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Vivre avec le diabète Brochure d’information des entreprises pharmaceutiques suisses pratiquant la recherche

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Nous poursuivons ainsi notre série de publications sur les bénéfices de la recherche. Cette édition remaniée vous propose des informations sur l’origine et le traitement du diabète. Elle décrit les grandes étapes de la recherche et du développement de médicaments, un spécialiste du diabète expose sur quoi porte la recherche actuelle et une patiente raconte de son point de vue ce qui est actuellement possible dans le traitement du diabète et comment elle gère sa maladie.

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Vivre avec le diabète

Brochure d’information des entreprises pharmaceutiques suisses pratiquant la recherche

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La recherche – le plus sûr moyen contre les maladies

De nouveaux médicaments et traitements améliorent la qualité de la vie et augmentent les chances de survie et de guérison de nombre de patient(e)s. Dans le cas de certaines maladies, par exemple le dia-bète, ils permettent aujourd’hui de mener une vie quasiment normale. Dans d’autres cas, par exemple le cancer, les médicaments soulagent la souffrance, freinent l’évolution de la maladie ou peuvent même la guérir, par exemple bien souvent chez les enfants.

L’existence de médicaments efficaces contre de nombreuses mala-dies est le fruit de la recherche de ces dernières décennies. Mais le chemin est encore long. En effet, il reste de nombreuses maladies que l’on ne sait pas soulager, de nouveaux médicaments font défaut.

La mise au point d’un médicament nécessite plus que de l’esprit d’in-vention. Le futur médicament doit passer de nombreux contrôles de sécurité et d’efficacité avant d’être autorisé par les autorités compé-tentes. Entre les premières expériences en laboratoire de recherche et l’autorisation de mise sur le marché, huit à douze ans peuvent s’écouler.

Nous continuerons à l’avenir à tout faire pour le développement de nouveaux médicaments et de meilleurs traitements. Car nous som-mes certains que la recherche est le plus sûr moyen contre les mala-dies.

Interpharma, Association des entreprises pharmaceutiques suisses pratiquant la recherche

Une épidémie annoncée ......................................................................4Diabète de type 1: genèse, diagnostic, traitement ............................5Diabète de type 2: genèse, diagnostic, traitement ............................9Regard vers l’avenir: de nombreuses approches différentes ............11La médecine ne peut pas résoudre ce problème à elle seule .........12Grandes étapes du traitement du diabète ........................................18Informations sur Internet ...................................................................20

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Une épidémie annoncée

En Suisse, les experts estiment que le nombre de personnes atteintes de diabète va s’accroître de 30% au cours des 20 prochaines années. Or, d’après les estimations, 450 000 personnes* sont déjà atteintes actuellement de cette maladie dans notre pays.

Environ un tiers de ces personnes ignorent qu’elles sont concernées. Ce taux est comparativement faible, il est beaucoup plus élevé au ni-veau mondial. Le système de santé suisse parvient donc relativement bien à détecter les personnes à risque, même si le chiffre n’est bien sûr pas optimal.

Il existe deux types de diabète différents, et c’est surtout le type 2 qui se répand. 90% des diabétiques sont atteints de ce type de diabète. «L’accroissement du nombre de cas a différentes causes, explique le professeur Roger Lehmann, spécialiste du diabète à l’Hôpital univer-sitaire de Zurich, mais le principal responsable est notre mode de vie malsain, avec trop peu d’activité physique et trop de calories, ce qui entraîne un excès de poids.» Le diabète peut avoir des conséquences graves et entraîner des amputations ou la cécité. En l’absence de trai-tement, il est mortel.

En Suisse, les diabétiques ont accès à des méthodes de traitement efficaces, qui les protègent dans la plupart des cas des séquelles de la maladie. Mais le diabète reste à ce jour incurable.

* Source: IDF Diabetes Atlas, 6th Edition 2013

Mais ce qui est traître, c’est que le diabète ne fait pas mal, c’est une mala-die insidieuse dont les conséquences ne se mani-festent pas directement.

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Diabète de type 1 — D’où vient le diabète de type 1?

Le diabète sucré se caractérise entre autres par un surcroît de sucre dans l’urine, ce qui lui a donné son nom internationalement utilisé de diabetes mellitus du grec diabetes «passer à travers» et du latin mel-litus «sucré comme le miel». Aujourd’hui, on sait que le problème que pose cette maladie est moins celui du sucre dans l’urine que celui d’un surcroît de sucre dans le sang.

