le développement humain artificiel

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Le développement humain artificiel communément appelé « human enhancement » Législation actuelle et besoins de réglementation Survol de la problématique Etude juridique préliminaire, mandatée par la Commission nationale d’éthique pour la médecine humaine (NEK-CNE), réalisée par le Prof. Dominique Sprumont, Institut de droit de la santé, Université de Neuchâtel et Samuel-Pierre Monbaron, collaborateur scientifique, Institut de droit de la santé, Université de Neuchâtel Nationale Ethikkommission im Bereich Humanmedizin NEK-CNE Bundesamt für Gesundheit, CH-3003 Bern Tel.: +41 31 324 02 36; Fax: +41 31 322 62 33 [email protected]; www.nek-cne.ch

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Page 1: Le développement humain artificiel

Le deacuteveloppement humain artificiel communeacutement appeleacute laquo human enhancement raquo

Leacutegislation actuelle et besoins de

reacuteglementation Survol de la probleacutematique

Etude juridique preacuteliminaire mandateacutee par la Commission nationale drsquoeacutethique pour la meacutedecine humaine (NEK-CNE)

reacutealiseacutee par le Prof Dominique Sprumont Institut de droit de la santeacute Universiteacute de Neuchacirctel et Samuel-Pierre Monbaron collaborateur scientifique Institut de droit de la

santeacute Universiteacute de Neuchacirctel

Nationale Ethikkommission im Bereich Humanmedizin NEK-CNE Bundesamt fuumlr Gesundheit CH-3003 Bern Tel +41 31 324 02 36 Fax +41 31 322 62 33 nek-cnebagadminch wwwnek-cnech

Institut de droit de la santeacute Faculteacute de droit

Av du 1er-Mars 26 CH-2000 Neuchacirctel

Teacuteleacutephone +41 32 718 12 80 Fax +41 32 718 12 81 E-mail messagerieidsuninech httpwwwuninechids

Le deacuteveloppement humain artificiel communeacutement appeleacute laquo human enhancement raquo

Leacutegislation actuelle et besoins de reacuteglementation

Survol de la probleacutematique

Samuel Monbaron collaborateur scientifique Universiteacute de Neuchacirctel Dominique Sprumont Professeur Universiteacute de Neuchacirctel

Table des matiegraveres TABLE DES MATIERES 2

INTRODUCTION ET CONTEXTE 4 1) DEFINITIONS DELIMITATIONS ET MOYENS DU laquo DEVELOPPEMENT HUMAIN ARTIFICIEL raquo 5

a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration 5 b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo 8

i) Ameacuteliorations et modifications physiques 8 ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales 8 iii) Prolongation de la vie 9 iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo 9 v) Preacutevention primaire 9

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo 10 i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain 10 ii) Les substances 10

d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo 11

2) LA LEacuteGISLATION SUISSE ET LES ACTIVITEacuteS DE laquo DEacuteVELOPPEMENT HUMAIN ARTIFICIEL raquo 12

a) Fondements constitutionnels 12 i) Digniteacute humaine 12 ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle 13 iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations 14 iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes 15 v) Protection des consommatrices et consommateurs 15 vi) Protection de la santeacute 15 vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain 16 viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain 17 ix) Meacutedecine de la transplantation 17 x) Recherche impliquant des ecirctres humains 17

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine 18 i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee 18 ii) Analyse geacuteneacutetique humaine 19 iii) Meacutedecine de la transplantation 22 iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires 23 v) Recherche impliquant des ecirctres humains 24

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions 25 i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens) 25

d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires 29

i) Seacutecuriteacute des produits 29 ii) Meacutedicaments 30

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo 30 (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance 32 (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette) 34 (4) Interdiction du dopage 36

iii) Stupeacutefiants 37 iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels 38

(1) Denreacutees alimentaires 38 (2) Objets usuels 40

e) Droit du travail 40 i) Protection du travailleur 40

(1) En geacuteneacuteral 40 ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute 41 iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo 41

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal 42

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3) PISTES DE REacuteFLEXION ET PROPOSITIONS DE RECOMMANDATIONS 44 BIBLIOGRAPHIE 46

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Introduction et contexte

laquo Ce qui donne agrave un individu sa valeur geacuteneacutetique ce nest pas la qualiteacute propre de ses gegravenes Cest quil na pas la mecircme collection de gegravenes que les autres raquo1

La Commission nationale drsquoeacutethique (CNE) a deacutecideacute en 2009 de srsquoassocier agrave une eacutetude poursuivie par TA-Swiss en collaboration avec lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales (ASSM) et lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences sociales et humaines (ASSH) sur la probleacutematique du laquo human enhancement raquo Dans ce cadre la CNE a mandateacute lrsquoInstitut de droit de la santeacute repreacutesenteacute par le Professeur Dominique Sprumont afin de reacutealiser une analyse preacuteliminaire des questions juridiques souleveacutees par la meacutedecine ameacuteliorative (human enhancement) La preacutesente eacutetude juridique commissionneacutee par la CNE srsquointegravegre ainsi dans lrsquoeacutetude meneacutee par TA-Swiss et repreacutesente la contribution formelle de la commission agrave celle-ci Dans le cadre des travaux de TA-Swiss et sur la base des reacutesultats de la preacutesente eacutetude juridique la CNE deacutecidera de ses futurs travaux relatifs agrave ce sujet Lrsquoeacutetude porte principalement sur les bases leacutegales en vigueur et les lacunes juridiques eacuteventuelles dans les diffeacuterents domaines du laquo human enhancement raquo Elle offre un eacutetat des lieux en la matiegravere en droit suisse et dans la mesure du possible comprend des aspects de droit international et de droit compareacute Il convient de souligner que ce dernier point nrsquoa pas pu ecirctre approfondi autant que souhaiteacute la tacircche agrave accomplir srsquoeacutetant aveacutereacutee plus importante que preacutevue En effet une attention particuliegravere a eacuteteacute consacreacutee agrave preacuteciser la notion de laquo human enhancement raquo ce qui a abouti agrave adopter une nouvelle terminologie plus conforme agrave la probleacutematique abordeacutee La notion retenue deacutepasse largement la question du dopage ou de la chirurgie estheacutetique Il a ainsi fallu passer en revue davantage de lois qursquoinitialement preacutevu et traiter par exemple de question de droit du travail ou drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine Dans lrsquoensemble le rapport deacutefend une vision particuliegraverement large de la probleacutematique Il vise particuliegraverement agrave clarifier le deacutebat tout en proposant de nouvelles pistes de reacuteflexion Ce rapport se construit en trois parties Dans la premiegravere il est principalement question des notions de base et de la deacutelimitation du sujet Une attention particuliegravere a eacuteteacute porteacutee sur les choix terminologiques Il est ainsi proposeacute drsquoabandonner lrsquoexpression anglaise de laquo human enhancement raquo au profit de celle de laquo deacuteveloppement humain articificiel raquo La deuxiegraveme partie consiste en une revue aussi exhaustive que possible des diffeacuterentes leacutegislations qui contribuent directement ou indirectement agrave encadrer les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo agrave savoir (1) le droit constitutionnel particuliegraverement sous lrsquoangle des droits humains (2) les leacutegislations touchant agrave la meacutedecine et la digniteacute humaine de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee agrave la transplantation sans oublier lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine et la recherche (3) le droit pharmaceutique y compris les questions de dopage (4) le droit du travail et (5) certains aspects drsquoassurance sociale en particulier LAA et LAMal Enfin en troisiegraveme partie plusieurs pistes de reacuteflexion sont eacutevoqueacutees compte tenu des quelques reacutesultats obtenus de cette eacutetude preacuteliminaire Enfin le rapport comprend une bibliographie geacuteneacuterale illustrant si besoin est la complexiteacute de la probleacutematique

1 FRANCcedilOIS GROS FRANCcedilOIS JACOB PIERRE ROYER Sciences de la vie et socieacuteteacute Paris 1978

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1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration

Litteacuteralement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo peut se traduire par laquo ameacutelioration de lrsquoecirctre humain raquo2 Ainsi STOCK parle de laquo Verbesserung oder Erweiterung bestehender diagnostischer therapeutischer praumlventiver oder palliativer Moumlglichkeiten raquo3 De mecircme le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE deacutefinit comme suit le laquo human enhancement raquo laquo Medizinische oder biotechnologische Interventionen die darauf zielen Menschen in ihren Faumlhigkeiten oder in ihrer Gestalt in einer Weise zu veraumlndern die in den jeweiligen soziokulturellen Kontexten als Verbesserung wahrgenommen werden deren Zielsetzung nicht primaumlr therapeutischer oder praumlventiver Art ist raquo On notera que le Conseil feacutedeacuteral propose sa propre deacutefinition du laquo human enhancement raquo dans le message sur la loi relative agrave la recherche sur lrsquoecirctre humain Il utilise cette expression pour deacutesigner des projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques drsquoun fœtus sans rapport avec une maladie des projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement4 Cette notion ne se limite cependant pas a priori aux seules ameacuteliorations fondeacutees sur les techniques biomeacutedicales5 Lrsquouniteacute drsquoeacutevaluation des choix scientifiques et technologiques (STOA)6 du parlement europeacuteen a reacutecemment publieacute un rapport sur le sujet qui abonde dans ce sens Le concept de laquo human enhancement raquo retenu par le STOA est le suivant

laquo a modification aimed at improving individual human performance and brought about by science-based or technology-based interventions in the human body This definition includes ldquostrongrdquo second-stage forms of human enhancement with long-term effective or permanent results as well as ldquotemporaryrdquo enhancements Because it is not related to a specific definition of health this is a non-medical concept of human enhancement Moreover we distinguish between purely restorative non-enhancing therapies therapeutic enhancements and non-therapeutic enhancements raquo7

En partant de cette acception large du concept de laquo human enhancement raquo il est possible drsquoeacutetablir plusieurs cateacutegories drsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain qui srsquoy rattachent ainsi que de nombreuses meacutethodes qui visent agrave y parvenir A titre drsquoexemple le dopage les interventions de meacutedecine et de chirurgie estheacutetique (y compris drsquoantivieillissement) le maquillage permanent lrsquoeacutepilation deacutefinitive les

2 Selon divers dictionnaires (httpwwwlexilogoscomanglais_langue_dictionnaireshtm) laquo to enhance raquo se traduit par laquo mettre en valeur rehausser augmenter ameacuteliorer accroitre renforcer enrichir raquo 3 CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin p 39 s 4 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 5 Voir CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin Frankfurt am Main 2009 p 39 6 La laquo Science and Technology Options Assessment (STOA) raquo est lrsquouniteacute drsquoeacutevaluation des choix scientifiques et technologiques du parlement europeacuteen voir httpwwweuroparleuropaeustoadefault_enhtm 7 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study mai 2009 p 17 Dans le mecircme texte il est retenu que dans le domaine de la bioeacutethique meacutedicale le terme laquo enhancement raquo laquo characterize interventions designed to improve human form or functioning beyond what is necessary to sustain or restore good health raquo httpwwweuroparleuropaeustoapublicationsstudiesstoa2007-13_enpdf

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tatouages les piercings le branding et les scarifications sont autant de meacutethodes qui peuvent ecirctre rattacheacutees au laquo human enhancement raquo8 La distinction entre les interventions qui relegravevent de la theacuterapie ou des soins de celles qui peuvent ecirctre qualifieacutees plus strictement drsquoameacutelioratives srsquoavegraverent drsquoembleacutee difficile agrave tracer Le STOA a deacuteveloppeacute un tableau visant agrave diffeacuterencier les diffeacuterentes notions9

Il paraicirct eacutegalement inteacuteressant de mentionner les cateacutegories eacutetablies par Armin GRUNWALD dans le but de classer les diffeacuterentes activiteacutes biomeacutedicales agrave savoir

laquo 1 Healing as the removal of individual deficits relative to recognized standards of an average healthy human being 2 Doping as an increase in individual performance potential without there being any existing deficit in terms of (1) but in a measure that the performance achieved through it still appears as conceivably ldquonormalrdquo within the spectrum of usual human performance ndash either in sport or in normal life 3 Enhancement as an increase in performance going beyond abilities that are regarded as ldquonormallyrdquo achievable by humans who are healthy capable and ready to perform under optimal conditions 4 Alteration of human composition eg inventing new organs or bodily functions raquo10

Il deacutecoule de cette grille drsquoanalyse que le laquo human enhancement raquo relegraveve principalement des deuxiegraveme et troisiegraveme cateacutegories de GRUNWALD la quatriegraveme cateacutegorie restant actuellement hypotheacutetique Les notions de dopage de meacutedecine drsquoameacutelioration et de chirurgie et meacutedecine estheacutetique connexes et faisant partie de lrsquoensemble des activiteacutes du laquo human 8 Voir p ex CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 2 9 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 19 10 ARMIN GRUNWALD Human Enhancement ndash What does laquo enhancement raquo mean here Newsletter Akademie-Brief No 88 avril 2009 p 2

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enhancement raquo doivent encore ecirctre deacutefinies En droit suisse le dopage se deacutefinit comme laquo lrsquousage abusif de produits et de meacutethodes destineacutes agrave accroicirctre les performances physiques dans le sport raquo11 Il convient de le distinguer de la notion de conduite dopante connexe agrave celle de dopage laquo On parle de conduite dopante lorsqursquoune personne consomme certains produits pour affronter un obstacle reacuteel ou ressenti pour ameacuteliorer ses performances (compeacutetition sportive examen entretien drsquoembauche prise de parole en public situations professionnelles ou sociales difficiles) Dans le monde sportif cette pratique prend le nom de dopage raquo12 Le laquo human enhancement raquo se diffeacuterencie aussi de la meacutedecine ameacuteliorative qui peut se deacutefinir comme suit laquo [s]i les mesures theacuterapeutiques ont pour but le reacutetablissement de la santeacute du patient et le recouvrement de la norme physique et psychique les interventions drsquoameacutelioration peuvent ecirctre consideacutereacutees comme des interventions visant agrave modifier certaines particulariteacutes ou capaciteacutes drsquoun ecirctre humain pour qursquoelles soient supeacuterieures agrave cette norme raquo13 Ainsi la meacutedecine et la chirurgie estheacutetiques visent laquo die Verschoumlnerung bereits normaler Koumlrperformen raquo14 Dans un arrecirct de 1998 le tribunal cantonal vaudois a retenu que laquo les opeacuterations effectueacutees par le chirurgien estheacutetique ne preacutesentent ni urgence ni neacutecessiteacute absolue et quelles portent sur des organes sains dindividus geacuteneacuteralement en bonne santeacute raquo15 Le tribunal feacutedeacuteral preacutecise que font partie des mesures diagnostique ou theacuterapeutique prises en charge par les caisses-maladie16 les opeacuterations servant laquo non seulement agrave la gueacuterison proprement dite de la maladie ou des suites immeacutediates dun accident mais aussi agrave leacutelimination dautres atteintes secondaires dues agrave la maladie ou agrave un accident notamment en permettant de corriger des alteacuterations externes de certaines parties du corps - en particulier le visage - visibles et speacutecialement sensibles sur le plan estheacutetique aussi longtemps que subsiste une imperfection de ce genre due agrave la maladie ou agrave un accident ayant une certaine ampleur et agrave laquelle une opeacuteration de chirurgie estheacutetique peut remeacutedier lassurance doit prendre en charge cette intervention agrave condition quelle eucirct agrave reacutepondre eacutegalement des suites immeacutediates de laccident ou de la maladie et pour autant que fussent respecteacutees les limites usuelles ainsi que le caractegravere eacuteconomique du traitement raquo17 Ces eacuteleacutements fondent la distinction entre la chirurgie reconstructive et la chirurgie estheacutetique

11 Art 1 al 1 let h LGS Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DDPS concernant les produits et meacutethodes de dopage dispose que ldquoEst reacuteputeacutee dopage au sens de lrsquoart 1 let h de la loi lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo Selon le message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux laquo [d]rsquoapregraves la deacutefinition du Comiteacute international olympique (CIO) le dopage consiste agrave laquoutiliser intentionnellement ou non des substances appartenant agrave des classes interdites dagents pharmacologiques etou agrave utiliser diverses meacutethodes interdites raquo raquo FF 1999 3262 Voir eacutegalement FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 p 916 Selon lrsquoart 1 du code mondial anti dopage laquo [l]e dopage est deacutefini comme une ou plusieurs violations des regravegles antidopage eacutenonceacutees aux articles 21 agrave 28 du Code raquo Les art 21 agrave 28 du code mentionnent entre autre comme violation des regravegles antidopage la preacutesence de substances interdites dans lrsquoeacutechantillon drsquoun sportif lrsquousage ou la tentative drsquousage par un sportif drsquoune substance interdite ou drsquoune meacutethode interdite et la possession de substance ou meacutethode interdites 12 Mission interministeacuterielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie et Institut national de preacutevention et drsquoeacuteducation pour la santeacute (France) Drogues savoir plus risquer moins p 95 13 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 Dans le mecircme texte il est mentionneacute que laquo [l]e terme de laquomeacutedecine drsquoameacuteliorationraquo regroupe les interventions meacutedicales non theacuterapeutiques dont le but est la modification ou lrsquoameacutelioration de caracteacuteristiques non-pathologiques raquo Voir eacutegalement FRANK TH PETERMANN pour qui laquo Die klassiche Medizin geht von der Praumlmisse aus dass sie kurativ dh zur Heilung von Krankheiten oder wenn dies nicht mehr moumlglich ist palliativ also zur Linderung der daraus resultierenden Beschwerden da ist 31 Geht es um medizinische Interventionen die keinen therapeutischen Zweck haben sondern auf die Veraumlnderung oder Verbesserung nichtpathologischer Merkmale abzielen spricht man von Enhancement Medizin raquo Off Label Rechtliche Betrachtungen zum Off Label Use von Pharmazeutika in hill 2007 fachartikel n 2 sect 17 14 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 40 15 Tribunal Cantonal du Canton de Vaud 25021998 in SG 1998 Ndeg1323 p 7 16 Art 25 LAMal 17 ATF 121 V 119 p 121

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b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo

Comme il ressort de notre bregraveve introduction le laquo human enhancement raquo est une notion large ouverte et dont les frontiegraveres sont difficiles agrave circonscrire Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette difficulteacute La transplantation drsquoorganes sains agrave des personnes acircgeacutees dans le but de rallonger leur vie consiste-t-elle en une theacuterapie ou une ameacutelioration18 laquo Is it therapy to give growth hormone to a genetic dwarf but not to a short fellow who is just unhappy to be short raquo19 Si les limites sont difficiles agrave eacutetablir il est toutefois possible drsquoidentifier diverses meacutethodes permettant agrave des personnes en bonne santeacute de modifier des eacuteleacutements de leur corps Plusieurs de ces meacutethodes sont deacutecrites ci-dessous classeacutees en fonction du type de modification

i) Ameacuteliorations et modifications physiques

Par ameacuteliorations physiques nous entendons les modifications corporelles permettant un accroissement des performances ou une modification de lrsquoapparence agrave des fins estheacutetiques cette deuxiegraveme cateacutegorie incluant les modifications antivieillissement Dans cette cateacutegorie les meacutethodes suivantes sont prises en compte

bull Lrsquoadministration drsquoanabolisants (deacuteriveacutes de la testosteacuterone (nandrolone stanozolol etc) utiliseacutes par exemple dans la pratique du bodybuilding) ou drsquoautres substances prohibeacutees ou reacuteglementeacutees permettant un accroissement de la masse musculaire et ou lrsquoameacutelioration des performances (force explosiviteacute puissance endurance vitesse de reacutecupeacuteration etc)

bull Lrsquoadministration drsquohormones afin de modifier lrsquoapparence (p ex prise de pilules contraceptives par des hommes dans le but de ressembler agrave des femmes)

bull La chirurgie et la meacutedecine estheacutetiques (p ex augmentation mammaire injections de botox)

bull Les modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull La transplantation et la xeacutenotransplantation drsquoorganes bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Les tatouages le branding les scarifications et le maquillage permanent

(modifications de lrsquoapparence drsquoune surface deacutefinie de peau)

ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales20

Peuvent ecirctre consideacutereacutees comme ameacuteliorations intellectuelles et modifications mentales toutes les meacutethodes permettant une ameacutelioration des aptitudes cognitives de lrsquoattention et de la concentration de la meacutemoire ou encore une diminution de la fatigue du stress de lrsquoanxieacuteteacute etc Ce type de modifications passe par lrsquoutilisation des meacutethodes suivantes21

18 Exemple donneacute par NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 ss p 3 19 Beyond therapy biotechnology and the pursuit of happiness A Report by the Presidentrsquos Council on Bioethics p 16 20 Lrsquoeacuteventualiteacute de modifications morales nrsquoest pas traiteacutee dans la preacutesente eacutetude 21 Voir EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 26 ss p 30 s

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bull Administration de meacutedicaments ou autres substances (p ex antideacutepresseurs ritalin modafinil adderall aricept)

bull Modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull Stimulation ceacutereacutebrale profonde (introduction drsquoune eacutelectrode dans le cerveau

et envoi drsquoimpulsions eacutelectriques) bull Stimulation magneacutetique transcracircnienne (envoi drsquoune impulsion sur

lrsquoenceacutephale agrave travers le cracircne) bull laquo Prosthetic brain chips raquo22

iii) Prolongation de la vie

Parmi les buts du laquo human enhancement raquo nous trouvons le rallongement de la vie Il faut ici distinguer entre les maladies de la vieillesse dont fait par exemple partie le diabegravete de type 2 et laquo les manifestations deacutegeacuteneacuteratives lieacutees agrave lrsquoacircge raquo23 Les premiegraveres neacutecessitent un traitement qualifiable de theacuterapie ce type de traitement ne fait donc pas partie du laquo human enhancement raquo Le traitement des secondes peut faire partie du laquo human enhancement raquo en fonction des cas et la preacutevention des manifestations deacutegeacuteneacuteratives est un eacuteleacutement du laquo human enhancement raquo De faccedilon geacuteneacuterale les meacutethodes permettant agrave des personnes saines de lutter contre le vieillissement et de rallonger la dureacutee de leur vie sont abordeacutees ici

bull Transplantations drsquoorganes et xeacutenotransplantations bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Administration de meacutedicaments drsquohormones et autres substances bull Consommation de suppleacutements nutritionnels (acide folique antioxydants

laquo brainfood raquo etc)24

iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo

Lrsquoutilisation de meacutethodes du geacutenie geacuteneacutetique dans ce que les germanophones appellent le laquo Gen-Enhancement raquo poursuit le but de deacutevelopper certaines qualiteacutes chez lrsquoenfant25 Les principales meacutethodes utiliseacutees relegravevent des techniques de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et drsquoanalyse geacuteneacutetique et de la theacuterapie geacutenique

v) Preacutevention primaire

Si la distinction entre ameacutelioration et theacuterapie nrsquoest pas eacutevidente celle entre ameacutelioration et preacutevention lrsquoest encore moins En effet lrsquoinclusion des techniques drsquoameacutelioration dans la preacutevention deacutepend de la deacutefinition retenue de la notion de preacutevention et de la maniegravere de consideacuterer les techniques ayant un potentiel ameacutelioratif La preacutevention peut se deacutefinir comme laquo les mesures visant agrave reacuteduire la probabiliteacute agrave limiter ou agrave empecirccher lrsquoapparition drsquoune maladie ou drsquoun risque pour la santeacute et les conseacutequences neacutegatives drsquoune maladie raquo26 ou plus simplement comme laquo toutes les activiteacutes deacuteveloppeacutees par une personne pour eacuteviter et empecirccher

22 Aussi appeleacutes ldquoelectronic brain implantsrdquo 23 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 3 24 ASTRID STUCKELBERGER Anti-ageing Medicine Myths and Chances p 130 ss 25 Pour LORZ laquo [d]as Gen-Enhancement betrifft Verbesserungen der Erbsubstanz vor allem fuumlr die zukuumlnftige Generation raquo SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 43 26 Art 3 du projet de loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute

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lrsquoapparition drsquoune maladie raquo27 En comparant ces deacutefinitions de la preacutevention avec celles du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo on peut deacuteterminer un premier critegravere de distinction dans le fait que la preacutevention est en geacuteneacuteral en lien avec une maladie ou un problegraveme de santeacute28 alors que le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo se rattache aux performances ou agrave lrsquoapparence Dans ce sens la vaccination est une activiteacute se rapprochant plus de la preacutevention que du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Une meacutethode permettant drsquoameacuteliorer de faccedilon geacuteneacuterale le fonctionnement du systegraveme immunitaire drsquoune personne pourrait par contre ecirctre incluse dans les deux cateacutegories car elle permet drsquoeacuteviter lrsquoapparition de maladies deacutetermineacutees et constitue une ameacutelioration geacuteneacuterale de la reacutesistance du corps humain

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo

Lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain peut passer par de nombreuses et diverses meacutethodes En retenant un concept large du laquo human enhancement raquo la meacuteditation qui permet de reacuteduire le stress et lrsquoanxieacuteteacute ou les exercices permettant drsquoameacuteliorer sa meacutemoire pourraient ainsi y ecirctre inclus Nous ne prendrons cependant pas en compte les meacutethodes que lrsquoon peut cateacutegoriser sous la notion drsquoentraicircnement (qui regroupe des notions comme lrsquoentraicircnement sportif lrsquoentraicircnement cognitif etc) Elles ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme produit de la technique et nrsquoentrent donc pas dans le concept de laquo human enhancement raquo tel que retenu En effet nous ne traitons ici que du deacuteveloppement artificiel par opposition au deacuteveloppement dit naturel

i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain

Font partie des interventions sur lrsquoecirctre humain les interventions sur lrsquoadulte et lrsquoenfant ainsi que les interventions preacutenatales Lrsquointervention meacutedicale peut se deacutefinir comme laquo an act performed to prevent harm to a patient or to improve the mental emotional or physical function of a patient A physiologic process may be monitored or enhanced or a pathologic process may be arrested or controlled raquo29 Il srsquoagit notamment drsquointerventions chirurgicales

ii) Les substances

Diverses substances peuvent avoir un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisables dans un but de deacuteveloppement artificiel Lrsquoon pense particuliegraverement aux produits theacuterapeutiques (meacutedicaments) ndash favorisant le deacuteveloppement musculaire la concentration lrsquoendurance lrsquoexplosiviteacute lrsquoagressiviteacute etc - et aux aliments speacuteciaux ou alicaments ndash faibles en calories (favorisant la perte de poids) ayant un apport eacutenergeacutetique accru (en proteacuteine favorisant la prise de muscles) ayant un taux de cafeacuteine eacuteleveacute etc Tout produit ayant un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisable agrave des fins autres que la theacuterapie et les soins peut potentiellement avoir un usage dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

27 Deacutefinition de lrsquoInstitut suisse de preacutevention de lrsquoalcoolisme et des autres toxicomanies httpwwwsfa-ispachindexphpIDtheme=107ampIDcat48visible=1amplangue=F 28 Sur les diffeacuterentes cateacutegories de preacutevention voir Message relatif agrave la loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute FF 2009 6389 p 6447 ss 29 Mosbys Medical Dictionary 8th edition 2009 Pour drsquoautres deacutefinitions voir httpmedical-dictionarythefreedictionarycomintervention

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d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Il peut paraicirctre surprenant de construire un rapport juridique en franccedilais en partant drsquoune expression anglaise comme celle de laquo human enhancement raquo Il conviendrait en fait drsquoanalyser preacuteciseacutement et de maniegravere deacutetailleacutee qursquoelle est justement la notion que deacutesigne ladite expression Cette deacutemarche ayant aboutie il serait encore neacutecessaire drsquoexclure qursquoil nrsquoexiste pas drsquoeacutequivalent en franccedilais (ou en allemand) avant de conclure que seule lrsquoexpression anglaise doit ecirctre retenue Dans tous les cas il paraicirct raisonnable de rechercher si lrsquoobjet de ce rapport ne peut pas srsquoexprimer clairement en franccedilais respectivement en allemand avant de faire usage de termes anglais Drsquoautres motifs nous incitent agrave souhaiter une formulation franccedilaise Premiegraverement il existe de nombreuses acceptions de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo Mecircme en anglais la question de la terminologie nrsquoest de loin pas reacutesolue Reprendre sans autre reacuteflexion cette expression preacutesente le risque que chacun pense y retrouver sa propre notion contribuant ainsi agrave la confusion Il est donc neacutecessaire de clarifier et de deacuteterminer au mieux la notion qui sera analyseacutee dans ce travail Deuxiegravemement le droit est indissociable des langues dans lesquelles il srsquoapplique il convient dans ce cadre de maintenir une uniteacute linguistique entre lrsquoobjet traiteacute et les normes juridiques qui srsquoy reacutefeacuterent Une traduction dans la langue de lrsquoeacutetude srsquoavegravere degraves lors utile voire neacutecessaire Troisiegravemement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est en soi biaiseacutee dans la mesure ougrave elle veacutehicule lrsquoideacutee selon laquelle les meacutethodes qursquoelles recouvrent sont veacuteritablement ameacutelioratives sans preacuteciser pour autant la nature de cette ameacutelioration Le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE a bien senti le piegravege puisqursquoil introduit dans sa propre deacutefinition la notion de contexte socioculturel pour appreacutecier lrsquoameacutelioration rechercheacutee30 Il y a donc neacutecessiteacute de se distancier de lrsquoexpression consacreacutee de laquo human enhancement raquo dans la mesure ougrave elle conforte lrsquoideacutee drsquoune certaine ameacutelioration qui reste pourtant agrave deacutemontrer selon des critegraveres socio-culturellement partageacutes et dont le degreacute est encore agrave eacutevaluer La question nrsquoest plus ici seulement de traduction mais bien de deacutefinition Parler drsquoameacutelioration humaine ou de laquo corps augmenteacute raquo31 ne paraicirct pas correct mais plutocirct trompeur Il srsquoagit de trouver un terme neutre Nous proposons ainsi de retenir lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Premiegraverement le terme de deacuteveloppement peut se comprendre comme ameacutelioration mais il laisse ouverte la possibiliteacute que ce deacuteveloppement soit beacuteneacutefique ou non32 Dans son sens neacutegatif il pourrait donc aussi srsquoappliquer pour deacutesigner une alteacuteration de lrsquohomme Le principe est surtout drsquoexprimer la transformation le changement qui est apporteacute agrave lrsquohumain ces autres termes pouvant ici valoir comme synonymes Mais lrsquointeacuterecirct du terme de deacuteveloppement est de renvoyer ou rappeler lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement durable raquo Pour reprendre le rapport laquo Notre avenir agrave tous raquo de la Commission mondiale sur lenvironnement et le deacuteveloppement (Commission Brundtland) laquo le deacuteveloppement durable est un deacuteveloppement qui reacutepond aux

30 Voir plus haut pt 1a 31 Cette traduction quasi-litteacuterale de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est parfois utiliseacutee en franccedilais Citons Geacuterard Ayache Corps augmenteacute recircve bionique ou cauchemar protheacuteen disponible agrave la page httpwwwagoravoxfractualitestechnologiesarticlecorps-augmente-reve-bionique-ou-11710 et une confeacuterence donneacutee dans le cadre des manifestations culturelles de la bibliothegraveque cantonale et universitaire de Lausanne le 27 janvier 2009 intituleacutee laquo Le corps augmenteacute utopie drsquoaujourdrsquohui reacutealiteacute de demain raquo 32 Sur le lien entre les notions de laquo enhancement raquo et de deacuteveloppement voir ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34

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besoins du preacutesent sans compromettre la possibiliteacute pour les geacuteneacuterations agrave venir de pouvoir reacutepondre aux leurs raquo33 Cette expression implique une responsabiliteacute individuelle et collective marqueacutee sur la dureacutee pour appreacutecier les effets du deacuteveloppement qui pour ecirctre positif ne peut se limiter aux seules personnes directement concerneacutees mais doit ecirctre appreacutecieacute dans ses conseacutequences globales pour lrsquohumaniteacute et la planegravete Une ameacutelioration de telle performance drsquoun athlegravete ne constitue pas neacutecessairement un progregraves pour les hommes et doit donc ecirctre appreacutecieacute de maniegravere relative sous lrsquoangle du deacuteveloppement durable et humain Deuxiegravemement le deacuteveloppement dont il est question ici concerne directement lrsquohumain justement afin de le deacutelimiter par rapport au deacuteveloppement durable et agrave drsquoautres formes drsquoactiviteacutes Troisiegravemement la caracteacuteristique de ce deacuteveloppement humain est de se libeacuterer des regravegles de la nature drsquoecirctre directement et volontairement induit autrement dit drsquoecirctre artificiel Cet eacuteleacutement est important pour marquer la limite avec lrsquoensemble des facteurs ndash ou deacuteterminants ndash qui influencent notre santeacute et dont les effets se traduisent au fil des deacutecennies par un allongement de la dureacutee de vie moyenne de la population et une baisse des morbiditeacutes Nous vivons mieux et plus longtemps que nos anciens Mais les eacuteleacutements qui participent agrave cette eacutevolution eacutechappent pour la plupart agrave un controcircle direct des individus concerneacutes Il srsquoagit donc de bien distinguer ces eacuteleacutements de lrsquoeacutevolution de la socieacuteteacute de la meacutedecine ameacuteliorative et autres mesures de deacuteveloppement humain artificiel Nous retiendrons ainsi actuellement la deacutenomination de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo qui renvoie au concept de laquo deacuteveloppement durable raquo aujourdrsquohui appliqueacute tant en matiegravere drsquoenvironnement que drsquoeacuteconomie domaines eacutetroitement lieacutes agrave celui de deacuteveloppement humain comme il sera deacutemontreacute ci-dessous

2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Fondements constitutionnels

Plusieurs normes constitutionnelles influent directement sur les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo en Suisse Ces dispositions concernent entre autres la digniteacute humaine le droit agrave la vie et agrave la liberteacute personnelle lrsquoeacutegaliteacute la protection de la santeacute la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee le geacutenie geacuteneacutetique et la meacutedecine de la transplantation

i) Digniteacute humaine

Lrsquoart 7 Cst dispose que la digniteacute humaine doit ecirctre respecteacutee et proteacutegeacutee Ce droit fondamental agrave ecirctre traiteacute de maniegravere humaine et non deacutegradante est consideacutereacute comme un principe directeur concreacutetiseacute par les autres droits fondamentaux34 Parmi ceux-ci le droit agrave la liberteacute personnelle garantit entre autres le droit agrave la vie agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique Si laquo [l]a garantie de lrsquointeacutegriteacute physique protegravege

33 Notre avenir agrave tous Rapport de la commission mondiale sur lrsquoenvironnement et le deacuteveloppement du 10 mars 1987 Disponible dans sa version anglaise agrave la page httpwwwareadminchthemennachhaltig002660054000542indexhtmllang=fr 34 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 69 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 691 s ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 260 s p 121 s PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 139 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 PHILIPPE MASTRONARDI com ad art 7 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 77 s

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lrsquoindividu contre toute atteinte injustifieacutee (hellip) porteacutee au corps humain qursquoelle soit intentionnelle ou non grave ou leacutegegravere et quels qursquoen soient les motifs raquo35 elle ne creacutee pas ni ne protegravege un eacuteventuel droit drsquoameacuteliorer son corps ou de modifier lrsquoecirctre humain drsquoune autre maniegravere Il existe drsquoailleurs drsquoautres dispositions constitutionnelles restreignant les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo A ce propos laquo [l]ecirctre humain se distinguerait agrave la fois par son individualiteacute et par ses imperfections Le jauger selon une norme preacutetendue juste et deacutetermineacutee de maniegravere arbitraire et le manipuler geacuteneacutetiquement par rapport agrave cette norme constituerait une violation grave de sa digniteacute raquo36 Le clonage et la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides sont eacutegalement par leur nature mecircme contraire agrave la digniteacute humaine37 Si lrsquoEtat doit srsquoabstenir drsquoatteindre de faccedilon injustifieacutee agrave lrsquointeacutegriteacute physique et la proteacuteger la Constitution preacutevoit eacutegalement agrave son art 118 que la Confeacutedeacuteration prend des mesures pour proteacuteger la santeacute Cet eacuteleacutement sera traiteacute ci-apregraves

ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle

Lrsquoart 10 Cst feacuted garantit le droit agrave la vie agrave la liberteacute personnelle agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique et agrave la liberteacute de mouvement donc laquo toutes les liberteacutes eacuteleacutementaires dont lrsquoexercice est indispensable agrave lrsquoeacutepanouissement de la personne humaine raquo38 Le Tribunal feacutedeacuteral a retenu que les vaccinations obligatoires les opeacuterations chirurgicales lrsquoobligation pour les eacutelegraveves de suivre un controcircle et des soins dentaires obligatoires ou lrsquoadministration forceacutee de meacutedicaments dans une clinique psychiatrique constituent des atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute physique et donc agrave la liberteacute personnelle39 La liberteacute personnelle protegravege la personne contre les atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute psychique laquo qui tendraient par un moyen quelconque agrave restreindre ou agrave supprimer la faculteacute qui lui est propre drsquoappreacutecier une situation donneacutee et de se deacuteterminer drsquoapregraves cette appreacuteciation raquo40 Enfin lrsquoart 10 al 3 Cst feacuted interdit la torture et tout autre traitement ou peine cruels inhumains ou deacutegradants Une des reacutesultantes de lrsquoart 10 Cst feacuted en droit meacutedical est lrsquoexigence du consentement des patients pour tout acte meacutedical On retrouve son pendant en droit priveacute avec lrsquoart 28 CC Cela garantit le respect de la volonteacute du patient et lui donne ainsi le droit drsquoexercer son libre arbitre Cependant le consentement nrsquoest pas une condition suffisante pour justifier une atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle Encore faut-il qursquoelle soit conforme aux regravegles de lrsquoart autrement dit que cette intervention reacuteponde aux standards meacutedicaux compte tenu des besoins du patient Une meacutethode de laquo deacuteveloppement durable artificiel raquo devra ainsi non seulement ecirctre autoriseacutee par la personne concerneacutee Elle doit en outre respecter les regravegles de lrsquoart et la digniteacute humaine consacreacutee agrave lrsquoart 7 Cst indeacutependamment de la volonteacute de la personne concerneacutee

35 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 108 36 Message LPMA FF 1996 276 reprenant une intervention parlementaire BO N 1991 p 616 (intervention Koller) 37 Message LPMA FF 1996 27 et les reacutefeacuterences citeacutees Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1221 38 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 101 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER com ad art 10 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 148 s 39 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 108 et la jurisprudence citeacutee 40 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 109

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iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations

Lrsquoart 8 Cst pose les principes de lrsquoeacutegaliteacute des ecirctres humains devant la loi et de lrsquointerdiction des discriminations Si cette disposition a vocation agrave srsquoappliquer dans les relations que lrsquoEtat entretient avec ses citoyens administreacutes justiciables elle a aussi un effet dans les relations entre particuliers Si dans la regravegle lrsquointerdiction des discriminations sadresse agrave lEacutetat et ne produit pas deffet horizontal direct dans les relations entre personnes priveacutees laquo les regravegles de droit civil doivent cependant ecirctre interpreacuteteacutees en tenant compte des exigences particuliegraveres qui reacutesultent des droits fondamentaux raquo41 Lrsquoart 8 al 2 Cst a toutefois des effets indirects notamment en vertu de lrsquoart 35 al 3 Cst qui dispose que les autoriteacutes veillent agrave ce que les droits fondamentaux dans la mesure ougrave ils srsquoy precirctent soient aussi reacutealiseacutes dans les relations qui lient les particuliers entre eux Ces effets indirects sont de deux ordres Premiegraverement il srsquoagit pour les autoriteacutes de tenir compte des droits fondamentaux dans lrsquointerpreacutetation des lois et dans lrsquousage de leur pouvoir drsquointerpreacutetation Deuxiegravemement laquo [l]e leacutegislateur doit concevoir la leacutegislation de sorte qursquoelle assure le mieux possible le respect des droits fondamentaux dans les relations entre particuliers Il le fera en eacutedictant des normes notamment de droit civil et peacutenal qui reacutesolvent les conflits de liberteacute entre particuliers et qui preacuteviennent des traitements discriminatoires Aussi les garanties constitutionnelles peuvent-elles contenir un mandat au leacutegislateur drsquoadopter des dispositions propres agrave proteacuteger dans la mesure du possible les particuliers contre les atteintes agrave leurs droits fondamentaux provenant drsquoautres particuliers Lrsquoexistence drsquoune telle obligation positive de lrsquoEtat (Schutzpflichten) deacutecoulant de la Constitution est admise depuis longtemps par la Cour europeacuteenne des droits de lrsquohomme ainsi que par la doctrine et la jurisprudence suisse raquo42 Ce deuxiegraveme eacuteleacutement est particuliegraverement important concernant lrsquointerdiction des discriminations En effet les laquo obligations de protection raquo de lrsquoEtat citeacutees ci-dessus neacutecessitent qursquoil prenne divers types de mesures afin de reacuteduire voire drsquoeacuteliminer les discriminations horizontales On pense en particulier agrave des mesures positives drsquoinformation de sensibilisation ou des recherches scientifiques et projets drsquoeacutechange et de contacts etc43 La creacuteation drsquoorganismes de sensibilisation et de coordination et la prise de mesures drsquoencouragement sont eacutegalement envisageables Dans les domaines ougrave la Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences leacutegislatives le leacutegislateur feacutedeacuteral peut eacutedicter des regravegles lorsque leur neacutecessiteacute est aveacutereacutee assurant la protection des citoyens contre les discriminations En reacutesumeacute les autoriteacutes eacutetatiques ne peuvent discriminer les personnes de faccedilon geacuteneacuterale et doivent assurer leur protection contre des discriminations horizontales par la prise de mesures positives et lrsquoeacutetablissement de textes de lois

41 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 5A4842009 du 18 aoucirct 2009 consid 41 et les reacutefeacuterences citeacutees 42 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 164 ss 167 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 43 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 318 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 124

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iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes

Lrsquoart 11 Cst dispose entre autres que les enfants et les jeunes ont droit agrave une protection particuliegravere de leur inteacutegriteacute et agrave lrsquoencouragement de leur deacuteveloppement Cette disposition dans certains domaines en tout cas44 laquo ne creacutee pas un droit subjectif particulier deacuteductible en justice faute notamment decirctre suffisamment preacutecise et deacutetermineacutee et doit plutocirct ecirctre consideacutereacutee comme une disposition programmatique respectivement une disposition que les autoriteacutes doivent prendre en compte lorsquil sagit de combler une lacune ou lorsquelles font usage de leur pouvoir dappreacuteciation raquo45 Il exige dans tous les cas une prudence accrue lorsqursquoil srsquoagit de porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle des enfants ou drsquointervenir dans leur deacuteveloppement

v) Protection des consommatrices et consommateurs

Lrsquoart 97 Cst dispose que la Confeacutedeacuteration prend des mesures destineacutees agrave proteacuteger les consommateurs et les consommatrices46 Il preacutevoit encore que les organisations de consommateurs disposent de voies de droit et que les proceacutedures de conciliation ou judiciaires doivent ecirctre simple et rapides pour les litiges dont la valeur litigieuse ne deacutepasse pas un montant deacutetermineacute Le but du premier alineacutea de cette disposition est de proteacuteger les consommateurs en geacuteneacuteral Les marcheacutes des meacutedicaments des denreacutees alimentaires des produits cosmeacutetiques et des services dans les domaines de la cosmeacutetique et du bien-ecirctre sont concerneacutees par cette disposition qui sert par ailleurs de base leacutegale agrave diverses lois de protection des consommateurs contre les tromperies

vi) Protection de la santeacute

Lrsquoart 118 Cst mentionne que la Confeacutedeacuteration prend des mesures afin de proteacuteger la santeacute dans les limites de ses compeacutetences et leacutegifegravere entre autres sur lrsquoutilisation des denreacutees alimentaires des agents theacuterapeutiques des stupeacutefiants des organismes des produits chimiques et des objets qui peuvent preacutesenter un danger pour la santeacute47 laquo Lrsquoancien art 69bis parlait de laquo commerce raquo (Verkehr raquo) des denreacutees alimentaires et objets usuels Le constituant de 1999 a preacutefeacutereacute parler drsquo laquo utilisation raquo (laquo Umgang raquo) pour bien montrer que la leacutegislation vise le comportement des consommateurs aussi bien que les opeacuterations drsquoamont fabrication traitement importation distribution raquo48 Si la santeacute publique est principalement un domaine de compeacutetence des cantons la Confeacutedeacuteration dispose toutefois de tacircches speacuteciales dans ce domaine49 Lrsquoart 118 44 Voir RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht p 262 ss en particulier p 264 s voir aussi RUTH REUSSER KURT LUumlSCHER com ad art 11 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 175 45 Arrecirct du Tribunal administratif feacutedeacuteral Cour III C-38852007 du 2 deacutecembre 2008 consid 10 46 Voir RETO JACOBS com ad art 97 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar Lachen amp Zurich p 1062 s voir aussi KLAUS A VALLENDER com ad art 94-107 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 47 LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1207 s 48 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 930 49 La Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences en matiegravere de santeacute publique depuis 1848 voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 926 Voir aussi ERWIN MURER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER

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sert de base agrave de nombreuses lois et ordonnances dont les principales sont la loi sur les denreacutees alimentaires 50 la loi sur les produits theacuterapeutiques51 la loi sur les stupeacutefiants52 la loi sur les produits chimiques53 ou encore la loi sur la seacutecuriteacute des produits54

vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain

Touchant directement le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo lrsquoart 119 Cst55 doit eacutegalement ecirctre mentionneacute Cette disposition traite de la protection de lrsquoecirctre humain contre les abus en matiegravere de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et de geacutenie geacuteneacutetique56 dans le domaine humain et limite ou interdit plusieurs activiteacutes dans le but de proteacuteger la digniteacute humaine la personnaliteacute et la famille57 Premiegraverement en application de lrsquoalineacutea 1 let a laquo [s]ont interdites les laquo interventions raquo (laquo Eingriffe raquo) dans le patrimoine geacuteneacutetique drsquoun gamegravete ou drsquoun embryon crsquoest-agrave-dire les opeacuterations qui modifient ce patrimoine et qui par conseacutequent peuvent influencer la descendance raquo58 Le clonage est aussi expresseacutement interdit Deuxiegravemement la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides interespegraveces59 est prohibeacutee60 Troisiegravemement la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee nrsquoest autoriseacute que lorsque la steacuteriliteacute ou le danger de transmission drsquoune grave maladie ne peuvent ecirctre eacutecarteacutes drsquoune autre maniegravere et non pour deacutevelopper chez lrsquoenfant certaines qualiteacutes ou pour faire de la recherche61 Cette disposition interdit donc expresseacutement lrsquoutilisation de meacutethodes de PMA afin de modifier les caracteacuteristiques drsquoun futur enfant

Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 967 s et surtout p 976 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 285 p 132 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 140 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 41 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 535 s ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht p 118 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII p 21 s 50 RS 8170 51 RS 81221 52 RS 812121 53 RS 8131 54 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 929 Voir aussi LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1209 s 55 Dans lrsquoancienne constitution voir art 24novies aCst 56 laquo Le laquo geacutenie geacuteneacutetique raquo (Gentechnologie) deacutesigne les proceacutedeacutes qui permettent drsquoanalyser de soigner voire de modifier des gegravenes notamment le support moleacuteculaire des caractegraveres heacutereacuteditaires drsquoun ecirctre vivant de mainegravere agrave identifier celui-ci voire agrave lrsquoinfluencer lui ou sa descendance raquo JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 936 Selon lrsquoart 2 let a LPMA la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee se deacutefinit comme les meacutethodes permettant drsquoinduire une grossesse en dehors de lrsquounion naturelle de lrsquohomme et de la femme en particulier lrsquoinseacutemination la feacutecondation in vitro avec transfert drsquoembryons et le transfert de gamegravetes Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 57 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 939 s Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 58 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 940 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 59 Notamment par la feacutecondation drsquoun ovule humain par un spermatozoiumlde humain et inversement JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 941 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 60 Art 119 al 1 let b Cst feacuted 61 Art 119 al 1 let c Cst feacuted Sur les meacutethodes de la PMA voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 942 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217

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viii)Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain

Enfin lrsquoart 120 Cst pose le principe de la protection de lrsquoecirctre humain et de son environnement contre les abus en matiegravere de geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain62 Il donne eacutegalement la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoutilisation du patrimoine germinal et geacuteneacutetique des animaux des veacutegeacutetaux et des autres organismes en suivant les principes suivants respect de lrsquointeacutegriteacute des organismes vivants de la seacutecuriteacute de lrsquoecirctre humain de lrsquoanimal et de lrsquoenvironnement et protection de la diversiteacute geacuteneacutetique des espegraveces animales et veacutegeacutetales

ix) Meacutedecine de la transplantation

Lrsquoart 119a Cst porte sur la meacutedecine de la transplantation et donne agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules Cette disposition pose les principes que la leacutegislation doit garantir la digniteacute humaine (en interdisant entre autres le commerce lucratif drsquoorganes et une reacutepartition discriminatoire des organes) proteacuteger la personnaliteacute (principalement du donneur) et la santeacute (du donneur et du receveur)63 Les textes leacutegaux fondeacutes sur cette disposition constitutionnelle sont eacutetudieacutes ci-dessous64

x) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement le 25 septembre 200965 sera soumis au peuple le 7 mars prochain Cette disposition pose les principes permettant de reacutealiser une recherche sur lrsquoecirctre humain et donne la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer dans ce domaine dans la mesure ougrave la protection de la digniteacute humaine et de la personnaliteacute lrsquoexige Les principes preacutevus sont les suivants66

a un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute que si la personne y participant ou la personne deacutesigneacutee par la loi a donneacute son consentement eacuteclaireacute la loi peut preacutevoir des exceptions un refus est contraignant dans tous les cas

b les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne doivent pas ecirctre disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute du projet

c un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute sur des personnes incapables de discernement que si des reacutesultats eacutequivalents ne peuvent ecirctre obtenus chez des personnes capables de discernement lorsque le projet de recherche ne permet pas drsquoescompter un beacuteneacutefice direct pour les personnes incapables de discernement les risques et les contraintes doivent ecirctre minimaux

d une expertise indeacutependante du projet de recherche doit avoir eacutetabli que la protection des personnes participant agrave ce projet est garantie

Sous le reacutegime de cet article constitutionnel les recherches impliquant des ecirctres humains visant un deacuteveloppement humain sont envisageables aux conditions mentionneacutees ci-dessus La lettre b retient particuliegraverement lrsquoattention La notion 62 Voir RAINER J SCHWEIZER com ad art 120 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1240 63 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 950 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARKUS SCHOTT com ad art 119a in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1230 s 64 Voir ci-dessous p 22 65 Arrecircteacute feacutedeacuteral relatif agrave un article constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain du 25 septembre 2009 66 Art 118b al 2 Cst

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drsquoutiliteacute du projet doit ecirctre preacuteciseacutee Selon le message lrsquoutiliteacute du projet consiste en le beacuteneacutefice escompteacute de la recherche envisageacutee Ce beacuteneacutefice peut ecirctre drsquoune part un beacuteneacutefice individuel du sujet par exemple pour sa santeacute et drsquoautre part un beacuteneacutefice pour des tiers pour la socieacuteteacute laquo Outre lrsquoutiliteacute pour la santeacute publique (p ex de meilleures possibiliteacutes de traitement pour les patients agrave venir) on peut penser agrave drsquoautres beacuteneacutefices pour la socieacuteteacute (p ex ameacutelioration de la qualiteacute de la vie deacutepassant le cadre de lrsquoutiliteacute pour la santeacute au sens strict) raquo67 Au vu de ces exemples donneacutes dans le message on peut se poser la question du beacuteneacutefice de recherches visant le deacuteveloppement humain En toute hypothegravese le principe geacuteneacuteral veut que les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne soient pas disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute de la recherche et aux beacuteneacutefices escompteacutes68 Pour esquisser des eacuteleacutements de reacuteponses agrave cette question il faut se pencher sur les nombreuses lois traitant de recherche sur lrsquoecirctre humain Citons la Loi sur les produits theacuterapeutiques lrsquoOrdonnance sur les essais cliniques la Loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee la Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires la Loi sur la transplantation les Lois sur la radioprotection et la protection des donneacutees69 et le projet de loi feacutedeacuterale sur la recherche sur lrsquoecirctre humain traiteacute ci-dessous70

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine

i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee

La loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee (LPMA) entreacutee en vigueur en 2001 regravegle les conditions de pratique de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee sur les ecirctres humains Elle assure la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la famille et interdit lrsquoapplication abusive de la biotechnologie et du geacutenie geacuteneacutetique Comme drsquoautres dispositions leacutegales71 et lrsquoart 119 Cst la LPMA interdit toute forme de seacutelection geacuteneacutetique ayant pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoenfant agrave naicirctre Lrsquoart 33 dispose que quiconque lors de lrsquoapplication drsquoune meacutethode de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee seacutelectionne les gamegravetes en fonction du sexe ou sur la base drsquoune analyse geacuteneacutetique dans un but autre que celui drsquoeacutecarter le risque de transmission drsquoune maladie grave et incurable aux descendants sera puni de lrsquoemprisonnement ou de lrsquoamende Lrsquoart 35 LPMA interdit de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire des cellules germinatives ou des cellules embryonnaires humaine drsquoutiliser de telles gamegravetes pour une impreacutegnation et drsquoutiliser pour le deacutevelopper jusqursquoau stade drsquoembryon un ovule impreacutegneacute ayant subi une telle modification72 Lrsquoart 36 preacutevoit encore une interdiction de creacuteer un clone un hybride ou une chimegravere et de transfeacuterer un embryon de chimegravere ou drsquohybride agrave une femme ou agrave un animal Quiconque commet une des actions interdite sera puni de lrsquoemprisonnement Selon le message la ratio legis de lrsquointerdiction des modifications du patrimoine germinal est que laquo nous ne sommes pas qualifieacutes pour deacuteterminer la nature des futurs ecirctres

