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Université de Rouen UFR de Psychologie, Sociologie et Sciences de l’Education Département des Sciences de l’Education DESS Ingénierie de la Formation La formation du jeudi à la Caisse d’Epargne d’Auvergne et du Limousin une démarche de professionnalisation. Mémoire réalisé sous la Direction de Monsieur Jean Louis REBOUL Par Jacques MINISINI Année universitaire 2003 – 2004 1

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  • Université de Rouen UFR de Psychologie, Sociologie et Sciences de l’Education Département des Sciences de l’Education DESS Ingénierie de la Formation

    La formation du jeudi

    à la Caisse d’Epargne d’Auvergne et du Limousin

    une démarche de professionnalisation. Mémoire réalisé sous la Direction de Monsieur Jean Louis REBOUL Par Jacques MINISINI

    Année universitaire 2003 – 2004

    1

  • Sommaire Introduction 4

    1ère partie : Une fusion récente de 2 Caisses d’Epargne 5 1.1 La Caisse d’Epargne d’Auvergne et du Limousin 5

    1.1.1 Présentation 5 1.1.2 Chiffres clés 5 1.1.3 Organigramme structurel 6 1.1.4 Projet stratégique 2004 7 1.2 Le cadre de l’étude 9

    1.2.1 L’organisation commerciale 9 1.2.2 Les principales lignes directrices du projet 10 1.2.3 Le Management du réseau de distribution 11 1.2.4 La formation 13 1.2.5 Les acteurs 14

    1.3 La demande 15

    2 ème partie : Le cadre théorique de notre problématique et de l’étude 17

    2.1 La problématique 2.2 Cadre théorique 19 2.2.1 La formation 19 2.2.1.1 Apprendre

    2.2.1.2 Méta cognition

    2.2.1.3 Zone proximale de développement

    2.2.1.4 Apprentissage en simple boucle et double boucle

    2.2.1.5 Organisation apprenante

    2.2.1.6 Système d’action concret

    2.2.2 Compétence 27 2.2.2.1 Définition

    2.2.2.2 Formation et compétences

    2.2.2.3 Compétences et performance

    2.2.2.4 Du type A au type B selon Le Boterf

    2.2.3 Professionnalisation 32 2.2.3.1 Définition

    2

  • 2.2.3.2 Formation et professionnalisation

    2.2.3.3 Conditions favorables à la professionnalisation

    3 ème partie : L’enquête 39

    3.1 Rappel de L’hypothèse 39 3.2 L’enquête 39

    3.2.1 Définition de la population 39 3.2.2 Méthode utilisée 40 3.2.3 Déroulement des entretiens 40 3.2.2.1 L’environnement

    3.2.3.2 Le contrat de communication

    3.2.3.3 Le mode d’intervention

    3.2.4 Le questionnaire 41 3.3 Résultats et analyses 42 4ème partie : Nos préconisations pour satisfaire la commande 61

    4.1 Recommandations stratégiques 61 4.1.1 Le Directoire 61 4.1.2 Les Directeurs de Groupes 62 4.1.3 Communication externe et interne 63 4.1.3.1 Communication externe

    4.1.3.2 Communication interne

    4.1.4 Concept CBC. 65 4.2 Recommandations opérationnelles 66 4.2.1 Préparation des Managers à l’animation 66 4.2.2 Accompagnement des Managers 67 4.2.2.1 Appropriation des contenus

    4.2.2.2 Pendant l’animation

    4.2.2.3 au quotidien

    4.2.3 Rôle du groupe projet. 68 4.2.4 Evaluations 69 4.2.5 Formation de concepteur de formation 70 Conclusion. 72 Bibliographie 74

    3

  • Introduction.

    Au cours du dernier trimestre 2003 ; le Directoire de la toute récente C.E.P.A.L, Caisse

    d’Epargne d’Auvergne et du Limousin, a déclaré souhaiter mettre en place une nouvelle

    organisation. Cette dernière s’appuierait sur un ensemble de mesures dont la création

    d’un espace temps appelé « formation du jeudi ». Ce dispositif nouveau et novateur

    dans le réseau des Caisses d’Epargne et dans les Banques devrait permettre de créer un

    espace de formation pour faciliter la professionnalisation des acteurs du réseau de

    distribution.

    Ce projet nous a été confié en décembre 2003. Le Directoire attend des résultats

    immédiats et concrets, notamment en termes de performance des équipes, de

    développement et de croissance de l’entreprise. La formation devient un

    investissement.

    Nous nous proposons d’étudier dans ce mémoire comment le dispositif peut contribuer

    à la professionnalisation des acteurs. Pour ce faire nous concentrerons notre étude

    autour de 4 parties :

    La première partie sera consacrée à la présentation du champ de l’étude au cours de

    laquelle seront analysés les éléments essentiels pour comprendre dans quel cadre la

    C.E.P.A.L évolue, notamment son environnement interne et externe. Le nouveau plan

    stratégique sera présenté sommairement.

    Nous nous attarderons dans la seconde partie sur la problématique issue de la

    commande du Directoire. Nous présenterons également les recherches et les modèles

    théoriques sur lesquels se fonde notre hypothèse.

    La troisième partie sera consacrée à l’enquête que nous avons menée et à son

    analyse. Ceci permettra de confronter les résultats avec notre hypothèse.

    Enfin, la quatrième partie regroupera un ensemble de préconisations, tant stratégiques

    qu’opérationnelles. Ces préconisations sont la résultante de l’analyse effectuée à

    l’issue de l’enquête. Elles nous permettent de montrer quels sont les leviers sur

    lesquels nous recommandons d’agir pour mener à bien le projet.

    4

  • 1 ère partie : Une fusion récente de 2 Caisses d’Epargne 1.1 La Caisse d’Epargne d’Auvergne et du Limousin

    La Caisse d’Epargne d’Auvergne et du Limousin, CEPAL, est née le 29 avril

    2003 de la fusion de deux entités juridiques distinctes : la Caisse d’Epargne

    d’Auvergne et la Caisse d’Epargne du Limousin. Le rapprochement de ces deux

    caisses régionales de taille similaire a pour objectif de permettre à la nouvelle

    entreprise un renforcement de sa présence auprès de sa clientèle mais également un

    développement de ses services afin de conquérir de nouveaux marchés et d'être plus

    efficace auprès des acteurs de l’économie locale.

    1.1.1 Présentation

    Composée de 7 départements, la nouvelle

    Caisse a pour ambition de devenir la grande banque

    du Massif Central.

    L'orientation stratégique de la CEPAL est

    bien entendue de se développer sur ses deux

    régions, de conquérir et fidéliser une clientèle

    toujours plus large : particuliers, professionnels,

    collectivités territoriales, jeunes, … Pour cela, elle

    offre une gamme étendue de produits et services dans divers domaines : collecte de

    l'épargne, versement des crédits, équipements en moyen de paiement et assurances

    ou encore l'accès aux nouveaux services comme la gestion des comptes à distance.

    Enfin, comme toute caisse, la CEPAL est investie de missions d'intérêt général

    et intervient dans le domaine de la solidarité bancaire et sociale. C'est ainsi que pour la

    seule année 2003, plus de 1,5 millions d'euros seront engagés pour diverses missions.

    1.1.2 Chiffres clés

    La Caisse d'Epargne d'Auvergne et du Limousin, c'est :

    229 agences,

    219 automates bancaires,

    5

  • 1400 collaborateurs,

    au service de 1 022 000 clients :

    243 000 jeunes,

    6 900 professionnels,

    1 450 entreprises PME-PMI,

    11 900 associations,

    1 750 collectivités, HLM, SEM.

    La récente fusion de deux caisses de taille moyenne a permis à la nouvelle

    entité de se positionner au 8ème rang des 34 caisses du groupe, tant au niveau de

    l'effectif, que de la solvabilité, des fonds propres moyens, et du Produit Net Bancaire.

    1.1.3 Organigramme structurel

    Comme toute Caisse, la Caisse d'Epargne d'Auvergne et du Limousin est

    présidée par un Directoire, sous le contrôle d'un COS. Son Directoire est composé de

    5 membres, élus pour 5 ans, chacun ayant en charge un pôle d'expertise :

    - Pôle Présidence : Bernard MONIER

    - Pôle Ressources Humaines : Alain BONGIORNI

    - Pôle Exploitation Bancaire : Bertrand GLINEUR

    - Pôle Développement : Jacques-Olivier HURBAL

    - Pôle Finances Risques : Yves LE BORGNE

    Chaque pôle encadre diverses directions ou départements :

    - Présidence Cabinet du Directoire

    Contrôle Général

    Secrétariat Général

    Communication institutionnelle

    - Finances Risques Gestion Financière

    Contrôle de Gestion

    Engagements Risques

    Secteur Public territorial / Grands Comptes

    6

  • - Exploitation Bancaire Production Bancaire

    Conduite du changement

    Contentieux / Recouvrement

    Logistique

    - Ressources Humaines Développement de l’Emploi et des Compétences

    Relations et Etudes Sociales

    Administration du Personnel

    Formation

    - Développement Marketing

    Animation et Distribution

    Economie Locale

    Réseau de distribution

    (Allier, Brive-Tulle, Cantal, …)

    1.1.4 Projet stratégique 2004

    Les axes du projet stratégique sont orientés vers un développement des ventes, en

    plaçant le client au cœur du projet de développement 2004. Ce dernier recense un

    ensemble de mesures, de préconisations, de recommandations qui ont trait au

    développement des activités au travers de :

    - La mise en place progressive des projets du dispositif « fréquence clients »

    (annexe 1) qui permet une meilleure connaissance des clients, des

    méthodes de distribution orientées clients dont « la formation du jeudi », une

    évolution du réseau physique, une optimisation du centre de relations

    clients et un renforcement de l’utilisation du marketing direct et de la vente à

    distance.

