieux comprendre les opportunités etdéfis auxquels font face l’investissement dans la paixet la prévention de la violence, les Conversations deN’Djamena se sont également penchées sur l’articu-lation des réponses et des solutions envisagées.Comment atteindre et maintenir l’équilibre délicatentre les réponses sécuritaires, politiques, socio-économiques, idéologiques et développementales ?Comment appréhender l’articulation entre réponseslocales, nationales et internationales ? Commentprévenir que les agendas ou compréhensionsexternes ne freinent le développement de solutionslocales adaptées et donc durables ? Commentsoutenir les efforts tant publics que privés quirenforcent très concrètement la prévention ou l’ontclairement comme objectif ?

Un éventail d’acteurs et denouvelles relations

Les Conversations de N’Djamena ont souligné lamultiplicité des acteurs impliqués dans la préven-tion de l’extrémisme violent et rappelé l’impor-tance de concilier les différents niveaux de réponse.Partant du constant que le phénomène est lié, entreautres et suivant les circonstances, à des déficits degouvernance, d’absence de dialogue et de véritablecontrat social entre l’État et les citoyens, elles ontcependant mis l’accent sur la centralité de l’actionétatique. L’extrémisme violent touche, en effet,directement aux fonctions régaliennes des Étatsinvitant ceux-ci à y répondre de manièreappropriée. Relevant l’importance du leadershipétatique dans l’élaboration et la mise en œuvre depolitiques de prévention, les participants ontsouhaité que les États fassent preuve d’autant dedynamisme et de volontarisme dans cette préven-tion que dans leur engagement à combattrel’extrémisme violent par les moyens militaires. Car si la lutte contre l’extrémisme violent alongtemps été le pré carré des forces de défense etde sécurité, et les réponses apportées restées trop

2 International Peace Institute, « L’extrémisme violent : Vers une stratégie de prévention dans l’espace francophone », janvier 2016, disponible àwww.ipinst.org/2016/01/violent-extremism-toward-a-strategy-of-prevention-in-the-francophone-space .

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souvent principalement sécuritaires, ces forcesn’ont pas le monopole de la question sécuritaire.Elles ne sauraient assumer des fonctions d’ordrepolitique ou économique qui doivent égalementêtre mobilisées pour répondre aux enjeux que posela violence extrémiste. De plus, si les forces dedéfense et de sécurité sont certes des acteurs destabilisation, leur comportement peut tout aussibien devenir source de problèmes, notammentlorsque le déploiement des forces s’accompagned’exactions, qui peuvent provoquer une accéléra-tion de la radicalisation des populations, ou d’unepartie d’entre elles. Il est donc important de mettre sur pied desarmées plus inclusives, et des forces de police etgendarmerie plus locales, donc représentatives dela diversité des sociétés et plus susceptibles d’êtreen phase avec les populations. Par ailleurs,plusieurs questions liées aux responsabilités desforces de défense et de sécurité appellent des suivisnon-sécuritaires, tels l’accueil des repentis (ex-engagés) ou encore la gestion des aspects humani-taires des zones de violence extrême. Les gouverne-ments semblent encore démunis à cet égard et uneapproche commune sécurité nationale et sécuritéhumaine s’avère nécessaire sur tous les terrains deconflits violents. En partant du constat que les structures etactions étatiques sont nécessaires mais insuff-isantes, l’engagement de l’ensemble de la société,femmes, jeunes, chefs religieux et traditionnels,médias et secteur privé, comme acteurs clés de laprévention de l’extrémisme violent s’avèreindispensable ; il n’est plus suffisant de les consid-érer comme des bénéficiaires. Pour renforcer cetteparticipation, les relations État-société doiventévoluer de manière à conforter le rôle desstructures traditionnelles lorsqu’elles bénéficientencore d’une légitimité locale. Il est égalementnécessaire de multiplier les espaces pour les initia-tives de femmes et de jeunes, et créer un cadrepermettant à chaque catégorie d’acteurs de jouerson plein rôle (y compris le secteur économique etcommercial) comme instigateur d’initiatives qui sesont révélées, dans de nombreuses situations, depuissants moteurs de prévention tant localementque nationalement ou internationalement. Le rôlede l’État, au-delà de ce que les institutions etadministrations sont amenées à porter elles-mêmescomme mesures de prévention, consiste à favoriser