67 Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 68 Voir Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 69 ASSM La recherche avec des ecirctres humains Meacutemento pour la pratique Bacircle 2009 p 13 70 Voir ci-dessous p 24 71 Voir loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain p 24 72 Selon le message le but de ces dispositions est drsquoempecirccher la conception programmeacutee drsquolaquo enfants ideacuteaux raquo de chimegraveres et drsquohybrides Le principe geacuteneacuteral est que toute seacutelection est exclue FF 1996 197 p 220 s et 275 ss

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humains cest-agrave-dire leurs capaciteacutes physiques et psychiques Cela reviendrait agrave donner agrave la geacuteneacuteration actuelle un pouvoir exclusif sur les geacuteneacuterations suivantes et agrave long terme agrave donner agrave des morts le pouvoir sur des vivants raquo73

ii) Analyse geacuteneacutetique humaine

La loi feacutedeacuterale sur lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine (LAGH) entreacutee en vigueur le 1er avril 2007 reacuteglemente lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques humaines74 dans le domaine de la meacutedecine du travail de lrsquoassurance et de la responsabiliteacute civile ainsi que lrsquoeacutetablissement de profils drsquoADN visant agrave deacuteterminer la filiation ou lrsquoidentiteacute drsquoune personne75 Elle a pour but de garantir la digniteacute humaine et la qualiteacute des analyses et de preacutevenir les analyses abusives et lrsquoutilisation abusive des donneacutees recueillies76 Pour cette eacutetude lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques dans la meacutedecine et le travail nous inteacuteressent plus particuliegraverement Sur les principes la loi preacutevoit que lrsquoanalyse geacuteneacutetique ne peut ecirctre effectueacutee qursquoagrave des fins meacutedicales et dans le respect du droit agrave lrsquoautodeacutetermination du patient77 Permettant de deacutetecter et diagnostiquer certaines maladies une analyse geacuteneacutetique peut ecirctre prescrite par un meacutedecin laquo que si elle reacutepond agrave un inteacuterecirct leacutegitime de celle-ci crsquoest-agrave-dire si lrsquoanalyse a un but prophylactique ou theacuterapeutique ou si elle permet drsquoeacutetablir un choix de vie ou un planning familial raquo78 Les analyses geacuteneacutetiques sont donc permises pour diagnostiquer une maladie parfois de faccedilon preacutecoce avant mecircme lrsquoapparition des premiers symptocircmes En particulier laquo une personne a le droit de savoir ou pas si elle est porteuse drsquoun gegravene deacutefectueux qui sera probablement agrave lrsquoorigine drsquoune maladie dans le futur mecircme srsquoil nrsquoexiste pas de mesure prophylactique raquo79 Par contre une analyse geacuteneacutetique ne sera pas autoriseacutee si elle a pour but de deacuteterminer une aptitude speacuteciale pour certains sports Certains preacutetendent qursquoune telle analyse est aujourdrsquohui techniquement possible A titre drsquoexemple la socieacuteteacute ameacutericaine Atlas Sport Genetics propose un test permettant drsquoanalyser le gegravene ACTN-3 qui srsquoapparenterait agrave un gegravene du sportif drsquoeacutelite80 et qui indiquerait une preacutedisposition agrave deacutevelopper des aptitudes biomotrices (vitesse endurance etc) supeacuterieures agrave la moyenne Ce test est vendu aux parents souhaitant connaicirctre les preacutedispositions geacuteneacutetiques de leurs enfants au sport de haut niveau81 Il convient drsquoembleacutee de souligner que la pertinence de ce test reste agrave deacutemontrer scientifiquement De plus la LAGH interdit dans tous les cas les analyses dans le but de deacuteterminer les preacutedispositions sportives des enfants au motif qursquoil nrsquoy a aucun laquo beacuteneacutefice direct au sens meacutedical pour la personne mineure incapable de discernement raquo8283 73 Message LPMA FF 1996 276 74 Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine est deacutefinie agrave lrsquoart 3 de la loi comme laquo les analyses cytogeacuteneacutetiques et moleacuteculaires effectueacutees sur lrsquoecirctre humain dans le but de deacuteterminer des caracteacuteristiques du patrimoine geacuteneacutetique heacutereacuteditaires ou acquises pendant la phase embryonnaire et toutes les autres analyses de laboratoire qui visent agrave obtenir de maniegravere directe ces mecircmes informations raquo les analyses cytogeacuteneacutetiques eacutetant laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer le nombre et la structure des chromosomes et les analyses moleacuteculaires laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer la structure moleacuteculaire des acides nucleacuteiques (ADN et ARN) ainsi que le produit direct du gegravene raquo 75 Art 1 LAGH 76 Art 2 LAGH 77 Art 10 al 1 LAGH 78 Message LAGH FF 2007 6841 p 6886 79 Message LAGH FF 2007 6841 p 6887 80 Voir agrave ce propos lrsquoarticle paru agrave ce sujet dans le New York Times du 30 novembre 2008 disponible agrave la page httpwwwnytimescom20081130sports30geneticshtml 81 wwwatlasgenecom 82 Message LAGH FF 2007 6841 p 6888

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Les analyses preacutenatales sont autoriseacutees pour deacutetecter chez lrsquoenfant agrave naicirctre des anomalies maladies et autres eacuteleacutements pouvant atteindre agrave sa santeacute A son art 11 la loi interdit de telles analyses visant agrave rechercher des caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus qui nrsquoinfluencent pas directement sa santeacute ou agrave deacuteterminer le sexe dans un but autre qursquoun diagnostic Le but de cette disposition est drsquointerdire la laquo seacutelection des embryons ou des fœtus selon le deacutesir des parents raquo84 Le but est ici drsquoeacuteviter que des parents puissent choisir des laquo beacutebeacutes agrave la carte raquo Lrsquoeacutevolution des techniques drsquoanalyse geacuteneacutetique de geacutenie geacuteneacutetique de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et des sciences biomeacutedicales en geacuteneacuteral permettent aujourdrsquohui et permettront toujours plus agrave lrsquoavenir drsquoenvisager non seulement la seacutelection mais encore la modification geacuteneacutetique des enfants agrave naicirctre donc des geacuteneacuterations futures Si lrsquoEtat ne prend plus aujourdrsquohui de mesures collectives agrave viseacutee eugeacuteniste85 une nouvelle forme drsquoeugeacutenisme priveacute libeacuteral volontaire ou positif selon les formules consacreacutees86 est concevable voire souhaiteacutee par certains87 Le leacutegislateur a reacuteglementeacute de faccedilon claire et reacutepeacuteteacutee le domaine de lrsquoutilisation des technologies geacuteneacutetiques appliqueacute agrave la seacutelection et agrave la modification libeacuterale drsquoenfants agrave naicirctre Dans la Constitution deacutejagrave dont lrsquoart 119 interdit lrsquoutilisation des meacutethodes de PMA pour modifier les caracteacuteristiques drsquoun enfant Dans les lois ensuite la LAGH prohibe la seacutelection de gamegravetes et drsquoembryons fondeacutee sur les preacutedispositions geacuteneacutetiques et la LPMA interdit toute modification volontaire du patrimoine geacuteneacutetique lors de procreacuteations meacutedicalement assisteacutees Le projet de LRH enfin deacuteclare illicites les projets de recherche visant agrave modifier des embryons ou fœtus sans rapport avec une maladie La volonteacute du leacutegislateur de ne pas permettre de modifications preacutenatales choisies a eacuteteacute affirmeacutee et confirmeacutee plusieurs fois de 199288 agrave 200989 Il paraicirct donc drsquoembleacutee exclu du moins agrave court et moyen termes que la leacutegislation soit reacuteviseacutee Au contraire les arguments invoqueacutes agrave reacuteiteacutereacutees reprises pour justifier la fermeteacute du Parlement agrave ce sujet relegravevent de valeurs fondamentales qui ne paraissent pas souffrir drsquoexceptions Il srsquoagit drsquoune barriegravere tregraves claire agrave lrsquoapplication de meacutethodes de deacuteveloppement humain artificiel dans ce domaine

83 Voir agrave ce sujet DOMINIQUE SPRUMONT La reacuteglementation des trousses drsquoanalyse geacuteneacutetique Lanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives Actes drsquoun colloque CHARLES JOYE (eacuted) Schulthess Zurich Bacircle et Genegraveve 2004 pp 71-88 84 Message LAGH FF 2007 6841 p 6889 85 Comme nous le savons il nrsquoen a pas toujours eacuteteacute ainsi En 1928 encore lrsquoEtat de Vaud mettait en place un reacutegime de steacuterilisation des malades mentaux et autorisait lrsquoavortement pour des motifs eugeacuteniques Voir GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 55 ss 67 et 85 Tout programme eacutetatique agrave viseacutees eugeacuteniques serait aujourdrsquohui contraire agrave la Constitution entre autre agrave ses articles 7 et 8 86 La liberteacute de choix reste relative dans lrsquoeugeacutenisme dit libeacuteral Si les mesures ne sont plus dicteacutees autoritairement par lrsquoEtat elles ne sont pas libres de fortes influences sociales et eacuteconomiques Nous ne pouvons qursquoabonder dans le sens de DUMOULIN pour qui laquo lrsquoeugeacutenisme nrsquoa pas cesseacute drsquoexister tout au plus a-t-il changeacute de forme raquo GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 87 87 Sur ces reacuteflexions voir parmi drsquoautres PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 et les reacutefeacuterences citeacutees 88 Date de lrsquoadoption de lrsquoart 24novies aCst Repris ensuite agrave lrsquoart 119 Cst Voir FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 935 89 Le projet de LRH dans sa version provisoire actuelle est dateacute du 21 octobre 2009

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Dans le domaine du travail la loi pose des conditions strictes quant agrave lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques Le principe fondamental qui a vocation agrave srsquoappliquer de faccedilon geacuteneacuterale et pas seulement dans le domaine du travail est que nul ne peut ecirctre discrimineacute en raison de son patrimoine geacuteneacutetique90 Ce principe pose la regravegle de lrsquointerdiction de lrsquousage drsquoinformations geacuteneacutetiques tant par lrsquoEtat que par les particuliers sauf dans les cas preacutevus par la loi91 Cette norme est une concreacutetisation du principe geacuteneacuteral poseacute agrave lrsquoart 8 al 2 Cst92 plus preacuteciseacutement de lrsquointerdiction des discriminations fondeacutees sur les deacuteficiences corporelles Pour PREVITALI laquo [l]e fait que la deacuteficience geacuteneacutetique repreacutesente une simple probabiliteacute qursquoune certaine maladie puisse se manifester un jour et que la deacuteficience ne soit deacutecelable sans recourir agrave des analyses approfondies nrsquoest pas un critegravere pertinent pour exclure les raisons geacuteneacutetiques du champ drsquoapplication de ce motif de discrimination raquo93 Plus avant la loi deacutetermine les conditions auxquelles un meacutedecin du travail peut prescrire une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique Le principe poseacute agrave lrsquoart 21 veut qursquoun employeur ou son meacutedecin ne puisse ni exiger une telle analyse ni exiger les reacutesultats drsquoune analyse preacuteexistante ni exiger une analyse geacuteneacutetique ayant pour but de deacuteterminer des caracteacuteristiques personnelles du travailleur qui nrsquoont pas de rapport avec sa santeacute Il existe toutefois des exceptions ougrave des analyses peuvent ecirctre effectueacutees dans le but de preacutevenir les maladies professionnelles ou les accidents Selon lrsquoart 22 les conditions cumulatives suivantes doivent alors ecirctre remplies

bull le poste est soumis aux dispositions sur la preacutevention dans le domaine de la meacutedecine du travail en vertu drsquoune deacutecision de la SUVA94 ou agrave drsquoautres dispositions feacutedeacuterales qui prescrivent une analyse meacutedicale pour eacutevaluer lrsquoaptitude de la personne concerneacutee agrave exercer lrsquoactiviteacute en question en raison des risques susceptibles de provoquer une maladie professionnelle une grave atteinte agrave lrsquoenvironnement ou des risques drsquoaccident grave ou drsquoatteinte grave agrave la santeacute de tiers

bull les mesures sur le lieu de travail au sens de lrsquoart 82 de la loi feacutedeacuterale du 20 mars 1981 sur lrsquoassurance-accidents ou drsquoautres dispositions leacutegales ne suffisent pas agrave eacutecarter ces risques

bull il est eacutetabli selon lrsquoeacutetat des connaissances scientifiques qursquoil existe un rapport de cause agrave effet entre une preacutedisposition geacuteneacutetique deacutetermineacutee et une maladie professionnelle un risque drsquoatteinte agrave lrsquoenvironnement ou un risque drsquoaccident ou drsquoatteinte agrave la santeacute de tiers

bull la Commission drsquoexperts pour lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine a confirmeacute le rapport de cause agrave effet selon la lettre preacuteceacutedente et reconnu la fiabiliteacute de la meacutethode drsquoanalyse permettant de deacutetecter la preacutedisposition

bull la personne concerneacutee a donneacute son consentement par eacutecrit

90 Art 4 LAGH 91 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 56 et les reacutefeacuterences citeacutees 92 Message LAGH FF 2002 6841 p 6876 Lrsquointerdiction de discriminer en raison du patrimoine geacuteneacutetique vise eacutegalement de faccedilon plus geacuteneacuterale la sauvegarde de la digniteacute humaine voir ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 52 s 93 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 51 94 Voir art 70 OPA

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Si une analyse est envisageable aux conditions susmentionneacutees dans le but de proteacuteger la santeacute du travailleur ou parce que le meacutetier en question exige une santeacute parfaite (p ex personnel navigant de lrsquoaeacuteronautique)95 rappelons cette analyse doit ecirctre consideacutereacutee comme une ultima ratio En effet le principe veut qursquoen preacutesence drsquoune activiteacute professionnelle potentiellement dangereuse lrsquoemployeur ne doit pas seacutelectionner ses employeacutes en fonction de leur reacutesistance ou de preacutedispositions particuliegraveres ou leur proposer des traitements leur permettant de srsquoadapter aux conditions de travail particuliegraveres (p ex la prescription drsquoampheacutetamines aux pilotes militaires ameacutericains) mais prioritairement adapter lrsquoenvironnement et les conditions de travail agrave la protection de la santeacute des personnes La deuxiegraveme condition de lrsquoart 22 LAGH le mentionne explicitement Il y a lagrave un frein explicite agrave toute forme de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo dans le domaine du travail qui ne reacutepondrait pas aux critegraveres susmentionneacutes qui concernent une atteinte moindre aux droits des travailleurs Cet eacuteleacutement devra tout particuliegraverement ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoeacutevaluation de projet de recherche dans ce domaine une laquo ameacutelioration raquo du travailleur par rapport agrave son environnement ne devrait pas ecirctre consideacutereacutee comme un veacuteritable beacuteneacutefice du point de vue de lrsquoeacutethique de la recherche si des mesures drsquoassainissement de cet environnement sont envisageables respectivement si les tacircches agrave accomplir peuvent ecirctre automatiseacutees On pense par exemple agrave la situation qui preacutevaut dans les centrales nucleacuteaires

iii) Meacutedecine de la transplantation

La loi feacutedeacuterale du 8 octobre 2004 sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules (loi sur la transplantation) fixe les conditions dans lesquelles des organes des tissus ou des cellules peuvent ecirctre utiliseacutes agrave des fins de transplantation Elle doit contribuer agrave ce que des organes des tissus et des cellules humains soient disponibles agrave des fins de transplantation et a eacutegalement pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoorganes de tissus ou de cellules notamment le commerce drsquoorganes lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de transplantation et drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute96 Le but fondamental de la loi est laquo drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de la transplantation raquo97 La loi sur la transplantation empecircche lrsquoutilisation de cette technique meacutedicale agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo par le biais des critegraveres permettant le preacutelegravevement et lrsquoattribution drsquoorganes Selon lrsquoart 12 de la loi le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes nrsquoest possible que si entre autres conditions le receveur ne peut pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode theacuterapeutique ayant une efficaciteacute comparable Le principe veut que les organes issus de dons effectueacutes par des personnes vivantes reviennent toujours agrave une personne deacutesigneacutee agrave lrsquoavance le plus souvent un proche98 Tout preacutelegravevement

95 Message LAGH FF 2002 6841 p 6904 96 Art 1 Loi sur la transplantation 97 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 129 98 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 145

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drsquoorgane sur une personne vivante agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est degraves lors exclu Concernant lrsquoattribution drsquoorganes preacuteleveacutes sur une personne deacuteceacutedeacutee plusieurs critegraveres srsquoappliquent dont celui de lrsquourgence meacutedicale de la transplantation et de lrsquoefficaciteacute de la transplantation drsquoun point de vue meacutedical99 La premiegravere condition veut que laquo les organes doivent ecirctre attribueacutes en premier lieu aux patients dont la santeacute est la plus gravement atteinte En lrsquooccurrence le seul eacuteleacutement deacuteterminant est la situation meacutedicale du patient raquo100 Au vu de la situation actuelle de peacutenurie drsquoorganes cette condition suffit agrave elle seule agrave empecirccher toute transplantation drsquoorgane agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo La deuxiegraveme condition mentionneacutee signifie qursquolaquo il y a lieu drsquoattribuer les organes aux patients auxquels la transplantation sera la plus profitable Lagrave encore seule lrsquoutiliteacute meacutedicale entre en consideacuteration Il ne saurait ecirctre question de prendre en compte lrsquoaspect laquoutiliteacute socialeraquo par exemple la laquovaleurraquo que revecirct une personne pour la socieacuteteacute ou encore pour drsquoautres patients lrsquoampleur et le niveau des responsabiliteacute qursquoils exercent raquo101 Lrsquoefficaciteacute meacutedicale se mesure en tenant compte la compatibiliteacute des groupes sanguins des groupes tissulaires et anatomiques existant entre lrsquoorgane et le receveur potentiel Enfin en application de lrsquoart 17 de la loi le principe de non-discrimination de lrsquoart 8 al 2 Cst srsquoapplique agrave lrsquoattribution drsquoorganes En conseacutequence laquo lrsquoorigine la race le sexe lrsquoacircge la langue la position sociale les convictions philosophiques ou religieuses une deacuteficience corporelle mentale ou psychique pas plus que lrsquoacircge ou la situation sociale ne sauraient ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoattribution drsquoorganes raquo102

iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires

La Loi feacutedeacuterale du 19 deacutecembre 2003 relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires (Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches LRCS) a pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoembryons surnumeacuteraires et de cellules souches embryonnaires et de proteacuteger la digniteacute humaine Pour ce faire elle fixe les conditions reacutegissant la production de cellules souches embryonnaires humaines agrave partir drsquoembryons humains surnumeacuteraires et lrsquoutilisation de ces cellules agrave des fins de recherche103 La LRCS prohibe diverses pratiques Lrsquoart 3 interdit en particulier

a de produire un embryon agrave des fins de recherche (art 29 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches agrave partir drsquoun tel embryon ou drsquoutiliser de telles cellules b de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire de cellules germinatives (art 35 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de

99 Art 18 Loi sur la transplantation 100 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 101 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 147 102 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 103 Art 1 LRCS

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produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun embryon dont le patrimoine germinal a eacuteteacute modifieacute ou drsquoutiliser de telles cellules c de creacuteer un clone une chimegravere ou un hybride (art 36 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun clone drsquoune chimegravere ou drsquoun hybride ou drsquoutiliser de telles cellules d de deacutevelopper un partheacutenote de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun partheacutenote ou drsquoutiliser de telles cellules e drsquoimporter ou drsquoexporter un embryon au sens des let a ou b un clone une chimegravere un hybride ou un partheacutenote

Un projet de recherche utilisant des cellules souches embryonnaires ne peut ecirctre meneacute que si la commission drsquoeacutethique compeacutetente a donneacute un avis favorable et aux conditions suivantes

a le projet a pour but drsquoobtenir des connaissances essentielles 1 visant agrave constater traiter ou preacutevenir des maladies humaines graves ou 2 portant sur la biologie du deacuteveloppement de lrsquoecirctre humain

b des connaissances drsquoeacutegale valeur ne peuvent ecirctre obtenues drsquoaucune autre maniegravere c le projet satisfait aux exigences de qualiteacute scientifiques d le projet est acceptable au plan eacutethique

Il srsquoavegravere ainsi que lrsquoexigence de lrsquoarticle 12 lit a ch 1 preacuteciteacute eacutecarte ou du moins rend particuliegraverement difficile la possibiliteacute drsquoutiliser des cellules souches embryonnaires pour faire de la recherche agrave des fins de deacuteveloppement humain artificiel

v) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement et prochainement soumis au peuple et aux cantons attribue agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la recherche sur lrsquoecirctre humain Le Conseil feacutedeacuteral a alors approuveacute et transmis agrave lrsquoassembleacutee feacutedeacuterale un projet de loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain (abreacutegeacute LRH) et le message y relatif104 Ce projet de loi vise agrave proteacuteger la digniteacute la personnaliteacute et la santeacute de lrsquoecirctre humain dans la recherche105 Il eacutetablit plusieurs regravegles geacuteneacuterales applicables agrave drsquoeacuteventuelles recherches visant le deacuteveloppement et lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain Mentionnons drsquoembleacutee que les projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus sans rapport avec une maladie sont illicites106 Cette regravegle est un simple rappel de la norme constitutionnelle poseacutee agrave lrsquoart 119 Cst107 Le message dans le commentaire de lrsquoart 24 du projet de loi tranche clairement la question de la pertinence et de lrsquoutiliteacute de recherches visant lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain par des modifications geacuteneacutetiques de fœtus ou drsquoembryons laquo La reacutealisation drsquoun projet de recherche qui a pour but de modifier les caracteacuteristiques du fœtus sans rapport avec une maladie est interdite en vertu de la 104 Les analyses ci-dessous sont fondeacutees sur les versions provisoires du projet et du message du 21 octobre 2009 105 Art 1 al 1 LRH 106 Art 24 LRH 107 Voir ci-dessus p 15

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preacutesente disposition Sont prohibeacutes drsquoune part les projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain Il srsquoagit ici de projets qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement Ces tentatives font depuis quelque temps lrsquoobjet de discussion sous la deacutesignation laquohuman enhancementraquo (meacutedecine meacuteliorative) Sont prohibeacutes drsquoautre part les projets de recherche ayant pour finaliteacute de modifier ou drsquoameacuteliorer des caracteacuteristiques humaines sans rapport direct avec la santeacute de la personne p ex lrsquoorientation sexuelle certains traits de caractegravere ou des particulariteacutes physiques comme la couleur des yeux Seuls sont autoriseacutes les projets de recherche qui ont pour but de traiter des maladies ou drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie en cas drsquoinfirmiteacute ou de malformations La liceacuteiteacute drsquoun projet de recherche doit ecirctre examineacutee concregravetement au cas par cas raquo108 De faccedilon geacuteneacuterale lrsquoart 5 pose le principe que la recherche sur lrsquoecirctre humain peut ecirctre pratiqueacutee uniquement si sa pertinence est eacutetablie pour la science ainsi que pour la compreacutehension des maladies humaines pour la compreacutehension de la structure et du fonctionnement du corps humain ou pour la santeacute publique Cette disposition reprend la regravegle consacreacutee par la Convention sur les droits de lrsquoHomme et la Biomeacutedecine du Conseil de lrsquoEurope109 et dans la leacutegislation suisse actuelle Il est particuliegraverement douteux que des projets de recherche visant uniquement une ameacutelioration de lrsquoecirctre humain remplissent cette condition Drsquoailleurs le message preacutecise que laquo [n]e seraient ainsi p ex pas autoriseacutes les projets de recherche visant agrave restreindre la libre opinion des personnes de maniegravere cibleacutee raquo110 En toute logique on peut deacuteduire de cet exemple que ce critegravere de pertinence exclu a priori la recherche en vue de modifications de la morale de personnes deacutetermineacutees Enfin mentionnons qursquoune autorisation de la commission drsquoeacutethique du canton dans lequel la recherche est proposeacutee est obligatoire pour la reacutealisation drsquoun projet de recherche Lrsquoautorisation est accordeacutee si les exigences eacutethiques juridiques et scientifiques de la loi sont remplies111 En autres eacuteleacutements de base que la CER devra eacutevaluer il srsquoagit de srsquoassurer que le principe de la primauteacute des inteacuterecircts de la personne sur les inteacuterecircts de la science et de la socieacuteteacute est bien respecteacute Proposer une recherche en matiegravere de dopage pourrait ainsi drsquoembleacutee en contradiction avec cette exigence agrave moins de deacutemontrer que la personne concerneacutee va effectivement beacuteneacuteficier de cette recherche sans risque drsquoinstrumentalisation Les arguments eacutevoqueacutees plus haut en matiegravere drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine en droit du travail gardent ici toute leur pertinence

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions

i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)

Les professions de meacutedecin dentiste pharmacien et chiropraticien sont reacuteglementeacutees par le droit feacutedeacuteral en vertu de lrsquoattribution de compeacutetence de lrsquoart 95

108 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 109 Voir lrsquoart 4 de la Convention httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml164htm et surtout le Protocole additionnel agrave la Convention sur les Droits de lHomme et la biomeacutedecine relatif agrave la recherche biomeacutedicale httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml195htm 110 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 54 111 Art 44 agrave 46 LRH

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Cst feacuted112 qui permet agrave la confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoexercice des activiteacutes eacuteconomiques lucratives priveacutees Ces professions sont reacuteglementeacutees par la loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) qui fixe les conditions de formation permettant drsquoacceacuteder agrave ces professions et les regravegles drsquoexercice des professions meacutedicales universitaires Lrsquoart 4 LPMeacuted pose les objectifs de la formation universitaire En substance il srsquoagit de srsquoassurer que les professionnels concerneacutes seront en mesure de preacutevenir diagnostiquer et gueacuterir les troubles de la santeacute soulager les souffrances promouvoir la santeacute et fabriquer remettre ou distribuer des meacutedicaments En font eacutegalement partie le fait de pouvoir prodiguer aux patients des soins individuels complets et de qualiteacute (let a) de traiter les problegravemes en recourant agrave des meacutethodes reconnues scientifiquement en prenant en consideacuteration les aspects eacutethiques et eacuteconomiques (let b) et drsquoassumer leurs responsabiliteacutes dans le domaine de la santeacute et au sein de la collectiviteacute de maniegravere conforme aux speacutecificiteacutes de leur profession (let d) De faccedilon geacuteneacuterale en plus des soins et theacuterapies laquo [s]ie muumlssen aber auch die Faumlhigkeit haben aufzuzeigen wie Menschen und Tiere nicht nur die Krankheit verhindern sondern vor allem ihre Gesundheit foumlrdern und staumlrken koumlnnen raquo113 Les art 6 et 7 mentionnent les compeacutetences geacuteneacuterales que doivent posseacuteder les personnes ayant termineacute les filiegraveres drsquoeacutetude concerneacutees Citons les eacuteleacutements suivants de lrsquoart 6 al 1 LPMeacuted disposer des bases scientifiques neacutecessaires pour prendre des mesures preacuteventives diagnostiques theacuterapeutiques palliatives et de reacutehabilitation (let a) savoir reconnaicirctre et eacutevaluer les facteurs de maintien de la santeacute et en tenir compte dans leur activiteacute professionnelle (let c) ecirctre capables de deacuteterminer si les prestations qursquoils fournissent sont efficaces adeacutequates et eacuteconomiques et savoir se comporter en conseacutequence (let h) Lrsquoart 8 LPMeacuted pose les objectifs speacutecifiques de formation que doivent atteindre les personnes ayant termineacute leurs eacutetudes de meacutedecine humaine de meacutedecine dentaire ou de chiropratique Parmi ceux-ci on peut citer le fait drsquoecirctre capables de prescrire les meacutedicaments de faccedilon professionnelle respectueuse de lrsquoenvironnement et eacuteconomique (let c) drsquoœuvrer en faveur de la santeacute humaine en donnant des conseils et en prenant les mesures de preacutevention et de promotion neacutecessaires dans leur champ drsquoactiviteacute professionnel (let h) et de respecter la digniteacute et lrsquoautonomie des personnes concerneacutees connaicirctre les principes de base de lrsquoeacutethique ecirctre familiariseacutees avec les diffeacuterents problegravemes eacutethiques qui se posent dans leur profession et se laisser guider dans leurs activiteacutes professionnelle et scientifique par des principes eacutethiques visant le bien des ecirctres humains (let i) Lrsquoart 40 LPMeacuted deacutefinit les devoirs professionnels que doivent observer les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant Ces devoirs sont les suivants

a exercer leur activiteacute avec soin et conscience professionnelle et respecter les limites des compeacutetences qursquoelles ont acquises dans le cadre de leur formation universitaire de leur formation postgrade et de leur formation continue

112 Voir eacutegalement les art 63a et 118 Cst feacuted 113 THOMAS FLEINER com ad art 4 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire p 101

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b approfondir deacutevelopper et ameacuteliorer leurs connaissances aptitudes et capaciteacutes professionnelles par une formation continue c garantir les droits du patient d srsquoabstenir de toute publiciteacute qui nrsquoest pas objective et qui ne reacutepond pas agrave lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral cette publiciteacute ne doit en outre ni induire en erreur ni importuner e deacutefendre dans leur collaboration avec drsquoautres professions de la santeacute exclusivement les inteacuterecircts des patients indeacutependamment des avantages financiers f observer le secret professionnel conformeacutement aux dispositions applicables

g precircter assistance en cas drsquourgence et participer aux services drsquourgence conformeacutement aux dispositions cantonales

h conclure une assurance responsabiliteacute civile professionnelle offrant une couverture adapteacutee agrave la nature et agrave lrsquoeacutetendue des risques lieacutes agrave leur activiteacute ou fournir des sucircreteacutes eacutequivalentes

Les devoirs professionnels114 de la LPMeacuted concreacutetisent le but de la loi en garantissant la qualiteacute des soins meacutedicaux par le biais drsquoune surveillance effective des professionnels viseacutes Ce rapide survol des compeacutetences reconnues aux meacutedecins ainsi que des responsabiliteacutes qui sont les leur met en lumiegravere lrsquoimportance de respecter drsquoune part les regravegles de lrsquoart agrave savoir les laquoprincipes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo (ATF 108 II 5961) et drsquoautre part les droits et la digniteacute des patients Afin drsquoappreacutecier la reacuteception de nouvelles pratiques de deacuteveloppement humain artificiel dans la meacutedecine il convient donc drsquoeacutevaluer si ces pratiques peuvent ecirctre consideacutereacutees comme conforme aux regravegles de lrsquoart Cette question relegraveve principalement des compeacutetences et de lrsquoeacutethique professionnelles On notera qursquoun meacutedecin qui srsquoeacutecarte des regravegles de lrsquoart peut ecirctre tenu pour responsable vis-agrave-vis du patient indeacutependamment du consentement de ce dernier En effet le consentement est certes le motif justificatif par excellence de la violation des droits de la personnaliteacute qursquoimplique tout acte meacutedical et partant absolument neacutecessaire Il ne srsquoagit cependant pas drsquoune condition suffisante Encore faut-il que ce agrave quoi consent le patient soit admissible sous lrsquoangle de lrsquoart 27 al 2 CC autrement dit nrsquoest pas contraire aux mœurs ou agrave lrsquoordre juridique notions qui recoupent partiellement celle de laquo regravegles de lrsquoart raquo La question ne peut se reacutesoudre que dans un cas concret A priori il existe cependant quelques reacuteticences agrave inclure ces nouvelles pratiques dans lrsquoeacutethos professionnel Le meacutedecin concerneacute se trouve ainsi agrave assumer un lourd 114 Selon SPRUMONT ET AL les devoirs professionnels laquo sont des normes de comportement devant ecirctre suivies par toutes les personnes exerccedilant une mecircme profession raquo DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 385

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fardeau de la preuve par laquelle il devrait deacutemontrer la pertinence de son acte sous lrsquoangle tant meacutedico-scientifique que eacutethique Nous reviendrons sur cette question dans la section sur les produits theacuterapeutiques On ne peut toutefois ignorer la tendance geacuteneacuterale vers les pratiques de bien-ecirctre ou laquo wellness raquo comme cela se dit souvent Ce mouvement nrsquoest pas limiteacute au seul domaine meacutedical Drsquoautres professionnels de la santeacute eacutelargissent aujourdrsquohui leur champ drsquointervention dans des domaines qui ne relegravevent pas strictement du theacuterapeutique ou du prophylactique On peut mentionner eacutegalement les professions lieacutees agrave lrsquoestheacutetique agrave la cosmeacutetique ou encore les tatoueurs ou les perceurs Les personnes pratiquant ces professions doivent toutefois respecter lrsquoOrdonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur les objets destineacutes agrave entrer en contact avec les muqueuses la peau ou le systegraveme pileux et capillaire et sur les bougies les allumettes les briquets et les articles de farces et attrapes115 Cette ordonnance preacutevoit des regravegles sur les mateacuteriaux et colorants utiliseacutes116 lrsquoobligation pour ces professionnels de prendre toutes les preacutecautions raisonnablement neacutecessaires afin de preacutevenir la transmission de toute infection dont fait partie lrsquoobligation drsquoutiliser du mateacuteriel steacuterile117 Le but de ces mesures est avant tout la protection de la santeacute des consommateurs Un autre point important meacuterite drsquoecirctre releveacute ces professions sont expresseacutement exclues de la liste des professions de la santeacute usuellement soumises agrave autorisation de pratique en droit cantonal sans parler des professions de la santeacute qui relegravevent du droit feacutedeacuteral (professions meacutedicales universitaires psychologues etc) Il ne srsquoagit donc pas de tomber dans la confusion lorsque des professionnels de la santeacute stricto sensu envahissent le champ de lrsquoestheacutetisme et de la cosmeacutetique Cela ne signifie pas neacutecessairement un changement de nature dans ces activiteacutes qui acquerraient ainsi un statut meacutedico-scientifique Comme pour les meacutedecins compleacutementaires dans les cantons romands il srsquoagit plutocirct drsquoune forme de toleacuterance de ces pratiques par les autoriteacutes tant que la santeacute publique est preacuteserveacutee et qursquoil nrsquoy a pas de confusion pour les patients entre ce qui se rapporte aux soins et ce qui relegraveve plutocirct du bien-ecirctre On notera que la deacuterive des professionnels de la santeacute dans des activiteacutes ougrave le marcheacute est en forte croissance soulegraveve un problegraveme reacuteel dans la situation actuelle de quasi peacutenurie de professionnels qualifieacutes Alors que le nombre de meacutedecins ou drsquoinfirmiers formeacutes en Suisse reste insuffisant pour maintenir une couverture des soins de lrsquoensemble de la population le fait que de nombreux professionnels abandonnent leurs activiteacutes de base pour se consacrer agrave des tacircches qui nrsquoentrent ni dans les soins ni dans la preacutevention est tregraves preacuteoccupant118 On voit drsquoailleurs ici toute lrsquoimportance de tracer une limite preacutecise entre preacutevention et deacuteveloppement humain artificiel La premiegravere relegraveve clairement aujourdrsquohui du systegraveme de santeacute alors que le second ne semble pas y appartenir

115 OFFICE FEDERAL DE LA SANTE PUBLIQUE OFSP Uniteacute de direction Protection des consommateurs Fiche drsquoinformation Tatouages et piercings comment ne pas risquer sa peau mai 2009 p 3 116 Lrsquoart 5 al 2 de lrsquoordonnance preacutevoit que les couleurs de tatouage et les couleurs de maquillage permanent ne doivent pas mettre en danger la santeacute du consommateur 117 Art 2 agrave 8 de lrsquoOrdonnance 118 Voir lrsquoarticle agrave paraicirctre de PETER SUTER preacutesident de lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales dans les actes de la 16egraveme journeacutee de droit de la santeacute octobre 2009 Neuchacirctel

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d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires

i) Seacutecuriteacute des produits

La nouvelle loi sur la seacutecuriteacute des produits du 12 juin 2009 (LSPro) remplace et abroge119 la loi feacutedeacuterale du 19 mars 1976 sur la seacutecuriteacute drsquoinstallations et drsquoappareils techniques (LSIT) Elle vise agrave assurer la seacutecuriteacute des produits mis sur le marcheacute120 en geacuteneacuteral (un produit au sens de cette loi eacutetant tout bien meuble precirct agrave lrsquoemploi mecircme srsquoil est incorporeacute agrave un autre bien meuble ou immeuble) dans la mesure ougrave le droit feacutedeacuteral ne contient pas drsquoautres dispositions visant le mecircme but Elle srsquoapplique donc de faccedilon subsidiaire aux autres lois sectorielles reacuteglementant des cateacutegories de produits particuliegraveres121 A titre drsquoexemple mentionnons que les produits chimiques theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires ainsi que les objets usuels sont soumis agrave des reacuteglementations speacuteciales La LSPro pose les principes suivants

bull Peuvent ecirctre mis sur le marcheacute les produits qui preacutesentent un risque nul ou minime pour la santeacute ou la seacutecuriteacute des utilisateurs ou de tiers lorsqursquoils sont utiliseacutes dans des conditions normales ou raisonnablement preacutevisibles122

bull Lrsquoeacutetiquetage lrsquoemballage les instructions drsquoassemblage drsquoinstallation et drsquoentretien les mises en garde et consignes de seacutecuriteacute les instructions concernant lrsquoutilisation et lrsquoeacutelimination et toute autre instruction et information relatifs agrave un produit doivent ecirctre adapteacutes au risque speacutecifique lieacute audit produit123

bull La mise sur le marcheacute drsquoun produit nrsquoest pas soumise agrave une autorisation administrative mais agrave des controcircles ougrave le responsable de la mise sur le marcheacute doit apporter la preuve que le produit respecte les exigences en matiegravere de seacutecuriteacute et de santeacute124

bull Le responsable de la mise sur le marcheacute doit adopter des mesures pour ecirctre informeacute et preacutevenir les risques que peuvent preacutesenter un produit et en garantir la traccedilabiliteacute

Ces regravegles geacuteneacuterales doivent ecirctre respecteacutees pour la mise sur le marcheacute suisse de tout produit nrsquoeacutetant pas soumis agrave des regravegles speacuteciales plus strictes Concernant le deacuteveloppement humain elles ont donc vocation agrave srsquoappliquer agrave tout produit (au sens de bien meuble mentionneacute ci-dessus) nrsquoeacutetant pas soumis agrave une loi speacuteciale La plupart des produits et substances utilisables dans un but de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont soumis agrave des regravegles plus strictes en particulier la loi sur les produits theacuterapeutiques et la loi sur les denreacutees alimentaires

119 Art 20 LSPro 120 Lrsquoart 2 al 3 LSPro contient une deacutefinition tregraves large de la mise sur la marcheacute qui comprend toute remise drsquoun produit agrave titre oneacutereux ou gratuit que ce produit soit neuf drsquooccasion reconditionneacute ou profondeacutement modifieacute ainsi que lrsquousage en propre drsquoun produit agrave des fins commerciales ou professionnelles lrsquoutilisation drsquoun produit dans le cadre drsquoune prestation de services la mise agrave la disposition de tiers drsquoun produit et lrsquooffre drsquoun produit 121 Message LSPro FF 2008 6771 p 6791 122 Art 3 al 1 LSPro 123 Art 3 al 4 LSPro 124 Art 5 LSPro Voir Message LSPro FF 2008 6771 p 6803 s

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ii) Meacutedicaments

La loi sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux (loi sur les produits theacuterapeutiques LPTh) a pour but en geacuteneacuteral de proteacuteger la santeacute de lrsquoecirctre humain et des animaux et vise agrave garantir la mise sur le marcheacute de produits theacuterapeutiques de qualiteacute sucircrs et efficaces En particulier elle vise agrave ce que les produits theacuterapeutiques mis sur le marcheacute soient utiliseacutes conformeacutement agrave leur destination et avec modeacuteration125 Lrsquoart 4 LPTh deacutefinit les meacutedicaments comme laquo les produits drsquoorigine chimique ou biologique destineacutes agrave agir meacutedicalement sur lrsquoorganisme humain ou animal ou preacutesenteacutes comme tels et servant notamment agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps le sang et les produits sanguins sont consideacutereacutes comme des meacutedicaments raquo Pour accomplir les buts de la loi la LPTh eacutetablit un reacutegime drsquoautorisations La fabrication la mise sur le marcheacute suisse lrsquoimportation lrsquoexportation la vente en gros et de deacutetails de meacutedicaments ne sont possible que si lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (Swissmedic)126 a deacutelivreacute une autorisation drsquoexploitation agrave lrsquoentreprise requeacuterante Pour qursquoune autorisation de mise sur le marcheacute soit deacutelivreacutee le requeacuterant doit a apporter la preuve que le meacutedicament ou le proceacutedeacute est de qualiteacute sucircr et efficace b ecirctre titulaire drsquoune autorisation de fabriquer drsquoimporter ou de faire le commerce de gros deacutelivreacutee par lrsquoautoriteacute compeacutetente c avoir son domicile ou son siegravege social en Suisse ou y avoir fondeacute une filiale Notons que les art 23 ss de la LPTh classent les meacutedicaments dans cinq listes diffeacuterentes (A) les meacutedicaments sous ordonnance non-renouvelable vendus en pharmacie (B) les meacutedicaments sous ordonnance vendus en pharmacien (C) les meacutedicaments vendus en pharmacies (D) les meacutedicaments vendus en drogueries et (E) les meacutedicaments en vente libre La diffeacuterence entre les meacutedicaments en vente libre et ceux vendus sans ordonnance est que ces derniers ne peuvent ecirctre remis agrave un consommateur que par un professionnel formeacute et autoriseacute agrave vendre des meacutedicaments au deacutetail agrave savoir en principe un pharmacien ou un droguiste pour ceux de la liste D127 Les regravegles de base eacutetant poseacutees plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre deacuteveloppeacutes en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo

Selon le Tribunal feacutedeacuteral laquo [u]n meacutedicament ne sera pas autoriseacute sil ressort du dossier quil preacutesente un rapport beacuteneacutefice-risque neacutegatif lors de lusage auquel il est 125 Art 1 LPTh 126 Lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (swissmedic) est lrsquoautoriteacute suisse de controcircle et drsquoautorisation des produits theacuterapeutiques voir wwwswissmedicch 127 Art 24 et 30 LPTh

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destineacute sil na pas lefficaciteacute theacuterapeutique voulue ou si celle-ci nest pas suffisamment prouveacutee ou encore si sa composition ne correspond pas agrave celle qui est indiqueacutee (message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux du 1er mars 1999 FF 1999 3151 ss 3193) raquo128 Dans le mecircme arrecirct il est encore mentionneacute ce qui suit laquo Il ressort du systegraveme dautorisation de mise sur le marcheacute dun meacutedicament que ladmission de celui-ci se rapporte toujours agrave des indications meacutedicales preacutecises Lexigence dun lien entre le meacutedicament et une application concregravete et deacutetermineacutee de celui-ci est inheacuterente au systegraveme de lautorisation puisquun meacutedicament est par deacutefinition destineacute agrave agir meacutedicalement sur lorganisme humain et sert agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps (art 4 al 1 let a LPTh) En plus de la qualiteacute du meacutedicament une autre des conditions de lautorisation est lefficaciteacute du produit theacuterapeutique (art 10 al 1 let a LPTh) soit sa capaciteacute agrave atteindre le reacutesultat theacuterapeutique viseacute par rapport agrave une maladie deacutetermineacutee La mise sur le marcheacute dun meacutedicament nest donc autoriseacutee quen relation avec les maladies pour le diagnostic la preacutevention ou le traitement desquelles le requeacuterant a apporteacute la preuve que le meacutedicament eacutetait efficace Si le requeacuterant entend par la suite eacutetendre le champ dapplication du meacutedicament au beacuteneacutefice dune autorisation agrave dautres indications il doit en faire la demande Les indications pour lesquelles le meacutedicament a eacuteteacute autoriseacute sont mentionneacutees dans la notice destineacutee aux professions meacutedicales et approuveacutee par Swissmedic Elles font eacutegalement lobjet du preacuteavis deacutelivreacute par Swissmedic preacutecisant lautorisation que cet institut entend donner ainsi que les indications et les dosages qui seront autoriseacutes La notice et le preacuteavis font partie des documents qui doivent par la suite ecirctre preacutesenteacutes agrave lOFAS avec la demande dadmission du meacutedicament dans la liste des speacutecialiteacutes (art 30a al 1 let a et b OPAS) raquo129 On peut deacuteduire de cet arrecirct et drsquoautres plus reacutecents130 qursquoune mise sur le marcheacute de meacutedicaments dans un but autre que theacuterapeutique (p ex de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo) devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic Un meacutedicament devant servir agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps ne peut ecirctre autoriseacute qursquoen relation avec une atteinte agrave la santeacute Le message concernant la LPTh conforte cette interpreacutetation pour plusieurs raisons Premiegraverement elle vise agrave restreindre lrsquoutilisation agrave des fins de dopage131 deuxiegravemement un meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute srsquoil preacutesente un rapport beacuteneacutefice risque neacutegatif Un produit ayant pour but une ameacutelioration cognitive physique ou autre preacutesente un beacuteneacutefice contestable concernant la santeacute srsquoil nrsquoa pas drsquoutiliteacute theacuterapeutique srsquoil preacutesente en plus des risques sa mise sur le marcheacute doit ecirctre refuseacutee Etant donneacute que la plupart des substances pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo pour des personnes en santeacute ont des fonctions theacuterapeutiques pour les personnes atteintes de maladies le critegravere de la mise sur le marcheacute est selon nous moins pertinent pour deacuteterminer les limites leacutegales des possibiliteacutes de deacuteveloppement humain artificiel que celui de lrsquousage hors eacutetiquette traiteacute ci-dessous

128 Tribunal feacutedeacuteral des assurances K10303 Arrecirct du 14 septembre 2004 et ATF 130 (2004) V p 532-546 p 537 129 ATF 130 (2004) V p 532-546 p 538 130 Notamment ATF 134 V 83 131 V 349 et 133 V 239 131 Message LPTh FF 1999 3151 p 3171

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(2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance Selon lrsquoart 26 LPTh Les regravegles reconnues des sciences pharmaceutiques et meacutedicales doivent ecirctre respecteacutees lors de la prescription et de la remise de meacutedicaments Le Message LPTh explique qursquolaquo [i]mplicitement cette prescription interdit la prescription et la remise abusives de meacutedicaments raquo132 Si une prescription abusive est interdite les meacutedecins disposent de la liberteacute theacuterapeutique en drsquoautres termes du libre choix de la theacuterapie agrave utiliser dans une situation donneacutee Lorsqursquoun meacutedicament est autoriseacute par Swissmedic lrsquoautorisation est accompagneacutee drsquoune laquo information professionnelle raquo133 contenant les indications et la posologie On parle alors drsquousage hors eacutetiquette en cas de prescription drsquoun meacutedicament par un meacutedecin deacuterogeant agrave cette information professionnelle autrement dit en cas drsquolaquo Einsatz eines Arzneimittels ausserhalb der registrierten Indikation in anderer Dosierung oder bei anderen Patientengruppen (off label) raquo134 En geacuteneacuteral la prescription hors eacutetiquette est admise et fait partie de la liberteacute theacuterapeutique du meacutedecin Elle est mecircme courante dans certaines disciplines comme la peacutediatrie la gyneacutecologie lrsquooncologie ou la geacuteriatrie135 Le deacuteveloppement de cette pratique est ducirc agrave plusieurs facteurs dont le fait que des meacutedicaments nrsquoont pas eacuteteacute autoriseacutee ni testeacutes sur des groupes de patients donneacutes et le fait que dans divers cas lrsquoinformation professionnelle est deacutepasseacutee et que lrsquoindustrie pharmaceutique ne la fait pas enregistrer pour les nouvelles applications scientifiquement attesteacutees136 Parallegravelement agrave lrsquolaquo usage hors eacutetiquette (off label use) raquo on parle de laquo unlicensed use raquo lorsqursquoun meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute en Suisse laquo Dans ce cas le meacutedecin peut prescrire un meacutedicament sans autorisation particuliegravere pour autant que celui-ci ait eacuteteacute admis par un pays dont lrsquoautorisation est reconnue comme eacutequivalente agrave celles deacutelivreacutees en Suisse (pex UE ou USA) Si tel nrsquoest pas le cas le meacutedecin doit obtenir une autorisation speacuteciale de Swissmedic Pour pouvoir importer un tel meacutedicament le meacutedecin ou lrsquohocircpital aura en outre besoin drsquoune autorisation du canton raquo137 Le corollaire de lrsquoadmission de lrsquousage non autoriseacute et de lrsquousage hors eacutetiquette se trouve dans la responsabiliteacute du meacutedecin La responsabiliteacute civile des meacutedecins indeacutependants comme de toutes les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant est fondeacutee sur le

132 Message LPTh FF 1999 3178 p 3209 133 Art 13 et annexe 4 Ordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les exigences relatives agrave lrsquoautorisation de mise sur le marcheacute des meacutedicaments 134 Mitteilung Arzneimittelpolitik FMH in Bulletin des meacutedecins suisses 2004 85 Nr 28 1485 Pour AYER laquo le meacutedicament qui figure dans la liste des speacutecialiteacutes mais qui est utiliseacute pour des indications qui ne figurent pas dans lrsquoautorisation de Swissmedic est qualifieacute de laquo hors eacutetiquette raquo raquo ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 135 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 18 ss 136 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 19 s 137 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20

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code des obligations plus preacuteciseacutement sur le contrat de mandat138 Pour que la responsabiliteacute contractuelle du meacutedecin soit engageacutee il faut donc une violation du contrat impliquant une faute ou une neacutegligence et un rapport de causaliteacute entre la violation du contrat et le dommage pour que le dommage subi par le patient soit imputeacute au meacutedecin En matiegravere meacutedicale la violation du contrat se traduit par une violation du devoir de diligence du meacutedecin crsquoest-agrave-dire une violation des regravegles de lrsquoart Les regravegles de lrsquoart se deacutefinissent comme laquo les principes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo139 En conseacutequence une faute de diagnostic ou de traitement peut geacuteneacuterer la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin si elle constitue une inobservation drsquoune des regravegles de lrsquoart140 En cas de prescription hors eacutetiquette le meacutedecin est responsable de la deacuterogation En cas de complication il doit donc pouvoir justifier que lrsquoutilisation faite du meacutedicament correspondait agrave lrsquoeacutetat actuel de la science141 La responsabiliteacute peacutenale du meacutedecin en cas drsquousage non conforme drsquoun meacutedicament par exemple est donneacutee lorsqursquoil reacutealise une infraction en geacuteneacuteral une infraction contre la vie ou lrsquointeacutegriteacute corporelle Le TF a eu lrsquooccasion de trancher cette question dans deux arrecircts reacutecents142 Le premier concerne un oncologue bacirclois ayant traiteacute des patients avec un meacutedicament non autoriseacute par Swissmedic143 Ce praticien expeacuterimenteacute administrait agrave ses patients les plus atteints du laquo Lipoteichonsaumlure (LTA) raquo Les autoriteacutes bacircloises lui ont alors interdit lrsquousage de cette substance Sur demande de certains patients le praticien a eacuteteacute autoriseacute agrave des conditions strictes agrave utiliser ce meacutedicament dans le cadre drsquoune laquo compassionate use raquo Par la suite le meacutedecin srsquoest agrave nouveau vu interdire lrsquoutilisation du LTA au motif qursquoil nrsquoavait pas respecteacute ses engagements preacuteceacutedents Devant le Tribunal feacutedeacuteral srsquoest poseacutee la question de savoir si lrsquooncologue incrimineacute avait mis en danger la vie de ses patients au sens de lrsquoart 127 CP Le tribunal a consideacutereacute qursquoen lrsquoespegravece lrsquoon ne pouvait retenir de volonteacute du praticien de mettre en danger ses patients Il a donc eacuteteacute acquitteacute Le deuxiegraveme cas est celui drsquoun meacutedecin zurichois accuseacute drsquohomicide par neacutegligence suite au deacutecegraves drsquoune patiente agrave qui il avait prescrit un meacutedicament dans un dosage exceacutedant la quantiteacute geacuteneacuteralement admissible144 La question srsquoest alors poseacutee de savoir si la mort de la patiente eacutetait due agrave une violation des regravegles de lrsquoart qui en lrsquoespegravece serait constitueacutee par lrsquoutilisation drsquoune dose non conforme A ce propos le TF a retenu que laquo [a]ufgrund fruumlherer Studien ist das Bundesgericht jedoch zum Schluss gekommen dass diese Dosierung einer gaumlngigen Therapieform und damit 138 Art 394 ss CO DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 408 s En cas de leacutesion commise par un meacutedecin par exemple un concours entre la responsabiliteacute contractuelle et deacutelictuelle est possible voir OLIVIER GUILLOD CHRISTOPHE RAPIN La responsabiliteacute rapport suisse in La responsabiliteacute aspects nouveaux (journeacutees panameacuteennes) Paris 2003 p 375-403 p 376 139 ATF 108 II 59 61 140 Idem 141 Acadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales et la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) (eacuted) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20 142 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss 143 ATF 6B_402008 144 ATF 6B_6462007