L’insuline est une hormone fabriquée dans le pancréas et qui régule la glycémie (taux de sucre dans le sang). Aux repas, la glycémie aug-mente. L’insuline assure le passage de ce sucre (on dit aussi «glu-cose») dans les cellules musculaires et adipeuses de l’organisme où il est ensuite transformé. Pour le dire de manière imagée, l’insuline est le «sésame ouvre-toi» dont le glucose a besoin pour pénétrer dans les cellules.

Les diabétiques ont un trouble du fonctionnement de l’insuline: le glucose reste dans le sang et endommage les vaisseaux sanguins. Cela entraîne des complications telles que malaises, cécité, affections rénales, lésions des tissus rendant nécessaires des amputations, in-farctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral. Un diabète mal équilibré peut réduire nettement l’espérance de vie de la personne touchée.

Les causes du diabète de type 1 ne sont que partiellement connues. Il y a plusieurs facteurs en jeu, d’une part divers gènes, d’autre part des facteurs environnementaux, par exemple des virus. Dans le cas

«Il faut être très discipliné.»«Mes grands-mères, ma mère, monfrère: tous sont diabétiques ou sont décédés du diabète. J’ai donc été sensibilisée très tôt à la mala-die et je prenais de temps en temps une bandelette pour mesurer ma glycémie.

Le diagnostic de diabète il y a trois ans a tout de même été un choc. Il s’était fait sentir insidieusement. En peu de temps, j’avais perdu beau-coup de poids, je me réveillais la nuit pour aller aux toilettes, c’était inhabituel. Ces symptômes m’ont

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du diabète de type 1, le système immunitaire de l’organisme détruit les cellules du pancréas productrices d’insuline (cellules bêta, cf. en- cadré en page 8), d’où une carence en insuline. Cette maladie auto-immune se déclare le plus souvent chez des sujets jeunes, c’est pourquoi on l’appelait autrefois «diabète des jeunes». Les patients concernés sont également menacés par d’autres maladies auto-im-munes et sont aussi à risque de fractures osseuses.

Comment savoir si je suis diabétique de type 1?

Les symptômes du diabète de type 1 sont par exemple une soif per-sistante (en particulier la nuit), un fréquent besoin d’uriner, une fai-blesse générale, des blessures qui se soignent mal, une perte de poids ou une odeur de pomme pourrie dans l’haleine.

Comment soigne-t-on le diabétique de type 1?

Il existe plusieurs possibilités de contrôler la glycémie et de prévenir les redoutables séquelles. Chez les diabétiques de type 1, il s’agit en premier lieu de remplacer l’insuline manquante. Ceci est aujourd’hui relativement facile. Un lecteur de glycémie permet de tester en quel-ques secondes le taux de sucre dans le sang; un stylo à insuline (res-semblant en effet à un gros stylo à bille) permet d’injecter l’insuline.

Grâce à ces progrès techniques et médicaux, les diabétiques peuvent aujourd’hui mener une vie quasiment normale. Les enfants bénéficient tout particulièrement de la facilité à surveiller et soigner leur maladie.

Mon organisme produit trop peu d’insuline. Modifier mon alimentation, alors que j’ai toujours eu une ali-mentation saine et toujours fait atten-tion à mon poids, et prendre des comprimés ne suffit pas à maintenir ma glycémie dans une plage opti- male. Je suis donc obligée de m’injecter de l’insuline lente tous les jours à l’aide d’un stylo à insuline et de contrôler ma glycémie. Cela peut sembler simple, mais le diabète, c’est beaucoup plus que ‹juste› avaler des médicaments ou injecter de l’insuline. Il faut toujours queje fasse attention à ce que je mange,

alertée, et j’ai mesuré le taux de sucre dans mes urines: il était beau- coup trop haut. J’ai alors mangé sans glucides pendant une semaine, mais le taux est resté élevé. Mon médecin de famille a alors confirmé ce que je craignais: diabète sucré de type 2. J’avais 56 ans. Mon médecin m’a tout de suite envoyée à l’hôpi- tal. On m’y a administré de l’insuline pour faire baisser mon taux de glycémie très élevé. Dans les jours qui ont suivi, on a équilibré ma glycémie et déterminé le plan de traitement.

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à ce que je bois et à la quantité que je consomme. Je dois manger régulièrement, sans sauter de re-pas, sans quoi je risque une hypogly- cémie. Et l’hypoglycémie, c’est très désagréable: je transpire, je suis nerveuse, je ressens une fringale, j’ai les mains qui tremblent. Je ne peux plus penser à rien d’autre que manger. L’hypoglycémie peut aboutir à faire perdre connaissance, voire être mortelle dans le pire des cas.

