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Laboratoire expérimental d'agriculture urbaine Atelier Patrick Chavannes Ecole d'Architecture de Bretagne - 2012

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RATIO IONIS

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Laboratoire expérimental d’agriculture urbaine

ENSAB 2012-Atelier Patrick Chavannes-Pierre ArnouAdrien BoucicaudAntoine ConorAntoine ConorAdrien ConqFrançois-Xavier CurisPierre-Alexandre DeconinckAdrien JacquetZuzana Kucerova

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3 ÉTAT DES LIEUX: QUELQUES PROJETS D’AGRICULTURE URBAINE

7 ICONOGRAPHIE CONTEM- PORAINE

9 L’UTOPIE ÉCOLOGIQUE: INTRODUCTION À LA DYSTOPIE

11 DÉMARCHE UTOPIQUE: CONCLUSION DYSTOPIQUE

21 RATIO IONIS: PROCESSUS MULTISCALAIRE

SOMMAIRE N°0 / RATIO IONIS / DÉC 2012

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Cet atelier d’architecture est un laboratoire expérimental ayant pour objet l’agriculture urbaine. Bien que le concept de métropole agricole soit par définition paradoxal, tant les deux termes se contredisent (Ville, par opposition à la campagne, Larousse), cette problématique a été soulevée à de maintes reprises.

Aujourd’hui, les citadins veulent du vert, la question de l’agriculture urbaine est en vogue. Jamais auparavant nous n’avions vu autant de végétal, qu’il pousse sur les toits-terrasses ou même sur les murs des plus grandes villes. Le design et la mode ne sont pas non plus épargnés. Tous les créatifs semblent s’inspirer du nouveau dogme écologique.C’est pourquoi une vision rétrospective est indispensa-ble. Il est nécessaire de prendre conscience des concepts et essais architecturaux préexistants, pour mieux saisir le concept de l’agriculture urbaine. Un bref tour d’horizon permettra de saisir la valeur de quelques projets, aux con-textes, objets et stratégies variés.

Accompagnant la révolution industrielle et l’expansion des villes, les jardins ouvriers de la fin du XIXème ont été une première expression de cette ruralité urbaine. Les objectifs étaient de permettre l’autosuffisance alimentaire aux travailleurs, et par la même occasion de leur fournir un nouveau lieu de sociabilisation. Ce mouvement est à met-tre en parallèle avec le développement des théories hy-giéniste, et les premiers essais sur la diététique. L’ouvrier en plus de travailler, doit maintenant être en bonne santé.Au même moment naissait le concept de cité-jardin, basé lui aussi sur le rejet de l’industrialisation des villes. Théorisé par Ebenezer Howard, l’idée consiste à associer les qualités urbaines à celles de la campagne sans les désagréments des deux. Son principe urbanistique va se répandre dans le monde et servira de base théorique pour le développement de certaines villes telles que Londres ou Paris suite à la première guerre mondiale.Dans les années 1970, les Community Gardens New-Yorkais apparaissaient. Les parterres de fleurs et carrés de légumes devaient servir de la même manière que les jardins ouvriers à fabriquer des liens sociaux dans les quartiers défavorisés et accroître le communautarisme et les liens avec l’environnement.

ETATS DES LIEUX :QUELQUES PROJETS D’AGRICULTURE URBAINE

ill.: Garden City, Ebenezer Howard, 1898

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The Disappearing City (1932) de l’architecte américain Frank Lloyd Wright est fondé sur un grand déploiement égalitaire de petites propriétés. Wright pré-conisait : « de petites fermes, de petites maisons pour l’industrie, de petites usines, une petite université et de petits laboratoires pour différentes professions sur leur terrain propre. » Il propose de ruraliser la ville et d’urbaniser la campagne. Il la préfère diffuse, aux lim-ites imprécises, en opposition à la cité compacte. Ce qui rend possible Broadacre City et son étalement infini, ce sont les moyens de transport modernes, leur accessibilité généralisée, leur vitesse potentielle. Ce projet utopique de ville douce et verte l’occupera durant une grande partie de sa vie. Le style futuriste et décomplexé du projet accentue son apparence fictive, sans pour autant alléger sa force. Il est un symbole majeur de l’expérimentation architecturale et urbanistique autour de notre thématique de l’agriculture urbaine.La notion d’échelle apparaît ici comme une composante essentielle du projet. L’imbrication du petit dans l’infiniment grand, du local dans le global est la clé du projet. C’est une approche complète, multiscalaire.

