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Taol lagad war’n dazont
SommaireN° 12 / Automne 2019
Responsable de la publication
Gilbert Jaffrelot (Locarn)
Coordinateur des chroniques
Liam Fauchard
site web
www.institut-locarn.bzh
Institut de Locarn
Kerhunou
22340 LOCARN
Tél : 02 96 57 42 42
Courriel
Coordonnées GPS
N 48°19’43
W 3°27’10
Mise en bouche Un peu de raison… p.2
Projection 1 | Ta-ra-ta-stats p. 5
Projection 2 | Redistribution p. 7
Projection 3 | Culturo-diversité p. 8
Futurologie & Prospective | Route de la soie p. 9
Futurologie & Prospective | Bretagne & Agriculture p. 11
Lectures & Bibliographie p.15
Index des NDL du n°01 au n°12 p. 28
Vendredi 08 Novembre Nelly GUETRencontres écoles et entreprises en Europe
Vendredi 29 Novembre Journée Jean-Paul MOISANHervé BRAILLY : les avancées spectaculaires à tous égards dans le domaine de l’immuno-oncologie
Vendredi 13 Décembre 2019 - Guillaume ROUE (Inaporc)Les filières animales au niveau mondial
Précisions, explications, inscriptions sur www.institut-locarn.bzh
Agenda
Dans un monde en mouvement,il vaut mieux penser le changement que changer le pansement. Francis BLANCHE
Institut de Locarn Formation Information
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Institut Locarn - Chroniques pour demain - Automne 2019
LES CHRONIQUES…Mise en bouche
UN PEU DE RAISON
NORVÈGE – 13 Août 2018 Le Ministre de la Pêche Per Sandberg annonce sa démission. Il est accusé d’avoir enfreint les protocoles de sécurité en effectuant en Juillet un voyage privé en Iran avec sa compagne iranienne sans en informer les services du Premier Ministre et en emportant son téléphone portable de fonction. Per Sandberg quitte également ses fonctions de Vice-Président du Parti du Progrès.
SUISSE – 17 Août 2018 La Municipalité de Lausanne refuse d’octroyer la bourgeoisie communale – ce qui entraîne de facto le rejet de la naturalisation – à un couple de ressortissants d’Afrique du Nord qui avait refusé de serrer la main de personnes de sexe opposé appartenant à la commission des naturalisations. Elle estime que cette attitude ne respecte pas « Un principe fondamental de la Constitution et un pilier de la société, soit l’égalité entre hommes et femmes ».
ESWATINI – 21 Septembre 2018 Une partie de l’opposition appelle au boycottage des élections législatives auxquelles ne participent que des candidats sans étiquette, les partis en étant exclus. Cinquante-neuf indépendants sont élus et six membres de la famille royale sont nommés au Parlement par le roi Mswati III. Ni les scores obtenus par les élus ni le taux de participation ne sont rendus publics par la commission électorale.
SUISSE – 05 Novembre 2018 Stéphanie Niederhauser, Préfète du Jura bernois, invalide le scrutin organisé à Moutier en Juin 2017, qui avait entériné à une faible majorité le rattachement au Canton du Jura de cette ville originellement bernoise. Elle dénonce l’absence d’objectivité des informations transmises aux électeurs par le Conseil Municipal de la ville, ainsi que des défaillances dans la tenue du registre électoral.
CANADA – 13 Novembre 2018 Les habitants de Calgary (Alberta) consultés par référendum rejettent à 57 % des suffrages l’organisation dans leur ville des Jeux Olympiques d’Hiver de 2026. Le coût des JO était estimé à 5,1 GCAN$, dont 390 M à la charge de la ville. Le 19 Novembre, le Conseil Municipal de Calgary décide unanimement de retirer la candidature de la ville.
SUISSE – 25 Novembre 2018 Les électeurs rejettent à 67 % des suffrages l’initiative populaire « pour l’autodétermination » présentée par l’UDC (droite extrême) qui entendait affirmer la primauté du droit suisse sur le droit international et dénonçait les « juges étrangers ». Tous les Cantons ont rejeté la proposition.
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LES CHRONIQUES…Mise en bouche
UN PEU DE RAISON (BIS)
De tous temps, en tous lieux, sous toute religion, l’humanité a montré une aversion aux données, lui préférant des règles, des lois, des doctrines, souvent mystiques, toujours empiriques.C’est ce que Baudelaire transcrit dans un vers admirable « L’humanité bavarde, ivre de son génie ». Concrètement, cette aversion signifie que chacun se satisfait d’explications incomplètes, voire fausses, mais communément acceptées et s’inscrivant dans un « corps de doctrine » bien cohérent. Elle est aussi ancienne que le fait religieux, c’est-à-dire immémoriale, et elle résiste très bien aux accidents qui pourraient la remettre en cause. Le « Vasa » sombra dans le port de Stockholm, lors de son voyage inaugural, le 10 Août 1628. Une commission d’enquête fut nommée ; après investigation, elle trouva que tout était conforme aux plans et aux usages de l’époque, et la conclusion fut « C’est Dieu qui l’a voulu ».
Aujourd’hui encore, un physicien qui conçoit des lois est infiniment mieux considéré, socialement parlant, que celui qui recueille des données. Le premier s’appelle un théoricien, le second un expérimentateur. Dans la renommée universelle, Newton est bien avant Kepler.
De nos jours, on croule sous le « Big Data », et la préoccupation principale est de se doter de « moulinettes » qui vont permettre
de sortir n’importe quelle conclusion, en réfléchissant le moins possible : cela s’appelle l’intelligence artificielle.
Restent les lois de la Nature. Elles existent, que les chercheurs académiques le veuillent ou non, et, de temps en temps, elles produisent des catastrophes. Mais cela ne suffit pas à remettre en cause les fondements des modes de décision, qui sont toujours de nature mystique : si une catastrophe se produit, c’est parce que l’homme a abandonné la pureté originelle : on annonce tous les jours de nouvelles catastrophes, pour ce même motif.
En Europe, les émissions totales de gaz à effet de serre ont augmenté de 0,7 % en 2017, selon les données publiées en Mai 2019 par l’Agence Européenne pour l’Environnement [AEE], bien que nous délocalisions les emplois pour paraître verts.
En 1954, Albert Einstein se convertit à un régime végétarien ; il meurt un an après.
Extraits de La Lettre de la SCM n°86 – Juin 2019.Société de Calcul Mathématique, dirigée par Bernard Beauzamy.www.scmsa.eu
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Institut Locarn - Chroniques pour demain - Automne 2019
EDF envoie sans cesse des publicités « L’énergie est notre avenir, économisons-la » ; « Je produis et je consomme ma propre électricité ». EDF est probablement le seul industriel au Monde essayant de persuader ses clients : 1/ De consommer le moins possible. 2/ De se substituer à lui pour produire. Quelqu’un, au sein de la direction générale à dû disjoncter. On n’imagine pas la SCM recommandant de ne pas faire de mathématiques, ou, à la rigueur, de les faire soi-même.
Le New York Times (06 Juin 2019), titre “ The Car Industry Is Under Siege “ : du fait du réchauffement climatique, les fabricants de voitures sont invités à se convertir d’urgence à l’électrique. L’article insiste sur le fait que ce sera à grands frais, mais il commet plusieurs erreurs factuelles : 1/ Il n’est pas exact que la qualité de l’air dans les grandes villes se soit dégradée, du moins en France ; bien au contraire, elle s’est beaucoup améliorée. 2/ L’article feint de croire que, une fois que les automobiles seront toutes électriques, les problèmes seront réglés. C’est entièrement faux : les écolos sont hostiles à la civilisation industrielle en général. Une fois que les constructeurs produiront des voitures électriques, celles-ci seront la nouvelle cible des attaques. 3/ Le lien avec le climat est tout sauf avéré : supprimons tous les moyens de transport, toutes les industries, le climat ne sera modifié en rien.
C’est un problème récurrent dans la société moderne : après-guerre, l’État était compétent et cherchait à donner à l’industrie un cadre réglementaire stable. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, mais les industriels ne l’ont pas encore compris.
« Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice. » Montesquieu.
UN PEU DE RAISON (suite et fin)
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PROJECTION 1
L’interjection « Taratata » est une onomatopée expri-mant l’incrédulité, la défiance, le mépris. [DIXEL – 2011].
Nos sociétés contemporaines sont gavées de statistiques à longueur de journée, de provenances diverses, parfois de nombreux lieux de la Planète. De l’indice du CAC40 aux ten-dances météorologiques en passant par le taux de chômage ou la variation du prix du baril de pétrole, le tout agrémenté des agressions qui ont augmenté de XX %... on se demande comment faisaient nos prédéces-seurs pour prendre des décisions en absence de quasiment tout indicateur.
Sans doute est-ce la rançon d’une société complexe. Mais dans ce cas, encore faut-il que les « informateurs » fournissent des données fiables, des faits vérifiés, et pas des affirma-tions pauvres quand elles ne sont pas tout simplement idéo-logisées par celle ou celui qui les annonce.
Connaissez-vous le TES – Taux d’Emploi Standardisé - ? C’est l’indicateur utilisé par l’OCDE et l’UE pour mesurer pré-cisément le pourcentage de la population âgée de 15 à 64 ans qui est en activité économique, quel que soit son statut. Il permet des comparaisons très fiables entre États, entre Régions, entre territoires divers. Il est infalsifiable, à l’op-posé du taux de chômage présenté dans les médias qui est un indicateur pauvre, artificiel et manipulable à souhait. En France, l’explication relève sans doute de notre piètre per-formance. Le TES français tourne depuis des années autour de 62 %, l’un des plus bas de l’UE à 28, tandis que les Pays nordiques (Danemark, Norvège, Pays-Bas, Suède… mais aussi Irlande) flirtent avec des taux variant de 72 à 78 %.
Les journalistes mélangent les taux et les points. Ainsi pour la CSG qui devait augmenter de 1,7 % au 1er Janvier 2018. Non, elle augmenta de 1,7 point, ce qui n’a évidem-
ment pas la même conséquence pratique : pour un taux de 6 %, une augmentation de 1,7 % conduit à un nouveau taux de 6,1 % ; alors que l’augmentation de 1,7 point donne un nouveau taux de 7,7 % !