    - La mise en place d’un pilotage de l’activité plus professionnel.

    - La reconnaissance de la performance pour tous.

    7

  • - Le choix d’axes de développement pertinents sur l’ensemble des marchés

    et produits.

    Les résultats financiers de la Caisse d’Epargne d’Auvergne et du Limousin la placent

    au 8 ème rang des Caisses d’Epargne en France, collecte et crédits réunis. Le PNB

    par agent la situe au 4ème rang. Ces divers résultats, pour une première année

    d’existence de l’entreprise, sont jugés satisfaisants et encourageants par le Directoire,

    mais insuffisants pour assurer la pérennité à long terme de la Caisse.

    8

  • 1.2 Le cadre de l’étude : Une fusion au service de nouvelles ambitions

    1.2.1 L’organisation commerciale :

    L’organisation commerciale actuelle correspond à la juxtaposition des 2 anciennes

    organisations commerciales avant fusion, aucune modification n’a été apportée jusqu’à

    ce jour. Dans chacune des ex entités, tout est resté à l’identique de ce qu’il était,

    organisation, emplois, modalités de fonctionnement, … Or, on constate des différences

    notoires dans les structures, les emplois, les horaires d’ouverture à la clientèle, les

    méthodes de vente, les délégations. Le Directoire avait choisi de ne rien modifier la

    première année et d’utiliser cette dernière pour préparer le plan stratégique de la

    nouvelle Caisse d’Epargne. Au cours de cette année un audit des activités de chacune

    des Directions a été mené, dans le but d’optimiser la nouvelle organisation.

    Le réseau de distribution au moment de la fusion recense 10 Groupes répartis en 66

    Agences principales. 165 Agences et Points de Ventes sont rattachés à ces Agences

    principales. L’effectif d’une Agence principale oscille entre 10 et 25 personnes, pour les

    Agences entre 3 et 8 personnes et pour les Points de Vente entre 1 et 3 personnes.

    60 % de l’ensemble des unités de vente ne recense qu’une personne.

    900 collaborateurs commerciaux composent physiquement le réseau de distribution de

    l’entreprise à cette fusion. Chaque Groupe est organisé comme le schéma ci-dessous

    le montre.

    Groupe

    Agence

    Principale

    Agence

    Principale

    Agence

    Principale

    ……….

    Ag PDV Ag Ag PV PDV ……

    Un groupe est éclaté en Agences principales, entre 6 à 12 suivant les Groupes.

    L’Agence principale regroupe des Agences et des Points de Vente, entre 1 et 6

    chacune. L’effectif du réseau de distribution représente près de 70 % de l’effectif total.

    9

  • Après une année d’existence le Directoire a souhaité modifier l’organisation

    commerciale et plus particulièrement le réseau physique de distribution pour créer,

    enfin, la Caisse d’Epargne d’Auvergne et du Limousin et non la cohabitation des 2

    anciennes entités qu’étaient la Caisse d’Epargne d’Auvergne et la Caisse d’Epargne

    du Limousin.

    Le projet de mise en place du nouveau réseau de distribution est confié en décembre

    2003 à la Direction de la distribution. Cette dernière devra livrer ses conclusions et ses

    préconisations au plus tard en juin 2004. L’été 2004 étant réservé à la mise en place

    de cette nouvelle organisation et à la mise en communication auprès du public et des

    clients plus particulièrement. La nouvelle organisation sera opérationnelle au

    1er septembre 2004.

    1.2.2 Les principales lignes directrices du projet :

    - Une réduction de la ligne hiérarchique qui facilite le pilotage stratégique,

    ceci devrait se traduire par une diminution du nombre de groupes et

    d’agences principales.

    - Une répartition plus homogène des Groupes, ainsi chaque Directeur de

    Groupe aurait à piloter entre 7 et 8 Agences principales chacun pour un

    effectif d’environ 150 personnes.

    - Une étude de l’environnement externe devra être menée, et notamment sur

    les perspectives de développement économique, à moyen et long terme, de

    chacun des cantons du territoire géographique. Les prises de décisions

    concernant les opportunités d’ouverture, de déplacement, de transformation

    en Point Rouge et de fermeture d’agences et de points de vente

    s’appuieront sur les résultats de cette étude, ce que nous appelons

    vulgairement et techniquement dans notre jargon professionnel un re-

    maillage du réseau. Le Point Rouge est un lieu d’exercice de l’activité

    bancaire confié à un commerçant, boulanger, boucher, tabac,… L’activité

    est réduite, elle se limite à quelques opérations de bases, tels que

    commande de chéquier, dépôt et retrait d’espèces, …

    10

  • - Une re-allocation des effectifs donc des personnels et des métiers par

    agence et Point de Vente en prenant en compte les zones de chalandise à

    court et moyen terme, les objectifs de performance, les encours clients et

    les perspectives de développement économique du canton.

    - Une harmonisation des métiers et des pratiques dans les agences. Ces

    derniers devront s’appuyer sur des référentiels nationaux récents puisque

    mis à disposition des Caisses fin octobre 2003,

    - Des horaires de travail identiques dans toutes les agences et points de

    vente, ainsi les clients peuvent aller dans n’importe quelle agence sans se

    soucier des horaires particuliers de chacune d’entre-elles,

    - La création dans l’organisation de nouveaux métiers en appui du réseau,

    tels que moniteurs des ventes et animateurs commerciaux.

    - La mise en place progressive de la part variable pour tous les

    collaborateurs. Cette part variable correspond à une prime attribuée à

    chaque collaborateur lorsque les résultats de son activité annuelle sont en

    adéquation avec les objectifs de production qui lui ont été confiés en début

    d’année. La première année les personnels du réseau de distribution seront

    les seuls concernés.

    - La prise en compte dans l’activité d’un espace temps dénommé formation

    du jeudi.

    - La mise en place de nouvelles délégations qui apportent une réelle plus

    value aux commerciaux et facilitent le développement des ventes.

    1.2.3 Le management du réseau de distribution

    Il s’agit ici du management opérationnel d’agence principale, à savoir les Directeurs

    d’agence. Ils sont au nombre de 66 actuellement. La moyenne d’âge est de 49 ans.

    11

  • Pour les autres agences et points de vente, l’encadrement opérationnel porte le titre de

    Responsable.

    10 % a moins de 35 ans et exerce son activité dans une agence de type urbain mais

    en banlieue de grandes villes. Ce sont majoritairement des recrutements externes

    récents, moins de 5 ans. Ils sont titulaires de diplômes bac+2 à bac+4 et ont tous une

    première expérience professionnelle de management bancaire dans une entreprise

    concurrente.

    Les 35 à 50 ans représentent 10 % des effectifs. Ils sont basés en général dans des

    agences de type urbain et en centre ville. Ils ont fait toute leur carrière dans l’entreprise

    elle-même ou dans une autre entreprise du Groupe Caisse d’Epargne. Ils sont titulaires

    d’un diplôme de niveau bac à bac +2.

    Les 50 à 60 ans représentent 80% de l’effectif. Ils managent des agences de type

    semi-urbain et/ou rural. Ils ont construit leur carrière professionnelle pour la grande

    majorité d’entre-eux dans la même agence. De formation initiale inférieure ou égale au

    bac ils sont non mobiles géographiquement.

    Tous ont suivi une formation Management sur 4 jours, de 2002 à début 2004. Il n’est

    guère possible de tirer les leçons de cette montée en compétences puisque aucun

    système d’évaluation et/ou d’appréciation n’est officiellement mis en oeuvre dans

    l’entreprise, héritage d’un statut protecteur et d’un passé difficile dans les relations

    avec les Organisations Syndicales. Lors des formations, un référentiel d’activité du

    Manager a été partagé. Il s’appuie sur la charte du Management issue du national

    (annexe 2).

    Le re-maillage du réseau de distribution, structurant en 45 agences la nouvelle

    organisation, va impacter l’effectif actuel des Directeurs d’agence. Les 45 nouveaux

    Directeurs ne seront pas forcément issus des 66 existants.

    Bien que l’exercice du métier ait évolué depuis quelques années, parfois plus sous les

    contraintes de l’exigence de la clientèle et de l’environnement externe, il est encore

    très marqué par une conception Taylorienne : planifier, organiser, diriger, contrôler. Le

    management, habile combinaison du directif, du persuasif, du participatif et du

    12

  • délégatif, n’est pas encore une pratique couramment en œuvre dans la plupart des

    agences.

    Les Directeurs d’agence sont réunis une fois par mois par leur Directeur de Groupe

    pour prendre connaissance des résultats commerciaux du mois écoulé concernant le

    groupe et chacune de leurs agences et les commenter. A cette occasion les

    campagnes commerciales du mois suivant sont présentées et les objectifs de

    production sont attribués pour chacun d’eux.

    Des objectifs de production ambitieux les poussent à assurer une gestion à court terme

    de leurs activités, un pilotage de l’activité par les résultats au jour le jour. Ce pilotage

    suscite de plus en plus de récriminations, des Managers eux-mêmes comme des

    opérationnels. Les premiers constatant qu’ils ne trouvent plus assez de temps pour

    leurs autres missions d’encadrement, les seconds accusant la hiérarchie de pratiquer

    un management par le stress.

    Les horaires du Personnel étant jusqu’alors calés au plus près des horaires d’ouverture

    à la clientèle, les Managers, pour réunir leurs collaborateurs, sont contraints de le faire

    en dehors des horaires de travail. Tant que cette pratique restait exceptionnelle, les

    contestations exprimées étaient rares. Depuis que le pilotage par les résultats est érigé

    en doctrine la fréquence des réunions est devenue intolérable pour beaucoup. Ce

    management par les résultats et le recours aux réunions en dehors des heures de

    travail sont le principal sujet de récriminations des syndicats depuis quelque temps.