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dem aktuellen Stand der Medizin entsprach An die Aufklaumlrungs- und Risikoabwaumlgungspflichten waren deshalb keine besonders strengen Anforderungen zu stellen raquo145 Mecircme si ces deux exemples ne traitent pas de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ils tendent agrave montrer que la liberteacute theacuterapeutique des personnes exerccedilant des professions meacutedicales universitaires est tregraves eacutetendue et permet une utilisation de meacutedicaments plus large que celle autoriseacutee Faut-il en deacuteduire que les meacutedecins disposent drsquoune large liberteacute de prescrire des meacutedicaments agrave des fins autres qursquoune theacuterapie Une reacuteponse neacutegative srsquoimpose en effet pour plusieurs raisons Premiegraverement le meacutedecin devant respecter les regravegles de lrsquoart pour ne pas devoir engager sa responsabiliteacute en cas de dommage des preuves scientifiques sont neacutecessaires pour pouvoir utiliser un meacutedicament hors eacutetiquette Mais pour que de telles preuves existent il faut que des recherches aient eacuteteacute meneacutees Comme vu ci-dessus il est douteux que des recherches puissent ecirctre meneacutees avec les risques qursquoelles comportent pour les sujets de recherche alors que les beacuteneacutefices escompteacutes nrsquoauront aucun but theacuterapeutique ou de santeacute publique En conseacutequence lrsquousage hors eacutetiquette de meacutedicaments agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne sera en toute logique pas autoriseacute principalement au motif que les recherches neacutecessaires pour arriver au niveau de seacutecuriteacute exigeacute par le droit suisse ne rentrent pas dans les conditions permettant leur mise en œuvre (critegravere de la pertinence et adeacutequation entre risque potentiel et beacuteneacutefice escompteacute) Deuxiegravemement le meacutedecin devra suffisamment informer le patient pour qursquoil puisse consentir au traitement en connaissance de cause Si les beacuteneacutefices drsquoun meacutedicament ne sont pas suffisamment deacutemontreacutes scientifiquement dans une situation donneacutee lrsquoincertitude doit mener agrave la prudence pour le patient et surtout pour le meacutedecin dans les conseils qursquoil prodigue au vu lrsquoengagement de sa responsabiliteacute Les conseacutequences envisageables de meacutedicaments soumis agrave ordonnance sur la santeacute et les conseacutequences patrimoniales pour le patient (les conditions de remboursement drsquoun meacutedicament prescrit hors eacutetiquette eacutetant strictes146) doivent reacuteguler des utilisations trop laquo fantaisistes raquo de meacutedicaments Troisiegravemement le principe drsquoeacuteconomie mentionneacute agrave lrsquoart 6 al 1 let h LPMeacuted et dans drsquoautres lois pose une restriction de principe agrave la fourniture de prestations qui ne sont pas efficaces adeacutequates et eacuteconomiques

(3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)

La LPTh limite les possibiliteacutes de faire de la publiciteacute pour les meacutedicaments147 Son article 31 pose le principe que la publiciteacute destineacutee au public ne peut ecirctre faite que pour des meacutedicaments non soumis agrave ordonnance Une publiciteacute pour les autres meacutedicaments ne peut ecirctre adresseacutee qursquoaux personnes autoriseacutees agrave prescrire et 145 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1215 146 Voir ci-dessous p 42 147 Selon lrsquoart 2 al 1 OPMed la publiciteacute se deacutefinit comme laquo toute forme drsquoinformation de prospection ou drsquoincitation qui vise agrave encourager la prescription la remise la vente la consommation ou lrsquoutilisation de meacutedicaments raquo

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remettre des meacutedicaments148 Lrsquoart 32 LPTh pose encore des conditions strictes dans lesquelles les publiciteacutes pour meacutedicaments sont autoriseacutees Suivant cette disposition est illicite a la publiciteacute trompeuse ou contraire agrave lrsquoordre public et aux bonnes moeurs b la publiciteacute pouvant inciter agrave un usage excessif abusif ou inapproprieacute de meacutedicaments c la publiciteacute pour les meacutedicaments qui ne peuvent ecirctre mis sur le marcheacute en Suisse Est illicite la publiciteacute destineacutee au public pour les meacutedicaments a qui ne peuvent ecirctre remis que sur ordonnance b qui contiennent des stupeacutefiants ou des substances psychotropes viseacutes par la loi du 3 octobre 1951 sur les stupeacutefiants1 c qui du fait de leur composition et de lrsquousage auquel ils sont destineacutes ne peuvent ecirctre utiliseacutes pour le diagnostic la prescription ni le traitement correspondant sans lrsquointervention drsquoun meacutedecin d qui font freacutequemment lrsquoobjet drsquoun usage abusif ou qui peuvent engendrer une accoutumance ou une deacutependance Selon le TF laquo [l]a publiciteacute destineacutee aux professionnels (publiciteacute pour des produits theacuterapeutiques adresseacutee aux personnes qui les remettent ou les prescrivent) ne doit pas inciter agrave un emploi abusif ou inapproprieacute des produits theacuterapeutiques Une autorisation de publiciteacute pour des applications qui ne sont pas autoriseacutees sous langle du droit des produits theacuterapeutiques serait contraire aux principes de la protection de la santeacute et de celle des consommateurs ainsi quau principe de lutilisation modeacutereacutee des produits theacuterapeutiques raquo149 Lrsquoordonnance sur la publiciteacute pour les meacutedicaments ajoute entre autres les eacuteleacutements suivants

bull la publiciteacute tant destineacutee aux professionnels qursquoau public doit se limiter aux indications et aux possibiliteacutes drsquoemploi reconnues par lrsquoinstitut (art 5 al 1 et 16 al 1 OPMeacuted)

bull La publiciteacute destineacutee au public doit preacutesenter le meacutedicament de faccedilon veacuteridique et sans exageacuteration que ce soit par lrsquoimage le son ou la parole (art 16 al 2 OPMeacuted)

bull la publiciteacute destineacutee au public pour des indications ou des possibiliteacutes drsquoemploi neacutecessitant un diagnostic ou un traitement meacutedical ou veacuteteacuterinaire est illicite (art 21 al 1 OPMeacuted)

bull les eacuteleacutements qui suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre ameacutelioreacute par lrsquoutilisation du meacutedicament sont interdits (art 22 let d OPMeacuted)

bull suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre affecteacute par la non-utilisation du meacutedicament (art 22 let e OPMeacuted)

148 Les personnes autoriseacutees agrave remettre des meacutedicaments sont eacutenumeacutereacutees aux art 24 ss LPTh Lrsquoart 3 OPMeacuted preacutecise que cette disposition les meacutedecins dentistes veacuteteacuterinaires pharmaciens et droguistes 149 Topamax Bundesgericht vom 1 Oktober 2008 Unzulaumlssige Bewerbung nicht genehmigter Arzneimittelanwendungen II oumlffentlichrechtliche Abteilung Abweisung der Beschwerde Akten-Nr 2C9320088 in sic 2009 p 93 ss p 93

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Les deux derniers eacuteleacutements mentionneacutes sont clairs toute publiciteacute pour des meacutedicaments pour un usage de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est interdite en Suisse

(4) Interdiction du dopage Lrsquoentreacutee en vigueur de la LPTh srsquoest accompagneacutee drsquoune modification de la Loi encourageant la gymnastique et les sports150 par lrsquoadjonction drsquoun nouveau chapitre Vb sur les mesures contre le dopage (art 11b agrave 11f) En particulier lrsquoart 11d interdit laquo a de fabriquer drsquoimporter drsquoacqueacuterir pour des tiers de distribuer de prescrire et de remettre des produits destineacutes au dopage b drsquoappliquer des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Eleacutement important lrsquoart 11f introduit des sanctions peacutenales pour toute personne qui contribue au dopage en particulier qui laquo fabrique importe acquiert pour des tiers distribue prescrit ou remet des produits dopants ou applique des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Cette disposition vise directement les professionnels de la santeacute qui pourraient participer agrave des activiteacutes dopantes Ces dispositions leacutegales sont compleacuteteacutees par deux ordonnances

bull - ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et meacutethodes de dopage (Ordonnance sur les produits dopants)

bull - ordonnance du 17 octobre 2001 sur les exigences minimales agrave respecter lors des controcircles antidopage (Ordonnance sur les controcircles antidopage)

Lrsquoart 2 de lrsquoordonnance sur les produits dopants offre la deacutefinition leacutegale du dopage agrave savoir laquo lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo On constatera que cette deacutefinition rejoint celle consacreacutee dans la Convention internationale contre le dopage dans le sport151 elle-mecircme reprenant les principes du code mondial antidopage La Suisse participe ainsi aux efforts internationaux en matiegravere de lutte contre le dopage dont la tendance est de se renforcer On notera que les objectifs de cette lutte sont multiples Il srsquoagit de garantir le fair-play dans le sport en preacuteservant ainsi lrsquoimage positive de cette activiteacute et de proteacuteger la santeacute des athlegravetes Non seulement la santeacute des sportifs qui se dopent prenant ainsi des risques seacuterieux mais eacutegalement celles des autres athlegravetes qui dans un environnement ougrave de nombreux sportifs seraient dopeacutes nrsquoauraient pas drsquoautre choix que de se doper eux-mecircmes pour maintenir leur performance Paradoxalement il nrsquoy a pas lieu de srsquoeacutetendre dans ce rapport sur la question de la lutte antidopage dans la mesure ougrave lrsquoengagement des gouvernements et des autoriteacutes semble clair De telles pratiques ne semblent pas devoir ecirctre autoriseacutees dans les anneacutees agrave venir bien au contraire Sous lrsquoangle du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo la condamnation du dopage dans le sport est largement partageacutee au niveau international La Suisse vient drsquoailleurs de se doter drsquoun organisme adhoc pour respecter ses engagements internationaux la fondation laquo Antidopage 150 RS 4150 151 RS 08121222

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Suisse raquo152 Cette fondation est en charge de mener des campagnes de preacutevention et drsquoinformation mais aussi drsquoorganiser les controcircles antidopage des sportifs concerneacutes A ce propos il convient toutefois de souligner qursquoils ne touchent que les sportifs drsquoeacutelite dans le monde amateur ou professionnel La question reste ouverte dans les autres domaines drsquoougrave lrsquoimportance des normes analyseacutees dans le reste de ce rapport qui srsquoappliquent agrave tous et pas seulement dans le milieu du sport drsquoeacutelite Il srsquoagit lagrave sans doute drsquoune des grandes faiblesses de la lutte antidopage qui srsquoexplique en partie peut-ecirctre par le fait que la prioriteacute dans ce domaine est davantage la protection de lrsquoimage du sport que la protection de la santeacute des athlegravetes153

iii) Stupeacutefiants

La loi feacutedeacuterale sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes (LStup) eacutetablit un controcircle desdites substances en Suisse154 laquo La LStup reacuteglemente lrsquousage meacutedical des substances psychotropes et interdit en mecircme temps la production le commerce la deacutetention et la consommation de drogues agrave des fins non meacutedicales raquo155 Dans la regravegle La LStup interdit sous peine de sanctions peacutenales tout usage sans droit de stupeacutefiants dont la consommation la vente la production la culture le trafic lrsquoachat etc156 De nombreux produits potentiellement utilisables dans le domaine du deacuteveloppement humain et du dopage sont des stupeacutefiants au sens de la LStup citons par exemple les ampheacutetamines meacutethampheacutetamines cocaiumlne MDMA etc157 Preacutecisons drsquoembleacutee que selon lrsquoart 1 al 1bis LStup la loi sur les produits theacuterapeutiques srsquoapplique aux stupeacutefiants utiliseacutes comme produits theacuterapeutiques sauf si elle ne preacutevoit pas de reacuteglementation ou que sa reacuteglementation est moins eacutetendue La LStup soumet la fabrication la dispensation lrsquoacquisition et lrsquoutilisation de stupeacutefiants agrave des regravegles et une proceacutedure drsquoautorisation strictes des exceptions eacutetant preacutevues pour les meacutedecins utilisant ces produits dans le cadre de leur profession En geacuteneacuteral ces actions ne sont autoriseacutees qursquoagrave des fins meacutedicales les autorisations nrsquoeacutetant remises qursquoagrave des prestataires de soins meacutedicaux ou des entreprises de lrsquoindustrie pharmaceutique158

152 httpwwwantidopingchfrindexphp 153 Cf OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 154 Sur la deacutefinition des produits stupeacutefiants voir art 1 LStup qui mentionne laquo les substances et les preacuteparations ayant des effets du type morphinique cocaiumlnique et cannabique et qui engendrent la deacutependance (toxicomanie) raquo Pour une autre deacutefinition THOMAS FINGERHUTH CHRISTOF TSCHURR BetmG Kommentar com ad Art 1 p 60 laquo Als ldquoBetaumlubungsmittelldquo iSv Art 1 BetmG koumlnnen ganz allgemein natuumlrliche oder synthetische Stoffe und Praumlparate (= Zubereitungen) bezeichnet werden deren Gebrauch eine physische undoder psychische Abhaumlngigkeit erzeugen kann raquo La liste de tous les stupeacutefiants se trouve dans lrsquoOrdonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes et ses appendices 155 SIMONE LEDERMANN FRITZ SAGER La politique suisse en matiegravere de drogue Troisiegraveme programme de mesures de la confeacutedeacuteration en vue de reacuteduire les problegravemes de drogue (ProMeDro III) 2006-2011 p 33 156 Art 19 et 19a LStup 157 Ces substances sont inclues dans la liste des stupeacutefiants de lrsquoappendice a de lrsquoordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes 158 Voir par exemple les art 4 et 8 al 5 LStup

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iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels

(1) Denreacutees alimentaires Si le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo peut impliquer lrsquousage de meacutedicaments les denreacutees alimentaires et objets usuels peuvent eacutegalement jouer un rocircle dans ce cadre En effet on voit de plus en plus drsquoaliments fonctionnels (alicaments ou laquo nutraceuticals raquo) ayant des vertus de laquo santeacute raquo voire de deacuteveloppement humain Les denreacutees alimentaires sont deacutefinies comme eacutetant les produits nutritionnels destineacutes agrave la constitution et agrave lrsquoentretien de lrsquoorganisme humain qui ne sont pas procircneacutes comme meacutedicaments En application de lrsquoart 3 al 2 LDAI le fournisseur drsquoun produit peut deacutecider srsquoil souhaite vendre son produit comme denreacutee alimentaire respectivement objet usuel ou comme meacutedicament laquo [U]ne marchandise eacutechappe au controcircle des denreacutees alimentaires lorsquelle est procircneacutee ou vendue comme un meacutedicament mecircme si de par ses autres proprieacuteteacutes elle est au fond une laquodenreacutee alimentaireraquo et consommeacutee comme telle raquo159 Cette solution est logique vu que la proceacutedure drsquoautorisation de mise sur le marcheacute drsquoun meacutedicament est plus contraignante que la mise sur le marcheacute drsquoun aliment Le Message relatif agrave la LPTh preacutecise encore que laquo [l]a proceacutedure dannonce que linstitut peut preacutevoir pour certains meacutedicaments ou certaines cateacutegories de meacutedicaments apporte encore une plus grande simplification Elle vaudra pour les produits situeacutes dans la zone grise entre les meacutedicaments et les denreacutees alimentaires comme les tisanes ou les bonbons contre la toux ou les meacutedicaments homeacuteopathiques sans indication meacutedicale et visera uniquement agrave permettre un controcircle des preacuteparations en question notamment de leur qualiteacute dans le cadre de la surveillance du marcheacute par exemple raquo160 Les questions qui se posent dans ce contexte sont celles lieacutees agrave la mise sur le marcheacute de tels produits et agrave la publiciteacute qui en est faite Rappelons que les buts fondamentaux de la LDAI sont la protection de la santeacute des consommateurs et la protection contre les tromperies en particulier en lien avec les progregraves scientifiques et lrsquoeacutevolution des marcheacutes concerneacutes La mise sur le marcheacute des denreacutees alimentaires deacutepend de la cateacutegorie dans laquelle entre le produit nutritionnel traiteacute Les denreacutees alimentaires speacutecifieacutees (dont la liste est inscrite agrave lrsquoart 4 ODAIOUs) sont admises laquo Un produit ne peut ecirctre commercialiseacute comme aliment sans autorisation de lOFSP que sil satisfait aux exigences de la leacutegislation alimentaire et sil est deacutefini dans une ordonnance speacutecifique du produit raquo161 A lrsquoinverse les denreacutees alimentaires non speacutecifieacutees sont interdites sauf autorisation individuelle de lrsquoOFSP Les critegraveres importants pour lrsquoautorisation sont la composition lrsquousage preacutevu et lrsquoeacutetiquetage du produit Lrsquoautorisation peut ecirctre soumise agrave la condition que le requeacuterant prouve que le produit demandeacute est inoffensif162 Enfin les microorganismes et substances eacutetrangegraveres doivent se trouver dans les quantiteacutes les plus faibles possibles dans les produits

159 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 160 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 161 Informations tireacutees du site de lrsquoOFSP httpwwwbagadminchthemenlebensmittel048580486204875indexhtmllang=fr 162 Art 5 et 6 OADIOUs

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nutritifs en application du principe laquo aussi peu que possible aussi souvent que neacutecessaire raquo163 Il existe une cateacutegorie particuliegravere de denreacutees alimentaires deacutesigneacutee par lrsquoexpression laquo aliments speacuteciaux raquo Les aliments speacuteciaux sont des denreacutees alimentaires destineacutees agrave une alimentation particuliegravere qui du fait de leur composition ou drsquoun proceacutedeacute de fabrication speacuteciale soit reacutepondent aux besoins nutritionnels des personnes qui pour des motifs de santeacute doivent srsquoalimenter de maniegravere diffeacuterente soit contribuent agrave produire des effets nutritionnels ou physiologiques deacutetermineacutes164 Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux mentionne les aliments suivants

bull les denreacutees alimentaires pauvres en lactose ou exemptes de lactose (art 5) bull les succeacutedaneacutes du sel comestible et les sels dieacuteteacutetiques (art 7) bull les denreacutees alimentaires pauvres en proteacuteines (art 8) bull les denreacutees alimentaires exemptes de gluten (art 9) bull les denreacutees alimentaires pouvant ecirctre consommeacutees par les diabeacutetiques

(art 13) bull les denreacutees alimentaires de substitution pour le controcircle du poids (art

16) bull les preacuteparations pour nourrissons (art 17) bull les preacuteparations de suite (art 18) bull les preacuteparations agrave base de ceacutereacuteales et autres aliments pour nourrissons et

enfants en bas acircge (art 19) bull les aliments destineacutes aux personnes ayant besoin drsquoun apport

eacutenergeacutetique ou nutritionnel accru (art 20) bull les aliments dieacuteteacutetiques destineacutes agrave des fins meacutedicales speacuteciales (art 20a) bull les aliments contenant de lrsquoextrait de malt (art 21) bull les compleacutements alimentaires (art 22) bull les levures alimentaires (art 22a) bull les micro-algues et les algues rouges calcaires (maeumlrl) (art 22b) bull les boissons speacuteciales contenant de la cafeacuteine (art 23)

Dans la regravegle les aliments speacuteciaux doivent se distinguer nettement des denreacutees alimentaires ordinaires (produits ordinaires) par leur composition et leur proceacutedeacute de fabrication et ils doivent satisfaire aux mecircmes exigences que les produits ordinaires correspondants agrave moins que leur destination particuliegravere ne requiegravere des deacuterogations165 Concernant la publiciteacute et lrsquoinformation lrsquoart 18 LDAI pose les deux regravegles suivantes la qualiteacute procircneacutee ainsi que toutes les autres indications sur une denreacutee alimentaire doivent ecirctre conformes agrave la reacutealiteacute et la publiciteacute pour les denreacutees alimentaires ainsi que leur preacutesentation et leur emballage ne doivent pas tromper le consommateur Lrsquoal 3 preacutecise que sont trompeuses les indications et les preacutesentations propres agrave susciter chez le consommateur de fausses ideacutees sur les effets speacuteciaux drsquoun aliment

163 Rapport explicatif relatif agrave la modification de la loi feacutedeacuterale sur les denreacutees alimentaires et les objets usuels p 15 164 Art 2 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux 165 Art 3 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux

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(2) Objets usuels Les objets usuels qui nous inteacuteressent dans cette eacutetude sont principalement les produits de soins corporels et cosmeacutetiques dont les producteurs vantent les vertus drsquoameacutelioration estheacutetiques Dans la regravegle lors de leur emploi conforme agrave leur destination ou habituellement preacutesumeacute les objets usuels ne doivent pas mettre la santeacute en danger Lrsquoart 31 ODAIOUs dispose encore que toute mention attribuant aux objets usuels des proprieacuteteacutes curatives leacutenitives ou preacuteventives (p ex des proprieacuteteacutes meacutedicinales ou theacuterapeutiques des effets deacutesinfectants ou anti-inflammatoires des recommandations drsquoun membre du corps meacutedical) est interdite Selon lrsquoart 40 ODAIOUs le DFI fixe a les exigences auxquelles doivent satisfaire les couleurs pour le tatouage et le maquillage permanent ainsi que leur eacutetiquetage b les exigences auxquelles doivent satisfaire les appareils et instruments utiliseacutes pour le piercing le tatouage et le maquillage permanent Il srsquoavegravere donc eacutegalement essentiel en matiegravere drsquoobjets usuels de proteacuteger la santeacute des consommateurs en eacutevitant toute confusion avec des meacutedicaments ou dispositifs meacutedicaux destineacutes agrave traiter ou preacutevenir des maladies

e) Droit du travail

Nous avons vu ci-dessus qursquoen principe un employeur ne peut exiger drsquoun employeacute une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique ni utiliser les reacutesultats drsquoune telle analyse166 De faccedilon plus geacuteneacuterale se posent de nombreuses questions en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et les relations de travail La performance eacutetant le plus souvent ce que recherche un employeur chez son employeacute la tentation peut ecirctre forte de seacutelectionner des employeacutes ayant ameacutelioreacutes leurs aptitudes ou drsquoaccroitre les aptitudes drsquoemployeacutes par des moyens artificiels Se pose alors la question de la protection du travailleur et de ses limites

i) Protection du travailleur

(1) En geacuteneacuteral Lrsquoart 328 du Code des Obligations preacutevoit la protection de la personnaliteacute du travailleur167 Selon cette disposition lrsquoemployeur doit entre autres proteacuteger la personnaliteacute la santeacute et lrsquointeacutegriteacute physique du travailleur168 Pour ce faire il doit prendre toutes les mesures que lrsquoon peut eacutequitablement exiger de lui Les art 6 LTr et 82 LAA obligent eacutegalement les employeurs agrave prendre les mesures neacutecessaires et

166 VINCENT CORPATAUX en lien avec lrsquoarrecirct ougrave le TF a retenu que des mesures de protection accrues eacutetaient requises pour proteacuteger la santeacute drsquoun employeacute allergique agrave la fumeacutee passive preacutecise que laquo la LAGH ne permettant qursquoexceptionnellement agrave un employeur de recruter ses employeacutes sur la base drsquoune analyse de leurs caracteacuteristiques geacuteneacutetiques (art 21 ss) un devoir accru de protection pourra ecirctre attendu de sa part dans des cas potentiellement nombreux raquo VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 75 167 Cette disposition concreacutetise les principes geacuteneacuteraux de protection de la personnaliteacute de lrsquoart 28 CC agrave la relation employeur ndash employeacute 168 Font partie des valeurs proteacutegeacutees la vie et lrsquointeacutegriteacute corporelle la santeacute physique et psychique lrsquointeacutegriteacute morale et la consideacuteration sociale la jouissance des liberteacutes individuelles et la sphegravere priveacutee JEAN-BERNARD WEBER Travail et protection de la personnaliteacute in Plaumldoyer 22002 p 46 ss p 47

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raisonnables afin de proteacuteger les employeacutes des maladies et accidents professionnels En application de cette disposition de principe lrsquoemployeur doit prendre toutes les mesures pour que lrsquoenvironnement et les conditions de travail de lrsquoemployeacute sauvegardent sa santeacute et sa personnaliteacute169 Les maladies professionnelles ainsi que toute autre atteinte de lrsquoemployeacute reacutesultant de lrsquoexercice de sa profession sont concerneacutees170 Traditionnellement les regravegles sur la protection de la santeacute des travailleurs ont eacuteteacute conccedilues en lien avec les maladies professionnelles et les accidents du travail Mais laquo la perspective srsquoest eacutelargie depuis une quinzaine drsquoanneacutees agrave la protection de la santeacute psychique des travailleurs raquo171

ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute

Dans le cadre de la protection du travailleur les limites doivent ecirctre poseacutees concernant ce que lrsquoemployeur peut demander ou imposer agrave ses employeacutes En lien avec le deacuteveloppement humain artificiel la question se pose de connaicirctre ces limites concernant les modifications et ameacuteliorations estheacutetiques et de performances (cognitives et physiques) De faccedilon geacuteneacuterale et sauf exceptions un employeur ne peut pas seacutelectionner les employeacutes plus reacutesistants dans le but qursquoils contractent moins vite voire pas du tout de maladies professionnelles mais doit au contraire adapter les conditions et lrsquoenvironnement de travail agrave la protection de la santeacute des employeacutes dans leur ensemble172 Au vu de cet eacuteleacutement un employeur ne peut a fortiori pas demander ou exiger drsquoun employeacute qursquoil emploie des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo comme par exemple la prise de ritaline Plus avant lrsquoemployeur a eacutegalement des obligations positives de preacutevention

iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Si lrsquoemployeur ne peut pas laquo ameacuteliorer raquo ses employeacutes pas les moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo il doit en plus prendre toutes les mesures raisonnablement exigibles pour que ses employeacutes ne soient pas contraints de facto agrave utiliser ces techniques pour pouvoir remplir leurs obligations Dans un arrecirct 4C242005 du 17 octobre 2005 le Tribunal feacutedeacuteral a condamneacute un employeur agrave payer une indemniteacute pour tort moral drsquoun montant de CHF 10000- agrave une employeacutee placeacutee dans une situation contraignante par son employeur Si en lrsquoespegravece lrsquoemployeacutee nrsquoa pas eacuteteacute victime de mobbing le fait que son employeur la contraigne agrave devoir effectuer une quantiteacute de travail propre agrave nuire agrave sa santeacute psychique a eacuteteacute consideacutereacute comme une violation de ses droits173

169 Arrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 170 VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 74 s 171 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 102 Sur le mecircme thegraveme voir WOLFGANG PORTMANN Stresshaftung im Arbeitsverhaumlltnis Erfolgreiche Stresshaftungsklagen gegen Arbeitgeber in der Schweiz und in anderen europaumlischen Laumlndern in ARV 2008 p 1-13 172 Message LAGH FF 2002 6841 p 6906 ss 173 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 4C242005 du 17 octobre 2005 consideacuterant 7

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On peut en deacuteduire qursquoun employeur ne peut exercer une trop forte pression sur ses employeacutes de faccedilon geacuteneacuterale par exemple en les astreignant agrave une charge de travail extrecircmement eacuteleveacutee nuisant agrave leur santeacute Les conditions de travail (charge de travail deacutelais horaires de travail etc) doivent pouvoir permettre aux employeacutes drsquoexercer leur emploi sans recours agrave des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans le mecircme sens selon DUNAND laquo [l]es conditions de travail doivent ecirctre adapteacutees aux capaciteacutes de lrsquoecirctre humain Lrsquoemployeur offrira aux travailleurs un climat de travail qui exclut toute atteinte agrave leur santeacute psychique Le travail sera organiseacute de maniegravere agrave eacuteviter un stress inutile ou un eacutepuisement professionnel raquo174 Pour le mecircme auteur laquo il appartient agrave lrsquoemployeur de mettre sur pied un systegraveme drsquoorganisation rationnel et respectueux qui permette drsquoeacuteviter une mise sous pression excessive des employeacutes raquo175 Le fait que dans certains milieux professionnels des comportements se rapprochant de ceux du dopage soient toleacutereacutes voire encourageacutes ne deacutedouane pas les employeurs de leurs obligations Il est vrai neacuteanmoins que rares sont ceux qui osent porter plainte dans ces conditions Il relegraveve alors de la responsabiliteacute du meacutedecin du travail srsquoil en existe de mettre en garde le travailleur sur les risques qursquoil encourt mais aussi drsquoavertir lrsquoemployeur des mesures agrave prendre pour corriger la situation

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal

La question qui se pose concernant les assurances de soins est la prise en charge de traitements entrant dans la cateacutegorie du deacuteveloppement humain artificiel Dans la regravegle lrsquoassurance-accidents couvre les frais meacutedicaux conseacutecutifs agrave un accident professionnel ou non professionnel176 laquo Le but du traitement meacutedical est deacuteliminer de la maniegravere la plus complegravete possible les atteintes physiques ou psychiques agrave la santeacute raquo177 Lrsquoart 54 LAA pose la limite suivante ceux qui pratiquent aux frais de lrsquoassurance-accidents doivent se limiter agrave ce qui est exigeacute par le but du traitement Lrsquoassurance-accidents ne couvre donc en principe pas de prestations relevant du deacuteveloppement humain artificiel son but fondamental eacutetant de prendre en charge les coucircts des theacuterapies conseacutecutives aux accidents Parmi les prestations preacutevues par la LAMal lrsquoart 25 mentionne les meacutedicaments prescrits par un meacutedecin dans la mesure ougrave ils servent agrave diagnostiquer ou agrave traiter une maladie et ses seacutequelles Lrsquoart 32 LAMal pose encore trois conditions au remboursement par lrsquoassureur-maladie obligatoire qui sont que les prestations doivent ecirctre efficaces approprieacutees et eacuteconomiques Lrsquoefficaciteacute doit ecirctre deacutemontreacutee scientifiquement Pour ecirctre rembourseacute un meacutedicament doit eacutegalement ecirctre inscrit sur la liste des speacutecialiteacutes de lrsquoOffice feacutedeacuteral de la santeacute publique178 Mais le remboursement de meacutedicaments par les caisses-maladie est soumis agrave diverses autres conditions dont celle de lrsquoutilisation conforme agrave lrsquoinformation professionnelle

174 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 175 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 176 Art 6 ss LAA 177 ATF 113 V 45 consid 4 178 Art 52 LAMal

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approuveacutee et publieacutee dans le Compendium suisse des meacutedicaments179 En conseacutequence un usage hors eacutetiquette nrsquoest en principe pas pris en charge Toutefois le TF a retenu deux exceptions pour lesquelles une telle utilisation peut ecirctre rembourseacutee180 La premiegravere est que la prescription hors eacutetiquette du meacutedicament constitue une condition essentielle agrave la poursuite drsquoune prestation prise en charge par lrsquoassurance obligatoire de soins181 La seconde est qursquoil srsquoagisse laquo de traiter une maladie qui pourrait ecirctre mortelle pour lrsquoassureacute ou impliquer des problegravemes de santeacute graves et chroniques qursquoil nrsquoexiste pas drsquoalternative theacuterapeutique et que le meacutedicament concerneacute preacutesente un important beacuteneacutefice theacuterapeutique raquo curatif ou palliatif182 Au vu de la jurisprudence traitant du remboursement de meacutedicaments utiliseacutes laquo hors eacutetiquette raquo force est de constater que lrsquousage de meacutedicaments soumis agrave ordonnance dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne remplit pas les conditions permettant leur remboursement par lrsquoassurance obligatoire de soins Ces conditions ayant pour but de permettre au meacutedecin de soigner au mieux des maladies pour lesquelles les meacutedicaments efficaces nrsquoont pas eacuteteacute speacutecifiquement testeacutes aux fins de lrsquoautorisation par Swissmedic on voit mal comment il pourrait en aller autrement

179 Voir ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 180 ATF 130 V 503 BGE 130 V 544 ATF 131 V 349 181 ARIANE AYER Prise en charge des meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 et la jurisprudence citeacutee 182 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 43

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3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations

La notion de laquo human enhancement raquo ne dispose pas actuellement de deacutefinition commune et arrecircteacutee Aux fins de cette eacutetude nous avons degraves lors ducirc commencer par en deacutefinir les contours et deacuteterminer les activiteacutes concerneacutees Le premier constat auquel nous sommes arriveacutes est que ces activiteacutes ne se limitent pas au dopage agrave la chirurgie estheacutetique ou au laquo wellness raquo Nous avons alors choisi drsquoappreacutehender cette notion de faccedilon large en parlant de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo expression qui nous apparait plus adapteacutee pour circonscrire la notion eacutetudieacutee Partant il nous a fallu trouver les dispositions leacutegales pertinentes et analyser les regravegles qursquoelles posent agrave la lumiegravere de cet ensemble drsquoactiviteacutes Nous avons alors constateacute que de nombreux champs du droit sont concerneacutes et que chaque activiteacute concerneacutee est reacuteglementeacutee de faccedilon propre Le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo nrsquoest pas appreacutehendeacute en tant que tel par le droit et ne le sera probablement jamais au vu de lrsquoensemble des diffeacuterentes activiteacutes et professions concerneacutees Dans de nombreuses situations les reacuteglementations eacutetudieacutees nrsquoont drsquoailleurs pas eacuteteacute eacutetablies en tenant compte du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Neacuteanmoins le droit positif suisse nrsquoest pas deacutemuni face aux possibiliteacutes de creacuteer des laquo surhommes raquo et pose des limites dans tous les domaines concerneacutes que lrsquoon pense agrave lrsquousage de meacutedicaments par des personnes en bonne santeacute en vue de modifications corporelles individuelles et volontaires aux possibiliteacutes pour une entreprise de demander des rendements surhumains agrave ses employeacutes ou agrave lrsquousage priveacute drsquoanalyses geacuteneacutetiques En conclusion nous pouvons mentionner que le droit suisse actuel ne connait pas de lacune manifeste concernant le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans les diffeacuterents champs concerneacutes des limites claires semblent eacutetablies

bull Toute modification geacuteneacutetique volontaire ou positive drsquoenfants agrave naicirctre est prohibeacutee

bull Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine ne peut ecirctre utiliseacutee agrave des fins laquo reacutecreacuteatives raquo (par exemple pour deacuteterminer lrsquoaptitude drsquoun enfant agrave diffeacuterentes activiteacutes sportives) ou en vue de seacutelectionner des employeacutes

bull Le preacutelegravevement et la transplantation drsquoorganes en vue drsquoameacuteliorer les performances drsquoun corps sain sont pratiquement interdites En effet le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes ne peut ecirctre effectueacute qursquoagrave la condition que le receveur ne puisse pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode Aucun traitement nrsquoeacutetant requis dans le cadre de deacuteveloppement artificiel force est de constater qursquoun preacutelegravevement est prohibeacute Concernant lrsquoattribution lrsquoordre de prioriteacute des requeacuterants deacutepend de lrsquourgence meacutedicale avec pour conseacutequence qursquoune transplantation laquo ameacuteliorative raquo est leacutegalement inconcevable

bull Les possibiliteacutes drsquoeffectuer de la recherche en vue de creacuteer de nouvelles meacutethodes et de nouveaux produits de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont limiteacutees par la neacutecessaire peseacutee drsquointeacuterecircts entre les risques et les beacuteneacutefices escompteacutes en particulier lorsque ces recherche doivent ecirctre meneacutees sur des ecirctres humains ou des cellules souches embryonnaires

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bull Les meacutedecins et professionnels de la santeacute sont limiteacutes dans leur activiteacute par le respect des regravegles de lrsquoart En conseacutequence ils ne peuvent sans risquer drsquoengager leur responsabiliteacute utiliser des produits et proceacutedeacutes agrave des fins non autoriseacutees De telles autorisations sont elles limiteacutees par les critegraveres permettant de faire les recherches neacutecessaires agrave leur deacutelivrance

bull La mise sur la marcheacute de meacutedicaments agrave des fins ameacutelioratives ne servant ni agrave diagnostiquer ni agrave preacutevenir ni agrave traiter une maladie devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic

bull La prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments nrsquoest possible qursquoagrave des conditions strictes ne permettant pas drsquoy inclure a priori le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

bull Les regravegles de droit du travail obligent lrsquoemployeur agrave adapter les conditions de travail aux employeacutes (et non lrsquoinverse) et interdisent les conduites dopantes qursquoelles soient demandeacutees explicitement ou tacitement agrave travers des conditions de travail et des instructions les rendant neacutecessaire pour lrsquoemployeacute

bull Enfin les activiteacutes meacutedicales relevant du deacuteveloppement humain artificiel ne remplissent pas les conditions permettant une prise en charge par les assurances sociales que ce soit par exemple la LAA ou la LAMal

Si les aspects juridiques paraissent suffisamment clairs les questions drsquoeacutethique et de deacuteontologie meacutedicales doivent selon nous ecirctre aujourdrsquohui clarifieacutees afin drsquounifier les pratiques en particulier dans les cas limites difficiles agrave cateacutegoriser entre laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo theacuterapie ou preacutevention Enfin les personnes pratiquant les activiteacutes pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et le public ndash patient usager consommateur ndash doivent enfin ecirctre clairement informeacutes des regravegles existantes et des limites poseacutees aux modifications volontaires de lrsquoecirctre humain

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MICHAEL J SELGELID An argument against arguments for enhancement in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 12 JOHANNES SIEGRIST MICHAEL MARMOT Social inequalities in health Oxford 2006 DOMINIQUE SPRUMONT MARKUS TRUTMANN (eacuteds) La recherche avec les cellules souches un deacutefi Mais pour qui Rapport IDS Ndeg 3 2003 JEANINE-ANNE STIENNON PAUL SCHOTSMAN Tous dopes eacutethique de la meacutedecine drsquoameacutelioration Bruxelles 2008 CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin Frankfurt am Main 2009 ASTRID STUCKELBERGER Introduction to anti-ageing medicine in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 12 ss ASTRID STUCKELBERGER Anti-Ageing Medicine Myths and Chances Zurich 2008 RUUD TER MEULEN Will enhancement make us better Ethical reflections on the enhancement of human capacities by means of biomedical technologies in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 23 ss RUUD TER MEULEN The enhancement of human capacities by medical and biological technologies Will we be better off (Inaugural Address 29th of November 2006 Centre for Ethics in Medicine University of Bristol) DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse Zurich 2001 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft 2 Aufl Berne 2007 CHARLES M THIEBAULD PIERRE SPRUMONT (dir) Le sport apregraves 50 ans Bruxelles 2005 DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz Droit constitutionnel suisse Zurich 2001 RINIE VAN EST PIM KLAASSEN MIRJAM SCHUIJFF Future Man ndash No Future Man La Hague 2008 ADRIAN VON KAENEL Das neue Bundesgesetz uumlber genetische Untersuchungen beim Menschen (GUMG) Eine Uumlbersicht aus arbeitsrechtlicher Warte in ARV 2007 145 ss FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 ss RENEacute WIEDERKEHR Fairness als Verfassungsgrundsatz Thegravese drsquohabilitation Lucerne 2006 Berne 2006

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CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss CHRISTOPH WILLI Der informierte Patient ist der beste Patient Spannungsverhaumlltnis zwischen Werbung und Information fuumlr Arzneimittel und Medizinalprodukte benachteiligt Patienteninteressen in AJP 2008 159 ss ENITA A WILLIAMS Good Better Best The Human Quest for Enhancement Summary Report of an Invitational Workshop Convened by the Scientific Freedom Responsibility and Law Program American Association for the Advancement of Science June 1-2 2006 REMY WYLER (eacuted) Panorama en droit du travail Berne 2009 VLADIMIR M ZATSIORSKY (eacuted) Biomechanics in sport performance enhancement and injury prevention Oxford 2000 LEO ZONNEVELD (eacuted) Reshaping the Human Exploring Human Enhancement La Hague 2008

  • Table des matiegraveres
    • Introduction et contexte
    • 1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
      • a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration
      • b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo
        • i) Ameacuteliorations et modifications physiques
        • ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales
        • iii) Prolongation de la vie
        • iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo
        • v) Preacutevention primaire
          • c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo
            • i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain
            • ii) Les substances
              • d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                • 2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                  • a) Fondements constitutionnels
                    • i) Digniteacute humaine
                    • ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle
                    • iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations
                    • iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes
                    • v) Protection des consommatrices et consommateurs
                    • vi) Protection de la santeacute
                    • vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain
                    • viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain
                    • ix) Meacutedecine de la transplantation
                    • x) Recherche impliquant des ecirctres humains
                      • b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine
                        • i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee
                        • ii) Analyse geacuteneacutetique humaine
                        • iii) Meacutedecine de la transplantation
                        • iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires
                        • v) Recherche impliquant des ecirctres humains
                          • c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions
                            • i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)
                              • d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires
                                • i) Seacutecuriteacute des produits
                                • ii) Meacutedicaments
                                  • (1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo
                                  • (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance
                                  • (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)
                                  • (4) Interdiction du dopage
                                    • iii) Stupeacutefiants
                                    • iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels
                                      • (1) Denreacutees alimentaires
                                      • (2) Objets usuels
                                          • e) Droit du travail
                                            • i) Protection du travailleur
                                              • (1) En geacuteneacuteral
                                                • ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute
                                                • iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                                                  • f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal
                                                    • 3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations
                                                      • Bibliographie
Page 2: Le développement humain artificiel

Institut de droit de la santeacute Faculteacute de droit

Av du 1er-Mars 26 CH-2000 Neuchacirctel

Teacuteleacutephone +41 32 718 12 80 Fax +41 32 718 12 81 E-mail messagerieidsuninech httpwwwuninechids

Le deacuteveloppement humain artificiel communeacutement appeleacute laquo human enhancement raquo

Leacutegislation actuelle et besoins de reacuteglementation

Survol de la probleacutematique

Samuel Monbaron collaborateur scientifique Universiteacute de Neuchacirctel Dominique Sprumont Professeur Universiteacute de Neuchacirctel

Table des matiegraveres TABLE DES MATIERES 2

INTRODUCTION ET CONTEXTE 4 1) DEFINITIONS DELIMITATIONS ET MOYENS DU laquo DEVELOPPEMENT HUMAIN ARTIFICIEL raquo 5

a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration 5 b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo 8

i) Ameacuteliorations et modifications physiques 8 ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales 8 iii) Prolongation de la vie 9 iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo 9 v) Preacutevention primaire 9

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo 10 i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain 10 ii) Les substances 10

d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo 11

2) LA LEacuteGISLATION SUISSE ET LES ACTIVITEacuteS DE laquo DEacuteVELOPPEMENT HUMAIN ARTIFICIEL raquo 12

a) Fondements constitutionnels 12 i) Digniteacute humaine 12 ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle 13 iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations 14 iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes 15 v) Protection des consommatrices et consommateurs 15 vi) Protection de la santeacute 15 vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain 16 viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain 17 ix) Meacutedecine de la transplantation 17 x) Recherche impliquant des ecirctres humains 17

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine 18 i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee 18 ii) Analyse geacuteneacutetique humaine 19 iii) Meacutedecine de la transplantation 22 iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires 23 v) Recherche impliquant des ecirctres humains 24

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions 25 i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens) 25

d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires 29

i) Seacutecuriteacute des produits 29 ii) Meacutedicaments 30

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo 30 (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance 32 (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette) 34 (4) Interdiction du dopage 36

iii) Stupeacutefiants 37 iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels 38

(1) Denreacutees alimentaires 38 (2) Objets usuels 40

e) Droit du travail 40 i) Protection du travailleur 40

(1) En geacuteneacuteral 40 ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute 41 iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo 41

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal 42

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3) PISTES DE REacuteFLEXION ET PROPOSITIONS DE RECOMMANDATIONS 44 BIBLIOGRAPHIE 46

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Introduction et contexte

laquo Ce qui donne agrave un individu sa valeur geacuteneacutetique ce nest pas la qualiteacute propre de ses gegravenes Cest quil na pas la mecircme collection de gegravenes que les autres raquo1

La Commission nationale drsquoeacutethique (CNE) a deacutecideacute en 2009 de srsquoassocier agrave une eacutetude poursuivie par TA-Swiss en collaboration avec lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales (ASSM) et lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences sociales et humaines (ASSH) sur la probleacutematique du laquo human enhancement raquo Dans ce cadre la CNE a mandateacute lrsquoInstitut de droit de la santeacute repreacutesenteacute par le Professeur Dominique Sprumont afin de reacutealiser une analyse preacuteliminaire des questions juridiques souleveacutees par la meacutedecine ameacuteliorative (human enhancement) La preacutesente eacutetude juridique commissionneacutee par la CNE srsquointegravegre ainsi dans lrsquoeacutetude meneacutee par TA-Swiss et repreacutesente la contribution formelle de la commission agrave celle-ci Dans le cadre des travaux de TA-Swiss et sur la base des reacutesultats de la preacutesente eacutetude juridique la CNE deacutecidera de ses futurs travaux relatifs agrave ce sujet Lrsquoeacutetude porte principalement sur les bases leacutegales en vigueur et les lacunes juridiques eacuteventuelles dans les diffeacuterents domaines du laquo human enhancement raquo Elle offre un eacutetat des lieux en la matiegravere en droit suisse et dans la mesure du possible comprend des aspects de droit international et de droit compareacute Il convient de souligner que ce dernier point nrsquoa pas pu ecirctre approfondi autant que souhaiteacute la tacircche agrave accomplir srsquoeacutetant aveacutereacutee plus importante que preacutevue En effet une attention particuliegravere a eacuteteacute consacreacutee agrave preacuteciser la notion de laquo human enhancement raquo ce qui a abouti agrave adopter une nouvelle terminologie plus conforme agrave la probleacutematique abordeacutee La notion retenue deacutepasse largement la question du dopage ou de la chirurgie estheacutetique Il a ainsi fallu passer en revue davantage de lois qursquoinitialement preacutevu et traiter par exemple de question de droit du travail ou drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine Dans lrsquoensemble le rapport deacutefend une vision particuliegraverement large de la probleacutematique Il vise particuliegraverement agrave clarifier le deacutebat tout en proposant de nouvelles pistes de reacuteflexion Ce rapport se construit en trois parties Dans la premiegravere il est principalement question des notions de base et de la deacutelimitation du sujet Une attention particuliegravere a eacuteteacute porteacutee sur les choix terminologiques Il est ainsi proposeacute drsquoabandonner lrsquoexpression anglaise de laquo human enhancement raquo au profit de celle de laquo deacuteveloppement humain articificiel raquo La deuxiegraveme partie consiste en une revue aussi exhaustive que possible des diffeacuterentes leacutegislations qui contribuent directement ou indirectement agrave encadrer les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo agrave savoir (1) le droit constitutionnel particuliegraverement sous lrsquoangle des droits humains (2) les leacutegislations touchant agrave la meacutedecine et la digniteacute humaine de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee agrave la transplantation sans oublier lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine et la recherche (3) le droit pharmaceutique y compris les questions de dopage (4) le droit du travail et (5) certains aspects drsquoassurance sociale en particulier LAA et LAMal Enfin en troisiegraveme partie plusieurs pistes de reacuteflexion sont eacutevoqueacutees compte tenu des quelques reacutesultats obtenus de cette eacutetude preacuteliminaire Enfin le rapport comprend une bibliographie geacuteneacuterale illustrant si besoin est la complexiteacute de la probleacutematique

1 FRANCcedilOIS GROS FRANCcedilOIS JACOB PIERRE ROYER Sciences de la vie et socieacuteteacute Paris 1978

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1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration

Litteacuteralement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo peut se traduire par laquo ameacutelioration de lrsquoecirctre humain raquo2 Ainsi STOCK parle de laquo Verbesserung oder Erweiterung bestehender diagnostischer therapeutischer praumlventiver oder palliativer Moumlglichkeiten raquo3 De mecircme le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE deacutefinit comme suit le laquo human enhancement raquo laquo Medizinische oder biotechnologische Interventionen die darauf zielen Menschen in ihren Faumlhigkeiten oder in ihrer Gestalt in einer Weise zu veraumlndern die in den jeweiligen soziokulturellen Kontexten als Verbesserung wahrgenommen werden deren Zielsetzung nicht primaumlr therapeutischer oder praumlventiver Art ist raquo On notera que le Conseil feacutedeacuteral propose sa propre deacutefinition du laquo human enhancement raquo dans le message sur la loi relative agrave la recherche sur lrsquoecirctre humain Il utilise cette expression pour deacutesigner des projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques drsquoun fœtus sans rapport avec une maladie des projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement4 Cette notion ne se limite cependant pas a priori aux seules ameacuteliorations fondeacutees sur les techniques biomeacutedicales5 Lrsquouniteacute drsquoeacutevaluation des choix scientifiques et technologiques (STOA)6 du parlement europeacuteen a reacutecemment publieacute un rapport sur le sujet qui abonde dans ce sens Le concept de laquo human enhancement raquo retenu par le STOA est le suivant

laquo a modification aimed at improving individual human performance and brought about by science-based or technology-based interventions in the human body This definition includes ldquostrongrdquo second-stage forms of human enhancement with long-term effective or permanent results as well as ldquotemporaryrdquo enhancements Because it is not related to a specific definition of health this is a non-medical concept of human enhancement Moreover we distinguish between purely restorative non-enhancing therapies therapeutic enhancements and non-therapeutic enhancements raquo7

En partant de cette acception large du concept de laquo human enhancement raquo il est possible drsquoeacutetablir plusieurs cateacutegories drsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain qui srsquoy rattachent ainsi que de nombreuses meacutethodes qui visent agrave y parvenir A titre drsquoexemple le dopage les interventions de meacutedecine et de chirurgie estheacutetique (y compris drsquoantivieillissement) le maquillage permanent lrsquoeacutepilation deacutefinitive les

2 Selon divers dictionnaires (httpwwwlexilogoscomanglais_langue_dictionnaireshtm) laquo to enhance raquo se traduit par laquo mettre en valeur rehausser augmenter ameacuteliorer accroitre renforcer enrichir raquo 3 CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin p 39 s 4 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 5 Voir CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin Frankfurt am Main 2009 p 39 6 La laquo Science and Technology Options Assessment (STOA) raquo est lrsquouniteacute drsquoeacutevaluation des choix scientifiques et technologiques du parlement europeacuteen voir httpwwweuroparleuropaeustoadefault_enhtm 7 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study mai 2009 p 17 Dans le mecircme texte il est retenu que dans le domaine de la bioeacutethique meacutedicale le terme laquo enhancement raquo laquo characterize interventions designed to improve human form or functioning beyond what is necessary to sustain or restore good health raquo httpwwweuroparleuropaeustoapublicationsstudiesstoa2007-13_enpdf

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tatouages les piercings le branding et les scarifications sont autant de meacutethodes qui peuvent ecirctre rattacheacutees au laquo human enhancement raquo8 La distinction entre les interventions qui relegravevent de la theacuterapie ou des soins de celles qui peuvent ecirctre qualifieacutees plus strictement drsquoameacutelioratives srsquoavegraverent drsquoembleacutee difficile agrave tracer Le STOA a deacuteveloppeacute un tableau visant agrave diffeacuterencier les diffeacuterentes notions9

Il paraicirct eacutegalement inteacuteressant de mentionner les cateacutegories eacutetablies par Armin GRUNWALD dans le but de classer les diffeacuterentes activiteacutes biomeacutedicales agrave savoir

laquo 1 Healing as the removal of individual deficits relative to recognized standards of an average healthy human being 2 Doping as an increase in individual performance potential without there being any existing deficit in terms of (1) but in a measure that the performance achieved through it still appears as conceivably ldquonormalrdquo within the spectrum of usual human performance ndash either in sport or in normal life 3 Enhancement as an increase in performance going beyond abilities that are regarded as ldquonormallyrdquo achievable by humans who are healthy capable and ready to perform under optimal conditions 4 Alteration of human composition eg inventing new organs or bodily functions raquo10

Il deacutecoule de cette grille drsquoanalyse que le laquo human enhancement raquo relegraveve principalement des deuxiegraveme et troisiegraveme cateacutegories de GRUNWALD la quatriegraveme cateacutegorie restant actuellement hypotheacutetique Les notions de dopage de meacutedecine drsquoameacutelioration et de chirurgie et meacutedecine estheacutetique connexes et faisant partie de lrsquoensemble des activiteacutes du laquo human 8 Voir p ex CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 2 9 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 19 10 ARMIN GRUNWALD Human Enhancement ndash What does laquo enhancement raquo mean here Newsletter Akademie-Brief No 88 avril 2009 p 2

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enhancement raquo doivent encore ecirctre deacutefinies En droit suisse le dopage se deacutefinit comme laquo lrsquousage abusif de produits et de meacutethodes destineacutes agrave accroicirctre les performances physiques dans le sport raquo11 Il convient de le distinguer de la notion de conduite dopante connexe agrave celle de dopage laquo On parle de conduite dopante lorsqursquoune personne consomme certains produits pour affronter un obstacle reacuteel ou ressenti pour ameacuteliorer ses performances (compeacutetition sportive examen entretien drsquoembauche prise de parole en public situations professionnelles ou sociales difficiles) Dans le monde sportif cette pratique prend le nom de dopage raquo12 Le laquo human enhancement raquo se diffeacuterencie aussi de la meacutedecine ameacuteliorative qui peut se deacutefinir comme suit laquo [s]i les mesures theacuterapeutiques ont pour but le reacutetablissement de la santeacute du patient et le recouvrement de la norme physique et psychique les interventions drsquoameacutelioration peuvent ecirctre consideacutereacutees comme des interventions visant agrave modifier certaines particulariteacutes ou capaciteacutes drsquoun ecirctre humain pour qursquoelles soient supeacuterieures agrave cette norme raquo13 Ainsi la meacutedecine et la chirurgie estheacutetiques visent laquo die Verschoumlnerung bereits normaler Koumlrperformen raquo14 Dans un arrecirct de 1998 le tribunal cantonal vaudois a retenu que laquo les opeacuterations effectueacutees par le chirurgien estheacutetique ne preacutesentent ni urgence ni neacutecessiteacute absolue et quelles portent sur des organes sains dindividus geacuteneacuteralement en bonne santeacute raquo15 Le tribunal feacutedeacuteral preacutecise que font partie des mesures diagnostique ou theacuterapeutique prises en charge par les caisses-maladie16 les opeacuterations servant laquo non seulement agrave la gueacuterison proprement dite de la maladie ou des suites immeacutediates dun accident mais aussi agrave leacutelimination dautres atteintes secondaires dues agrave la maladie ou agrave un accident notamment en permettant de corriger des alteacuterations externes de certaines parties du corps - en particulier le visage - visibles et speacutecialement sensibles sur le plan estheacutetique aussi longtemps que subsiste une imperfection de ce genre due agrave la maladie ou agrave un accident ayant une certaine ampleur et agrave laquelle une opeacuteration de chirurgie estheacutetique peut remeacutedier lassurance doit prendre en charge cette intervention agrave condition quelle eucirct agrave reacutepondre eacutegalement des suites immeacutediates de laccident ou de la maladie et pour autant que fussent respecteacutees les limites usuelles ainsi que le caractegravere eacuteconomique du traitement raquo17 Ces eacuteleacutements fondent la distinction entre la chirurgie reconstructive et la chirurgie estheacutetique