J’ai dû modifier complètement mes habitudes alimentaires: moins de glucides, moins de graisses, plus de légumes et de salades, plus de céréales complètes, peu d’alcool et peu d’aliments sucrés. Je regrette surtout la purée de pommes de terre et les röstis gratinés au fromage à raclette. Je ne peux plus non plus être aussi spontanée qu’avant. Mes médicaments m’accompagnent tout le temps et ma maladie est toujours présente. De même que la mauvaise conscience quand je mange quelque chose que je ne devrais pas.

Cependant, la maladie requiert beaucoup de discipline de la part des patients, car ils doivent respecter scrupuleusement, toute leur vie, le traitement à l’insuline.

Qu’est-ce que les cellules bêta?

Soins intégrés: qu’apportent-ils aux patients?

Le pancréas est un organe dont la fonction principale est d’assurer la diges- tion et de réguler le métabolisme du glucose. Il produit différentes enzymes de digestion et hormones. Il se compose de différents types de cellules, dont les cellules bêta. Les cellules bêta sont à la fois station de mesure et usine de fabrication de l’insuline. Elles mesurent la glycémie et sécrètent la quantité d’insuline requise.

Les soins intégrés visent à améliorer la communication entre le médecin de famille et l’hôpital, entre le médecin et le pharmacien, entre l’hôpital et les soins à domicile. Il s’agit qu’à tous ces points d’intersection, le patient soit accompagné le mieux possible. Pour les hôpitaux, il est par exemple important de bien préparer la sortie du patient: quelles sont ses conditions de loge- ment? Quels sont les médicaments qu’il doit prendre? A-t-il éventuellement besoin d’aide? Se pencher sur ces questions à un stade précoce réduit le risque que le patient ne doive revenir bientôt à l’hôpital.

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Bien sûr, il y a pire. Aujourd’hui, grâce aux progrès de la médecine, on peut vivre plutôt bien avec le diabète. Tandis que mes grands-mères sont mortes relativement jeunes des séquelles du diabète, ma mère a déjà 87 ans et elle est diabé- tique depuis plus de 30 ans. Mais ce qui est traître, c’est que le diabète ne fait pas mal, c’est une maladie insidieuse dont les conséquences ne se manifestent pas directement. À court terme, tout semble très simple. Théoriquement, si j’ai fait un excès, je peux prendre plus d’insuline. Mais malgré l’insuline, ces ‹écarts› se

Diabète de type 2 — D’où vient le diabète de type 2?

Le diabète de type 2 se développe souvent insidieusement et peut passer longtemps inaperçu. Il apparaît en général après l’âge de 40 ans (d’où son ancienne appellation de «diabète de l’âge mûr»), mais de plus en plus de jeunes en sont atteints. Dix ans peuvent s’écouler entre l’apparition de taux de glycémie trop élevés mais non diabé-tiques et la manifestation de la maladie. L’organisme augmente au début sa production d’insuline pour compenser les besoins accrus, mais peu à peu, la production d’insuline ralentit. L’organisme ne réagit plus correctement à l’insuline. Finalement, il en résulte une carence en insuline et une hyperglycémie sévère dans l’organisme.

Ce type de diabète étant souvent détecté tardivement, le risque est grand que des séquelles soient déjà présentes au moment du dia-gnostic, par exemple des lésions vasculaires. Les diabétiques de type 2 ont en particulier un risque accru d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral, mais aussi de certains cancers, par exemple le cancer du foie. Il est donc important pour les personnes à risque de consulter régulièrement un médecin pour contrôle. En effet, de nombreuses personnes ignorent qu’elles sont déjà diabétiques ou en passe de le devenir.

Le diabète de type 2 a mauvaise presse, car beaucoup de gens pensent que les personnes touchées en sont elles-mêmes respon-sables. Mais cela n’est qu’en partie vrai, car l’hérédité est le princi-pal facteur de risque de ce type de diabète. Les principaux facteurs modifiables sont le manque d’activité physique, une alimentation malsaine, l’excès de poids, le stress et le tabagisme.

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font tout de suite remarquer au niveau de ma glycémie. En tant que diabétiques, nous métabolisons le glucose plus lentement, de sorte qu’il reste plus longtemps dans le sang, ce qui lui permet à long terme de porter atteinte aux vaisseaux sanguins et aux nerfs. Par consé-quent, il faut être très discipliné dans le respect du traitement, l’alimen-tation et l’activité physique, et ce dès le début.