En matière électorale, la seule base de calcul sérieuse et infalsifiable est de prendre le collège électoral total, c’est-à-dire le nombre de personnes en âge de voter. Quelques exemples récents : 66 % des Français n’avaient pas refusé
le TCE ; 77 % des Grecs n’avaient pas voté pour Siriza ; 65 % des Britanniques n’ont pas voté pour le Brexit (leave) ; 59 % des Français n’ont pas voté pour Emmanuel Macron ; 57 % des Brésiliens n’ont pas voté pour Jair Bolsonaro… etc… Ce qui
pose d’une manière cruciale la manière de mesurer « l’ex-pression démocratique » qui devrait résoudre des questions compliquées, voire complexes. [1]
Tout ceci nous amène à inciter nos concitoyens à ques-tionner les sources, les méthodes de calcul, les énoncés complets… c’est-à-dire en pourcentage ET en valeur absolu, sinon c’est un galimatias inutile et qui amène des contre-sens dans les esprits, contresens proches de la propagande.
Dans les années 1960, l’URSS annonçait avoir dou-blé sa production d’ammoniac d’une année sur l’autre. Exceptionnel se gobergèrent des « informateurs ». La réa-lité était plus prosaïque : effectivement le doublement en volume était exact ; mais il résultait du simple dimension-nement productif, l’URSS avait maintenant deux usines au lieu d’une seule……
LF / Hiver 2019
[1] = Liam Fauchard, La Comédie Démocratique / Liberté – Fraternité – Autogestion, Ed2A 2017.
TA-RA-TA-STATS
Def.Taratata : S’emploie pour exprimer son désaccord ou son dédain vis-à-vis d’un argument
... À l’opposé du taux de chômage présenté dans les médias qui est un
indicateur pauvre, artificiel et manipulable à souhait.
PROJECTION 2
TA-RA-TA-STATS (Suite)
Lorsque qu’une personne chargée d’informer (un journaliste, par exemple) fournit des données incomplètes, comment en tirer connaissances ?
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Lorsque qu’une personne chargée d’informer (un journaliste, par exemple) fournit des données incomplètes, comment en tirer connaissances ? Chaque donnée chiffrée en pourcentage doit être accompagnée de son montant en valeur absolue, a fortiori lorsqu’il s’agit d’évolutions sur plusieurs années, voire plusieurs décennies, siècles…
Le tableau ci-dessous donne des évolutions de PIB / Habitant entre 2017 et 2019 pour dix États de l’Union
Européenne. Les données sont issues d’Eurostat et de l’Encyclopédie Universalis.
La variation du PIB d’une année sur l’autre est en volume, c’est à dire défalquée de l’inflation, ce qui donne la croissance. Présentement nous aurons donc des dollars constants.
Nous avons choisi des Pays du Sud-Europe, du Centre Europe, du Nord-Europe + La France.
PIB/Hab 2017 Var.17/18 PIB/Hab 2018 Var.18/19 PIB/Hab 2019 PIB/Hab + 19/17
CHYPRE 24000 +3,9% 24935 +2,6% 25600 +1600
MALTE 24350 +6,7% 25980 +5,3% 27360 +3000
PORTUGAL 20150 +2,1% 20580 +1,7% 20930 +0780
SLOVAQUIE 17000 +4,1% 17700 +3,6% 18350 +1350
EIRE 55000 +6,7% 58700 +4,0% 61050 +6050
FRANCE 40100 +1,7% 40780 +1,3% 41300 +1200
ALLEMAGNE 45000 +1,4% 45630 +0,5% 45860 +0860
LETTONIE 15500 +4,8% 16250 +3,0% 16750 +1250
DANEMARK 57000 +1,5% 57860 +1,7% 58850 +1850
FINLANDE 45000 +1,7% 45800 +1,5% 46500 +1500
NOTA
1 - Pourquoi Dollar et pas Euro ? parce que l’Universalis fournit les données en US$.
2 - Critique du PIB. Légitime mais pour l’heure nous n’avons pas mieux. L’IDH – Indicateur de Développement Humain – a fait long feu ; de toute façon on retrouve dans les premiers États IDH ceux qui ont un PIB/Habitant élevé. Il serait mieux d’avoir le RDB – Revenu Disponible Brut – des ménages ; nous avons rarement ce type de données.
3 - Hormis le Danemark, tous les autres États sont membres de l’Euroland.
4 - L’appréciation de son niveau de vie par un ménage, quelle que soit sa taille, relève d’aspects concrets et de « ressentis » - comme en météo. Ainsi, un ménage maltais pourra se considérer comme moitié moins riche qu’un ménage irlandais (Eire) ; mais la croissance de + 3 000€ sera
certainement ressenti plus fortement, partant de 24 350.
5 - Si l’on compare Danemark et Eire, avec un niveau de départ très proche, quel sera le ressenti de part et d’autre ? Peut-être que le ménage danois sera plus satisfait des + 1 850€ avec une croissance de + 3,2% que le ménage irlandais avec ses + 6 050€ avec 10,7% de croissance ?
6 - En général, plus le point de départ est déjà haut, plus il est facile de se contenter d’une croissance modérée, et inversement.
7 - Évidemment, ce ne sont que des moyennes, des tendances. Reste que les contempteurs de la croissance sont malveillants. Admettons (Harry Potter ?) que l’on stabilise la croissance matérielle, il y a des besoins et souhaits de croissance immatérielle très larges : enseignement, santé, éducation, sport, culture, aménités sociales… qui demanderont encore longtemps une croissance ferme.
PROJECTION 3
REDISTRIBUTION
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Dans un secteur d’activité, sous l’effet d’une inno-vation technologique, organisationnelle ou commer-ciale, il arrive que « les cartes soient redistribuées » entre les acteurs.
Notre propos ici concerne les mécanismes de redis-tribution des revenus connus depuis des décennies dans les économies développées. Le plus couramment cela consiste, à la lumière des écarts constatés dans les revenus primaires, à inventer des versements mo-nétaires qui sont censés, au final, réduire les écarts initiaux, au nom d’une certaine équité et de la perti-nence de l’allocation de ressources.
Cependant les mécanismes retenus sont différents selon les Pays et leurs cultures afférentes, souvent en relation avec les formes ancestrales de famille (nucléaire égalitaire, nucléaire inégalitaire, com-munautaire, souche…). Ils prennent alors la forme d’allocations familiales, aides au logement, revenus complémentaires divers type RSA, revenus de substitu-tion… Deux grands systèmes coexistent en Europe. Les assurances : type bismarckien, on paye des cotisations pour avoir ensuite droits à des allocations ; Une (vraie) Sécurité Sociale, type beveridgien, rétributions (santé, retraite…) sans contribution préalable. Le premier cas est typiquement allemand ou français, le second est anglais ou danois et suédois.
Globalement, nous constatons qu’il y a quatre le-viers : le niveau des transferts, la concentration des transferts sur les ménages modestes (ciblage), le niveau des impôts et des cotisations, leur concentration sur les ménages aisés (progressivité). Néanmoins, struc-ture et niveau de fiscalité comme formes et volumes des prestations ne contribuent pas à réduire les inéga-lités primaires de la même façon. Deux cas principaux sont constatés : A/ Un faible niveau de prélèvements obligatoires très concentré sur les classes moyennes
et supérieures (Australie, Irlande, Angleterre) ; B/ Un niveau de prélèvements élevés mais incluant aussi les ménages modestes (Autriche, Italie, Suède). La diffé-rence notable entre les deux est que dans le deuxième cas, le haut niveau de prélèvements permet de finan-cer des retraites publiques et des biens publics dont l’effet égalisateur est manifeste.
Le paradoxe est que les classes moyennes infé-rieures françaises bénéficient moins de la redistribu-tion que dans d’autres Pays comme l’Angleterre, l’Ita-lie, l’Irlande ou la Suède. [1]
L’Allocation Universelle (et pas revenu) serait une
innovation de grande ampleur. Rappelons qu’elle trouve sa source dans la proposition du député du Nord Thomas Payne (anglo-américain) à la Convention en 1792 ; puis elle sera théorisée dans les années 1930 par G. Duboin, et, pour faire court, par le BIEN – Basic Income European Network – sous la houlette de l’Uni-versité de Louvain.
Son application implique quatre mécanismes si-multanés : Mise en place de l’AU + Remise à plat de tout le système de Protection sociale + Suppression des cotisations sociales via leur fiscalisation (type DK) + Resserrement de l’échelle des revenus. Ce der-nier point est le pivot de la réussite et des économies d’échelle qu’elle entraîne ; il est partagé par des au-teurs non engagés spécifiquement dans l’objectif de l’AU. [2]
Alors, les cartes seraient bigrement redistribuées… efficacement.
LF / Hiver 2019
[1] = CREDOC, n°264, Novembre 2013.[2] = Elvire Guillaud et Michaël Zemmour, Les Echos, 29 Novembre 2017
PROJECTION 3
CULTURO – DIVERSITÉ
« On parle beaucoup de biodiversité, mais il ne faudrait pas oublier la culturodiversité.»Yves Coppens
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« On parle beaucoup de biodiversité, mais il ne faudrait pas oublier la culturodiversité. Son émergence au terme de 15 milliards d’années d’histoire de l’énergie et de la matière et de 4 milliards d’années d’histoire de la vie est bien la plus belle histoire du Monde. »
Ainsi s’exprime Yves Coppens, célèbre paléoanthropologue.
Dans les Pays développés, et particulièrement en France via les mantras écolo – médiatiques, nous sommes sommés chaque jour qui passe de « Sauver la Planète », laquelle se porte très bien et se moque pas mal des four-mis genre homo sapiens qui vivent provisoirement sur sa croûte. Il est question de transition énergétique, numé-rique, végane… sans discernement.
Nous pouvons être d’accord sur les apports de connais-sance obtenus depuis trente ans par l’épigénétique. [1] Le cas des vrais jumeaux monozygotes (identiques donc) per-met d’illustrer le rôle de l’épigénétique : bien qu’ils par-tagent le même patrimoine génétique, des comportements et/ou un environnement différent, vont entraîner des dif-férences épigénétiques entre eux deux (l’un sera malade, l’autre pas, etc.). Retenons qu’une alimentation raisonnée et équilibrée, des activités physiques simples comme la marche à pied, des relations amoureuses satisfaisantes, et des instants d’introspection sont des facteurs favorables, et agiront pour modifier favorablement des caractéristiques génétiques acquises ex-ante. Mais au-delà de ces apports individuels, qu’en est-il de la disparition de la biodiversité ?