de telles initiatives, à les valoriser et à les considérercomme une richesse commune. De nombreuses expériences et initiativestémoignent déjà d’une véritable volonté d’implica-tion de la société civile, menées en particulier pardes organisations de femmes et de jeunes quimultiplient les espaces de dialogue et les projetstransversaux (formations à l’entreprenariat,dynamiques alternatives, actions de divers typesauprès de milieux traversés par des idéologies et desprojets violents, et même recherche de contact avecles forces de défense et de sécurité, pour réfléchirensemble aux enjeux de la violence et de sa préven-tion). Les communautés directement touchées parla violence ont aussi développé, par leurs propresmoyens, des réactions de prévention. Il s’agitcependant de bien comprendre la variabilité deslieux et des formes de gouvernance pour évaluer lesréactions des communautés directement touchéesqui ne réagissent pas de la même manière d’unezone à une autre. Comprendre la diversité de cesréponses devrait ainsi permettre de mieux identi-fier les facteurs spécifiques qui, dans un environ-nement donné, contribuent à favoriser soit unfaisceau de réactions positives, soit une détériora-tion de la situation. L’évolution de l’utilisation du langage pourexprimer le désarroi que provoque l’extrémismeviolent est en train de changer rapidement. Deglobale et condescendante qu’elle fut pendantlongtemps, l’approche descriptive du phénomènecomplexe de la violence actuelle devient plussubtile, plus nuancée, plus proche des réalités deterrain. Une prise de conscience de la nécessité des’éloigner des amalgames, des concepts, dedifférencier les terrains et les comportements, demultiplier les études concrètes de réalités multiples,montre que nos sociétés s’adaptent peu à peu aubesoin évident de considérer chaque situation,même très locale, pour elle-même. L’échecd’approches ou de discours menant à des mesuresglobales et non différenciées, ou ne cherchant àaborder que certains facteurs, parfois mineurs, del’extrémisme violent, confirme la nécessitéd’orienter les esprits vers plus de subtilité, depatience, d’écoute et d’ouverture. Quant aux médias (radios communautaires,réseaux sociaux, journaux, audio-visuel), leurimportance dans la promotion et la sensibilisationà la prévention (en particulier dans l’utilisation

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d’un vocabulaire adéquat pouvant infléchir l’actiondans un sens positif) n’est plus à souligner ; lesparticipants ont noté que l’utilisation de termes telsque ‘barbares’ ou ‘gangrène’ pour décrire lesextrémistes violents et ‘dératiser’ pour décrire lessolutions préconisées pour faire face à l’extrémismeviolent, souligne tout particulièrement le rôle, enl’espèce négatif, que peuvent jouer les médias dansla formation de l’opinion publique. Les radioscommunautaires, quant à elles, en évitant detransmettre des discours de haine, contribuent à laprévention et au dialogue, comme le montrent, parexemple, la retransmission de cafés politiques, oules échanges entre acteurs politiques et activistes dela société civile, diffusés comme podcasts. Si les journalistes peuvent donc être acteurs de laprévention, ils font aussi face à des difficultéslimitant leur efficacité : restrictions de liberté, quimenacent leur indépendance, manque de moyens,de formations et de protection leur permettantd’assumer le rôle capital qu’ils peuvent jouer. Il fautdonc renforcer les moyens qui peuvent leurpermettre de mieux remplir ce rôle de prévention.Ce bouleversement donne raison aux médiasautonomes, adaptés aux besoins, indépendants etprofessionnels, ainsi qu’à l’essor de radios localessérieuses. La pression des médias internationaux,qui expriment le besoin d’obtenir de l’informationneutre, augmente cette reconversion.

La convergence d’initiativeslocales, nationales etrégionales

Constatant les limites objectives des réponses àl’extrémisme violent proposées par les programmesde sécurité militaire, et aux impasses auxquellesmènent certains modes d’action, les Conversationsont bénéficié de la présentation de nouvelles etnombreuses approches de prévention. En premier lieu, et au vu du caractèretransfrontalier et transnational du phénomène del’extrémisme violent, la responsabilité des organi-sations régionales, telles que celle qui gère le bassindu lac Tchad, et qui sont dotées de conceptsd’opérations et de règles d’engagement communs,doit porter aussi sur des réponses politiques,humanitaires et développementales, et nonseulement sécuritaires. Il est attendu de ces organi-

sations qu’elles facilitent la coordination d’inter-ventions multisectorielles, multipartenaires etmulti-échelles, qu’elles harmonisent les politiquesdes différents États concernés et assurent la circula-tion de l’information au niveau régional. Emanantde la région, ces réponses militaires, comme celledu G5 Sahel, de la Commission du bassin du lacTchad ou de l’Autorité pour le développementintégré du Liptako-Gourma, doivent se développersans pour autant se substituer à des politiquesétatiques responsables. Les progrès enregistrés dans le développement deréponses régionales sécuritaires et militairescontrastent fortement avec la faible progression desplans régionaux de prévention et du manque decoordination entre eux. Ceux-ci devraient inclure,entre autres, le développement d’approchesrégionales légales, d’une politique commune dedésarmement, démobilisation et réinsertion(DDR), ou de formations standard sur les droits del’homme et le droit international humanitaire àl’intention des forces armées. Les espaces dedialogue inclusif doivent aussi y trouver toute leurplace. Au cours de l’année qui a séparé les premières desdeuxièmes Conversations régionales, lesévénements liés à la violence extrême se sontmultipliés un peu partout dans le monde. Ils ontprovoqué une prise de conscience nouvelle pourbeaucoup : les violences étatiques et interna-tionales, loin de réduire celles des groupes armés,les ont au contraire stimulées. Les attentats se sontmultipliés et géographiquement étendus. De cetteeffervescence s’est consolidée la certitude que l’actemilitaire est loin d’être suffisant et que l’engage-ment de toute la population est nécessaire. Ceci,tant sur le plan familial, communautaire, culturel,religieux, social et économique que dans lanécessité de coopérer, c’est-à-dire de dialoguer,entre tous les secteurs de la société. Les populationsdoivent être d’avantage reconnues par les autoritéscomme la meilleure protection contre la violence etleur coopération devient non seulement évidente eturgente, mais aussi indispensable. Le rôle descomités de vigilance et des renseignements obtenusauprès des communautés fut souligné à cet égard ;mais ce rôle est ambigu et encore trop peu réfléchi,posant ainsi des problèmes sur le long terme. Une urgence s’est donc imposée auxConversations : celle de bâtir ou consolider des