11 Art 1 al 1 let h LGS Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DDPS concernant les produits et meacutethodes de dopage dispose que ldquoEst reacuteputeacutee dopage au sens de lrsquoart 1 let h de la loi lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo Selon le message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux laquo [d]rsquoapregraves la deacutefinition du Comiteacute international olympique (CIO) le dopage consiste agrave laquoutiliser intentionnellement ou non des substances appartenant agrave des classes interdites dagents pharmacologiques etou agrave utiliser diverses meacutethodes interdites raquo raquo FF 1999 3262 Voir eacutegalement FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 p 916 Selon lrsquoart 1 du code mondial anti dopage laquo [l]e dopage est deacutefini comme une ou plusieurs violations des regravegles antidopage eacutenonceacutees aux articles 21 agrave 28 du Code raquo Les art 21 agrave 28 du code mentionnent entre autre comme violation des regravegles antidopage la preacutesence de substances interdites dans lrsquoeacutechantillon drsquoun sportif lrsquousage ou la tentative drsquousage par un sportif drsquoune substance interdite ou drsquoune meacutethode interdite et la possession de substance ou meacutethode interdites 12 Mission interministeacuterielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie et Institut national de preacutevention et drsquoeacuteducation pour la santeacute (France) Drogues savoir plus risquer moins p 95 13 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 Dans le mecircme texte il est mentionneacute que laquo [l]e terme de laquomeacutedecine drsquoameacuteliorationraquo regroupe les interventions meacutedicales non theacuterapeutiques dont le but est la modification ou lrsquoameacutelioration de caracteacuteristiques non-pathologiques raquo Voir eacutegalement FRANK TH PETERMANN pour qui laquo Die klassiche Medizin geht von der Praumlmisse aus dass sie kurativ dh zur Heilung von Krankheiten oder wenn dies nicht mehr moumlglich ist palliativ also zur Linderung der daraus resultierenden Beschwerden da ist 31 Geht es um medizinische Interventionen die keinen therapeutischen Zweck haben sondern auf die Veraumlnderung oder Verbesserung nichtpathologischer Merkmale abzielen spricht man von Enhancement Medizin raquo Off Label Rechtliche Betrachtungen zum Off Label Use von Pharmazeutika in hill 2007 fachartikel n 2 sect 17 14 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 40 15 Tribunal Cantonal du Canton de Vaud 25021998 in SG 1998 Ndeg1323 p 7 16 Art 25 LAMal 17 ATF 121 V 119 p 121

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b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo

Comme il ressort de notre bregraveve introduction le laquo human enhancement raquo est une notion large ouverte et dont les frontiegraveres sont difficiles agrave circonscrire Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette difficulteacute La transplantation drsquoorganes sains agrave des personnes acircgeacutees dans le but de rallonger leur vie consiste-t-elle en une theacuterapie ou une ameacutelioration18 laquo Is it therapy to give growth hormone to a genetic dwarf but not to a short fellow who is just unhappy to be short raquo19 Si les limites sont difficiles agrave eacutetablir il est toutefois possible drsquoidentifier diverses meacutethodes permettant agrave des personnes en bonne santeacute de modifier des eacuteleacutements de leur corps Plusieurs de ces meacutethodes sont deacutecrites ci-dessous classeacutees en fonction du type de modification

i) Ameacuteliorations et modifications physiques

Par ameacuteliorations physiques nous entendons les modifications corporelles permettant un accroissement des performances ou une modification de lrsquoapparence agrave des fins estheacutetiques cette deuxiegraveme cateacutegorie incluant les modifications antivieillissement Dans cette cateacutegorie les meacutethodes suivantes sont prises en compte

bull Lrsquoadministration drsquoanabolisants (deacuteriveacutes de la testosteacuterone (nandrolone stanozolol etc) utiliseacutes par exemple dans la pratique du bodybuilding) ou drsquoautres substances prohibeacutees ou reacuteglementeacutees permettant un accroissement de la masse musculaire et ou lrsquoameacutelioration des performances (force explosiviteacute puissance endurance vitesse de reacutecupeacuteration etc)

bull Lrsquoadministration drsquohormones afin de modifier lrsquoapparence (p ex prise de pilules contraceptives par des hommes dans le but de ressembler agrave des femmes)

bull La chirurgie et la meacutedecine estheacutetiques (p ex augmentation mammaire injections de botox)

bull Les modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull La transplantation et la xeacutenotransplantation drsquoorganes bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Les tatouages le branding les scarifications et le maquillage permanent

(modifications de lrsquoapparence drsquoune surface deacutefinie de peau)

ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales20

Peuvent ecirctre consideacutereacutees comme ameacuteliorations intellectuelles et modifications mentales toutes les meacutethodes permettant une ameacutelioration des aptitudes cognitives de lrsquoattention et de la concentration de la meacutemoire ou encore une diminution de la fatigue du stress de lrsquoanxieacuteteacute etc Ce type de modifications passe par lrsquoutilisation des meacutethodes suivantes21

18 Exemple donneacute par NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 ss p 3 19 Beyond therapy biotechnology and the pursuit of happiness A Report by the Presidentrsquos Council on Bioethics p 16 20 Lrsquoeacuteventualiteacute de modifications morales nrsquoest pas traiteacutee dans la preacutesente eacutetude 21 Voir EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 26 ss p 30 s

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bull Administration de meacutedicaments ou autres substances (p ex antideacutepresseurs ritalin modafinil adderall aricept)

bull Modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull Stimulation ceacutereacutebrale profonde (introduction drsquoune eacutelectrode dans le cerveau

et envoi drsquoimpulsions eacutelectriques) bull Stimulation magneacutetique transcracircnienne (envoi drsquoune impulsion sur

lrsquoenceacutephale agrave travers le cracircne) bull laquo Prosthetic brain chips raquo22

iii) Prolongation de la vie

Parmi les buts du laquo human enhancement raquo nous trouvons le rallongement de la vie Il faut ici distinguer entre les maladies de la vieillesse dont fait par exemple partie le diabegravete de type 2 et laquo les manifestations deacutegeacuteneacuteratives lieacutees agrave lrsquoacircge raquo23 Les premiegraveres neacutecessitent un traitement qualifiable de theacuterapie ce type de traitement ne fait donc pas partie du laquo human enhancement raquo Le traitement des secondes peut faire partie du laquo human enhancement raquo en fonction des cas et la preacutevention des manifestations deacutegeacuteneacuteratives est un eacuteleacutement du laquo human enhancement raquo De faccedilon geacuteneacuterale les meacutethodes permettant agrave des personnes saines de lutter contre le vieillissement et de rallonger la dureacutee de leur vie sont abordeacutees ici

bull Transplantations drsquoorganes et xeacutenotransplantations bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Administration de meacutedicaments drsquohormones et autres substances bull Consommation de suppleacutements nutritionnels (acide folique antioxydants

laquo brainfood raquo etc)24

iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo

Lrsquoutilisation de meacutethodes du geacutenie geacuteneacutetique dans ce que les germanophones appellent le laquo Gen-Enhancement raquo poursuit le but de deacutevelopper certaines qualiteacutes chez lrsquoenfant25 Les principales meacutethodes utiliseacutees relegravevent des techniques de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et drsquoanalyse geacuteneacutetique et de la theacuterapie geacutenique

v) Preacutevention primaire

Si la distinction entre ameacutelioration et theacuterapie nrsquoest pas eacutevidente celle entre ameacutelioration et preacutevention lrsquoest encore moins En effet lrsquoinclusion des techniques drsquoameacutelioration dans la preacutevention deacutepend de la deacutefinition retenue de la notion de preacutevention et de la maniegravere de consideacuterer les techniques ayant un potentiel ameacutelioratif La preacutevention peut se deacutefinir comme laquo les mesures visant agrave reacuteduire la probabiliteacute agrave limiter ou agrave empecirccher lrsquoapparition drsquoune maladie ou drsquoun risque pour la santeacute et les conseacutequences neacutegatives drsquoune maladie raquo26 ou plus simplement comme laquo toutes les activiteacutes deacuteveloppeacutees par une personne pour eacuteviter et empecirccher

22 Aussi appeleacutes ldquoelectronic brain implantsrdquo 23 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 3 24 ASTRID STUCKELBERGER Anti-ageing Medicine Myths and Chances p 130 ss 25 Pour LORZ laquo [d]as Gen-Enhancement betrifft Verbesserungen der Erbsubstanz vor allem fuumlr die zukuumlnftige Generation raquo SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 43 26 Art 3 du projet de loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute

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lrsquoapparition drsquoune maladie raquo27 En comparant ces deacutefinitions de la preacutevention avec celles du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo on peut deacuteterminer un premier critegravere de distinction dans le fait que la preacutevention est en geacuteneacuteral en lien avec une maladie ou un problegraveme de santeacute28 alors que le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo se rattache aux performances ou agrave lrsquoapparence Dans ce sens la vaccination est une activiteacute se rapprochant plus de la preacutevention que du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Une meacutethode permettant drsquoameacuteliorer de faccedilon geacuteneacuterale le fonctionnement du systegraveme immunitaire drsquoune personne pourrait par contre ecirctre incluse dans les deux cateacutegories car elle permet drsquoeacuteviter lrsquoapparition de maladies deacutetermineacutees et constitue une ameacutelioration geacuteneacuterale de la reacutesistance du corps humain

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo

Lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain peut passer par de nombreuses et diverses meacutethodes En retenant un concept large du laquo human enhancement raquo la meacuteditation qui permet de reacuteduire le stress et lrsquoanxieacuteteacute ou les exercices permettant drsquoameacuteliorer sa meacutemoire pourraient ainsi y ecirctre inclus Nous ne prendrons cependant pas en compte les meacutethodes que lrsquoon peut cateacutegoriser sous la notion drsquoentraicircnement (qui regroupe des notions comme lrsquoentraicircnement sportif lrsquoentraicircnement cognitif etc) Elles ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme produit de la technique et nrsquoentrent donc pas dans le concept de laquo human enhancement raquo tel que retenu En effet nous ne traitons ici que du deacuteveloppement artificiel par opposition au deacuteveloppement dit naturel

i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain

Font partie des interventions sur lrsquoecirctre humain les interventions sur lrsquoadulte et lrsquoenfant ainsi que les interventions preacutenatales Lrsquointervention meacutedicale peut se deacutefinir comme laquo an act performed to prevent harm to a patient or to improve the mental emotional or physical function of a patient A physiologic process may be monitored or enhanced or a pathologic process may be arrested or controlled raquo29 Il srsquoagit notamment drsquointerventions chirurgicales

ii) Les substances

Diverses substances peuvent avoir un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisables dans un but de deacuteveloppement artificiel Lrsquoon pense particuliegraverement aux produits theacuterapeutiques (meacutedicaments) ndash favorisant le deacuteveloppement musculaire la concentration lrsquoendurance lrsquoexplosiviteacute lrsquoagressiviteacute etc - et aux aliments speacuteciaux ou alicaments ndash faibles en calories (favorisant la perte de poids) ayant un apport eacutenergeacutetique accru (en proteacuteine favorisant la prise de muscles) ayant un taux de cafeacuteine eacuteleveacute etc Tout produit ayant un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisable agrave des fins autres que la theacuterapie et les soins peut potentiellement avoir un usage dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

27 Deacutefinition de lrsquoInstitut suisse de preacutevention de lrsquoalcoolisme et des autres toxicomanies httpwwwsfa-ispachindexphpIDtheme=107ampIDcat48visible=1amplangue=F 28 Sur les diffeacuterentes cateacutegories de preacutevention voir Message relatif agrave la loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute FF 2009 6389 p 6447 ss 29 Mosbys Medical Dictionary 8th edition 2009 Pour drsquoautres deacutefinitions voir httpmedical-dictionarythefreedictionarycomintervention

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d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Il peut paraicirctre surprenant de construire un rapport juridique en franccedilais en partant drsquoune expression anglaise comme celle de laquo human enhancement raquo Il conviendrait en fait drsquoanalyser preacuteciseacutement et de maniegravere deacutetailleacutee qursquoelle est justement la notion que deacutesigne ladite expression Cette deacutemarche ayant aboutie il serait encore neacutecessaire drsquoexclure qursquoil nrsquoexiste pas drsquoeacutequivalent en franccedilais (ou en allemand) avant de conclure que seule lrsquoexpression anglaise doit ecirctre retenue Dans tous les cas il paraicirct raisonnable de rechercher si lrsquoobjet de ce rapport ne peut pas srsquoexprimer clairement en franccedilais respectivement en allemand avant de faire usage de termes anglais Drsquoautres motifs nous incitent agrave souhaiter une formulation franccedilaise Premiegraverement il existe de nombreuses acceptions de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo Mecircme en anglais la question de la terminologie nrsquoest de loin pas reacutesolue Reprendre sans autre reacuteflexion cette expression preacutesente le risque que chacun pense y retrouver sa propre notion contribuant ainsi agrave la confusion Il est donc neacutecessaire de clarifier et de deacuteterminer au mieux la notion qui sera analyseacutee dans ce travail Deuxiegravemement le droit est indissociable des langues dans lesquelles il srsquoapplique il convient dans ce cadre de maintenir une uniteacute linguistique entre lrsquoobjet traiteacute et les normes juridiques qui srsquoy reacutefeacuterent Une traduction dans la langue de lrsquoeacutetude srsquoavegravere degraves lors utile voire neacutecessaire Troisiegravemement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est en soi biaiseacutee dans la mesure ougrave elle veacutehicule lrsquoideacutee selon laquelle les meacutethodes qursquoelles recouvrent sont veacuteritablement ameacutelioratives sans preacuteciser pour autant la nature de cette ameacutelioration Le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE a bien senti le piegravege puisqursquoil introduit dans sa propre deacutefinition la notion de contexte socioculturel pour appreacutecier lrsquoameacutelioration rechercheacutee30 Il y a donc neacutecessiteacute de se distancier de lrsquoexpression consacreacutee de laquo human enhancement raquo dans la mesure ougrave elle conforte lrsquoideacutee drsquoune certaine ameacutelioration qui reste pourtant agrave deacutemontrer selon des critegraveres socio-culturellement partageacutes et dont le degreacute est encore agrave eacutevaluer La question nrsquoest plus ici seulement de traduction mais bien de deacutefinition Parler drsquoameacutelioration humaine ou de laquo corps augmenteacute raquo31 ne paraicirct pas correct mais plutocirct trompeur Il srsquoagit de trouver un terme neutre Nous proposons ainsi de retenir lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Premiegraverement le terme de deacuteveloppement peut se comprendre comme ameacutelioration mais il laisse ouverte la possibiliteacute que ce deacuteveloppement soit beacuteneacutefique ou non32 Dans son sens neacutegatif il pourrait donc aussi srsquoappliquer pour deacutesigner une alteacuteration de lrsquohomme Le principe est surtout drsquoexprimer la transformation le changement qui est apporteacute agrave lrsquohumain ces autres termes pouvant ici valoir comme synonymes Mais lrsquointeacuterecirct du terme de deacuteveloppement est de renvoyer ou rappeler lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement durable raquo Pour reprendre le rapport laquo Notre avenir agrave tous raquo de la Commission mondiale sur lenvironnement et le deacuteveloppement (Commission Brundtland) laquo le deacuteveloppement durable est un deacuteveloppement qui reacutepond aux

30 Voir plus haut pt 1a 31 Cette traduction quasi-litteacuterale de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est parfois utiliseacutee en franccedilais Citons Geacuterard Ayache Corps augmenteacute recircve bionique ou cauchemar protheacuteen disponible agrave la page httpwwwagoravoxfractualitestechnologiesarticlecorps-augmente-reve-bionique-ou-11710 et une confeacuterence donneacutee dans le cadre des manifestations culturelles de la bibliothegraveque cantonale et universitaire de Lausanne le 27 janvier 2009 intituleacutee laquo Le corps augmenteacute utopie drsquoaujourdrsquohui reacutealiteacute de demain raquo 32 Sur le lien entre les notions de laquo enhancement raquo et de deacuteveloppement voir ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34

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besoins du preacutesent sans compromettre la possibiliteacute pour les geacuteneacuterations agrave venir de pouvoir reacutepondre aux leurs raquo33 Cette expression implique une responsabiliteacute individuelle et collective marqueacutee sur la dureacutee pour appreacutecier les effets du deacuteveloppement qui pour ecirctre positif ne peut se limiter aux seules personnes directement concerneacutees mais doit ecirctre appreacutecieacute dans ses conseacutequences globales pour lrsquohumaniteacute et la planegravete Une ameacutelioration de telle performance drsquoun athlegravete ne constitue pas neacutecessairement un progregraves pour les hommes et doit donc ecirctre appreacutecieacute de maniegravere relative sous lrsquoangle du deacuteveloppement durable et humain Deuxiegravemement le deacuteveloppement dont il est question ici concerne directement lrsquohumain justement afin de le deacutelimiter par rapport au deacuteveloppement durable et agrave drsquoautres formes drsquoactiviteacutes Troisiegravemement la caracteacuteristique de ce deacuteveloppement humain est de se libeacuterer des regravegles de la nature drsquoecirctre directement et volontairement induit autrement dit drsquoecirctre artificiel Cet eacuteleacutement est important pour marquer la limite avec lrsquoensemble des facteurs ndash ou deacuteterminants ndash qui influencent notre santeacute et dont les effets se traduisent au fil des deacutecennies par un allongement de la dureacutee de vie moyenne de la population et une baisse des morbiditeacutes Nous vivons mieux et plus longtemps que nos anciens Mais les eacuteleacutements qui participent agrave cette eacutevolution eacutechappent pour la plupart agrave un controcircle direct des individus concerneacutes Il srsquoagit donc de bien distinguer ces eacuteleacutements de lrsquoeacutevolution de la socieacuteteacute de la meacutedecine ameacuteliorative et autres mesures de deacuteveloppement humain artificiel Nous retiendrons ainsi actuellement la deacutenomination de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo qui renvoie au concept de laquo deacuteveloppement durable raquo aujourdrsquohui appliqueacute tant en matiegravere drsquoenvironnement que drsquoeacuteconomie domaines eacutetroitement lieacutes agrave celui de deacuteveloppement humain comme il sera deacutemontreacute ci-dessous

2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Fondements constitutionnels

Plusieurs normes constitutionnelles influent directement sur les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo en Suisse Ces dispositions concernent entre autres la digniteacute humaine le droit agrave la vie et agrave la liberteacute personnelle lrsquoeacutegaliteacute la protection de la santeacute la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee le geacutenie geacuteneacutetique et la meacutedecine de la transplantation

i) Digniteacute humaine

Lrsquoart 7 Cst dispose que la digniteacute humaine doit ecirctre respecteacutee et proteacutegeacutee Ce droit fondamental agrave ecirctre traiteacute de maniegravere humaine et non deacutegradante est consideacutereacute comme un principe directeur concreacutetiseacute par les autres droits fondamentaux34 Parmi ceux-ci le droit agrave la liberteacute personnelle garantit entre autres le droit agrave la vie agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique Si laquo [l]a garantie de lrsquointeacutegriteacute physique protegravege

33 Notre avenir agrave tous Rapport de la commission mondiale sur lrsquoenvironnement et le deacuteveloppement du 10 mars 1987 Disponible dans sa version anglaise agrave la page httpwwwareadminchthemennachhaltig002660054000542indexhtmllang=fr 34 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 69 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 691 s ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 260 s p 121 s PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 139 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 PHILIPPE MASTRONARDI com ad art 7 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 77 s

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lrsquoindividu contre toute atteinte injustifieacutee (hellip) porteacutee au corps humain qursquoelle soit intentionnelle ou non grave ou leacutegegravere et quels qursquoen soient les motifs raquo35 elle ne creacutee pas ni ne protegravege un eacuteventuel droit drsquoameacuteliorer son corps ou de modifier lrsquoecirctre humain drsquoune autre maniegravere Il existe drsquoailleurs drsquoautres dispositions constitutionnelles restreignant les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo A ce propos laquo [l]ecirctre humain se distinguerait agrave la fois par son individualiteacute et par ses imperfections Le jauger selon une norme preacutetendue juste et deacutetermineacutee de maniegravere arbitraire et le manipuler geacuteneacutetiquement par rapport agrave cette norme constituerait une violation grave de sa digniteacute raquo36 Le clonage et la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides sont eacutegalement par leur nature mecircme contraire agrave la digniteacute humaine37 Si lrsquoEtat doit srsquoabstenir drsquoatteindre de faccedilon injustifieacutee agrave lrsquointeacutegriteacute physique et la proteacuteger la Constitution preacutevoit eacutegalement agrave son art 118 que la Confeacutedeacuteration prend des mesures pour proteacuteger la santeacute Cet eacuteleacutement sera traiteacute ci-apregraves

ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle

Lrsquoart 10 Cst feacuted garantit le droit agrave la vie agrave la liberteacute personnelle agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique et agrave la liberteacute de mouvement donc laquo toutes les liberteacutes eacuteleacutementaires dont lrsquoexercice est indispensable agrave lrsquoeacutepanouissement de la personne humaine raquo38 Le Tribunal feacutedeacuteral a retenu que les vaccinations obligatoires les opeacuterations chirurgicales lrsquoobligation pour les eacutelegraveves de suivre un controcircle et des soins dentaires obligatoires ou lrsquoadministration forceacutee de meacutedicaments dans une clinique psychiatrique constituent des atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute physique et donc agrave la liberteacute personnelle39 La liberteacute personnelle protegravege la personne contre les atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute psychique laquo qui tendraient par un moyen quelconque agrave restreindre ou agrave supprimer la faculteacute qui lui est propre drsquoappreacutecier une situation donneacutee et de se deacuteterminer drsquoapregraves cette appreacuteciation raquo40 Enfin lrsquoart 10 al 3 Cst feacuted interdit la torture et tout autre traitement ou peine cruels inhumains ou deacutegradants Une des reacutesultantes de lrsquoart 10 Cst feacuted en droit meacutedical est lrsquoexigence du consentement des patients pour tout acte meacutedical On retrouve son pendant en droit priveacute avec lrsquoart 28 CC Cela garantit le respect de la volonteacute du patient et lui donne ainsi le droit drsquoexercer son libre arbitre Cependant le consentement nrsquoest pas une condition suffisante pour justifier une atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle Encore faut-il qursquoelle soit conforme aux regravegles de lrsquoart autrement dit que cette intervention reacuteponde aux standards meacutedicaux compte tenu des besoins du patient Une meacutethode de laquo deacuteveloppement durable artificiel raquo devra ainsi non seulement ecirctre autoriseacutee par la personne concerneacutee Elle doit en outre respecter les regravegles de lrsquoart et la digniteacute humaine consacreacutee agrave lrsquoart 7 Cst indeacutependamment de la volonteacute de la personne concerneacutee

35 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 108 36 Message LPMA FF 1996 276 reprenant une intervention parlementaire BO N 1991 p 616 (intervention Koller) 37 Message LPMA FF 1996 27 et les reacutefeacuterences citeacutees Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1221 38 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 101 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER com ad art 10 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 148 s 39 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 108 et la jurisprudence citeacutee 40 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 109

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iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations

Lrsquoart 8 Cst pose les principes de lrsquoeacutegaliteacute des ecirctres humains devant la loi et de lrsquointerdiction des discriminations Si cette disposition a vocation agrave srsquoappliquer dans les relations que lrsquoEtat entretient avec ses citoyens administreacutes justiciables elle a aussi un effet dans les relations entre particuliers Si dans la regravegle lrsquointerdiction des discriminations sadresse agrave lEacutetat et ne produit pas deffet horizontal direct dans les relations entre personnes priveacutees laquo les regravegles de droit civil doivent cependant ecirctre interpreacuteteacutees en tenant compte des exigences particuliegraveres qui reacutesultent des droits fondamentaux raquo41 Lrsquoart 8 al 2 Cst a toutefois des effets indirects notamment en vertu de lrsquoart 35 al 3 Cst qui dispose que les autoriteacutes veillent agrave ce que les droits fondamentaux dans la mesure ougrave ils srsquoy precirctent soient aussi reacutealiseacutes dans les relations qui lient les particuliers entre eux Ces effets indirects sont de deux ordres Premiegraverement il srsquoagit pour les autoriteacutes de tenir compte des droits fondamentaux dans lrsquointerpreacutetation des lois et dans lrsquousage de leur pouvoir drsquointerpreacutetation Deuxiegravemement laquo [l]e leacutegislateur doit concevoir la leacutegislation de sorte qursquoelle assure le mieux possible le respect des droits fondamentaux dans les relations entre particuliers Il le fera en eacutedictant des normes notamment de droit civil et peacutenal qui reacutesolvent les conflits de liberteacute entre particuliers et qui preacuteviennent des traitements discriminatoires Aussi les garanties constitutionnelles peuvent-elles contenir un mandat au leacutegislateur drsquoadopter des dispositions propres agrave proteacuteger dans la mesure du possible les particuliers contre les atteintes agrave leurs droits fondamentaux provenant drsquoautres particuliers Lrsquoexistence drsquoune telle obligation positive de lrsquoEtat (Schutzpflichten) deacutecoulant de la Constitution est admise depuis longtemps par la Cour europeacuteenne des droits de lrsquohomme ainsi que par la doctrine et la jurisprudence suisse raquo42 Ce deuxiegraveme eacuteleacutement est particuliegraverement important concernant lrsquointerdiction des discriminations En effet les laquo obligations de protection raquo de lrsquoEtat citeacutees ci-dessus neacutecessitent qursquoil prenne divers types de mesures afin de reacuteduire voire drsquoeacuteliminer les discriminations horizontales On pense en particulier agrave des mesures positives drsquoinformation de sensibilisation ou des recherches scientifiques et projets drsquoeacutechange et de contacts etc43 La creacuteation drsquoorganismes de sensibilisation et de coordination et la prise de mesures drsquoencouragement sont eacutegalement envisageables Dans les domaines ougrave la Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences leacutegislatives le leacutegislateur feacutedeacuteral peut eacutedicter des regravegles lorsque leur neacutecessiteacute est aveacutereacutee assurant la protection des citoyens contre les discriminations En reacutesumeacute les autoriteacutes eacutetatiques ne peuvent discriminer les personnes de faccedilon geacuteneacuterale et doivent assurer leur protection contre des discriminations horizontales par la prise de mesures positives et lrsquoeacutetablissement de textes de lois

41 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 5A4842009 du 18 aoucirct 2009 consid 41 et les reacutefeacuterences citeacutees 42 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 164 ss 167 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 43 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 318 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 124

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iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes

Lrsquoart 11 Cst dispose entre autres que les enfants et les jeunes ont droit agrave une protection particuliegravere de leur inteacutegriteacute et agrave lrsquoencouragement de leur deacuteveloppement Cette disposition dans certains domaines en tout cas44 laquo ne creacutee pas un droit subjectif particulier deacuteductible en justice faute notamment decirctre suffisamment preacutecise et deacutetermineacutee et doit plutocirct ecirctre consideacutereacutee comme une disposition programmatique respectivement une disposition que les autoriteacutes doivent prendre en compte lorsquil sagit de combler une lacune ou lorsquelles font usage de leur pouvoir dappreacuteciation raquo45 Il exige dans tous les cas une prudence accrue lorsqursquoil srsquoagit de porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle des enfants ou drsquointervenir dans leur deacuteveloppement

v) Protection des consommatrices et consommateurs

Lrsquoart 97 Cst dispose que la Confeacutedeacuteration prend des mesures destineacutees agrave proteacuteger les consommateurs et les consommatrices46 Il preacutevoit encore que les organisations de consommateurs disposent de voies de droit et que les proceacutedures de conciliation ou judiciaires doivent ecirctre simple et rapides pour les litiges dont la valeur litigieuse ne deacutepasse pas un montant deacutetermineacute Le but du premier alineacutea de cette disposition est de proteacuteger les consommateurs en geacuteneacuteral Les marcheacutes des meacutedicaments des denreacutees alimentaires des produits cosmeacutetiques et des services dans les domaines de la cosmeacutetique et du bien-ecirctre sont concerneacutees par cette disposition qui sert par ailleurs de base leacutegale agrave diverses lois de protection des consommateurs contre les tromperies

vi) Protection de la santeacute

Lrsquoart 118 Cst mentionne que la Confeacutedeacuteration prend des mesures afin de proteacuteger la santeacute dans les limites de ses compeacutetences et leacutegifegravere entre autres sur lrsquoutilisation des denreacutees alimentaires des agents theacuterapeutiques des stupeacutefiants des organismes des produits chimiques et des objets qui peuvent preacutesenter un danger pour la santeacute47 laquo Lrsquoancien art 69bis parlait de laquo commerce raquo (Verkehr raquo) des denreacutees alimentaires et objets usuels Le constituant de 1999 a preacutefeacutereacute parler drsquo laquo utilisation raquo (laquo Umgang raquo) pour bien montrer que la leacutegislation vise le comportement des consommateurs aussi bien que les opeacuterations drsquoamont fabrication traitement importation distribution raquo48 Si la santeacute publique est principalement un domaine de compeacutetence des cantons la Confeacutedeacuteration dispose toutefois de tacircches speacuteciales dans ce domaine49 Lrsquoart 118 44 Voir RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht p 262 ss en particulier p 264 s voir aussi RUTH REUSSER KURT LUumlSCHER com ad art 11 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 175 45 Arrecirct du Tribunal administratif feacutedeacuteral Cour III C-38852007 du 2 deacutecembre 2008 consid 10 46 Voir RETO JACOBS com ad art 97 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar Lachen amp Zurich p 1062 s voir aussi KLAUS A VALLENDER com ad art 94-107 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 47 LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1207 s 48 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 930 49 La Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences en matiegravere de santeacute publique depuis 1848 voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 926 Voir aussi ERWIN MURER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER

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sert de base agrave de nombreuses lois et ordonnances dont les principales sont la loi sur les denreacutees alimentaires 50 la loi sur les produits theacuterapeutiques51 la loi sur les stupeacutefiants52 la loi sur les produits chimiques53 ou encore la loi sur la seacutecuriteacute des produits54

vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain

Touchant directement le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo lrsquoart 119 Cst55 doit eacutegalement ecirctre mentionneacute Cette disposition traite de la protection de lrsquoecirctre humain contre les abus en matiegravere de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et de geacutenie geacuteneacutetique56 dans le domaine humain et limite ou interdit plusieurs activiteacutes dans le but de proteacuteger la digniteacute humaine la personnaliteacute et la famille57 Premiegraverement en application de lrsquoalineacutea 1 let a laquo [s]ont interdites les laquo interventions raquo (laquo Eingriffe raquo) dans le patrimoine geacuteneacutetique drsquoun gamegravete ou drsquoun embryon crsquoest-agrave-dire les opeacuterations qui modifient ce patrimoine et qui par conseacutequent peuvent influencer la descendance raquo58 Le clonage est aussi expresseacutement interdit Deuxiegravemement la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides interespegraveces59 est prohibeacutee60 Troisiegravemement la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee nrsquoest autoriseacute que lorsque la steacuteriliteacute ou le danger de transmission drsquoune grave maladie ne peuvent ecirctre eacutecarteacutes drsquoune autre maniegravere et non pour deacutevelopper chez lrsquoenfant certaines qualiteacutes ou pour faire de la recherche61 Cette disposition interdit donc expresseacutement lrsquoutilisation de meacutethodes de PMA afin de modifier les caracteacuteristiques drsquoun futur enfant

Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 967 s et surtout p 976 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 285 p 132 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 140 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 41 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 535 s ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht p 118 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII p 21 s 50 RS 8170 51 RS 81221 52 RS 812121 53 RS 8131 54 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 929 Voir aussi LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1209 s 55 Dans lrsquoancienne constitution voir art 24novies aCst 56 laquo Le laquo geacutenie geacuteneacutetique raquo (Gentechnologie) deacutesigne les proceacutedeacutes qui permettent drsquoanalyser de soigner voire de modifier des gegravenes notamment le support moleacuteculaire des caractegraveres heacutereacuteditaires drsquoun ecirctre vivant de mainegravere agrave identifier celui-ci voire agrave lrsquoinfluencer lui ou sa descendance raquo JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 936 Selon lrsquoart 2 let a LPMA la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee se deacutefinit comme les meacutethodes permettant drsquoinduire une grossesse en dehors de lrsquounion naturelle de lrsquohomme et de la femme en particulier lrsquoinseacutemination la feacutecondation in vitro avec transfert drsquoembryons et le transfert de gamegravetes Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 57 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 939 s Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 58 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 940 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 59 Notamment par la feacutecondation drsquoun ovule humain par un spermatozoiumlde humain et inversement JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 941 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 60 Art 119 al 1 let b Cst feacuted 61 Art 119 al 1 let c Cst feacuted Sur les meacutethodes de la PMA voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 942 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217

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viii)Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain

Enfin lrsquoart 120 Cst pose le principe de la protection de lrsquoecirctre humain et de son environnement contre les abus en matiegravere de geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain62 Il donne eacutegalement la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoutilisation du patrimoine germinal et geacuteneacutetique des animaux des veacutegeacutetaux et des autres organismes en suivant les principes suivants respect de lrsquointeacutegriteacute des organismes vivants de la seacutecuriteacute de lrsquoecirctre humain de lrsquoanimal et de lrsquoenvironnement et protection de la diversiteacute geacuteneacutetique des espegraveces animales et veacutegeacutetales

ix) Meacutedecine de la transplantation

Lrsquoart 119a Cst porte sur la meacutedecine de la transplantation et donne agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules Cette disposition pose les principes que la leacutegislation doit garantir la digniteacute humaine (en interdisant entre autres le commerce lucratif drsquoorganes et une reacutepartition discriminatoire des organes) proteacuteger la personnaliteacute (principalement du donneur) et la santeacute (du donneur et du receveur)63 Les textes leacutegaux fondeacutes sur cette disposition constitutionnelle sont eacutetudieacutes ci-dessous64

x) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement le 25 septembre 200965 sera soumis au peuple le 7 mars prochain Cette disposition pose les principes permettant de reacutealiser une recherche sur lrsquoecirctre humain et donne la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer dans ce domaine dans la mesure ougrave la protection de la digniteacute humaine et de la personnaliteacute lrsquoexige Les principes preacutevus sont les suivants66

a un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute que si la personne y participant ou la personne deacutesigneacutee par la loi a donneacute son consentement eacuteclaireacute la loi peut preacutevoir des exceptions un refus est contraignant dans tous les cas

b les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne doivent pas ecirctre disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute du projet

c un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute sur des personnes incapables de discernement que si des reacutesultats eacutequivalents ne peuvent ecirctre obtenus chez des personnes capables de discernement lorsque le projet de recherche ne permet pas drsquoescompter un beacuteneacutefice direct pour les personnes incapables de discernement les risques et les contraintes doivent ecirctre minimaux

d une expertise indeacutependante du projet de recherche doit avoir eacutetabli que la protection des personnes participant agrave ce projet est garantie

Sous le reacutegime de cet article constitutionnel les recherches impliquant des ecirctres humains visant un deacuteveloppement humain sont envisageables aux conditions mentionneacutees ci-dessus La lettre b retient particuliegraverement lrsquoattention La notion 62 Voir RAINER J SCHWEIZER com ad art 120 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1240 63 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 950 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARKUS SCHOTT com ad art 119a in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1230 s 64 Voir ci-dessous p 22 65 Arrecircteacute feacutedeacuteral relatif agrave un article constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain du 25 septembre 2009 66 Art 118b al 2 Cst

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drsquoutiliteacute du projet doit ecirctre preacuteciseacutee Selon le message lrsquoutiliteacute du projet consiste en le beacuteneacutefice escompteacute de la recherche envisageacutee Ce beacuteneacutefice peut ecirctre drsquoune part un beacuteneacutefice individuel du sujet par exemple pour sa santeacute et drsquoautre part un beacuteneacutefice pour des tiers pour la socieacuteteacute laquo Outre lrsquoutiliteacute pour la santeacute publique (p ex de meilleures possibiliteacutes de traitement pour les patients agrave venir) on peut penser agrave drsquoautres beacuteneacutefices pour la socieacuteteacute (p ex ameacutelioration de la qualiteacute de la vie deacutepassant le cadre de lrsquoutiliteacute pour la santeacute au sens strict) raquo67 Au vu de ces exemples donneacutes dans le message on peut se poser la question du beacuteneacutefice de recherches visant le deacuteveloppement humain En toute hypothegravese le principe geacuteneacuteral veut que les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne soient pas disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute de la recherche et aux beacuteneacutefices escompteacutes68 Pour esquisser des eacuteleacutements de reacuteponses agrave cette question il faut se pencher sur les nombreuses lois traitant de recherche sur lrsquoecirctre humain Citons la Loi sur les produits theacuterapeutiques lrsquoOrdonnance sur les essais cliniques la Loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee la Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires la Loi sur la transplantation les Lois sur la radioprotection et la protection des donneacutees69 et le projet de loi feacutedeacuterale sur la recherche sur lrsquoecirctre humain traiteacute ci-dessous70

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine

i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee

La loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee (LPMA) entreacutee en vigueur en 2001 regravegle les conditions de pratique de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee sur les ecirctres humains Elle assure la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la famille et interdit lrsquoapplication abusive de la biotechnologie et du geacutenie geacuteneacutetique Comme drsquoautres dispositions leacutegales71 et lrsquoart 119 Cst la LPMA interdit toute forme de seacutelection geacuteneacutetique ayant pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoenfant agrave naicirctre Lrsquoart 33 dispose que quiconque lors de lrsquoapplication drsquoune meacutethode de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee seacutelectionne les gamegravetes en fonction du sexe ou sur la base drsquoune analyse geacuteneacutetique dans un but autre que celui drsquoeacutecarter le risque de transmission drsquoune maladie grave et incurable aux descendants sera puni de lrsquoemprisonnement ou de lrsquoamende Lrsquoart 35 LPMA interdit de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire des cellules germinatives ou des cellules embryonnaires humaine drsquoutiliser de telles gamegravetes pour une impreacutegnation et drsquoutiliser pour le deacutevelopper jusqursquoau stade drsquoembryon un ovule impreacutegneacute ayant subi une telle modification72 Lrsquoart 36 preacutevoit encore une interdiction de creacuteer un clone un hybride ou une chimegravere et de transfeacuterer un embryon de chimegravere ou drsquohybride agrave une femme ou agrave un animal Quiconque commet une des actions interdite sera puni de lrsquoemprisonnement Selon le message la ratio legis de lrsquointerdiction des modifications du patrimoine germinal est que laquo nous ne sommes pas qualifieacutes pour deacuteterminer la nature des futurs ecirctres

67 Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 68 Voir Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 69 ASSM La recherche avec des ecirctres humains Meacutemento pour la pratique Bacircle 2009 p 13 70 Voir ci-dessous p 24 71 Voir loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain p 24 72 Selon le message le but de ces dispositions est drsquoempecirccher la conception programmeacutee drsquolaquo enfants ideacuteaux raquo de chimegraveres et drsquohybrides Le principe geacuteneacuteral est que toute seacutelection est exclue FF 1996 197 p 220 s et 275 ss

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humains cest-agrave-dire leurs capaciteacutes physiques et psychiques Cela reviendrait agrave donner agrave la geacuteneacuteration actuelle un pouvoir exclusif sur les geacuteneacuterations suivantes et agrave long terme agrave donner agrave des morts le pouvoir sur des vivants raquo73

ii) Analyse geacuteneacutetique humaine

La loi feacutedeacuterale sur lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine (LAGH) entreacutee en vigueur le 1er avril 2007 reacuteglemente lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques humaines74 dans le domaine de la meacutedecine du travail de lrsquoassurance et de la responsabiliteacute civile ainsi que lrsquoeacutetablissement de profils drsquoADN visant agrave deacuteterminer la filiation ou lrsquoidentiteacute drsquoune personne75 Elle a pour but de garantir la digniteacute humaine et la qualiteacute des analyses et de preacutevenir les analyses abusives et lrsquoutilisation abusive des donneacutees recueillies76 Pour cette eacutetude lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques dans la meacutedecine et le travail nous inteacuteressent plus particuliegraverement Sur les principes la loi preacutevoit que lrsquoanalyse geacuteneacutetique ne peut ecirctre effectueacutee qursquoagrave des fins meacutedicales et dans le respect du droit agrave lrsquoautodeacutetermination du patient77 Permettant de deacutetecter et diagnostiquer certaines maladies une analyse geacuteneacutetique peut ecirctre prescrite par un meacutedecin laquo que si elle reacutepond agrave un inteacuterecirct leacutegitime de celle-ci crsquoest-agrave-dire si lrsquoanalyse a un but prophylactique ou theacuterapeutique ou si elle permet drsquoeacutetablir un choix de vie ou un planning familial raquo78 Les analyses geacuteneacutetiques sont donc permises pour diagnostiquer une maladie parfois de faccedilon preacutecoce avant mecircme lrsquoapparition des premiers symptocircmes En particulier laquo une personne a le droit de savoir ou pas si elle est porteuse drsquoun gegravene deacutefectueux qui sera probablement agrave lrsquoorigine drsquoune maladie dans le futur mecircme srsquoil nrsquoexiste pas de mesure prophylactique raquo79 Par contre une analyse geacuteneacutetique ne sera pas autoriseacutee si elle a pour but de deacuteterminer une aptitude speacuteciale pour certains sports Certains preacutetendent qursquoune telle analyse est aujourdrsquohui techniquement possible A titre drsquoexemple la socieacuteteacute ameacutericaine Atlas Sport Genetics propose un test permettant drsquoanalyser le gegravene ACTN-3 qui srsquoapparenterait agrave un gegravene du sportif drsquoeacutelite80 et qui indiquerait une preacutedisposition agrave deacutevelopper des aptitudes biomotrices (vitesse endurance etc) supeacuterieures agrave la moyenne Ce test est vendu aux parents souhaitant connaicirctre les preacutedispositions geacuteneacutetiques de leurs enfants au sport de haut niveau81 Il convient drsquoembleacutee de souligner que la pertinence de ce test reste agrave deacutemontrer scientifiquement De plus la LAGH interdit dans tous les cas les analyses dans le but de deacuteterminer les preacutedispositions sportives des enfants au motif qursquoil nrsquoy a aucun laquo beacuteneacutefice direct au sens meacutedical pour la personne mineure incapable de discernement raquo8283 73 Message LPMA FF 1996 276 74 Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine est deacutefinie agrave lrsquoart 3 de la loi comme laquo les analyses cytogeacuteneacutetiques et moleacuteculaires effectueacutees sur lrsquoecirctre humain dans le but de deacuteterminer des caracteacuteristiques du patrimoine geacuteneacutetique heacutereacuteditaires ou acquises pendant la phase embryonnaire et toutes les autres analyses de laboratoire qui visent agrave obtenir de maniegravere directe ces mecircmes informations raquo les analyses cytogeacuteneacutetiques eacutetant laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer le nombre et la structure des chromosomes et les analyses moleacuteculaires laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer la structure moleacuteculaire des acides nucleacuteiques (ADN et ARN) ainsi que le produit direct du gegravene raquo 75 Art 1 LAGH 76 Art 2 LAGH 77 Art 10 al 1 LAGH 78 Message LAGH FF 2007 6841 p 6886 79 Message LAGH FF 2007 6841 p 6887 80 Voir agrave ce propos lrsquoarticle paru agrave ce sujet dans le New York Times du 30 novembre 2008 disponible agrave la page httpwwwnytimescom20081130sports30geneticshtml 81 wwwatlasgenecom 82 Message LAGH FF 2007 6841 p 6888

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Les analyses preacutenatales sont autoriseacutees pour deacutetecter chez lrsquoenfant agrave naicirctre des anomalies maladies et autres eacuteleacutements pouvant atteindre agrave sa santeacute A son art 11 la loi interdit de telles analyses visant agrave rechercher des caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus qui nrsquoinfluencent pas directement sa santeacute ou agrave deacuteterminer le sexe dans un but autre qursquoun diagnostic Le but de cette disposition est drsquointerdire la laquo seacutelection des embryons ou des fœtus selon le deacutesir des parents raquo84 Le but est ici drsquoeacuteviter que des parents puissent choisir des laquo beacutebeacutes agrave la carte raquo Lrsquoeacutevolution des techniques drsquoanalyse geacuteneacutetique de geacutenie geacuteneacutetique de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et des sciences biomeacutedicales en geacuteneacuteral permettent aujourdrsquohui et permettront toujours plus agrave lrsquoavenir drsquoenvisager non seulement la seacutelection mais encore la modification geacuteneacutetique des enfants agrave naicirctre donc des geacuteneacuterations futures Si lrsquoEtat ne prend plus aujourdrsquohui de mesures collectives agrave viseacutee eugeacuteniste85 une nouvelle forme drsquoeugeacutenisme priveacute libeacuteral volontaire ou positif selon les formules consacreacutees86 est concevable voire souhaiteacutee par certains87 Le leacutegislateur a reacuteglementeacute de faccedilon claire et reacutepeacuteteacutee le domaine de lrsquoutilisation des technologies geacuteneacutetiques appliqueacute agrave la seacutelection et agrave la modification libeacuterale drsquoenfants agrave naicirctre Dans la Constitution deacutejagrave dont lrsquoart 119 interdit lrsquoutilisation des meacutethodes de PMA pour modifier les caracteacuteristiques drsquoun enfant Dans les lois ensuite la LAGH prohibe la seacutelection de gamegravetes et drsquoembryons fondeacutee sur les preacutedispositions geacuteneacutetiques et la LPMA interdit toute modification volontaire du patrimoine geacuteneacutetique lors de procreacuteations meacutedicalement assisteacutees Le projet de LRH enfin deacuteclare illicites les projets de recherche visant agrave modifier des embryons ou fœtus sans rapport avec une maladie La volonteacute du leacutegislateur de ne pas permettre de modifications preacutenatales choisies a eacuteteacute affirmeacutee et confirmeacutee plusieurs fois de 199288 agrave 200989 Il paraicirct donc drsquoembleacutee exclu du moins agrave court et moyen termes que la leacutegislation soit reacuteviseacutee Au contraire les arguments invoqueacutes agrave reacuteiteacutereacutees reprises pour justifier la fermeteacute du Parlement agrave ce sujet relegravevent de valeurs fondamentales qui ne paraissent pas souffrir drsquoexceptions Il srsquoagit drsquoune barriegravere tregraves claire agrave lrsquoapplication de meacutethodes de deacuteveloppement humain artificiel dans ce domaine

83 Voir agrave ce sujet DOMINIQUE SPRUMONT La reacuteglementation des trousses drsquoanalyse geacuteneacutetique Lanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives Actes drsquoun colloque CHARLES JOYE (eacuted) Schulthess Zurich Bacircle et Genegraveve 2004 pp 71-88 84 Message LAGH FF 2007 6841 p 6889 85 Comme nous le savons il nrsquoen a pas toujours eacuteteacute ainsi En 1928 encore lrsquoEtat de Vaud mettait en place un reacutegime de steacuterilisation des malades mentaux et autorisait lrsquoavortement pour des motifs eugeacuteniques Voir GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 55 ss 67 et 85 Tout programme eacutetatique agrave viseacutees eugeacuteniques serait aujourdrsquohui contraire agrave la Constitution entre autre agrave ses articles 7 et 8 86 La liberteacute de choix reste relative dans lrsquoeugeacutenisme dit libeacuteral Si les mesures ne sont plus dicteacutees autoritairement par lrsquoEtat elles ne sont pas libres de fortes influences sociales et eacuteconomiques Nous ne pouvons qursquoabonder dans le sens de DUMOULIN pour qui laquo lrsquoeugeacutenisme nrsquoa pas cesseacute drsquoexister tout au plus a-t-il changeacute de forme raquo GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 87 87 Sur ces reacuteflexions voir parmi drsquoautres PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 et les reacutefeacuterences citeacutees 88 Date de lrsquoadoption de lrsquoart 24novies aCst Repris ensuite agrave lrsquoart 119 Cst Voir FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 935 89 Le projet de LRH dans sa version provisoire actuelle est dateacute du 21 octobre 2009

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Dans le domaine du travail la loi pose des conditions strictes quant agrave lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques Le principe fondamental qui a vocation agrave srsquoappliquer de faccedilon geacuteneacuterale et pas seulement dans le domaine du travail est que nul ne peut ecirctre discrimineacute en raison de son patrimoine geacuteneacutetique90 Ce principe pose la regravegle de lrsquointerdiction de lrsquousage drsquoinformations geacuteneacutetiques tant par lrsquoEtat que par les particuliers sauf dans les cas preacutevus par la loi91 Cette norme est une concreacutetisation du principe geacuteneacuteral poseacute agrave lrsquoart 8 al 2 Cst92 plus preacuteciseacutement de lrsquointerdiction des discriminations fondeacutees sur les deacuteficiences corporelles Pour PREVITALI laquo [l]e fait que la deacuteficience geacuteneacutetique repreacutesente une simple probabiliteacute qursquoune certaine maladie puisse se manifester un jour et que la deacuteficience ne soit deacutecelable sans recourir agrave des analyses approfondies nrsquoest pas un critegravere pertinent pour exclure les raisons geacuteneacutetiques du champ drsquoapplication de ce motif de discrimination raquo93 Plus avant la loi deacutetermine les conditions auxquelles un meacutedecin du travail peut prescrire une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique Le principe poseacute agrave lrsquoart 21 veut qursquoun employeur ou son meacutedecin ne puisse ni exiger une telle analyse ni exiger les reacutesultats drsquoune analyse preacuteexistante ni exiger une analyse geacuteneacutetique ayant pour but de deacuteterminer des caracteacuteristiques personnelles du travailleur qui nrsquoont pas de rapport avec sa santeacute Il existe toutefois des exceptions ougrave des analyses peuvent ecirctre effectueacutees dans le but de preacutevenir les maladies professionnelles ou les accidents Selon lrsquoart 22 les conditions cumulatives suivantes doivent alors ecirctre remplies

bull le poste est soumis aux dispositions sur la preacutevention dans le domaine de la meacutedecine du travail en vertu drsquoune deacutecision de la SUVA94 ou agrave drsquoautres dispositions feacutedeacuterales qui prescrivent une analyse meacutedicale pour eacutevaluer lrsquoaptitude de la personne concerneacutee agrave exercer lrsquoactiviteacute en question en raison des risques susceptibles de provoquer une maladie professionnelle une grave atteinte agrave lrsquoenvironnement ou des risques drsquoaccident grave ou drsquoatteinte grave agrave la santeacute de tiers

bull les mesures sur le lieu de travail au sens de lrsquoart 82 de la loi feacutedeacuterale du 20 mars 1981 sur lrsquoassurance-accidents ou drsquoautres dispositions leacutegales ne suffisent pas agrave eacutecarter ces risques

bull il est eacutetabli selon lrsquoeacutetat des connaissances scientifiques qursquoil existe un rapport de cause agrave effet entre une preacutedisposition geacuteneacutetique deacutetermineacutee et une maladie professionnelle un risque drsquoatteinte agrave lrsquoenvironnement ou un risque drsquoaccident ou drsquoatteinte agrave la santeacute de tiers

bull la Commission drsquoexperts pour lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine a confirmeacute le rapport de cause agrave effet selon la lettre preacuteceacutedente et reconnu la fiabiliteacute de la meacutethode drsquoanalyse permettant de deacutetecter la preacutedisposition

bull la personne concerneacutee a donneacute son consentement par eacutecrit

90 Art 4 LAGH 91 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 56 et les reacutefeacuterences citeacutees 92 Message LAGH FF 2002 6841 p 6876 Lrsquointerdiction de discriminer en raison du patrimoine geacuteneacutetique vise eacutegalement de faccedilon plus geacuteneacuterale la sauvegarde de la digniteacute humaine voir ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 52 s 93 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 51 94 Voir art 70 OPA

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Si une analyse est envisageable aux conditions susmentionneacutees dans le but de proteacuteger la santeacute du travailleur ou parce que le meacutetier en question exige une santeacute parfaite (p ex personnel navigant de lrsquoaeacuteronautique)95 rappelons cette analyse doit ecirctre consideacutereacutee comme une ultima ratio En effet le principe veut qursquoen preacutesence drsquoune activiteacute professionnelle potentiellement dangereuse lrsquoemployeur ne doit pas seacutelectionner ses employeacutes en fonction de leur reacutesistance ou de preacutedispositions particuliegraveres ou leur proposer des traitements leur permettant de srsquoadapter aux conditions de travail particuliegraveres (p ex la prescription drsquoampheacutetamines aux pilotes militaires ameacutericains) mais prioritairement adapter lrsquoenvironnement et les conditions de travail agrave la protection de la santeacute des personnes La deuxiegraveme condition de lrsquoart 22 LAGH le mentionne explicitement Il y a lagrave un frein explicite agrave toute forme de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo dans le domaine du travail qui ne reacutepondrait pas aux critegraveres susmentionneacutes qui concernent une atteinte moindre aux droits des travailleurs Cet eacuteleacutement devra tout particuliegraverement ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoeacutevaluation de projet de recherche dans ce domaine une laquo ameacutelioration raquo du travailleur par rapport agrave son environnement ne devrait pas ecirctre consideacutereacutee comme un veacuteritable beacuteneacutefice du point de vue de lrsquoeacutethique de la recherche si des mesures drsquoassainissement de cet environnement sont envisageables respectivement si les tacircches agrave accomplir peuvent ecirctre automatiseacutees On pense par exemple agrave la situation qui preacutevaut dans les centrales nucleacuteaires

iii) Meacutedecine de la transplantation

La loi feacutedeacuterale du 8 octobre 2004 sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules (loi sur la transplantation) fixe les conditions dans lesquelles des organes des tissus ou des cellules peuvent ecirctre utiliseacutes agrave des fins de transplantation Elle doit contribuer agrave ce que des organes des tissus et des cellules humains soient disponibles agrave des fins de transplantation et a eacutegalement pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoorganes de tissus ou de cellules notamment le commerce drsquoorganes lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de transplantation et drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute96 Le but fondamental de la loi est laquo drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de la transplantation raquo97 La loi sur la transplantation empecircche lrsquoutilisation de cette technique meacutedicale agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo par le biais des critegraveres permettant le preacutelegravevement et lrsquoattribution drsquoorganes Selon lrsquoart 12 de la loi le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes nrsquoest possible que si entre autres conditions le receveur ne peut pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode theacuterapeutique ayant une efficaciteacute comparable Le principe veut que les organes issus de dons effectueacutes par des personnes vivantes reviennent toujours agrave une personne deacutesigneacutee agrave lrsquoavance le plus souvent un proche98 Tout preacutelegravevement