Pour Bernard Beauzamy [2], la défense de la biodi-versité est la nouvelle sottise à la mode, le concept dont il faut parler dans les salons. Il y a 50 ans, un étudiant rêvait de partir soigner des lépreux en Asie ; aujourd’hui, il rêve de compter des koalas en Australie. Nous n’avons pourtant aucune idée du nombre d’espèces vivantes – pas
même un ordre de grandeur -, ni du nombre de celles qui disparaissent ou ont disparu dans le passé, ni du nombre de celles qui apparaissent ou ont apparu dans le passé, et dans quelles circonstances. Si la Nature décide de la disparition d’une espèce, comme elle le fait en permanence, l’homme peut toujours essayer de la préserver : ce sera en pure perte. D’après un récent rapport de l’IPBES [3] qui n’annonce rien de moins que la 6e extinction massive des espèces, ce serait un drame irréversible. Notons, que lors des cinq extinctions précédentes, aucun hominidé n’était présent sur la Planète.
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), environ 866 espèces se sont éteintes au cours des quatre derniers siècles, sur un total de 1 400 000 espèces inventoriées (selon Edward O. Wilson, l’inventeur de la notion de biodiversité). Dans le même temps, les biolo-gistes découvrent et décrivent en moyenne 18 000 nouvelles espèces nous dit le Museum National d’Histoire Naturelle.
Dans l’immédiat, adaptons-nous pas à pas aux chan-gements climatiques quels qu’ils soient, mais surtout, pour notre minuscule espèce, sorte de baladins perdus sur un bras spirale de la galaxie, travaillons à la mise en valeur de la culturodiversité chère à Y. Coppens. Il s’agit d’un acte de découvertes des merveilleuses productions humaines dans tous les arts, de tous les âges, sous tous les climats…
LF / Eté 2019
[1] = Joël de Rosnay, La symphonie du vivant, Les Liens qui Libèrent 2018.[2] = Lettre de la SCM n°82 – 2018.[3] = Science and Policy for People and Nature.
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BRETAGNE & AGRICULTURE (suite)
La confusion entre Prospective & Futurologie est fréquente ; pour les « Chroniques… » nous avons résolu la question existentielle en groupant les deux dans la même rubrique.
Néanmoins, rappelons les différences essentielles : une publication de futurologie est souvent l’œuvre d’une personne seule qui énonce ses visions de l’avenir sur tel ou tel sujet, c’est-à-dire sans avoir préten-tion à une vision globale des choses. Un exemple bien connu est celui de la sociologue (USA) Faith Poporn qui inventa (avec justesse) le terme de cocooning dans les années 1980 ; puis qui inventa le terme de burrowing dans les années 1990 : les ménages, non seulement se repliaient sur la sphère privative, mais de plus télécommuniquaient, télé-achetaient, se télé-distrayaient, etc. Cette « découverte », évidemment intéressante en elle-même, ne permet pas d’extrapoler et de généraliser une tendance probable lourde, ne serait-ce que parce qu’elle réfère à une culture et à une sociologie bien particulières.
En revanche, des livres comme ceux d’Alvin Toffler « Le choc du futur » [1970], et a fortiori « The third Wave » [1980], bien qu’étant une production individuelle – et ne répondant donc pas aux critères d’application de La Démarche Prospective qui exige pluridisciplinarité et transversalité – peut néanmoins être considéré comme prospective car s’inscrivant dans le temps long et abordant de nombreux aspects du sujet étudié (Les évolutions des sociétés industrialisées).
Parfois, des scientifiques peuvent s’aventurer dans des hypothèses hasardeuses.Ainsi, à la fin du 19e siècle, des astronomes aussi réputés que le Français Camille Flammarion et l’amé-
ricain (USA) Percival Lowell, contribuèrent à forger que les « canaux martiens » visualisés dans les téles-copes avaient forcément été construits par une civilisation avancée… les Martiens ! A contrario, l’Anglais Nathaniel Green, peintre de son état, réalisa des fresques de la planète rouge… où ne figuraient aucuns canaux : et il avait parfaitement raison !
Plus près de nous rapprochons deux images :
À gauche, l’avion furtif Northrop B-2 Spirit mit en service en 1997.À droite, l’Aile Rouge du colonel Olrik, inventée par l’auteur des aventures de Blake & Mortimer par le
dessinateur et scénariste belge Edgar P. Jacobs… en 1950 dans le premier volume de l’histoire Le Secret de l’Espadon. Ayant exploré en profondeur l’œuvre de l’auteur de BD, je peux dire que ce n’est sans doute pas anodin, tant il s’imprégnait des connaissances scientifiques de son époque pour construire les aventures de ses héros so british – cependant, Blake est Gallois, Mortimer est Ecossais. [1]
PhS / Eté 2019
[1] = LIAM, Edgar P. Jacobs : le futur immédiat, Saint-Léger 2019 (Les acteurs du savoir).
FUTUROLOGIE & PROSPECTIVE
FUTUROLOGIE & PROSPECTIVE
LE RAIL EN PLEIN ESSOR
RETOUR SUR CETTE BELLE ASCENSION
ROUTE DE LA SOIE
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BRETAGNE & AGRICULTURE (suite)
Q1/ La Bretagne recèle souvent d’innovations inattendues, et souvent discrètes sans ostentation. Merci de décrire au préalable ton parcours pro-fessionnel et/ou de vie qui t’a amené aux créations que nous examinerons dans les questions suivantes.
Le point de départ de chacun est le bain culturel, les origines sociales qui nous conditionnent, la construction de la personnalité, de nos orientations en résultent grandement. Pour ma part, je reconnais que mes origines, qui sont celles du monde rural des années 60/70, m’ont beaucoup influencé dans mes orientations politiques, sociales, culturelles. Je suis né à Saint Barthélémy petite commune près de Baud, qui borde le Blavet, mon père était commerçant, artisan forgeron, réparateur de machines agricoles. Il construisait aussi quelques matériels. Nous, les enfants nous étions beaucoup mobilisés pour travailler dans l’atelier avec les ouvriers puis comme les petits copains enfants des campagnes il y avait les chan-tiers patates, haricots, foin…
J’ai vécu dans un monde très bretonnant et je considère que je suis du monde paysan. Je parle Breton, mes enfants ont eu comme première langue le Breton, j’en suis très fier car ils ne
renient pas les valeurs que porte le combat qui consiste à faire reconnaitre cette langue pour qu’elle soit enseignée…
Q2/ La relance du sarrasin, Edou Breizh, Sukr Bio… autant de références où nous te retrouvons. Comment est-ce arrivé et pourquoi ?
Dans les années 1985, j’étais à la recherche de mon orientation professionnelle et de boulot en boulot je peux dire que je trouvais le cadre de l’entreprise classique, verticale, sous l’autorité du chef qui cherche à faire du chiffre d’affaires, qui pense croissance comme terriblement emmerdant.
Je me suis intéressé à la production de cidre et de fil en aiguille, j’en suis arrivé au sujet du sarra-sin que j’ai approfondi. J’ai réalisé que le sarrasin n’était plus du tout cultivé en Bretagne et qu’il était importé de Chine ou des pays de l’Est. Je considérais que c’était indigne de vendre une image mensongère de la Bretagne au travers du business de la crêperie qui exploite l’image de la tradition de la manière la plus malhonnête qui soit.
Avec ma compagne et associée, nous avons entrepris de faire cultiver du sarrasin en bio en Bretagne en faisant des contrats avec les paysans à partir des années 1989. L’agriculture bio était déjà une évidence car j’avais été sensibilisé à une réflexion sur l’écologie en rencontrant Jean Claude Pierre à partir des
BRETAGNE & AGRICULTURE
FUTUROLOGIE & PROSPECTIVE
Par Bernard CANO
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BRETAGNE & AGRICULTURE (suite)
années 1982 et avec une bande de copains nous organisions déjà de grands chantiers de nettoyage de rivière sur l’Evel qui réunissaient 300/400 personnes.
Breizh Sukr : Après avoir cédé notre entreprise en totalité en 2019, Edou Breizh fabriquait 10 000 t d’aliments bio ; j’avais envie de rechercher un nouveau domaine pour relancer des activités,
j’ai passé en revue plein de type de productions puis j’en suis arrivé au sujet de la betterave sucrière. La betterave fourragère m’avait laissé des souvenirs car elle était cultivée partout en Bretagne jusque dans les années 70. Il n’y a quasiment pas un hectare de terre de culture en Bretagne où elle n’a été cultivée. Il faut réaliser que le marché du sucre repose uniquement sur l’importation d’Amérique du Sud.
Il s’agit du sucre issu de la Canne, il en est importé environ 130 000 t en Europe et la consomma-tion croit de 15% par an ! Cristal Co et Téréos m’ont contacté pour me proposer une collaboration, je leur avais répondu que nous n’avions pas les mêmes connections philosophiques, que c’était un projet d’entreprises et de Paysans Bretons. Ces groupes ont besoin de se verdir et ils ont décidé de commencer à produire du sucre de betteraves bio à partir de cette année. Ce ne sera donc pas le projet de mini sucre-rie bretonne qui débutera cette production mais faire du sucre bio dans les grandes sucreries comporte beaucoup d’inconvénients.
J’ai fait de nombreuses simulations technico-économiques et de mon point de vue, une petite sucre-rie de bassin régional trouverait un équilibre financier sur la base de 400 hectares. Dommage que la Région Bretagne à laquelle j’ai exposé le projet n’a pas réagi… car c’est un super projet pour la transi-tion de l’agriculture bretonne vers les cultures à marges pour les producteurs, qui demande une grande compétence agronomique ce qui ouvrirait la voie à pleins d’autres cultures pour l’alimentation humaine en bio.