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passerelles tant horizontales que verticales entre lesmultiples acteurs concernés. Établir une collabora-tion entre les gouvernements, les forces de sécurité,l’armée, les organismes de la société civile, lescommunautés, les médias et le secteur privé aideraparticulièrement à surmonter les problèmes deconfiance qui entachent souvent les relations entreces différents acteurs. La participation des popula-tions, souvent, hélas, encore symbolique, et lesexpériences de dialogue avec les autorités reflètentcertes des efforts d’écoute ponctuels, mais sont troprares, en particulier par l’absence reconnue departicipation de la société civile aux réflexions quientourent toutes les formes de préventionenvisageables. Par principe, les approches nationales etrégionales devraient s’appuyer sur ce qui se fait surplace et soutenir d’abord les initiatives locales. Ceciimplique de développer des capacités civiles là où laviolence extrême sévit et de les valoriser, ce quiamplifierait les multiples initiatives déjà existantes.La société civile, en particulier les femmes et lescommunautés locales, pourrait par exemple aider àla réinsertion et la réintégration des personnesradicalisées. Il en va de même pour les minorités etles victimes directes de l’extrémisme violent.Surtout, cela devrait être l’occasion d’engager undialogue sociétal sur ce qui a causé ces violences, undialogue impliquant les autorités, la société civile,les victimes et les anciens combattants ; le pardonest un exutoire important, mais ne saurait fairel’économie de regarder en face les sources du mal etde renforcer la résolution commune de travaillerensemble à ce qu’elles ne perdurent pas. Dans laperspective d’une réconciliation future, maissurtout dans le but ultime des efforts de prévention,engager le dialogue le plus rapidement possibleavec les extrémistes violents et ceux qui lesappuient est également fondamental, aussi difficileque cela puisse paraître. Les crises multiples qui déchirent les sociétés,dans les familles, au travail, au sein descommunautés et entre administrations etadministrés, ont provoqué de nombreusesréponses de la société civile. Des centres destinés àla jeunesse ont par exemple été créés, favorisantainsi, par le biais de leurs multiples activités, laprise de conscience du danger du terrorisme. Lesanciens et les religieux, en cherchant à réintroduireles valeurs traditionnelles, revigorer les normes

sociales et proposer une lecture des textes religieuxqui problématise et remet en question le passage àla violence, jouent également un rôle clé. Il est important de capitaliser sur les expériencespositives en identifiant et recensant les initiatives etleur éventuelle réussite, ainsi que leur adaptationau contexte et aux spécificités locales, tout enreconnaissant qu’il n’est pas possible de répliquertelles quelles les expériences réussies. Latemporalité de ces initiatives doit tenir compte del’espace-temps nécessaire à leur application : mêmel’urgence doit être accompagnée de la recherche desolutions structurelles, comme par exemple lors deconflits fonciers, de tensions qui opposent agricul-teurs et éleveurs, ou encore dans les domaines del’éducation et de l’économie, avec une focaleorientée sur les opportunités offertes aux jeunes. Enfin, les politiques et instruments de préventiondoivent se déployer rapidement avant que les crisesn’éclatent, pour faire contrepoids à la capacitéd’adaptation des groupes extrémistes violents, quisavent utiliser le temps en leur faveur, celui desÉtats étant souvent « le temps de l’inertie ». En cesens, les questions d’environnement et les réponsesdes populations, y compris violentes, aux effetsnégatifs des changements, le cas du bassin du lacTchad en est un bon exemple, confirment lanécessité tant de fois évoquée d’aborder lessituations de crise de manière différenciée et avecdes moyens d’information complets.

Appuyer les acteurs locaux,dialoguer et approfondir lacollaboration

Les Conversations ont identifié trois recommanda-tions génériques : appuyer les acteurs locaux,dialoguer, et approfondir la collaboration oùqu’elle se situe. Néanmoins elles ont égalementidentifié des défis à surmonter en relation avecchacune de ces recommandations.SOUTENIR LES ACTEURS LOCAUX DELA PRÉVENTION

Les populations étant au cœur des enjeux de laprévention de l’extrémisme violent, il est importantde gagner leur adhésion dans l’optique d’unerecherche endogène de solutions et qui, surtout,puissent être considérées comme légitimes parelles. Trois besoins paraissent prioritaires à cet