ill.: Broadacre City, Frank Lloyd Wright, 1928

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Les ravages de l’industrialisation se fai-saient pressentir dès la fin du XIX. Il faudra cependant attendre près d’un siècle avant de voir s’esquisser les prémices d’une prise de conscience écologique. Detroit semble être l’incarnation de cette catastrophe évidente. Mais ce désastre économique a été le générateur d’une agriculture urbaine non planifiée.Suite à l’effondrement de l’industrie automobile, la nature est progressivement revenue investir les espaces laissés vacants par le départ des usines.Detroit, ancienne capitale de l’automobile, dont la popula-tion est passée de près de 2 millions d’habitants à moins de 900 000, est en train de fonder le plus vaste projet de ferme urbaine au monde. Après avoir connu l’abondance dans les années 1950 et 1960, Détroit fut frappée par des crises économiques répétées qui finirent par mener à l’abandon et à la dégradation de son centre-ville. Pourtant, à l’heure actuelle, des activistes, des fermiers urbains et des artistes sont en train de se réapproprier les quartiers, bâtissant les fondations de la ville de demain, une ville « fertile » dans laquelle problématiques architecturales et environnementales semblent finalement coïncider.

ill.: Feral House, James D. Griffioen, 2009

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FERME VERTICALE

1 capture the rain H3AR2 dragonfly farm Vincent Collebaut3 tour vivante à Rennes SOA4 locavore fantasia work A C5 sea tree waterstudio.NL6 pyramid farm Eric Ellingsen

ICONOGRAPHIECONTEMPORAINE

PETITE ECHELLE

16 la ferme-fenêtre17 compost shed groves raines archi18 PF 1 work A C19 hedron rooftop farm conceptual devices20 brickworks welcome hut LewittGoodman archi

URBANISME

12 terreform10 AZC Batiserf13 continous productive urban landscape14 harvest city tangram 3DS15 la ferme horizontale AMA

CITY FARMING

7 la ferme musicale SOA8 ferme urbaine huntington Tim Stephens9 gary comer youth center Hoerr Schaudt10 harvest green project romses architects11 le plus grande serre Brooklyn

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Cette première familiarisation avec l’agriculture urbaine a fait naître plusieurs pistes de réflexions. D’abord, nous avons vu que depuis l’industrialisation, la question de mutualiser la ville et la nature est récurrente mais est introduite de différentes manières. Aux cités-jardin et leur vision hygiéniste s’est substituée la nécessité de faire face à la crise économique actuelle, avec la désindustrialisation de Détroit comme principal exemple. Ensuite, l’étude iconographique des projets contemporains révèle plusieurs attitudes : les pro-jets icônes de fermes verticales high tech, l’investissement de nouveaux lieux comme les toits et les vides urbains ou bien les projets d’échelle réduite à l’esprit naïf et amusant. Nous nous sommes d’abord attardés sur l’échelle déme-surée de certains projets qui ont engendrés une prise de position critique. Est-il vraiment justifié de construire des tours végétales sous prétexte de ramener la production alimentaire au sein des villes? Nous avons donc décidé d’adopter une démarche collective pour questionner la métropole rennaise et son développement actuel.