    1.2.4 La formation

    Le plan de formation 2003 consolidé des 2 entités, chiffre 4991

    jours/hommes/formation pour un investissement financier de 5,71 % de la masse

    salariale. Ces 5,71 % pour être appréciés sont à analyser : l’année 2003 a été

    marquée par une migration du système informatique et l’accompagnement formation a

    nécessité 60% de ces 5,71 % ; L’investissement formation 2003 se situe largement au-

    dessus de l’obligation légale mais il reste néanmoins dans la partie basse de la

    fourchette des entreprises bancaires en général.

    13

  • Chaque année les orientations en matière de formation ainsi que le projet de plan sont

    élaborés par le département formation de la DRH, et sont annuels. Le projet de plan

    est établi à partir du recensement des demandes de chacune des Directions, puis

    arbitrer et valider par le Directoire. Quasiment aucune demande individuelle de

    formation n’est transmise à la DRH par les Directeurs, les rares demandes faites en

    direct sont, soit retournées à leur Directeur pour arbitrage soit orientées vers les CIF,

    congés individuels de formation. Le plan après validation par le Directoire est

    communiqué à chacun des Directeurs mais ne fait l’objet d’aucune autre diffusion ou

    communication auprès des opérationnels. Sa mise en œuvre et son suivi sont confiés

    au département formation de la DRH.

    La formation est principalement orientée vers l’adaptation au métier dans une logique

    de réponse aux besoins à court terme de l’organisation. Les inscriptions aux actions de

    formation sont décidées par les Directeurs de Groupe, parfois seuls, parfois en

    collaboration avec leurs Directeurs d’agence. 90% des actions de formation

    s’adressent au personnel du réseau de distribution. Les documents d’évaluation des

    actions de formation sont étudiés par le département formation et ne font l’objet

    d’aucune communication à la hiérarchie des apprenants. Une enquête récente fait état

    que 90% des apprenants ne sont jamais rencontrés par leur hiérarchie que ce soit

    avant et/ou après la formation.

    La formation est organisée sous la forme de stages en interne dont l’animation est

    confiée à des cabinets de formation. Moins de 5 % des animations sont confiées à des

    spécialistes en interne, aucun formateur interne n’est recensé à l’organigramme. Dans

    un souci de limiter les distances et frais de déplacement pour se rendre en formation,

    les séances sont organisées au plus près des apprenants. Ceci ne permet pas un

    brassage des populations des 2 ex entités. Un projet de formation à distance conçue

    uniquement pour les commerciaux et proposé par le national sera en œuvre en 2005,

    les contenus sont de type technique produit.

    Le recrutement de spécialistes en externe est systématiquement privilégié au détriment

    d’un accompagnement dans la montée en compétences d’un collaborateur en interne.

    1.2.5 Les acteurs

    14

  • A ce jour, le réseau de distribution dénombre 10 Directeurs de Groupes, 66 Directeurs

    d’Agences principales, 34 Directeurs adjoints d’Agences, 165 Responsables de Points

    de Vente, 300 Chargés de Clientèles Particuliers, 15 Chargés d’affaires gestion privée,

    20 chargés de Clientèles Professionnelles, 300 Commerciaux de Points de Vente, 5

    Chargés d’accueil, 3 moniteurs des ventes et 5 animateurs commerciaux.

    Un des objectifs du projet, le re-maillage du réseau, devrait conduire à une diminution

    du nombre de Groupes donc de Directeurs, moins de Directeurs d’agences mais avec

    chacun un adjoint, une montée en gamme des commerciaux de Point de Vente vers

    Chargés de Clientèles Particuliers, un accroissement du nombre de Chargés d’accueil,

    la mise en place d’un moniteur et d’un animateur par groupe. Le tout sans recrutement

    externe, sauf exception concernant des spécialistes.

    Il est confié à chacun des acteurs de l’entreprise une définition d’emploi lui permettant

    de prendre en compte les finalités de son emploi et les activités qu’il recouvre. La grille

    actuelle de classification des emplois étant construite à partir de l’exercice réel des

    activités, le personnel se préoccupe principalement et parfois uniquement de son

    activité, dans une conception très proche du Taylorisme. Ces définitions d’emplois en

    l’état actuel sont considérées comme un handicap au développement commercial.

    Une présence plus marquée et plus dynamique de la Direction de la Distribution en

    soutien aux forces de ventes est mise en avant.

    La période actuelle est difficile pour l’ensemble des acteurs du réseau. L’inconnu de la

    nouvelle organisation entretient un climat général qui ne concourt pas à la sérénité

    dont le réseau a besoin pour atteindre ses objectifs commerciaux. Les managers,

    d’ordinaire garants de cette sérénité, ne sont pas sûrs de leur avenir et ceux qui

    craignent de perdre leur responsabilité, donc du pouvoir, ont du mal à rester mobilisés

    ou à mobiliser leurs collaborateurs.

    La période qui s’écoule entre l’annonce des futurs changements organisationnels, en

    décembre 2003, et la prise de connaissance de ces changements, en principe courant

    juin 2004, est jugée trop longue par le personnel du réseau de distribution.

    1.3 La demande

    15

  • La formation du jeudi a été évoquée pour la première fois lors des journées

    commerciales de décembre en présence de tous les Directeurs de Groupes,

    d’Agences et des Directions de siège (annexe 1) pour accompagner le développement

    des ventes et l’accroissement des performances individuelles et collectives. La

    demande émane du Directeur du développement commercial, membre du Directoire.

    Elle est actée dans un procès verbal du Directoire en date du 22 décembre 2003 ; Ce

    dernier est transmis à l’ensemble du Personnel par notre DRH le 3 janvier 2004.

    Elle a été formulée ainsi :

    « Le département formation assurera la mise en place puis la mise en oeuvre de la

    formation du jeudi à compter de septembre 2004 dans toutes les agences de la

    CEPAL. Toutes les agences seront fermées au public pendant 2 heures le jeudi après

    midi et les collaborateurs du réseau commercial seront réunis dans leur agence

    principale de rattachement. Cet espace temps est confié au Directeur d’agence ou à

    son adjoint en cas d’absence pour faciliter le développement des compétences de

    leurs collaborateurs, de plus il permettra de supprimer toutes les réunions en dehors

    des heures effectives de travail ».

    16

  • 2 ème partie. : Le cadre théorique de notre problématique et de l’étude

    2.1 La problématique

    C’est dans ce contexte que la formation du jeudi est positionnée par le Directoire

    comme un des facteurs déterminants du développement des ventes et de la

    performance des commerciaux. C’est un défi qui requiert donc l’élévation du niveau de

    compétences de tous les opérationnels. Il attend du management, les Directeurs

    d’agences, qu’ils misent davantage sur les compétences de leurs salariés, sur leur

    capacité d’adaptation et d’initiative, leur capacité à apprendre et à se professionnaliser.

    Face à l’imprévu et à l’incertitude des situations, l’entreprise doit disposer d’hommes et

    de femmes capables d’affronter l’inédit et le changement permanent. Chacun,

    individuellement et collectivement, doit savoir faire face à des situations

    professionnelles évolutives, de moins en moins définies, et atteindre un degré suffisant

    d’autonomie dans la conduite de ses activités professionnelles. La polyvalence, la poly-

    fonctionnalité, la capacité à coopérer prennent de plus en plus d’importance, il devient

    indispensable de se mettre en état d’apprentissage permanent.

    L’économie exige une conception nouvelle de la productivité, cette dernière tend à

    prendre la signification de performance globale par une valorisation et un

    développement des compétences, la performance n’étant plus comprise comme une

    atteinte des objectifs mais comme une maximisation des différentes opportunités qui

    se présentent. Confrontée à des exigences de réactivité, de qualité de service et

    d’amélioration de la performance, l’entreprise attend un professionnalisme toujours

    plus élevé de ses salariés.

    En détournant du temps commercial au profit d’un temps pour le développement des

    compétences de ses collaborateurs, l’entreprise affiche clairement que la formation du

    jeudi est un investissement. Le développement des compétences fait partie de ses

    nouveaux choix organisationnels, économiques et commerciaux, il ne peut être le

    moteur de la performance de l’entreprise, il doit s’articuler avec l’ensemble des

    transformations qui tirent tous dans le même sens. Il n’est plus seulement question de

    mettre en place de bonnes formations, nous sommes entrés dans une économie du

    17

  • savoir dans laquelle la réussite économique se redessine autour de la compétence des

    hommes.

    Nous essaierons de montrer dans la suite de ce travail et au travers des modèles

    théoriques et des concepts comment le dispositif permet non seulement d’acquérir des

    compétences mais d’en produire, comment il permet l’émergence d’une économie du

    savoir, comment il peut s’inscrire dans un concept d’entreprise apprenante et par delà

    favoriser la professionnalisation des acteurs. C’est dans le cadre théorique de cette

    étude que nous essaierons d’apporter des éléments pour esquisser une réponse à la

    problématique. Nous vérifierons dans le cadre opérationnel du chantier confié que le

    projet se rapproche de ce cadre théorique et en reprend les éléments déterminants.

    En instituant ce dispositif, le Directoire fait le pari que le management de la

    professionnalisation doit s’effectuer au plus près du terrain et des acteurs. Il demande

    à l’encadrement, les Directeurs d’agences, de modifier son rôle pour privilégier

    dorénavant le développement des compétences de leurs salariés. Le management de

    la professionnalisation est un management qui donne du sens et qui agit par influence.

    Aider ses collaborateurs à fixer un cap communément accepté, piloter une dynamique

    de professionnalisation plutôt que de continuer à surveiller et contrôler l’exécution de

    leurs activités professionnelles, tel est le management qui est désormais requis.

    Les directeurs d’agences doivent non seulement acquérir de nouvelles compétences

    mais modifier durablement leur comportement. Investis d’une nouvelle mission ils

    doivent être préparés et accompagnés dans la mise en œuvre de la formation du jeudi,

    c’est l’hypothèse que nous essaierons de démontrer au cours de l’enquête en

    troisième partie de notre travail.