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égard : un engagement accru en faveur du vivreensemble de la part d’acteurs et d’interlocuteurslégitimes de la société civile, en particulier lesleaders communautaires et les chefs religieux ettraditionnels ; la création d’espaces de dialogue,notamment interconfessionnel ou intra-confes-sionnel ; et la mise en place de solutions innovantespermettant de ramener les jeunes des groupesextrémistes dans le giron communautaire, par unprocessus et une offre d’alternatives où ils doiventpouvoir trouver des réponses à leurs légitimesaspirations, et non pas abandonner celles-ci. Les modalités d’appui aux acteurs locauxsoulèvent néanmoins certains défis sur lesquels lesConversations se sont penchées activement : dansun contexte de crise de gouvernance, il estimportant pour les États et les intervenantsexternes de parvenir à appuyer ces acteurs locauxsans les délégitimer. A cet effet, il sera important detrouver des incitations pour les acteurs locaux àpratiquer l’inclusion, alors même que le climatpolitique est traversé par des actes de violence etque les communautés prennent elles-mêmes encharge leur propre sécurité (milices communau-taires ou comités de vigilance très présents au Mali,au Burkina Faso, au Tchad, au Nigéria ou auCameroun). Les États et les intervenants devront enparticulier trouver des moyens de protéger lavaleur des ressources qu’offrent les communautésalors que plusieurs pays de la région voient les chefscommunautaires traditionnels progressivementremplacées par des chefs politico-militaires oubousculés par les nouvelles générations quis’ouvrent à un monde global. Au sein de cette société, c’est le rôle essentiel desfemmes qui est souligné, protectrices de leursenfants et de la société, souvent garantes desavancées et des victoires politiques acquises. Maisun défi demeure : les femmes sont souvent « infantilisées » et pas considérées comme desactrices à part entière, soit de la violence, soit de saprévention. Cela alors qu’elles peuvent jouer unrôle clé d’influence par exemple en retenant leursmaris et leurs enfants et en œuvrant activement à lapaix et à l’inclusion ; ou dans l’action en poussantleurs hommes à rejoindre les groupes armés, lesforces armées ou les groupes d’auto-défense. Il estégalement important pour les États de réfléchirdavantage au rôle de celles-ci et à leur placepossible au sein des groupes armés, des forces

armées, et des services de renseignement. Une alerte particulière a été émise durant cesConversations : les mouvements tectoniques quitraversent la jeunesse ne sont pas encore perçus àleur juste titre par les aînés, les cadres en place et lesinstitutions étatiques ou civiles. Mais la rapidité desprises de conscience des jeunes et le caractèreimmédiat de leurs réponses, notamment par l’utili-sation systématique des réseaux sociaux, secouentdéjà les habitudes. La créativité des jeunes n’est pasencore suffisamment reconnue et risque, par là-même, de déborder des cadres institutionnelstraditionnels. Les freins qui leur sont encoreopposés, menant à des sentiments d’abandon,peuvent accélérer les actes de violence et grossir lenombre de ceux qui veulent en découdre avecl’ordre passé, via ou non les groupes violentsextrémistes. Ces Conversations furent formelles : les clivagesdoivent être compensés rapidement, l’écoute desjeunes devenir systématique, le dialogue s’engagersur le champ, un sens être donné à leur vie, sansquoi de nouveaux types de violences, de discoursinaudibles aux oreilles des aînés, vont se répandredavantage. Il faut urgemment et impérativementdonner aux jeunes les moyens de leur action. Considérer d’un regard neuf les questions liées àla religion, aux écoles coraniques et au rôle deschefs religieux permet de s’éloigner des simplifica-tions et des solutions toutes faites. Loin desamalgames trop souvent avancés, la prise encompte des aspects culturels de ces questions, desmultiples nuances à souligner, de l’inanité desefforts de « déradicalisation » hors contexte, de laplace ébranlée des chefs religieux dont les liens avecles services de renseignement les ont souventdélégitimisés auprès de leur population, donne uneidée de l’ampleur et de la diversité de la place del’islam dans la prévention. Un autre aspect fut pris en compte par lesConversations : si la jeunesse, en particulier,demeure fragile et vulnérable dans la plupart despays de la région, c’est aussi parce que ledéveloppement économique n’est pas basé sur unpartage équitable des ressources et que la jeunessesans emploi est la première victime de cettesituation. Les réponses doivent donc inclure ladimension économique en offrant des opportu-nités aux jeunes. Si les réponses de l’ONU et de

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l’Union africaine (UA) combinent déjà certaines deces dimensions sécurité-développement-gouver-nance, notamment par le biais des Objectifs dedéveloppement durable (ODD), il est crucial qu’ilen soit de même pour les États.DIALOGUER POUR CONSTRUIREENSEMBLE

La question du dialogue comme un outil central dela prévention de la violence est ressorti en filigranede beaucoup d’interventions. Les Conversationssont elles-mêmes un espace de dialogue et decréation de passerelles entre acteurs multiples —lesquels ont souligné leur aspiration à ce que lediagnostic des problèmes de violence extrêmepuisse être posé par tous les concernés. Que seulesdes solutions réfléchies et élaborées de manièrecollective auraient l’adhésion nécessaire à leur miseen œuvre effective. Que seule la mise en œuvreparticipative des solutions bénéficiera à tous. Etqu’enfin, sans le dialogue, la confiance, souventmise à mal, ne pourra s’établir pour assurer lapérennité des contrats sociaux mobilisés en vue dela paix. Ce dialogue doit pouvoir se faire à toutes leséchelles et entre tous les acteurs concernés — maisprincipalement entre l’État, ou plus exactement leshommes et les femmes qui gouvernent, quiadministrent, qui rendent justice, qui assurent ladéfense et la sécurité, et les citoyens. LesConversations ont montré que le dialogue, mêmesur des questions sensibles et qui divisent, estpossible — que la peur de l’autre ou de l’inconnupeut être surmontée. Il y a là également unevéritable opportunité pour les États de renouer desrelations de confiance, et de valoriser et stimuler lessolutions dont ils ne sont peut-être pas porteurs,mais qui constituent aussi une richesse pour laprévention ; c’est aussi le sens de la participationcitoyenne à la construction de la nation.APPROFONDIR LA COLLABORATION