Le diabète est très répandu, mais il passe souvent inaperçu pendant longtemps. C’est pourquoi il me tient à cœur de sensibiliser les gens à cette maladie. Je traite du diabète avec mes élèves en cours de bio- logie et je m’engage dans l’Associa-tion du diabéte de Suisse centrale. Car contrairement aux idées reçues, le diabète peut toucher n’importe qui.

Comment savoir si je suis diabétique de type 2?

Une forte soif, une fatigue permanente et un besoin fréquent d’uri-ner peuvent être des signes de diabète de type 2. Mais à un stade précoce, il n’y a pratiquement pas de symptômes révélateurs de la maladie.

Comment soigne-t-on le diabétique de type 2?

Chez les diabétiques de type 2, il faut commencer par surveiller l’ali-mentation et accroître l’activité physique. En général, cela permet de retarder la mise en route d’un traitement médicamenteux – parfois même de plusieurs années. Si cela ne suffit plus, on emploie des médicaments. Il existe aujourd’hui toute une gamme de traitements permettant de soigner le patient individuellement. Actuellement, on soigne aussi précocement, c’est-à-dire préventivement, les séquelles telles que par exemple d’éventuelles maladies cardio-vasculaires.

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Sibylle Stöcklin, 59 ans, est en-seignante du degré secondaire II en biologie et chimie. Elle est atteinte de diabète de type 2 depuis trois ans. Elle fait partie du comité directeur de l’Association du diabéte de Suisse centrale. Elle a deux enfants adultes et vit avec son mari à Sarnen (OW).

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Regard vers l’avenir: de nombreuses approches différentes

D’innombrables équipes de recherche du monde entier s’emploient à améliorer le traitement du diabète de type 1 et 2. Les causes du diabète sont multiples, et les approches permettant de soigner la maladie ou de l’empêcher de se déclarer sont elles aussi très variées.

La recherche sur les cellules souches essaye par exemple de rempla-cer les cellules bêta mortes par de nouvelles. Si cette approche fonc-tionnait, elle se rapprocherait d’une guérison, car les cellules souches produiraient de nouvelles cellules bêta, remédiant ainsi à la carence en insuline. Mais il faudra encore des années de recherche avant qu’un tel traitement ne puisse être utilisé chez l’être humain.

Il y a aussi des progrès intéressants dans le domaine des pompes à insuline et de la mesure en continu de la glycémie. En combinant ces deux systèmes et si on pouvait déterminer avec précision la quantité de glucides absorbée en mangeant, il serait possible de fabriquer un pancréas artificiel. La recherche est intensive dans ce domaine et le système fonctionne déjà la nuit (en l’absence d’aliments et d’activité physique). Bientôt, des pompes à insuline capables de mesurer en même temps la glycémie dans le sang vont arriver sur le marché. En cas de chute de la glycémie, elles stopperont l’administration d’insu-line pour la reprendre une fois la glycémie revenue dans une plage normale.

Par ailleurs, la recherche porte sur de nouvelles formes galéniques, par exemple l’insuline à inhaler ou le patch à insuline.

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La médecine ne peut pas résoudre ce problème à elle seuleInterview du professeur Roger Lehman

Roger Lehmann est médecin adjoint en endocrinologie, diabétologie et nutrition clinique et directeur du programme de transplantation des îlots de Langerhans à l’Hôpital universitaire de Zurich.

Monsieur Lehmann, une épidémie de diabète s’annonce dans le monde entier. En particulier en Afrique et en Asie, on s’at- tend à une forte croissance du nombre de diabétiques au cours des 20 prochaines années. Mais en Suisse aussi, la ten-dance est à la hausse. Que faut-il faire pour tout au moins freiner cette épidémie?

La médecine ne peut pas résoudre ce problème à elle seule. Le diabète est un défi de société. Comment motiver les gens pour qu’ils s’alimentent plus sainement et aient plus d’activité phy-sique? Différents domaines de la vie sont concernés, par exemple l’urbanisme. Les Etats-Unis ont beaucoup de diabétiques, et l’une des raisons en est que les transports publics sont mal dévelop-pés. Les gens prennent beaucoup la voiture, d’où encore moins d’activité physique. Les transports publics sont donc aussi dans l’intérêt de la santé publique, car les usagers doivent parcourir régulièrement de pe-tites distances à pied pour prendre un moyen de transport.