95 Message LAGH FF 2002 6841 p 6904 96 Art 1 Loi sur la transplantation 97 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 129 98 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 145

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drsquoorgane sur une personne vivante agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est degraves lors exclu Concernant lrsquoattribution drsquoorganes preacuteleveacutes sur une personne deacuteceacutedeacutee plusieurs critegraveres srsquoappliquent dont celui de lrsquourgence meacutedicale de la transplantation et de lrsquoefficaciteacute de la transplantation drsquoun point de vue meacutedical99 La premiegravere condition veut que laquo les organes doivent ecirctre attribueacutes en premier lieu aux patients dont la santeacute est la plus gravement atteinte En lrsquooccurrence le seul eacuteleacutement deacuteterminant est la situation meacutedicale du patient raquo100 Au vu de la situation actuelle de peacutenurie drsquoorganes cette condition suffit agrave elle seule agrave empecirccher toute transplantation drsquoorgane agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo La deuxiegraveme condition mentionneacutee signifie qursquolaquo il y a lieu drsquoattribuer les organes aux patients auxquels la transplantation sera la plus profitable Lagrave encore seule lrsquoutiliteacute meacutedicale entre en consideacuteration Il ne saurait ecirctre question de prendre en compte lrsquoaspect laquoutiliteacute socialeraquo par exemple la laquovaleurraquo que revecirct une personne pour la socieacuteteacute ou encore pour drsquoautres patients lrsquoampleur et le niveau des responsabiliteacute qursquoils exercent raquo101 Lrsquoefficaciteacute meacutedicale se mesure en tenant compte la compatibiliteacute des groupes sanguins des groupes tissulaires et anatomiques existant entre lrsquoorgane et le receveur potentiel Enfin en application de lrsquoart 17 de la loi le principe de non-discrimination de lrsquoart 8 al 2 Cst srsquoapplique agrave lrsquoattribution drsquoorganes En conseacutequence laquo lrsquoorigine la race le sexe lrsquoacircge la langue la position sociale les convictions philosophiques ou religieuses une deacuteficience corporelle mentale ou psychique pas plus que lrsquoacircge ou la situation sociale ne sauraient ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoattribution drsquoorganes raquo102

iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires

La Loi feacutedeacuterale du 19 deacutecembre 2003 relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires (Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches LRCS) a pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoembryons surnumeacuteraires et de cellules souches embryonnaires et de proteacuteger la digniteacute humaine Pour ce faire elle fixe les conditions reacutegissant la production de cellules souches embryonnaires humaines agrave partir drsquoembryons humains surnumeacuteraires et lrsquoutilisation de ces cellules agrave des fins de recherche103 La LRCS prohibe diverses pratiques Lrsquoart 3 interdit en particulier

a de produire un embryon agrave des fins de recherche (art 29 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches agrave partir drsquoun tel embryon ou drsquoutiliser de telles cellules b de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire de cellules germinatives (art 35 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de

99 Art 18 Loi sur la transplantation 100 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 101 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 147 102 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 103 Art 1 LRCS

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produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun embryon dont le patrimoine germinal a eacuteteacute modifieacute ou drsquoutiliser de telles cellules c de creacuteer un clone une chimegravere ou un hybride (art 36 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun clone drsquoune chimegravere ou drsquoun hybride ou drsquoutiliser de telles cellules d de deacutevelopper un partheacutenote de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun partheacutenote ou drsquoutiliser de telles cellules e drsquoimporter ou drsquoexporter un embryon au sens des let a ou b un clone une chimegravere un hybride ou un partheacutenote

Un projet de recherche utilisant des cellules souches embryonnaires ne peut ecirctre meneacute que si la commission drsquoeacutethique compeacutetente a donneacute un avis favorable et aux conditions suivantes

a le projet a pour but drsquoobtenir des connaissances essentielles 1 visant agrave constater traiter ou preacutevenir des maladies humaines graves ou 2 portant sur la biologie du deacuteveloppement de lrsquoecirctre humain

b des connaissances drsquoeacutegale valeur ne peuvent ecirctre obtenues drsquoaucune autre maniegravere c le projet satisfait aux exigences de qualiteacute scientifiques d le projet est acceptable au plan eacutethique

Il srsquoavegravere ainsi que lrsquoexigence de lrsquoarticle 12 lit a ch 1 preacuteciteacute eacutecarte ou du moins rend particuliegraverement difficile la possibiliteacute drsquoutiliser des cellules souches embryonnaires pour faire de la recherche agrave des fins de deacuteveloppement humain artificiel

v) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement et prochainement soumis au peuple et aux cantons attribue agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la recherche sur lrsquoecirctre humain Le Conseil feacutedeacuteral a alors approuveacute et transmis agrave lrsquoassembleacutee feacutedeacuterale un projet de loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain (abreacutegeacute LRH) et le message y relatif104 Ce projet de loi vise agrave proteacuteger la digniteacute la personnaliteacute et la santeacute de lrsquoecirctre humain dans la recherche105 Il eacutetablit plusieurs regravegles geacuteneacuterales applicables agrave drsquoeacuteventuelles recherches visant le deacuteveloppement et lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain Mentionnons drsquoembleacutee que les projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus sans rapport avec une maladie sont illicites106 Cette regravegle est un simple rappel de la norme constitutionnelle poseacutee agrave lrsquoart 119 Cst107 Le message dans le commentaire de lrsquoart 24 du projet de loi tranche clairement la question de la pertinence et de lrsquoutiliteacute de recherches visant lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain par des modifications geacuteneacutetiques de fœtus ou drsquoembryons laquo La reacutealisation drsquoun projet de recherche qui a pour but de modifier les caracteacuteristiques du fœtus sans rapport avec une maladie est interdite en vertu de la 104 Les analyses ci-dessous sont fondeacutees sur les versions provisoires du projet et du message du 21 octobre 2009 105 Art 1 al 1 LRH 106 Art 24 LRH 107 Voir ci-dessus p 15

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preacutesente disposition Sont prohibeacutes drsquoune part les projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain Il srsquoagit ici de projets qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement Ces tentatives font depuis quelque temps lrsquoobjet de discussion sous la deacutesignation laquohuman enhancementraquo (meacutedecine meacuteliorative) Sont prohibeacutes drsquoautre part les projets de recherche ayant pour finaliteacute de modifier ou drsquoameacuteliorer des caracteacuteristiques humaines sans rapport direct avec la santeacute de la personne p ex lrsquoorientation sexuelle certains traits de caractegravere ou des particulariteacutes physiques comme la couleur des yeux Seuls sont autoriseacutes les projets de recherche qui ont pour but de traiter des maladies ou drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie en cas drsquoinfirmiteacute ou de malformations La liceacuteiteacute drsquoun projet de recherche doit ecirctre examineacutee concregravetement au cas par cas raquo108 De faccedilon geacuteneacuterale lrsquoart 5 pose le principe que la recherche sur lrsquoecirctre humain peut ecirctre pratiqueacutee uniquement si sa pertinence est eacutetablie pour la science ainsi que pour la compreacutehension des maladies humaines pour la compreacutehension de la structure et du fonctionnement du corps humain ou pour la santeacute publique Cette disposition reprend la regravegle consacreacutee par la Convention sur les droits de lrsquoHomme et la Biomeacutedecine du Conseil de lrsquoEurope109 et dans la leacutegislation suisse actuelle Il est particuliegraverement douteux que des projets de recherche visant uniquement une ameacutelioration de lrsquoecirctre humain remplissent cette condition Drsquoailleurs le message preacutecise que laquo [n]e seraient ainsi p ex pas autoriseacutes les projets de recherche visant agrave restreindre la libre opinion des personnes de maniegravere cibleacutee raquo110 En toute logique on peut deacuteduire de cet exemple que ce critegravere de pertinence exclu a priori la recherche en vue de modifications de la morale de personnes deacutetermineacutees Enfin mentionnons qursquoune autorisation de la commission drsquoeacutethique du canton dans lequel la recherche est proposeacutee est obligatoire pour la reacutealisation drsquoun projet de recherche Lrsquoautorisation est accordeacutee si les exigences eacutethiques juridiques et scientifiques de la loi sont remplies111 En autres eacuteleacutements de base que la CER devra eacutevaluer il srsquoagit de srsquoassurer que le principe de la primauteacute des inteacuterecircts de la personne sur les inteacuterecircts de la science et de la socieacuteteacute est bien respecteacute Proposer une recherche en matiegravere de dopage pourrait ainsi drsquoembleacutee en contradiction avec cette exigence agrave moins de deacutemontrer que la personne concerneacutee va effectivement beacuteneacuteficier de cette recherche sans risque drsquoinstrumentalisation Les arguments eacutevoqueacutees plus haut en matiegravere drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine en droit du travail gardent ici toute leur pertinence

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions

i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)

Les professions de meacutedecin dentiste pharmacien et chiropraticien sont reacuteglementeacutees par le droit feacutedeacuteral en vertu de lrsquoattribution de compeacutetence de lrsquoart 95

108 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 109 Voir lrsquoart 4 de la Convention httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml164htm et surtout le Protocole additionnel agrave la Convention sur les Droits de lHomme et la biomeacutedecine relatif agrave la recherche biomeacutedicale httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml195htm 110 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 54 111 Art 44 agrave 46 LRH

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Cst feacuted112 qui permet agrave la confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoexercice des activiteacutes eacuteconomiques lucratives priveacutees Ces professions sont reacuteglementeacutees par la loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) qui fixe les conditions de formation permettant drsquoacceacuteder agrave ces professions et les regravegles drsquoexercice des professions meacutedicales universitaires Lrsquoart 4 LPMeacuted pose les objectifs de la formation universitaire En substance il srsquoagit de srsquoassurer que les professionnels concerneacutes seront en mesure de preacutevenir diagnostiquer et gueacuterir les troubles de la santeacute soulager les souffrances promouvoir la santeacute et fabriquer remettre ou distribuer des meacutedicaments En font eacutegalement partie le fait de pouvoir prodiguer aux patients des soins individuels complets et de qualiteacute (let a) de traiter les problegravemes en recourant agrave des meacutethodes reconnues scientifiquement en prenant en consideacuteration les aspects eacutethiques et eacuteconomiques (let b) et drsquoassumer leurs responsabiliteacutes dans le domaine de la santeacute et au sein de la collectiviteacute de maniegravere conforme aux speacutecificiteacutes de leur profession (let d) De faccedilon geacuteneacuterale en plus des soins et theacuterapies laquo [s]ie muumlssen aber auch die Faumlhigkeit haben aufzuzeigen wie Menschen und Tiere nicht nur die Krankheit verhindern sondern vor allem ihre Gesundheit foumlrdern und staumlrken koumlnnen raquo113 Les art 6 et 7 mentionnent les compeacutetences geacuteneacuterales que doivent posseacuteder les personnes ayant termineacute les filiegraveres drsquoeacutetude concerneacutees Citons les eacuteleacutements suivants de lrsquoart 6 al 1 LPMeacuted disposer des bases scientifiques neacutecessaires pour prendre des mesures preacuteventives diagnostiques theacuterapeutiques palliatives et de reacutehabilitation (let a) savoir reconnaicirctre et eacutevaluer les facteurs de maintien de la santeacute et en tenir compte dans leur activiteacute professionnelle (let c) ecirctre capables de deacuteterminer si les prestations qursquoils fournissent sont efficaces adeacutequates et eacuteconomiques et savoir se comporter en conseacutequence (let h) Lrsquoart 8 LPMeacuted pose les objectifs speacutecifiques de formation que doivent atteindre les personnes ayant termineacute leurs eacutetudes de meacutedecine humaine de meacutedecine dentaire ou de chiropratique Parmi ceux-ci on peut citer le fait drsquoecirctre capables de prescrire les meacutedicaments de faccedilon professionnelle respectueuse de lrsquoenvironnement et eacuteconomique (let c) drsquoœuvrer en faveur de la santeacute humaine en donnant des conseils et en prenant les mesures de preacutevention et de promotion neacutecessaires dans leur champ drsquoactiviteacute professionnel (let h) et de respecter la digniteacute et lrsquoautonomie des personnes concerneacutees connaicirctre les principes de base de lrsquoeacutethique ecirctre familiariseacutees avec les diffeacuterents problegravemes eacutethiques qui se posent dans leur profession et se laisser guider dans leurs activiteacutes professionnelle et scientifique par des principes eacutethiques visant le bien des ecirctres humains (let i) Lrsquoart 40 LPMeacuted deacutefinit les devoirs professionnels que doivent observer les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant Ces devoirs sont les suivants

a exercer leur activiteacute avec soin et conscience professionnelle et respecter les limites des compeacutetences qursquoelles ont acquises dans le cadre de leur formation universitaire de leur formation postgrade et de leur formation continue

112 Voir eacutegalement les art 63a et 118 Cst feacuted 113 THOMAS FLEINER com ad art 4 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire p 101

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b approfondir deacutevelopper et ameacuteliorer leurs connaissances aptitudes et capaciteacutes professionnelles par une formation continue c garantir les droits du patient d srsquoabstenir de toute publiciteacute qui nrsquoest pas objective et qui ne reacutepond pas agrave lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral cette publiciteacute ne doit en outre ni induire en erreur ni importuner e deacutefendre dans leur collaboration avec drsquoautres professions de la santeacute exclusivement les inteacuterecircts des patients indeacutependamment des avantages financiers f observer le secret professionnel conformeacutement aux dispositions applicables

g precircter assistance en cas drsquourgence et participer aux services drsquourgence conformeacutement aux dispositions cantonales

h conclure une assurance responsabiliteacute civile professionnelle offrant une couverture adapteacutee agrave la nature et agrave lrsquoeacutetendue des risques lieacutes agrave leur activiteacute ou fournir des sucircreteacutes eacutequivalentes

Les devoirs professionnels114 de la LPMeacuted concreacutetisent le but de la loi en garantissant la qualiteacute des soins meacutedicaux par le biais drsquoune surveillance effective des professionnels viseacutes Ce rapide survol des compeacutetences reconnues aux meacutedecins ainsi que des responsabiliteacutes qui sont les leur met en lumiegravere lrsquoimportance de respecter drsquoune part les regravegles de lrsquoart agrave savoir les laquoprincipes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo (ATF 108 II 5961) et drsquoautre part les droits et la digniteacute des patients Afin drsquoappreacutecier la reacuteception de nouvelles pratiques de deacuteveloppement humain artificiel dans la meacutedecine il convient donc drsquoeacutevaluer si ces pratiques peuvent ecirctre consideacutereacutees comme conforme aux regravegles de lrsquoart Cette question relegraveve principalement des compeacutetences et de lrsquoeacutethique professionnelles On notera qursquoun meacutedecin qui srsquoeacutecarte des regravegles de lrsquoart peut ecirctre tenu pour responsable vis-agrave-vis du patient indeacutependamment du consentement de ce dernier En effet le consentement est certes le motif justificatif par excellence de la violation des droits de la personnaliteacute qursquoimplique tout acte meacutedical et partant absolument neacutecessaire Il ne srsquoagit cependant pas drsquoune condition suffisante Encore faut-il que ce agrave quoi consent le patient soit admissible sous lrsquoangle de lrsquoart 27 al 2 CC autrement dit nrsquoest pas contraire aux mœurs ou agrave lrsquoordre juridique notions qui recoupent partiellement celle de laquo regravegles de lrsquoart raquo La question ne peut se reacutesoudre que dans un cas concret A priori il existe cependant quelques reacuteticences agrave inclure ces nouvelles pratiques dans lrsquoeacutethos professionnel Le meacutedecin concerneacute se trouve ainsi agrave assumer un lourd 114 Selon SPRUMONT ET AL les devoirs professionnels laquo sont des normes de comportement devant ecirctre suivies par toutes les personnes exerccedilant une mecircme profession raquo DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 385

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fardeau de la preuve par laquelle il devrait deacutemontrer la pertinence de son acte sous lrsquoangle tant meacutedico-scientifique que eacutethique Nous reviendrons sur cette question dans la section sur les produits theacuterapeutiques On ne peut toutefois ignorer la tendance geacuteneacuterale vers les pratiques de bien-ecirctre ou laquo wellness raquo comme cela se dit souvent Ce mouvement nrsquoest pas limiteacute au seul domaine meacutedical Drsquoautres professionnels de la santeacute eacutelargissent aujourdrsquohui leur champ drsquointervention dans des domaines qui ne relegravevent pas strictement du theacuterapeutique ou du prophylactique On peut mentionner eacutegalement les professions lieacutees agrave lrsquoestheacutetique agrave la cosmeacutetique ou encore les tatoueurs ou les perceurs Les personnes pratiquant ces professions doivent toutefois respecter lrsquoOrdonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur les objets destineacutes agrave entrer en contact avec les muqueuses la peau ou le systegraveme pileux et capillaire et sur les bougies les allumettes les briquets et les articles de farces et attrapes115 Cette ordonnance preacutevoit des regravegles sur les mateacuteriaux et colorants utiliseacutes116 lrsquoobligation pour ces professionnels de prendre toutes les preacutecautions raisonnablement neacutecessaires afin de preacutevenir la transmission de toute infection dont fait partie lrsquoobligation drsquoutiliser du mateacuteriel steacuterile117 Le but de ces mesures est avant tout la protection de la santeacute des consommateurs Un autre point important meacuterite drsquoecirctre releveacute ces professions sont expresseacutement exclues de la liste des professions de la santeacute usuellement soumises agrave autorisation de pratique en droit cantonal sans parler des professions de la santeacute qui relegravevent du droit feacutedeacuteral (professions meacutedicales universitaires psychologues etc) Il ne srsquoagit donc pas de tomber dans la confusion lorsque des professionnels de la santeacute stricto sensu envahissent le champ de lrsquoestheacutetisme et de la cosmeacutetique Cela ne signifie pas neacutecessairement un changement de nature dans ces activiteacutes qui acquerraient ainsi un statut meacutedico-scientifique Comme pour les meacutedecins compleacutementaires dans les cantons romands il srsquoagit plutocirct drsquoune forme de toleacuterance de ces pratiques par les autoriteacutes tant que la santeacute publique est preacuteserveacutee et qursquoil nrsquoy a pas de confusion pour les patients entre ce qui se rapporte aux soins et ce qui relegraveve plutocirct du bien-ecirctre On notera que la deacuterive des professionnels de la santeacute dans des activiteacutes ougrave le marcheacute est en forte croissance soulegraveve un problegraveme reacuteel dans la situation actuelle de quasi peacutenurie de professionnels qualifieacutes Alors que le nombre de meacutedecins ou drsquoinfirmiers formeacutes en Suisse reste insuffisant pour maintenir une couverture des soins de lrsquoensemble de la population le fait que de nombreux professionnels abandonnent leurs activiteacutes de base pour se consacrer agrave des tacircches qui nrsquoentrent ni dans les soins ni dans la preacutevention est tregraves preacuteoccupant118 On voit drsquoailleurs ici toute lrsquoimportance de tracer une limite preacutecise entre preacutevention et deacuteveloppement humain artificiel La premiegravere relegraveve clairement aujourdrsquohui du systegraveme de santeacute alors que le second ne semble pas y appartenir

115 OFFICE FEDERAL DE LA SANTE PUBLIQUE OFSP Uniteacute de direction Protection des consommateurs Fiche drsquoinformation Tatouages et piercings comment ne pas risquer sa peau mai 2009 p 3 116 Lrsquoart 5 al 2 de lrsquoordonnance preacutevoit que les couleurs de tatouage et les couleurs de maquillage permanent ne doivent pas mettre en danger la santeacute du consommateur 117 Art 2 agrave 8 de lrsquoOrdonnance 118 Voir lrsquoarticle agrave paraicirctre de PETER SUTER preacutesident de lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales dans les actes de la 16egraveme journeacutee de droit de la santeacute octobre 2009 Neuchacirctel

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d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires

i) Seacutecuriteacute des produits

La nouvelle loi sur la seacutecuriteacute des produits du 12 juin 2009 (LSPro) remplace et abroge119 la loi feacutedeacuterale du 19 mars 1976 sur la seacutecuriteacute drsquoinstallations et drsquoappareils techniques (LSIT) Elle vise agrave assurer la seacutecuriteacute des produits mis sur le marcheacute120 en geacuteneacuteral (un produit au sens de cette loi eacutetant tout bien meuble precirct agrave lrsquoemploi mecircme srsquoil est incorporeacute agrave un autre bien meuble ou immeuble) dans la mesure ougrave le droit feacutedeacuteral ne contient pas drsquoautres dispositions visant le mecircme but Elle srsquoapplique donc de faccedilon subsidiaire aux autres lois sectorielles reacuteglementant des cateacutegories de produits particuliegraveres121 A titre drsquoexemple mentionnons que les produits chimiques theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires ainsi que les objets usuels sont soumis agrave des reacuteglementations speacuteciales La LSPro pose les principes suivants

bull Peuvent ecirctre mis sur le marcheacute les produits qui preacutesentent un risque nul ou minime pour la santeacute ou la seacutecuriteacute des utilisateurs ou de tiers lorsqursquoils sont utiliseacutes dans des conditions normales ou raisonnablement preacutevisibles122

bull Lrsquoeacutetiquetage lrsquoemballage les instructions drsquoassemblage drsquoinstallation et drsquoentretien les mises en garde et consignes de seacutecuriteacute les instructions concernant lrsquoutilisation et lrsquoeacutelimination et toute autre instruction et information relatifs agrave un produit doivent ecirctre adapteacutes au risque speacutecifique lieacute audit produit123

bull La mise sur le marcheacute drsquoun produit nrsquoest pas soumise agrave une autorisation administrative mais agrave des controcircles ougrave le responsable de la mise sur le marcheacute doit apporter la preuve que le produit respecte les exigences en matiegravere de seacutecuriteacute et de santeacute124

bull Le responsable de la mise sur le marcheacute doit adopter des mesures pour ecirctre informeacute et preacutevenir les risques que peuvent preacutesenter un produit et en garantir la traccedilabiliteacute

Ces regravegles geacuteneacuterales doivent ecirctre respecteacutees pour la mise sur le marcheacute suisse de tout produit nrsquoeacutetant pas soumis agrave des regravegles speacuteciales plus strictes Concernant le deacuteveloppement humain elles ont donc vocation agrave srsquoappliquer agrave tout produit (au sens de bien meuble mentionneacute ci-dessus) nrsquoeacutetant pas soumis agrave une loi speacuteciale La plupart des produits et substances utilisables dans un but de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont soumis agrave des regravegles plus strictes en particulier la loi sur les produits theacuterapeutiques et la loi sur les denreacutees alimentaires

119 Art 20 LSPro 120 Lrsquoart 2 al 3 LSPro contient une deacutefinition tregraves large de la mise sur la marcheacute qui comprend toute remise drsquoun produit agrave titre oneacutereux ou gratuit que ce produit soit neuf drsquooccasion reconditionneacute ou profondeacutement modifieacute ainsi que lrsquousage en propre drsquoun produit agrave des fins commerciales ou professionnelles lrsquoutilisation drsquoun produit dans le cadre drsquoune prestation de services la mise agrave la disposition de tiers drsquoun produit et lrsquooffre drsquoun produit 121 Message LSPro FF 2008 6771 p 6791 122 Art 3 al 1 LSPro 123 Art 3 al 4 LSPro 124 Art 5 LSPro Voir Message LSPro FF 2008 6771 p 6803 s

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ii) Meacutedicaments

La loi sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux (loi sur les produits theacuterapeutiques LPTh) a pour but en geacuteneacuteral de proteacuteger la santeacute de lrsquoecirctre humain et des animaux et vise agrave garantir la mise sur le marcheacute de produits theacuterapeutiques de qualiteacute sucircrs et efficaces En particulier elle vise agrave ce que les produits theacuterapeutiques mis sur le marcheacute soient utiliseacutes conformeacutement agrave leur destination et avec modeacuteration125 Lrsquoart 4 LPTh deacutefinit les meacutedicaments comme laquo les produits drsquoorigine chimique ou biologique destineacutes agrave agir meacutedicalement sur lrsquoorganisme humain ou animal ou preacutesenteacutes comme tels et servant notamment agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps le sang et les produits sanguins sont consideacutereacutes comme des meacutedicaments raquo Pour accomplir les buts de la loi la LPTh eacutetablit un reacutegime drsquoautorisations La fabrication la mise sur le marcheacute suisse lrsquoimportation lrsquoexportation la vente en gros et de deacutetails de meacutedicaments ne sont possible que si lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (Swissmedic)126 a deacutelivreacute une autorisation drsquoexploitation agrave lrsquoentreprise requeacuterante Pour qursquoune autorisation de mise sur le marcheacute soit deacutelivreacutee le requeacuterant doit a apporter la preuve que le meacutedicament ou le proceacutedeacute est de qualiteacute sucircr et efficace b ecirctre titulaire drsquoune autorisation de fabriquer drsquoimporter ou de faire le commerce de gros deacutelivreacutee par lrsquoautoriteacute compeacutetente c avoir son domicile ou son siegravege social en Suisse ou y avoir fondeacute une filiale Notons que les art 23 ss de la LPTh classent les meacutedicaments dans cinq listes diffeacuterentes (A) les meacutedicaments sous ordonnance non-renouvelable vendus en pharmacie (B) les meacutedicaments sous ordonnance vendus en pharmacien (C) les meacutedicaments vendus en pharmacies (D) les meacutedicaments vendus en drogueries et (E) les meacutedicaments en vente libre La diffeacuterence entre les meacutedicaments en vente libre et ceux vendus sans ordonnance est que ces derniers ne peuvent ecirctre remis agrave un consommateur que par un professionnel formeacute et autoriseacute agrave vendre des meacutedicaments au deacutetail agrave savoir en principe un pharmacien ou un droguiste pour ceux de la liste D127 Les regravegles de base eacutetant poseacutees plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre deacuteveloppeacutes en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo

Selon le Tribunal feacutedeacuteral laquo [u]n meacutedicament ne sera pas autoriseacute sil ressort du dossier quil preacutesente un rapport beacuteneacutefice-risque neacutegatif lors de lusage auquel il est 125 Art 1 LPTh 126 Lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (swissmedic) est lrsquoautoriteacute suisse de controcircle et drsquoautorisation des produits theacuterapeutiques voir wwwswissmedicch 127 Art 24 et 30 LPTh

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destineacute sil na pas lefficaciteacute theacuterapeutique voulue ou si celle-ci nest pas suffisamment prouveacutee ou encore si sa composition ne correspond pas agrave celle qui est indiqueacutee (message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux du 1er mars 1999 FF 1999 3151 ss 3193) raquo128 Dans le mecircme arrecirct il est encore mentionneacute ce qui suit laquo Il ressort du systegraveme dautorisation de mise sur le marcheacute dun meacutedicament que ladmission de celui-ci se rapporte toujours agrave des indications meacutedicales preacutecises Lexigence dun lien entre le meacutedicament et une application concregravete et deacutetermineacutee de celui-ci est inheacuterente au systegraveme de lautorisation puisquun meacutedicament est par deacutefinition destineacute agrave agir meacutedicalement sur lorganisme humain et sert agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps (art 4 al 1 let a LPTh) En plus de la qualiteacute du meacutedicament une autre des conditions de lautorisation est lefficaciteacute du produit theacuterapeutique (art 10 al 1 let a LPTh) soit sa capaciteacute agrave atteindre le reacutesultat theacuterapeutique viseacute par rapport agrave une maladie deacutetermineacutee La mise sur le marcheacute dun meacutedicament nest donc autoriseacutee quen relation avec les maladies pour le diagnostic la preacutevention ou le traitement desquelles le requeacuterant a apporteacute la preuve que le meacutedicament eacutetait efficace Si le requeacuterant entend par la suite eacutetendre le champ dapplication du meacutedicament au beacuteneacutefice dune autorisation agrave dautres indications il doit en faire la demande Les indications pour lesquelles le meacutedicament a eacuteteacute autoriseacute sont mentionneacutees dans la notice destineacutee aux professions meacutedicales et approuveacutee par Swissmedic Elles font eacutegalement lobjet du preacuteavis deacutelivreacute par Swissmedic preacutecisant lautorisation que cet institut entend donner ainsi que les indications et les dosages qui seront autoriseacutes La notice et le preacuteavis font partie des documents qui doivent par la suite ecirctre preacutesenteacutes agrave lOFAS avec la demande dadmission du meacutedicament dans la liste des speacutecialiteacutes (art 30a al 1 let a et b OPAS) raquo129 On peut deacuteduire de cet arrecirct et drsquoautres plus reacutecents130 qursquoune mise sur le marcheacute de meacutedicaments dans un but autre que theacuterapeutique (p ex de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo) devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic Un meacutedicament devant servir agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps ne peut ecirctre autoriseacute qursquoen relation avec une atteinte agrave la santeacute Le message concernant la LPTh conforte cette interpreacutetation pour plusieurs raisons Premiegraverement elle vise agrave restreindre lrsquoutilisation agrave des fins de dopage131 deuxiegravemement un meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute srsquoil preacutesente un rapport beacuteneacutefice risque neacutegatif Un produit ayant pour but une ameacutelioration cognitive physique ou autre preacutesente un beacuteneacutefice contestable concernant la santeacute srsquoil nrsquoa pas drsquoutiliteacute theacuterapeutique srsquoil preacutesente en plus des risques sa mise sur le marcheacute doit ecirctre refuseacutee Etant donneacute que la plupart des substances pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo pour des personnes en santeacute ont des fonctions theacuterapeutiques pour les personnes atteintes de maladies le critegravere de la mise sur le marcheacute est selon nous moins pertinent pour deacuteterminer les limites leacutegales des possibiliteacutes de deacuteveloppement humain artificiel que celui de lrsquousage hors eacutetiquette traiteacute ci-dessous

128 Tribunal feacutedeacuteral des assurances K10303 Arrecirct du 14 septembre 2004 et ATF 130 (2004) V p 532-546 p 537 129 ATF 130 (2004) V p 532-546 p 538 130 Notamment ATF 134 V 83 131 V 349 et 133 V 239 131 Message LPTh FF 1999 3151 p 3171

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(2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance Selon lrsquoart 26 LPTh Les regravegles reconnues des sciences pharmaceutiques et meacutedicales doivent ecirctre respecteacutees lors de la prescription et de la remise de meacutedicaments Le Message LPTh explique qursquolaquo [i]mplicitement cette prescription interdit la prescription et la remise abusives de meacutedicaments raquo132 Si une prescription abusive est interdite les meacutedecins disposent de la liberteacute theacuterapeutique en drsquoautres termes du libre choix de la theacuterapie agrave utiliser dans une situation donneacutee Lorsqursquoun meacutedicament est autoriseacute par Swissmedic lrsquoautorisation est accompagneacutee drsquoune laquo information professionnelle raquo133 contenant les indications et la posologie On parle alors drsquousage hors eacutetiquette en cas de prescription drsquoun meacutedicament par un meacutedecin deacuterogeant agrave cette information professionnelle autrement dit en cas drsquolaquo Einsatz eines Arzneimittels ausserhalb der registrierten Indikation in anderer Dosierung oder bei anderen Patientengruppen (off label) raquo134 En geacuteneacuteral la prescription hors eacutetiquette est admise et fait partie de la liberteacute theacuterapeutique du meacutedecin Elle est mecircme courante dans certaines disciplines comme la peacutediatrie la gyneacutecologie lrsquooncologie ou la geacuteriatrie135 Le deacuteveloppement de cette pratique est ducirc agrave plusieurs facteurs dont le fait que des meacutedicaments nrsquoont pas eacuteteacute autoriseacutee ni testeacutes sur des groupes de patients donneacutes et le fait que dans divers cas lrsquoinformation professionnelle est deacutepasseacutee et que lrsquoindustrie pharmaceutique ne la fait pas enregistrer pour les nouvelles applications scientifiquement attesteacutees136 Parallegravelement agrave lrsquolaquo usage hors eacutetiquette (off label use) raquo on parle de laquo unlicensed use raquo lorsqursquoun meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute en Suisse laquo Dans ce cas le meacutedecin peut prescrire un meacutedicament sans autorisation particuliegravere pour autant que celui-ci ait eacuteteacute admis par un pays dont lrsquoautorisation est reconnue comme eacutequivalente agrave celles deacutelivreacutees en Suisse (pex UE ou USA) Si tel nrsquoest pas le cas le meacutedecin doit obtenir une autorisation speacuteciale de Swissmedic Pour pouvoir importer un tel meacutedicament le meacutedecin ou lrsquohocircpital aura en outre besoin drsquoune autorisation du canton raquo137 Le corollaire de lrsquoadmission de lrsquousage non autoriseacute et de lrsquousage hors eacutetiquette se trouve dans la responsabiliteacute du meacutedecin La responsabiliteacute civile des meacutedecins indeacutependants comme de toutes les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant est fondeacutee sur le

132 Message LPTh FF 1999 3178 p 3209 133 Art 13 et annexe 4 Ordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les exigences relatives agrave lrsquoautorisation de mise sur le marcheacute des meacutedicaments 134 Mitteilung Arzneimittelpolitik FMH in Bulletin des meacutedecins suisses 2004 85 Nr 28 1485 Pour AYER laquo le meacutedicament qui figure dans la liste des speacutecialiteacutes mais qui est utiliseacute pour des indications qui ne figurent pas dans lrsquoautorisation de Swissmedic est qualifieacute de laquo hors eacutetiquette raquo raquo ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 135 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 18 ss 136 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 19 s 137 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20

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code des obligations plus preacuteciseacutement sur le contrat de mandat138 Pour que la responsabiliteacute contractuelle du meacutedecin soit engageacutee il faut donc une violation du contrat impliquant une faute ou une neacutegligence et un rapport de causaliteacute entre la violation du contrat et le dommage pour que le dommage subi par le patient soit imputeacute au meacutedecin En matiegravere meacutedicale la violation du contrat se traduit par une violation du devoir de diligence du meacutedecin crsquoest-agrave-dire une violation des regravegles de lrsquoart Les regravegles de lrsquoart se deacutefinissent comme laquo les principes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo139 En conseacutequence une faute de diagnostic ou de traitement peut geacuteneacuterer la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin si elle constitue une inobservation drsquoune des regravegles de lrsquoart140 En cas de prescription hors eacutetiquette le meacutedecin est responsable de la deacuterogation En cas de complication il doit donc pouvoir justifier que lrsquoutilisation faite du meacutedicament correspondait agrave lrsquoeacutetat actuel de la science141 La responsabiliteacute peacutenale du meacutedecin en cas drsquousage non conforme drsquoun meacutedicament par exemple est donneacutee lorsqursquoil reacutealise une infraction en geacuteneacuteral une infraction contre la vie ou lrsquointeacutegriteacute corporelle Le TF a eu lrsquooccasion de trancher cette question dans deux arrecircts reacutecents142 Le premier concerne un oncologue bacirclois ayant traiteacute des patients avec un meacutedicament non autoriseacute par Swissmedic143 Ce praticien expeacuterimenteacute administrait agrave ses patients les plus atteints du laquo Lipoteichonsaumlure (LTA) raquo Les autoriteacutes bacircloises lui ont alors interdit lrsquousage de cette substance Sur demande de certains patients le praticien a eacuteteacute autoriseacute agrave des conditions strictes agrave utiliser ce meacutedicament dans le cadre drsquoune laquo compassionate use raquo Par la suite le meacutedecin srsquoest agrave nouveau vu interdire lrsquoutilisation du LTA au motif qursquoil nrsquoavait pas respecteacute ses engagements preacuteceacutedents Devant le Tribunal feacutedeacuteral srsquoest poseacutee la question de savoir si lrsquooncologue incrimineacute avait mis en danger la vie de ses patients au sens de lrsquoart 127 CP Le tribunal a consideacutereacute qursquoen lrsquoespegravece lrsquoon ne pouvait retenir de volonteacute du praticien de mettre en danger ses patients Il a donc eacuteteacute acquitteacute Le deuxiegraveme cas est celui drsquoun meacutedecin zurichois accuseacute drsquohomicide par neacutegligence suite au deacutecegraves drsquoune patiente agrave qui il avait prescrit un meacutedicament dans un dosage exceacutedant la quantiteacute geacuteneacuteralement admissible144 La question srsquoest alors poseacutee de savoir si la mort de la patiente eacutetait due agrave une violation des regravegles de lrsquoart qui en lrsquoespegravece serait constitueacutee par lrsquoutilisation drsquoune dose non conforme A ce propos le TF a retenu que laquo [a]ufgrund fruumlherer Studien ist das Bundesgericht jedoch zum Schluss gekommen dass diese Dosierung einer gaumlngigen Therapieform und damit 138 Art 394 ss CO DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 408 s En cas de leacutesion commise par un meacutedecin par exemple un concours entre la responsabiliteacute contractuelle et deacutelictuelle est possible voir OLIVIER GUILLOD CHRISTOPHE RAPIN La responsabiliteacute rapport suisse in La responsabiliteacute aspects nouveaux (journeacutees panameacuteennes) Paris 2003 p 375-403 p 376 139 ATF 108 II 59 61 140 Idem 141 Acadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales et la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) (eacuted) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20 142 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss 143 ATF 6B_402008 144 ATF 6B_6462007

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dem aktuellen Stand der Medizin entsprach An die Aufklaumlrungs- und Risikoabwaumlgungspflichten waren deshalb keine besonders strengen Anforderungen zu stellen raquo145 Mecircme si ces deux exemples ne traitent pas de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ils tendent agrave montrer que la liberteacute theacuterapeutique des personnes exerccedilant des professions meacutedicales universitaires est tregraves eacutetendue et permet une utilisation de meacutedicaments plus large que celle autoriseacutee Faut-il en deacuteduire que les meacutedecins disposent drsquoune large liberteacute de prescrire des meacutedicaments agrave des fins autres qursquoune theacuterapie Une reacuteponse neacutegative srsquoimpose en effet pour plusieurs raisons Premiegraverement le meacutedecin devant respecter les regravegles de lrsquoart pour ne pas devoir engager sa responsabiliteacute en cas de dommage des preuves scientifiques sont neacutecessaires pour pouvoir utiliser un meacutedicament hors eacutetiquette Mais pour que de telles preuves existent il faut que des recherches aient eacuteteacute meneacutees Comme vu ci-dessus il est douteux que des recherches puissent ecirctre meneacutees avec les risques qursquoelles comportent pour les sujets de recherche alors que les beacuteneacutefices escompteacutes nrsquoauront aucun but theacuterapeutique ou de santeacute publique En conseacutequence lrsquousage hors eacutetiquette de meacutedicaments agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne sera en toute logique pas autoriseacute principalement au motif que les recherches neacutecessaires pour arriver au niveau de seacutecuriteacute exigeacute par le droit suisse ne rentrent pas dans les conditions permettant leur mise en œuvre (critegravere de la pertinence et adeacutequation entre risque potentiel et beacuteneacutefice escompteacute) Deuxiegravemement le meacutedecin devra suffisamment informer le patient pour qursquoil puisse consentir au traitement en connaissance de cause Si les beacuteneacutefices drsquoun meacutedicament ne sont pas suffisamment deacutemontreacutes scientifiquement dans une situation donneacutee lrsquoincertitude doit mener agrave la prudence pour le patient et surtout pour le meacutedecin dans les conseils qursquoil prodigue au vu lrsquoengagement de sa responsabiliteacute Les conseacutequences envisageables de meacutedicaments soumis agrave ordonnance sur la santeacute et les conseacutequences patrimoniales pour le patient (les conditions de remboursement drsquoun meacutedicament prescrit hors eacutetiquette eacutetant strictes146) doivent reacuteguler des utilisations trop laquo fantaisistes raquo de meacutedicaments Troisiegravemement le principe drsquoeacuteconomie mentionneacute agrave lrsquoart 6 al 1 let h LPMeacuted et dans drsquoautres lois pose une restriction de principe agrave la fourniture de prestations qui ne sont pas efficaces adeacutequates et eacuteconomiques

(3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)

La LPTh limite les possibiliteacutes de faire de la publiciteacute pour les meacutedicaments147 Son article 31 pose le principe que la publiciteacute destineacutee au public ne peut ecirctre faite que pour des meacutedicaments non soumis agrave ordonnance Une publiciteacute pour les autres meacutedicaments ne peut ecirctre adresseacutee qursquoaux personnes autoriseacutees agrave prescrire et 145 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1215 146 Voir ci-dessous p 42 147 Selon lrsquoart 2 al 1 OPMed la publiciteacute se deacutefinit comme laquo toute forme drsquoinformation de prospection ou drsquoincitation qui vise agrave encourager la prescription la remise la vente la consommation ou lrsquoutilisation de meacutedicaments raquo

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remettre des meacutedicaments148 Lrsquoart 32 LPTh pose encore des conditions strictes dans lesquelles les publiciteacutes pour meacutedicaments sont autoriseacutees Suivant cette disposition est illicite a la publiciteacute trompeuse ou contraire agrave lrsquoordre public et aux bonnes moeurs b la publiciteacute pouvant inciter agrave un usage excessif abusif ou inapproprieacute de meacutedicaments c la publiciteacute pour les meacutedicaments qui ne peuvent ecirctre mis sur le marcheacute en Suisse Est illicite la publiciteacute destineacutee au public pour les meacutedicaments a qui ne peuvent ecirctre remis que sur ordonnance b qui contiennent des stupeacutefiants ou des substances psychotropes viseacutes par la loi du 3 octobre 1951 sur les stupeacutefiants1 c qui du fait de leur composition et de lrsquousage auquel ils sont destineacutes ne peuvent ecirctre utiliseacutes pour le diagnostic la prescription ni le traitement correspondant sans lrsquointervention drsquoun meacutedecin d qui font freacutequemment lrsquoobjet drsquoun usage abusif ou qui peuvent engendrer une accoutumance ou une deacutependance Selon le TF laquo [l]a publiciteacute destineacutee aux professionnels (publiciteacute pour des produits theacuterapeutiques adresseacutee aux personnes qui les remettent ou les prescrivent) ne doit pas inciter agrave un emploi abusif ou inapproprieacute des produits theacuterapeutiques Une autorisation de publiciteacute pour des applications qui ne sont pas autoriseacutees sous langle du droit des produits theacuterapeutiques serait contraire aux principes de la protection de la santeacute et de celle des consommateurs ainsi quau principe de lutilisation modeacutereacutee des produits theacuterapeutiques raquo149 Lrsquoordonnance sur la publiciteacute pour les meacutedicaments ajoute entre autres les eacuteleacutements suivants

bull la publiciteacute tant destineacutee aux professionnels qursquoau public doit se limiter aux indications et aux possibiliteacutes drsquoemploi reconnues par lrsquoinstitut (art 5 al 1 et 16 al 1 OPMeacuted)

bull La publiciteacute destineacutee au public doit preacutesenter le meacutedicament de faccedilon veacuteridique et sans exageacuteration que ce soit par lrsquoimage le son ou la parole (art 16 al 2 OPMeacuted)

bull la publiciteacute destineacutee au public pour des indications ou des possibiliteacutes drsquoemploi neacutecessitant un diagnostic ou un traitement meacutedical ou veacuteteacuterinaire est illicite (art 21 al 1 OPMeacuted)

bull les eacuteleacutements qui suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre ameacutelioreacute par lrsquoutilisation du meacutedicament sont interdits (art 22 let d OPMeacuted)

bull suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre affecteacute par la non-utilisation du meacutedicament (art 22 let e OPMeacuted)

148 Les personnes autoriseacutees agrave remettre des meacutedicaments sont eacutenumeacutereacutees aux art 24 ss LPTh Lrsquoart 3 OPMeacuted preacutecise que cette disposition les meacutedecins dentistes veacuteteacuterinaires pharmaciens et droguistes 149 Topamax Bundesgericht vom 1 Oktober 2008 Unzulaumlssige Bewerbung nicht genehmigter Arzneimittelanwendungen II oumlffentlichrechtliche Abteilung Abweisung der Beschwerde Akten-Nr 2C9320088 in sic 2009 p 93 ss p 93

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Les deux derniers eacuteleacutements mentionneacutes sont clairs toute publiciteacute pour des meacutedicaments pour un usage de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est interdite en Suisse

(4) Interdiction du dopage Lrsquoentreacutee en vigueur de la LPTh srsquoest accompagneacutee drsquoune modification de la Loi encourageant la gymnastique et les sports150 par lrsquoadjonction drsquoun nouveau chapitre Vb sur les mesures contre le dopage (art 11b agrave 11f) En particulier lrsquoart 11d interdit laquo a de fabriquer drsquoimporter drsquoacqueacuterir pour des tiers de distribuer de prescrire et de remettre des produits destineacutes au dopage b drsquoappliquer des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Eleacutement important lrsquoart 11f introduit des sanctions peacutenales pour toute personne qui contribue au dopage en particulier qui laquo fabrique importe acquiert pour des tiers distribue prescrit ou remet des produits dopants ou applique des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Cette disposition vise directement les professionnels de la santeacute qui pourraient participer agrave des activiteacutes dopantes Ces dispositions leacutegales sont compleacuteteacutees par deux ordonnances

bull - ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et meacutethodes de dopage (Ordonnance sur les produits dopants)

bull - ordonnance du 17 octobre 2001 sur les exigences minimales agrave respecter lors des controcircles antidopage (Ordonnance sur les controcircles antidopage)

Lrsquoart 2 de lrsquoordonnance sur les produits dopants offre la deacutefinition leacutegale du dopage agrave savoir laquo lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo On constatera que cette deacutefinition rejoint celle consacreacutee dans la Convention internationale contre le dopage dans le sport151 elle-mecircme reprenant les principes du code mondial antidopage La Suisse participe ainsi aux efforts internationaux en matiegravere de lutte contre le dopage dont la tendance est de se renforcer On notera que les objectifs de cette lutte sont multiples Il srsquoagit de garantir le fair-play dans le sport en preacuteservant ainsi lrsquoimage positive de cette activiteacute et de proteacuteger la santeacute des athlegravetes Non seulement la santeacute des sportifs qui se dopent prenant ainsi des risques seacuterieux mais eacutegalement celles des autres athlegravetes qui dans un environnement ougrave de nombreux sportifs seraient dopeacutes nrsquoauraient pas drsquoautre choix que de se doper eux-mecircmes pour maintenir leur performance Paradoxalement il nrsquoy a pas lieu de srsquoeacutetendre dans ce rapport sur la question de la lutte antidopage dans la mesure ougrave lrsquoengagement des gouvernements et des autoriteacutes semble clair De telles pratiques ne semblent pas devoir ecirctre autoriseacutees dans les anneacutees agrave venir bien au contraire Sous lrsquoangle du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo la condamnation du dopage dans le sport est largement partageacutee au niveau international La Suisse vient drsquoailleurs de se doter drsquoun organisme adhoc pour respecter ses engagements internationaux la fondation laquo Antidopage 150 RS 4150 151 RS 08121222

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Suisse raquo152 Cette fondation est en charge de mener des campagnes de preacutevention et drsquoinformation mais aussi drsquoorganiser les controcircles antidopage des sportifs concerneacutes A ce propos il convient toutefois de souligner qursquoils ne touchent que les sportifs drsquoeacutelite dans le monde amateur ou professionnel La question reste ouverte dans les autres domaines drsquoougrave lrsquoimportance des normes analyseacutees dans le reste de ce rapport qui srsquoappliquent agrave tous et pas seulement dans le milieu du sport drsquoeacutelite Il srsquoagit lagrave sans doute drsquoune des grandes faiblesses de la lutte antidopage qui srsquoexplique en partie peut-ecirctre par le fait que la prioriteacute dans ce domaine est davantage la protection de lrsquoimage du sport que la protection de la santeacute des athlegravetes153

iii) Stupeacutefiants

La loi feacutedeacuterale sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes (LStup) eacutetablit un controcircle desdites substances en Suisse154 laquo La LStup reacuteglemente lrsquousage meacutedical des substances psychotropes et interdit en mecircme temps la production le commerce la deacutetention et la consommation de drogues agrave des fins non meacutedicales raquo155 Dans la regravegle La LStup interdit sous peine de sanctions peacutenales tout usage sans droit de stupeacutefiants dont la consommation la vente la production la culture le trafic lrsquoachat etc156 De nombreux produits potentiellement utilisables dans le domaine du deacuteveloppement humain et du dopage sont des stupeacutefiants au sens de la LStup citons par exemple les ampheacutetamines meacutethampheacutetamines cocaiumlne MDMA etc157 Preacutecisons drsquoembleacutee que selon lrsquoart 1 al 1bis LStup la loi sur les produits theacuterapeutiques srsquoapplique aux stupeacutefiants utiliseacutes comme produits theacuterapeutiques sauf si elle ne preacutevoit pas de reacuteglementation ou que sa reacuteglementation est moins eacutetendue La LStup soumet la fabrication la dispensation lrsquoacquisition et lrsquoutilisation de stupeacutefiants agrave des regravegles et une proceacutedure drsquoautorisation strictes des exceptions eacutetant preacutevues pour les meacutedecins utilisant ces produits dans le cadre de leur profession En geacuteneacuteral ces actions ne sont autoriseacutees qursquoagrave des fins meacutedicales les autorisations nrsquoeacutetant remises qursquoagrave des prestataires de soins meacutedicaux ou des entreprises de lrsquoindustrie pharmaceutique158

152 httpwwwantidopingchfrindexphp 153 Cf OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 154 Sur la deacutefinition des produits stupeacutefiants voir art 1 LStup qui mentionne laquo les substances et les preacuteparations ayant des effets du type morphinique cocaiumlnique et cannabique et qui engendrent la deacutependance (toxicomanie) raquo Pour une autre deacutefinition THOMAS FINGERHUTH CHRISTOF TSCHURR BetmG Kommentar com ad Art 1 p 60 laquo Als ldquoBetaumlubungsmittelldquo iSv Art 1 BetmG koumlnnen ganz allgemein natuumlrliche oder synthetische Stoffe und Praumlparate (= Zubereitungen) bezeichnet werden deren Gebrauch eine physische undoder psychische Abhaumlngigkeit erzeugen kann raquo La liste de tous les stupeacutefiants se trouve dans lrsquoOrdonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes et ses appendices 155 SIMONE LEDERMANN FRITZ SAGER La politique suisse en matiegravere de drogue Troisiegraveme programme de mesures de la confeacutedeacuteration en vue de reacuteduire les problegravemes de drogue (ProMeDro III) 2006-2011 p 33 156 Art 19 et 19a LStup 157 Ces substances sont inclues dans la liste des stupeacutefiants de lrsquoappendice a de lrsquoordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes 158 Voir par exemple les art 4 et 8 al 5 LStup

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iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels

(1) Denreacutees alimentaires Si le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo peut impliquer lrsquousage de meacutedicaments les denreacutees alimentaires et objets usuels peuvent eacutegalement jouer un rocircle dans ce cadre En effet on voit de plus en plus drsquoaliments fonctionnels (alicaments ou laquo nutraceuticals raquo) ayant des vertus de laquo santeacute raquo voire de deacuteveloppement humain Les denreacutees alimentaires sont deacutefinies comme eacutetant les produits nutritionnels destineacutes agrave la constitution et agrave lrsquoentretien de lrsquoorganisme humain qui ne sont pas procircneacutes comme meacutedicaments En application de lrsquoart 3 al 2 LDAI le fournisseur drsquoun produit peut deacutecider srsquoil souhaite vendre son produit comme denreacutee alimentaire respectivement objet usuel ou comme meacutedicament laquo [U]ne marchandise eacutechappe au controcircle des denreacutees alimentaires lorsquelle est procircneacutee ou vendue comme un meacutedicament mecircme si de par ses autres proprieacuteteacutes elle est au fond une laquodenreacutee alimentaireraquo et consommeacutee comme telle raquo159 Cette solution est logique vu que la proceacutedure drsquoautorisation de mise sur le marcheacute drsquoun meacutedicament est plus contraignante que la mise sur le marcheacute drsquoun aliment Le Message relatif agrave la LPTh preacutecise encore que laquo [l]a proceacutedure dannonce que linstitut peut preacutevoir pour certains meacutedicaments ou certaines cateacutegories de meacutedicaments apporte encore une plus grande simplification Elle vaudra pour les produits situeacutes dans la zone grise entre les meacutedicaments et les denreacutees alimentaires comme les tisanes ou les bonbons contre la toux ou les meacutedicaments homeacuteopathiques sans indication meacutedicale et visera uniquement agrave permettre un controcircle des preacuteparations en question notamment de leur qualiteacute dans le cadre de la surveillance du marcheacute par exemple raquo160 Les questions qui se posent dans ce contexte sont celles lieacutees agrave la mise sur le marcheacute de tels produits et agrave la publiciteacute qui en est faite Rappelons que les buts fondamentaux de la LDAI sont la protection de la santeacute des consommateurs et la protection contre les tromperies en particulier en lien avec les progregraves scientifiques et lrsquoeacutevolution des marcheacutes concerneacutes La mise sur le marcheacute des denreacutees alimentaires deacutepend de la cateacutegorie dans laquelle entre le produit nutritionnel traiteacute Les denreacutees alimentaires speacutecifieacutees (dont la liste est inscrite agrave lrsquoart 4 ODAIOUs) sont admises laquo Un produit ne peut ecirctre commercialiseacute comme aliment sans autorisation de lOFSP que sil satisfait aux exigences de la leacutegislation alimentaire et sil est deacutefini dans une ordonnance speacutecifique du produit raquo161 A lrsquoinverse les denreacutees alimentaires non speacutecifieacutees sont interdites sauf autorisation individuelle de lrsquoOFSP Les critegraveres importants pour lrsquoautorisation sont la composition lrsquousage preacutevu et lrsquoeacutetiquetage du produit Lrsquoautorisation peut ecirctre soumise agrave la condition que le requeacuterant prouve que le produit demandeacute est inoffensif162 Enfin les microorganismes et substances eacutetrangegraveres doivent se trouver dans les quantiteacutes les plus faibles possibles dans les produits

