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Hachette - Livre de Poche - Hachette Livre - Les Secrets du cerveau féminin - 110 x 178 - 26/4/2010 - 18 : 43 - page 5

DR LOUANN BRIZENDINE

Les Secrets ducerveau féminin

TRADUIT DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS) PAR MARIE-FRANCE GIROD

GRASSET

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INTRODUCTION

Ce qui fait de nous des femmes

Le code génétique des hommes et celui des femmessont semblables à plus de 99 %. Sur les quelque trentemille gènes que compte le génome humain, une diffé-rence inférieure à 1 % entre les sexes est minime. Ellea néanmoins une influence sur chaque cellule de notrecorps, depuis les nerfs qui enregistrent le plaisir et ladouleur jusqu’aux neurones qui transmettent la percep-tion, les pensées, les sentiments et les émotions1.

Pour un œil exercé, le cerveau de l’homme et celuide la femme ne sont pas identiques. Le cerveau mas-culin est plus gros d’environ 9 %, même en tenantcompte de la taille du corps. Au XIXe siècle, les scien-tifiques s’en sont servis pour affirmer que la femmeavait une capacité mentale moindre. En réalité, lesdeux sexes ont un nombre égal de cellules cérébrales.Simplement, chez la femme, ces cellules sont mainte-nues comme dans un corset à l’intérieur d’un crâneplus petit, et leur densité est supérieure.

Durant la plus grande partie du XXe siècle, la plupartdes scientifiques ont présumé que les femmes étaientessentiellement des hommes plus petits, sur le planneurologique comme sur tous les autres, sauf celui desfonctions reproductrices. Cette présomption a été au

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cœur de malentendus persistants sur la psychologie etla physiologie féminines.

Jusque dans les années 1990, les chercheurs n’ontguère prêté attention à la physiologie, à la neuro-ana-tomie et à la psychologie féminines, qu’ils n’estimaientpas être à part de celles des hommes. J’ai pu le consta-ter lorsque je faisais mes études de neurobiologieà Berkeley, dans les années 1970, puis pendant mamédecine à Yale et enfin durant ma spécialisation enpsychiatrie au Massachusetts Mental Health Center dela Harvard Medical School. Je n’y ai pas appris grand-chose sur les différences biologiques ou neurologiquesdes femmes, en dehors de la grossesse. Le jour où, àYale, un professeur a présenté une étude sur le com-portement animal, j’ai levé la main et demandé quellesétaient ses conclusions pour les femelles. Il a balayéma question d’un revers de main. « Nous n’utilisonsjamais de femelles pour ce genre d’études, a-t-ilaffirmé, car leur cycle menstruel brouillerait les don-nées. »

D’après les rares recherches disponibles, toutefois,on pouvait supposer que les différences cérébralesétaient importantes, quoique subtiles. En tant qu’in-terne en psychiatrie, j’ai été fascinée par le fait que leratio des dépressions chez les femmes était de deuxpour un chez les hommes2. Personne n’était capabled’avancer un argument valable pour expliquer ce phé-nomène. Pour ma part, ayant fait mes études universi-taires au plus fort du mouvement féministe, je penchaispour des explications d’ordre politique et psychologi-que. Adoptant une attitude typique des années 1970,j’attribuais la responsabilité de cette prédominance aucaractère patriarcal de la culture occidentale qui, pen-sais-je, avait empêché les femmes de se développer et

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d’être aussi aptes que les hommes. Mais cette expli-cation seule était insuffisante : de nouvelles étudesrévélaient que dans le monde entier le ratio de ladépression était le même. J’ai commencé alors à penserqu’il se passait quelque chose d’autre, plus important,et qu’il fallait chercher du côté biologique.

