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100 m&c n° 195, septembre 2012 L ouvigné-du-Désert est une petite ville de 3 874 habi- tants située à la frontière entre Bretagne, Normandie et Mayenne. Elle partage ses activités entre l’élevage (7 750 bovins), l’agri- culture et le travail du granit. Elle se parait même du titre de “capitale du granit”. Philippe Robert, p-dg de la Géné- rale du granit, a d’abord présenté aux participants sa société et les problèmes des granits bretons, puis il a fait visiter ses ateliers et l’une de ses carrières. L’après-midi, les parti- cipants se sont rendus au centre régional de formation des apprentis de l’Unicem situé dans la ville. La plus importante usine de transformation Cette société familiale a été créée en 1967 par Maurice Robert, granitier des Vosges et père de Philippe Robert. Il avait repris une carrière à Louvigné-du-Désert et transféré ses machines. Il fut un pionnier en adoptant le sciage du granit avec les outils diamantés. Auparavant existait une coopérative ouvrière nommée l’Avenir, créée en 1921 par une quinzaine de syndica- listes suite aux grèves de 1920. Elle avait débuté par la location de qua- tre carrières et s’était équipée peu à peu en machines pour assurer la transformation des blocs. En 1966 elle réunissait 260 ouvriers, un effectif réduit à 135 en 1981, pour finir en faillite et cesser ses activités en 1985. À cette date, la coopérative fut reprise par la Générale du granit qui a remis ses archives aux archives départementales en 2005. La Générale du granit est devenue la plus importante usine de trans- formation de granits en France, tant dans le domaine funéraire que celui de la voirie, après la mise en liquidation judiciaire en 2006 de Pelé granits de Montreuil-sur-Ille, qui compta jusqu’à 285 employés. Avec 120 employés dont sept agents commerciaux chargés de prospec- ter les architectes et les marbriers funéraires, et un chiffre d’affaires annuel de 11 M€, la Générale du granit transforme annuellement 8 000 m 3 de granits. La moitié de cette activité est consacrée au funé- raire, 40 % à la voirie et au bâtiment et 10 % à la décoration intérieure et aux ouvrages spéciaux (fontaines et sculptures). La société a pu traverser la crise liée aux importations asiatiques en modernisant sans cesse les procé- dés de transformation : introduc- tion du diamant dans l’usinage du granit (sciage et polissage), automa- tisation des machines, informatisa- tion du suivi des produits au cours des phases de la transformation depuis le bloc brut jusqu’à la palette d’expédition. Les blocs et les pièces produits sont tous identifiés par une étiquette à code-barres. Elle travaille en fonction des com- mandes des marbriers funéraires et des prescripteurs. Elle ne fabrique pas en série, mais regroupe les pro- duits par familles pour rationaliser le façonnage. Depuis 2007, elle a rejoint l’associa- tion Granits de France. La concurrence asiatique a sérieuse- ment affecté l’industrie granitière, causant entre autres la fin de la firme Pelé granits, spécialisée dans les pierres tombales en granits noirs, qui n’avait pas modernisé ses procédés de fabrication. Depuis 1998, la Chine inonde les iournée technique Louvigné-du-Désert serait-elle la capitale hexago- nale du granit ? Entre un important producteur et le CFA régional de l’Unicem, la réponse semble évi- dente. À l’Ouest, tout est nouveau, tout est beau ! Compte rendu de la visite organisée par le district Ouest de la Sim, le 21 juin, à la Générale du granit et au CFA de Louvigné-du-Désert. À la découverte du granit breton Les visiteurs de la journée organisée par la Sim, accompagnés de Philippe Robert, à droite, le fils du créateur de la Générale du granit DR

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Page 1: A la découverte du granit breton - Accueil€¦ · Philippe Robert, p-dg de la Géné- ... Pelé granits de Montreuil-sur-Ille, qui compta jusqu’à 285 employés. Avec 120 employés

100 m&c n° 195, septembre 2012

L ouvigné-du-Désert est unepetite ville de 3 874 habi-tants située à la frontière

entre Bretagne, Normandie etMayenne. Elle partage ses activitésentre l’élevage (7 750 bovins), l’agri-culture et le travail du granit. Elle separait même du titre de “capitale dugranit”.Philippe Robert, p-dg de la Géné-rale du granit, a d’abord présentéaux participants sa société et lesproblèmes des granits bretons, puisil a fait visiter ses ateliers et l’une deses carrières. L’après-midi, les parti-cipants se sont rendus au centrerégional de formation des apprentisde l’Unicem situé dans la ville.