J’ai organisé des tests de cultures de sucrières pendant 3 ans sur la Bretagne et les départements voisins, les niveaux de récoltes sont très bons jusqu’à 80 t à Cancale avec des richesses en sucre élevées jusqu’à 20%. Une sucrerie bio en Bretagne permettrait de valoriser les drêches auprès des élevages de bovins laitiers et porcs bio en les ensilant pour très peu cher car les drêches seraient surpressées et cela éviterait les dépenses de séchage, granulation, stockage et transports… De plus cet univers de la sucrerie ouvre les portes sur beaucoup de domaines des biotechnologies, l’extraction de molécule, les process autour des enzymes…
Le projet avait fait l’objet de la création d’un consortium avec Triballat et j’ai eu un désaccord avec ces derniers qui m’a conduit à les quitter. C’était la grande entreprise qui me prenait pour le mouche-ron… Nous avions fait de bonnes avancées sur le sujet et je déplore qu’un projet qui présente tant d’éléments de faisabilités pour 10 M€ a peut-être perdu l’occasion d’être réalisé en Bretagne. Ce type de projet démontre comment face à la logique des très grands outils industriels qui s’épuisent dans l’hyper compétition mondiale il y a de la place pour des petits outils à l’échelle de bassin de production et de surcroit ces outils peuvent aisément trouver de la viabilité en bio…
Q3/ Un innovateur rencontre souvent des scepticismes. Comment les as-tu abordés ?
Je ne suis pas dupe, les inventions, les évolutions sont souvent et peut être principalement propul-sées à partir d’actions qui sont menées en marge de l’économie dominante. J’ai d’autres sujets en tête et si je trouvais des partenaires, certains de ces projets seraient rapidement industrialisables. Inutile de préciser que j’ai besoin de rencontrer des gens qui ont la fibre bio. Chez beaucoup, il n’y a pas de repré-sentation d’une économie qui intègre pleinement l’écologie alors que de mon point de vue l’écologie sera le concept déterminant car elle va nous pousser à développer de nouveaux savoirs, de la recherche.
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BRETAGNE & AGRICULTURE (suite)
Il faut imaginer une refonte totale des bases de nos échanges économiques et penser l’écologie comme une écologie politique. L’écologie à venir dérange car elle s’oppose assez frontalement à l’ordre de fonc-tionnement de notre société. L’écologie va aussi régénérer l’agriculture.
Q4/ Corrélativement, il y a aussi des rencontres positives – parfois inattendues – qui permettent de booster des projets. Cela s’est-il concrétisé pour toi ?
Il faut comprendre que lorsque l’on veut avoir des orientations bio et cohérentes surtout pour penser globalement les projets on peut être conduit à exclure rapidement beaucoup d’interlocuteurs. J’ai parfois rencontré des gens qui étaient loin de ma sphère de penser mais qui m’ont apporté concrètement leurs sympathies et leur aide sans rien attendre en retour.
Q5/ Le présent interview sera diffusé en Automne 2019. A cette période, quels sont les bilans, conclusions, succès, revers… que tu peux présenter ?
De mon point de vue, c’est une bio au rabais qui se développe autour de nous, regardez la création de ces poulaillers bio de 18 000 poules pondeuses dans la campagne bretonne qui sont nourries avec des céréales importées qui vont être de plus en plus déchargées dans le port du Léguer en provenance d’Ukraine ou du Kazakhstan…
C’est désastreux de voir comment ceux qui ont mené l’agriculture conventionnelle dans un mur sont là pour nous montrer comment développer la bio...Le bilan global est donc très mitigé.
Je n’agis que très modestement et lorsque j’étais dans le pays du Uhelgoad la semaine du 15 juillet de cette année, j’ai parcouru la campagne par les toutes petites routes qui vont de villages en villages, je me suis senti effondré de voir toutes ces maisons en vente, ces lieux que la vie déserte, ces agriculteurs qui vivent sur leurs fermes dans l’isolement social…
Ce sont les conséquences de cette agriculture productiviste qui ne trouve jamais de point d’équilibre. Je pense depuis longtemps que l’agriculture qui ressemblera le mieux à la Bretagne sera écologique, faite de toute sortes de particularités, d’une grande diversité de productions végétales.
L’agroalimentaire tel qu’il existe ne sera pas capable de composer avec une agriculture écologique car, pour commencer, ses outils de transformation ne correspondent pas à l’hétérogénéité des qualités et des volumes des productions bio.
La bio va être propice à l’émergence d’une multitude de petites et moyennes entreprises diversifiées qui feront l’effort de s’adapter aux productions bio irrégulières et hétérogènes. Et un équilibre se recréera entre la taille des fermes et la taille des entreprises qui transformeront leurs produits. Appelons cela de l’atomisation qui libère... Nous avons besoin d’une agriculture qui fasse d’abord vivre plein de paysans avant de faire vivre les usines.
Q6/ Sous quelle forme, un engagement pour la Bretagne et son développement socioéconomique s’est-il manifesté chez toi ?
Je souhaite contribuer à rendre l’univers de la ruralité attractif pour qu’on retrouve de la diversité
sociale, culturelle, les agréments de la vie.Je souhaiterais que ce qu’on nomme le monde rural fasse envie, attire, fasse penser à des espaces où
travail et cultures soient rendus possibles. Je pense que cet univers de la ruralité va être redécouvert, qu’il
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BRETAGNE & AGRICULTURE (suite)
sera apprécié pour ses cadres de vie, un coût de la vie pas rédhibitoire, abordable. Les gens qui, à l’avenir, choisiront les lieux de la ruralité seront à même de générer une dimension
culturelle qui manque souvent. Choisir la ruralité sera une manière de se tenir à l’écart du consumérisme, une façon de s’intéresser à la vie collective par des pratiques d’autogestion. Je voudrais que la ruralité devienne synonyme d’épanouissement. Et surtout pour parfaire le tout je voudrais voir se créer les condi-tions d’un bilinguisme généralisé, ce point me parait si vital.
Q7/ Expression libre.
Sur le sujet d’une vision agricole pour la Bretagne, j’ai la représentation suivante, comme résultats de nombreuses réflexions alimentées par des années de pratiques professionnelles :
L’économie agricole Bretonne si spécialisée dans les productions animales continuera à connaitre un recul en raison de la concurrence de pays qui travaillent sur des bases de normes moins exigeantes et aussi parce que l’alimentation animale dépend massivement du soja qui est importé.
Le coût des sources de protéines va continuer de croitre et, ce qui aggrave la situation pour l’élevage en Bretagne, c’est qu’il n’existe pas de production de protéines en France car au lendemain de la dernière guerre des accords avaient été conclus avec les États unis pour que nous n’en produisions pas.
L’élevage dépendra beaucoup du marché de la protéine tandis que nous n’en produisons pas. Il faut rappeler au passage que dans le port de Lorient il est déchargé environ 600 000 t de soja OGM !!
Dans l’agriculture traditionnelle bretonne, comme le montre par exemple Fanch Elegoet dans son ouvrage « L’agriculture du Finistère dans l’entre-deux guerres » le végétal était extrêmement diversifié et associé à l’élevage. Avec l’évolution de nos modes alimentaires, le végétal va avoir une part grandissante dans notre alimentation. La Bretagne aurait beaucoup à comprendre de ces évolutions pour s’engager dans le végétal et à favoriser sa conversion à l’agriculture bio. Dans les années à venir de pénuries d’eau prévisibles nous aurons de plus l’avantage d’être dans une région qui sera moins affectée par les pro-blèmes de sécheresse tandis que les questions de police de l’eau vont se durcir.
La Bretagne doit s’orienter vers le végétal et la bio qui lui donneront des perspectives de développe-ment dynamiques.
Bernard CANOEntrepreneur acquis à la cause écologique et militant de la cause culturelle bretonne.
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«
Révéler les secrets de Vénus, découvrir des exoplanètes ou la vie extraterrestre, fonder des colonies spatiales… L’auteur nous raconte le désir inépuisable de connaissances, d’aventure ou de richesse qui pousse les homos sapiens à explorer les profondeurs de l’Univers. De la
conquête spatiale des origines jusqu’aux prouesses les plus récentes, l’auteur révèle pourquoi elle est redevenue une priorité.
Avec la baisse des coûts de lancement, l’ouverture aux entreprises privées, la découverte de ressources et planètes potentiellement habitables, l’Espace serait-il l’Eldorado du 21e siècle ?
Chacun y voit un objectif : découvertes scientifiques, tourisme spatial, villes en orbite, exploitations minières, colonisation, délocalisation des industries polluantes… L’auteur explique tous les aspects du sujet, y compris géopolitiques et stratégiques. Il montre les
rouages des agences spatiales et dresse un panorama complet des activités spatiales actuelles, ainsi que des projets des États et des nouveaux acteurs privés…
Marcello CORADINI
Conquête spatiale – Eldorado du 21e
siècle...
FYP 2018 – 190 pages
Le livre est remarquable. Pour le néophyte, il dresse une
rétrospective de l’aventure spatiale depuis sa formalisation au début 20e siècle jusqu’à maintenant. L’essentiel s’y trouve. Pour la per-sonne déjà passionnée, c’est une excellente révision et une mise en perspectives… motivante !
Ainsi, dès les pages 22-23, l’auteur nous présente Constantin Tsiolkovski, né en 1857 dans l’oblast de Riazan. Cet homme, pourtant handicapé physiquement, a posé les bases de ce qui allait de-venir l’astronautique, à commencer par calculer avec précision la pous-sée nécessaire à une fusée pour rejoindre une destination spatiale – 70 ans avant la construction de la Saturn-V du programme Apollo.
Si dans le passé, l’exploration a été poussée par des motivations commerciales, socioreligieuses, scientifiques et politiques, quels seront les facteurs qui déclenche-
ront les prochaines explorations ? Comment ces motivations se com-pléteront-elles l’une l’autre une fois que l’espace deviendra notre maison ?
Une fois les premières difficultés surmontées et le style de vie nor-malisé, il sera intéressant de voir si l’homme loin de son berceau ancestral sera capable d’éviter, au moins en partie, tous les problèmes qui, de manière récurrente et ob-sessionnelle, ont caractérisé et ca-ractérisent encore aujourd’hui les relations humaines sur la planète Terre.