Un jour, j’ai été frappée de constater que dans lecas de la dépression la différence de pourcentage entreles hommes et les femmes commençait seulement lors-que ces dernières atteignaient douze ou treize ans, soitl’âge des premières règles. Visiblement, l’action desmodifications chimiques de la puberté sur le cerveauaccentuait la dépression chez la jeune fille. À l’époque,seul un petit nombre de scientifiques faisaient desrecherches sur ce lien et la plupart des psychiatresavaient comme moi été formés selon les théories psy-chanalytiques traditionnelles, qui se penchaient sur levécu de l’enfance, mais ne tenaient aucun compte dela chimie spécifique du cerveau féminin. À partir dumoment où, lors de l’évaluation psychiatrique de mespatientes, j’ai pris en compte leur état hormonal, j’aidécouvert les effets neurologiques considérables de ceshormones à différentes étapes de la vie des femmes etleur influence sur leurs désirs, leurs valeurs et leurperception de la réalité.

Les différentes réalités créées par les hormonessexuelles m’ont sauté aux yeux lorsque j’ai eu à soi-gner des patientes atteintes de ce que j’appelle le syn-drome prémenstruel aigu du cerveau3. Chez toutes lesfemmes, le cerveau subit au cours des règles de petitesmodifications quotidiennes. Pour certaines zones céré-brales, ces variations peuvent atteindre 25 % chaquemois4. Généralement, elles sont supportables, même sicela ne va pas sans moments pénibles. En revanche,

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chez quelques-unes de mes patientes, l’action des hor-mones était si perturbante certains jours qu’elles s’avé-raient incapables de travailler ou de s’adresser àquelqu’un sans risquer de fondre en larmes ou de sauterà la gorge de leur interlocuteur5. Le reste du mois, ellesétaient actives, intelligentes, productives et optimistes,mais ces jours-là, la moindre variation du flux hormo-nal dans le cerveau leur donnait une vision sinistre deleur avenir et elles se haïssaient, elles et la vie qu’ellesmenaient. Ces idées sombres avaient une existenceréelle, et ces femmes agissaient comme si ellesdevaient durer éternellement, même si elles étaientsimplement dues aux variations hormonales de leurcerveau. Dès que le mouvement s’inversait, elles rede-venaient elles-mêmes. Cette forme extrême de syn-drome prémenstruel, que l’on rencontre seulementchez un petit pourcentage de femmes, m’a fait com-prendre pour la première fois comment la réalité ducerveau féminin peut changer subitement.

Si la réalité d’une femme pouvait changer radicale-ment d’une semaine sur l’autre, il devait en aller demême des variations hormonales considérables qui seproduisent au cours de son existence. Afin de poursui-vre mes recherches sur une plus grande échelle, j’aidonc fondé en 1994 la Women’s Mood and HormoneClinic au sein du département de psychiatrie de l’Uni-versité de Californie à San Francisco. C’était l’un despremiers centres de soin américains consacré à l’étudedes états du cerveau féminin et de l’action des hormo-nes et de la neurochimie sur l’humeur.

Ce que nous avons découvert, c’est que les hormo-nes agissent si intensément sur le cerveau féminin queleur influence crée à proprement parler une réalité pourla femme. Elles peuvent ainsi déterminer ses valeurs

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et ses désirs, et lui dicter, jour après jour, ce qui estimportant. Leur présence est perçue à toutes les étapesde la vie, dès la naissance. Chaque état hormonal– enfance, adolescence, période des premières aventu-res, maternité et ménopause – vient fertiliser différen-tes connexions neurologiques responsables de pensées,d’émotions et d’intérêts nouveaux. Du fait des fluctua-tions qui débutent dès l’âge de trois mois et durentjusqu’après la ménopause, la réalité neurologiqued’une femme est moins constante que celle d’unhomme. Cette dernière ressemble à une montagne queles glaciers, le climat et les variations tectoniques dela terre érodent imperceptiblement au fil des millénai-res. Celle de la femme est changeante et imprévisiblecomme le temps qu’il fait.