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Où y a-t-il encore d’autres potentiels d’amélioration?Un autre aspect est celui de la situation au travail. De nombreux emplois sont aujourd’hui exercés en position assise ce qui favorise le manque d’activité physique. Il suffit de se lever et de faire quelques pas plusieurs fois par heure pour réduire le risque d’apparition du diabète. Un méde-cin ou un pharmacien qui pratique régulièrement une activité sportive est un exemple pour ses patients, ce qui peut les motiver à avoir eux aussi plus d’activité physique.

Qu’en est-il de l’alimentation?Les boissons sucrées sont particulièrement problématiques, car elles contiennent beaucoup de sucre mais ne rassasient pas. J’avais un patient dont la glycémie était 20 fois trop élevée. Il buvait 25 litres de Coca-Cola par jour pour étancher sa soif, consommant ainsi 2,5 kilos de sucre par jour.

En principe, nous savons donc comment ralentir l’épidémie. Pourquoi est-il néanmoins si difficile de maintenir son poids?

Le corps humain est entraîné à maintenir son poids ou à l’augmenter. Il y a des milliers d’années, cela présentait un avantage fondamental pour l’être humain, car cela améliorait ses chances de survie et de reproduction. Mais aujourd’hui, à une époque de surabondance, c’est l’inverse. Notre organisme n’a aucun système d’alarme qui l’avertit qu’il a des kilos en trop. Par contre, le cerveau se manifeste immédiatement lorsque nous perdons du poids: il stimule alors l’appétit. Nous l’obser-vons chez les patients qui prennent des médicaments pour maigrir. Dans les premières semaines, ils perdent deux ou trois kilos, mais

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après, tout se complique parce que le cerveau s’enclenche et stimule l’appétit. C’est la raison pour laquelle il n’existe pas de médicaments efficaces contre l’excès de poids. L’organisme a différents méca-nismes qui l’empêchent de perdre du poids, et la médecine n’arrive pas encore à les déjouer.

Mais contre le diabète, la médecine a des armes efficaces… Exact. Et depuis quelques années, plusieurs médicaments intéres-sants sont arrivés sur le marché, de sorte que la gamme de traite-ments s’est améliorée. Les nouveaux médicaments ont chacun des avantages et des inconvénients, mais dans l’ensemble, ils apportent surtout l’avantage de pouvoir soigner les patients plus individuelle-ment. Et plus on a de substances actives, plus on a de possibilités de les combiner.

Cela signifie que le traitement du diabète devient de plus en plus individuel et mieux adapté à chaque patient?

Exactement. Mais la manière de soigner s’est aussi modifiée depuis quelques années. Aujourd’hui, on commence le traitement plus rapi-dement et plus agressivement. Autrefois, on attendait que la maladie se déclare pour commencer à donner un médicament, puis on surveil-lait si la glycémie empirait.

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Aujourd’hui, on donne à chaque patient une valeur cible individuelle pour sa glycémie et son taux d’HbA1c, un chiffre qui renseigne sur la glycémie des dernières semaines. Pour déterminer la valeur cible, on tient compte de différents paramètres, par exemple l’âge de la personne, sa motivation, le risque d’hypoglycémies et l’espérance de vie. Plus le patient est jeune, plus son espérance de vie est longue et moins il a de complications, plus on optera pour un traitement agressif vis-à-vis de la glycémie, de la tension artérielle et du cholestérol. Chez les personnes âgées, il n’est pas raisonnable de soigner le diabète trop agressivement, car le risque d’hypoglycémies est grand.

La recherche progresse régulièrement dans le domaine du diabète. Où voyez-vous de nouvelles méthodes de traite-ment ou des substances actives prometteuses?

Dans le cas du diabète de type 2, plusieurs nouveaux groupes de médicaments sont arrivés sur le marché ces dernières années, et d’autres médicaments et insulines vont encore être élaborés à l’ave-nir. La recherche porte aussi sur les cellules souches et la transplan-tation. Si l’on parvenait à utiliser les cellules bêta de l’organisme pour la production d’insuline, ce serait une possibilité pour les diabétiques de type 2, tandis que pour les diabétiques de type 1, le problème de l’auto-immunité resterait entier.

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Les transplantations d’organes pourraient-elles être une solution?