    Ce dernier se conclura par un ensemble de préconisations concernant la préparation et

    l’accompagnement des Directeurs d’agence dans leur nouvelle activité.

    18

  • 2.2 Cadre théorique

    2.2.1 La formation. Un moyen pour l’organisation de s’adapter. La formation a pris naissance dans l’éducation. Une distinction a cependant été très

    vite faite autour des notions de former-éduquer et former-exercer. (1)

    Former-éduquer faisant référence à la formation initiale,

    Former-exercer faisant référence à la formation professionnelle, et le savoir-faire.

    L’évolution récente des organisations ainsi que les références à l’éducation

    permanente remettent fortement en cause cette distinction.

    La formation professionnelle a véritablement pris une dimension par la loi de 1971. Elle

    a d’abord été initiale puis continue, elle devient permanente par le concept de

    formation tout au long de la vie.

    La formation, a dans un premier temps, été la réponse aux besoins d’acquisition de

    savoir des Organisations. Elle a permis aux entreprises d’adapter leurs personnels aux

    requis des situations, elle a même parfois été une récompense. Dans un contexte de

    plein emploi et lorsqu’il était juste nécessaire d’adapter son personnel aux besoins de

    la production pour s’accroître, les organisations n’ont cessé de recourir à la formation.

    La formation était quasiment l’unique réponse pour s’adapter.

    Dans les années 1960 elle commence à être considérée non plus comme une dépense

    mais comme un investissement. L’organisation, après avoir investi, dépensé des

    sommes considérables dans la formation, souhaite mesurer en retour ses gains de

    productivité. Elle n’accepte plus de ne pas connaître comment sont investies ces

    dépenses. L’ingénierie de formation prend naissance et se développe très vite pour

    contribuer à cette évolution.

    La seconde évolution dans les années 1990, avec la prise en compte des démarches

    qualité, fait entrer la formation dans une logique d’économie de service. Ces

    démarches qualité ont introduit une nouvelle conception de la formation, la qualité des

    processus mis en œuvre par la production, la maintenance et le développement des

    compétences devenant essentiels pour les Organisations. Le client prend le pas sur

    l’offreur et le Responsable de la formation fait évoluer son rôle vers un rôle de

    Consultant interne.

    19(1) Cours DESS - Sociologie des Organisations –T.RENAUD

  • La troisième et dernière évolution est très récente. Les Organisations sont face à de

    nouveaux défis, mutations technologiques et économiques, internationalisation de la

    concurrence, démographie. De nouvelles logiques et pratiques de gestion des

    ressources humaines sont nécessaires pour affronter ces défis. Pour faire face, les

    Organisations voudraient pouvoir disposer de personnels qu’elles qualifient de

    professionnels. La formation contribue à la professionnalisation mais n’est qu’un

    moyen parmi d’autres. Le Responsable de formation est appelé à occuper une

    multitude de postures.

    Comme nous venons de le voir la formation joue un rôle important dans la vie des

    Organisations, elle suit la même évolution et peut même contribuer à la faire évoluer.

    Dans une organisation où aucune action de formation ne serait programmée, les

    acteurs apprendraient néanmoins. Toute activité est formatrice en ce sens qu’il est

    nécessaire d’adapter son comportement aux circonstances, et ces circonstances ne

    sont quasiment jamais à l’identique. L’acteur enrichit en permanence sa palette de

    schèmes d’actions, donc apprend. Mais qu’est ce qu’apprendre ?

    2.2.1.1 Apprendre. Une action permanente et incessante pour s’adapter aux évolutions de l’organisation.

    Apprendre est un verbe actif, cela suppose donc que l’apprenant est un acteur. C’est

    lui qui apprend (2) s’il en a le désir, la volonté et/ou s’il est contraint. Ce n’est pas le

    formateur qui apprend quelque chose à quelqu’un mais quelqu’un qui se met en action

    d’apprentissage. Apprendre suppose donc d’avoir une intention, une prise de

    conscience de ce projet d’apprendre, une auto-mobilisation de l’individu. Mais les

    motivations intrinsèques sont enrichies, soutenues et complétées par les bonnes

    raisons qui relèvent de l’interaction de l’individu avec son environnement. Prétendre

    que l’individu est seul acteur de son apprentissage relève d’une utopie, cela

    consisterait à centrer la pédagogie sur lui, sur ce qu’il sait, sur ce qu’il est prêt à fournir

    pour acquérir de nouveaux savoirs. La question clé est de comprendre et mettre en

    œuvre le type de soutien et d’aide dont l’individu a besoin. Le discours actuel sur

    l’employabilité et la responsabilité de l’individu dans son propre devenir, s’il devient

    partagé, devrait faciliter l’acte d’apprentissage. En effet les résistances devraient, sans

    tout à fait disparaître, être considérablement amoindries.

    20(2) Ingénierie en formation d’adultes –S.BELLIER, Page 51

  • Apprendre c’est organiser le transfert de l’information vers la mémorisation. Ainsi la

    mémoire se trans-forme et permet à l’individu de se transformer. Le processus

    d’apprentissage met en cause la relation entre l’individu et son environnement. Cette

    relation permet à l’individu d’acquérir de nouveaux savoirs, elle modifie les schèmes

    opératoires et permet d’en acquérir de nouveaux, adaptés à la situation à résoudre. Le

    Petit Larousse définit acquérir par « devenir possesseur par le travail ». Le travail

    faciliterait donc l’acquisition.

    Nous raisonnons beaucoup par déductibilité, inférences pour résoudre une difficulté,

    un problème. Sur ce principe on pourrait prétendre que plus la masse de

    connaissances acquises est large et importante, plus l’inférence est possible, facile et

    précise. Il suffirait donc que l’entreprise mette à disposition de ses salariés l’ensemble

    des savoirs connus de l’organisation pour limiter, voire supprimer, les difficultés et les

    problèmes. Mais les savoirs dont l’entreprise a besoin, évoluent et se modifient sans

    cesse, il lui appartient donc de créer des conditions pour faciliter les apprentissages

    permanents dont chacun a besoin dans son activité. Si le salarié est le bénéficiaire

    direct, l’entreprise en est le bénéficiaire indirect, il s’agit d’établir un compromis entre

    les aspirations légitimes du salarié et les besoins de l’entreprise.

    2.2.1.2 Méta cognition. Donner du sens à son action.

    La métacognition consiste pour un apprenant à savoir qu’il sait. Elle passe par une

    prise de conscience de l’individu qu’il a acquis un savoir. Ainsi une des meilleures

    façons pour faciliter les apprentissages ne serait pas d’expliquer ce qu’il faut faire mais

    de le faire faire puis l’action serait complétée par la compréhension de l’action. (3)

    Cette prise de recul de l’individu, permettant de se rendre compte qu’il a appris, modifie

    ses schèmes opératoires. La métacognition est le moment clé de l’appropriation, c’est

    le moment où l’individu commence à affirmer comme sien ce qu’il a appris.

    Pour faciliter cette prise de conscience, la formation devrait donc s’attacher à faire

    expliciter par l’individu lui-même ce qui a été appris et prendre le temps de s’arrêter

    pour permettre à l’apprenant de travailler, de débriefer sur ce qui s’est passé pendant

    21(3) Développer la compétence des professionnels – G.LE BOTERF, Page 188.

  • une séquence d’apprentissage. Ce prise de recul et cette prise de conscience doit être

    totale nous dit P.Zarifian, (4), « Pour que le bagage de connaissances de l’individu se

    transforme et grandisse, encore faut il que la situation affrontée ait été pleinement

    exploitée du point de vue de ce qu’il y a à apprendre ». Une telle évaluation devrait

    toujours conclure une séquence.

    Le principe de métacognition rejoint le concept d’apprendre à apprendre que nous

    développerons dans la partie concernant l’organisation apprenante.

    2.2.1.3 Zone proximale de développement. Une nécessaire prise en compte pour favoriser les apprentissages.

    L’individu est acteur, il a envie d’apprendre, de se former, dans n’importe quel ordre et

    quelle que soit la difficulté et/ou la complexité du nouveau savoir à acquérir. La

    formation et sa durée ne sont pas des garanties suffisantes pour l’acquisition d’un

    nouveau savoir, d’une nouvelle compétence. Il est nécessaire pour l’entreprise comme

    pour l’individu de prendre en compte la zone proximale de développement des

    individus à former.

    La zone proximale de développement (5) « n’est pas autre chose que la distance entre

    le niveau actuel du développement, déterminé par la capacité de résoudre

    indépendamment un problème, et le niveau proximal du développement, déterminé par

    la capacité de résoudre un problème sous le guidage d’un adulte ou en collaboration

    avec un autre compagnon plus capable ». Ainsi ce serait l’écart entre ce que peut faire

    un enfant seul et ce qu’il est capable de faire avec l’aide d’un autre.

    Cette théorie qui visait le développement de l’enfant est transposable à l’adulte, par

    analogie et extrapolation. L’individu peut acquérir de nouveaux savoirs si ces derniers

    ne sont pas trop éloignés de ses acquis antérieurs. En pédagogie des adultes les pré-

    requis sont souvent mis en avant pour pouvoir suivre une formation. Il est donc

    nécessaire de connaître l’état de départ pour s’engager dans un processus

    d’apprentissage. Toute formation, et plus particulièrement les apprentissages collectifs,

    qui nierait cette zone proximale de développement des individus risque de ne pas

    aboutir à l’objectif poursuivi.