La nouvelle science du cerveau a très vite modifiénotre conception des différences neurologiques fonda-mentales entre les hommes et les femmes. Autrefois,les savants ne pouvaient étudier ces différences qu’endisséquant les cerveaux des cadavres ou en étudiantles symptômes manifestés par des individus souffrantde pathologies cérébrales. Mais grâce aux progrès dela génétique et de la technologie d’imagerie cérébralenon invasive, la recherche et la théorie des neuroscien-ces ont connu une véritable révolution. De nouveauxoutils tels que la tomographie par émission de positons(PET) et l’imagerie par résonance magnétique fonc-tionnelle (IRMf) permettent désormais de voir l’inté-rieur du cerveau en temps réel, pendant qu’il résoutdes problèmes, produit des mots, évoque des souvenirs,déchiffre une expression, énonce la vérité, tombeamoureux, écoute des pleurs de bébé et ressent de ladépression, de la peur, de l’anxiété.

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Ces techniques ont permis aux spécialistes de docu-menter un tableau étonnant de différences fonctionnel-les, structurelles, chimiques, génétiques et hormonalesentre le cerveau féminin et le cerveau masculin. Nousavons ainsi appris l’existence de différences dans lasensibilité cérébrale au stress et au conflit6. Les hommeset les femmes n’utilisent pas les mêmes zones, ni lesmêmes circuits pour résoudre les problèmes, employerle langage, expérimenter et emmagasiner une mêmeémotion forte. Les femmes vont se rappeler les moin-dres détails de leurs premiers rendez-vous amoureux etde leurs pires disputes, tandis que leur mari aura le plusgrand mal à se souvenir de l’événement même. La struc-ture et la chimie du cerveau sont intimement liées à cetétat de fait.

Il existe des différences dans la façon dont le cer-veau féminin et le cerveau masculin traitent les stimuli,entendent, voient, sentent, et évaluent ce que les autreséprouvent. Les systèmes opérants de l’un et de l’autresont globalement compatibles et habiles, mais ils uti-lisent des circuits différents pour accomplir une mêmetâche et parvenir à un même but. Lors d’une étudemenée par des chercheurs allemands, on a scanné lecerveau d’hommes et de femmes en train d’imprimermentalement une rotation à des formes abstraites entrois dimensions. En termes de performance, il n’y aeu aucune différence entre les deux sexes, mais on aconstaté des différences significatives au niveau descircuits du cerveau activés pour accomplir cette tâche7.Les femmes ont actionné des voies cérébrales liées àl’identification visuelle et passé plus de temps que leshommes à se représenter mentalement les objets.

Sous le microscope ou le scan d’une IRMf, les dif-férences entre les cerveaux des deux sexes se révèlent

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complexes et d’une certaine ampleur. Dans le centredu langage et celui de l’audition, par exemple, les fem-mes ont 11 % de neurones en plus8. L’hippocampe,principale plate-forme des émotions et de la formationde la mémoire, est aussi plus volumineux dans le cer-veau féminin, tout comme les réseaux de circuits dulangage et de l’observation des émotions chez autrui9.Autrement dit, les femmes sont généralement meilleu-res pour exprimer leurs émotions et pour se remémoreren détail des événements où l’émotion entre en lignede compte. Chez les hommes, au contraire, l’espacecérébral consacré aux pulsions sexuelles est deux foiset demie plus important, et le centre de l’action et celuide l’agressivité sont de plus grande taille. Un cerveaumasculin va être traversé par des idées sexuelles plu-sieurs fois par jour, celui d’une femme, seulement unefois par jour – trois ou quatre fois les jours torrides10.

Ces variations structurelles fondamentales pourraientexpliquer des différences de perception. Lors d’uneétude, on a scanné le cerveau d’hommes et de femmesen train d’observer un homme et une femme bavardantensemble. Chez les hommes, les zones sexuelles ducerveau ont tout de suite réagi : ils voyaient la scènecomme le prélude possible à une aventure. Ce n’étaitpas le cas du cerveau des femmes, qui voyaient justedeux personnes en pleine conversation11.