La prévention de l’extrémisme violent est inclusedans plusieurs stratégies régionales et, danscertaines régions, fait l’objet, d’une multiplicitéd’initiatives et de projets locaux. Dans le bassin dulac Tchad, par exemple, on a vu l’émergence d’uneaction sécuritaire commune au niveau des pays dela ligne de front, mais il n’y a pas ou peu d’autressynergies et programmes concertés entre les États,

les ONG et les communautés pour répondre auxbesoins des populations de la zone. Comment,alors, gérer les questions d’échelle et l’articulationdes réponses entre le local et le régional ? Commentanimer une coopération, autre que sécuritaire, quiest encore balbutiante ? Sachant que les initiativesen faveur de la prévention de l’extrémisme violentpeuvent être difficiles à décrire et à mesurer entermes d’impact et donc moins susceptibles d’êtrefinancées, notamment par les partenaires, il estimportant de réfléchir à comment s’émanciper ducarcan du manque de ressources. Il est également essentiel de renforcer la collabo-ration entre les diverses stratégies lancées dans unemême région. Les stratégies régionales permettentde proposer des réponses transnationales à desmenaces qui le sont aussi. Elles facilitent la coordi-nation entre différents acteurs et initiatives et lepartage d’expériences, bien qu’avec 17 stratégiesrégionales pour le Sahel, on peut craindre qu’il y aitplus de coordinateurs que de moyens àcoordonner. Les initiatives régionales peuvent êtreégalement utiles pour l’appui des partenaires et lamobilisation des ressources. Ce sont aussi desespaces où il est potentiellement plus facile dediscuter des désaccords, notamment au sujet de lacompréhension des phénomènes locaux deviolence et des réponses appropriées à y apporter,quand et si ces réponses ne prennent pas leraccourci de la standardisation qui risque degommer la spécificité de chaque contexte. Pour leur part, les stratégies locales ont l’avantagede la proximité, de la légitimité des acteursimpliqués et de la spécificité des solutions précon-isées. Comment toutefois convaincre les uns et lesautres de l’importance stratégique de mener ousoutenir une multiplicité d’initiatives locales qui,parce qu’elles répondent aux réalités des différentscontextes, peuvent paraître éclatées et fragmentées ?Comment réconcilier une grande missiononusienne, ou régionale, et une approche locale ? Sila régionalisation est un partage d’expériences,l’approche locale donne plus d’initiatives auxcommunautés et permet de réaliser de petiteschoses, avec de grandes ambitions. L’important estdéjà d’identifier des approches locales qui ont réussiet d’en diffuser les enseignements, s’ils sontpertinents pour d’autres situations.

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Conclusions

Ces Conversations régionales, réunissant desacteurs en provenance d’horizons fort divers,avaient comme objectif de développer l’écoutemutuelle, évaluer les capacités de collaboration,identifier les possibilités de travailler ensembleainsi que partager les difficultés rencontrées maisaussi des expériences réussies dans la prévention del’extrémisme violent. Si les initiatives sontnombreuses et démontrent tout l’intérêt queportent les différents acteurs à cette question,l’absence d’une véritable collaboration transna-tionale autre que sécuritaire et de stratégie allantau-delà des approches techniques sont des limitestoujours réelles. Ces Conversations ont rappelé le besoin d’enrevenir à des processus simples de réflexion sur cequi existe et qui fonctionne avec succès en évitantde reproduire, par facilité, des formes de réponsedéjà mises en place ailleurs et, souvent, peufonctionnelles. La première des évidences partagées concerne lanécessité de multiplier les espaces de dialogue entretoutes les composantes pertinentes de la société. La seconde souligne le succès de ceux qui eurentl’ambition d’accomplir de petites choses, chacun àson niveau, plutôt que d’attendre que les mesuresde protection et de prévention se mettent en placede manière nationale ou internationale. La troisième considère que les gouvernementssont les premiers responsables de la mise en placede gouvernances adéquates reposant sur unevolonté politique de prévention, même si celle-cin’est pas sans risque quand il s’agit d’aborder lesquestions de dialogue avec les populations

touchées par la violence et, plus risquée encore,celles du dialogue avec les groupes armés utilisantla violence extrême. La quatrième évidence souligne la nécessitépour les Etats de faire preuve de la même volontéfarouche de résultats probants dans leurs actions deprévention que celle affichée lors de l'engagementmilitaire. Pour ce faire les États devront trouver,construire et emprunter les passerelles qui leurpermettront de travailler main dans la main, nonseulement les uns avec les autres, mais avec toutesles forces vives de leurs sociétés. La cinquième, qu’il existe en effet des initiativesréussies de prévention de l’extrémisme violent, etque celles-ci méritent d’être mises en évidence etpartagées en tout cas autant, si ce n’est plus, que lesviolences qui continuent à occuper une large partde notre paysage quotidien. Ces deuxièmes Conversations ont montré queles préoccupations à leur origine, loin des’estomper, ont nettement gagné en importance etque certaines recommandations faites lors desprécédentes Conversations méritaient uneattention renouvelée, car un long chemin lesséparait encore de leur application — par exemple,l’implication des femmes dans les initiatives deprévention, les dialogues gouvernement–sociétécivile, le rôle du secteur privé dans la résilienceéconomique des jeunes, les espaces de dialogue àcréer par les institutions internationales, lesblocages et la lenteur des changements institution-nels et le fait que les États de la région et leurspartenaires continuent à accorder priorité àl’approche sécuritaire et militaire. L’approche deprévention exige que l’on continue à y consacrerune attention soutenue.

