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Catherine Brun

Pierre Guyotat

essai biographique

L’un des plus grands créateurs vivants, le plus mystérieux

sans doute, est ici, pour la première fois, au-delà des clichés

et de la légende, placé en pleine lumière, vie et œuvre

mêlées. S’appuyant sur une vaste documentation inédite et

de très nombreux témoignages, et forte d’une connaissance

intime des textes, Catherine Brun offre, dans une synthèse

unique de l’enquête biographique et de l’analyse littéraire,

les clés indispensables pour entrer dans cette œuvre qui, de

Tombeau pour cinq cent mille soldats et Éden, Éden, Éden à

Progénitures, n’a jamais cessé de fasciner, de scandaliser et de

bouleverser. Quarante ans de combat pour une écriture

devenue langue, puis verbe, mais aussi d’un constant

engagement dans le siècle. Une vie et une création portées

par le même inlassable mouvement, en transformation

permanente, et dont chacun verra avec évidence, au terme

de ce passionnant récit, qu’elles constituent une aventure

humaine, intellectuelle et artistique essentielle à notre temps.

Catherine Brun, née en 1966, est maître de conférences à

l’université Paris III (Sorbonne nouvelle). Elle travaille

depuis quinze ans sur l’œuvre de Pierre Guyotat. Elle

prépare un livre sur la guerre d’Algérie au théâtre.

Couverture : Pierre Guyotat vu par Mohror (1976).

EAN numérique : 978-2-7561-0772-1

EAN livre papier : 9782915280760

www.leoscheer.com

978-2-7561-0771-4

www.centrenationaldulivre.fr

PIERRE GUYOTAT

© Éditions Léo Scheer, 2005.

Catherine Brun

PIERRE GUYOTATessai biographique

Éditions Léo Scheer

Ce livre n’aurait pas vu le jour sans l’impulsion de Léo Scheer. Decette initiative et de sa confiance, je lui sais gré.

Il n’aurait pas davantage existé si Pierre Guyotat ne m’avait autorisél’accès en toute indépendance à l’ensemble de ses archives. Je lui redis icima reconnaissance pour cette latitude et sa généreuse disponibilité lorsde nos longs et nombreux entretiens.

Je remercie aussi celles et ceux qui en me recevant, en me confiantcorrespondances et documents, en partageant avec moi un peu de leurmémoire, en m’autorisant à reproduire des documents inédits, m’ontaidée à éclairer cette œuvre et ce parcours :

Marianne Alphant, Annie André, Pierre André, Patrick Audel,Stephen Barber, Thierry Bedard, Pierre Belfond, Hubert Blanc, Jean-Pierre Blanche, François Boddaert, Pierre Boncompain, PascalBongard, Roger Borderie, Patrick Bouchain, Simon Bouchard, YvesBouvier, Marcel Bozonnet, Sophie Calemard, Anne Ch., ChristianCloarec, Gilbert Collard, Bernard Comment, Olivier Corpet, FrançoisDagognet, Jean Daniel, Pierre Daniel, Albert Dichy, Mostefa Djadjam,Pierre Doyonnax, Bernard Dufour, Roland Dumas, Jean Duvignaud,Antoine Faivre, Guillaume Fau, Colette Fellous, Graham Fox, Antoine

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Gallimard, Juan Goytisolo, Michel Gresset, Éric Gross, Charles-Jacques Guyotat, Jean Guyotat, Odile Guyotat, Régis Guyotat,Suzanne Guyotat, Serge Hambourg, Diane Henneton, Jacques Henric,Jean-Louis Houdebine, Jean Jamin, Pierre Jansou, Alain Jouffroy,Jacques Kébadian, Gérard Khan, Georges Kiejman, Jean Lacouture,Odette Laigle, Anne de la Tour du Pin, Jean-Jacques Lebel, SylvèreLotringer, Jean-Baptiste Malartre, Michel Marbeau, FrancisMarmande, Gilles Martinet, Arnaud Maurice, Bernard Merlin, NicoleMerlin, Louis Mermet, Dominique Mestrallet, Domnine Milliex-Thévenin, Mohror, Chantal Montellier, Bernardo Montet, ClaudeOllier, Alain Ollivier, Catherine Perdrial, Marcelin Pleynet, BernardPouly, Martine Pouly, Georges Pragier, Olivier Renault, Christian Rist,Denis Roche, Jacques Rouland, Pierre-Guillaume de Roux, le PèreSalanon, Léo Scheer, Philippe de Scorbiac, Philippe Sollers, Michel Surya,Jean-René Tapissier, Michael Taylor, Henri Teisserenc, Xavier Thibert,Ludwig Trovato, Manuel de Truchis de Varennes, Ghislain Uhry,Agnès Van Molder, Daniel Vesperini, Élisabeth Viannay (sœur Jean-Marie), Hélène Viannay, Pierre Viannay, Marie Vitez, François Wahl 1.