Les hommes possèdent également des processeursde plus grande taille dans le noyau de l’aire la plusprimitive du cerveau, l’amygdale, qui enregistre la peuret déclenche l’agression12. C’est pourquoi certains sontcapables de passer en quelques secondes du calme àla bagarre, tandis que beaucoup de femmes ferontdes pieds et des mains pour désamorcer le conflit13.Mais le stress psychologique du conflit s’imprime plus

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profondément dans certaines zones du cerveau fémi-nin. Même si nous vivons dans un environnementurbain moderne, nous habitons un corps construit pourvivre en pleine nature et le cerveau de chaque femmecomporte encore l’ancien réseau de circuits de ses loin-taines ancêtres, programmé pour la réussite des gènes,mais encore habité par les instincts développés enréponse au stress d’une époque reculée14. Nos réponsesau stress ont été élaborées pour réagir au danger phy-sique et aux situations où notre vie est menacée. Sicette réaction au stress est associée aux défis de la viemoderne, où les femmes doivent jongler avec les exi-gences de l’organisation domestique, de l’éducationdes enfants et de la carrière sans être suffisammentaidées, elles peuvent fort bien percevoir quelques fac-tures impayées comme un stress qui met leur vie endanger. Cette réponse pousse le cerveau féminin à réa-gir comme si toute la famille était menacée par unecatastrophe imminente15. Le cerveau masculin n’aurapas la même perception, sauf si la menace est celled’un danger physique et immédiat. Ces différencesstructurelles sont à la base de nombreuses différencesque l’on constate entre les deux sexes dans le compor-tement et les expériences de la vie quotidienne.

Les instincts biologiques sont la clé pour compren-dre la façon dont nous sommes programmées et la cléde notre succès dans le monde actuel. Si nous avonsconscience que nos pulsions sont guidées par un étatbiologique du cerveau, nous pouvons choisir de ne pasagir ou d’agir autrement. Auparavant, il convient d’ap-prendre à reconnaître comment le cerveau féminin estconformé et structuré par l’évolution, la biologie et laculture. Faute de quoi, la biologie est maîtresse denotre destin et nous sommes impuissantes face à elle.

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La biologie ne saurait constituer la base de notrepersonnalité et de nos tendances comportementales.Mais si, au nom du libre arbitre – et du politiquementcorrect –, nous tentons de nier son influence sur lecerveau, nous luttons contre notre propre nature. Enreconnaissant que d’autres facteurs, dont les hormonessexuelles et leur flux, viennent influer sur notre biolo-gie, nous pouvons éviter qu’elle ne crée une réalitéfigée dont nous dépendrons. Le cerveau n’est qu’unemachine à apprendre très douée. Rien n’est complète-ment fixé. La biologie affecte considérablement la réa-lité, mais ne la verrouille pas. Nous pouvons intervenirsur elle et, par notre intelligence et notre détermination,célébrer et si nécessaire modifier les effets des hormo-nes sexuelles sur la structure du cerveau, le compor-tement, la réalité, la créativité – et la destinée.

Les hommes et les femmes ont le même niveaumoyen d’intelligence, mais on a souvent interprétéà tort la réalité du cerveau féminin en déclarant celui-ci moins capable dans certains domaines, commeles mathématiques et la science16. En janvier 2005,Lawrence Summers, alors président d’Harvard, choquases collègues – et le public – en déclarant : « En ce quiconcerne de très nombreux attributs humains commel’aptitude aux mathématiques ou à la science, il est àpeu près certain que quelle que soit la différence demoyens – ce dont on peut débattre – il existe unedifférence dans l’écart standard et dans la variabilitéentre la population masculine et la population fémi-nine. Et cela est vrai d’attributs qui sont déterminés ounon de manière plausible par la culture17. » L’assis-tance en déduisit que pour lui les femmes étaient demanière innée moins bien équipées que les hommes

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pour devenir des mathématiciennes et des scientifiquesde haut niveau.