La phrase de Tsiolkovski est une référence pour tous les explorateurs de l’Espace « La Terre est le berceau de l’Homme ; celui-ci n’a pas voca-tion à passer toute sa vie dans son berceau. »
Des siècles d’évolution nous ont permis de ne pas craindre l’inconnu, des siècles de progrès
«
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techniques nous permettent d’être représentés par des ambassadeurs robotiques, qui nous ont montré à travers leurs yeux électroniques et leurs capteurs automatiques des réalités qui vont bien au-delà de ce que l’imagination la plus fiévreuse peut concevoir.
Les sondes robotiques ont en-vahi le système solaire en l’espace de cinquante ans seulement : de Mercure, la planète la plus proche du soleil, à Pluton, la plus éloi-gnée, et même jusqu’à la ceinture de Kuiper qui contient les ancêtres du système solaire.
Plus loin, l’auteur passe en revue les projets et programmes d’exploration qui sont actés ou même déjà en action :
§§ Vénus, la planète invisible.
§§ Mercure, la planète fournaise.
§§ Mars la rouge : comprendre mieux la Terre.
§§ Les astéroïdes et leurs exploitations minières potentielles.
§§ Les comètes – en rappelant l’exploit européen (ESA) de la sonde Rosetta.
§§ Vers les confins du système so-laire : sondes Voyager-1 et Voyager-2, New Horizons, ceinture de Kuiper… et nuage de Oort.
Marcello Coradini termine son livre avec le chapitre « Le futur de l’exploration spatiale ».
Il rappelle que la première ten-tative – réussie – d’espace commer-cial en Europe est le fait d’Arianes-pace, société de droit privé dont les actionnaires sont des compa-gnies provenant de dix-huit Pays européens.
Côté américain, il cite les socié-tés qui ont révolutionné l’approche de l’espace depuis dix ans : Space-X, Blue Origin, Bigelow Aerospace, Virgin Galatic, Stratolaunch… qui ont bouleversé l’imagination insti-tutionnelle de la Nasa.
Il explique aussi pourquoi Mars est aussi intéressante : une planète qui ressemblait à la Terre il y a en-core deux milliards d’années, une base permanente possible pour des Terriens, une base de lancement pour des voyages plus lointain, etc.
Pourquoi la Lune ? Les projets ne manquent pas : Chine, Europe, Inde, USA… Notamment l’obses-sion des Chinois pour l’exploitation de l’Helium-3 de la Lune en matière énergétique.
Les astéroïdes : pour les quanti-tés gigantesques de minerais qu’ils recèlent.
Si l’on résume à grands traits le parcours de l’Homo Sapiens suggé-ré par l’auteur, nous pouvons expri-mer les choses ainsi : nous avons quitté l’Afrique il y a cent mille ans, durée qui nous permis d’être présents partout sur la Terre ; en cinq cents ans, nous avons exploré, parfois colonisé, toutes les terres émergées de notre Planète ; en cin-quante ans, nous avons ouvert le chemin des étoiles à tous les explo-rateurs, pionniers, investisseurs, inventeurs de nouveaux savoirs…
Renvois :
§§ PETRANEK Stephen, Comment vivrons-nous sur Mars – Chroniques N°03.§§ AUGE Marc, L’avenir des Terriens –
Chroniques N°04. §§ NIQUET Valérie, La puissance
chinoise en 100 questions – Chroniques N°10.
PhS
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«« Non, nous ne courons pas vers la fin du Monde ! Non, tout ne va pas de mal en pis ! Remettons
un peu de sérénité dans nos existences.
Changement climatique, écologie, alimentation, biodiversité, animaux, énergies, développement… De faux prophètes, qui détestent l’humanité et travaillent surtout à leur petit commerce, nous affirment que l’homme est mauvais et la nature merveilleuse, que
le passé était mieux, et que l’avenir sera terrible si nous ne nous amendons pas. Culpabilisation, repentance, expiation, la recette est vieille comme le Monde.
Sylvie BRUNELCes idées qui nous gâchent la vie,J.C. Lattès 2019 – 255 pages.
Livre à faire lire de toute urgence aux contemp-teurs de toutes obédiences !
Remettons un peu de sérénité dans nos exis-tences. Non, le Monde qui nous entoure n’est pas en danger. Non, nous ne courrons pas à la catastrophe. Non, il n’y a pas d’un côté des êtres malveillants qui ne rêvent que de saccager et polluer la Planète et, de l’autre, de gentilles personnes qui vivent en to-tale harmonie avec la Nature. Et sont tellement per-suadées d’avoir raison qu’elles sont prêtes à prendre les armes pour imposer leurs idées.
« Le Monde d’avant » était si cloisonné que, jusqu’à la pose du premier câble sous-marin entre la France et l’Angleterre en 1851, personne ne savait ce qui en train de se passer de l’autre côté de la mer. En 1893, le premier câble transatlantique fut posé : il y a un siècle et demi !
La question n’est pas de savoir quelle Planète nous laisserons à nos enfants, mais quels enfants nous laisserons à la Terre… si une vision erronée de la Nature et de l’humanité devient la norme, si nous nous engageons dans des choix difficiles à assumer et porteur d’exclusion pour une partie de la population, au nom de présupposés qui n’ont aucun fondement scientifique, de menaces brandies par de faux prophètes qui nous mènent tout droit vers de nouvelles guères sociétales.
Désormais, les États ont compris comment imi-ter ces « associations » dont la seule mission est, non de produire des richesses, mais d’accuser ceux qui en produisent et les mettre à l’index, les vouer au pilori de l’opinion publique pour meix se grandir et recevoir des financements. La grande entreprise de greenwashing est devenue planétaire. L’Europe (l’UE) exemplaire en termes de protection de l’envi-ronnement, de conscience écologique, ne cesse de s’imposer de nouveaux sacrifices, d’accuser ses populations de mal se comporter, prétendant, par des réglementations, des normes, des taxes, des
sacrifices toujours plus coûteux à son économie et à sa société, donner l’exemple au reste du Monde. Qui ricane silencieusement devant cet acte de contrition collective, tant il lui ouvre de nouvelles opportuni-tés financières, industrielles, géopolitiques.
Le Chapitre P.47 résume très bien les propos « Au service de la Chine ».
Dans le Chapitre qui s’ouvre P.58, l’auteur re-vient en détail sur les contenus, les causes, qui ont déclenché la crise des « gilets jaunes ». Elle ne jus-tifie nullement les violences collatérales, mais elle montre très bien les mécanismes ayant conduit, volontairement, à l’exclusion de près d’un tiers de la population française.
Hier, des prophètes qui ne se refusaient rien pour eux-mêmes prêchaient la pauvreté évangé-lique aux masses miséreuses. Aujourd’hui, de nou-veaux prophètes parcourent le Monde pour prêcher la sobriété et la repentance écologiques, en s’auto-risant les moyens qu’ils considèrent comme les plus inacceptables quand d’autres en font usage : avions, hélicoptères, croisières éclair en Polynésie ou aux Pôles, tout est bon pour dénoncer l’état désastreux de la Planète et la prétendue impéritie d’une huma-nité qui aspire juste à vivre mieux.
De là, à accepter qu’au 21e siècle, alors qu’on croyait que la démocratie allait devenir plané-taire, des êtres humains arrivent à en tuer d’autres au nom de l’intérêt supposé de la Nature, de la Planète ! Les écoguerriers sont d’autant plus redou-tables qu’ils sont persuadés de détenir la vérité et d’agir au nom du Bien Commun. Alors que, derrière toutes ces incantations et grandes émotions – ab-sence de raison – le capitalisme vert le plus cynique surfe sur nos peurs pour continuer à faire des af-faires. D’autant que les changements climatiques libèrent de nouvelles terres cultivables aux hautes latitudes – Canadiens, Russes, Lapons, Inuits at
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autres peuples nordiques se frottent les mains. En plus, quand une terre glacée se réchauffe, non seulement la végétation qui y pousse nourrit les hommes, mais elle diminue l’albédo – la réverbération solaire – et capte du CO
2. Comment oser présenter cette
évolution comme un malheur pour l’humanité ?
L’empreinte écologique.Aujourd’hui, personne ne pose
plus la question de savoir comment l’empreinte écologique est calculée, le référentiel employé… Mais son antienne nous tombe dessus chaque été, toujours plus culpabilisatrice. Les valeurs idéologiques qui la sous-tendent aboutissent pourtant à pré-server le bien-être et le confort à une toute petite poignée de nantis, en déniant le droit au développement des Pays émergents et des pauvres de la Planète.
Le Tiers-Monde existait sans contestation. Il avait exprimé en 1955 à la conférence de Bandoung son aspiration à l’émancipation colo-niale. C’était l’époque ou l’humanité comptait 3 milliards d’habitants dont un tiers souffrait de la faim. Nous sommes quasiment huit milliards de nos jours. Même s’il reste 800 M de Terriens pauvres et malnutris, ce qui devrait consister notre priorité pour y mettre fin – au lieu de faire pleurer les foules sur les hypothétiques besoins des générations futures – la faim de masse a été vaincue en moins d’un demi-siècle, en même temps que la pauvreté, et ce prodigieux défi a tota-lement changé la face de la Planète.
Beaucoup affirment que c’est pour le pire et que nous courons à la catastrophe. Ils regrettent que tant de personnes qui « vivaient si heureuses avant, en se contentant de si peu », mènent désormais une existence iden-tique à la nôtre.
Rappels.L’espérance de vie moyenne est
soixante-douze ans pour les Terriens actuels.
Elle était de quarante-cinq ans dans les années 1950-1960.
Elle était de vingt-cinq ans à la fin de l’ère préindustrielle. En bonne géographe, Sylvie Brunel continue de nous mettre sous les yeux des don-nées réelles et non des incantations.
Surpeuplés Singapour, New York, le Japon ? Ceux qui dénoncent l’agri-culture intensive, qu’ils qualifient de « productiviste », ont oublié qu’elle a permis de nourrir des hommes beau-coup plus nombreux sans nécessiter la consommation d’espaces immenses, donc sans avoir à saccager des forêts, et même sans épuiser des sols : les terres à maïs du Middle West ou du Sud-Ouest français se portent très bien, malgré leurs onze tonnes de maïs à l’hectare (voir vingt quand elles sont irriguées), des plantes en croissance si rapide que les maïsiculteurs affirment qu’en été, ils entendent leur maïs pousser. Ce qui explique pourquoi il faut irriguer en plein soleil et non la nuit : le maïs est une usine à fabriquer de la biomasse et de l’oxygène à partir du soleil, la vigueur de sa croissance végétale fait qu’aucune autre plante ne capte autant de CO
2.