Ma gratitude, enfin, au personnel des Éditions Léo Scheer qui acontribué à la conception, la fabrication et la diffusion de l’ouvrage, etnotamment :

Julia Curiel, Angie David, Florent Georgesco, Laure Limongi,Laure Mazzega, Céline Ottenwaelter, Léa Stéphant.

1. En dépit de mes efforts, quelques ayants droit n’ont pu être retrouvés. Je les prie de bienvouloir m’en excuser et leur saurais gré de se faire connaître.

Le langage en qui parle l’origine, est essentiellement prophétique.Cela ne signifie pas qu’il dicte les événements futurs, cela veut dire qu’ilne prend pas appui sur quelque chose qui soit déjà ni sur une vérité encours, ni sur le seul langage déjà dit ou déjà vérifié. Il annonce, parcequ’il commence. Il indique l’avenir, parce qu’il ne parle pas encore, lan-gage du futur, en cela qu’il est lui-même comme un langage futur, quitoujours se devance, n’ayant son sens et sa légitimité qu’en avant de soi,c’est-à-dire foncièrement injustifié.

Maurice Blanchot, La Bête de Lascaux.

Introduction

1991 – 2005 : je pourrais presque parler de quatorze ans de viecommune si ce partage n’avait été essentiellement mental. Hors un brefséjour dans le Cotentin, en 1991, je n’ai jamais passé que des journées,pleines et riches il est vrai, avec Pierre Guyotat. Ce sont ses livres, sapensée, son esprit qui m’ont accompagnée toutes ces années, qui ontnourri la maturation de mon propre esprit, de ma propre pensée,jusqu’à me conduire à ce livre.

À l’origine de cet engagement au long cours, une rencontre dehasard, en 1989, moi devant un écran de télévision, lui filmé pourOcéaniques.

Un événement inouï : un homme improvisant une langue scandée,barbare et musicale ; une femme, face à un ordinateur, la saisissantcomme sous la dictée. Un choc. Immédiatement, l’envie de savoir :qui ? comment ? pourquoi ? Dans une grande librairie parisienne,j’achète le premier livre que je trouve : Éden, Éden, Éden. Je dois m’yreprendre à plusieurs fois tant l’univers que je découvre là me heurteet m’apaise à la fois. Je vis alors une année terrifiante qui me pousse,tel le narrateur du Cul de Judas, à « chercher du regard un malheurréconfortant 2 ». Cette tension permanente de l’œuvre, son audace

2. Antonio Lobo Antunes, Le Cul de Judas, traduit du portugais par Pierre Léglise-Costa,Métailié, « Suites », 1997, p. 150.

dans l’affrontement, le déplacement du mal m’aident à résister, àéchapper au tête-à-tête avec la souffrance, à ne pas devenir tout à faitfolle. Je poursuis mes lectures, Tombeau pour cinq cent mille soldats,Prostitution, Le Livre, Littérature interdite, Vivre, tous les textes dis-ponibles. Je veux en savoir plus. Je cherche un livre sur cette œuvre, jen’en trouve pas. L’idée s’impose : il faut faire quelque chose, moinspour combler un vide, que pour tenter de comprendre la force de cetteécriture, la nature et l’origine de l’énergie qu’elle organise et prolonge.

J’entame un diplôme d’études approfondies (DEA), en mêmetemps que je travaille dans un collège. Quelques représentants del’Université, d’abord, font grise mine : trop tôt disent les uns, uneimpasse préviennent les autres. Par chance, Francis Marmande est surma route, et accepte de relever le défi.

La même année, Pierre Guyotat décide de déposer ses archives àl’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine. Un jour, le télé-phone sonne : Albert Dichy, responsable des fonds littéraires del’IMEC, me propose de le rejoindre chez Pierre Guyotat pour unepremière séance de travail. J’habite à deux stations de métro. J’y suisaussitôt, sans même le temps de m’interroger, émue et impressionnée.Le fonds rassemble l’œuvre dans sa diversité et son évolution, textespubliés et inédits confondus, enregistrements sonores ou audiovisuels,presse, iconographie, carnets, correspondance. Nouvelle chance,l’IMEC m’en confie l’inventaire.