    22(4) Objectif compétence, P.ZARIFIAN, Page 71 (5) VIGOTSKY Cours DESS - Psychologie cognitive et formation, page 17

  • L’individu et l’entreprise doivent être conscients de cette zone proximale de

    développement lorsqu’ils mettent en œuvre des conditions d’apprentissage. Cette non

    prise en compte peut représenter un réel obstacle sauf si chacun occupe des emplois

    assez proches les uns des autres. Les pré-requis, les motivations, le construit

    identitaire de chacun doivent être pris en compte. La formation professionnelle sous sa

    forme traditionnelle, s’attache peu à ceci, elle requiert tout au plus des groupes

    d’apprenants de niveau quasi équivalent, l’homogénéité restant toujours très subjective

    puisque les diagnostics pré-formation ne sont pas pratiques courantes.

    2.2.1.4 Apprentissage en simple ou double boucle, ou la remise en cause fréquente des objectifs qui ont entraîné une action.

    Une fois le besoin identifié et les pré-requis des apprenants connus, il est facile pour

    un concepteur de formation d’élaborer un module de formation qui compense l’écart de

    compétences. A chaque nouvelle demande sur le sujet, l’Organisation a tendance à

    reproduire et à mettre en œuvre la même réponse formation, sous prétexte de

    maximisation des coûts et de temps disponible pour élaborer une nouvelle proposition.

    Elle se comporte comme si le besoin et le public étaient à l’identique du besoin

    premier. La réponse devient routinière. Le système d’apprentissage peut être qualifié

    « apprentissage en simple boucle ». (6)

    Chaque situation professionnelle fait référence à une part de permanence et à une part

    de changement. La permanence de la situation requiert une réponse formation

    s’appuyant sur un apprentissage en simple boucle, pouvant être caractérisée de

    réponse routinière. En revanche la part de changement dans une situation doit

    s’appréhender comme une situation nouvelle, comme une remise en cause des

    objectifs qui sous-tendent une réponse formation. Lorsque l’organisation remet en

    question les valeurs qui guident les stratégies d’actions, on dit qu’elle met en œuvre un

    système d’ « apprentissage en double boucle ». (6).

    Souvent lorsqu’un décalage est perçu entre les résultats d’une action et les objectifs

    poursuivis, la seule réponse consiste à envisager une nouvelle action. On assiste alors

    à la mise en place de nouvelles actions en complément de la première, puis à nouveau

    23

    (6) C.ARGYRIS, D.SCHON - 1978 Organizational learning : a theory of action perspective, Addison Wesley

  • d’autres actions complémentaires. On s’interroge sur les méthodes, sur les capacités

    du formateur, sur d’éventuels problèmes relationnels, bref la formation est accusée de

    tous les maux. La formation par sa réponse devient non crédible puisqu’elle ne prend

    pas en compte les nouveaux objectifs.

    Aussi de manière régulière et pour des formations récurrentes, l’entreprise doit se

    poser des questions sur les objectifs qui ont sous-tendu cette réponse formation. Les

    objectifs ont-ils évolué et si oui quels en sont les impacts sur le système

    d’apprentissage mis en œuvre. Même si l’environnement peut être caractérisé de

    mouvant, les situations sont assez stables sur du court terme, 6 mois à 1 an. Il est

    donc raisonnable de s’interroger 1 fois par an pour apprécier les changements

    éventuels d’objectifs à l’occasion, par exemple, de la mise en place du nouveau plan

    de formation.

    Pour Argyris et Schon une organisation est apprenante lorsqu’elle parvient à réaliser

    de manière durable un apprentissage en double boucle.

    2.2.1.5 Organisation apprenante. Faire de la plupart des situations une occasion d’apprentissage.

    Concept, né de l’imagination d’Arie de Geus, l’Organisation apprenante crée les

    conditions et donne au poste de travail un contenu favorisant un apprentissage

    constant, en mettant les salariés en situation de vigilance et d’interrogation sur les

    évolutions de leurs activités. Ce concept rejoint le concept d’apprentissage en double

    boucle.

    Travaille-t-on en apprenant ou apprend t-on en travaillant ? Cet état d’esprit, cette

    permanence de l’apprentissage dans les pratiques professionnelles permet de modifier

    la posture du salarié, il devient acteur de son développement et du développement de

    ses compétences. En déplaçant le centre de gravité des compétences, des processus

    d’apprentissage couramment utilisés vers les activités et en mettant en place les

    conditions pour que les salariés deviennent les acteurs du développement de leurs

    savoirs, le management par les compétences transforme la place et le rôle de la

    formation. La formation n’est plus qu’un des moyens au service de l’organisation pour

    le développement des compétences de ses salariés.

    24

  • Les savoirs construits et produits dans l’action sont avant tout des savoirs pratiques,

    mais n’est ce pas ce que l’Organisation et l’Individu recherchent ? Ils deviennent

    transférables et réutilisables que dans une démarche de métacognition. Les

    compétences ne font pas que s’adapter à l’Organisation, elles peuvent transformer

    cette Organisation. (7)

    Parmi les conditions pour créer une dynamique d’organisation apprenante, l’entreprise

    confie un nouveau rôle à son encadrement opérationnel. L’Organisation suppose un

    savoir faire et une légitimité suffisante de cet encadrement pour qu’il exerce ce rôle.

    Elle requiert :

    - une adaptation du mode de management centré sur la capitalisation et

    l’appropriation individuelle et collective des savoir-faire,

    - des formes explicites d’accompagnement de la progression individuelle de

    chacun,

    - que la place de la formation soit repensée au plus près des situations de travail,

    - que le désir d’apprendre soit partagé, une co-responsabilité du salarié et de

    l’Organisation dans le développement des compétences.

    En parallèle à la mise en œuvre du plan de formation, l’entreprise prévoit et organise

    des mises en expériences. Ainsi, en reconnaissant le caractère formateur de

    l’expérience, l’entreprise fait de tous les processus un projet au service de son

    évolution permanente. Le Responsable formation doit reconnaître qu’une partie

    importante de la formation se passe sur le terrain et qu’il doit apporter :

    son concours à l’organisation des dispositifs,

    un soutien méthodologique,

    sa capacité d’innovation.

    Il doit s’associer aux autres acteurs de l’entreprise qui posent des problèmes et

    amènent à identifier des solutions.

    25

    (7) - Objectif compétence, P.ZARIFIAN, page 20.

  • L’Organisation, tout en modifiant le rôle du management, doit accepter de perdre, à

    court terme, une partie de sa performance. Elle doit laisser du temps pour apprendre et

    du temps pour transmettre. C’est un temps non productif dans l’immédiat,

    l’Organisation doit l’accepter et l’encourager auprès de ses collaborateurs. Le contexte

    d’urgence dans la conduite des activités est un des points négatifs et un frein évident à

    la mise en place d’une telle Organisation. La force d’une Organisation, qui entre dans

    une telle démarche, est qu’elle accepte de déléguer l’initiative, le temps d’études et

    d’expérimentations pour que les salariés appréhendent eux-mêmes les événements et

    les problèmes qu’ils soulèvent.

    2.2.1.6 Le système d’action concret. L’individu s’inscrit dans des ajustements permanents de l’organisation.

    L’évolution de l’organisation entraîne et/ou nécessite la transformation de ses salariés,

    nous l’avons vu précédemment. Il est nécessaire de considérer le temps comme une

    variable dans la capacité à se transformer mais il est aussi important de porter une

    attention particulière et de prendre en compte les stratégies personnelles des acteurs.

    Il y a toujours un compromis entre les propres buts des acteurs et ceux de

    l’Organisation.

    La capacité d’autonomie de penser et d’agir est toujours existante quels que soient les

    systèmes mis en œuvre pour la limiter. De plus l’individu ne choisit pas la solution

    optimale mais une solution satisfaisante, la moins « coûteuse » pour lui, le juste

    minimum pour ne pas le mettre en difficulté. Il essaie de garder ainsi un certain

    pouvoir, équilibre difficile entre l’imposé et la légitime allégeance à l’Organisation. En

    somme traiter de compétences, de changements de qualification, c’est traiter de la

    redistribution des pouvoirs individuels et collectifs.

    L’Organisation assure des ajustements permanents, elle n’est pas figée, elle s’adapte

    humainement à chaque situation rencontrée, l’ensemble de ce construit est le système

    d’action concret. Il est nécessaire de croiser l’analyse stratégique avec l’analyse

    systémique pour comprendre la véritable place des uns et des autres dans la

    contribution à la production. Ce système représente un ensemble humain structuré qui

    26

  • coordonne les actions de ses participants en maintenant une relative stabilité dans

    leurs rapports entre eux par des mécanismes de régulation.

    « Chacun a ses objectifs, ses buts propres » et « dans toute organisation, tout acteur

    garde une possibilité de jeu autonome qu’il utilise plus ou moins ». (8)

    L’individualisation législative récente de la formation et la responsabilisation des

    individus dans leur employabilité modifie quelque peu cette conception. L’individu va

    s’inscrire dans le projet de l’entreprise et ses objectifs devraient être en adéquation

    avec ceux de l’entreprise. Ainsi l’Organisation et les individus, qui la composent,

    partageront les enjeux et les objectifs, c’est à dire qu’ils donneront un sens collectif aux

    actions. Ainsi les ajustements permanents vont pouvoir être anticipés puisque le jeu

    des acteurs sera mieux connu. Les ajustements s’inscriront dans les projets de plans

    de développement et seront partagés par tous.

    Toute organisation est soumise à de multiples contraintes qui créent une zone

    d’incertitude. Or cette dernière renforce le jeu des acteurs dans la mesure où elle peut

    favoriser ou non l’autonomie de ceux-ci. Les acteurs capables de la contrôler,

    détiennent un pouvoir. Il appartient donc à l’Organisation que cette zone d’incertitude

    soit la moins vaste possible de manière à limiter ou contrôler le pouvoir des salariés et

    des acteurs en général.