159 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 160 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 161 Informations tireacutees du site de lrsquoOFSP httpwwwbagadminchthemenlebensmittel048580486204875indexhtmllang=fr 162 Art 5 et 6 OADIOUs

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nutritifs en application du principe laquo aussi peu que possible aussi souvent que neacutecessaire raquo163 Il existe une cateacutegorie particuliegravere de denreacutees alimentaires deacutesigneacutee par lrsquoexpression laquo aliments speacuteciaux raquo Les aliments speacuteciaux sont des denreacutees alimentaires destineacutees agrave une alimentation particuliegravere qui du fait de leur composition ou drsquoun proceacutedeacute de fabrication speacuteciale soit reacutepondent aux besoins nutritionnels des personnes qui pour des motifs de santeacute doivent srsquoalimenter de maniegravere diffeacuterente soit contribuent agrave produire des effets nutritionnels ou physiologiques deacutetermineacutes164 Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux mentionne les aliments suivants

bull les denreacutees alimentaires pauvres en lactose ou exemptes de lactose (art 5) bull les succeacutedaneacutes du sel comestible et les sels dieacuteteacutetiques (art 7) bull les denreacutees alimentaires pauvres en proteacuteines (art 8) bull les denreacutees alimentaires exemptes de gluten (art 9) bull les denreacutees alimentaires pouvant ecirctre consommeacutees par les diabeacutetiques

(art 13) bull les denreacutees alimentaires de substitution pour le controcircle du poids (art

16) bull les preacuteparations pour nourrissons (art 17) bull les preacuteparations de suite (art 18) bull les preacuteparations agrave base de ceacutereacuteales et autres aliments pour nourrissons et

enfants en bas acircge (art 19) bull les aliments destineacutes aux personnes ayant besoin drsquoun apport

eacutenergeacutetique ou nutritionnel accru (art 20) bull les aliments dieacuteteacutetiques destineacutes agrave des fins meacutedicales speacuteciales (art 20a) bull les aliments contenant de lrsquoextrait de malt (art 21) bull les compleacutements alimentaires (art 22) bull les levures alimentaires (art 22a) bull les micro-algues et les algues rouges calcaires (maeumlrl) (art 22b) bull les boissons speacuteciales contenant de la cafeacuteine (art 23)

Dans la regravegle les aliments speacuteciaux doivent se distinguer nettement des denreacutees alimentaires ordinaires (produits ordinaires) par leur composition et leur proceacutedeacute de fabrication et ils doivent satisfaire aux mecircmes exigences que les produits ordinaires correspondants agrave moins que leur destination particuliegravere ne requiegravere des deacuterogations165 Concernant la publiciteacute et lrsquoinformation lrsquoart 18 LDAI pose les deux regravegles suivantes la qualiteacute procircneacutee ainsi que toutes les autres indications sur une denreacutee alimentaire doivent ecirctre conformes agrave la reacutealiteacute et la publiciteacute pour les denreacutees alimentaires ainsi que leur preacutesentation et leur emballage ne doivent pas tromper le consommateur Lrsquoal 3 preacutecise que sont trompeuses les indications et les preacutesentations propres agrave susciter chez le consommateur de fausses ideacutees sur les effets speacuteciaux drsquoun aliment

163 Rapport explicatif relatif agrave la modification de la loi feacutedeacuterale sur les denreacutees alimentaires et les objets usuels p 15 164 Art 2 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux 165 Art 3 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux

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(2) Objets usuels Les objets usuels qui nous inteacuteressent dans cette eacutetude sont principalement les produits de soins corporels et cosmeacutetiques dont les producteurs vantent les vertus drsquoameacutelioration estheacutetiques Dans la regravegle lors de leur emploi conforme agrave leur destination ou habituellement preacutesumeacute les objets usuels ne doivent pas mettre la santeacute en danger Lrsquoart 31 ODAIOUs dispose encore que toute mention attribuant aux objets usuels des proprieacuteteacutes curatives leacutenitives ou preacuteventives (p ex des proprieacuteteacutes meacutedicinales ou theacuterapeutiques des effets deacutesinfectants ou anti-inflammatoires des recommandations drsquoun membre du corps meacutedical) est interdite Selon lrsquoart 40 ODAIOUs le DFI fixe a les exigences auxquelles doivent satisfaire les couleurs pour le tatouage et le maquillage permanent ainsi que leur eacutetiquetage b les exigences auxquelles doivent satisfaire les appareils et instruments utiliseacutes pour le piercing le tatouage et le maquillage permanent Il srsquoavegravere donc eacutegalement essentiel en matiegravere drsquoobjets usuels de proteacuteger la santeacute des consommateurs en eacutevitant toute confusion avec des meacutedicaments ou dispositifs meacutedicaux destineacutes agrave traiter ou preacutevenir des maladies

e) Droit du travail

Nous avons vu ci-dessus qursquoen principe un employeur ne peut exiger drsquoun employeacute une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique ni utiliser les reacutesultats drsquoune telle analyse166 De faccedilon plus geacuteneacuterale se posent de nombreuses questions en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et les relations de travail La performance eacutetant le plus souvent ce que recherche un employeur chez son employeacute la tentation peut ecirctre forte de seacutelectionner des employeacutes ayant ameacutelioreacutes leurs aptitudes ou drsquoaccroitre les aptitudes drsquoemployeacutes par des moyens artificiels Se pose alors la question de la protection du travailleur et de ses limites

i) Protection du travailleur

(1) En geacuteneacuteral Lrsquoart 328 du Code des Obligations preacutevoit la protection de la personnaliteacute du travailleur167 Selon cette disposition lrsquoemployeur doit entre autres proteacuteger la personnaliteacute la santeacute et lrsquointeacutegriteacute physique du travailleur168 Pour ce faire il doit prendre toutes les mesures que lrsquoon peut eacutequitablement exiger de lui Les art 6 LTr et 82 LAA obligent eacutegalement les employeurs agrave prendre les mesures neacutecessaires et

166 VINCENT CORPATAUX en lien avec lrsquoarrecirct ougrave le TF a retenu que des mesures de protection accrues eacutetaient requises pour proteacuteger la santeacute drsquoun employeacute allergique agrave la fumeacutee passive preacutecise que laquo la LAGH ne permettant qursquoexceptionnellement agrave un employeur de recruter ses employeacutes sur la base drsquoune analyse de leurs caracteacuteristiques geacuteneacutetiques (art 21 ss) un devoir accru de protection pourra ecirctre attendu de sa part dans des cas potentiellement nombreux raquo VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 75 167 Cette disposition concreacutetise les principes geacuteneacuteraux de protection de la personnaliteacute de lrsquoart 28 CC agrave la relation employeur ndash employeacute 168 Font partie des valeurs proteacutegeacutees la vie et lrsquointeacutegriteacute corporelle la santeacute physique et psychique lrsquointeacutegriteacute morale et la consideacuteration sociale la jouissance des liberteacutes individuelles et la sphegravere priveacutee JEAN-BERNARD WEBER Travail et protection de la personnaliteacute in Plaumldoyer 22002 p 46 ss p 47

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raisonnables afin de proteacuteger les employeacutes des maladies et accidents professionnels En application de cette disposition de principe lrsquoemployeur doit prendre toutes les mesures pour que lrsquoenvironnement et les conditions de travail de lrsquoemployeacute sauvegardent sa santeacute et sa personnaliteacute169 Les maladies professionnelles ainsi que toute autre atteinte de lrsquoemployeacute reacutesultant de lrsquoexercice de sa profession sont concerneacutees170 Traditionnellement les regravegles sur la protection de la santeacute des travailleurs ont eacuteteacute conccedilues en lien avec les maladies professionnelles et les accidents du travail Mais laquo la perspective srsquoest eacutelargie depuis une quinzaine drsquoanneacutees agrave la protection de la santeacute psychique des travailleurs raquo171

ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute

Dans le cadre de la protection du travailleur les limites doivent ecirctre poseacutees concernant ce que lrsquoemployeur peut demander ou imposer agrave ses employeacutes En lien avec le deacuteveloppement humain artificiel la question se pose de connaicirctre ces limites concernant les modifications et ameacuteliorations estheacutetiques et de performances (cognitives et physiques) De faccedilon geacuteneacuterale et sauf exceptions un employeur ne peut pas seacutelectionner les employeacutes plus reacutesistants dans le but qursquoils contractent moins vite voire pas du tout de maladies professionnelles mais doit au contraire adapter les conditions et lrsquoenvironnement de travail agrave la protection de la santeacute des employeacutes dans leur ensemble172 Au vu de cet eacuteleacutement un employeur ne peut a fortiori pas demander ou exiger drsquoun employeacute qursquoil emploie des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo comme par exemple la prise de ritaline Plus avant lrsquoemployeur a eacutegalement des obligations positives de preacutevention

iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Si lrsquoemployeur ne peut pas laquo ameacuteliorer raquo ses employeacutes pas les moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo il doit en plus prendre toutes les mesures raisonnablement exigibles pour que ses employeacutes ne soient pas contraints de facto agrave utiliser ces techniques pour pouvoir remplir leurs obligations Dans un arrecirct 4C242005 du 17 octobre 2005 le Tribunal feacutedeacuteral a condamneacute un employeur agrave payer une indemniteacute pour tort moral drsquoun montant de CHF 10000- agrave une employeacutee placeacutee dans une situation contraignante par son employeur Si en lrsquoespegravece lrsquoemployeacutee nrsquoa pas eacuteteacute victime de mobbing le fait que son employeur la contraigne agrave devoir effectuer une quantiteacute de travail propre agrave nuire agrave sa santeacute psychique a eacuteteacute consideacutereacute comme une violation de ses droits173

169 Arrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 170 VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 74 s 171 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 102 Sur le mecircme thegraveme voir WOLFGANG PORTMANN Stresshaftung im Arbeitsverhaumlltnis Erfolgreiche Stresshaftungsklagen gegen Arbeitgeber in der Schweiz und in anderen europaumlischen Laumlndern in ARV 2008 p 1-13 172 Message LAGH FF 2002 6841 p 6906 ss 173 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 4C242005 du 17 octobre 2005 consideacuterant 7

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On peut en deacuteduire qursquoun employeur ne peut exercer une trop forte pression sur ses employeacutes de faccedilon geacuteneacuterale par exemple en les astreignant agrave une charge de travail extrecircmement eacuteleveacutee nuisant agrave leur santeacute Les conditions de travail (charge de travail deacutelais horaires de travail etc) doivent pouvoir permettre aux employeacutes drsquoexercer leur emploi sans recours agrave des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans le mecircme sens selon DUNAND laquo [l]es conditions de travail doivent ecirctre adapteacutees aux capaciteacutes de lrsquoecirctre humain Lrsquoemployeur offrira aux travailleurs un climat de travail qui exclut toute atteinte agrave leur santeacute psychique Le travail sera organiseacute de maniegravere agrave eacuteviter un stress inutile ou un eacutepuisement professionnel raquo174 Pour le mecircme auteur laquo il appartient agrave lrsquoemployeur de mettre sur pied un systegraveme drsquoorganisation rationnel et respectueux qui permette drsquoeacuteviter une mise sous pression excessive des employeacutes raquo175 Le fait que dans certains milieux professionnels des comportements se rapprochant de ceux du dopage soient toleacutereacutes voire encourageacutes ne deacutedouane pas les employeurs de leurs obligations Il est vrai neacuteanmoins que rares sont ceux qui osent porter plainte dans ces conditions Il relegraveve alors de la responsabiliteacute du meacutedecin du travail srsquoil en existe de mettre en garde le travailleur sur les risques qursquoil encourt mais aussi drsquoavertir lrsquoemployeur des mesures agrave prendre pour corriger la situation

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal

La question qui se pose concernant les assurances de soins est la prise en charge de traitements entrant dans la cateacutegorie du deacuteveloppement humain artificiel Dans la regravegle lrsquoassurance-accidents couvre les frais meacutedicaux conseacutecutifs agrave un accident professionnel ou non professionnel176 laquo Le but du traitement meacutedical est deacuteliminer de la maniegravere la plus complegravete possible les atteintes physiques ou psychiques agrave la santeacute raquo177 Lrsquoart 54 LAA pose la limite suivante ceux qui pratiquent aux frais de lrsquoassurance-accidents doivent se limiter agrave ce qui est exigeacute par le but du traitement Lrsquoassurance-accidents ne couvre donc en principe pas de prestations relevant du deacuteveloppement humain artificiel son but fondamental eacutetant de prendre en charge les coucircts des theacuterapies conseacutecutives aux accidents Parmi les prestations preacutevues par la LAMal lrsquoart 25 mentionne les meacutedicaments prescrits par un meacutedecin dans la mesure ougrave ils servent agrave diagnostiquer ou agrave traiter une maladie et ses seacutequelles Lrsquoart 32 LAMal pose encore trois conditions au remboursement par lrsquoassureur-maladie obligatoire qui sont que les prestations doivent ecirctre efficaces approprieacutees et eacuteconomiques Lrsquoefficaciteacute doit ecirctre deacutemontreacutee scientifiquement Pour ecirctre rembourseacute un meacutedicament doit eacutegalement ecirctre inscrit sur la liste des speacutecialiteacutes de lrsquoOffice feacutedeacuteral de la santeacute publique178 Mais le remboursement de meacutedicaments par les caisses-maladie est soumis agrave diverses autres conditions dont celle de lrsquoutilisation conforme agrave lrsquoinformation professionnelle

174 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 175 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 176 Art 6 ss LAA 177 ATF 113 V 45 consid 4 178 Art 52 LAMal

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approuveacutee et publieacutee dans le Compendium suisse des meacutedicaments179 En conseacutequence un usage hors eacutetiquette nrsquoest en principe pas pris en charge Toutefois le TF a retenu deux exceptions pour lesquelles une telle utilisation peut ecirctre rembourseacutee180 La premiegravere est que la prescription hors eacutetiquette du meacutedicament constitue une condition essentielle agrave la poursuite drsquoune prestation prise en charge par lrsquoassurance obligatoire de soins181 La seconde est qursquoil srsquoagisse laquo de traiter une maladie qui pourrait ecirctre mortelle pour lrsquoassureacute ou impliquer des problegravemes de santeacute graves et chroniques qursquoil nrsquoexiste pas drsquoalternative theacuterapeutique et que le meacutedicament concerneacute preacutesente un important beacuteneacutefice theacuterapeutique raquo curatif ou palliatif182 Au vu de la jurisprudence traitant du remboursement de meacutedicaments utiliseacutes laquo hors eacutetiquette raquo force est de constater que lrsquousage de meacutedicaments soumis agrave ordonnance dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne remplit pas les conditions permettant leur remboursement par lrsquoassurance obligatoire de soins Ces conditions ayant pour but de permettre au meacutedecin de soigner au mieux des maladies pour lesquelles les meacutedicaments efficaces nrsquoont pas eacuteteacute speacutecifiquement testeacutes aux fins de lrsquoautorisation par Swissmedic on voit mal comment il pourrait en aller autrement

179 Voir ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 180 ATF 130 V 503 BGE 130 V 544 ATF 131 V 349 181 ARIANE AYER Prise en charge des meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 et la jurisprudence citeacutee 182 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 43

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3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations

La notion de laquo human enhancement raquo ne dispose pas actuellement de deacutefinition commune et arrecircteacutee Aux fins de cette eacutetude nous avons degraves lors ducirc commencer par en deacutefinir les contours et deacuteterminer les activiteacutes concerneacutees Le premier constat auquel nous sommes arriveacutes est que ces activiteacutes ne se limitent pas au dopage agrave la chirurgie estheacutetique ou au laquo wellness raquo Nous avons alors choisi drsquoappreacutehender cette notion de faccedilon large en parlant de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo expression qui nous apparait plus adapteacutee pour circonscrire la notion eacutetudieacutee Partant il nous a fallu trouver les dispositions leacutegales pertinentes et analyser les regravegles qursquoelles posent agrave la lumiegravere de cet ensemble drsquoactiviteacutes Nous avons alors constateacute que de nombreux champs du droit sont concerneacutes et que chaque activiteacute concerneacutee est reacuteglementeacutee de faccedilon propre Le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo nrsquoest pas appreacutehendeacute en tant que tel par le droit et ne le sera probablement jamais au vu de lrsquoensemble des diffeacuterentes activiteacutes et professions concerneacutees Dans de nombreuses situations les reacuteglementations eacutetudieacutees nrsquoont drsquoailleurs pas eacuteteacute eacutetablies en tenant compte du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Neacuteanmoins le droit positif suisse nrsquoest pas deacutemuni face aux possibiliteacutes de creacuteer des laquo surhommes raquo et pose des limites dans tous les domaines concerneacutes que lrsquoon pense agrave lrsquousage de meacutedicaments par des personnes en bonne santeacute en vue de modifications corporelles individuelles et volontaires aux possibiliteacutes pour une entreprise de demander des rendements surhumains agrave ses employeacutes ou agrave lrsquousage priveacute drsquoanalyses geacuteneacutetiques En conclusion nous pouvons mentionner que le droit suisse actuel ne connait pas de lacune manifeste concernant le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans les diffeacuterents champs concerneacutes des limites claires semblent eacutetablies

bull Toute modification geacuteneacutetique volontaire ou positive drsquoenfants agrave naicirctre est prohibeacutee

bull Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine ne peut ecirctre utiliseacutee agrave des fins laquo reacutecreacuteatives raquo (par exemple pour deacuteterminer lrsquoaptitude drsquoun enfant agrave diffeacuterentes activiteacutes sportives) ou en vue de seacutelectionner des employeacutes

bull Le preacutelegravevement et la transplantation drsquoorganes en vue drsquoameacuteliorer les performances drsquoun corps sain sont pratiquement interdites En effet le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes ne peut ecirctre effectueacute qursquoagrave la condition que le receveur ne puisse pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode Aucun traitement nrsquoeacutetant requis dans le cadre de deacuteveloppement artificiel force est de constater qursquoun preacutelegravevement est prohibeacute Concernant lrsquoattribution lrsquoordre de prioriteacute des requeacuterants deacutepend de lrsquourgence meacutedicale avec pour conseacutequence qursquoune transplantation laquo ameacuteliorative raquo est leacutegalement inconcevable

bull Les possibiliteacutes drsquoeffectuer de la recherche en vue de creacuteer de nouvelles meacutethodes et de nouveaux produits de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont limiteacutees par la neacutecessaire peseacutee drsquointeacuterecircts entre les risques et les beacuteneacutefices escompteacutes en particulier lorsque ces recherche doivent ecirctre meneacutees sur des ecirctres humains ou des cellules souches embryonnaires

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bull Les meacutedecins et professionnels de la santeacute sont limiteacutes dans leur activiteacute par le respect des regravegles de lrsquoart En conseacutequence ils ne peuvent sans risquer drsquoengager leur responsabiliteacute utiliser des produits et proceacutedeacutes agrave des fins non autoriseacutees De telles autorisations sont elles limiteacutees par les critegraveres permettant de faire les recherches neacutecessaires agrave leur deacutelivrance

bull La mise sur la marcheacute de meacutedicaments agrave des fins ameacutelioratives ne servant ni agrave diagnostiquer ni agrave preacutevenir ni agrave traiter une maladie devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic

bull La prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments nrsquoest possible qursquoagrave des conditions strictes ne permettant pas drsquoy inclure a priori le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

bull Les regravegles de droit du travail obligent lrsquoemployeur agrave adapter les conditions de travail aux employeacutes (et non lrsquoinverse) et interdisent les conduites dopantes qursquoelles soient demandeacutees explicitement ou tacitement agrave travers des conditions de travail et des instructions les rendant neacutecessaire pour lrsquoemployeacute

bull Enfin les activiteacutes meacutedicales relevant du deacuteveloppement humain artificiel ne remplissent pas les conditions permettant une prise en charge par les assurances sociales que ce soit par exemple la LAA ou la LAMal

Si les aspects juridiques paraissent suffisamment clairs les questions drsquoeacutethique et de deacuteontologie meacutedicales doivent selon nous ecirctre aujourdrsquohui clarifieacutees afin drsquounifier les pratiques en particulier dans les cas limites difficiles agrave cateacutegoriser entre laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo theacuterapie ou preacutevention Enfin les personnes pratiquant les activiteacutes pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et le public ndash patient usager consommateur ndash doivent enfin ecirctre clairement informeacutes des regravegles existantes et des limites poseacutees aux modifications volontaires de lrsquoecirctre humain

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Bibliographie ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique 2008 NICHOLAS AGAR Liberal eugenics In defence of human enhancement Malden 2005 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration du 18 avril 1999 Zurich Bacircle Genegraveve 2003 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse 2egraveme eacuted Berne 2006 (2 vol) FLORENCE AUBRY GIRARDIN Santeacute et seacutecuriteacute au travail eacutetude de droit suisse et communautaire Zurich 1995 ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire 2009 BERNARD BAERTSCHI Neuro-Enhancement Prendre la pilule de lrsquoameacutelioration morale serait-ce mal in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 5 s OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 s PETER BOumlHRINGER Arbeitsrecht Zurich 2001 SEVERINE BOILLAT le commerce eacutelectronique de meacutedicaments sous lrsquoangle de la santeacute publique Thegravese Neuchacirctel 2007 Berne 2007 CHRISTIANE BRUNNER et al Commentaire du contrat de travail Lausanne 2004 ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34 HEIDI BUumlRGI Richtlinien der Swissmedic zur Arzneimittelwerbung im Internet kritische Bemerkungen in AJP 2007 70 ss DIETER BUumlRGIN JOHANNES BIRCHER DANIEL CANDINAS et al Buts et missions de la meacutedecine au deacutebut du 21e siegravecle Rapport drsquoun groupe drsquoexperts de lrsquoAcadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales (ASSM) de la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) et des cinq Faculteacutes de meacutedecine Bacircle 2004

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PIERRE-YVES GERBER BETTINA KAHIL-WOLFF Introduction au droit suisse de la seacutecuriteacute sociale Cahiers genevois et romands de seacutecuriteacute sociale CGSS ndeg43-2009 ARMIN GRUNWALD Human Enhancement ndash What does laquo enhancement raquo mean here Newsletter Akademie-Brief No 88 avril 2009 p 1 ss HENRY GREELY et al Towards responsible use of cognitive enhancing drugs by the healthy in Nature Vol 456 11 December 2008 p 702 ss OLIVIER GUILLOD (eacuted) Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute de lrsquoinstitut de droit de la santeacute Universiteacute de Neuchacirctel Berne 2008 OLIVIER GUILLOD DOMINIQUE SPRUMONT Le droit agrave la santeacute un droit en eacutemergence in De la Constitution eacutetudes en lhonneur de Jean-Franccedilois Aubert eacuted par Piermarco Zen-Ruffinen et Andreas Auer Bacircle 1996 p 337-353 FRANK HALDEMANN Verantwortung im Gentechnikrecht Bacircle 2009 CHRISTIAN HEDIGER Die Haftungsbestimmungen des Gentechnikgesetzes (art 30-34 GTG) Thegravese Lucerne 2008 Zurich Bacircle Genegraveve 2009 GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees deacutebats sur leugeacutenisme pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle Genegraveve 2002 JONATHAN HERRING Medical law and ethics Oxford 2006 HANS HOPPELER Doping Leistungssteigerung im Sport durch Medikamente in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 7 s JOHANNES HUBER Anti-Aging Strategien zur Alterungspraumlvention in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 16 s PETER JAumlGER ANGELA SCHWEITER Rechtsprechung des Bundesgerichts zum Arzthaftpflicht- und Arztstrafrecht mit einem Anhang unveroumlffentlichter Urteile Zurich Bacircle Genegraveve 2006 CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives leacutegislatives Genegraveve Zurich Bacircle 2004 LEON R KASS ELIZABETH H BLACKBURN REBECCA S DRESSER et al Beyond therapy biotechnology and the pursuit of happiness A Report by the Presidentrsquos Council on Bioethics 2003 UELI KIESER (eacuted) ATSG-Kommentar Zurich Bacircle Genegraveve 2009 UELI KIESER Schweizerisches Sozialversicherungsrecht Zurich St-Gall 2008

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MARYAM KOHLER-VAUDAUX Le deacutebut de la personnaliteacute juridique et la situation juridique de lenfant agrave naicirctre eacutetude de droit suisse et aperccedilu des droits franccedilais et allemand Genegraveve Zurich Bacircle 2006 DAMIAN KOumlNIG DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) La xeacutenotransplantation dans lordre juridique suisse Technology Assessment - Document de travail 282001 Berne 2001 MORITZ W KUHN TOMAS POLEDNA (eacuted) Arztrecht in der Praxis Zurich Bacircle Genegraveve 2007 HARDY LANDOLT Oumlffentliches Gesundheitsrecht Zurich 2009 HARDY LANDOLT Rechtskunde fuumlr Gesundheits- und Pflegeberufe Berne 2004 PATRICK LAURE Dopage et socieacuteteacute Paris 2000 PATRICK LAURE Ethique du dopage paris 2002 PATRICK LAURE et al Histoire du dopage et des conduites dopantes les alchimistes de la performance Paris 2004 PATRICK LAURE CLAIRE BINSINGER Les meacutedicaments deacutetourneacutes crimes meacutesusages pratiques addictives conduites dopantes suicide euthanasie Paris 2003 DOMINIQUE LECOURT (dir) Dictionnaire de la penseacutee meacutedicale Paris 2004 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 ss CHRISTIAN LENK Therapie und Enhancement Ziele und Grenzen der modernen Medizine Muumlnster 2002 CHRISTIAN LENK ANNA-KARINA JAKOVLJEVIĆ Ethik und optimierende Eingriffe am Menschen ethische Aspekte von Enhancement in der Medizin Bochum 2005 THOMAS LOCHER Grundriss des Sozialversicherungsrecht Berne 2003 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen Berlin 2007 DOMINIQUE MANAIuml Les droits du patient face agrave la biomeacutedecine Berne 2006 JEAN MARTIN Deacutefis eacutethiques autour des nanotechnologies in Bulletin des meacutedecins suisses 200788 34 p 1394 ss PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 ANDY MIAH Engineering Greater Resilience or Radical Transhuman Enhancement in Studies in ethics law and technology Volume 2 Issue 1 2008 article 5

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MICHAEL J SELGELID An argument against arguments for enhancement in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 12 JOHANNES SIEGRIST MICHAEL MARMOT Social inequalities in health Oxford 2006 DOMINIQUE SPRUMONT MARKUS TRUTMANN (eacuteds) La recherche avec les cellules souches un deacutefi Mais pour qui Rapport IDS Ndeg 3 2003 JEANINE-ANNE STIENNON PAUL SCHOTSMAN Tous dopes eacutethique de la meacutedecine drsquoameacutelioration Bruxelles 2008 CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin Frankfurt am Main 2009 ASTRID STUCKELBERGER Introduction to anti-ageing medicine in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 12 ss ASTRID STUCKELBERGER Anti-Ageing Medicine Myths and Chances Zurich 2008 RUUD TER MEULEN Will enhancement make us better Ethical reflections on the enhancement of human capacities by means of biomedical technologies in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 23 ss RUUD TER MEULEN The enhancement of human capacities by medical and biological technologies Will we be better off (Inaugural Address 29th of November 2006 Centre for Ethics in Medicine University of Bristol) DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse Zurich 2001 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft 2 Aufl Berne 2007 CHARLES M THIEBAULD PIERRE SPRUMONT (dir) Le sport apregraves 50 ans Bruxelles 2005 DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz Droit constitutionnel suisse Zurich 2001 RINIE VAN EST PIM KLAASSEN MIRJAM SCHUIJFF Future Man ndash No Future Man La Hague 2008 ADRIAN VON KAENEL Das neue Bundesgesetz uumlber genetische Untersuchungen beim Menschen (GUMG) Eine Uumlbersicht aus arbeitsrechtlicher Warte in ARV 2007 145 ss FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 ss RENEacute WIEDERKEHR Fairness als Verfassungsgrundsatz Thegravese drsquohabilitation Lucerne 2006 Berne 2006

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CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss CHRISTOPH WILLI Der informierte Patient ist der beste Patient Spannungsverhaumlltnis zwischen Werbung und Information fuumlr Arzneimittel und Medizinalprodukte benachteiligt Patienteninteressen in AJP 2008 159 ss ENITA A WILLIAMS Good Better Best The Human Quest for Enhancement Summary Report of an Invitational Workshop Convened by the Scientific Freedom Responsibility and Law Program American Association for the Advancement of Science June 1-2 2006 REMY WYLER (eacuted) Panorama en droit du travail Berne 2009 VLADIMIR M ZATSIORSKY (eacuted) Biomechanics in sport performance enhancement and injury prevention Oxford 2000 LEO ZONNEVELD (eacuted) Reshaping the Human Exploring Human Enhancement La Hague 2008

  • Table des matiegraveres
    • Introduction et contexte
    • 1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
      • a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration
      • b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo
        • i) Ameacuteliorations et modifications physiques
        • ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales
        • iii) Prolongation de la vie
        • iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo
        • v) Preacutevention primaire
          • c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo
            • i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain
            • ii) Les substances
              • d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                • 2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                  • a) Fondements constitutionnels
                    • i) Digniteacute humaine
                    • ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle
                    • iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations
                    • iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes
                    • v) Protection des consommatrices et consommateurs
                    • vi) Protection de la santeacute
                    • vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain
                    • viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain
                    • ix) Meacutedecine de la transplantation
                    • x) Recherche impliquant des ecirctres humains
                      • b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine
                        • i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee
                        • ii) Analyse geacuteneacutetique humaine
                        • iii) Meacutedecine de la transplantation
                        • iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires
                        • v) Recherche impliquant des ecirctres humains
                          • c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions
                            • i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)
                              • d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires
                                • i) Seacutecuriteacute des produits
                                • ii) Meacutedicaments
                                  • (1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo
                                  • (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance
                                  • (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)
                                  • (4) Interdiction du dopage
                                    • iii) Stupeacutefiants
                                    • iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels
                                      • (1) Denreacutees alimentaires
                                      • (2) Objets usuels
                                          • e) Droit du travail
                                            • i) Protection du travailleur
                                              • (1) En geacuteneacuteral
                                                • ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute
                                                • iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                                                  • f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal
                                                    • 3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations
                                                      • Bibliographie
Page 3: Le développement humain artificiel

Table des matiegraveres TABLE DES MATIERES 2

INTRODUCTION ET CONTEXTE 4 1) DEFINITIONS DELIMITATIONS ET MOYENS DU laquo DEVELOPPEMENT HUMAIN ARTIFICIEL raquo 5

a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration 5 b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo 8

i) Ameacuteliorations et modifications physiques 8 ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales 8 iii) Prolongation de la vie 9 iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo 9 v) Preacutevention primaire 9

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo 10 i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain 10 ii) Les substances 10

d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo 11

2) LA LEacuteGISLATION SUISSE ET LES ACTIVITEacuteS DE laquo DEacuteVELOPPEMENT HUMAIN ARTIFICIEL raquo 12

a) Fondements constitutionnels 12 i) Digniteacute humaine 12 ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle 13 iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations 14 iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes 15 v) Protection des consommatrices et consommateurs 15 vi) Protection de la santeacute 15 vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain 16 viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain 17 ix) Meacutedecine de la transplantation 17 x) Recherche impliquant des ecirctres humains 17

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine 18 i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee 18 ii) Analyse geacuteneacutetique humaine 19 iii) Meacutedecine de la transplantation 22 iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires 23 v) Recherche impliquant des ecirctres humains 24

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions 25 i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens) 25

d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires 29

i) Seacutecuriteacute des produits 29 ii) Meacutedicaments 30

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo 30 (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance 32 (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette) 34 (4) Interdiction du dopage 36

iii) Stupeacutefiants 37 iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels 38

(1) Denreacutees alimentaires 38 (2) Objets usuels 40

e) Droit du travail 40 i) Protection du travailleur 40

(1) En geacuteneacuteral 40 ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute 41 iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo 41

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal 42

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3) PISTES DE REacuteFLEXION ET PROPOSITIONS DE RECOMMANDATIONS 44 BIBLIOGRAPHIE 46

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Introduction et contexte

laquo Ce qui donne agrave un individu sa valeur geacuteneacutetique ce nest pas la qualiteacute propre de ses gegravenes Cest quil na pas la mecircme collection de gegravenes que les autres raquo1

La Commission nationale drsquoeacutethique (CNE) a deacutecideacute en 2009 de srsquoassocier agrave une eacutetude poursuivie par TA-Swiss en collaboration avec lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales (ASSM) et lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences sociales et humaines (ASSH) sur la probleacutematique du laquo human enhancement raquo Dans ce cadre la CNE a mandateacute lrsquoInstitut de droit de la santeacute repreacutesenteacute par le Professeur Dominique Sprumont afin de reacutealiser une analyse preacuteliminaire des questions juridiques souleveacutees par la meacutedecine ameacuteliorative (human enhancement) La preacutesente eacutetude juridique commissionneacutee par la CNE srsquointegravegre ainsi dans lrsquoeacutetude meneacutee par TA-Swiss et repreacutesente la contribution formelle de la commission agrave celle-ci Dans le cadre des travaux de TA-Swiss et sur la base des reacutesultats de la preacutesente eacutetude juridique la CNE deacutecidera de ses futurs travaux relatifs agrave ce sujet Lrsquoeacutetude porte principalement sur les bases leacutegales en vigueur et les lacunes juridiques eacuteventuelles dans les diffeacuterents domaines du laquo human enhancement raquo Elle offre un eacutetat des lieux en la matiegravere en droit suisse et dans la mesure du possible comprend des aspects de droit international et de droit compareacute Il convient de souligner que ce dernier point nrsquoa pas pu ecirctre approfondi autant que souhaiteacute la tacircche agrave accomplir srsquoeacutetant aveacutereacutee plus importante que preacutevue En effet une attention particuliegravere a eacuteteacute consacreacutee agrave preacuteciser la notion de laquo human enhancement raquo ce qui a abouti agrave adopter une nouvelle terminologie plus conforme agrave la probleacutematique abordeacutee La notion retenue deacutepasse largement la question du dopage ou de la chirurgie estheacutetique Il a ainsi fallu passer en revue davantage de lois qursquoinitialement preacutevu et traiter par exemple de question de droit du travail ou drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine Dans lrsquoensemble le rapport deacutefend une vision particuliegraverement large de la probleacutematique Il vise particuliegraverement agrave clarifier le deacutebat tout en proposant de nouvelles pistes de reacuteflexion Ce rapport se construit en trois parties Dans la premiegravere il est principalement question des notions de base et de la deacutelimitation du sujet Une attention particuliegravere a eacuteteacute porteacutee sur les choix terminologiques Il est ainsi proposeacute drsquoabandonner lrsquoexpression anglaise de laquo human enhancement raquo au profit de celle de laquo deacuteveloppement humain articificiel raquo La deuxiegraveme partie consiste en une revue aussi exhaustive que possible des diffeacuterentes leacutegislations qui contribuent directement ou indirectement agrave encadrer les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo agrave savoir (1) le droit constitutionnel particuliegraverement sous lrsquoangle des droits humains (2) les leacutegislations touchant agrave la meacutedecine et la digniteacute humaine de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee agrave la transplantation sans oublier lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine et la recherche (3) le droit pharmaceutique y compris les questions de dopage (4) le droit du travail et (5) certains aspects drsquoassurance sociale en particulier LAA et LAMal Enfin en troisiegraveme partie plusieurs pistes de reacuteflexion sont eacutevoqueacutees compte tenu des quelques reacutesultats obtenus de cette eacutetude preacuteliminaire Enfin le rapport comprend une bibliographie geacuteneacuterale illustrant si besoin est la complexiteacute de la probleacutematique

1 FRANCcedilOIS GROS FRANCcedilOIS JACOB PIERRE ROYER Sciences de la vie et socieacuteteacute Paris 1978

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1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration

Litteacuteralement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo peut se traduire par laquo ameacutelioration de lrsquoecirctre humain raquo2 Ainsi STOCK parle de laquo Verbesserung oder Erweiterung bestehender diagnostischer therapeutischer praumlventiver oder palliativer Moumlglichkeiten raquo3 De mecircme le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE deacutefinit comme suit le laquo human enhancement raquo laquo Medizinische oder biotechnologische Interventionen die darauf zielen Menschen in ihren Faumlhigkeiten oder in ihrer Gestalt in einer Weise zu veraumlndern die in den jeweiligen soziokulturellen Kontexten als Verbesserung wahrgenommen werden deren Zielsetzung nicht primaumlr therapeutischer oder praumlventiver Art ist raquo On notera que le Conseil feacutedeacuteral propose sa propre deacutefinition du laquo human enhancement raquo dans le message sur la loi relative agrave la recherche sur lrsquoecirctre humain Il utilise cette expression pour deacutesigner des projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques drsquoun fœtus sans rapport avec une maladie des projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement4 Cette notion ne se limite cependant pas a priori aux seules ameacuteliorations fondeacutees sur les techniques biomeacutedicales5 Lrsquouniteacute drsquoeacutevaluation des choix scientifiques et technologiques (STOA)6 du parlement europeacuteen a reacutecemment publieacute un rapport sur le sujet qui abonde dans ce sens Le concept de laquo human enhancement raquo retenu par le STOA est le suivant

laquo a modification aimed at improving individual human performance and brought about by science-based or technology-based interventions in the human body This definition includes ldquostrongrdquo second-stage forms of human enhancement with long-term effective or permanent results as well as ldquotemporaryrdquo enhancements Because it is not related to a specific definition of health this is a non-medical concept of human enhancement Moreover we distinguish between purely restorative non-enhancing therapies therapeutic enhancements and non-therapeutic enhancements raquo7

En partant de cette acception large du concept de laquo human enhancement raquo il est possible drsquoeacutetablir plusieurs cateacutegories drsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain qui srsquoy rattachent ainsi que de nombreuses meacutethodes qui visent agrave y parvenir A titre drsquoexemple le dopage les interventions de meacutedecine et de chirurgie estheacutetique (y compris drsquoantivieillissement) le maquillage permanent lrsquoeacutepilation deacutefinitive les

2 Selon divers dictionnaires (httpwwwlexilogoscomanglais_langue_dictionnaireshtm) laquo to enhance raquo se traduit par laquo mettre en valeur rehausser augmenter ameacuteliorer accroitre renforcer enrichir raquo 3 CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin p 39 s 4 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 5 Voir CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin Frankfurt am Main 2009 p 39 6 La laquo Science and Technology Options Assessment (STOA) raquo est lrsquouniteacute drsquoeacutevaluation des choix scientifiques et technologiques du parlement europeacuteen voir httpwwweuroparleuropaeustoadefault_enhtm 7 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study mai 2009 p 17 Dans le mecircme texte il est retenu que dans le domaine de la bioeacutethique meacutedicale le terme laquo enhancement raquo laquo characterize interventions designed to improve human form or functioning beyond what is necessary to sustain or restore good health raquo httpwwweuroparleuropaeustoapublicationsstudiesstoa2007-13_enpdf

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tatouages les piercings le branding et les scarifications sont autant de meacutethodes qui peuvent ecirctre rattacheacutees au laquo human enhancement raquo8 La distinction entre les interventions qui relegravevent de la theacuterapie ou des soins de celles qui peuvent ecirctre qualifieacutees plus strictement drsquoameacutelioratives srsquoavegraverent drsquoembleacutee difficile agrave tracer Le STOA a deacuteveloppeacute un tableau visant agrave diffeacuterencier les diffeacuterentes notions9

Il paraicirct eacutegalement inteacuteressant de mentionner les cateacutegories eacutetablies par Armin GRUNWALD dans le but de classer les diffeacuterentes activiteacutes biomeacutedicales agrave savoir

laquo 1 Healing as the removal of individual deficits relative to recognized standards of an average healthy human being 2 Doping as an increase in individual performance potential without there being any existing deficit in terms of (1) but in a measure that the performance achieved through it still appears as conceivably ldquonormalrdquo within the spectrum of usual human performance ndash either in sport or in normal life 3 Enhancement as an increase in performance going beyond abilities that are regarded as ldquonormallyrdquo achievable by humans who are healthy capable and ready to perform under optimal conditions 4 Alteration of human composition eg inventing new organs or bodily functions raquo10

Il deacutecoule de cette grille drsquoanalyse que le laquo human enhancement raquo relegraveve principalement des deuxiegraveme et troisiegraveme cateacutegories de GRUNWALD la quatriegraveme cateacutegorie restant actuellement hypotheacutetique Les notions de dopage de meacutedecine drsquoameacutelioration et de chirurgie et meacutedecine estheacutetique connexes et faisant partie de lrsquoensemble des activiteacutes du laquo human 8 Voir p ex CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 2 9 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 19 10 ARMIN GRUNWALD Human Enhancement ndash What does laquo enhancement raquo mean here Newsletter Akademie-Brief No 88 avril 2009 p 2

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enhancement raquo doivent encore ecirctre deacutefinies En droit suisse le dopage se deacutefinit comme laquo lrsquousage abusif de produits et de meacutethodes destineacutes agrave accroicirctre les performances physiques dans le sport raquo11 Il convient de le distinguer de la notion de conduite dopante connexe agrave celle de dopage laquo On parle de conduite dopante lorsqursquoune personne consomme certains produits pour affronter un obstacle reacuteel ou ressenti pour ameacuteliorer ses performances (compeacutetition sportive examen entretien drsquoembauche prise de parole en public situations professionnelles ou sociales difficiles) Dans le monde sportif cette pratique prend le nom de dopage raquo12 Le laquo human enhancement raquo se diffeacuterencie aussi de la meacutedecine ameacuteliorative qui peut se deacutefinir comme suit laquo [s]i les mesures theacuterapeutiques ont pour but le reacutetablissement de la santeacute du patient et le recouvrement de la norme physique et psychique les interventions drsquoameacutelioration peuvent ecirctre consideacutereacutees comme des interventions visant agrave modifier certaines particulariteacutes ou capaciteacutes drsquoun ecirctre humain pour qursquoelles soient supeacuterieures agrave cette norme raquo13 Ainsi la meacutedecine et la chirurgie estheacutetiques visent laquo die Verschoumlnerung bereits normaler Koumlrperformen raquo14 Dans un arrecirct de 1998 le tribunal cantonal vaudois a retenu que laquo les opeacuterations effectueacutees par le chirurgien estheacutetique ne preacutesentent ni urgence ni neacutecessiteacute absolue et quelles portent sur des organes sains dindividus geacuteneacuteralement en bonne santeacute raquo15 Le tribunal feacutedeacuteral preacutecise que font partie des mesures diagnostique ou theacuterapeutique prises en charge par les caisses-maladie16 les opeacuterations servant laquo non seulement agrave la gueacuterison proprement dite de la maladie ou des suites immeacutediates dun accident mais aussi agrave leacutelimination dautres atteintes secondaires dues agrave la maladie ou agrave un accident notamment en permettant de corriger des alteacuterations externes de certaines parties du corps - en particulier le visage - visibles et speacutecialement sensibles sur le plan estheacutetique aussi longtemps que subsiste une imperfection de ce genre due agrave la maladie ou agrave un accident ayant une certaine ampleur et agrave laquelle une opeacuteration de chirurgie estheacutetique peut remeacutedier lassurance doit prendre en charge cette intervention agrave condition quelle eucirct agrave reacutepondre eacutegalement des suites immeacutediates de laccident ou de la maladie et pour autant que fussent respecteacutees les limites usuelles ainsi que le caractegravere eacuteconomique du traitement raquo17 Ces eacuteleacutements fondent la distinction entre la chirurgie reconstructive et la chirurgie estheacutetique

11 Art 1 al 1 let h LGS Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DDPS concernant les produits et meacutethodes de dopage dispose que ldquoEst reacuteputeacutee dopage au sens de lrsquoart 1 let h de la loi lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo Selon le message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux laquo [d]rsquoapregraves la deacutefinition du Comiteacute international olympique (CIO) le dopage consiste agrave laquoutiliser intentionnellement ou non des substances appartenant agrave des classes interdites dagents pharmacologiques etou agrave utiliser diverses meacutethodes interdites raquo raquo FF 1999 3262 Voir eacutegalement FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 p 916 Selon lrsquoart 1 du code mondial anti dopage laquo [l]e dopage est deacutefini comme une ou plusieurs violations des regravegles antidopage eacutenonceacutees aux articles 21 agrave 28 du Code raquo Les art 21 agrave 28 du code mentionnent entre autre comme violation des regravegles antidopage la preacutesence de substances interdites dans lrsquoeacutechantillon drsquoun sportif lrsquousage ou la tentative drsquousage par un sportif drsquoune substance interdite ou drsquoune meacutethode interdite et la possession de substance ou meacutethode interdites 12 Mission interministeacuterielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie et Institut national de preacutevention et drsquoeacuteducation pour la santeacute (France) Drogues savoir plus risquer moins p 95 13 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 Dans le mecircme texte il est mentionneacute que laquo [l]e terme de laquomeacutedecine drsquoameacuteliorationraquo regroupe les interventions meacutedicales non theacuterapeutiques dont le but est la modification ou lrsquoameacutelioration de caracteacuteristiques non-pathologiques raquo Voir eacutegalement FRANK TH PETERMANN pour qui laquo Die klassiche Medizin geht von der Praumlmisse aus dass sie kurativ dh zur Heilung von Krankheiten oder wenn dies nicht mehr moumlglich ist palliativ also zur Linderung der daraus resultierenden Beschwerden da ist 31 Geht es um medizinische Interventionen die keinen therapeutischen Zweck haben sondern auf die Veraumlnderung oder Verbesserung nichtpathologischer Merkmale abzielen spricht man von Enhancement Medizin raquo Off Label Rechtliche Betrachtungen zum Off Label Use von Pharmazeutika in hill 2007 fachartikel n 2 sect 17 14 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 40 15 Tribunal Cantonal du Canton de Vaud 25021998 in SG 1998 Ndeg1323 p 7 16 Art 25 LAMal 17 ATF 121 V 119 p 121

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b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo

Comme il ressort de notre bregraveve introduction le laquo human enhancement raquo est une notion large ouverte et dont les frontiegraveres sont difficiles agrave circonscrire Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette difficulteacute La transplantation drsquoorganes sains agrave des personnes acircgeacutees dans le but de rallonger leur vie consiste-t-elle en une theacuterapie ou une ameacutelioration18 laquo Is it therapy to give growth hormone to a genetic dwarf but not to a short fellow who is just unhappy to be short raquo19 Si les limites sont difficiles agrave eacutetablir il est toutefois possible drsquoidentifier diverses meacutethodes permettant agrave des personnes en bonne santeacute de modifier des eacuteleacutements de leur corps Plusieurs de ces meacutethodes sont deacutecrites ci-dessous classeacutees en fonction du type de modification

i) Ameacuteliorations et modifications physiques

Par ameacuteliorations physiques nous entendons les modifications corporelles permettant un accroissement des performances ou une modification de lrsquoapparence agrave des fins estheacutetiques cette deuxiegraveme cateacutegorie incluant les modifications antivieillissement Dans cette cateacutegorie les meacutethodes suivantes sont prises en compte

bull Lrsquoadministration drsquoanabolisants (deacuteriveacutes de la testosteacuterone (nandrolone stanozolol etc) utiliseacutes par exemple dans la pratique du bodybuilding) ou drsquoautres substances prohibeacutees ou reacuteglementeacutees permettant un accroissement de la masse musculaire et ou lrsquoameacutelioration des performances (force explosiviteacute puissance endurance vitesse de reacutecupeacuteration etc)

bull Lrsquoadministration drsquohormones afin de modifier lrsquoapparence (p ex prise de pilules contraceptives par des hommes dans le but de ressembler agrave des femmes)

bull La chirurgie et la meacutedecine estheacutetiques (p ex augmentation mammaire injections de botox)

bull Les modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull La transplantation et la xeacutenotransplantation drsquoorganes bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Les tatouages le branding les scarifications et le maquillage permanent

(modifications de lrsquoapparence drsquoune surface deacutefinie de peau)

ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales20

Peuvent ecirctre consideacutereacutees comme ameacuteliorations intellectuelles et modifications mentales toutes les meacutethodes permettant une ameacutelioration des aptitudes cognitives de lrsquoattention et de la concentration de la meacutemoire ou encore une diminution de la fatigue du stress de lrsquoanxieacuteteacute etc Ce type de modifications passe par lrsquoutilisation des meacutethodes suivantes21

18 Exemple donneacute par NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 ss p 3 19 Beyond therapy biotechnology and the pursuit of happiness A Report by the Presidentrsquos Council on Bioethics p 16 20 Lrsquoeacuteventualiteacute de modifications morales nrsquoest pas traiteacutee dans la preacutesente eacutetude 21 Voir EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 26 ss p 30 s

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bull Administration de meacutedicaments ou autres substances (p ex antideacutepresseurs ritalin modafinil adderall aricept)

bull Modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull Stimulation ceacutereacutebrale profonde (introduction drsquoune eacutelectrode dans le cerveau

et envoi drsquoimpulsions eacutelectriques) bull Stimulation magneacutetique transcracircnienne (envoi drsquoune impulsion sur

lrsquoenceacutephale agrave travers le cracircne) bull laquo Prosthetic brain chips raquo22

iii) Prolongation de la vie

Parmi les buts du laquo human enhancement raquo nous trouvons le rallongement de la vie Il faut ici distinguer entre les maladies de la vieillesse dont fait par exemple partie le diabegravete de type 2 et laquo les manifestations deacutegeacuteneacuteratives lieacutees agrave lrsquoacircge raquo23 Les premiegraveres neacutecessitent un traitement qualifiable de theacuterapie ce type de traitement ne fait donc pas partie du laquo human enhancement raquo Le traitement des secondes peut faire partie du laquo human enhancement raquo en fonction des cas et la preacutevention des manifestations deacutegeacuteneacuteratives est un eacuteleacutement du laquo human enhancement raquo De faccedilon geacuteneacuterale les meacutethodes permettant agrave des personnes saines de lutter contre le vieillissement et de rallonger la dureacutee de leur vie sont abordeacutees ici

bull Transplantations drsquoorganes et xeacutenotransplantations bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Administration de meacutedicaments drsquohormones et autres substances bull Consommation de suppleacutements nutritionnels (acide folique antioxydants

laquo brainfood raquo etc)24

iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo

Lrsquoutilisation de meacutethodes du geacutenie geacuteneacutetique dans ce que les germanophones appellent le laquo Gen-Enhancement raquo poursuit le but de deacutevelopper certaines qualiteacutes chez lrsquoenfant25 Les principales meacutethodes utiliseacutees relegravevent des techniques de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et drsquoanalyse geacuteneacutetique et de la theacuterapie geacutenique

v) Preacutevention primaire

Si la distinction entre ameacutelioration et theacuterapie nrsquoest pas eacutevidente celle entre ameacutelioration et preacutevention lrsquoest encore moins En effet lrsquoinclusion des techniques drsquoameacutelioration dans la preacutevention deacutepend de la deacutefinition retenue de la notion de preacutevention et de la maniegravere de consideacuterer les techniques ayant un potentiel ameacutelioratif La preacutevention peut se deacutefinir comme laquo les mesures visant agrave reacuteduire la probabiliteacute agrave limiter ou agrave empecirccher lrsquoapparition drsquoune maladie ou drsquoun risque pour la santeacute et les conseacutequences neacutegatives drsquoune maladie raquo26 ou plus simplement comme laquo toutes les activiteacutes deacuteveloppeacutees par une personne pour eacuteviter et empecirccher

22 Aussi appeleacutes ldquoelectronic brain implantsrdquo 23 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 3 24 ASTRID STUCKELBERGER Anti-ageing Medicine Myths and Chances p 130 ss 25 Pour LORZ laquo [d]as Gen-Enhancement betrifft Verbesserungen der Erbsubstanz vor allem fuumlr die zukuumlnftige Generation raquo SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 43 26 Art 3 du projet de loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute

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lrsquoapparition drsquoune maladie raquo27 En comparant ces deacutefinitions de la preacutevention avec celles du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo on peut deacuteterminer un premier critegravere de distinction dans le fait que la preacutevention est en geacuteneacuteral en lien avec une maladie ou un problegraveme de santeacute28 alors que le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo se rattache aux performances ou agrave lrsquoapparence Dans ce sens la vaccination est une activiteacute se rapprochant plus de la preacutevention que du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Une meacutethode permettant drsquoameacuteliorer de faccedilon geacuteneacuterale le fonctionnement du systegraveme immunitaire drsquoune personne pourrait par contre ecirctre incluse dans les deux cateacutegories car elle permet drsquoeacuteviter lrsquoapparition de maladies deacutetermineacutees et constitue une ameacutelioration geacuteneacuterale de la reacutesistance du corps humain

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo

Lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain peut passer par de nombreuses et diverses meacutethodes En retenant un concept large du laquo human enhancement raquo la meacuteditation qui permet de reacuteduire le stress et lrsquoanxieacuteteacute ou les exercices permettant drsquoameacuteliorer sa meacutemoire pourraient ainsi y ecirctre inclus Nous ne prendrons cependant pas en compte les meacutethodes que lrsquoon peut cateacutegoriser sous la notion drsquoentraicircnement (qui regroupe des notions comme lrsquoentraicircnement sportif lrsquoentraicircnement cognitif etc) Elles ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme produit de la technique et nrsquoentrent donc pas dans le concept de laquo human enhancement raquo tel que retenu En effet nous ne traitons ici que du deacuteveloppement artificiel par opposition au deacuteveloppement dit naturel

i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain

Font partie des interventions sur lrsquoecirctre humain les interventions sur lrsquoadulte et lrsquoenfant ainsi que les interventions preacutenatales Lrsquointervention meacutedicale peut se deacutefinir comme laquo an act performed to prevent harm to a patient or to improve the mental emotional or physical function of a patient A physiologic process may be monitored or enhanced or a pathologic process may be arrested or controlled raquo29 Il srsquoagit notamment drsquointerventions chirurgicales

ii) Les substances

Diverses substances peuvent avoir un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisables dans un but de deacuteveloppement artificiel Lrsquoon pense particuliegraverement aux produits theacuterapeutiques (meacutedicaments) ndash favorisant le deacuteveloppement musculaire la concentration lrsquoendurance lrsquoexplosiviteacute lrsquoagressiviteacute etc - et aux aliments speacuteciaux ou alicaments ndash faibles en calories (favorisant la perte de poids) ayant un apport eacutenergeacutetique accru (en proteacuteine favorisant la prise de muscles) ayant un taux de cafeacuteine eacuteleveacute etc Tout produit ayant un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisable agrave des fins autres que la theacuterapie et les soins peut potentiellement avoir un usage dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