Dans ce cas, le problème est celui du manque d’organes: en Suisse, on peut transplanter environ 50 pancréas par an, mais on a 800 nou-veaux diagnostics de diabète de type 1 par an. Cela signifie que l’on ne pourrait même pas soigner tous les cas nouvellement découverts, sans parler des 25 000 autres patients déjà atteints de diabète de type 1 ou des 450 000 patients atteints de diabète de type 2. Ces chiffres sont éloquents. Une solution pourrait être d’utiliser des pancréas de porcs, mais il faut alors une immunosuppression à vie pour éviter les réactions de rejet de l’organisme vis-à-vis de l’organe transplanté.

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1955_Frederick Sanger dévoile la structure chimique de l’insuline, ce qui représente une base importante pour la recherche sur le diabète.

1969_Présentation du premier lec- teur de glycémie portable au monde. Il pèse près d’un kilo. Les appareils actuels pèsent moins de 100 grammes.

Années 70_Dans les années 70, les chances de survie des diabétiques s’améliorent nettement en Suisse. Il existe alors une insuline hautement purifiée. En revanche, on continue à mesurer la glycémie dans l’urine.

1979_La première substance faisant partie de la catégorie des bigua-nides est autorisée en France. Ces médicaments réduisent le risque de complications cardio-vasculaires.

Grandes étapes du traitement du diabète

Le traitement du diabète montre particulièrement bien comment de nombreuses petites étapes d’in-novation peuvent aboutir à des améliorations considérables pour les patients.

1921_Percée médicale majeure: Frederick Banting et Charles Best isolent pour la première fois l’hor- mone insuline sur des chiens. Un an plus tard, ils soignent le premier diabétique. Encore un an après, la première insuline est mise sur le marché. Auparavant, la plupart des patients ne survivaient pas plus de quelques mois.

Années 50_Les chances de sur-vie des diabétiques s’améliorent, mais encore au début des années 50 en Suisse, nombre d’entre eux meurent avant d’atteindre l’âge de 30 ans. En dépit de la découverte de l’in- suline, le traitement est difficile, car les insulines contiennent des im- puretés et ont un effet insuffisant.

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1983_Pour la première fois, on parvient à fabriquer de l’insuline par génie génétique à partir de la bac- térie E. coli. L’insuline produite par génie génétique a moins d’effets secondaires et peut être produite en quantités quasiment illimitées.

1985_L’arrivée sur le marché des stylos à insuline facilite énormément les injections. Un autre progrès est la découverte de l’hémoglobine glyquée (HbA1c). Ce chiffre indique si la glycémie a été bien équilibrée au cours des trois mois précédents ou s’il faut modifier le traitement. Aujourd’hui, tout diabétique connaît ce taux.

1996_Les pompes à insuline simplifient aux patients l’injection de l’insuline et améliorent la stabilité du taux de glycémie.

2005_L’autorité américaine d’homo- logation du médicament autorise la mise sur le marché de la première substance active de la nouvelle catégorie des analogues du GLP1. L’avantage de ces substances est entre autres qu’elles aident à perdre du poids.

2007_Les inhibiteurs du DPP4 sont autorisés pour la première fois. Il s’agit d’un nouveau groupe de substances dont l’un des avantages est de réduire nettement le risque d’hypoglycémies (trop forte baisse du taux de sucre dans le sang).

2012_L’autorité européenne d’ho-mologation du médicament donne le feu vert à une nouvelle classe de substances: les inhibiteurs du SGLT2. Ceux-ci renforcent l’élimination de glucose par l’urine et, contrairement aux autres antidiabétiques, leur effet est indépendant de l’insuline. En plus, ils induisent une perte de poids.

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Informations sur Internet

Site de l’Association Suisse du Diabètehttp://www.diabetesgesellschaft.ch/fr/

Quel est votre risque de diabète?http://www.diabetesgesellschaft.ch/fr/le-diabete/test-diabete/Mais seule une consultation médicale vous apportera une certitude.

Portail d’information commun de l’Association Suisse du Diabète et de la Fondation allemande du diabète (en allemand) www.diabetesstiftung.org

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InterpharmaAssociation des entreprises pharmaceutiques suisses pratiquant la recherchePetersgraben 35Case postale, 4009 Bâle

Tél. +41 (0)61 264 34 00E-mail: [email protected]

Rédaction Interpharma: Sibylle Augsburger, Carolin Lorber

Rédaction: advocacy AG, Bâle

Graphisme: vista point, Bâle

Photos: Barbara Jung, Antonio Mollo (Eugen Leu & Partner AG)

Mars 2015

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