    2.2.2 Compétence.

    2.2.2.1 Définition. La compétence s’appuierait sur des capacités

    Le terme compétence a bénéficié et bénéficie toujours d’une multitude de parutions

    pour tenter de le définir. Pour l’AFNOR, la compétence est la mise en œuvre de

    capacités en situations professionnelles qui permettent d’exercer convenablement une

    fonction ou une activité. La compétence serait donc professionnelle et s’appuierait sur

    des capacités. Les capacités constituent des ressources internes de base qui

    appartiennent en propre à chaque personne. Elles peuvent être intellectuelles,

    méthodologiques, physiques, manuelles, artistiques mais aussi d’adaptation,

    d’initiative, … Elles s’associent aux ressources acquises ultérieurement par l’individu

    pour produire la compétence. La formation, les échanges avec les collègues, l’exercice

    27

    (8) P.BERNOUX cité dans le cours du DESS : Sociologie des organisations

  • d’activités professionnelles, l’accompagnement en tandem ou tutorat favorisent le

    développement des ces ressources.

    La compétence professionnelle se traduit par un processus dynamique dans lequel le

    salarié mobilise, transpose et agence ses ressources, diversement acquises, pour

    constituer une combinaison originale en vue de l’exécution d’une activité. On retrouve

    cette notion de combinaison chez A Meignant lorsqu’il écrit « la compétence est la

    capacité à mettre en œuvre une combinaison spécifique. Cette capacité permet de

    mobiliser des savoirs théoriques, procéduraux, expérientiels, empiriques, sociaux

    cognitifs, … ». Cette combinaison est variable suivant les individus, elle est fonction

    des ressources de chacun.

    La compétence professionnelle se constate lors de la mise en œuvre. C’est donc en

    activité qu’elle peut s’exercer, s’évaluer et se valider par rapport aux compétences

    requises, dans les référentiels d’activités et de compétences de l’entreprise, pour

    l’activité professionnelle exercée. Ainsi, définie comme un processus dynamique de

    combinaison de ressources, la compétence est contingente et directement fonction

    d'une situation professionnelle donnée. Les compétences, entendues comme une

    somme de ressources et de capacités constituent le capital de chacun. C’est une

    disposition pour agir, il appartient à l’entreprise de créer les conditions pour que le

    salarié les mette en œuvre dans l’activité qui lui est confiée.

    2.2.2.2 Formation et compétences. La formation est un des moyens pour acquérir des compétences.

    Dans les entreprises de service la qualité des compétences humaines constitue

    l’avantage concurrentiel absolu. En effet, les produits sont quasi identiques, la création

    de nouveaux produits est vite imitée parce que non protégée, les besoins des clients

    sont connus. La formation bénéficie de budget important et constitue pour l’essentiel

    des entreprises le moyen pour développer les compétences de ses salariés. Ainsi

    chaque entreprise ne possède pas réellement d’avantage sur ses concurrents, si ce

    n’est dans la qualité du service qu’elle apporte à ses clients.

    Il devient donc nécessaire, non seulement de mettre en œuvre d’autres processus de

    développement des compétences en complément de la formation pour asseoir son

    28

  • avantage mais aussi de réussir à nommer, formaliser, et développer des compétences

    enracinées dans des valeurs plus culturelles que techniques. La capacité d’agir en

    équipe, la notion de qualité de service rendu, l’écoute du client, l’autonomie, la

    responsabilité, la résistance au stress acquièrent leur lettre de noblesse.

    Ce que perçoit le client n’est pas la somme des compétences individuelles mais bien le

    résultat collectif. Cette compétence collective est bien plus que la somme des

    compétences individuelles. Cela s’explique par les effets de synergie entre les

    compétences individuelles. Les individus partagent les mêmes enjeux, des référents

    communs, coopèrent et développent ainsi de nouvelles compétences. Il appartient à

    l’entreprise de créer un environnement favorable à la construction du développement

    de ces nouvelles compétences pour créer son propre développement. Cet

    environnement associe la stratégie, l’organisation, le management et les acteurs eux-

    mêmes, et permet à l’Organisation d’entrer dans une démarche compétence. Ainsi

    l’entreprise aura à cœur de renforcer les capacités d’adaptation de son personnel, de

    centrer ses efforts sur la qualité du service rendu à la clientèle, de placer le personnel

    dans une dynamique d’amélioration continue pour lui permettre de s’adapter à toutes

    les évolutions.

    Cette démarche s’inscrit dans le concept d’organisation apprenante, c’est-à-dire une

    organisation conçue pour faire de toute situation de travail une occasion d’apprendre et

    de se perfectionner.

    La formation ne peut donc plus être considérée comme l’unique vecteur du

    développement des compétences. Même si elle tient encore, dans beaucoup

    d’entreprises, le rôle central dans le développement des compétences des salariés,

    elle n’est plus la seule, le travail, le management et l’organisation apportent leur

    contribution.

    2.2.2.3 Compétence et performance. La compétence est un levier de la performance.

    La compétence ne peut s’observer en tant que telle, isolée de la situation dans laquelle

    elle s’exerce et du résultat auquel elle aboutit, c’est à dire la performance. Pour une

    entreprise la performance est d’accroître la valeur produite. Elle ne concentre plus

    29

  • uniquement sur la réduction des coûts ou l’accroissement de la production, comme

    naguère. La performance de l’organisation n’est pas non plus la somme des

    performances individuelles de chacun des acteurs, elle est le résultat de la

    performance collective. Il ne s’agit pas de demander à un manager d’être autre chose

    qu’un manager, ou à un commercial d’être autre chose qu’un commercial, mais de

    l’être autrement. (9)

    Un salarié est-il forcément performant s’il est compétent ? Pour tenter de répondre à

    cette question nous utiliserons une autre image, tout individu sachant faire du vélo est

    en mesure de gagner le tour de France puisqu’il est compétent, il sait faire du vélo. La

    compétence doit donc forcément être associée à d’autres éléments pour contribuer à la

    performance. La performance est le produit de la compétence, de la motivation, des

    moyens alloués et des conditions de réalisation pour atteindre les objectifs attendus.

    La performance ne porte plus uniquement sur l’exercice des activités attachées au

    poste de travail, elle concerne l’ensemble du fonctionnement de l’entreprise, en ce

    sens qu’elle ne peut plus être comprise, uniquement, comme l’atteinte des résultats

    mais aussi comme la maximisation des différentes opportunités qui se présentent.

    Avec le couple compétences/performance, nous entrons dans une logique ou chacun

    doit trouver son compte,

    L’entreprise est plus performante

    Le salarié augmente sa valeur.

    Chacun assure sa part dans cet engagement, sans à proprement parler d’égalité.

    Une rétribution par l’entreprise des compétences acquises et mobilisées par le

    salarié.

    Un engagement du salarié à contribuer aux objectifs de l’entreprise et à

    développer ses compétences.

    Le contenu du travail, en tant que levier de la performance et occasions

    d’apprentissage, doit être interrogé en permanence. Il ne peut plus faire l’objet d’une

    analyse détaillée par postes de travail pour affiner les compétences nécessaires dans

    une conception Taylorienne. Il devient important de recentrer les activités sur les

    cœurs de métiers et les compétences qu’elles sous-tendent. La réussite économique

    30(9) Objectif compétence, P.ZARIFIAN, page 140).

  • se redessine autour de la compétence des hommes, la question n’est plus de mettre

    en place la bonne formation mais de mettre en œuvre des processus d’apprentissage

    permanents, individuels et/ou collectifs, pour permettre à l’Organisation de satisfaire

    durablement ses clients et par-delà d’être performante. Nous sommes entrés dans

    l’économie du savoir, Guy Le Boterf . (10)

    2.2.2.4 Du type A au type B (Guy Le Boterf, 2003). Les organisations entrent dans une économie du savoir.

    Les entreprises n’ont pas de problèmes de formation, elles ont des problèmes que

    seule la compétence en actes de management et du Personnel peut contribuer à

    résoudre. Le paradigme traditionnel de la formation dans l’entreprise, (11), dans lequel

    la formation est avant tout un outil d’adaptation de la main d’œuvre aux exigences de

    l’organisation du travail, est largement obsolète. Il fait place à un nouveau paradigme,

    plus exigeant, dans lequel la gestion de la compétence individuelle et collective est la

    clé de l’anticipation permanente par l’organisation des exigences de l’environnement.

    De la conception Taylorienne de la relation homme/poste, il est nécessaire de

    substituer la relation équipe/mission. L’organisation n’a plus besoin d’hommes bien

    formés mais d’un personnel engagé, responsable, autonome, attentif au client,

    compétent. L’organisation entre dans une nouvelle logique, la gestion par les

    compétences. Cette gestion ne peut plus être pilotée uniquement par la Direction des

    Ressources Humaines, elle est l’affaire de tous, de l’Organisation, du management et

    des acteurs eux-mêmes. Il est ici question de l’émergence du concept d’économie du

    savoir, du modèle A au modèle B selon Le Boterf.

    Modèle A : Le sujet est considéré comme un opérateur dont la compétence se

    limite à savoir exécuter des opérations conformes à la prescription.

    Modèle B : Le sujet est considéré comme un acteur, un professionnel

    compétent qui sait aller au-delà du prescrit, qui sait agir et réagir et donc prendre des

    initiatives.

    Le Professionnel sait établir des liens entre son patrimoine de ressources et des

    situations à gérer.

    (10) Développer la compétence des professionnels, G.LE BOTERF, page 110. (11) Manager la formation - A.MEIGNANT, page 371,

    31

  • 2.2.3 La professionnalisation. Un concept d’apprentissage permanent.