Pour la Russie, le changement climatique est une aubaine. Elle lui ouvre l’accès aux ressources du Pôle Nord et de nouvelles routes mari-times, libère des millions d’hectares de terres arables dans la toundra, des-serre la contrainte du froid, qui gèle ses ports une partie de l’année, valo-risant de nouvelles fenêtres maritimes septentrionales, dans la mer Baltique, en mer de Barents, de Kara, de Laptev, de Sibérie orientale, d’Okhotsk… Pourquoi le combattre ?
Il en va de même pour la Chine et les USA.
L’auteur revient sur ses préoccu-pations ; elle affirme ne plus supporter les discours méprisants et accusateurs de tous les seigneurs de l’écologie, qui ne s’interdisent rien pour eux-mêmes, ni avions, ni voyages à l’autre bout du Monde, ni confort maximal, mais invoquent la Planète pour tenir les pauvres à distance et prétextent la fin du Monde pour se réserver les acquis de la modernité.
Croire que les pauvres sont in-sensibles à la beauté, qu’ils sont trop dans la mouise pour qu’en plus on leur permette d’accéder au confort et à la facilité de déplacement, c’est une attitude insupportablement élitiste et arrogante.
Elle revient aussi sur la catas-trophe sanitaire que fut l’interdiction totale du DDT, principalement suite à la parution du livre de Rachel Carson Silent Spring en 1962. Près de cin-quante millions de mort plus tard – le DDT était le seul actif contre la malaria et le paludisme -, l’OMS a décidé en 2006 de réintroduire le DDT. Qui pleu-rera les cinquante millions de morts ?
Enfin, pour ceux qui auraient encore des doutes sur la volonté « an-thropophobe » de la Deep Ecology, Sylvie Brunel les invite à compulser la doctrine du VHEMT – Voluntary Human Extiction Movement). Edifiant…
P.227 s’ouvre, pour quatorze pages, un énergique plaidoyer dont le titre est très explicatif « Rendons leur fierté à nos agriculteurs ». Rappelons simplement que les agriculteurs nous nourrissent, pas les imprimantes 3D.
Conclusion. Nous n’avons aucune idée de ce
que sera le Monde de demain. Mais la peur a toujours été mauvaise conseil-lère. Préparons-nous sereinement à l’incertitude. Apprenons à répondre aux défis de la Nature, du nombre, du changement, sans chercher des boucs émissaires, ni nous imposer des sacrifices inutiles. Car jamais l’être humain n’est meilleur que lorsqu’il a confiance.
§§ BOUZOU Nicolas, L’innovation sauvera le monde, Chroniques N°02.§§WAGNER Peter, Sauver le progrès,
Chroniques N°03.§§ PITRON Guillaume, La guerre des mé-
taux rares / La face cachée de la transition énergétique, Chroniques N°07.§§ SZYDLOWSKI Léa, Le végétal dans l’in-
dustrie chimique, Chroniques N°07.§§ RASTOIN Jean-Louis, La sécurité alimen-
taire mondiale, Chroniques N°09.
19LECTURES & BIBLIOGRAPHIE
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«
«P
rojet de tous les superlatifs, Iter demeure pourtant presque inconnu du grand public. Promis à devenir le plus grand réacteur de fusion du Monde, il est destiné à ouvrir la voie vers une énergie nouvelle « nucléaire et verte ».
Pour reproduire le processus qui se déroule au sein même des étoiles, plus de 35 Pays conjuguent leurs efforts sur un chantier titanesque, situé dans le Sud de la France. Projet révolutionnaire et salvateur de l’Humanité pour les uns, gabegie financière et vitrine d’une technologie politicienne pour les autres, Iter ne laisse personne indifférent. Le livre vous emmène dans les coulisses de ce gigantesque projet controversé. Au-delà de ses aspects scientifiques, l’auteur nous en fait découvrir les multiples facettes, et nous en révèle les incroyables difficultés. Avec ses plus gros aimants du Monde, sa plus grosse centrale de cryogénie, son plus puissant centre de calcul, Iter est l’un des projets scientifiques les plus ambitieux de notre époque. Mais survivra-t-il à l’augmentation des coûts et à l’accumulation des retards ?
Michel CLAESSENS
ITER, Étoile de la science
Éditions du Menhir 2018 – 300 pages.
Précision : selon la règle de l’Impri-merie Nationale (France), Iter s’écrit ainsi. Néanmoins, sous l’influence pré-gnante de l’anglais, on trouve mainte-nant très souvent ITER. International Thermonuclear Experimental Reactor.
Les sept membres d’Iter (Chine, Corée (Sud), Inde, Japon, Russie, UE (+ Suisse), USA) représentent en réa-lité 35 Pays – plus de la moitié de la population mondiale – qui ont décidé de se répartir constructions et fabri-cations. Iter est la plus grande coopé-ration scientifique et pacifique inter-nationale de ce niveau. C’est aussi un projet généreux : les Pays participant à l’expérience ont décidé d’apprendre ensemble et de se partager toute la connaissance qui sera développée dans le cadre de cette coopération ; avec, à
la clé, l’essor d’une industrie mondiale de la fusion.
À l’heure actuelle, trente centres de recherches situés dans vingt-six États membres de l’Union Européenne ainsi qu’en Suisse et en Ukraine pour la partie européenne, font partie du consortium « EUROfusion » qui contri-bue, avec la Commission européenne, au financement des recherches sur la fusion, bénéficiant à plus d’une cen-taine de laboratoire et près de deux mille chercheurs.
Pour le choix de Cadarache en Provence, en compétition avec quatre autres grands prétendants au Canada, en Chine, en Espagne et au Japon, trois fées se sont penchées sur le berceau français et ont emporté la décision :
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Claudie Haigneré, ministre de la re-cherche en France, la présidente du Conseil européen « Recherche », l’ita-lienne Letizia Moratti, à qui succéda Maria van der Hoeven (Pays-Bas) en 2004.
La cérémonie de signature de l’ac-cord international Iter eut lieu le 21 Novembre 2006, au Palais de l’Elysée.
Sur le plan technique, pour pro-
duire de l’énergie à partir de la fusion d’atomes légers, la nature offre une dizaine de combinaisons possibles. Mais en l’état actuel de la technolo-gie, une seule nous est relativement accessible : la fusion de deux isotopes de l’hydrogène, le deutérium et le tri-tium. Dans la famille des réactions de fusion d’hydrogène, c’est celle qui est la plus avantageuse, avec un maxi-mum au moyen d’une énergie initiale relativement basse, de l’ordre de 100 keV. Le résultat attendu – déjà vérifié au laboratoire – est d’enclencher une production d’énergie continue et si possible sans limite, très supérieure à la quantité initiale.
De fait, Iter sera le plus grand Tokamak jamais construit.
Comme l’a écrit un journaliste du magazine Science « Dans la plu-part des disciplines scientifiques vous construisez des machines pour vous permettre de réaliser des expériences ; dans le domaine de la fusion, la ma-chine (Iter) est l’expérience.
À la page 100, figure le schéma des principaux aimants d’Iter : dix-huit bobines de champ toroïdal conçues pour générer une énergie magnétique totale de 41 Gigajoules et un champ magnétique maximum de 11,8 tes-las. Hautes de 17 mètres et larges de
7, pesant chacune 310 tonnes, les bo-bines de champ toroïdal sont les plus gros éléments de la machine après la chambre à vide.
Un chapitre entier ex-plique « Qu’est-ce que la fusion thermonucléaire ? ».
Les éléments du Tokamak Iter sont pour la plupart des objets de très haute technologie dont les spé-cifications sont exceptionnellement rigoureuses. Contribuer à la fabrica-tion de la machine impose aux indus-triels des contraintes importantes : exigences, calendrier, ajustements avec les autres fabricants, autant de défis pour les entreprises. De plus, les conditions actuelles leur imposent une prise de risque technique et finan-cière. Complexité supplémentaire, ils doivent opérer dans un contexte inter-national. Mais en privé, les industriels impliqués reconnaissent en général que le bénéfice est considérable, sur-tout en retombées stratégiques pour le développement de l’entreprise, tant pour les savoir-faire acquis que pour le prestige que cette participation apporte, sans omettre l’avancée par rapport aux concurrents.
Le Tokamak Iter est unique au Monde : in fine, il comportera dix mil-lions de pièces, soit environ un million de composants.
Dans le chapitre 17, Michel Claessens aborde la question de « L’après-Iter ».
En très résumé : si les résultats obtenus à partir de 2025 et les années qui suivront se révèlent positifs, alors la question se posera au consortium international de décider ou pas de passer à l’échelle supérieure, en code
Demo, qui serait une machine de taille industrielle produisant une grande quantité d’électricité sans relâche.
Pour clôturer son livre très lisible, un tour de force sur un sujet aussi ardu, il nous entraîne dans le quotidien de cette tour de Babel scientifique et décrit les joies, les incompréhensions parfois, le rôle de la langue anglaise salvatrice… de tous ces chercheurs, ingénieurs, techniciens, administra-tifs, juristes, venus de trente-cinq Pays différents. Et dans les villages où habitent les permanents, la vie sociale a pris des allures nouvelles : on voit désormais des Chinois jouer à la pétanque à Manosque, des physiciens allemands donner des conférences à Gréoux-les-Bains, des Coréens parti-ciper à des cours de danse à Aix-en-Provence, etc.
« À Cadarache, sur les rives de la Durance, un rêve longtemps tenu pour chimérique va prendre forme. Conjuguant leur expérience, des physi-ciens, des ingénieurs, des techniciens, des spécialistes de l’organisation, ve-nus du Monde entier vont s’engager sur le chemin des étoiles. Avec Iter, l’Humanité s’apprête à conquérir le feu une deuxième fois. »
In Iter, le chemin des étoiles, de Robert Arnoux et Jean Jacquinot, Edisud 2006.
Retrouver l’interview de Michel Claessens dans Chroniques N°10 (Printemps 2019).