La plus importante usine de transformation

Cette société familiale a été créée en1967 par Maurice Robert, granitierdes Vosges et père de PhilippeRobert. Il avait repris une carrière àLouvigné-du-Désert et transféréses machines. Il fut un pionnier enadoptant le sciage du granit avec lesoutils diamantés.Auparavant existait une coopérativeouvrière nommée l’Avenir, créée en1921 par une quinzaine de syndica-listes suite aux grèves de 1920. Elleavait débuté par la location de qua-tre carrières et s’était équipée peu àpeu en machines pour assurer la

transformation des blocs. En 1966elle réunissait 260 ouvriers, uneffectif réduit à 135 en 1981, pourfinir en faillite et cesser ses activitésen 1985. À cette date, la coopérativefut reprise par la Générale du granitqui a remis ses archives aux archivesdépartementales en 2005.La Générale du granit est devenuela plus importante usine de trans-formation de granits en France,tant dans le domaine funéraire quecelui de la voirie, après la mise enliquidation judiciaire en 2006 dePelé granits de Montreuil-sur-Ille,qui compta jusqu’à 285 employés.Avec 120 employés dont sept agentscommerciaux chargés de prospec-ter les architectes et les marbriersfunéraires, et un chiffre d’affairesannuel de 11 M€, la Générale dugranit transforme annuellement 8 000 m3 de granits. La moitié decette activité est consacrée au funé-raire, 40 % à la voirie et au bâtimentet 10 % à la décoration intérieure etaux ouvrages spéciaux (fontaines etsculptures).La société a pu traverser la crise liéeaux importations asiatiques enmodernisant sans cesse les procé-dés de transformation : introduc-tion du diamant dans l’usinage dugranit (sciage et polissage), automa-tisation des machines, informatisa-tion du suivi des produits au coursdes phases de la transformationdepuis le bloc brut jusqu’à la paletted’expédition. Les blocs et les piècesproduits sont tous identifiés par uneétiquette à code-barres.Elle travaille en fonction des com-mandes des marbriers funéraires etdes prescripteurs. Elle ne fabriquepas en série, mais regroupe les pro-duits par familles pour rationaliserle façonnage.Depuis 2007, elle a rejoint l’associa-tion Granits de France.La concurrence asiatique a sérieuse-ment affecté l’industrie granitière,causant entre autres la fin de lafirme Pelé granits, spécialisée dansles pierres tombales en granitsnoirs, qui n’avait pas modernisé sesprocédés de fabrication.Depuis 1998, la Chine inonde les

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Louvigné-du-Désert serait-elle la capitale hexago-nale du granit ? Entre un important producteur et leCFA régional de l’Unicem, la réponse semble évi-dente. À l’Ouest, tout est nouveau, tout est beau !Compte rendu de la visite organisée par le districtOuest de la Sim, le 21 juin, à la Générale du granitet au CFA de Louvigné-du-Désert.

À la découverte du granit breton

Les visiteurs de la journée organiséepar la Sim, accompagnés de PhilippeRobert, à droite, le fils du créateur de la Générale du granit

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marchés de la voirie et remportetous les grands chantiers. Les rai-sons ? Des prix souvent moins éle-vés, mais surtout une prospectiontrès active des intermédiaires. Lesjournaux locaux s’indignent que lesmunicipalités comme Brest, Tours,Le Havre, Paris, Dijon, Lyon etrécemment Toulouse aient choisides produits chinois pour paver lesplaces, les trottoirs et les voies destramways. Malgré les 18 000 km detransport maritime, le prix du fretest faible car les produits lapidairesservent de ballast aux navires porte-conteneurs. Ces produits pour lefunéraire et la voirie proviennentprincipalement de Xiamen au nord-est de Hong-Kong, où se situentnombre de carrières et d’ateliersavec un million d'employés. Ydébarquent même les blocs impor-tés de provenances diverses, notam-ment indiennes.Pour faire face à cette concurrence,les granitiers bretons cherchent àbénéficier du label IGP (Indicationgéographique protégée) récemmentcréé, avec le label “Granit breton”.Lors de sa visite en novembre 2011,Frédéric Lefebvre, secrétaire d’État

chargé du commerce et de l’artisa-nat, avait promis qu’il pourrait leurêtre attribué.