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L’UTOPIE ECOLO-GIQUE : INTRODUC-TION A LA DYSTOPIE

Quelques temps après Broadacre City, les groupes d’ar-chitecture radicale ont repris le thème de la ville-cam-pagne comme une critique de l’urbanité contemporaine. L’introduction de nature est perçue comme la solution à la morosité des espaces urbains dont le visage et l’at-mosphère sont meurtris par l’industrie et les dogmes du travail capitaliste. Les réflexions de ces groupuscules fleu-rissent dans un contexte politique où la pensée marxiste, l’idéologie hippie et les événements de mai 68 rêvaient l’avenir meilleur. «Ne travaillez jamais»1 qu’ils disaient! Même Archigram, au début des années 70, abandonne les mégastrcutures et la «vision conquérante de l’aména-gement du territoire pour une recherche de préservation narrative du paysage. La nature, le territoire dans toutes ses géographies, se révèle comme l’espace public par excellence, que chacun possède et partage avec tous.»2 La nature prend alors des airs de révolution et se pose comme salvatrice de la ville altérée par l’orgueil du capital. Dans un décor de fin du monde, les moutons s’invitent et ouvrent le champ des possibles. Campagne et ville s’af-franchissent alors de l’architecture pour former une pla-nète sans frontière, disponible aux besoins d’une société fluide, jusqu’à devenir dans les années 90, un projet d’ «urbanisme faible» dans Agronica «où le sol agricole et la ville coexistent en toute intégrité»3. Mais qu’en est-il aujourd’hui de la transposition de ces idées radicales dans la réalité des villes contemporaine?

1 Guy Debord, grafitti rue de Seine2 Dominique Rouillard dans Superarchitecture3 Andrea Branzi

«C’est notre survie même qui dépend de l’utopie écologique, sans laquelle nous serions détruits.»

Richard Buckminster Fuller

ill.: «Parigi sera sempre Parigi», Jacques Famery, 1972

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La révolution verte que l’on pouvait attendre s’est déve-loppée à côté des ambitions situationnistes. La ville est toujours le lieu du travail et de sa pénibilité tandis que la nature s’est installée dans l’imaginaire commun sous la forme d’une campagne rêvée, loin des réalités de la production agroalimentaire. Cette reconstitution mentale d’une nature, influencée par le bilan anxyogène de la si-tuation climatique et économique, est maintenant très pré-sente dans les nouveaux développements urbanistiques, qui, pour la plupart, ne prennent pas en compte la notion d’agriculture mais seulement le désir croissant d’une na-ture retrouvée. Les réponses multiples à cette probléma-tique ont fait naître de nouvelles formes de pratiques ou de typologies urbaines comme par exemple en Chine, dans la métropole de Xi’an, où se développe le concept de «Nong Jia Le»4 (Nong = agriculture ; Jia = famille ; Le = plaisir) et d’agrotourisme ou, plus près d’ici, à la Cour-rouze, où la plannification du quartier s’est élaboré au-tour du concept de fusion de la ville et du parc. Ces deux exemples, bien sûr, ne couvrent pas la totalité des expé-riences contemporaines de ville-nature mais sont néan-moins très représentatifs de la volonté politique actuelle en matière de développement urbain : la synchronisa-tion de la métropole et de la campagne régit par des motivations économiques sous couvert des notions de confort, de santé et de plaisir.

4 Voir l’article de Yueting Cui «L’agriculture urbaine dans la construction métropolitaine de Xi’an», Cahier Thématque n°11, Edition de la Maison des sciences de l’homme

ill.: «Vivre en ville habiter dans un parc», La Courrouze, 2012

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DEMARCHE UTO-PIQUE : CONCLUSION DYSTOPIQUE«C’est que l’utopie, par son goût de l’idéal et du normatif, vise un double défi : faire disparaître toute forme d’incohérence dans les relations sociales, intellectuelles et affectives pour laisser libre cours aux désirs de chacun enfin non réprimés ; construire une société homogène selon un ordre régulier et irrécusable qui détermine en détail et par avance toutes les relations possibles entre les hommes.»

Bruce Bégout, Zéropolis

En considérant la volonté politique d’introduire ville et na-ture dans une démarche ludique et sanitaire, nous avons d’abord tenté de mener une stratégie globale à l’échelle de l’agglomération rennaise tout en répondant à la probléma-tique de l’agriculture urbaine. Les réflexions qui ont nourri l’avancement du projet nous ont conduit plusieurs fois à en questionner les fondements. Les pages suivantes pré-sentent l’évolution de notre pensée et les étapes qui ont été nécessaires à l’éboration de notre nouvelle méthode de projetation.

ill.: concours «Le sauvetage de Venise», 9999, 1972

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magasins collectifsmultiproduitslégumes.fruits & dérivés.céréalesporcviande bovinevolailles.oeufslait