PhS
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«
«Connaissez-vous le nouveau paradis administratif ? Un Pays où l’administration n’a pas le droit de demander deux fois dans une vie la même information à ses citoyens, où toutes les démarches se font
ligne avec une carte d’identification unique où, en quelques minutes du fond de son canapé et de partout dans le Monde, on vote, souscrit un emprunt, crée une entreprise ?
Ce Pays, c’est l’Estonie. Et ce que l’Estonie invente depuis 25 ans, c’est un modèle d’État-nation à l’ère numérique nourri par un écosystème de start-up, boosté par ses licornes (Start-up valorisées
à plus d’un G€) et par son incroyable appétit pour le futur. Avec cet État plateforme transnational, l’Europe aurait-elle trouvé un modèle pour contrer le glissement de souveraineté des États vers les GAFAM (Google-Apple-Facebook-Amazon-Microsoft).
Violaine CHAMPETIER de RIBES & Jean SPIRI
Demain, tous Estoniens ?
Cent Mille Milliards 2018.
« La chose la plus importante pour comprendre notre histoire, c’est notre tradition du chant », ainsi caractérise-t-on le point fédérateur de l’âme esto-nienne. On y trouve aussi le culte de la nature et la pratique du sauna. Pour les Estoniens, les saunas n’ont jamais été uniquement des pièces ; ils sont un mode de vie ; et à bien des égards, l’histoire sauna raconte leur histoire.
Le « modèle » estonien s’appuie bien sûr sur ces ingrédients. Mais la population étant réduite, il fallait donc faire les choses tous ensemble. La ques-tion principale était : comment faire pour que la population accepte un État voulu, par rapport à un État subi ? La réponse fut de définir et créer le meil-leur cadre possible : un modèle dans le-quel la personne se sente bien, protégé et en confiance. Puis de rechercher les moyens techniques ad hoc.
L’équilibre budgétaire est l’une des marques de fabrique de l’Estonie actuelle. Par ailleurs, il fallait dyna-miser les gens. Le gouvernement a déclaré qu’il ne pouvait aider que ceux qui étaient prêts à faire quelque chose pour eux-mêmes. Ce principe s’est révé-
lé impopulaire, mais il a aidé à changer les attitudes
Certains Pays tentent d’encourager les investisseurs étrangers en offrant toutes sortes d’incitations, des exo-nérations fiscales, des privilèges, des droits spéciaux… Mais l’alternative est de créer un environnement d’affaires qui favorise à la fois l’investissement domestique et l’investissement étran-ger, sans faire de distinction entre eux ; c’est la voie choisie par l’Estonie.
La citoyenneté électronique. Créée légalement en 2000, celle-
ci repose sur un identifiant unique fonc-tionnant pour tous types de démarches administratives et de services dispo-nibles en ligne : permis de conduire, comptes bancaires, numéro de sécu-rité sociale, services de santé, services scolaires…
La construction de l’État numé-rique estonien repose sur des principes d’organisation liés à la technologie, mais avant tout sur des impératifs poli-tiques : la transparence et l’efficience dans le secteur public, l’orientation vers des clients-citoyens, la protection des données personnelles efficace, la
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Institut Locarn - Chroniques pour demain - Automne 2019
lutte contre la fracture digitale. Concrètement, cela signifie pour
les Estoniens « l’État c’est nous », c’est-à-dire la primauté des citoyens et « Country as a service ». Ce qui est important, ce n’est pas l’administra-tion comme fondatrice de l’État, mais l’État qui prend sens par le service et la valeur ajoutée qu’il apporte à ses administrés.
En fin de compte, une transfor-mation réussie ne repose pas sur l’in-troduction de la technologie, mais sur la transformation du processus.
Malgré la crise des années 2008-2010, la situation des finances publiques reste très saine puisque le déficit budgétaire s’élève à 0,6 % du PIB et la dette représente 9,5 % du PIB, un montant plus que couvert par les réserves.
L’Estonie est le paradis de la créa-tion d’entreprises, avec des statuts qui tiennent sur une page, un compte bancaire qui peut se gérer à distance et une délégation complète des dé-marches juridiques. Témoignage du P-DG de Jobbatical « La création d’une entreprise prend dix minutes en ligne à partir d’un café. Vous perdez tellement moins de temps sur les choses que vous pouvez investir ce temps dans le développement de votre entreprise. »
Skype fut aussi un exemple dé-terminant dans l’évolution de l’état d’esprit des Estoniens.
Le Chapitre-5 s’intitule « De la start-up nation à la nation sans frontières. »
Kaspar Korjus « Il y a deux ans et demi, nous avons décidé de deve-nir une nation sans frontière pour que
chaque citoyen de cette Planète puisse devenir un e-résident d’Estonie et de lancer son entreprise tout en restant proche avec ses proches et dans son Pays. »
Le programme e-résident devrait rapporter 1,8 G€ d’ici 2025, soit un ren-dement de 100 Euro pour chaque Euro investi. D’ici là, l’équipe en charge du sujet espère compter 150 000 e-rési-dents et 20 000 entreprises.
En Estonie, l’attachement libé-ral est très fort. Limiter le rôle de l’État et laisser de la liberté aux entreprises, remporte un taux de 73 %, pour une moyenne européenne de 60 %.
La faculté de transposer le mo-dèle estonien à grande échelle ne dépend pas du nombre d’habitants, de la taille du pays ou de son histoire, mais bien de la notion même de l’État et de son rapport aux citoyens. C’est toute la différence entre la notion de bien commun personnifiée par les ci-toyens et celle de l’intérêt général qui, non seulement est désincarnée, mais qui, de plus, en France, est préemptée de fait par la haute fonction publique depuis des lustres. Le cas estonien est un véritable programme politique et une révolution culturelle. « Dans l’An-cien Monde, les citoyens dépendaient du gouvernement ; en Estonie nous essayons de rendre le gouvernement dépendant des citoyens. » [Andres Kütt]
Le paradoxe estonien est que la pratique démocratique (participa-tion aux élections) n’est pas au ren-dez-vous. Ceci corrobore une de mes thèses : les mécanismes 51/49 étant inopérants pour résoudre des ques-tions compliquées, voire complexes, il
vaut mieux déléguer – pour un temps déterminé à l’avance – la gestion des choses à des élites irrécupérables, i.e. incorruptibles.
LF, La Comédie Démocratique / Liberté – Fraternité – Autogestion, Ed2A 2017.
Encore quelques caractéris-tiques des Estoniens qui expliquent aussi leur aventure depuis leur deu-xième indépendance en 1991. C’est un des Pays les moins religieux du Monde : 16 % de la population accorde une importance à la religion. En même temps, ils sont 69 % à croire que les arbres ont une âme. L’écologie passe néanmoins après la nécessité de l’in-dépendance ; sur le plan énergétique, cela se traduit par l’exploitation de schistes bitumineux. De même, l’Esto-nie a plus de voitures par habitant que les USA. L’investissement dans l’inno-vation (60 $ / hab.) est quasiment le double de la France (33 $ / hab.) – Pour mémoire, USA = 185 $ / hab.
En ce sens, la volonté de fournir des services hightech utiles, avec un haut niveau de confiance, aux habi-tants est une alternative à l’allégeance aux GAFAM. Sans cela, les États nés des traités de Westphalie deviendront obsolètes.
« Notre petit Pays n’a qu’une seule ressource naturelle, et elle est située entre nos deux oreilles. » [Kersti Kaljulaid, Présidente de l’Estonie].
LF
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«INDUSTRIES DU FUTUR
« Emplois, IA, Big Data, Cyberguerre, Bitcoin, Compétences, Blockchain, Biotech,Fintech, Nouveaux Marchés »
Alec Ross, expert de renom en innovation, explique les progrès et les obstacles qui émergeront au cours des dix prochaines années, et comment nous pouvons les franchir. En tant que conseiller d’Obama, il s’est rendu dans une quarantaine de pays, sur tous les continents, pour explorer les
dernières innovations technologiques et sociales, ce que l’avenir nous réserve et pour observer ceux qui transforment le monde.
Dans Dompter le futur, Alec Ross mêle le récit documentaire et l’analyse économique pour donner un point de vue vif et éclairé sur la façon dont les grandes tendances mondiales vont influer sur notre manière de vivre. Il exprime dans un langage clair et accessible des concepts complexes
et importants. Il révèle les meilleures opportunités de progrès et explique pourquoi certains pays prospèrent ou échouent. Il décrit tous les secteurs clés qui seront à l’origine des changements qui affecteront nos économies et nos sociétés et donne les solutions pour tirer le meilleur parti de ces changements : robotique, codage, commercialisation du génome humain, intelligence artificielle, impact de la technologie numérique sur la monnaie et les marchés avec la digitalisation de l’argent et de la confiance. Il donne une analyse et une explication claire de la technologie bitcoin et de blockchain, ainsi que la cybersécurité et la militarisation du code en mettant l’accent sur le passage de la guerre froide à la «guerre du code». Il démontre que si la dernière industrie à 1 milliard d’€ a été créée à partir de code informatique, celle du prochain milliard sera créée à partir du code du génome humain, soit pour soigner les humains (guérir le cancer) ou modifier le cerveau ou nos organes. C’est une lecture incontournable pour tous ceux (travailleur, entreprises, décideurs, investisseurs, parents, étudiants) qui veulent savoir comment la prochaine vague d’innovation et de mondialisation affectera nos pays, nos économies, nos sociétés et notre vie quotidienne.
Alec ROSS
Industries of the future
Simon and Shuster 2016 – 300 pages
Les réflexions qu’Alec Ross nous livre dans cet ouvrage sont issues des multiples rencontres et en-quêtes qu’il nous partage au fil des pages. Si le titre de l’ouvrage les in-dustries du futur, peut laisser ima-giner un discours futuriste et ima-ginaire ce n’est pas le cas. L’auteur n’imagine guère de ruptures mais plutôt des prolongations de révolu-tions déjà amorcées, y compris bien entendu la robotisation ou la numé-risation des échanges. L’originalité d’Alec Ross est d’avoir toujours une approche très humaine des change-
ments et de chercher quelles seront les conséquences pour les hommes et les sociétés de demain.