25 000 m2 d’ateliersLes ateliers s’étendent sur 25 000 m2

et le stockage couvert sur 10 000 m2.Ilregroupe six grands halls dont cer-tains atteignent 280 m de long. Ilssont équipés de ponts-roulants et debancs à rouleaux pour les déplace-ments.Les ateliers regroupent 300 machi-nes-outils dont 14 grands disques àsegments diamantés (de diamètre2,7 à 3 m), 4 châssis, des polisseuses,une grande carotteuse horizontale,des scies à câble permettant lesdécoupes courbes, plus de nom-breuses machines portatives pourles finitions manuelles délicates.Le sciage fonctionne jour et nuit,avec l’intervention possible d’em-ployés sous astreinte si nécessaire.Sur les 8 000 m3 traités par an, 70 %sont des granits bretons. En outre,des granits et migmatites de diver-ses couleurs sont importés pourélargir la gamme funéraire. Autotal, 300 000 m2 sont sciés chaqueannée.

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Stèle sculptée en Inde

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La commande numérique a étéappliquée à des machines ancien-nes. Philippe Robert, automaticiende formation, a trouvé des solu-tions pour homogénéiser la pro-grammation des machines del’usine. Il cite de petits granitiersqui, après s’être équipés de machi-nes à commande numérique deplusieurs fabricants, ont rencontrédes problèmes pour leurs pro-grammations, nécessitant l’inter-vention d’un spécialiste.De même, il conçoit ou modifiedes machines spécialisées et adéposé plusieurs brevets. L’und’eux a été appliqué à la fabrication

expérimentale de tubes destinésaux déchets nucléaires de l’Andra.Le granit possède en effet une plusgrande longévité que les métauxdans les conditions de l’enfouisse-ment à l’échéance du millénaire, cequi pourrait permettre la reprisedes déchets de matières actives parles réacteurs de future génération.Le polissage au diamant est appli-qué aux grandes tranches et ilrequiert de fortes pressions. Defaçon complémentaire, les meulesmagnésiennes traditionnelles aucorindon servent pour les finitionsmanuelles des petites pièces.Les pavés et bordures sont pro-

duits par sciage afin d’obtenir descotes précises. Certaines des facessont éclatées entre deux couteauxavec des presses hydrauliques afind’assurer une meilleure résistanceau glissement ou un aspect tradi-tionnel. Les faces sciées peuventêtre surfacées par flammage, gre-naillage ou bouchardage dans lemême but.Un local est dédié à la gravure parde petits outils diamantés. Dessculptures peuvent être réaliséesdont certaines proviennent d’Inde.Le sciage fournit des tranches épais-ses pour les monuments funéraires.Par contre, le sciage de tranchesminces pour les revêtements dessols et murs des bâtiments estmoins développé. La concurrenceespagnole dispose actuellementd’un large excès de capacités de pro-duction, favorisé par de larges sub-ventions au cours des années précé-dant la crise. Elle liquide maintenantses stocks.Le cheminement des flux de piècesa été très étudié. Celles-ci sontregroupées et emballées sur palettespour chaque commande.Le site Internet de la Générale du

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Propriétés physiques des granites de la Générale du granit

Louvigné Lanhélin Bignan La Clarté

Porosité (%) 0,2 0,1 0,9 0,2

Capillarité (g.m2.s-0.5) 0,3 0,3 2,4 0,3

Résistance à la compression (MPa) 150,3 173 150,8 145

Résistance à la flexion (MPa) 18,1 18,9 13,3 10,1

Gélivité (cycles) > 240 > 240 > 240 > 240

Masse volumique (kg/m3) 2 659 2 627 2 616 2 601

Vitesse du son (m/s) 5 569 5 549 4 094 5 122

Usure disque (mm) 17,6 16,7 17,8 15

Glissance humide 62 61 64 58

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granit propose ses modèles aux marbriers funérairesqui ne fabriquent plus eux-mêmes leurs pierres tom-bales, ainsi qu’aux architectes. En outre, sont proposésdes bancs, des bassins, des tables, des plans de travailpour cuisine et salle de bains, des dessus de bar, desdallages de sol et de mur.

Quatre carrières en exploitationEn nom propre ou en association, la Générale du granitdispose de quatre carrières de granites :• rose de La Clarté dans la commune de Perros-Guirec

(Côtes d’Armor), exploité par sa filiale BPG ;• jaune aurore de Bignan (Morbihan) ;• bleu de Lanhélin, exploité par Socal (Ille-et-

Vilaine) ;• gris-bleu de Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine).