Au DEA succède une thèse 3. Je tente d’y voir l’œuvre à l’œuvre, dedérouler la cohérence d’un cheminement, en analysant, conformémentaux exigences universitaires, chacune des composantes de cette langue etde cet univers. Je la soutiens en 1998. Jusqu’au bout, je redoute la catas-trophe, l’humiliation publique. Je voudrais convaincre. Pas un instant,je ne crains de mettre en péril une éventuelle carrière. Je n’y pense pas.Seule m’importe la nécessité de faire admettre l’existence de cetteœuvre au-delà des très reconnus et admirés Tombeau pour cinq centmille soldats et Éden, Éden, Éden que des soutiens prestigieux(Dominique Aury, Jean Paulhan, Louis-René des Forêts, Michel Leiris,Michel Foucault, Philippe Sollers, Roland Barthes, Louis Althusser,Jacques Derrida, Claude Simon, Paule Thévenin…) ont définitivementmis à l’abri des suspiscions.

Suit un projet de publication dans la collection de Denis Roche,« Les Contemporains », au Seuil, mais une nouvelle affectation dansune banlieue difficile de la région parisienne ne me laisse pas la liberté

3. Catherine Brun, Pierre Guyotat et la vie de l’écriture, sous la direction de FrancisMarmande, Paris VII, juin 1998.

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de m’atteler sérieusement à l’entreprise. Quand je refais surface, lacollection est entrée en sommeil. Je manque de combativité. Je renonceà courir les éditeurs.

En 2002, Jacob Rogozinski consacre au Théâtre de l’Odéon unCarrefour philosophique à Pierre Guyotat. J’y suis invitée à prendre laparole, parmi d’autres. À l’issue de la rencontre, l’éditeur Léo Scheermanifeste son intérêt pour mes travaux. Il a lu dans Critique l’articleque j’ai consacré à Progénitures, il veut publier un livre sur celui qu’ila choisi pour inaugurer sa maison d’édition en 2000 (Explications). Sadétermination est communicative. J’accepte de replonger dans cetunivers pour concevoir un ouvrage tout différent de mon étude uni-versitaire.

Entre-temps, j’ai appris à connaître Pierre Guyotat : un homme,un artiste, obstiné dans le maintien d’un cap, plein de certitudes et dedoutes, joueur et sombre, exigeant et tendre, chaleureux et timide. Àdes milles du « maudit » et du « fou » génial évoqués dans la presse.Grand, fort, yeux bleus et crâne lisse, ongles coupés ras, vêtu de panta-lons de grosse toile et de tee-shirts, croquenots marron aux pieds, unbonnet sur la tête l’hiver, il n’a rien d’un monstre. Son appartement,près de la place de la Nation, impeccablement tenu, regorge de vie etsemble comme en état de marche : vélo dans l’entrée, pierres, plantes,photos de proches, anciens ou actuels, livres en cours de lecture,courriers, carnet de notes ouvert, stylo à proximité, planisphère, murset vitres parsemés de pense-bêtes, fleurs. Presque toujours, une lumièreallumée, même en cas de sortie provisoire. Un lieu en état de veillepermanente, comme son locataire. La télévision, continûment branchéesur LCI, son désactivé, maintient actif le lien de cette cellule d’habita-tion avec le monde. Plutôt qu’une tour d’ivoire, donc, une tour decontrôle, avec Pierre Guyotat en guetteur attentif et tourmenté, enempathie avec les terreurs de ses contemporains.

Au fil des rencontres, comme pour s’expliquer à lui-même sonpropre parcours, ses contradictions intimes, ses déchirements, et tenterd’éclairer le hiatus persistant entre l’abomination écrite et les aspira-tions de l’homme au bien, il me parle, dans le désordre, de son présent,de ses passés, de ses projets, de ses proches, poursuivant ainsi l’entre-prise de dévoilement biographique initiée en 1971 dans un entretien 4.Cette parole, il l’a avec d’autres, espérant, sans doute, peut-être, qu’elletrouve en eux un écho, qu’ils se fassent la mémoire et les ordonnateurs

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4. Entretien de Pierre Guyotat avec Jacques Henric et Thérèse Réveillé, « Nouvelles incon-gruités monumentales », juin-juillet 1971, repris dans Pierre Guyotat, Littérature interdite,Gallimard, 1972.

du chaotique, du disparate, de cette collusion-exclusion de la vie et del’écriture. Mais ce travail, les (trop) proches de Pierre Guyotat ne peuventle faire : liés à l’ami plus qu’à l’œuvre, ou trop impressionnés par l’œuvrepour oser s’en approcher, ou trop soucieux de préserver leur relationavec l’artiste pour prendre le risque de le décevoir, de le blesser ou dele perdre. Une fois encore, le prestige et la fascination exercée seretournent contre l’œuvre et l’homme.