8 COMPTE-RENDU DU SÉMINAIRE

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Programme

Mercredi 31 mai 2017

8 h 15 à 8h 45 Arrivée et inscription des participants

8 h 45 à 9 h 15 Discours d’ouverture Mohamed Ibn Chambas, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies

pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel Willi Graf, Directeur du Bureau de coopération suisse au Tchad Arthur Boutellis, Représentant de l’International Peace Institute (IPI) Pierre Buyoya, Haut représentant pour le Mali et le Sahel, Union africaine Stephen Tull, Coordonnateur résident des Nations Unies, Coordonnateur humanitaire et

représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement au Tchad

9 h 15 à 9 h 25 Lancement des travaux

Hawa Outmane Djame, Secrétaire d’État aux affaires étrangères, Tchad

9 h 25 à 10 h 00 Pause-café

10 h 00 à 11 h 30 Première séance plénière

L’investissement dans la paix et la prévention de la violence : Opportunités et défis Cette séance visera à restituer les principales conclusions et l’esprit des conversations

régionales pour la prévention de l’extrémisme violent lancées à Dakar, et à poursuivre etapprofondir la réflexion engagée sur les approches préventives basées sur la participationpolitique, l’amélioration des relations État-citoyen/gouvernants-gouvernés et le dialogueinclusif dans des sociétés et des espaces en recomposition pour éviter de nouveaux cycles deviolence. La question des dynamiques entre acteurs socio-politiques sera en particulierexaminée.

Président Arthur Boutellis, International Peace Institute

Panelistes Marie-Joëlle Zahar, Professeure titulaire, Science politique, Fellow, Centre d’études et de

recherches internationales, Université de Montréal, Canada Bakary Sambe, Président, Institut Timbuktu ; Directeur, Observatoire du radicalisme et

des conflits religieux, Sénégal Peter Harling, Fondateur et directeur, Synaps Network, Liban Abdoulaye Maïga, Chef d’escadron, Analyste principal, Direction de l’alerte précoce,

Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest

11 h 30 à 13 h 00 Deuxième session plénière

Les manifestations concrètes de l’extrémisme violent dans le Sahel-Sahara : Queldiagnostic font les acteurs régionaux, nationaux et locaux ?

Cette séance cherchera à poursuivre le partage d’expériences sur comment les États, les

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citoyens et les organisations de la région perçoivent et définissent la question del’extrémisme violent dans le Sahel-Sahara. Des chercheurs et centres de recherches présen-teront leurs travaux menés dans divers pays de la région comme point de départ pour cetteconversation, examinant notamment les dynamiques socio-économiques, politiques ettransfrontalières qui peuvent favoriser la violence.

Président Stephen Tull, Coordonnateur résident des Nations Unies, Coordonnateur humanitaire et

représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement au Tchad

Panelistes Larry Gbevlo-Lartey, Représentant spécial de l’Union africaine pour la coopération

antiterroriste et Directeur du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme,Union africaine

Saïbou Issa, Directeur de l’École normale supérieure de Maroua, Université de Maroua,Cameroun

Herrick Mouafo Djontu, Chercheur associé, Modus Operandi, France Yvan Guichaoua, Brussels School of International Studies, University of Kent, France Séverin Kouamé, Enseignant-chercheur à l’Université de Bouaké, Coordinateur d’Indigo

Côte d’Ivoire/Interpeace, Côte d’Ivoire

13 h 00 à 14 h 00 Pause déjeuner

14 h 00 à 17h 30 Groupes de travail thématiques

Échange d’expériences réussies de prévention dans le Sahel-Sahara (Afrique centrale,Afrique du Nord et Afrique de l’Ouest)

Quatre groupes de travail distincts (avec un rapporteur pour chacun d’eux) discuteront dela prévention de l'extrémisme violent dans la région Sahel-Sahara en examinant lesfacteurs associés à des sociétés pacifiques et résilientes, avec une attention particulière auxrelations État-citoyen/gouvernants-gouvernés et qui une fois renforcées constituent unrempart à l’éclosion et à la propagation de la violence (plutôt que de s’intéresser unique-ment aux facteurs qui alimentent et soutiennent des actes de violence). Les participantssont encouragés à donner des exemples de la façon dont les Etats et/ou les citoyens etcommunautés et les organisations cherchent à prévenir la violence extrême dans cesdomaines particuliers. Les réponses ou les besoins de réponses transnationales serontégalement discutés.

Ces groupes de travail restreints seront composés d’une quinzaine de personnes, ettraiteront chacun d’une dimension de la prévention de l’extrémisme violent. Il serademandé à quelques participants (« discutants ») de lancer la discussion sur la base de leurexpérience (pour de courtes interventions de 4 à 5 minutes maximum), mais la suite deséchanges se déroulera de manière interactive. Un rapporteur par groupe sera désigné afinde présenter les résultats des discussions des groupes de travail. Une interprétationsimultanée français-anglais sera disponible.