En 1977 une quarantaine de petites carrières s’acti-vaient autour de Louvigné, produisant surtout despavés et des bordures. À Louvigné même, les inclu-sions noires (“crapauds” des carriers) étant moinsnombreuses, le granit alimentait déjà l’industriefunéraire.

Le contexte géologiqueQuelques indications sur le contexte géologique des gra-nits bretons intéresseront les lecteurs les plus curieux.La péninsule bretonne est subdivisée en deux famillesde grandes failles décrochantes en une zone nord, unezone centrale et une zone sud. La zone nord comprenddes gneiss œillés très anciens datés du Protérozoïqueancien (2 200-1 800 Ma), d’origine volcanique et appe-lés Icartiens. On les rencontre dans la région de Lan-nion, au nord du Cotentin et dans le sud de Guernesey(Icart Point).Après une longue période d’interruption, l’érosion dela chaîne icartienne dépose la série détritique du Brio-vérien (nommé d’après Briovera, ancien nom deSaint-Lô) datée approximativement de 670-540 Ma.Une série volcano-sédimentaire est surmontée de grèset schistes très épais, déposés par des turbidites(flysch) dans un bassin marin profond. Ce flysch,affleurant largement en Normandie, est accompagnéde radiolarites (phtanites) et de rares carbonates. Dansla partie occidentale de la zone nord, le Briovérienrenferme des lentilles de roches ultrabasiques (ophio-lites) indiquant la trace d’un océan disparu par sub-duction lors de la phase hercynienne. Dans la zonecentrale, le socle précambrien est en grande partierecouvert par les sédiments paléozoïques.Les sédiments marins du Briovérien ont été plisséspuis intrudés de granits appelés cadomiens, (de Cado-mus, Caen) lors de l’orogénèse survenue à la fin duPrécambrien (540 Ma), puis surmontés en discordancepar la transgression cambrienne. Les massifs graniti-ques de Lanhélin et de Louvigné, allongés ouest-est,font partie de ces massifs cadomiens traversant lessédiments briovériens plissés, mais peu métamorphi-ques ; ils se prolongent jusque dans la région de Vire.On considère qu’ils appartiennent à un vaste batholiteappelé Mancellia (du nom des habitantes du Mans).Ce sont des grano-diorites gris-bleu, datées de

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617-580 Ma, contenant de la cordiérite dans la régionde Vire. Ce continent de la Mancellia a été peu affectépar l’orogénèse hercynienne.

millions d'années

Stéphanien

Namurien

Viséen

DEVONIEN

SILURIEN

ORDOVICIEN

CAMBRIEN

PROTEROZOIQUESUPERIEUR

PROTEROZOIQUEINFERIEUR

CARBONIFERE

PHASE HERCYNIENNE

graniteshercyniens

Schistes de Laval

Calcaire de Laval

PHASE VARISQUE

Grès amoricains

OROGENESE CADOMIENNE(Panafricaine)

Briovériengranites

cadomiens

OROGENESE ICARTIENNE

Gneiss icartiens

299

304

326

345

416

444

488

540

670

1800

2200

Les séries précambriennes et paléozoïques de Bretagne

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Certaines faces sont sciées au câble diamanté, en évi-tant les zones altérées et les fractures pouvant coin-cer le câble. Le sciage au câble devrait se généraliserparce qu’il est plus rapide et évite le bruit et les pous-sières des forages et des tirs. De plus, il économise lematériau en réalisant des coupes planes dont lesflancs ne sont pas endommagés par l’explosif. Lesautres coupes sont abattues par des tirs de cordeaudétonant dans des trous espacés de 15 à 18 cm. Pourla coupe de base, on tire parti de fractures à faiblepente (fractures de décompression), ou bien on sou-lève la masse par des tirs dans des trous horizontaux,en vue de faciliter les déplacements des engins. Unegailleuse à plusieurs marteaux perforateurs montéesur une pelle hydraulique refend les masses en blocstransportables.

Comme la Générale du granit ne vend pas de blocscommerciaux, qui doivent avoir des dimensions mini-males et une forme de parallélépipède, les blocs infor-mes sont utilisés par l’usine. Ceci porte le taux de récu-pération à quelque 60 %, bien au-dessus des valeursrencontrées habituellement.