Ma chance, je crois, a été de connaître l’œuvre avant l’homme,puis de ne jamais dissocier les deux. Ceux qui, de la sorte, l’approchentet l’aiment, comme corps et comme pensée, comme artiste et commehomme, ceux qui n’ont cessé de suivre la trajectoire de cette vie del’écriture lui sont des compagnons précieux.

J’ai vu et entendu des témoins, relu les œuvres, exploré le fondsd’archives longtemps déposé à l’IMEC, interrogé Pierre Guyotat. Il n’ajamais cherché à entraver ma quête, la favorisant au contraire, de toutson pouvoir. Il avait lu ma thèse. Il savait qu’elle substituait l’analyse àl’hagiographie. Il m’a laissé faire – ce qui n’est pas diriger. Je l’en remercietant je devine la douleur qu’il peut y avoir à se voir ainsi, avec et contresa volonté, raconté, exposé, inscrit et donc forcément, malgré tout, fixé(un peu, provisoirement).

Qu’on ne s’attende pas à découvrir ici le « vrai » Pierre Guyotat.Ni révélation, ni secret que l’œuvre ne dise déjà, autrement. Toutjuste un artiste vivant, avec ses paradoxes et ses évolutions, sesangoisses et ses risques, ses fidélités et ses arrachements. Un artistehanté par l’Histoire, des origines aux catastrophes du xxe siècle,engagé dans son époque (guerre d’Algérie, PCF, Tel Quel…), soli-daire de ses turpitudes, meurtri mais curieux, habitant un présentlourd de passé et chargé d’avenir.

I – Commencements (1940-1962)

« Au commencement était le Verbe » lance le Prologue de l’Évangilede Jean. C’est dire, non seulement que le verbe précède toute forme devie, mais qu’il constitue le moment inaugural par excellence, celui grâceauquel êtres et choses existent libres et nommés, libres car nommés. Enfévrier 1976, Pierre Guyotat envisage de publier en un volume depoche ses écrits non fictionnels, « dans leur intégralité et selon l’ordrede [s]a biographie », à partir du « premier écrit – publié à [s]on insu :[s]on acte de naissance » 5. L’acte de naissance de « Pierre, Marie,Philippe Guyotat », né le 9 janvier 1940, à Bourg-Argental (Haute-Loire), de Guyotat Alfred et de Viannay Louise, épouse Guyotat,pourrait donc constituer un premier commencement, le commencementde la vie civile.

Mais il en est un autre, érigé par Pierre Guyotat en moment derupture héroïque et fondatrice, celui de la « naissance consciente àl’écriture », véritable « illumination » rimbaldienne survenue à l’âge de« quatorze ans et demi, dans une salle d’études de […] collège, un soirdu commencement de l’hiver » 6. Deuxième commencement, donc, àpartir duquel « toute [l]a vie consciente » du sujet n’aura plus qu’un« seul but […] : ÉCRIRE » 7. Le jeu des antithèses fonctionne à plein : àl’insu de l’acte d’enregistrement administratif s’oppose la conscientisationd’une naissance véritable, placée sous le signe d’une activité vitale,permanente et dégagée de toute tutelle extérieure, qui ne se déclinepas et s’énonce absolument. La mystique de la révélation fait place àla projection téléologique, la vie civile à un destin. La part de respon-sabilité du sujet dans ce processus est réelle, qui pérennise l’illuminationinaugurale et investit toutes ses forces conscientes dans l’épanouisse-ment d’une vocation par définition involontaire, « survenue ».

5. Note inédite à l’attention de François Erval, février 1976.6. Littérature interdite, op. cit., p. 100.7. Ibid., p. 104.

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1. Avant-commencementsEncore faut-il creuser le temps et l’espace en arrière et envisager

plus précisément les soubassements de cette vocation particulière.D’autant que dans l’œuvre de Pierre Guyotat, géographies et généalogiesfamiliales revêtent un caractère matriciel. Espaces, figures, matières,événements originent et ordonnent l’itinéraire. Il n’est pas besoinmême que l’artiste les ait vus ou connus : ils imprègnent la mémoire etles discours, hantent l’imaginaire, se font mythologiques, constituentl’histoire individuelle en destin.