Dans un premier chapitre Alec Ross aborde l’arrivée des robots non plus au cinéma mais bien comme aides du quotidien en tant qu’outils spécialisés et puis comme outils polyvalents pouvant avoir apparence humaine : humanoïdes. Il note une spécificité dans le pro-cessus d’adoption massive de la robotique domestique selon lui le marché des humanoïdes se déve-
24LECTURES & BIBLIOGRAPHIE
Institut Locarn - Chroniques pour demain - Automne 2019
loppera grâce aux personnes âgées dans un contexte où les jeunes se-ront de moins en moins nombreux pour leur venir en aide. Cette spéci-ficité rompt avec la diffusion habi-tuelle des nouvelles technologies. Il note également que le rythme d’adoption des robots sera diffé-rent selon les « paysages géoro-botiques » composés de trois élé-ments : la culture plus ou moins favorable à la présence des robots ; le contexte démographique, la répartition des personnes bénéfi-ciant de la présence des robots vis à vis de la population les percevant comme des menaces notamment pour le travail et enfin, le contexte technologique des différents pays permettant d’accompagner le dé-ploiement et d’assurer le suivi au quotidien.
En analysant ces trois facteurs, Alec Ross parvient à la conclusion que c’est en Asie de l’Est que les robots humanoïdes se déploieront en premier lieu. La frontière entre l’homme et le robot reste gigan-tesque, si elle perdurera dans un futur proche, pour Ross le domaine de la robotique n’en est qu’à la première page du premier chapitre d’une longue histoire... Alec Ross est conscient que l’avènement des robots va priver d’emploi de nom-breux citoyens. Pour lui les retom-bées économiques générées par cette nouvelle industrie robotique devront être réinvesties dans le développement et le renforcement de la protection sociale. La problé-matique majeure selon Alec Ross sera de maintenir la compétitivité de la population dans l’économie de demain. Ce dernier point peut
poser question sur le plan philoso-phique et éthique.
Dans un chapitre plus original, basé sur les travaux de recherche de l’oncologue Wartman spécialisé dans l’étude du génome humain, Alec Ross évoque les avancées scientifiques rendues possibles par l’association de la génomie et des outils informatiques. Selon, lui cette association permettra de pro-longer la vie humaine et d’éliminer presque toutes les maladies provo-quant aujourd’hui le décès de mil-lions de personnes. Pour l’auteur les grandes industries, que nous connaissons aujourd’hui se sont construite sur le code binaire infor-matique, demain grâce aux avan-cées scientifiques ces industries seront bâties sur le code génétique des êtres humains.
Alec Ross aborde ensuite l’évo-lution du rapport à l’argent dans nos sociétés : de la monnaie à la carte bancaire et désormais aux monnaies virtuelles. Le paiement électronique jusqu’alors concen-tré par des acteurs comme Paypal, Square, E-bay... tend à se mondia-liser avec l’arrivée d’Alipay qui réa-lise plus de 2,85 millions de tran-sactions par minutes à travers le monde atteignant les communau-tés les plus isolées du monde. Au-delà d’une efficacité plus grande, Alec Ross constate que les mon-naies électroniques favorisent da-vantage la confiance et diminue la corruption. Il en va de même pour les marchés numériques : l’attribu-tion de notes et commentaires sur les personnes avec qui l’on traite permet d’instaurer et de maintenir
une certaine confiance envers les algorithmes. A titre d’exemple, il cite le cas d’Airbnb.
Enfin Alec Ross nous livre sa vi-sion de la monnaie de demain qui sera selon lui numérique, transna-tionale, décentralisée fondée sur le principe la blockchain et désa-nonymisée. Par ailleurs, la block-chain participera de la désintermé-diation numérique obligeant selon Alec Ross à une réécriture totale du pacte entre entreprises, citoyens et autorités gouvernementales.
Ce nouveau chapitre est abordé par un cas concret : l’attaque de Saudi Aramco en 2012. La plus grande compagnie d’hydrocar-bure opérant par définition dans un milieu sécurisé s’est révélée piratable. Selon Ross c’est à ce moment-là que les acteurs éco-nomiques et étatiques ont pris conscience du danger de ce que l’on nomme les cyberattaques. Des stratégies de défenses ont vu le jour : à l’air, la terre, la mer c’est ajouté une quatrième dimension le cyberespace. Pour Ross, les réelles ressources pour lesquelles les hommes entrent aujourd’hui en conflit ce sont les données et les algorithmes.
A la guerre armée succède pro-gressivement une guerre du code créant des partenariats entre les entreprises privées spécialisées en cybersécurité et les gouverne-ments. L’essor de la cybersécurité en tant qu’industrie est devenue inévitable.
Pour Alec Ross les données sont devenues l’or du XXIème siècle.
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Institut Locarn - Chroniques pour demain - Automne 2019
Ces données générées par chacun d’entre nous sont la base même des innovations qui se déploie-ront demain grâce notamment au bigadata qui consiste à croiser un très grand nombre de données. Il évoque les révolutions qui pour-ront être opérées dans tous les do-maines : l’agriculture, la finance, l’apprentissage des langues… Si ces data font l’objet d’une capta-tion et d’un pillage par un petit nombre d’acteurs ayant perçu très précocement leur valeur, Alec Ross met en garde contre le caractère indestructible des données une fois produites. Il prédit que tout le monde sera touché un jour par un scandale.
Il appelle de ses vœux une ré-glementation en matière de gou-vernement des données, mais in-siste sur la nécessité que ce soit les humains et non les machines qui prennent ces décisions car une fois
établies, ces normes seront impos-sibles à modifier.
Enfin, Alec Ross se livre à une analyse plus géographique de ces secteurs clés à l’origine des chan-gements et livre sa vision des évo-lutions de l’industrie et des socié-tés par grandes régions du monde. Des constantes se dégagent : le XXIème siècle est en pleine muta-tion si certains aspects de l’archi-tecture du monde de demain sont perceptibles localement, l’archi-tecture globale reste cachée, pour Alec Ross les dirigeants du monde entier doivent accepter que le contrôle dans une telle période est difficile voire impossible, et qu’il faut donc favoriser les capacités d’adaptabilité et de résilience pour se préparer au monde de demain.
Enfin il appelle à se former à cette langue du futur qu’est la langue numérique. Voilà un ou-
vrage qui ravira tous les décideurs préoccupés des effets de leurs déci-sions au-delà du next quarter.
Renvois :
§§ BOUZOU Nicolas, L’innovation sauvera le monde, Chroniques N°02.
§§ VELTZ Pierre, La société hyper-indus-trielle, Chroniques N°04.
§§O’CONNELL Mark, Aventures chez les Transhumanistes, Chroniques N°10.
§§ LAULAN Anne-Marie, Le retour au territoire (Identités / Mondialisation),
Chroniques N°11.
BL (Traduction de l’anglais).
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Institut Locarn - Chroniques pour demain - Automne 2019
Bibliographie & WEB
MONTCLOS (de) M-A P. L’Afrique, nouvelle frontière du Jihad ? Découverte
AMAR Stéphane Le grand Secret d’Israël… Observatoire
MOTTE Martin La mesure de la force (Comprendre la stratégie) Tallandier
FRERESHTEH Bareï Les médicaments génériques L’Harmattan
CARUSI Paolo Les partis politiques italiens L’Harmattan
THAYSE André Mathématiques, Physique, Métaphysique L’Harmattan
CHAMPETIER Violaine Demain, tous Estoniens ? ECMM
CARLES Cédric Contre-histoire des innovations énergétiques Buchet-Ch.
BOUGON François Dans la tête de Xi Jinping Solin
HAMANA Hélène L’alimentation en France L’Harmattan
LEHOUCQ Roland La science fait son cinéma (SF) Bélial’
PIERRAT Emmanuel Nouvelles morales, nouvelles censures Gallimard
MOUNK Yascha Le peuple contre la démocratie Observatoire
LE LAN Jean-Yves Femmes dans l’Histoire de Bretagne Sutton
SAINDRENAN Guy La vigne et le vin en Bretagne Coop Breizh
BINARD Florence Minorités et Minoritaires L’Harmattan
EUSTACHE Francis La mémoire du futur (neurobiologie) Pommier
SUC Matthieu Les espions de la terreur (Daech) HarperCollins
GUIHENEUF Yves L’Europe (Passé, présent, avenir…) L’Harmattan
MERCIER Amandine Représentation des identités L’Harmattan
RAWORTH Kate Théorie (économique) du donut Plon
FONTAINE Gilles Dans le cyberespace, personne ne vous entend… Lattès
LEBOYER Marion Psychiatrie : l’état d’urgence Fayard
SCHNAPP Alain Une histoire des civilisations Découverte
BERTHET Vincent L’erreur est humaine CNRS
ERAY Philippe Middle management et digitalisation L’Harmattan
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Institut Locarn - Chroniques pour demain - Automne 2019
Bibliographie & WEBliens actifs
VOLF Elie Rationalité en philosophie des sciences L’Harmattan
SANCHEZ Jean-Louis La Fraternité n’est pas une chimère L’Harmattan
COHEN Daniel Il faut dire que les temps ont changé A. Michel
MARMION Jean-François Psychologie de la connerie SH
BRONNER Gérald Cabinet de curiosité sociales PUF
FREMEAUX Nicolas Les nouveaux héritiers Seuil
DAUMAS Jean-Claude La révolution matérielle (Consommation 19e-21e) Flammarion
REVET Sandrine Les coulisses du monde des catastrophes naturelles MSH
MAPPA Sophia Le changement social L’Harmattan
BORELLA Jean L’intelligence et la foi L’Harmattan
POVOAS Ana Théorie de la justice spatiale (territoires) O. Jacob
MARQUIS François-Xavier Société numérique L’Harmattan
CAPUANO Christophe Que faire de nos vieux ? Sc. Po.
BENSAUDE-VINCENT B. Le carbone. Ses vies, ses œuvres Seuil
TUCHSCHERER Emmanuel L’Europe en héritage (Génération Erasmus) L’Harmattan
LE GUYADER Hervé L’aventure de la biodiversité Belin
COLLECTIF Le grand atlas du cerveau Glénat
DUMONT Pierre Eoliennes : chronique d’un naufrage annoncé Bourin
FOURQUET Jérôme L’archipel français Seuil
www.utopiales.org Tous les ans en Novembre à Nantes
www.themoonrace.org Avis aux amateurs…
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