D’après les recherches actuelles, Lawrence Sum-mers avait à la fois raison et tort. Nous savons main-tenant que lorsque les filles et les garçons parviennentà l’adolescence, ils ont les mêmes capacités en mathé-matiques et en sciences18. Mais dès que les œstrogènesimprègnent le cerveau féminin, les jeunes filles seconcentrent sur leurs émotions et sur la communication– par exemple en bavardant au téléphone et en retrou-vant leurs copines au centre commercial. Au mêmemoment, tandis que la testostérone imprègne le cerveaumasculin, les garçons communiquent moins et devien-nent obsédés par l’idée de marquer des points – au jeuou avec les filles. À l’âge où filles et garçons com-mencent à réfléchir à leur avenir, les premières s’inté-ressent moins aux études qui requièrent un travailsolitaire et peu d’échanges avec les autres, tandis queles seconds peuvent fort bien passer des heures devantl’ordinateur19.

L’une de mes patientes, Gina, avait manifesté très tôtdes dons étonnants pour les mathématiques. Elle devintingénieur, mais à vingt-huit ans, elle eut envie d’exercerun métier qui lui permettrait de rencontrer plus de genset de mener une vie de famille. Elle aimait résoudre lesproblèmes d’ingénierie, mais le contact quotidien avecles autres lui manquait. Elle envisagea donc une nou-velle orientation professionnelle. C’est un conflit auquelles femmes sont souvent confrontées, du fait de l’actionsur le cerveau féminin d’hormones qui poussent auxrelations et à la communication. Cela explique pourquoiles femmes se retrouvent en minorité dans les filièresscientifiques, et à des postes de haut niveau dans lesdomaines des sciences et de l’ingénierie.

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Le cerveau féminin a de formidables aptitudes : uneremarquable agilité verbale, la capacité de s’impliquerà fond dans l’amitié, un don pratiquement médiumni-que pour déchiffrer les émotions et les états d’âmed’après l’expression du visage et le son de la voix, lacapacité de désamorcer les conflits20. Tout cela est pro-grammé dans le cerveau féminin. Ce sont des donsinnés que beaucoup d’hommes, disons-le franchement,ne possèdent pas. Les hommes viennent au monde avecd’autres talents, déterminés par leur propre réalité hor-monale. Mais c’est là le sujet d’un autre ouvrage.

Pendant vingt ans, j’ai soigné mes patientes en atten-dant avec impatience que progresse la connaissance ducerveau et du comportement féminins. C’est seule-ment avec le passage au nouveau millénaire que larecherche est devenue passionnante et a révélé com-ment la structure, le fonctionnement et la chimie ducerveau de la femme agissent sur son humeur, l’éla-boration de ses pensées, son énergie, ses pulsionssexuelles, son comportement et son bien-être. Cetouvrage fait le point sur les nouvelles recherchesconcernant le cerveau féminin et les systèmes neuro-comportementaux propres aux femmes. Il s’appuie surmon expérience clinique en tant que neuropsychiatre.Il montre les progrès spectaculaires accomplis dansnotre compréhension de la génétique, des neuroscien-ces moléculaires, de l’endocrinologie fœtale et pédia-trique et du développement neurohormonal. Il présentedes exemples empruntés à la neuropsychologie, auxneurosciences cognitives, au développement infantile,à l’imagerie du cerveau et à la psychoneuroendocrino-logie. Il explore la primatologie, l’étude des animauxet l’observation des jeunes enfants, et tente de montrer

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comment des comportements particuliers sont pro-grammés dans le cerveau féminin par une combinaisond’inné et d’acquis.

Grâce à ces progrès, nous entrons enfin dans une èreoù les femmes vont pouvoir comprendre leur biologiepropre et la façon dont elle affecte leur existence. Jeme suis personnellement efforcée de transmettre cesenseignements à des médecins, des psychologues, desenseignants, des infirmières, des pharmaciens et à desstagiaires, afin qu’ils en fassent bénéficier les femmeset les adolescentes dont ils s’occupent. Toutes les foisque je l’ai pu, j’ai informé les femmes et les adolescen-tes sur leur système cerveau-corps-comportement par-ticulier et je les ai aidées à se sentir bien à tout âge.J’espère que ce livre sera utile à infiniment plus defemmes et de jeunes filles que je ne peux en rencontrerdans le cadre de ma profession. Et j’espère que le cer-veau féminin sera compris et considéré comme l’ins-trument doué et subtilement accordé qu’il est en fait.

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