Groupe 1 : Comment réaliser le potentiel de prévention venant de structures consulta-

tives, portées en particulier par des femmes et des jeunes ?

Président Hamid Boukrif, Ambassadeur, Ministère des affaires étrangères, Algérie

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Rapporteur Emmanuel Tronc, Expert consultant ; ancien responsable international Médecins Sans

Frontières, France

Groupe 2 : Comment faire pour que le traitement médiatique de la violence contribueà la prévention ?

Président et Rapporteur Kouider Zerrouk, Chef des communications et de l’information publique, Bureau des

Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Sénégal

Groupe 3 : Comment faire pour que les forces de défense et de sécurité contribuentaux efforts de prévention ?

Président Général Paul Ndiaye, Centre des hautes études de défense et de sécurité, Sénégal

Rapporteur Yvan Guichaoua, Enseignant chercheur, Université de Kent, Brussels School of

International Studies, France

Groupe 4 : Spécificités de la région du bassin du lac Tchad : Défis et opportunités pourune approche préventive au niveau local, national et régional ?

Président Moussa Dago, Secrétaire général, Ministère des affaires étrangères, Tchad

Rapporteur Christian Pout, Président, Centre africain d’études internationales diplomatiques

économiques et stratégiques, Cameroun

Jeudi 1er juin 2017

09 h 30 à 11 h 00 Troisième session plénière

Présentation des résultats des groupes de travail

12 h 00 à 13 h 00 Déjeuner

13 h 00 à 14 h 45 Quatrième séance plénière

Vers une approche régionale de la prévention de l’extrémisme violent Sur la base des conclusions des quatre groupes de travail, les participants examineront les

moyens dont les citoyens et les États et leurs partenaires régionaux et internationauxpourraient plus efficacement aborder la question de la prévention de l’extrémisme violent,y compris à travers une approche régionale dépassant les frontières et qui prendrait encompte les défis et les opportunités que présente le contexte régional. L’objectif sera deformuler des recommandations qui peuvent être mises en œuvre par les praticiens de larégion, au sein des États et à travers des ensembles sous régionaux formels ou informels,

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dans certains cas avec le soutien de l'ONU et des autres partenaires, y compris un soutienaux mécanismes, processus et initiatives, nouvelles ou déjà existantes, au niveau local,national et régional.

Président Mahamat Saleh Annadif, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au

Mali et Chef de la MINUSMA Panelistes Najim El Hadj Mohamed, Secrétaire permanent, G5 Sahel Sanusi Imran Abdullahi, Secrétaire permanent, Commission du bassin du lac Tchad Abdoulaye Mohamadou, Secrétaire exécutif adjoint, Conseil de l’entente, Niger Stephanie Wolters, Chef du Peace and Security Research Program, Institute for Security

Studies, South Africa Jean-Hervé Jezequel, Directeur adjoint Afrique de l’Ouest, International Crisis Group

14 h 45 à 15 h 00 Pause-café

15 h 00 à 15 h 45 Synthèse générale et remarques de clôture

Marie-Joëlle Zahar, Professeure titulaire, Science politique, Fellow, Centre d’études et derecherches internationales, Université de Montréal, Canada

Mohamed Ibn Chambas, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Uniespour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel

Jean-Daniel Biéler, Conseiller spécial, Division sécurité humaine, Département fédéral desaffaires étrangères, Suisse

Arthur Boutellis, International Peace Institute

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Sanusi Imran AbdullahiCommission du bassin du lac Tchad

Christiane Agboton JohnsonCentre des hautes études de défense et de sécurité,Sénégal

Mohamed AnackoConseil régional d’Agadez, Niger

Hannah ArmstrongConsultante, Algérie

Aïssata AthieInternational Peace Institute

Abdoulaye BaFondation Cordoue de Genève, Suisse

Ahmat Mahamat BachirMinistère de la sécurité publique et de l’immigration, Tchad

Colonel Didier BadjeckMinistère de la défense, Cameroun

Godefroy BarandagiyeUnion africaine

Pauline BendFondation Hirondelle, Niger

Ali BensaadUniversité Paris 8, France

Jean-Daniel BiélerDépartement fédéral des affaires étrangères, Suisse

Hamid BoukrifMinistère des affaires étrangères, Algérie

Arthur BoutellisInternational Peace Institute

Pierre BuyoyaMission de l’Union africaine pour le Mali et leSahel

Moussa DagoMinistère des affaires étrangères, Tchad

Romain DarbellayAmbassade de Suisse en Tunisie

Marielle DebosUniversité Paris 10, France

Massaër DialloInstitut d’études politiques et stratégiques, Sénégal

Michael DidamaLe Temps, Forum des responsables des médias del’Afrique centrale

François Michel Moundor DieneMinistère des affaires étrangères et des Sénégalaisde l’extérieur, Sénégal

Colonel Babacar DioufCentre des hautes études de défense et de sécurité,Sénégal

Bichara Issa DjadallahMinistère de la défense nationale, des ancienscombattants et des victimes de guerre, Tchad