    2.2.3.1 Professionnalisation. Un concept polysémique.

    La professionnalisation ferait donc référence à un comportement, une attitude. Ainsi se

    professionnaliser ce serait mettre en oeuvre un nouveau comportement en fonction

    des besoins de la situation, chaque situation étant considérée comme nouvelle. Ainsi

    l’individu ferait évoluer ses schèmes opératoires, en les modifiant ou en acquérant de

    nouveaux, en fonction de cette situation. Ce qui semble caractériser un professionnel

    c’est sa propension à s’extraire du regard sur la pratique pour mieux émettre ce qui la

    fonde et faire évoluer ses schèmes. Cette démarche pourrait être définie comme la

    capacité à faire face aux exigences professionnelles en situation. Elle requiert une

    démarche volontariste de l’individu, ce dernier serait en recherche permanente

    d’adéquation avec les exigences de l’environnement et les ressources à acquérir pour

    évoluer dans cet environnement. C’est une capacité à réagir, à mettre en oeuvre en

    permanence des schèmes opératoires différents, différents car chaque situation est

    abordée et traitée différemment.

    C’est en ce sens que la professionnalisation ne peut se confondre avec l’expérience.

    L’expérience fait souvent référence à une certaine routine dans les traitements des

    événements, une réponse de type stéréotypée. La professionnalisation au contraire

    suppose une réponse adaptée et différente à chaque événement.

    Le Petit Larousse définit la professionnalisation comme :

    Caractère d’une activité dont l’exercice tend à devenir professionnel, à ne plus

    être confié qu’à des spécialistes, des gens de métier.

    Caractère d’une activité que l’on pourvoit d’une finalité professionnelle.

    Cette définition tente de montrer que la professionnalisation est au même titre que la

    compétence une polysémie.

    Elles sont d’ailleurs souvent associées. Ainsi Guy Le Boterf, (12), définit un

    professionnel comme compétent s’il sait agir avec compétence. Il propose de

    reconnaître le professionnel au travers de l’action et de ses ressources internes et

    externes nécessaires à la réalisation de l’action. Il fait donc une distinction entre les

    ressources et l’action, leur interaction ferait la professionnalité. Le professionnel

    32(12) Développer la compétence des professionnels – G.LE BOTERF, Page 13

  • compétent serait celui qui met en œuvre un savoir combinatoire, qui associe son

    équipement, ses ressources internes et externes, à l’action dans l’action à réaliser. La

    professionnalisation serait ainsi l’acte, la manière, qui permet à chacun d’acquérir ce

    savoir combinatoire. Chacun étant différent, il existerait donc une multitude de façon de

    se professionnaliser. Mais comment faire acquérir ce savoir combinatoire puisqu’il est

    à chaque fois différent, toute situation étant différente et mouvante, les acteurs eux-

    mêmes étant différents, ne serait-ce que par leur identité.

    Janine Roche (13) accrédite le concept de professionnalisation comme une polysémie

    : la professionnalisation est loin d’être univoque, elle peut revêtir des sens différents

    selon le point de vue adopté. 5 dimensions lui seraient attribuées, une économique,

    une ethico-philosophique, une sociologique, une psychologique et une pédagogique.

    Ainsi suivant le positionnement d’un individu dans une de ces dimensions la

    professionnalisation pourrait se définir différemment.

    Dimension économique : La professionnalisation permettrait à l’individu de vivre de son

    travail ou du produit de son travail. C’est ce qui différencierait l’amateur du

    professionnel, notamment dans le sport. Pour vivre de son activité il doit sans cesse se

    professionnaliser, s’entraîner. La stagnation de sa compétence ne le rendrait plus

    compétitif au regard de ceux qui font des efforts pour apprendre et progresser, il ne

    présente plus d’intérêt pour le spectateur, il diminue sa valeur marchande et ne peut

    plus vivre de son activité.

    Dimension ethico-philosophique : La professionnalisation est l’engagement à fournir un

    travail qui serve l’homme au lieu de le desservir. C’est ce qui permet l’échange entre

    une contribution sociale de qualité et une rémunération. Cette dimension est en

    particulier traduite par les organisations professionnelles et même parmi les

    représentants des organisations syndicales

    Dimension sociologique : La professionnalisation s’inscrit dans une optique de lutte

    sociale afin d’obtenir un meilleur positionnement social. C’est une recherche de

    reconnaissance sociale d’une profession alliée à la stabilisation d’un statut et d’une

    rémunération. Ainsi le professionnel se caractériserait par ses connaissances, la prise

    en compte du client, le statut social, la responsabilisation.

    33(13) éducation permanente n° 140/1999-3 – J.ROCHE, page 36

  • Dimension psychologique : Etre un professionnel c’est accepter la complexité et

    l’incertitude, et parfois même s’y complaire. C’est au travers de cette dimension que

    l’on constate l’évolution du concept de professionnalisation au cours des ans. Nous

    sommes passés de l’amour du travail bien fait, conception Taylorienne, faisant appel à

    la conscience professionnelle à aimer la complexité, conception moderne, faisant appel

    à des qualités plus cognitives et socio-affectives. En ce sens la professionnalisation,

    comme savoir combinatoire de gestion de la complexité, rejoint la conception de Guy

    Le Boterf. En effet le professionnel ne saurait se contenter de la routine, il est plus

    inventeur-concepteur qu’exécutant. Professionnaliser des individus consisterait à leur

    permettre d’avoir prise sur leur environnement en les dotant de compétences

    complexes faites à la fois de connaissance théorique, d’un équipement cognitif et d’un

    équipement socio-affectif. En formation initiale des jeunes, on s’interroge beaucoup sur

    les moyens de satisfaire ces caractéristiques pour qu’ils soient employables.

    Dimension pédagogique : Le contenu du travail suppose de plus en plus la mise en

    œuvre d’un savoir-faire et d’un savoir être qui incluent des qualités inhérentes à la

    personnalité des individus. Il est nécessaire d’évaluer des éléments qui tiennent

    compte de la subjectivité, de la personnalité avec tous les risques de dérives possibles

    dès lors que l’apparence prend le pas sur le rassurant savoir-faire. Il faudrait donc

    revoir et/ou inventer de nouveaux modes de formation qui prennent en compte toutes

    les composantes de la compétence et en particulier les schèmes cognitifs et socio-

    affectifs. Ceci paraît plus difficile en formation initiale, le système éducatif, centré sur

    les savoirs et savoir-faire est peu familier avec ces pratiques. L’alternance école

    entreprise paraît être une bonne réponse.

    Pour Janine Roche, si toutes ces dimensions revêtent une importance dans les

    réflexions sur la professionnalisation, les dimensions psychologiques et pédagogiques

    semblent des approches plus appropriées pour concevoir des contenus et des

    méthodes au service de cette professionnalisation. Ces deux dimensions positionnent,

    au centre des préoccupations, le sujet apprenant.

    Chaque situation de travail étant différente le professionnel réagit différemment, il

    modifie ses schèmes opératoires en fonction de chacune. Il les modifie, il les fait

    évoluer, il produit de nouveaux savoirs pour faire face, il apprend et même il apprend à

    apprendre. La professionnalisation produirait donc de nouvelles compétences.

    34

  • Peut-on qualifier un professionnel de débutant, de confirmé ou d’expert ? Qu’est ce qui

    caractérise chacun d’eux ? Est-ce la difficulté du problème à traiter et leur capacité à le

    résoudre, est-ce la complexité des ressources internes mises en œuvre, est-ce dans le

    savoir combinatoire qu’il faut faire une différence ? Pour l’organisation il est important

    de définir et de faire connaître quel sens elle leur donne. Pour ce faire elle doit écrire et

    diffuser les référentiels de ses métiers, de ses activités, afin que chacun se les

    approprie. En effet si la professionnalisation revêt un caractère d’exigence pour les

    salariés afin de permettre à l’organisation d’acquérir une nouvelle performance, il

    appartient à cette dernière de mettre rapidement en place des outils d’évaluations qui

    s’appuient sur les référentiels métiers. Elle doit cependant rester vigilante sur son

    degré d’exigence, car l’importance croissante des experts et des professionnels

    entraîne une diminution de leur loyauté à son égard.

    La professionnalité est l’élément qui caratérise le professionnel, qu’il soit débutant,

    confirmé ou expert, elle est cependant difficilement mesurable en tant que telle, seul le

    résultat de sa mise en œuvre, l’action, est mesurable et qualifiable. Guy le Boterf, (14),

    la caractérise à partir de 7 thèmes que sont :

    La démarche ou mode d’intervention,

    La contextualisation des savoirs,

    Les méta-connaissances,

    La gestion du temps,

    Le degré d’autonomie,

    L’image de soi,

    La fiabilité.

    2.2.3.2 Formation et professionnalisation. La formation n’est qu’un des moyens de la professionnalisation.

    La professionnalisation inclut la formation mais ne peut se réduire à celle ci, elle est

    complémentaire. La formation permet d’acquérir des savoirs, elle permet à l’apprenant

    de se constituer et/ou de modifier des ressources mais elle n’intervient, sous sa forme

    traditionnelle, que très rarement dans le processus combinatoire entre les ressources

    (14) Développer la compétence des professionnels, G.LE BOTERF, Pages 199-201

    35

  • et l’action. Ce processus est complexe et différent à chaque mise en œuvre. La

    professionnalisation suppose la mise en œuvre de moyens pour développer la

    réflexivité et la distanciation critique du professionnel sur ses pratiques, sur ses

    ressources, sur sa façon d’agir, et même sur sa façon d’apprendre. De plus en plus de

    salariés ont des activités qui les obligent à résoudre des difficultés pour lesquelles il

    n’existe pas de solution évidente et vérifiée, parce que l’environnement change, les

    clients sont différents.

    La professionnalité est subjective, c’est dans l’action qu’elle peut être mesurée et

    évaluée, elle est donc difficilement formalisable avant sa mise en œuvre. Ce qui

    semble important dans l’analyse de la professionnalité, c’est cette propension du

    professionnel à s’extraire du regard sur sa pratique pour mieux émettre ce qui la fonde.

    Un individu particulier constitue de plus en plus sa compétence en se frottant à une

    multiplicité de sources de connaissances, d’expertises, d’expériences, P.Zarifian, (15).