Aux récits de ses commencements, Pierre Guyotat n’opposeaucune réticence. Dès 1971, il évoque au cours d’un entretien 8 safamille maternelle, les Viannay, remontant jusqu’à son arrière-arrière-grand-père, « boulanger mystique de la Croix-Rousse à Lyon » et cousingermain du grand-père du Curé d’Ars (saint Jean-Marie Vianney).

Le fils de cet ancêtre, orfèvre 9, avait épousé une demoisellePichat, elle-même issue de la bourgeoisie dauphinoise. C’est lui qui,associé à Alfred Bardey, crée la maison « Viannay, Bardey & Cie » siseà Lyon et Aden, et envoie en novembre 1880 un certain ArthurRimbaud tenir une factorie au Harar 10. Ruiné, l’ex-orfèvre finit parpartir pour Le Caire où il espère refaire une fortune. Il y meurt ducholéra dans la misère. Ses deux enfants, Victor et Charles, devenusétudiants en géologie et en médecine grâce au soutien de Jésuitesgénéreux, durent aller chercher son corps en Égypte et ne reçurent,pour tout héritage, « qu’un lot réduit de petites antiquités dépréciées,et des cartes postales poignantes où [leur père] enseignait, de loin, lesrudiments de l’archéologie égyptienne 11 ».

Victor Viannay, devenu ingénieur des Mines, fut engagé par unecompagnie française qui exploitait en Pologne le bassin houiller deCzeladz, près de Cracovie. En 1906, à quarante et un ans, il épousaAngèle Tézenas du Montcel, la fille du directeur de l’exploitation, etsuccéda à ce dernier lorsque celui-ci prit sa retraite. Belle et intelligente,

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8. « Nouvelles incongruités monumentales », op. cit., p. 74-129.9. Pierre Guyotat voit dans cette ascendance une préfiguration de son propre sens de laminiature et de son goût pour le maniement des matières (entretien de Pierre Guyotat avecCatherine Brun, le 24 mars 2004).10. Cf. Alain Borer, Un Sieur Rimbaud se disant négociant, Lachenal et Ritter, 1983 et 1984,p. 15 ; Alain Borer, Rimbaud en Abyssinie, Seuil, 1984, p. 82 ; Jean-Jacques Lefrère, ArthurRimbaud, Fayard, 2001, p. 802 sq. Une lettre de Rimbaud à MM. Mazeran, Viannay etBardey du 25 août 1883 est reproduite dans le volume des Œuvres complètes, Gallimard,« Bibliothèque de la Pléiade », 1972, p. 368-370.11. Littérature interdite, op. cit., p. 105.

VIRGILE : p. 21, 59.

VISCONTI Luchino : p. 125.

VITEZ Antoine : p. 272, 357-360, 397, 407.

VITTORINI Elio : p. 128.

VOLTAIRE : p. 34.

WAGNER Richard : p. 78, 79, 358, 392, 421, 426.

WAHL François : p. 118, 127, 225, 257.

WALDECK-ROCHET : p. 238.

WEBERN Anton von : p. 242.

WEINGARTEN Romain : p. 192.

WEISS Peter : p. 180.

WESPIN Dominique de : p. 125.

WITTIG Monique : p. 227.

WOLFSON Louis : p. 297, 333.

YACINE Kateb : p. 178, 184, 191, 192, 225.

YBARNEGARAY Catherine : p. 117.

Table des matières

Remerciements

IntroductionI - Commencements (1940 - 1962)1. Avant-commencements

2. L’inextricable

3. Formations

4. Vocation poétique

5. Le choc algérien

II - Faire une oeuvre (1962 - 1971)1. Retour

2. Tombeau pour cinq cent mille soldats

3. Nomadismes

4. Éden, Éden, Éden

5. Vivre l’Histoire

III - Fractures et combats (1971 - 1977)1. Fractures

2. L’écrit barricade

3. Résistances

IV - « Travailler à mort » (1977 - 1981)1. Le Livre

2. Histoire(s) de Samora Machel

3. Actualité de Tombeau pour cinq cent mille soldats

4. Jusqu’au coma

V - Recommencements (1982 - 2005)1. Renaissances

2. Reconnaissances

Traces, vanités, espéranceBibliographie

Index

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38

51

66

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251

253

282

310

321

325

345

356

361

365

367

407

447

451

493