Hawa Outmane DjameSecrétaire d’État aux affaires étrangères, Tchad

Enoch DjondangG5 Sahel, Tchad

Herrick Mouafo DjontuModus Operandi, France

Hillmann EgbeÉquipe spéciale des Nations Unies pour la luttecontre le terrorisme

Abou El Mahassine Fassi-FihriSearch for Common Ground, Tunisie

Frej FennicheExpert droits de l’homme, Suisse

Participants

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Annalena FluryBureau de la coopération suisse au Tchad

Guibaï GatamaL’Œil du Sahel, Cameroun

Gali Ngothé GattaDéputé, Tchad

Larry Gbevlo-LarteyUnion africaine, Centre africain d’études et derecherche sur le terrorisme, Algérie

Aliyu GebiMinistère de l’intérieur, Nigéria

Abderamane Ali GossoumianComité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation, Tchad

Willi GrafBureau de la coopération suisse au Tchad

Romain GuelbePlateforme interconfessionnelle, Tchad

Yvan GuichaouaBrussels School of International Studies,University of Kent, France

Peter HarlingSynaps Network, Liban

Idayat HassanCentre for Democracy and Development, Nigéria

Pascal HolligerAmbassade de Suisse au Nigéria

Mohamed Ibn ChambasBureau des Nations Unies pour l’Afrique del’Ouest et le Sahel

Saïbou IssaUniversité de Maroua, Ministère de l’enseignement supérieur, Cameroun

Jean-Hervé JezequelInternational Crisis Group, Sénégal

Moussokoro KaneNations Unies, Tchad

Nènè KonatéInstitut malien de recherche action pour la paix,Interpeace, Mali

Séverin KouaméIndigo Côte d’Ivoire/Interpeace, Côte d’Ivoire

Noélie KouraogoAmnesty International, Mys’TIC, Burkina Faso

Ahmed LabnoujInterpeace Afrique du Nord, Libye

Muhammad Nurudeen LemuIslamic Education Trust, Nigéria

Ngaryambang MadjimgayeComité national de coordination G5 Sahel

Lisa Magnollay KarlenDirection du développement et de la coopération,Suisse

Issouf Ag MahaMaire de Tchirozérine, Niger

Abdoulaye MaïgaCommunauté des États de l’Afrique de l’Ouest

Niamké E. Benjamin MalanMinistère des affaires étrangères, Côte d’Ivoire

Bamanga Abbas MalloumAmbassade du Tchad en Suisse

Les McBrideUS Agency for International Development, Tchad

Delphine MechoulanInternational Peace Institute

Florent MéhauleBureau de la coordination des affaires humanitaires, Tchad

Madeleine MembMediaWomen4Peace, Cameroun

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Imam Abakar Walar ModouHaut conseil islamique, Tchad

Abdoulaye MohamadouConseil de l’entente, Niger

Ameur MokhtarCommission nationale de lutte contre le terrorisme, Tunisie

Jolie-Ruth MorandGeneva Centre for the Democratic Control ofArmed Forces, Suisse

Carol MottetDépartement fédéral des affaires étrangères, Suisse

Vanessa MoungarCenter for Regional Strategies, Foruméconomique mondial

Najim El Hadj MohamedG5 Sahel

Général Paul NdiayeCentre des hautes études de défense et de sécurité,Sénégal

Mahamat Saleh AnnadifMINUSMA, Mali

Abdullahi OmakiSavannah Centre for Diplomacy, Democracy andDevelopment, Nigéria

Christian PoutCentre africain d’études internationales diploma-tiques économiques et stratégiques, Cameroun

Mohammed Abdelwahab RafiqiCheikh, Maroc

Zakaria Ousman RamadanExpert, Tchad

Bakary SambeObservatoire du radicalisme et des conflitsreligieux, Sénégal

David SmithDandal Kura Radio International, Tchad

Aslam SouliAssociation Beder pour la citoyenneté et ledéveloppement équitable, Tunisie

Moussa TchangariAlternative espaces citoyens, Niger

Massalbaye TenebayePrimature, Tchad

Djeinaba TouréJe m’engage, Mauritanie

Emmanuel TroncConsultant

Jérôme TubianaSmall Arms Survey

Stephen TullNations Unies, Tchad

Ashraf UsmanNeem Foundation, Nigéria

Stephanie WoltersInstitute for Security Studies, South Africa

Zara Mahamat YacoubEqual Access, Tchad

Mahamat Ali YoussoufMinistère des affaires étrangères, Tchad

Marie-Joëlle ZaharUniversité de Montréal, Canada

Goukouni ZenCabinet d’analyses et d’actions pour la sécurité etla paix au Sahel, Niger

Kouider ZerroukBureau des Nations Unies pour l’Afrique del’Ouest et le Sahel

Barbara ZügerDépartement fédéral des affaires étrangères, Suisse

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L’INTERNATIONAL PEACE INSTITUTE (IPI) est un groupe de réflexioninternational et indépendant à but non lucratif qui se consacre à lagestion des risques et au renforcement des capacités d’endurance et derebond des collectivités humaines en vue de promouvoir la paix, lasécurité et le développement durable. Pour remplir sa vocation, l’IPIconjugue recherche sur les politiques, analyse stratégique, publication detravaux et organisation de réunions. Réunissant une équipe pluridisci-plinaire venue de plus de 20 pays, l’IPI a des bureaux en face du siège desNations Unies à New York ainsi qu’à Vienne (Autriche) et à Manama(Bahreïn).

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