27 Deacutefinition de lrsquoInstitut suisse de preacutevention de lrsquoalcoolisme et des autres toxicomanies httpwwwsfa-ispachindexphpIDtheme=107ampIDcat48visible=1amplangue=F 28 Sur les diffeacuterentes cateacutegories de preacutevention voir Message relatif agrave la loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute FF 2009 6389 p 6447 ss 29 Mosbys Medical Dictionary 8th edition 2009 Pour drsquoautres deacutefinitions voir httpmedical-dictionarythefreedictionarycomintervention

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d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Il peut paraicirctre surprenant de construire un rapport juridique en franccedilais en partant drsquoune expression anglaise comme celle de laquo human enhancement raquo Il conviendrait en fait drsquoanalyser preacuteciseacutement et de maniegravere deacutetailleacutee qursquoelle est justement la notion que deacutesigne ladite expression Cette deacutemarche ayant aboutie il serait encore neacutecessaire drsquoexclure qursquoil nrsquoexiste pas drsquoeacutequivalent en franccedilais (ou en allemand) avant de conclure que seule lrsquoexpression anglaise doit ecirctre retenue Dans tous les cas il paraicirct raisonnable de rechercher si lrsquoobjet de ce rapport ne peut pas srsquoexprimer clairement en franccedilais respectivement en allemand avant de faire usage de termes anglais Drsquoautres motifs nous incitent agrave souhaiter une formulation franccedilaise Premiegraverement il existe de nombreuses acceptions de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo Mecircme en anglais la question de la terminologie nrsquoest de loin pas reacutesolue Reprendre sans autre reacuteflexion cette expression preacutesente le risque que chacun pense y retrouver sa propre notion contribuant ainsi agrave la confusion Il est donc neacutecessaire de clarifier et de deacuteterminer au mieux la notion qui sera analyseacutee dans ce travail Deuxiegravemement le droit est indissociable des langues dans lesquelles il srsquoapplique il convient dans ce cadre de maintenir une uniteacute linguistique entre lrsquoobjet traiteacute et les normes juridiques qui srsquoy reacutefeacuterent Une traduction dans la langue de lrsquoeacutetude srsquoavegravere degraves lors utile voire neacutecessaire Troisiegravemement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est en soi biaiseacutee dans la mesure ougrave elle veacutehicule lrsquoideacutee selon laquelle les meacutethodes qursquoelles recouvrent sont veacuteritablement ameacutelioratives sans preacuteciser pour autant la nature de cette ameacutelioration Le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE a bien senti le piegravege puisqursquoil introduit dans sa propre deacutefinition la notion de contexte socioculturel pour appreacutecier lrsquoameacutelioration rechercheacutee30 Il y a donc neacutecessiteacute de se distancier de lrsquoexpression consacreacutee de laquo human enhancement raquo dans la mesure ougrave elle conforte lrsquoideacutee drsquoune certaine ameacutelioration qui reste pourtant agrave deacutemontrer selon des critegraveres socio-culturellement partageacutes et dont le degreacute est encore agrave eacutevaluer La question nrsquoest plus ici seulement de traduction mais bien de deacutefinition Parler drsquoameacutelioration humaine ou de laquo corps augmenteacute raquo31 ne paraicirct pas correct mais plutocirct trompeur Il srsquoagit de trouver un terme neutre Nous proposons ainsi de retenir lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Premiegraverement le terme de deacuteveloppement peut se comprendre comme ameacutelioration mais il laisse ouverte la possibiliteacute que ce deacuteveloppement soit beacuteneacutefique ou non32 Dans son sens neacutegatif il pourrait donc aussi srsquoappliquer pour deacutesigner une alteacuteration de lrsquohomme Le principe est surtout drsquoexprimer la transformation le changement qui est apporteacute agrave lrsquohumain ces autres termes pouvant ici valoir comme synonymes Mais lrsquointeacuterecirct du terme de deacuteveloppement est de renvoyer ou rappeler lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement durable raquo Pour reprendre le rapport laquo Notre avenir agrave tous raquo de la Commission mondiale sur lenvironnement et le deacuteveloppement (Commission Brundtland) laquo le deacuteveloppement durable est un deacuteveloppement qui reacutepond aux

30 Voir plus haut pt 1a 31 Cette traduction quasi-litteacuterale de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est parfois utiliseacutee en franccedilais Citons Geacuterard Ayache Corps augmenteacute recircve bionique ou cauchemar protheacuteen disponible agrave la page httpwwwagoravoxfractualitestechnologiesarticlecorps-augmente-reve-bionique-ou-11710 et une confeacuterence donneacutee dans le cadre des manifestations culturelles de la bibliothegraveque cantonale et universitaire de Lausanne le 27 janvier 2009 intituleacutee laquo Le corps augmenteacute utopie drsquoaujourdrsquohui reacutealiteacute de demain raquo 32 Sur le lien entre les notions de laquo enhancement raquo et de deacuteveloppement voir ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34

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besoins du preacutesent sans compromettre la possibiliteacute pour les geacuteneacuterations agrave venir de pouvoir reacutepondre aux leurs raquo33 Cette expression implique une responsabiliteacute individuelle et collective marqueacutee sur la dureacutee pour appreacutecier les effets du deacuteveloppement qui pour ecirctre positif ne peut se limiter aux seules personnes directement concerneacutees mais doit ecirctre appreacutecieacute dans ses conseacutequences globales pour lrsquohumaniteacute et la planegravete Une ameacutelioration de telle performance drsquoun athlegravete ne constitue pas neacutecessairement un progregraves pour les hommes et doit donc ecirctre appreacutecieacute de maniegravere relative sous lrsquoangle du deacuteveloppement durable et humain Deuxiegravemement le deacuteveloppement dont il est question ici concerne directement lrsquohumain justement afin de le deacutelimiter par rapport au deacuteveloppement durable et agrave drsquoautres formes drsquoactiviteacutes Troisiegravemement la caracteacuteristique de ce deacuteveloppement humain est de se libeacuterer des regravegles de la nature drsquoecirctre directement et volontairement induit autrement dit drsquoecirctre artificiel Cet eacuteleacutement est important pour marquer la limite avec lrsquoensemble des facteurs ndash ou deacuteterminants ndash qui influencent notre santeacute et dont les effets se traduisent au fil des deacutecennies par un allongement de la dureacutee de vie moyenne de la population et une baisse des morbiditeacutes Nous vivons mieux et plus longtemps que nos anciens Mais les eacuteleacutements qui participent agrave cette eacutevolution eacutechappent pour la plupart agrave un controcircle direct des individus concerneacutes Il srsquoagit donc de bien distinguer ces eacuteleacutements de lrsquoeacutevolution de la socieacuteteacute de la meacutedecine ameacuteliorative et autres mesures de deacuteveloppement humain artificiel Nous retiendrons ainsi actuellement la deacutenomination de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo qui renvoie au concept de laquo deacuteveloppement durable raquo aujourdrsquohui appliqueacute tant en matiegravere drsquoenvironnement que drsquoeacuteconomie domaines eacutetroitement lieacutes agrave celui de deacuteveloppement humain comme il sera deacutemontreacute ci-dessous

2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Fondements constitutionnels

Plusieurs normes constitutionnelles influent directement sur les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo en Suisse Ces dispositions concernent entre autres la digniteacute humaine le droit agrave la vie et agrave la liberteacute personnelle lrsquoeacutegaliteacute la protection de la santeacute la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee le geacutenie geacuteneacutetique et la meacutedecine de la transplantation

i) Digniteacute humaine

Lrsquoart 7 Cst dispose que la digniteacute humaine doit ecirctre respecteacutee et proteacutegeacutee Ce droit fondamental agrave ecirctre traiteacute de maniegravere humaine et non deacutegradante est consideacutereacute comme un principe directeur concreacutetiseacute par les autres droits fondamentaux34 Parmi ceux-ci le droit agrave la liberteacute personnelle garantit entre autres le droit agrave la vie agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique Si laquo [l]a garantie de lrsquointeacutegriteacute physique protegravege

33 Notre avenir agrave tous Rapport de la commission mondiale sur lrsquoenvironnement et le deacuteveloppement du 10 mars 1987 Disponible dans sa version anglaise agrave la page httpwwwareadminchthemennachhaltig002660054000542indexhtmllang=fr 34 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 69 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 691 s ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 260 s p 121 s PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 139 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 PHILIPPE MASTRONARDI com ad art 7 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 77 s

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lrsquoindividu contre toute atteinte injustifieacutee (hellip) porteacutee au corps humain qursquoelle soit intentionnelle ou non grave ou leacutegegravere et quels qursquoen soient les motifs raquo35 elle ne creacutee pas ni ne protegravege un eacuteventuel droit drsquoameacuteliorer son corps ou de modifier lrsquoecirctre humain drsquoune autre maniegravere Il existe drsquoailleurs drsquoautres dispositions constitutionnelles restreignant les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo A ce propos laquo [l]ecirctre humain se distinguerait agrave la fois par son individualiteacute et par ses imperfections Le jauger selon une norme preacutetendue juste et deacutetermineacutee de maniegravere arbitraire et le manipuler geacuteneacutetiquement par rapport agrave cette norme constituerait une violation grave de sa digniteacute raquo36 Le clonage et la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides sont eacutegalement par leur nature mecircme contraire agrave la digniteacute humaine37 Si lrsquoEtat doit srsquoabstenir drsquoatteindre de faccedilon injustifieacutee agrave lrsquointeacutegriteacute physique et la proteacuteger la Constitution preacutevoit eacutegalement agrave son art 118 que la Confeacutedeacuteration prend des mesures pour proteacuteger la santeacute Cet eacuteleacutement sera traiteacute ci-apregraves

ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle

Lrsquoart 10 Cst feacuted garantit le droit agrave la vie agrave la liberteacute personnelle agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique et agrave la liberteacute de mouvement donc laquo toutes les liberteacutes eacuteleacutementaires dont lrsquoexercice est indispensable agrave lrsquoeacutepanouissement de la personne humaine raquo38 Le Tribunal feacutedeacuteral a retenu que les vaccinations obligatoires les opeacuterations chirurgicales lrsquoobligation pour les eacutelegraveves de suivre un controcircle et des soins dentaires obligatoires ou lrsquoadministration forceacutee de meacutedicaments dans une clinique psychiatrique constituent des atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute physique et donc agrave la liberteacute personnelle39 La liberteacute personnelle protegravege la personne contre les atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute psychique laquo qui tendraient par un moyen quelconque agrave restreindre ou agrave supprimer la faculteacute qui lui est propre drsquoappreacutecier une situation donneacutee et de se deacuteterminer drsquoapregraves cette appreacuteciation raquo40 Enfin lrsquoart 10 al 3 Cst feacuted interdit la torture et tout autre traitement ou peine cruels inhumains ou deacutegradants Une des reacutesultantes de lrsquoart 10 Cst feacuted en droit meacutedical est lrsquoexigence du consentement des patients pour tout acte meacutedical On retrouve son pendant en droit priveacute avec lrsquoart 28 CC Cela garantit le respect de la volonteacute du patient et lui donne ainsi le droit drsquoexercer son libre arbitre Cependant le consentement nrsquoest pas une condition suffisante pour justifier une atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle Encore faut-il qursquoelle soit conforme aux regravegles de lrsquoart autrement dit que cette intervention reacuteponde aux standards meacutedicaux compte tenu des besoins du patient Une meacutethode de laquo deacuteveloppement durable artificiel raquo devra ainsi non seulement ecirctre autoriseacutee par la personne concerneacutee Elle doit en outre respecter les regravegles de lrsquoart et la digniteacute humaine consacreacutee agrave lrsquoart 7 Cst indeacutependamment de la volonteacute de la personne concerneacutee

35 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 108 36 Message LPMA FF 1996 276 reprenant une intervention parlementaire BO N 1991 p 616 (intervention Koller) 37 Message LPMA FF 1996 27 et les reacutefeacuterences citeacutees Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1221 38 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 101 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER com ad art 10 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 148 s 39 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 108 et la jurisprudence citeacutee 40 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 109

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iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations

Lrsquoart 8 Cst pose les principes de lrsquoeacutegaliteacute des ecirctres humains devant la loi et de lrsquointerdiction des discriminations Si cette disposition a vocation agrave srsquoappliquer dans les relations que lrsquoEtat entretient avec ses citoyens administreacutes justiciables elle a aussi un effet dans les relations entre particuliers Si dans la regravegle lrsquointerdiction des discriminations sadresse agrave lEacutetat et ne produit pas deffet horizontal direct dans les relations entre personnes priveacutees laquo les regravegles de droit civil doivent cependant ecirctre interpreacuteteacutees en tenant compte des exigences particuliegraveres qui reacutesultent des droits fondamentaux raquo41 Lrsquoart 8 al 2 Cst a toutefois des effets indirects notamment en vertu de lrsquoart 35 al 3 Cst qui dispose que les autoriteacutes veillent agrave ce que les droits fondamentaux dans la mesure ougrave ils srsquoy precirctent soient aussi reacutealiseacutes dans les relations qui lient les particuliers entre eux Ces effets indirects sont de deux ordres Premiegraverement il srsquoagit pour les autoriteacutes de tenir compte des droits fondamentaux dans lrsquointerpreacutetation des lois et dans lrsquousage de leur pouvoir drsquointerpreacutetation Deuxiegravemement laquo [l]e leacutegislateur doit concevoir la leacutegislation de sorte qursquoelle assure le mieux possible le respect des droits fondamentaux dans les relations entre particuliers Il le fera en eacutedictant des normes notamment de droit civil et peacutenal qui reacutesolvent les conflits de liberteacute entre particuliers et qui preacuteviennent des traitements discriminatoires Aussi les garanties constitutionnelles peuvent-elles contenir un mandat au leacutegislateur drsquoadopter des dispositions propres agrave proteacuteger dans la mesure du possible les particuliers contre les atteintes agrave leurs droits fondamentaux provenant drsquoautres particuliers Lrsquoexistence drsquoune telle obligation positive de lrsquoEtat (Schutzpflichten) deacutecoulant de la Constitution est admise depuis longtemps par la Cour europeacuteenne des droits de lrsquohomme ainsi que par la doctrine et la jurisprudence suisse raquo42 Ce deuxiegraveme eacuteleacutement est particuliegraverement important concernant lrsquointerdiction des discriminations En effet les laquo obligations de protection raquo de lrsquoEtat citeacutees ci-dessus neacutecessitent qursquoil prenne divers types de mesures afin de reacuteduire voire drsquoeacuteliminer les discriminations horizontales On pense en particulier agrave des mesures positives drsquoinformation de sensibilisation ou des recherches scientifiques et projets drsquoeacutechange et de contacts etc43 La creacuteation drsquoorganismes de sensibilisation et de coordination et la prise de mesures drsquoencouragement sont eacutegalement envisageables Dans les domaines ougrave la Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences leacutegislatives le leacutegislateur feacutedeacuteral peut eacutedicter des regravegles lorsque leur neacutecessiteacute est aveacutereacutee assurant la protection des citoyens contre les discriminations En reacutesumeacute les autoriteacutes eacutetatiques ne peuvent discriminer les personnes de faccedilon geacuteneacuterale et doivent assurer leur protection contre des discriminations horizontales par la prise de mesures positives et lrsquoeacutetablissement de textes de lois

41 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 5A4842009 du 18 aoucirct 2009 consid 41 et les reacutefeacuterences citeacutees 42 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 164 ss 167 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 43 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 318 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 124

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iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes

Lrsquoart 11 Cst dispose entre autres que les enfants et les jeunes ont droit agrave une protection particuliegravere de leur inteacutegriteacute et agrave lrsquoencouragement de leur deacuteveloppement Cette disposition dans certains domaines en tout cas44 laquo ne creacutee pas un droit subjectif particulier deacuteductible en justice faute notamment decirctre suffisamment preacutecise et deacutetermineacutee et doit plutocirct ecirctre consideacutereacutee comme une disposition programmatique respectivement une disposition que les autoriteacutes doivent prendre en compte lorsquil sagit de combler une lacune ou lorsquelles font usage de leur pouvoir dappreacuteciation raquo45 Il exige dans tous les cas une prudence accrue lorsqursquoil srsquoagit de porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle des enfants ou drsquointervenir dans leur deacuteveloppement

v) Protection des consommatrices et consommateurs

Lrsquoart 97 Cst dispose que la Confeacutedeacuteration prend des mesures destineacutees agrave proteacuteger les consommateurs et les consommatrices46 Il preacutevoit encore que les organisations de consommateurs disposent de voies de droit et que les proceacutedures de conciliation ou judiciaires doivent ecirctre simple et rapides pour les litiges dont la valeur litigieuse ne deacutepasse pas un montant deacutetermineacute Le but du premier alineacutea de cette disposition est de proteacuteger les consommateurs en geacuteneacuteral Les marcheacutes des meacutedicaments des denreacutees alimentaires des produits cosmeacutetiques et des services dans les domaines de la cosmeacutetique et du bien-ecirctre sont concerneacutees par cette disposition qui sert par ailleurs de base leacutegale agrave diverses lois de protection des consommateurs contre les tromperies

vi) Protection de la santeacute

Lrsquoart 118 Cst mentionne que la Confeacutedeacuteration prend des mesures afin de proteacuteger la santeacute dans les limites de ses compeacutetences et leacutegifegravere entre autres sur lrsquoutilisation des denreacutees alimentaires des agents theacuterapeutiques des stupeacutefiants des organismes des produits chimiques et des objets qui peuvent preacutesenter un danger pour la santeacute47 laquo Lrsquoancien art 69bis parlait de laquo commerce raquo (Verkehr raquo) des denreacutees alimentaires et objets usuels Le constituant de 1999 a preacutefeacutereacute parler drsquo laquo utilisation raquo (laquo Umgang raquo) pour bien montrer que la leacutegislation vise le comportement des consommateurs aussi bien que les opeacuterations drsquoamont fabrication traitement importation distribution raquo48 Si la santeacute publique est principalement un domaine de compeacutetence des cantons la Confeacutedeacuteration dispose toutefois de tacircches speacuteciales dans ce domaine49 Lrsquoart 118 44 Voir RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht p 262 ss en particulier p 264 s voir aussi RUTH REUSSER KURT LUumlSCHER com ad art 11 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 175 45 Arrecirct du Tribunal administratif feacutedeacuteral Cour III C-38852007 du 2 deacutecembre 2008 consid 10 46 Voir RETO JACOBS com ad art 97 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar Lachen amp Zurich p 1062 s voir aussi KLAUS A VALLENDER com ad art 94-107 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 47 LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1207 s 48 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 930 49 La Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences en matiegravere de santeacute publique depuis 1848 voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 926 Voir aussi ERWIN MURER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER

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sert de base agrave de nombreuses lois et ordonnances dont les principales sont la loi sur les denreacutees alimentaires 50 la loi sur les produits theacuterapeutiques51 la loi sur les stupeacutefiants52 la loi sur les produits chimiques53 ou encore la loi sur la seacutecuriteacute des produits54

vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain

Touchant directement le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo lrsquoart 119 Cst55 doit eacutegalement ecirctre mentionneacute Cette disposition traite de la protection de lrsquoecirctre humain contre les abus en matiegravere de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et de geacutenie geacuteneacutetique56 dans le domaine humain et limite ou interdit plusieurs activiteacutes dans le but de proteacuteger la digniteacute humaine la personnaliteacute et la famille57 Premiegraverement en application de lrsquoalineacutea 1 let a laquo [s]ont interdites les laquo interventions raquo (laquo Eingriffe raquo) dans le patrimoine geacuteneacutetique drsquoun gamegravete ou drsquoun embryon crsquoest-agrave-dire les opeacuterations qui modifient ce patrimoine et qui par conseacutequent peuvent influencer la descendance raquo58 Le clonage est aussi expresseacutement interdit Deuxiegravemement la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides interespegraveces59 est prohibeacutee60 Troisiegravemement la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee nrsquoest autoriseacute que lorsque la steacuteriliteacute ou le danger de transmission drsquoune grave maladie ne peuvent ecirctre eacutecarteacutes drsquoune autre maniegravere et non pour deacutevelopper chez lrsquoenfant certaines qualiteacutes ou pour faire de la recherche61 Cette disposition interdit donc expresseacutement lrsquoutilisation de meacutethodes de PMA afin de modifier les caracteacuteristiques drsquoun futur enfant

Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 967 s et surtout p 976 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 285 p 132 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 140 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 41 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 535 s ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht p 118 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII p 21 s 50 RS 8170 51 RS 81221 52 RS 812121 53 RS 8131 54 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 929 Voir aussi LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1209 s 55 Dans lrsquoancienne constitution voir art 24novies aCst 56 laquo Le laquo geacutenie geacuteneacutetique raquo (Gentechnologie) deacutesigne les proceacutedeacutes qui permettent drsquoanalyser de soigner voire de modifier des gegravenes notamment le support moleacuteculaire des caractegraveres heacutereacuteditaires drsquoun ecirctre vivant de mainegravere agrave identifier celui-ci voire agrave lrsquoinfluencer lui ou sa descendance raquo JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 936 Selon lrsquoart 2 let a LPMA la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee se deacutefinit comme les meacutethodes permettant drsquoinduire une grossesse en dehors de lrsquounion naturelle de lrsquohomme et de la femme en particulier lrsquoinseacutemination la feacutecondation in vitro avec transfert drsquoembryons et le transfert de gamegravetes Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 57 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 939 s Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 58 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 940 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 59 Notamment par la feacutecondation drsquoun ovule humain par un spermatozoiumlde humain et inversement JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 941 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 60 Art 119 al 1 let b Cst feacuted 61 Art 119 al 1 let c Cst feacuted Sur les meacutethodes de la PMA voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 942 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217

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viii)Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain

Enfin lrsquoart 120 Cst pose le principe de la protection de lrsquoecirctre humain et de son environnement contre les abus en matiegravere de geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain62 Il donne eacutegalement la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoutilisation du patrimoine germinal et geacuteneacutetique des animaux des veacutegeacutetaux et des autres organismes en suivant les principes suivants respect de lrsquointeacutegriteacute des organismes vivants de la seacutecuriteacute de lrsquoecirctre humain de lrsquoanimal et de lrsquoenvironnement et protection de la diversiteacute geacuteneacutetique des espegraveces animales et veacutegeacutetales

ix) Meacutedecine de la transplantation

Lrsquoart 119a Cst porte sur la meacutedecine de la transplantation et donne agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules Cette disposition pose les principes que la leacutegislation doit garantir la digniteacute humaine (en interdisant entre autres le commerce lucratif drsquoorganes et une reacutepartition discriminatoire des organes) proteacuteger la personnaliteacute (principalement du donneur) et la santeacute (du donneur et du receveur)63 Les textes leacutegaux fondeacutes sur cette disposition constitutionnelle sont eacutetudieacutes ci-dessous64

x) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement le 25 septembre 200965 sera soumis au peuple le 7 mars prochain Cette disposition pose les principes permettant de reacutealiser une recherche sur lrsquoecirctre humain et donne la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer dans ce domaine dans la mesure ougrave la protection de la digniteacute humaine et de la personnaliteacute lrsquoexige Les principes preacutevus sont les suivants66

a un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute que si la personne y participant ou la personne deacutesigneacutee par la loi a donneacute son consentement eacuteclaireacute la loi peut preacutevoir des exceptions un refus est contraignant dans tous les cas

b les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne doivent pas ecirctre disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute du projet

c un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute sur des personnes incapables de discernement que si des reacutesultats eacutequivalents ne peuvent ecirctre obtenus chez des personnes capables de discernement lorsque le projet de recherche ne permet pas drsquoescompter un beacuteneacutefice direct pour les personnes incapables de discernement les risques et les contraintes doivent ecirctre minimaux

d une expertise indeacutependante du projet de recherche doit avoir eacutetabli que la protection des personnes participant agrave ce projet est garantie

Sous le reacutegime de cet article constitutionnel les recherches impliquant des ecirctres humains visant un deacuteveloppement humain sont envisageables aux conditions mentionneacutees ci-dessus La lettre b retient particuliegraverement lrsquoattention La notion 62 Voir RAINER J SCHWEIZER com ad art 120 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1240 63 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 950 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARKUS SCHOTT com ad art 119a in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1230 s 64 Voir ci-dessous p 22 65 Arrecircteacute feacutedeacuteral relatif agrave un article constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain du 25 septembre 2009 66 Art 118b al 2 Cst

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drsquoutiliteacute du projet doit ecirctre preacuteciseacutee Selon le message lrsquoutiliteacute du projet consiste en le beacuteneacutefice escompteacute de la recherche envisageacutee Ce beacuteneacutefice peut ecirctre drsquoune part un beacuteneacutefice individuel du sujet par exemple pour sa santeacute et drsquoautre part un beacuteneacutefice pour des tiers pour la socieacuteteacute laquo Outre lrsquoutiliteacute pour la santeacute publique (p ex de meilleures possibiliteacutes de traitement pour les patients agrave venir) on peut penser agrave drsquoautres beacuteneacutefices pour la socieacuteteacute (p ex ameacutelioration de la qualiteacute de la vie deacutepassant le cadre de lrsquoutiliteacute pour la santeacute au sens strict) raquo67 Au vu de ces exemples donneacutes dans le message on peut se poser la question du beacuteneacutefice de recherches visant le deacuteveloppement humain En toute hypothegravese le principe geacuteneacuteral veut que les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne soient pas disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute de la recherche et aux beacuteneacutefices escompteacutes68 Pour esquisser des eacuteleacutements de reacuteponses agrave cette question il faut se pencher sur les nombreuses lois traitant de recherche sur lrsquoecirctre humain Citons la Loi sur les produits theacuterapeutiques lrsquoOrdonnance sur les essais cliniques la Loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee la Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires la Loi sur la transplantation les Lois sur la radioprotection et la protection des donneacutees69 et le projet de loi feacutedeacuterale sur la recherche sur lrsquoecirctre humain traiteacute ci-dessous70

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine

i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee

La loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee (LPMA) entreacutee en vigueur en 2001 regravegle les conditions de pratique de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee sur les ecirctres humains Elle assure la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la famille et interdit lrsquoapplication abusive de la biotechnologie et du geacutenie geacuteneacutetique Comme drsquoautres dispositions leacutegales71 et lrsquoart 119 Cst la LPMA interdit toute forme de seacutelection geacuteneacutetique ayant pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoenfant agrave naicirctre Lrsquoart 33 dispose que quiconque lors de lrsquoapplication drsquoune meacutethode de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee seacutelectionne les gamegravetes en fonction du sexe ou sur la base drsquoune analyse geacuteneacutetique dans un but autre que celui drsquoeacutecarter le risque de transmission drsquoune maladie grave et incurable aux descendants sera puni de lrsquoemprisonnement ou de lrsquoamende Lrsquoart 35 LPMA interdit de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire des cellules germinatives ou des cellules embryonnaires humaine drsquoutiliser de telles gamegravetes pour une impreacutegnation et drsquoutiliser pour le deacutevelopper jusqursquoau stade drsquoembryon un ovule impreacutegneacute ayant subi une telle modification72 Lrsquoart 36 preacutevoit encore une interdiction de creacuteer un clone un hybride ou une chimegravere et de transfeacuterer un embryon de chimegravere ou drsquohybride agrave une femme ou agrave un animal Quiconque commet une des actions interdite sera puni de lrsquoemprisonnement Selon le message la ratio legis de lrsquointerdiction des modifications du patrimoine germinal est que laquo nous ne sommes pas qualifieacutes pour deacuteterminer la nature des futurs ecirctres

67 Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 68 Voir Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 69 ASSM La recherche avec des ecirctres humains Meacutemento pour la pratique Bacircle 2009 p 13 70 Voir ci-dessous p 24 71 Voir loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain p 24 72 Selon le message le but de ces dispositions est drsquoempecirccher la conception programmeacutee drsquolaquo enfants ideacuteaux raquo de chimegraveres et drsquohybrides Le principe geacuteneacuteral est que toute seacutelection est exclue FF 1996 197 p 220 s et 275 ss

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humains cest-agrave-dire leurs capaciteacutes physiques et psychiques Cela reviendrait agrave donner agrave la geacuteneacuteration actuelle un pouvoir exclusif sur les geacuteneacuterations suivantes et agrave long terme agrave donner agrave des morts le pouvoir sur des vivants raquo73

ii) Analyse geacuteneacutetique humaine

La loi feacutedeacuterale sur lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine (LAGH) entreacutee en vigueur le 1er avril 2007 reacuteglemente lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques humaines74 dans le domaine de la meacutedecine du travail de lrsquoassurance et de la responsabiliteacute civile ainsi que lrsquoeacutetablissement de profils drsquoADN visant agrave deacuteterminer la filiation ou lrsquoidentiteacute drsquoune personne75 Elle a pour but de garantir la digniteacute humaine et la qualiteacute des analyses et de preacutevenir les analyses abusives et lrsquoutilisation abusive des donneacutees recueillies76 Pour cette eacutetude lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques dans la meacutedecine et le travail nous inteacuteressent plus particuliegraverement Sur les principes la loi preacutevoit que lrsquoanalyse geacuteneacutetique ne peut ecirctre effectueacutee qursquoagrave des fins meacutedicales et dans le respect du droit agrave lrsquoautodeacutetermination du patient77 Permettant de deacutetecter et diagnostiquer certaines maladies une analyse geacuteneacutetique peut ecirctre prescrite par un meacutedecin laquo que si elle reacutepond agrave un inteacuterecirct leacutegitime de celle-ci crsquoest-agrave-dire si lrsquoanalyse a un but prophylactique ou theacuterapeutique ou si elle permet drsquoeacutetablir un choix de vie ou un planning familial raquo78 Les analyses geacuteneacutetiques sont donc permises pour diagnostiquer une maladie parfois de faccedilon preacutecoce avant mecircme lrsquoapparition des premiers symptocircmes En particulier laquo une personne a le droit de savoir ou pas si elle est porteuse drsquoun gegravene deacutefectueux qui sera probablement agrave lrsquoorigine drsquoune maladie dans le futur mecircme srsquoil nrsquoexiste pas de mesure prophylactique raquo79 Par contre une analyse geacuteneacutetique ne sera pas autoriseacutee si elle a pour but de deacuteterminer une aptitude speacuteciale pour certains sports Certains preacutetendent qursquoune telle analyse est aujourdrsquohui techniquement possible A titre drsquoexemple la socieacuteteacute ameacutericaine Atlas Sport Genetics propose un test permettant drsquoanalyser le gegravene ACTN-3 qui srsquoapparenterait agrave un gegravene du sportif drsquoeacutelite80 et qui indiquerait une preacutedisposition agrave deacutevelopper des aptitudes biomotrices (vitesse endurance etc) supeacuterieures agrave la moyenne Ce test est vendu aux parents souhaitant connaicirctre les preacutedispositions geacuteneacutetiques de leurs enfants au sport de haut niveau81 Il convient drsquoembleacutee de souligner que la pertinence de ce test reste agrave deacutemontrer scientifiquement De plus la LAGH interdit dans tous les cas les analyses dans le but de deacuteterminer les preacutedispositions sportives des enfants au motif qursquoil nrsquoy a aucun laquo beacuteneacutefice direct au sens meacutedical pour la personne mineure incapable de discernement raquo8283 73 Message LPMA FF 1996 276 74 Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine est deacutefinie agrave lrsquoart 3 de la loi comme laquo les analyses cytogeacuteneacutetiques et moleacuteculaires effectueacutees sur lrsquoecirctre humain dans le but de deacuteterminer des caracteacuteristiques du patrimoine geacuteneacutetique heacutereacuteditaires ou acquises pendant la phase embryonnaire et toutes les autres analyses de laboratoire qui visent agrave obtenir de maniegravere directe ces mecircmes informations raquo les analyses cytogeacuteneacutetiques eacutetant laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer le nombre et la structure des chromosomes et les analyses moleacuteculaires laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer la structure moleacuteculaire des acides nucleacuteiques (ADN et ARN) ainsi que le produit direct du gegravene raquo 75 Art 1 LAGH 76 Art 2 LAGH 77 Art 10 al 1 LAGH 78 Message LAGH FF 2007 6841 p 6886 79 Message LAGH FF 2007 6841 p 6887 80 Voir agrave ce propos lrsquoarticle paru agrave ce sujet dans le New York Times du 30 novembre 2008 disponible agrave la page httpwwwnytimescom20081130sports30geneticshtml 81 wwwatlasgenecom 82 Message LAGH FF 2007 6841 p 6888

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Les analyses preacutenatales sont autoriseacutees pour deacutetecter chez lrsquoenfant agrave naicirctre des anomalies maladies et autres eacuteleacutements pouvant atteindre agrave sa santeacute A son art 11 la loi interdit de telles analyses visant agrave rechercher des caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus qui nrsquoinfluencent pas directement sa santeacute ou agrave deacuteterminer le sexe dans un but autre qursquoun diagnostic Le but de cette disposition est drsquointerdire la laquo seacutelection des embryons ou des fœtus selon le deacutesir des parents raquo84 Le but est ici drsquoeacuteviter que des parents puissent choisir des laquo beacutebeacutes agrave la carte raquo Lrsquoeacutevolution des techniques drsquoanalyse geacuteneacutetique de geacutenie geacuteneacutetique de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et des sciences biomeacutedicales en geacuteneacuteral permettent aujourdrsquohui et permettront toujours plus agrave lrsquoavenir drsquoenvisager non seulement la seacutelection mais encore la modification geacuteneacutetique des enfants agrave naicirctre donc des geacuteneacuterations futures Si lrsquoEtat ne prend plus aujourdrsquohui de mesures collectives agrave viseacutee eugeacuteniste85 une nouvelle forme drsquoeugeacutenisme priveacute libeacuteral volontaire ou positif selon les formules consacreacutees86 est concevable voire souhaiteacutee par certains87 Le leacutegislateur a reacuteglementeacute de faccedilon claire et reacutepeacuteteacutee le domaine de lrsquoutilisation des technologies geacuteneacutetiques appliqueacute agrave la seacutelection et agrave la modification libeacuterale drsquoenfants agrave naicirctre Dans la Constitution deacutejagrave dont lrsquoart 119 interdit lrsquoutilisation des meacutethodes de PMA pour modifier les caracteacuteristiques drsquoun enfant Dans les lois ensuite la LAGH prohibe la seacutelection de gamegravetes et drsquoembryons fondeacutee sur les preacutedispositions geacuteneacutetiques et la LPMA interdit toute modification volontaire du patrimoine geacuteneacutetique lors de procreacuteations meacutedicalement assisteacutees Le projet de LRH enfin deacuteclare illicites les projets de recherche visant agrave modifier des embryons ou fœtus sans rapport avec une maladie La volonteacute du leacutegislateur de ne pas permettre de modifications preacutenatales choisies a eacuteteacute affirmeacutee et confirmeacutee plusieurs fois de 199288 agrave 200989 Il paraicirct donc drsquoembleacutee exclu du moins agrave court et moyen termes que la leacutegislation soit reacuteviseacutee Au contraire les arguments invoqueacutes agrave reacuteiteacutereacutees reprises pour justifier la fermeteacute du Parlement agrave ce sujet relegravevent de valeurs fondamentales qui ne paraissent pas souffrir drsquoexceptions Il srsquoagit drsquoune barriegravere tregraves claire agrave lrsquoapplication de meacutethodes de deacuteveloppement humain artificiel dans ce domaine

83 Voir agrave ce sujet DOMINIQUE SPRUMONT La reacuteglementation des trousses drsquoanalyse geacuteneacutetique Lanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives Actes drsquoun colloque CHARLES JOYE (eacuted) Schulthess Zurich Bacircle et Genegraveve 2004 pp 71-88 84 Message LAGH FF 2007 6841 p 6889 85 Comme nous le savons il nrsquoen a pas toujours eacuteteacute ainsi En 1928 encore lrsquoEtat de Vaud mettait en place un reacutegime de steacuterilisation des malades mentaux et autorisait lrsquoavortement pour des motifs eugeacuteniques Voir GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 55 ss 67 et 85 Tout programme eacutetatique agrave viseacutees eugeacuteniques serait aujourdrsquohui contraire agrave la Constitution entre autre agrave ses articles 7 et 8 86 La liberteacute de choix reste relative dans lrsquoeugeacutenisme dit libeacuteral Si les mesures ne sont plus dicteacutees autoritairement par lrsquoEtat elles ne sont pas libres de fortes influences sociales et eacuteconomiques Nous ne pouvons qursquoabonder dans le sens de DUMOULIN pour qui laquo lrsquoeugeacutenisme nrsquoa pas cesseacute drsquoexister tout au plus a-t-il changeacute de forme raquo GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 87 87 Sur ces reacuteflexions voir parmi drsquoautres PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 et les reacutefeacuterences citeacutees 88 Date de lrsquoadoption de lrsquoart 24novies aCst Repris ensuite agrave lrsquoart 119 Cst Voir FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 935 89 Le projet de LRH dans sa version provisoire actuelle est dateacute du 21 octobre 2009

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Dans le domaine du travail la loi pose des conditions strictes quant agrave lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques Le principe fondamental qui a vocation agrave srsquoappliquer de faccedilon geacuteneacuterale et pas seulement dans le domaine du travail est que nul ne peut ecirctre discrimineacute en raison de son patrimoine geacuteneacutetique90 Ce principe pose la regravegle de lrsquointerdiction de lrsquousage drsquoinformations geacuteneacutetiques tant par lrsquoEtat que par les particuliers sauf dans les cas preacutevus par la loi91 Cette norme est une concreacutetisation du principe geacuteneacuteral poseacute agrave lrsquoart 8 al 2 Cst92 plus preacuteciseacutement de lrsquointerdiction des discriminations fondeacutees sur les deacuteficiences corporelles Pour PREVITALI laquo [l]e fait que la deacuteficience geacuteneacutetique repreacutesente une simple probabiliteacute qursquoune certaine maladie puisse se manifester un jour et que la deacuteficience ne soit deacutecelable sans recourir agrave des analyses approfondies nrsquoest pas un critegravere pertinent pour exclure les raisons geacuteneacutetiques du champ drsquoapplication de ce motif de discrimination raquo93 Plus avant la loi deacutetermine les conditions auxquelles un meacutedecin du travail peut prescrire une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique Le principe poseacute agrave lrsquoart 21 veut qursquoun employeur ou son meacutedecin ne puisse ni exiger une telle analyse ni exiger les reacutesultats drsquoune analyse preacuteexistante ni exiger une analyse geacuteneacutetique ayant pour but de deacuteterminer des caracteacuteristiques personnelles du travailleur qui nrsquoont pas de rapport avec sa santeacute Il existe toutefois des exceptions ougrave des analyses peuvent ecirctre effectueacutees dans le but de preacutevenir les maladies professionnelles ou les accidents Selon lrsquoart 22 les conditions cumulatives suivantes doivent alors ecirctre remplies

bull le poste est soumis aux dispositions sur la preacutevention dans le domaine de la meacutedecine du travail en vertu drsquoune deacutecision de la SUVA94 ou agrave drsquoautres dispositions feacutedeacuterales qui prescrivent une analyse meacutedicale pour eacutevaluer lrsquoaptitude de la personne concerneacutee agrave exercer lrsquoactiviteacute en question en raison des risques susceptibles de provoquer une maladie professionnelle une grave atteinte agrave lrsquoenvironnement ou des risques drsquoaccident grave ou drsquoatteinte grave agrave la santeacute de tiers

bull les mesures sur le lieu de travail au sens de lrsquoart 82 de la loi feacutedeacuterale du 20 mars 1981 sur lrsquoassurance-accidents ou drsquoautres dispositions leacutegales ne suffisent pas agrave eacutecarter ces risques

bull il est eacutetabli selon lrsquoeacutetat des connaissances scientifiques qursquoil existe un rapport de cause agrave effet entre une preacutedisposition geacuteneacutetique deacutetermineacutee et une maladie professionnelle un risque drsquoatteinte agrave lrsquoenvironnement ou un risque drsquoaccident ou drsquoatteinte agrave la santeacute de tiers

bull la Commission drsquoexperts pour lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine a confirmeacute le rapport de cause agrave effet selon la lettre preacuteceacutedente et reconnu la fiabiliteacute de la meacutethode drsquoanalyse permettant de deacutetecter la preacutedisposition

bull la personne concerneacutee a donneacute son consentement par eacutecrit

90 Art 4 LAGH 91 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 56 et les reacutefeacuterences citeacutees 92 Message LAGH FF 2002 6841 p 6876 Lrsquointerdiction de discriminer en raison du patrimoine geacuteneacutetique vise eacutegalement de faccedilon plus geacuteneacuterale la sauvegarde de la digniteacute humaine voir ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 52 s 93 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 51 94 Voir art 70 OPA

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Si une analyse est envisageable aux conditions susmentionneacutees dans le but de proteacuteger la santeacute du travailleur ou parce que le meacutetier en question exige une santeacute parfaite (p ex personnel navigant de lrsquoaeacuteronautique)95 rappelons cette analyse doit ecirctre consideacutereacutee comme une ultima ratio En effet le principe veut qursquoen preacutesence drsquoune activiteacute professionnelle potentiellement dangereuse lrsquoemployeur ne doit pas seacutelectionner ses employeacutes en fonction de leur reacutesistance ou de preacutedispositions particuliegraveres ou leur proposer des traitements leur permettant de srsquoadapter aux conditions de travail particuliegraveres (p ex la prescription drsquoampheacutetamines aux pilotes militaires ameacutericains) mais prioritairement adapter lrsquoenvironnement et les conditions de travail agrave la protection de la santeacute des personnes La deuxiegraveme condition de lrsquoart 22 LAGH le mentionne explicitement Il y a lagrave un frein explicite agrave toute forme de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo dans le domaine du travail qui ne reacutepondrait pas aux critegraveres susmentionneacutes qui concernent une atteinte moindre aux droits des travailleurs Cet eacuteleacutement devra tout particuliegraverement ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoeacutevaluation de projet de recherche dans ce domaine une laquo ameacutelioration raquo du travailleur par rapport agrave son environnement ne devrait pas ecirctre consideacutereacutee comme un veacuteritable beacuteneacutefice du point de vue de lrsquoeacutethique de la recherche si des mesures drsquoassainissement de cet environnement sont envisageables respectivement si les tacircches agrave accomplir peuvent ecirctre automatiseacutees On pense par exemple agrave la situation qui preacutevaut dans les centrales nucleacuteaires

iii) Meacutedecine de la transplantation

La loi feacutedeacuterale du 8 octobre 2004 sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules (loi sur la transplantation) fixe les conditions dans lesquelles des organes des tissus ou des cellules peuvent ecirctre utiliseacutes agrave des fins de transplantation Elle doit contribuer agrave ce que des organes des tissus et des cellules humains soient disponibles agrave des fins de transplantation et a eacutegalement pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoorganes de tissus ou de cellules notamment le commerce drsquoorganes lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de transplantation et drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute96 Le but fondamental de la loi est laquo drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de la transplantation raquo97 La loi sur la transplantation empecircche lrsquoutilisation de cette technique meacutedicale agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo par le biais des critegraveres permettant le preacutelegravevement et lrsquoattribution drsquoorganes Selon lrsquoart 12 de la loi le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes nrsquoest possible que si entre autres conditions le receveur ne peut pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode theacuterapeutique ayant une efficaciteacute comparable Le principe veut que les organes issus de dons effectueacutes par des personnes vivantes reviennent toujours agrave une personne deacutesigneacutee agrave lrsquoavance le plus souvent un proche98 Tout preacutelegravevement

95 Message LAGH FF 2002 6841 p 6904 96 Art 1 Loi sur la transplantation 97 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 129 98 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 145

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drsquoorgane sur une personne vivante agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est degraves lors exclu Concernant lrsquoattribution drsquoorganes preacuteleveacutes sur une personne deacuteceacutedeacutee plusieurs critegraveres srsquoappliquent dont celui de lrsquourgence meacutedicale de la transplantation et de lrsquoefficaciteacute de la transplantation drsquoun point de vue meacutedical99 La premiegravere condition veut que laquo les organes doivent ecirctre attribueacutes en premier lieu aux patients dont la santeacute est la plus gravement atteinte En lrsquooccurrence le seul eacuteleacutement deacuteterminant est la situation meacutedicale du patient raquo100 Au vu de la situation actuelle de peacutenurie drsquoorganes cette condition suffit agrave elle seule agrave empecirccher toute transplantation drsquoorgane agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo La deuxiegraveme condition mentionneacutee signifie qursquolaquo il y a lieu drsquoattribuer les organes aux patients auxquels la transplantation sera la plus profitable Lagrave encore seule lrsquoutiliteacute meacutedicale entre en consideacuteration Il ne saurait ecirctre question de prendre en compte lrsquoaspect laquoutiliteacute socialeraquo par exemple la laquovaleurraquo que revecirct une personne pour la socieacuteteacute ou encore pour drsquoautres patients lrsquoampleur et le niveau des responsabiliteacute qursquoils exercent raquo101 Lrsquoefficaciteacute meacutedicale se mesure en tenant compte la compatibiliteacute des groupes sanguins des groupes tissulaires et anatomiques existant entre lrsquoorgane et le receveur potentiel Enfin en application de lrsquoart 17 de la loi le principe de non-discrimination de lrsquoart 8 al 2 Cst srsquoapplique agrave lrsquoattribution drsquoorganes En conseacutequence laquo lrsquoorigine la race le sexe lrsquoacircge la langue la position sociale les convictions philosophiques ou religieuses une deacuteficience corporelle mentale ou psychique pas plus que lrsquoacircge ou la situation sociale ne sauraient ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoattribution drsquoorganes raquo102

iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires

La Loi feacutedeacuterale du 19 deacutecembre 2003 relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires (Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches LRCS) a pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoembryons surnumeacuteraires et de cellules souches embryonnaires et de proteacuteger la digniteacute humaine Pour ce faire elle fixe les conditions reacutegissant la production de cellules souches embryonnaires humaines agrave partir drsquoembryons humains surnumeacuteraires et lrsquoutilisation de ces cellules agrave des fins de recherche103 La LRCS prohibe diverses pratiques Lrsquoart 3 interdit en particulier

a de produire un embryon agrave des fins de recherche (art 29 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches agrave partir drsquoun tel embryon ou drsquoutiliser de telles cellules b de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire de cellules germinatives (art 35 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de

99 Art 18 Loi sur la transplantation 100 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 101 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 147 102 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 103 Art 1 LRCS

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produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun embryon dont le patrimoine germinal a eacuteteacute modifieacute ou drsquoutiliser de telles cellules c de creacuteer un clone une chimegravere ou un hybride (art 36 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun clone drsquoune chimegravere ou drsquoun hybride ou drsquoutiliser de telles cellules d de deacutevelopper un partheacutenote de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun partheacutenote ou drsquoutiliser de telles cellules e drsquoimporter ou drsquoexporter un embryon au sens des let a ou b un clone une chimegravere un hybride ou un partheacutenote

Un projet de recherche utilisant des cellules souches embryonnaires ne peut ecirctre meneacute que si la commission drsquoeacutethique compeacutetente a donneacute un avis favorable et aux conditions suivantes

a le projet a pour but drsquoobtenir des connaissances essentielles 1 visant agrave constater traiter ou preacutevenir des maladies humaines graves ou 2 portant sur la biologie du deacuteveloppement de lrsquoecirctre humain

b des connaissances drsquoeacutegale valeur ne peuvent ecirctre obtenues drsquoaucune autre maniegravere c le projet satisfait aux exigences de qualiteacute scientifiques d le projet est acceptable au plan eacutethique

Il srsquoavegravere ainsi que lrsquoexigence de lrsquoarticle 12 lit a ch 1 preacuteciteacute eacutecarte ou du moins rend particuliegraverement difficile la possibiliteacute drsquoutiliser des cellules souches embryonnaires pour faire de la recherche agrave des fins de deacuteveloppement humain artificiel

v) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement et prochainement soumis au peuple et aux cantons attribue agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la recherche sur lrsquoecirctre humain Le Conseil feacutedeacuteral a alors approuveacute et transmis agrave lrsquoassembleacutee feacutedeacuterale un projet de loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain (abreacutegeacute LRH) et le message y relatif104 Ce projet de loi vise agrave proteacuteger la digniteacute la personnaliteacute et la santeacute de lrsquoecirctre humain dans la recherche105 Il eacutetablit plusieurs regravegles geacuteneacuterales applicables agrave drsquoeacuteventuelles recherches visant le deacuteveloppement et lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain Mentionnons drsquoembleacutee que les projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus sans rapport avec une maladie sont illicites106 Cette regravegle est un simple rappel de la norme constitutionnelle poseacutee agrave lrsquoart 119 Cst107 Le message dans le commentaire de lrsquoart 24 du projet de loi tranche clairement la question de la pertinence et de lrsquoutiliteacute de recherches visant lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain par des modifications geacuteneacutetiques de fœtus ou drsquoembryons laquo La reacutealisation drsquoun projet de recherche qui a pour but de modifier les caracteacuteristiques du fœtus sans rapport avec une maladie est interdite en vertu de la 104 Les analyses ci-dessous sont fondeacutees sur les versions provisoires du projet et du message du 21 octobre 2009 105 Art 1 al 1 LRH 106 Art 24 LRH 107 Voir ci-dessus p 15

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preacutesente disposition Sont prohibeacutes drsquoune part les projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain Il srsquoagit ici de projets qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement Ces tentatives font depuis quelque temps lrsquoobjet de discussion sous la deacutesignation laquohuman enhancementraquo (meacutedecine meacuteliorative) Sont prohibeacutes drsquoautre part les projets de recherche ayant pour finaliteacute de modifier ou drsquoameacuteliorer des caracteacuteristiques humaines sans rapport direct avec la santeacute de la personne p ex lrsquoorientation sexuelle certains traits de caractegravere ou des particulariteacutes physiques comme la couleur des yeux Seuls sont autoriseacutes les projets de recherche qui ont pour but de traiter des maladies ou drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie en cas drsquoinfirmiteacute ou de malformations La liceacuteiteacute drsquoun projet de recherche doit ecirctre examineacutee concregravetement au cas par cas raquo108 De faccedilon geacuteneacuterale lrsquoart 5 pose le principe que la recherche sur lrsquoecirctre humain peut ecirctre pratiqueacutee uniquement si sa pertinence est eacutetablie pour la science ainsi que pour la compreacutehension des maladies humaines pour la compreacutehension de la structure et du fonctionnement du corps humain ou pour la santeacute publique Cette disposition reprend la regravegle consacreacutee par la Convention sur les droits de lrsquoHomme et la Biomeacutedecine du Conseil de lrsquoEurope109 et dans la leacutegislation suisse actuelle Il est particuliegraverement douteux que des projets de recherche visant uniquement une ameacutelioration de lrsquoecirctre humain remplissent cette condition Drsquoailleurs le message preacutecise que laquo [n]e seraient ainsi p ex pas autoriseacutes les projets de recherche visant agrave restreindre la libre opinion des personnes de maniegravere cibleacutee raquo110 En toute logique on peut deacuteduire de cet exemple que ce critegravere de pertinence exclu a priori la recherche en vue de modifications de la morale de personnes deacutetermineacutees Enfin mentionnons qursquoune autorisation de la commission drsquoeacutethique du canton dans lequel la recherche est proposeacutee est obligatoire pour la reacutealisation drsquoun projet de recherche Lrsquoautorisation est accordeacutee si les exigences eacutethiques juridiques et scientifiques de la loi sont remplies111 En autres eacuteleacutements de base que la CER devra eacutevaluer il srsquoagit de srsquoassurer que le principe de la primauteacute des inteacuterecircts de la personne sur les inteacuterecircts de la science et de la socieacuteteacute est bien respecteacute Proposer une recherche en matiegravere de dopage pourrait ainsi drsquoembleacutee en contradiction avec cette exigence agrave moins de deacutemontrer que la personne concerneacutee va effectivement beacuteneacuteficier de cette recherche sans risque drsquoinstrumentalisation Les arguments eacutevoqueacutees plus haut en matiegravere drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine en droit du travail gardent ici toute leur pertinence

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions

i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)

Les professions de meacutedecin dentiste pharmacien et chiropraticien sont reacuteglementeacutees par le droit feacutedeacuteral en vertu de lrsquoattribution de compeacutetence de lrsquoart 95

108 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 109 Voir lrsquoart 4 de la Convention httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml164htm et surtout le Protocole additionnel agrave la Convention sur les Droits de lHomme et la biomeacutedecine relatif agrave la recherche biomeacutedicale httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml195htm 110 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 54 111 Art 44 agrave 46 LRH