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magasins collectifsmultiproduitslégumes.fruits & dérivés.céréalesporcviande bovinevolailles.oeufslait

magasins collectifsmultiproduitslégumes.fruits & dérivés.céréalesporcviande bovinevolailles.oeufslait

Carte des établissements fonction-nant en circuit court dans l’agglomé-ration rennaise. Premièrement, Rennes est une ville à proximité des lieux de productions alimentaires. La prise en compte des établissements qui fonctionnent en circuit cours et leurs structures de diffusion a redéfini la problématique d’agriculture urbaine. L’objet de cette expé-rience n’était plus de mutualiser l’espace urbain et les sols agricoles mais plutôt de mieux acheminer les denrées de la campagne vers la ville.

magasins collectifs

multiproduits

légumes.fruits & dérivés.céréales

porc

viande bovine

volailles.oeufs

lait

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Carte de principe. Envisager l’utilisation des réseaux écologiques, fluviaux et ferroviaires, a révélé la position idéale à l’entrée de la ville des trois zones indus-trielles. Leur faible densité et le coût moindre du foncier permettaient d’imaginer de futurs lieux de stockage et de transformation avant que le cycle ne se termine par la distribution des produits prêts à consommer dans une nouvelles structures d’échoppes disposée le long du canal et des rails. Cette manière de vendre des produits frais nécessitait la création d’un système de transport ou de promenade pour rapprocher les quartiers éloignées de cette colonne d’échange en plus de la création d’exploi-tations domestiques dans les espaces à faible densité. La ville alors, opérait sa boboïsation généralisée tandis que les zones industrielles prenaient la forme de «reins», as-surant la confection de produits sains tout en se gardant de montrer les mécanisme de modification des matières premières.

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production agricole périphérique

zones industrielles

potagers & jardins urbains

zones de chalandage

super échoppe

échoppe

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ill.: La «ville sous cloche», Adrien Conq, 2012

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Cette première intention de projet a fait naître des sentiments plus personnels quant à la planification du monde, compris ici dans le sens d’apla-nir. L’idée que la ville mourrait a peu à peu germé. En effet, la transformation verte des villes semble compléter par l’éviction latente des nuisances urbaines. Malheureu-sement, cette ligne de conduite façonne les bases d’une société plate où toute forme de conflit est évitée. La mé-tropolisation durable est une nécessité mais elle s’accom-pagne de phénomènes parallèles et prive l’urbain de la richesse de sa complexité.

Nous avons donc décidé, par la méthode d’héroïsation iro-nique du développement métropolitain actuel, de mettre en lumière les incohérences et la dangerosité de cet idéal de ville sublimée par la nature angélique. Dans un futur dessiné par le refus de subir ou de voir le stress ur-bain et l’unique acceptation du plaisir, deux entités s’affirmeront: la ville-nature du bien-être et les zones industrielles de jouissances.

En centre ville, un grand nettoyage maniaque sera entre-pris pour permettre la recherche raisonnée d’équilibre ur-bain. La nature et la tranquillité seront les priorités. Tout ce qui rappellera les souffrances d’un passé pénible, usines, décharges, traitement des déchets, prisons, centres com-merciaux, publicités... sera déplacé vers les zones indus-trielles. L’espace généré permettra de densifier la ville et toute la population se concentrera dans ces réserves de nature tandis que les activités considérées comme pol-luantes auront désormais sa place aux entrées de villes. Même les voitures seront relayées à ces zones dans des grands silos, libérant le centre de cet inconvénient. La ville du futur se construira, et se construit déjà, en fonction de ces deux oppositions. Tandis que le centre, «sous cloche», sera le théâtre d’une obsession écologique et hygiénique, certaines zones de la périphé-rie le fortifieront avec ce que les habitants ne voudront pas voir et ce que les dirigeants ne voudront pas montrer. Pendant que les boulevards seront libérés de l’asphalte et que poussera de nouveau sur cette terre si longtemps condamnée, une culture du vice et du divertissement dé-vergondé se développera dans les zones nuisibles. En faisant preuve d’un laxisme exagéré, la ville aura ghet-toïsé les comportements déviants dans ces pôles halluci-nogènes où la réalité industrielle sera déformée par les in-jections du fun. Les situations produites par les nouveaux aménagements de cet environnement hostile feront croire à une liberté presque totale et la mise en scène de la fête

dans ce décor apocalyptique attirera les masses en proie à leur désir de fausse émancipation. L’expérience urbaine, dans les deux zones géographiques, ne sera interprétée qu’au travers d’images traitées par le subconscient et as-similées à des moments extraordinaires, toute réflexion disparaîtra dans ce monde consommé instantanément.