Le CFA régional de l’UnicemLa présentation du centre de formation d’apprentisdes industries de carrières et matériaux de construc-

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Cette phase hercynienne majeure, datée de la fin du Car-bonifère (environ 299 Ma), a été plus intense dansl’ouest de la péninsule bretonne, qui se situait entre deuxzones de subduction, jalonnées au sud par les ophiolitesde Vendée et au nord par celles de Lizard Point au Paysde Galles. Elle s’est traduite par la superposition de nap-pes et par des intrusions. Les granits hercynienscontiennent quelques minéraux radioactifs comme lapechblende, l’autunite, l’allanite. On rapporte à la phasehercynienne le célèbre granit rose de La Clarté extrait àPerros-Guirec.Le granite de Bignan, à 18 km au nord de Vannes, estun petit pointement à travers le Briovérien de la zonecentrale. Son âge est également hercynien (environ 340 Ma). En 1991, une analyse au microscope polari-sant a permis de déterminer un granit à deux micas(muscovite et biotite, celle-ci à inclusion de zirconsradioactifs), avec des feldspaths du type microcline etplagioclase.La carrière de Louvigné-le-Désert, qui fait l’objet d’unevisite à 2 km de l’usine, appartient à la phase cado-mienne. C’est une fosse au milieu de landes où la Géné-rale du granit possède de vastes terrains qui assurent desréserves immenses et des aires pour les déblais. L’entre-prise dispose aussi de droits de concassage, non utilisésactuellement. Sous quelques mètres d’arène granitique,se trouve une zone de boules épaisse d’environ 4 ou 5 m, puis le granit massif exploité sur trois gradins. C’estune grano-diorite à biotite, à grain moyen (2-4 mm),sans cordiérite.

Modèle de sculpture au CFA

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tion a été faite par la directrice,Sophie Galle. Fondé en 1970, leCFA est géré par l’Unicem. Ilforme 120 apprentis dont les deuxtiers destinés aux métiers de lapierre. Il recrute des jeunes de 16 à26 ans, au niveau de la classe detroisième au minimum, et ayantconclu un contrat d’apprentissagedans une entreprise. La formationalterne une semaine au CFA etdeux semaines en entreprise. LeCFA accepte aussi des personnesplus âgées en cours de recyclage.Les jeunes filles sont encore peunombreuses, car freinées par uneimage défavorable de la profession.Deux autres centres de formationdes apprentis aux métiers de lapierre existent en France : l’un àLacrouzette dans le massif graniti-que du Tarn, l’autre à Montalieudans le bassin du calcaire marbrierde Villebois (Isère et Ain).La formation au CAP dure deuxans, celle au brevet professionneldemande deux années supplémen-taires. Les apprentis proviennentde tout l’Ouest de la France, duNord et du Bassin parisien. Envi-

ron 80 % des apprentis ayantacquis le CAP poursuivent la for-mation brevet.Dans l’atelier de taille de pierre, lesélèves travaillent le marbre, le cal-caire tendre, le calcaire marbrier etle granit. Les postes de taille sontéquipés de systèmes d’aspiration,les élèves emploient les outilsmanuels, ciseaux et maillet pour leCAP, et les outils pneumatiquespour le niveau brevet. Des modèlesde sculptures à reproduire sont àleur disposition. On leur enseigne lepolissage manuel, le polissage à lagenouillère avec meules au carbo-rundum ou à la polisseuse à com-mande numérique, et le lustrage àl’acide oxalique ou à la potée d’étainselon les roches, ainsi que ladécoupe et le collage. En outre, desnotions d’histoire de l’art leur sontdispensées.Dans l’atelier de mécanique, les élèves ayant choisi cette optionapprennent l’ajustage, la soudure, ledémontage et le remontage des piè-ces de machines d’atelier et d’enginsde carrière, la réparation desmoteurs et des parties hydrauliques

comme les pompes et vérins. Auniveau baccalauréat professionnel,ils sont formés à la détection despannes. Un certain nombre dematériels de carrière sont mis à leurdisposition.À leur sortie, les élèves trouventpratiquement tous un emploicomme tailleur de pierre, profes-sion qui offre de nombreux postes,soit sur place comme à la Généraledu granit (dont la plupart desemployés sont issus de ce CFA), soitdans d’autres régions. Selon la direc-trice, les candidats ne sont pas asseznombreux face à la demande desentreprises. m&c

Raymond Perrier

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À leur sortie, les élèves trouvent pratiquement tous

un emploi comme tailleur de pierre, profession qui offre

de nombreux postes

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