    Il appartient à l’entreprise de réunir et de mettre en œuvre les conditions et les

    situations favorables à la professionnalisation. Cet espace de professionnalisation

    contient à la fois des situations de formation et des situations de professionnalisation. Il

    appartient à chaque salarié de se professionnaliser, de porter une attention et sa

    réflexion sur les démarches visant à la transformation de ses pratiques

    professionnelles. Ainsi les organisations qualifiées d’apprenantes ont su créer les

    conditions favorables à cette professionnalisation.

    2.2.3.3 Conditions favorables à la professionnalisation. La professionnalisation s’inscrit plus dans une logique de navigation que de

    programmation.

    Comme je l’ai écrit précédemment, il appartient à l’entreprise de créer les conditions et

    situations favorables à la professionnalisation. Cette dernière ne peut être une fin en

    soi, elle n’est qu’un élément du projet stratégique de l’entreprise qui lui permet

    d’apporter sa contribution à la compétitivité et au renforcement de l’employabilité de

    ses salariés.

    La reconnaissance de la finalité sociale autant qu’économique de toute politique de

    professionnalisation s’avère une des conditions essentielles à la réussite de celle-ci.

    Cette double reconnaissance ne mérite pas nécessairement l’immédiateté ni la

    36(15) - Objectif compétence, P.ZARIFIAN, page 115

  • simultanéité, mais néanmoins elle ne saurait faire abstraction de l’une ou de l’autre.

    Les salariés qui adhèrent à cette politique et qui s’engagent dans une telle démarche,

    attendent un retour sur investissement, une reconnaissance, sous peine d’échecs.

    L’organisation doit lui conférer une légitimité, une implication à tous les niveaux et c’est

    le chef d’entreprise lui-même qui doit en être l’instigateur, le moteur, le pilote, il doit

    porter le projet.

    Entrer pour une organisation dans une démarche de professionnalisation ne peut se

    concevoir dans l’organisation de travail existante, elle nécessite une construction

    nouvelle, une organisation à vocation apprenante. Une organisation conçue pour faire

    de toute situation de travail une occasion d’apprendre et de se perfectionner.

    S’engager dans un processus de professionnalisation, c’est apporter une vigilance sur

    les résultats certes mais surtout sur les dispositifs qui les engendrent. C‘est s’assurer

    que les conditions ont bien été réunies et mises sous contrôle.

    La mise en place de conditions favorables à la professionnalisation permet d’évoluer

    vers plus de pragmatisme et d’efficacité, bien qu’elles relèvent comme le souligne Guy

    le Boterf (2003) plus de la navigation que d’une logique de programmation. En effet il

    est aisé pour l’organisation de créer des opportunités de professionnalisation que sont

    les formations proprement dites, les situations formatives, les situations de travail à

    vocations formatives. Elle devra de plus construire des dispositifs qui coordonnent tous

    les registres d’acquisition des compétences.

    Pour accompagner ces dispositifs, le management de proximité est le mieux placé.

    Parmi ses missions, il lui appartient de maintenir un environnement favorable au

    développement des compétences individuelles et collectives de ses collaborateurs. Ce

    que Guy le Boterf qualifie de management jardinier, (16). Le rôle du management n’est

    plus d’éliminer les obstacles pour que ses collaborateurs progressent, il est plus dans

    un univers ou il lui faut créer les conditions favorables pour qu’ils progressent. Ainsi il

    facilite la réalisation du changement et ancre les nouvelles stratégies dans le concret.

    L’organisation en s’engageant dans une démarche de professionnalisation doit veiller

    au conflit potentiel pour le pouvoir entre les acteurs. Le management est investi d’un

    pouvoir, mais le savoir permet d’acquérir du pouvoir. Il appartient à l’organisation

    d’accompagner et de soutenir le management dans la mise en oeuvre de cette

    37

    (16) - Ingénierie et évaluations des compétences, G.LE BOTERF, page 223

  • nouvelle mission. Le pouvoir du management doit être vécu par les opérationnels non

    comme de la subordination mais comme une relation de confiance.

    38

  • 3ème partie : l’enquête menée auprès des Directeurs d’Agences.

    3.1 Rappel de l’hypothèse.

    Les Directeurs d’Agences doivent non seulement acquérir de nouvelles compétences

    mais modifier durablement leur comportement. Investis d’une nouvelle mission, ils

    doivent être préparés et accompagnés dans la mise en œuvre de la formation du jeudi,

    Cette hypothèse doit se référer à des notions mesurables. Elle n’est que provisoire, ce

    n’est pas une certitude. Il ne s’agit pas de la question que nous souhaitons poser

    directement aux sujets de l’enquête. Ainsi, cette hypothèse, si elle est vérifiée, permet

    d’élaborer des préconisations en vue d’apporter des éléments de réponse à la

    problématique.

    « Le savant n’est pas l’homme qui fournit les vraies réponses, mais c’est celui qui pose

    les bonnes questions » Claude Levi Strauss.

    Comment pratiquer une enquête ? Il est communément admis que cette démarche

    s’effectue en 4 phases : une préparation, un questionnaire, la récolte des réponses,

    l’analyse. Nous nous attacherons à respecter ces différentes étapes au cours de notre

    enquête.

    3.2 L’enquête.

    3.2.1 Définition de la population.

    Dans le langage des sciences humaines, une population est un ensemble fini ou infini

    d’éléments définis à l’avance sur lesquels portent les observations. (Gravitz cité par

    Angers 1996). L’idéal aurait été de prendre l’ensemble de la population des Directeurs

    d’Agence, mais des contraintes de temps et de disponibilité des personnes n’ont pas

    permis de travailler sur l’exhaustivité de la population. Les personnes rencontrées ne

    représentent pas un échantillon typique de la population totale au sens statistique du

    terme mais un échantillon regroupant des acteurs reconnus par l’Entreprise pour leur

    capacité à s’investir dans un projet et à communiquer. Initialement prévu à 20

    personnes, nous nous sommes volontairement arrêtés au douzième entretien après

    avoir constaté, qu’à partir du neuvième, les réponses étaient identiques. Continuer

    39

  • malgré tout jusqu’au vingtième n’aurait présenté aucun avantage dans l’analyse, un

    gain de temps a été ainsi observé.

    3.2.2 La méthode utilisée.

    Blanchet.A, Gotmann.A, (17), définissent l’entretien comme un instrument

    d’investigation spécifique aidant à la mise en évidence des faits particuliers. Toutefois,

    la spécificité de cet instrument d’investigation passe par la parole. Il s’agit donc de faits

    tels qu’ils sont perçus par les acteurs de l’organisation et, plus particulièrement, par les

    acteurs directement concernés, les Directeurs d’Agence.

    Elle s’est déroulée en 2 étapes. L’enquête sur le terrain a été précédée de quelques

    entretiens individuels permettant de déceler les problèmes. Ce n’est qu’à ce moment là

    que nous avons construit un questionnaire plus structuré. L’objectif consistait, à partir

    du flou initial, à définir des objectifs clairs permettant l’élaboration du questionnaire.

    Une grille questionnaire est établie pour mener des entretiens de type semi-directif

    d’une durée moyenne d’environ 1h30 ; ceci afin de limiter les effets de fatigue et de ne

    pas abuser de la disponibilité de la population concernée. Ces entretiens semi-directifs

    laissent la place à des remarques de la part des acteurs pouvant donner lieu à des

    développements et des échanges. Ils comprennent à la fois des questions ouvertes et

    fermées. On entend par questions fermées celles où les personnes interrogées doivent

    choisir entre des réponses déjà formulées à l’avance. Quant aux questions ouvertes,

    les personnes interrogées sont libres de répondre comme elles le veulent.

    3.2.3 Déroulement des entretiens.

    Nous avons porté une attention particulière à 3 facteurs qui conditionnent le

    déroulement de ces entretiens :

    L’environnement.

    Le contrat de communication.

    Le mode d’intervention.

    3.2.3.1 L’environnement.

    40

    (17) - L’enquête et ses méthodes, A.BLANCHET, A.GOTMANN.

  • Selon Blanchet (1991), chaque lieu communique des significations susceptibles d’être

    mises en actes dans le discours de l’enquêté. C’est pourquoi, tous les entretiens ont

    été menés dans le bureau même de la personne rencontrée afin de favoriser la

    production d’un discours soutenu et maîtrisé sur les thèmes évoqués. De plus, le fait

    d’être replacé dans son contexte de travail peut favoriser chez l’enquêté la

    récupération en mémoire d’informations.

    3.2.3.2 Le contrat de communication.

    Nous avons décidé de présenter, avant tout entretien et par téléphone, aux personnes

    interrogées, les informations suivantes :

    L’objet de l’entretien et sa durée.

    Les modalités de l’entretien.

    La confidentialité des informations fournies.

    La restitution de la globalisation des réponses des enquêtés.

    Puis de lui envoyer le questionnaire, pour information, 8 jours avant l’entretien.

    3.2.3.3 Le mode d’intervention.

    Bien que nos entretiens soient basés sur un certain nombre de questions fermées,

    notre intervention se centre principalement dans une démarche d’écoute en procédant,

    lorsque cela s’avère nécessaire, à une reformulation de ce qui nous est rapporté, tout

    en évitant les jugements de valeurs. Les entretiens sont menés sous la forme

    d’administration indirecte, l’enquêteur note les réponses que lui fournit l’enquêté.

    3.2.4 Le questionnaire.

    Le document ou grille questionnaire qui nous a servi pour les entretiens est en annexe,

    (annexe 3).

    41

  • 3.3 Résultats et analyse.

    L’analyse des résultats de nos entretiens est de nature descriptive. Pour les questions

    ouvertes, une analyse de contenu a été réalisée.

    Les tableaux récapitulatifs des résultats des entretiens sont en annexe, (annexe 4).

    Chaque paragraphe de l’analyse ci-dessous fait référence à une ou plusieurs questions

    du