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ill.: Dystopie, les champs libres

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ill.: Dystopie, route de Lorient

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Le scénario dystopique est une sorte de ca-ricature à ne pas suivre, une approche non raisonnée de ce que pourraient devenir nos villes si nous nous laissions guider par la facilité d’une réflexion manichéenne. Il est certain que pour beaucoup, entendons par là les concep-teurs et décideurs politiques, ce type de démarche pré-sente l’avantage d’être rapidement compréhensible par le plus grand nombre. Une prairie, ou une vache broutant paisiblement son fourrage au pied d’un immeuble ont le mérite de véhiculer des messages efficaces. Elles créent des iconographies qui inspirent les architectes et font rê-ver le chaland. Alors après tout pourquoi pas? Pourquoi ne pas se contenter d’appliquer ces images, en y ajoutant un discours de bonne conscience ecologico-spirituel, à la ville de demain? C’est exactement ce qu’il faut éviter. Ne pas retomber dans un énième plan voisin certifié BBC ou dans une approche purement théorique ayant pour toile de fond l’an 2070. La ville doit refuser de devenir un si-mulacre de campagne, elle doit s’assumer en tant que puissance urbaine, elle doit être conflictuelle car c’est ce qui fait sa richesse. En 2050 nous passerons de 2,5 milliards à 5,3 milliards de citadins, soit plus du double. Il est évident que l’accroissement des populations urbaines, et la raréfaction des matières premières vont modifier pro-fondément la structure des villes. La véritable évolution doit se faire de l’intérieur même, des entrailles de la cité. Elle doit puiser son énergie là où elle se trouve,c’est à dire dans la richesse même des conflits qu’elle génère.

ill.: Soleil vert, Richard Fleischer, 1973

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RATIO IONIS : PRO-CESSUS MULTISCA-LAIRE

La démarche entreprise se veut une expérimenta-tion, une approche non systémique, qui aborde la ques-tion de la ville en trois étapes, chacune d’entre elle ayant sa propre échelle :

Le Global - C’est l’analyse de la ville à grande échelle, de ses réseaux, ses équipements, sa production, etc... Grâce à cette étape on peut identifier clairement la manière dont est organisée l’agglomération et comment elle fonctionne. C’est un processus en évolution, où les analyses se rajou-tent tout au long de l’exercice suivant les problématiques abordées.

Le Local - La seconde étape est celle du choix des sites à traiter. La démarche veut qu’ils soient volontairement res-treints et à une échelle réduite. Les emplacements sont définis au hasard, pour éviter tout aprioris ou préjugé sur la manière d’intervenir. Cette méthode laisse la part au jeu et à la cohésion du groupe car chacun appréhende de tomber sur un site qu’il n’aurait pas forcément choisi natu-rellement. En effet une zone pavillonnaire en bordure de la rocade paraît toujours moins attrayante que le centre his-torique, ou qu’une zone industrielle offrant un vaste champ de possibilités. C’est l’occasion de poursuivre l’analyse de la ville mais à une échelle réduite et de définir un projet totalement ancré dans son site. Le projet se veut hyper-contextualisé.

Le générique - La dernière étape est celle de la synthèse des données. C’est l’occasion de voir si le projet proposé permet une ouverture plus vaste à l’échelle de la ville, si sa multiplication ou son adaptation paraît possible dans d’autres secteurs de l’agglomération.Cette approche ne se veut pas systématique, c’est plutôt l’opportunité de de tester la réponse apportée. On peut tout à fait imaginer qu’un projet ne puisse se situer que dans un seul lieu, et que sa démultiplication n’apporte rien à la ville. C’est donc également une étape de critique et de retour sur le projet.

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La carte qui a servi au tirage au sort des sites.

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