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Cst feacuted112 qui permet agrave la confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoexercice des activiteacutes eacuteconomiques lucratives priveacutees Ces professions sont reacuteglementeacutees par la loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) qui fixe les conditions de formation permettant drsquoacceacuteder agrave ces professions et les regravegles drsquoexercice des professions meacutedicales universitaires Lrsquoart 4 LPMeacuted pose les objectifs de la formation universitaire En substance il srsquoagit de srsquoassurer que les professionnels concerneacutes seront en mesure de preacutevenir diagnostiquer et gueacuterir les troubles de la santeacute soulager les souffrances promouvoir la santeacute et fabriquer remettre ou distribuer des meacutedicaments En font eacutegalement partie le fait de pouvoir prodiguer aux patients des soins individuels complets et de qualiteacute (let a) de traiter les problegravemes en recourant agrave des meacutethodes reconnues scientifiquement en prenant en consideacuteration les aspects eacutethiques et eacuteconomiques (let b) et drsquoassumer leurs responsabiliteacutes dans le domaine de la santeacute et au sein de la collectiviteacute de maniegravere conforme aux speacutecificiteacutes de leur profession (let d) De faccedilon geacuteneacuterale en plus des soins et theacuterapies laquo [s]ie muumlssen aber auch die Faumlhigkeit haben aufzuzeigen wie Menschen und Tiere nicht nur die Krankheit verhindern sondern vor allem ihre Gesundheit foumlrdern und staumlrken koumlnnen raquo113 Les art 6 et 7 mentionnent les compeacutetences geacuteneacuterales que doivent posseacuteder les personnes ayant termineacute les filiegraveres drsquoeacutetude concerneacutees Citons les eacuteleacutements suivants de lrsquoart 6 al 1 LPMeacuted disposer des bases scientifiques neacutecessaires pour prendre des mesures preacuteventives diagnostiques theacuterapeutiques palliatives et de reacutehabilitation (let a) savoir reconnaicirctre et eacutevaluer les facteurs de maintien de la santeacute et en tenir compte dans leur activiteacute professionnelle (let c) ecirctre capables de deacuteterminer si les prestations qursquoils fournissent sont efficaces adeacutequates et eacuteconomiques et savoir se comporter en conseacutequence (let h) Lrsquoart 8 LPMeacuted pose les objectifs speacutecifiques de formation que doivent atteindre les personnes ayant termineacute leurs eacutetudes de meacutedecine humaine de meacutedecine dentaire ou de chiropratique Parmi ceux-ci on peut citer le fait drsquoecirctre capables de prescrire les meacutedicaments de faccedilon professionnelle respectueuse de lrsquoenvironnement et eacuteconomique (let c) drsquoœuvrer en faveur de la santeacute humaine en donnant des conseils et en prenant les mesures de preacutevention et de promotion neacutecessaires dans leur champ drsquoactiviteacute professionnel (let h) et de respecter la digniteacute et lrsquoautonomie des personnes concerneacutees connaicirctre les principes de base de lrsquoeacutethique ecirctre familiariseacutees avec les diffeacuterents problegravemes eacutethiques qui se posent dans leur profession et se laisser guider dans leurs activiteacutes professionnelle et scientifique par des principes eacutethiques visant le bien des ecirctres humains (let i) Lrsquoart 40 LPMeacuted deacutefinit les devoirs professionnels que doivent observer les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant Ces devoirs sont les suivants

a exercer leur activiteacute avec soin et conscience professionnelle et respecter les limites des compeacutetences qursquoelles ont acquises dans le cadre de leur formation universitaire de leur formation postgrade et de leur formation continue

112 Voir eacutegalement les art 63a et 118 Cst feacuted 113 THOMAS FLEINER com ad art 4 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire p 101

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b approfondir deacutevelopper et ameacuteliorer leurs connaissances aptitudes et capaciteacutes professionnelles par une formation continue c garantir les droits du patient d srsquoabstenir de toute publiciteacute qui nrsquoest pas objective et qui ne reacutepond pas agrave lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral cette publiciteacute ne doit en outre ni induire en erreur ni importuner e deacutefendre dans leur collaboration avec drsquoautres professions de la santeacute exclusivement les inteacuterecircts des patients indeacutependamment des avantages financiers f observer le secret professionnel conformeacutement aux dispositions applicables

g precircter assistance en cas drsquourgence et participer aux services drsquourgence conformeacutement aux dispositions cantonales

h conclure une assurance responsabiliteacute civile professionnelle offrant une couverture adapteacutee agrave la nature et agrave lrsquoeacutetendue des risques lieacutes agrave leur activiteacute ou fournir des sucircreteacutes eacutequivalentes

Les devoirs professionnels114 de la LPMeacuted concreacutetisent le but de la loi en garantissant la qualiteacute des soins meacutedicaux par le biais drsquoune surveillance effective des professionnels viseacutes Ce rapide survol des compeacutetences reconnues aux meacutedecins ainsi que des responsabiliteacutes qui sont les leur met en lumiegravere lrsquoimportance de respecter drsquoune part les regravegles de lrsquoart agrave savoir les laquoprincipes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo (ATF 108 II 5961) et drsquoautre part les droits et la digniteacute des patients Afin drsquoappreacutecier la reacuteception de nouvelles pratiques de deacuteveloppement humain artificiel dans la meacutedecine il convient donc drsquoeacutevaluer si ces pratiques peuvent ecirctre consideacutereacutees comme conforme aux regravegles de lrsquoart Cette question relegraveve principalement des compeacutetences et de lrsquoeacutethique professionnelles On notera qursquoun meacutedecin qui srsquoeacutecarte des regravegles de lrsquoart peut ecirctre tenu pour responsable vis-agrave-vis du patient indeacutependamment du consentement de ce dernier En effet le consentement est certes le motif justificatif par excellence de la violation des droits de la personnaliteacute qursquoimplique tout acte meacutedical et partant absolument neacutecessaire Il ne srsquoagit cependant pas drsquoune condition suffisante Encore faut-il que ce agrave quoi consent le patient soit admissible sous lrsquoangle de lrsquoart 27 al 2 CC autrement dit nrsquoest pas contraire aux mœurs ou agrave lrsquoordre juridique notions qui recoupent partiellement celle de laquo regravegles de lrsquoart raquo La question ne peut se reacutesoudre que dans un cas concret A priori il existe cependant quelques reacuteticences agrave inclure ces nouvelles pratiques dans lrsquoeacutethos professionnel Le meacutedecin concerneacute se trouve ainsi agrave assumer un lourd 114 Selon SPRUMONT ET AL les devoirs professionnels laquo sont des normes de comportement devant ecirctre suivies par toutes les personnes exerccedilant une mecircme profession raquo DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 385

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fardeau de la preuve par laquelle il devrait deacutemontrer la pertinence de son acte sous lrsquoangle tant meacutedico-scientifique que eacutethique Nous reviendrons sur cette question dans la section sur les produits theacuterapeutiques On ne peut toutefois ignorer la tendance geacuteneacuterale vers les pratiques de bien-ecirctre ou laquo wellness raquo comme cela se dit souvent Ce mouvement nrsquoest pas limiteacute au seul domaine meacutedical Drsquoautres professionnels de la santeacute eacutelargissent aujourdrsquohui leur champ drsquointervention dans des domaines qui ne relegravevent pas strictement du theacuterapeutique ou du prophylactique On peut mentionner eacutegalement les professions lieacutees agrave lrsquoestheacutetique agrave la cosmeacutetique ou encore les tatoueurs ou les perceurs Les personnes pratiquant ces professions doivent toutefois respecter lrsquoOrdonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur les objets destineacutes agrave entrer en contact avec les muqueuses la peau ou le systegraveme pileux et capillaire et sur les bougies les allumettes les briquets et les articles de farces et attrapes115 Cette ordonnance preacutevoit des regravegles sur les mateacuteriaux et colorants utiliseacutes116 lrsquoobligation pour ces professionnels de prendre toutes les preacutecautions raisonnablement neacutecessaires afin de preacutevenir la transmission de toute infection dont fait partie lrsquoobligation drsquoutiliser du mateacuteriel steacuterile117 Le but de ces mesures est avant tout la protection de la santeacute des consommateurs Un autre point important meacuterite drsquoecirctre releveacute ces professions sont expresseacutement exclues de la liste des professions de la santeacute usuellement soumises agrave autorisation de pratique en droit cantonal sans parler des professions de la santeacute qui relegravevent du droit feacutedeacuteral (professions meacutedicales universitaires psychologues etc) Il ne srsquoagit donc pas de tomber dans la confusion lorsque des professionnels de la santeacute stricto sensu envahissent le champ de lrsquoestheacutetisme et de la cosmeacutetique Cela ne signifie pas neacutecessairement un changement de nature dans ces activiteacutes qui acquerraient ainsi un statut meacutedico-scientifique Comme pour les meacutedecins compleacutementaires dans les cantons romands il srsquoagit plutocirct drsquoune forme de toleacuterance de ces pratiques par les autoriteacutes tant que la santeacute publique est preacuteserveacutee et qursquoil nrsquoy a pas de confusion pour les patients entre ce qui se rapporte aux soins et ce qui relegraveve plutocirct du bien-ecirctre On notera que la deacuterive des professionnels de la santeacute dans des activiteacutes ougrave le marcheacute est en forte croissance soulegraveve un problegraveme reacuteel dans la situation actuelle de quasi peacutenurie de professionnels qualifieacutes Alors que le nombre de meacutedecins ou drsquoinfirmiers formeacutes en Suisse reste insuffisant pour maintenir une couverture des soins de lrsquoensemble de la population le fait que de nombreux professionnels abandonnent leurs activiteacutes de base pour se consacrer agrave des tacircches qui nrsquoentrent ni dans les soins ni dans la preacutevention est tregraves preacuteoccupant118 On voit drsquoailleurs ici toute lrsquoimportance de tracer une limite preacutecise entre preacutevention et deacuteveloppement humain artificiel La premiegravere relegraveve clairement aujourdrsquohui du systegraveme de santeacute alors que le second ne semble pas y appartenir

115 OFFICE FEDERAL DE LA SANTE PUBLIQUE OFSP Uniteacute de direction Protection des consommateurs Fiche drsquoinformation Tatouages et piercings comment ne pas risquer sa peau mai 2009 p 3 116 Lrsquoart 5 al 2 de lrsquoordonnance preacutevoit que les couleurs de tatouage et les couleurs de maquillage permanent ne doivent pas mettre en danger la santeacute du consommateur 117 Art 2 agrave 8 de lrsquoOrdonnance 118 Voir lrsquoarticle agrave paraicirctre de PETER SUTER preacutesident de lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales dans les actes de la 16egraveme journeacutee de droit de la santeacute octobre 2009 Neuchacirctel

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d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires

i) Seacutecuriteacute des produits

La nouvelle loi sur la seacutecuriteacute des produits du 12 juin 2009 (LSPro) remplace et abroge119 la loi feacutedeacuterale du 19 mars 1976 sur la seacutecuriteacute drsquoinstallations et drsquoappareils techniques (LSIT) Elle vise agrave assurer la seacutecuriteacute des produits mis sur le marcheacute120 en geacuteneacuteral (un produit au sens de cette loi eacutetant tout bien meuble precirct agrave lrsquoemploi mecircme srsquoil est incorporeacute agrave un autre bien meuble ou immeuble) dans la mesure ougrave le droit feacutedeacuteral ne contient pas drsquoautres dispositions visant le mecircme but Elle srsquoapplique donc de faccedilon subsidiaire aux autres lois sectorielles reacuteglementant des cateacutegories de produits particuliegraveres121 A titre drsquoexemple mentionnons que les produits chimiques theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires ainsi que les objets usuels sont soumis agrave des reacuteglementations speacuteciales La LSPro pose les principes suivants

bull Peuvent ecirctre mis sur le marcheacute les produits qui preacutesentent un risque nul ou minime pour la santeacute ou la seacutecuriteacute des utilisateurs ou de tiers lorsqursquoils sont utiliseacutes dans des conditions normales ou raisonnablement preacutevisibles122

bull Lrsquoeacutetiquetage lrsquoemballage les instructions drsquoassemblage drsquoinstallation et drsquoentretien les mises en garde et consignes de seacutecuriteacute les instructions concernant lrsquoutilisation et lrsquoeacutelimination et toute autre instruction et information relatifs agrave un produit doivent ecirctre adapteacutes au risque speacutecifique lieacute audit produit123

bull La mise sur le marcheacute drsquoun produit nrsquoest pas soumise agrave une autorisation administrative mais agrave des controcircles ougrave le responsable de la mise sur le marcheacute doit apporter la preuve que le produit respecte les exigences en matiegravere de seacutecuriteacute et de santeacute124

bull Le responsable de la mise sur le marcheacute doit adopter des mesures pour ecirctre informeacute et preacutevenir les risques que peuvent preacutesenter un produit et en garantir la traccedilabiliteacute

Ces regravegles geacuteneacuterales doivent ecirctre respecteacutees pour la mise sur le marcheacute suisse de tout produit nrsquoeacutetant pas soumis agrave des regravegles speacuteciales plus strictes Concernant le deacuteveloppement humain elles ont donc vocation agrave srsquoappliquer agrave tout produit (au sens de bien meuble mentionneacute ci-dessus) nrsquoeacutetant pas soumis agrave une loi speacuteciale La plupart des produits et substances utilisables dans un but de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont soumis agrave des regravegles plus strictes en particulier la loi sur les produits theacuterapeutiques et la loi sur les denreacutees alimentaires

119 Art 20 LSPro 120 Lrsquoart 2 al 3 LSPro contient une deacutefinition tregraves large de la mise sur la marcheacute qui comprend toute remise drsquoun produit agrave titre oneacutereux ou gratuit que ce produit soit neuf drsquooccasion reconditionneacute ou profondeacutement modifieacute ainsi que lrsquousage en propre drsquoun produit agrave des fins commerciales ou professionnelles lrsquoutilisation drsquoun produit dans le cadre drsquoune prestation de services la mise agrave la disposition de tiers drsquoun produit et lrsquooffre drsquoun produit 121 Message LSPro FF 2008 6771 p 6791 122 Art 3 al 1 LSPro 123 Art 3 al 4 LSPro 124 Art 5 LSPro Voir Message LSPro FF 2008 6771 p 6803 s

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ii) Meacutedicaments

La loi sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux (loi sur les produits theacuterapeutiques LPTh) a pour but en geacuteneacuteral de proteacuteger la santeacute de lrsquoecirctre humain et des animaux et vise agrave garantir la mise sur le marcheacute de produits theacuterapeutiques de qualiteacute sucircrs et efficaces En particulier elle vise agrave ce que les produits theacuterapeutiques mis sur le marcheacute soient utiliseacutes conformeacutement agrave leur destination et avec modeacuteration125 Lrsquoart 4 LPTh deacutefinit les meacutedicaments comme laquo les produits drsquoorigine chimique ou biologique destineacutes agrave agir meacutedicalement sur lrsquoorganisme humain ou animal ou preacutesenteacutes comme tels et servant notamment agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps le sang et les produits sanguins sont consideacutereacutes comme des meacutedicaments raquo Pour accomplir les buts de la loi la LPTh eacutetablit un reacutegime drsquoautorisations La fabrication la mise sur le marcheacute suisse lrsquoimportation lrsquoexportation la vente en gros et de deacutetails de meacutedicaments ne sont possible que si lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (Swissmedic)126 a deacutelivreacute une autorisation drsquoexploitation agrave lrsquoentreprise requeacuterante Pour qursquoune autorisation de mise sur le marcheacute soit deacutelivreacutee le requeacuterant doit a apporter la preuve que le meacutedicament ou le proceacutedeacute est de qualiteacute sucircr et efficace b ecirctre titulaire drsquoune autorisation de fabriquer drsquoimporter ou de faire le commerce de gros deacutelivreacutee par lrsquoautoriteacute compeacutetente c avoir son domicile ou son siegravege social en Suisse ou y avoir fondeacute une filiale Notons que les art 23 ss de la LPTh classent les meacutedicaments dans cinq listes diffeacuterentes (A) les meacutedicaments sous ordonnance non-renouvelable vendus en pharmacie (B) les meacutedicaments sous ordonnance vendus en pharmacien (C) les meacutedicaments vendus en pharmacies (D) les meacutedicaments vendus en drogueries et (E) les meacutedicaments en vente libre La diffeacuterence entre les meacutedicaments en vente libre et ceux vendus sans ordonnance est que ces derniers ne peuvent ecirctre remis agrave un consommateur que par un professionnel formeacute et autoriseacute agrave vendre des meacutedicaments au deacutetail agrave savoir en principe un pharmacien ou un droguiste pour ceux de la liste D127 Les regravegles de base eacutetant poseacutees plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre deacuteveloppeacutes en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo

Selon le Tribunal feacutedeacuteral laquo [u]n meacutedicament ne sera pas autoriseacute sil ressort du dossier quil preacutesente un rapport beacuteneacutefice-risque neacutegatif lors de lusage auquel il est 125 Art 1 LPTh 126 Lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (swissmedic) est lrsquoautoriteacute suisse de controcircle et drsquoautorisation des produits theacuterapeutiques voir wwwswissmedicch 127 Art 24 et 30 LPTh

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destineacute sil na pas lefficaciteacute theacuterapeutique voulue ou si celle-ci nest pas suffisamment prouveacutee ou encore si sa composition ne correspond pas agrave celle qui est indiqueacutee (message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux du 1er mars 1999 FF 1999 3151 ss 3193) raquo128 Dans le mecircme arrecirct il est encore mentionneacute ce qui suit laquo Il ressort du systegraveme dautorisation de mise sur le marcheacute dun meacutedicament que ladmission de celui-ci se rapporte toujours agrave des indications meacutedicales preacutecises Lexigence dun lien entre le meacutedicament et une application concregravete et deacutetermineacutee de celui-ci est inheacuterente au systegraveme de lautorisation puisquun meacutedicament est par deacutefinition destineacute agrave agir meacutedicalement sur lorganisme humain et sert agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps (art 4 al 1 let a LPTh) En plus de la qualiteacute du meacutedicament une autre des conditions de lautorisation est lefficaciteacute du produit theacuterapeutique (art 10 al 1 let a LPTh) soit sa capaciteacute agrave atteindre le reacutesultat theacuterapeutique viseacute par rapport agrave une maladie deacutetermineacutee La mise sur le marcheacute dun meacutedicament nest donc autoriseacutee quen relation avec les maladies pour le diagnostic la preacutevention ou le traitement desquelles le requeacuterant a apporteacute la preuve que le meacutedicament eacutetait efficace Si le requeacuterant entend par la suite eacutetendre le champ dapplication du meacutedicament au beacuteneacutefice dune autorisation agrave dautres indications il doit en faire la demande Les indications pour lesquelles le meacutedicament a eacuteteacute autoriseacute sont mentionneacutees dans la notice destineacutee aux professions meacutedicales et approuveacutee par Swissmedic Elles font eacutegalement lobjet du preacuteavis deacutelivreacute par Swissmedic preacutecisant lautorisation que cet institut entend donner ainsi que les indications et les dosages qui seront autoriseacutes La notice et le preacuteavis font partie des documents qui doivent par la suite ecirctre preacutesenteacutes agrave lOFAS avec la demande dadmission du meacutedicament dans la liste des speacutecialiteacutes (art 30a al 1 let a et b OPAS) raquo129 On peut deacuteduire de cet arrecirct et drsquoautres plus reacutecents130 qursquoune mise sur le marcheacute de meacutedicaments dans un but autre que theacuterapeutique (p ex de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo) devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic Un meacutedicament devant servir agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps ne peut ecirctre autoriseacute qursquoen relation avec une atteinte agrave la santeacute Le message concernant la LPTh conforte cette interpreacutetation pour plusieurs raisons Premiegraverement elle vise agrave restreindre lrsquoutilisation agrave des fins de dopage131 deuxiegravemement un meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute srsquoil preacutesente un rapport beacuteneacutefice risque neacutegatif Un produit ayant pour but une ameacutelioration cognitive physique ou autre preacutesente un beacuteneacutefice contestable concernant la santeacute srsquoil nrsquoa pas drsquoutiliteacute theacuterapeutique srsquoil preacutesente en plus des risques sa mise sur le marcheacute doit ecirctre refuseacutee Etant donneacute que la plupart des substances pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo pour des personnes en santeacute ont des fonctions theacuterapeutiques pour les personnes atteintes de maladies le critegravere de la mise sur le marcheacute est selon nous moins pertinent pour deacuteterminer les limites leacutegales des possibiliteacutes de deacuteveloppement humain artificiel que celui de lrsquousage hors eacutetiquette traiteacute ci-dessous

128 Tribunal feacutedeacuteral des assurances K10303 Arrecirct du 14 septembre 2004 et ATF 130 (2004) V p 532-546 p 537 129 ATF 130 (2004) V p 532-546 p 538 130 Notamment ATF 134 V 83 131 V 349 et 133 V 239 131 Message LPTh FF 1999 3151 p 3171

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(2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance Selon lrsquoart 26 LPTh Les regravegles reconnues des sciences pharmaceutiques et meacutedicales doivent ecirctre respecteacutees lors de la prescription et de la remise de meacutedicaments Le Message LPTh explique qursquolaquo [i]mplicitement cette prescription interdit la prescription et la remise abusives de meacutedicaments raquo132 Si une prescription abusive est interdite les meacutedecins disposent de la liberteacute theacuterapeutique en drsquoautres termes du libre choix de la theacuterapie agrave utiliser dans une situation donneacutee Lorsqursquoun meacutedicament est autoriseacute par Swissmedic lrsquoautorisation est accompagneacutee drsquoune laquo information professionnelle raquo133 contenant les indications et la posologie On parle alors drsquousage hors eacutetiquette en cas de prescription drsquoun meacutedicament par un meacutedecin deacuterogeant agrave cette information professionnelle autrement dit en cas drsquolaquo Einsatz eines Arzneimittels ausserhalb der registrierten Indikation in anderer Dosierung oder bei anderen Patientengruppen (off label) raquo134 En geacuteneacuteral la prescription hors eacutetiquette est admise et fait partie de la liberteacute theacuterapeutique du meacutedecin Elle est mecircme courante dans certaines disciplines comme la peacutediatrie la gyneacutecologie lrsquooncologie ou la geacuteriatrie135 Le deacuteveloppement de cette pratique est ducirc agrave plusieurs facteurs dont le fait que des meacutedicaments nrsquoont pas eacuteteacute autoriseacutee ni testeacutes sur des groupes de patients donneacutes et le fait que dans divers cas lrsquoinformation professionnelle est deacutepasseacutee et que lrsquoindustrie pharmaceutique ne la fait pas enregistrer pour les nouvelles applications scientifiquement attesteacutees136 Parallegravelement agrave lrsquolaquo usage hors eacutetiquette (off label use) raquo on parle de laquo unlicensed use raquo lorsqursquoun meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute en Suisse laquo Dans ce cas le meacutedecin peut prescrire un meacutedicament sans autorisation particuliegravere pour autant que celui-ci ait eacuteteacute admis par un pays dont lrsquoautorisation est reconnue comme eacutequivalente agrave celles deacutelivreacutees en Suisse (pex UE ou USA) Si tel nrsquoest pas le cas le meacutedecin doit obtenir une autorisation speacuteciale de Swissmedic Pour pouvoir importer un tel meacutedicament le meacutedecin ou lrsquohocircpital aura en outre besoin drsquoune autorisation du canton raquo137 Le corollaire de lrsquoadmission de lrsquousage non autoriseacute et de lrsquousage hors eacutetiquette se trouve dans la responsabiliteacute du meacutedecin La responsabiliteacute civile des meacutedecins indeacutependants comme de toutes les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant est fondeacutee sur le

132 Message LPTh FF 1999 3178 p 3209 133 Art 13 et annexe 4 Ordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les exigences relatives agrave lrsquoautorisation de mise sur le marcheacute des meacutedicaments 134 Mitteilung Arzneimittelpolitik FMH in Bulletin des meacutedecins suisses 2004 85 Nr 28 1485 Pour AYER laquo le meacutedicament qui figure dans la liste des speacutecialiteacutes mais qui est utiliseacute pour des indications qui ne figurent pas dans lrsquoautorisation de Swissmedic est qualifieacute de laquo hors eacutetiquette raquo raquo ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 135 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 18 ss 136 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 19 s 137 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20

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code des obligations plus preacuteciseacutement sur le contrat de mandat138 Pour que la responsabiliteacute contractuelle du meacutedecin soit engageacutee il faut donc une violation du contrat impliquant une faute ou une neacutegligence et un rapport de causaliteacute entre la violation du contrat et le dommage pour que le dommage subi par le patient soit imputeacute au meacutedecin En matiegravere meacutedicale la violation du contrat se traduit par une violation du devoir de diligence du meacutedecin crsquoest-agrave-dire une violation des regravegles de lrsquoart Les regravegles de lrsquoart se deacutefinissent comme laquo les principes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo139 En conseacutequence une faute de diagnostic ou de traitement peut geacuteneacuterer la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin si elle constitue une inobservation drsquoune des regravegles de lrsquoart140 En cas de prescription hors eacutetiquette le meacutedecin est responsable de la deacuterogation En cas de complication il doit donc pouvoir justifier que lrsquoutilisation faite du meacutedicament correspondait agrave lrsquoeacutetat actuel de la science141 La responsabiliteacute peacutenale du meacutedecin en cas drsquousage non conforme drsquoun meacutedicament par exemple est donneacutee lorsqursquoil reacutealise une infraction en geacuteneacuteral une infraction contre la vie ou lrsquointeacutegriteacute corporelle Le TF a eu lrsquooccasion de trancher cette question dans deux arrecircts reacutecents142 Le premier concerne un oncologue bacirclois ayant traiteacute des patients avec un meacutedicament non autoriseacute par Swissmedic143 Ce praticien expeacuterimenteacute administrait agrave ses patients les plus atteints du laquo Lipoteichonsaumlure (LTA) raquo Les autoriteacutes bacircloises lui ont alors interdit lrsquousage de cette substance Sur demande de certains patients le praticien a eacuteteacute autoriseacute agrave des conditions strictes agrave utiliser ce meacutedicament dans le cadre drsquoune laquo compassionate use raquo Par la suite le meacutedecin srsquoest agrave nouveau vu interdire lrsquoutilisation du LTA au motif qursquoil nrsquoavait pas respecteacute ses engagements preacuteceacutedents Devant le Tribunal feacutedeacuteral srsquoest poseacutee la question de savoir si lrsquooncologue incrimineacute avait mis en danger la vie de ses patients au sens de lrsquoart 127 CP Le tribunal a consideacutereacute qursquoen lrsquoespegravece lrsquoon ne pouvait retenir de volonteacute du praticien de mettre en danger ses patients Il a donc eacuteteacute acquitteacute Le deuxiegraveme cas est celui drsquoun meacutedecin zurichois accuseacute drsquohomicide par neacutegligence suite au deacutecegraves drsquoune patiente agrave qui il avait prescrit un meacutedicament dans un dosage exceacutedant la quantiteacute geacuteneacuteralement admissible144 La question srsquoest alors poseacutee de savoir si la mort de la patiente eacutetait due agrave une violation des regravegles de lrsquoart qui en lrsquoespegravece serait constitueacutee par lrsquoutilisation drsquoune dose non conforme A ce propos le TF a retenu que laquo [a]ufgrund fruumlherer Studien ist das Bundesgericht jedoch zum Schluss gekommen dass diese Dosierung einer gaumlngigen Therapieform und damit 138 Art 394 ss CO DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 408 s En cas de leacutesion commise par un meacutedecin par exemple un concours entre la responsabiliteacute contractuelle et deacutelictuelle est possible voir OLIVIER GUILLOD CHRISTOPHE RAPIN La responsabiliteacute rapport suisse in La responsabiliteacute aspects nouveaux (journeacutees panameacuteennes) Paris 2003 p 375-403 p 376 139 ATF 108 II 59 61 140 Idem 141 Acadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales et la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) (eacuted) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20 142 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss 143 ATF 6B_402008 144 ATF 6B_6462007

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dem aktuellen Stand der Medizin entsprach An die Aufklaumlrungs- und Risikoabwaumlgungspflichten waren deshalb keine besonders strengen Anforderungen zu stellen raquo145 Mecircme si ces deux exemples ne traitent pas de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ils tendent agrave montrer que la liberteacute theacuterapeutique des personnes exerccedilant des professions meacutedicales universitaires est tregraves eacutetendue et permet une utilisation de meacutedicaments plus large que celle autoriseacutee Faut-il en deacuteduire que les meacutedecins disposent drsquoune large liberteacute de prescrire des meacutedicaments agrave des fins autres qursquoune theacuterapie Une reacuteponse neacutegative srsquoimpose en effet pour plusieurs raisons Premiegraverement le meacutedecin devant respecter les regravegles de lrsquoart pour ne pas devoir engager sa responsabiliteacute en cas de dommage des preuves scientifiques sont neacutecessaires pour pouvoir utiliser un meacutedicament hors eacutetiquette Mais pour que de telles preuves existent il faut que des recherches aient eacuteteacute meneacutees Comme vu ci-dessus il est douteux que des recherches puissent ecirctre meneacutees avec les risques qursquoelles comportent pour les sujets de recherche alors que les beacuteneacutefices escompteacutes nrsquoauront aucun but theacuterapeutique ou de santeacute publique En conseacutequence lrsquousage hors eacutetiquette de meacutedicaments agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne sera en toute logique pas autoriseacute principalement au motif que les recherches neacutecessaires pour arriver au niveau de seacutecuriteacute exigeacute par le droit suisse ne rentrent pas dans les conditions permettant leur mise en œuvre (critegravere de la pertinence et adeacutequation entre risque potentiel et beacuteneacutefice escompteacute) Deuxiegravemement le meacutedecin devra suffisamment informer le patient pour qursquoil puisse consentir au traitement en connaissance de cause Si les beacuteneacutefices drsquoun meacutedicament ne sont pas suffisamment deacutemontreacutes scientifiquement dans une situation donneacutee lrsquoincertitude doit mener agrave la prudence pour le patient et surtout pour le meacutedecin dans les conseils qursquoil prodigue au vu lrsquoengagement de sa responsabiliteacute Les conseacutequences envisageables de meacutedicaments soumis agrave ordonnance sur la santeacute et les conseacutequences patrimoniales pour le patient (les conditions de remboursement drsquoun meacutedicament prescrit hors eacutetiquette eacutetant strictes146) doivent reacuteguler des utilisations trop laquo fantaisistes raquo de meacutedicaments Troisiegravemement le principe drsquoeacuteconomie mentionneacute agrave lrsquoart 6 al 1 let h LPMeacuted et dans drsquoautres lois pose une restriction de principe agrave la fourniture de prestations qui ne sont pas efficaces adeacutequates et eacuteconomiques

(3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)

La LPTh limite les possibiliteacutes de faire de la publiciteacute pour les meacutedicaments147 Son article 31 pose le principe que la publiciteacute destineacutee au public ne peut ecirctre faite que pour des meacutedicaments non soumis agrave ordonnance Une publiciteacute pour les autres meacutedicaments ne peut ecirctre adresseacutee qursquoaux personnes autoriseacutees agrave prescrire et 145 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1215 146 Voir ci-dessous p 42 147 Selon lrsquoart 2 al 1 OPMed la publiciteacute se deacutefinit comme laquo toute forme drsquoinformation de prospection ou drsquoincitation qui vise agrave encourager la prescription la remise la vente la consommation ou lrsquoutilisation de meacutedicaments raquo

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remettre des meacutedicaments148 Lrsquoart 32 LPTh pose encore des conditions strictes dans lesquelles les publiciteacutes pour meacutedicaments sont autoriseacutees Suivant cette disposition est illicite a la publiciteacute trompeuse ou contraire agrave lrsquoordre public et aux bonnes moeurs b la publiciteacute pouvant inciter agrave un usage excessif abusif ou inapproprieacute de meacutedicaments c la publiciteacute pour les meacutedicaments qui ne peuvent ecirctre mis sur le marcheacute en Suisse Est illicite la publiciteacute destineacutee au public pour les meacutedicaments a qui ne peuvent ecirctre remis que sur ordonnance b qui contiennent des stupeacutefiants ou des substances psychotropes viseacutes par la loi du 3 octobre 1951 sur les stupeacutefiants1 c qui du fait de leur composition et de lrsquousage auquel ils sont destineacutes ne peuvent ecirctre utiliseacutes pour le diagnostic la prescription ni le traitement correspondant sans lrsquointervention drsquoun meacutedecin d qui font freacutequemment lrsquoobjet drsquoun usage abusif ou qui peuvent engendrer une accoutumance ou une deacutependance Selon le TF laquo [l]a publiciteacute destineacutee aux professionnels (publiciteacute pour des produits theacuterapeutiques adresseacutee aux personnes qui les remettent ou les prescrivent) ne doit pas inciter agrave un emploi abusif ou inapproprieacute des produits theacuterapeutiques Une autorisation de publiciteacute pour des applications qui ne sont pas autoriseacutees sous langle du droit des produits theacuterapeutiques serait contraire aux principes de la protection de la santeacute et de celle des consommateurs ainsi quau principe de lutilisation modeacutereacutee des produits theacuterapeutiques raquo149 Lrsquoordonnance sur la publiciteacute pour les meacutedicaments ajoute entre autres les eacuteleacutements suivants

bull la publiciteacute tant destineacutee aux professionnels qursquoau public doit se limiter aux indications et aux possibiliteacutes drsquoemploi reconnues par lrsquoinstitut (art 5 al 1 et 16 al 1 OPMeacuted)

bull La publiciteacute destineacutee au public doit preacutesenter le meacutedicament de faccedilon veacuteridique et sans exageacuteration que ce soit par lrsquoimage le son ou la parole (art 16 al 2 OPMeacuted)

bull la publiciteacute destineacutee au public pour des indications ou des possibiliteacutes drsquoemploi neacutecessitant un diagnostic ou un traitement meacutedical ou veacuteteacuterinaire est illicite (art 21 al 1 OPMeacuted)

bull les eacuteleacutements qui suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre ameacutelioreacute par lrsquoutilisation du meacutedicament sont interdits (art 22 let d OPMeacuted)

bull suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre affecteacute par la non-utilisation du meacutedicament (art 22 let e OPMeacuted)

148 Les personnes autoriseacutees agrave remettre des meacutedicaments sont eacutenumeacutereacutees aux art 24 ss LPTh Lrsquoart 3 OPMeacuted preacutecise que cette disposition les meacutedecins dentistes veacuteteacuterinaires pharmaciens et droguistes 149 Topamax Bundesgericht vom 1 Oktober 2008 Unzulaumlssige Bewerbung nicht genehmigter Arzneimittelanwendungen II oumlffentlichrechtliche Abteilung Abweisung der Beschwerde Akten-Nr 2C9320088 in sic 2009 p 93 ss p 93

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Les deux derniers eacuteleacutements mentionneacutes sont clairs toute publiciteacute pour des meacutedicaments pour un usage de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est interdite en Suisse

(4) Interdiction du dopage Lrsquoentreacutee en vigueur de la LPTh srsquoest accompagneacutee drsquoune modification de la Loi encourageant la gymnastique et les sports150 par lrsquoadjonction drsquoun nouveau chapitre Vb sur les mesures contre le dopage (art 11b agrave 11f) En particulier lrsquoart 11d interdit laquo a de fabriquer drsquoimporter drsquoacqueacuterir pour des tiers de distribuer de prescrire et de remettre des produits destineacutes au dopage b drsquoappliquer des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Eleacutement important lrsquoart 11f introduit des sanctions peacutenales pour toute personne qui contribue au dopage en particulier qui laquo fabrique importe acquiert pour des tiers distribue prescrit ou remet des produits dopants ou applique des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Cette disposition vise directement les professionnels de la santeacute qui pourraient participer agrave des activiteacutes dopantes Ces dispositions leacutegales sont compleacuteteacutees par deux ordonnances

bull - ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et meacutethodes de dopage (Ordonnance sur les produits dopants)

bull - ordonnance du 17 octobre 2001 sur les exigences minimales agrave respecter lors des controcircles antidopage (Ordonnance sur les controcircles antidopage)

Lrsquoart 2 de lrsquoordonnance sur les produits dopants offre la deacutefinition leacutegale du dopage agrave savoir laquo lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo On constatera que cette deacutefinition rejoint celle consacreacutee dans la Convention internationale contre le dopage dans le sport151 elle-mecircme reprenant les principes du code mondial antidopage La Suisse participe ainsi aux efforts internationaux en matiegravere de lutte contre le dopage dont la tendance est de se renforcer On notera que les objectifs de cette lutte sont multiples Il srsquoagit de garantir le fair-play dans le sport en preacuteservant ainsi lrsquoimage positive de cette activiteacute et de proteacuteger la santeacute des athlegravetes Non seulement la santeacute des sportifs qui se dopent prenant ainsi des risques seacuterieux mais eacutegalement celles des autres athlegravetes qui dans un environnement ougrave de nombreux sportifs seraient dopeacutes nrsquoauraient pas drsquoautre choix que de se doper eux-mecircmes pour maintenir leur performance Paradoxalement il nrsquoy a pas lieu de srsquoeacutetendre dans ce rapport sur la question de la lutte antidopage dans la mesure ougrave lrsquoengagement des gouvernements et des autoriteacutes semble clair De telles pratiques ne semblent pas devoir ecirctre autoriseacutees dans les anneacutees agrave venir bien au contraire Sous lrsquoangle du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo la condamnation du dopage dans le sport est largement partageacutee au niveau international La Suisse vient drsquoailleurs de se doter drsquoun organisme adhoc pour respecter ses engagements internationaux la fondation laquo Antidopage 150 RS 4150 151 RS 08121222

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Suisse raquo152 Cette fondation est en charge de mener des campagnes de preacutevention et drsquoinformation mais aussi drsquoorganiser les controcircles antidopage des sportifs concerneacutes A ce propos il convient toutefois de souligner qursquoils ne touchent que les sportifs drsquoeacutelite dans le monde amateur ou professionnel La question reste ouverte dans les autres domaines drsquoougrave lrsquoimportance des normes analyseacutees dans le reste de ce rapport qui srsquoappliquent agrave tous et pas seulement dans le milieu du sport drsquoeacutelite Il srsquoagit lagrave sans doute drsquoune des grandes faiblesses de la lutte antidopage qui srsquoexplique en partie peut-ecirctre par le fait que la prioriteacute dans ce domaine est davantage la protection de lrsquoimage du sport que la protection de la santeacute des athlegravetes153

iii) Stupeacutefiants

La loi feacutedeacuterale sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes (LStup) eacutetablit un controcircle desdites substances en Suisse154 laquo La LStup reacuteglemente lrsquousage meacutedical des substances psychotropes et interdit en mecircme temps la production le commerce la deacutetention et la consommation de drogues agrave des fins non meacutedicales raquo155 Dans la regravegle La LStup interdit sous peine de sanctions peacutenales tout usage sans droit de stupeacutefiants dont la consommation la vente la production la culture le trafic lrsquoachat etc156 De nombreux produits potentiellement utilisables dans le domaine du deacuteveloppement humain et du dopage sont des stupeacutefiants au sens de la LStup citons par exemple les ampheacutetamines meacutethampheacutetamines cocaiumlne MDMA etc157 Preacutecisons drsquoembleacutee que selon lrsquoart 1 al 1bis LStup la loi sur les produits theacuterapeutiques srsquoapplique aux stupeacutefiants utiliseacutes comme produits theacuterapeutiques sauf si elle ne preacutevoit pas de reacuteglementation ou que sa reacuteglementation est moins eacutetendue La LStup soumet la fabrication la dispensation lrsquoacquisition et lrsquoutilisation de stupeacutefiants agrave des regravegles et une proceacutedure drsquoautorisation strictes des exceptions eacutetant preacutevues pour les meacutedecins utilisant ces produits dans le cadre de leur profession En geacuteneacuteral ces actions ne sont autoriseacutees qursquoagrave des fins meacutedicales les autorisations nrsquoeacutetant remises qursquoagrave des prestataires de soins meacutedicaux ou des entreprises de lrsquoindustrie pharmaceutique158

152 httpwwwantidopingchfrindexphp 153 Cf OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 154 Sur la deacutefinition des produits stupeacutefiants voir art 1 LStup qui mentionne laquo les substances et les preacuteparations ayant des effets du type morphinique cocaiumlnique et cannabique et qui engendrent la deacutependance (toxicomanie) raquo Pour une autre deacutefinition THOMAS FINGERHUTH CHRISTOF TSCHURR BetmG Kommentar com ad Art 1 p 60 laquo Als ldquoBetaumlubungsmittelldquo iSv Art 1 BetmG koumlnnen ganz allgemein natuumlrliche oder synthetische Stoffe und Praumlparate (= Zubereitungen) bezeichnet werden deren Gebrauch eine physische undoder psychische Abhaumlngigkeit erzeugen kann raquo La liste de tous les stupeacutefiants se trouve dans lrsquoOrdonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes et ses appendices 155 SIMONE LEDERMANN FRITZ SAGER La politique suisse en matiegravere de drogue Troisiegraveme programme de mesures de la confeacutedeacuteration en vue de reacuteduire les problegravemes de drogue (ProMeDro III) 2006-2011 p 33 156 Art 19 et 19a LStup 157 Ces substances sont inclues dans la liste des stupeacutefiants de lrsquoappendice a de lrsquoordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes 158 Voir par exemple les art 4 et 8 al 5 LStup

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iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels

(1) Denreacutees alimentaires Si le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo peut impliquer lrsquousage de meacutedicaments les denreacutees alimentaires et objets usuels peuvent eacutegalement jouer un rocircle dans ce cadre En effet on voit de plus en plus drsquoaliments fonctionnels (alicaments ou laquo nutraceuticals raquo) ayant des vertus de laquo santeacute raquo voire de deacuteveloppement humain Les denreacutees alimentaires sont deacutefinies comme eacutetant les produits nutritionnels destineacutes agrave la constitution et agrave lrsquoentretien de lrsquoorganisme humain qui ne sont pas procircneacutes comme meacutedicaments En application de lrsquoart 3 al 2 LDAI le fournisseur drsquoun produit peut deacutecider srsquoil souhaite vendre son produit comme denreacutee alimentaire respectivement objet usuel ou comme meacutedicament laquo [U]ne marchandise eacutechappe au controcircle des denreacutees alimentaires lorsquelle est procircneacutee ou vendue comme un meacutedicament mecircme si de par ses autres proprieacuteteacutes elle est au fond une laquodenreacutee alimentaireraquo et consommeacutee comme telle raquo159 Cette solution est logique vu que la proceacutedure drsquoautorisation de mise sur le marcheacute drsquoun meacutedicament est plus contraignante que la mise sur le marcheacute drsquoun aliment Le Message relatif agrave la LPTh preacutecise encore que laquo [l]a proceacutedure dannonce que linstitut peut preacutevoir pour certains meacutedicaments ou certaines cateacutegories de meacutedicaments apporte encore une plus grande simplification Elle vaudra pour les produits situeacutes dans la zone grise entre les meacutedicaments et les denreacutees alimentaires comme les tisanes ou les bonbons contre la toux ou les meacutedicaments homeacuteopathiques sans indication meacutedicale et visera uniquement agrave permettre un controcircle des preacuteparations en question notamment de leur qualiteacute dans le cadre de la surveillance du marcheacute par exemple raquo160 Les questions qui se posent dans ce contexte sont celles lieacutees agrave la mise sur le marcheacute de tels produits et agrave la publiciteacute qui en est faite Rappelons que les buts fondamentaux de la LDAI sont la protection de la santeacute des consommateurs et la protection contre les tromperies en particulier en lien avec les progregraves scientifiques et lrsquoeacutevolution des marcheacutes concerneacutes La mise sur le marcheacute des denreacutees alimentaires deacutepend de la cateacutegorie dans laquelle entre le produit nutritionnel traiteacute Les denreacutees alimentaires speacutecifieacutees (dont la liste est inscrite agrave lrsquoart 4 ODAIOUs) sont admises laquo Un produit ne peut ecirctre commercialiseacute comme aliment sans autorisation de lOFSP que sil satisfait aux exigences de la leacutegislation alimentaire et sil est deacutefini dans une ordonnance speacutecifique du produit raquo161 A lrsquoinverse les denreacutees alimentaires non speacutecifieacutees sont interdites sauf autorisation individuelle de lrsquoOFSP Les critegraveres importants pour lrsquoautorisation sont la composition lrsquousage preacutevu et lrsquoeacutetiquetage du produit Lrsquoautorisation peut ecirctre soumise agrave la condition que le requeacuterant prouve que le produit demandeacute est inoffensif162 Enfin les microorganismes et substances eacutetrangegraveres doivent se trouver dans les quantiteacutes les plus faibles possibles dans les produits

159 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 160 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 161 Informations tireacutees du site de lrsquoOFSP httpwwwbagadminchthemenlebensmittel048580486204875indexhtmllang=fr 162 Art 5 et 6 OADIOUs

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nutritifs en application du principe laquo aussi peu que possible aussi souvent que neacutecessaire raquo163 Il existe une cateacutegorie particuliegravere de denreacutees alimentaires deacutesigneacutee par lrsquoexpression laquo aliments speacuteciaux raquo Les aliments speacuteciaux sont des denreacutees alimentaires destineacutees agrave une alimentation particuliegravere qui du fait de leur composition ou drsquoun proceacutedeacute de fabrication speacuteciale soit reacutepondent aux besoins nutritionnels des personnes qui pour des motifs de santeacute doivent srsquoalimenter de maniegravere diffeacuterente soit contribuent agrave produire des effets nutritionnels ou physiologiques deacutetermineacutes164 Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux mentionne les aliments suivants

bull les denreacutees alimentaires pauvres en lactose ou exemptes de lactose (art 5) bull les succeacutedaneacutes du sel comestible et les sels dieacuteteacutetiques (art 7) bull les denreacutees alimentaires pauvres en proteacuteines (art 8) bull les denreacutees alimentaires exemptes de gluten (art 9) bull les denreacutees alimentaires pouvant ecirctre consommeacutees par les diabeacutetiques

(art 13) bull les denreacutees alimentaires de substitution pour le controcircle du poids (art

16) bull les preacuteparations pour nourrissons (art 17) bull les preacuteparations de suite (art 18) bull les preacuteparations agrave base de ceacutereacuteales et autres aliments pour nourrissons et

enfants en bas acircge (art 19) bull les aliments destineacutes aux personnes ayant besoin drsquoun apport

eacutenergeacutetique ou nutritionnel accru (art 20) bull les aliments dieacuteteacutetiques destineacutes agrave des fins meacutedicales speacuteciales (art 20a) bull les aliments contenant de lrsquoextrait de malt (art 21) bull les compleacutements alimentaires (art 22) bull les levures alimentaires (art 22a) bull les micro-algues et les algues rouges calcaires (maeumlrl) (art 22b) bull les boissons speacuteciales contenant de la cafeacuteine (art 23)

Dans la regravegle les aliments speacuteciaux doivent se distinguer nettement des denreacutees alimentaires ordinaires (produits ordinaires) par leur composition et leur proceacutedeacute de fabrication et ils doivent satisfaire aux mecircmes exigences que les produits ordinaires correspondants agrave moins que leur destination particuliegravere ne requiegravere des deacuterogations165 Concernant la publiciteacute et lrsquoinformation lrsquoart 18 LDAI pose les deux regravegles suivantes la qualiteacute procircneacutee ainsi que toutes les autres indications sur une denreacutee alimentaire doivent ecirctre conformes agrave la reacutealiteacute et la publiciteacute pour les denreacutees alimentaires ainsi que leur preacutesentation et leur emballage ne doivent pas tromper le consommateur Lrsquoal 3 preacutecise que sont trompeuses les indications et les preacutesentations propres agrave susciter chez le consommateur de fausses ideacutees sur les effets speacuteciaux drsquoun aliment

163 Rapport explicatif relatif agrave la modification de la loi feacutedeacuterale sur les denreacutees alimentaires et les objets usuels p 15 164 Art 2 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux 165 Art 3 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux

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(2) Objets usuels Les objets usuels qui nous inteacuteressent dans cette eacutetude sont principalement les produits de soins corporels et cosmeacutetiques dont les producteurs vantent les vertus drsquoameacutelioration estheacutetiques Dans la regravegle lors de leur emploi conforme agrave leur destination ou habituellement preacutesumeacute les objets usuels ne doivent pas mettre la santeacute en danger Lrsquoart 31 ODAIOUs dispose encore que toute mention attribuant aux objets usuels des proprieacuteteacutes curatives leacutenitives ou preacuteventives (p ex des proprieacuteteacutes meacutedicinales ou theacuterapeutiques des effets deacutesinfectants ou anti-inflammatoires des recommandations drsquoun membre du corps meacutedical) est interdite Selon lrsquoart 40 ODAIOUs le DFI fixe a les exigences auxquelles doivent satisfaire les couleurs pour le tatouage et le maquillage permanent ainsi que leur eacutetiquetage b les exigences auxquelles doivent satisfaire les appareils et instruments utiliseacutes pour le piercing le tatouage et le maquillage permanent Il srsquoavegravere donc eacutegalement essentiel en matiegravere drsquoobjets usuels de proteacuteger la santeacute des consommateurs en eacutevitant toute confusion avec des meacutedicaments ou dispositifs meacutedicaux destineacutes agrave traiter ou preacutevenir des maladies

e) Droit du travail

Nous avons vu ci-dessus qursquoen principe un employeur ne peut exiger drsquoun employeacute une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique ni utiliser les reacutesultats drsquoune telle analyse166 De faccedilon plus geacuteneacuterale se posent de nombreuses questions en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et les relations de travail La performance eacutetant le plus souvent ce que recherche un employeur chez son employeacute la tentation peut ecirctre forte de seacutelectionner des employeacutes ayant ameacutelioreacutes leurs aptitudes ou drsquoaccroitre les aptitudes drsquoemployeacutes par des moyens artificiels Se pose alors la question de la protection du travailleur et de ses limites

i) Protection du travailleur

(1) En geacuteneacuteral Lrsquoart 328 du Code des Obligations preacutevoit la protection de la personnaliteacute du travailleur167 Selon cette disposition lrsquoemployeur doit entre autres proteacuteger la personnaliteacute la santeacute et lrsquointeacutegriteacute physique du travailleur168 Pour ce faire il doit prendre toutes les mesures que lrsquoon peut eacutequitablement exiger de lui Les art 6 LTr et 82 LAA obligent eacutegalement les employeurs agrave prendre les mesures neacutecessaires et

166 VINCENT CORPATAUX en lien avec lrsquoarrecirct ougrave le TF a retenu que des mesures de protection accrues eacutetaient requises pour proteacuteger la santeacute drsquoun employeacute allergique agrave la fumeacutee passive preacutecise que laquo la LAGH ne permettant qursquoexceptionnellement agrave un employeur de recruter ses employeacutes sur la base drsquoune analyse de leurs caracteacuteristiques geacuteneacutetiques (art 21 ss) un devoir accru de protection pourra ecirctre attendu de sa part dans des cas potentiellement nombreux raquo VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 75 167 Cette disposition concreacutetise les principes geacuteneacuteraux de protection de la personnaliteacute de lrsquoart 28 CC agrave la relation employeur ndash employeacute 168 Font partie des valeurs proteacutegeacutees la vie et lrsquointeacutegriteacute corporelle la santeacute physique et psychique lrsquointeacutegriteacute morale et la consideacuteration sociale la jouissance des liberteacutes individuelles et la sphegravere priveacutee JEAN-BERNARD WEBER Travail et protection de la personnaliteacute in Plaumldoyer 22002 p 46 ss p 47

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raisonnables afin de proteacuteger les employeacutes des maladies et accidents professionnels En application de cette disposition de principe lrsquoemployeur doit prendre toutes les mesures pour que lrsquoenvironnement et les conditions de travail de lrsquoemployeacute sauvegardent sa santeacute et sa personnaliteacute169 Les maladies professionnelles ainsi que toute autre atteinte de lrsquoemployeacute reacutesultant de lrsquoexercice de sa profession sont concerneacutees170 Traditionnellement les regravegles sur la protection de la santeacute des travailleurs ont eacuteteacute conccedilues en lien avec les maladies professionnelles et les accidents du travail Mais laquo la perspective srsquoest eacutelargie depuis une quinzaine drsquoanneacutees agrave la protection de la santeacute psychique des travailleurs raquo171

ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute

Dans le cadre de la protection du travailleur les limites doivent ecirctre poseacutees concernant ce que lrsquoemployeur peut demander ou imposer agrave ses employeacutes En lien avec le deacuteveloppement humain artificiel la question se pose de connaicirctre ces limites concernant les modifications et ameacuteliorations estheacutetiques et de performances (cognitives et physiques) De faccedilon geacuteneacuterale et sauf exceptions un employeur ne peut pas seacutelectionner les employeacutes plus reacutesistants dans le but qursquoils contractent moins vite voire pas du tout de maladies professionnelles mais doit au contraire adapter les conditions et lrsquoenvironnement de travail agrave la protection de la santeacute des employeacutes dans leur ensemble172 Au vu de cet eacuteleacutement un employeur ne peut a fortiori pas demander ou exiger drsquoun employeacute qursquoil emploie des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo comme par exemple la prise de ritaline Plus avant lrsquoemployeur a eacutegalement des obligations positives de preacutevention

iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Si lrsquoemployeur ne peut pas laquo ameacuteliorer raquo ses employeacutes pas les moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo il doit en plus prendre toutes les mesures raisonnablement exigibles pour que ses employeacutes ne soient pas contraints de facto agrave utiliser ces techniques pour pouvoir remplir leurs obligations Dans un arrecirct 4C242005 du 17 octobre 2005 le Tribunal feacutedeacuteral a condamneacute un employeur agrave payer une indemniteacute pour tort moral drsquoun montant de CHF 10000- agrave une employeacutee placeacutee dans une situation contraignante par son employeur Si en lrsquoespegravece lrsquoemployeacutee nrsquoa pas eacuteteacute victime de mobbing le fait que son employeur la contraigne agrave devoir effectuer une quantiteacute de travail propre agrave nuire agrave sa santeacute psychique a eacuteteacute consideacutereacute comme une violation de ses droits173

169 Arrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 170 VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 74 s 171 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 102 Sur le mecircme thegraveme voir WOLFGANG PORTMANN Stresshaftung im Arbeitsverhaumlltnis Erfolgreiche Stresshaftungsklagen gegen Arbeitgeber in der Schweiz und in anderen europaumlischen Laumlndern in ARV 2008 p 1-13 172 Message LAGH FF 2002 6841 p 6906 ss 173 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 4C242005 du 17 octobre 2005 consideacuterant 7

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On peut en deacuteduire qursquoun employeur ne peut exercer une trop forte pression sur ses employeacutes de faccedilon geacuteneacuterale par exemple en les astreignant agrave une charge de travail extrecircmement eacuteleveacutee nuisant agrave leur santeacute Les conditions de travail (charge de travail deacutelais horaires de travail etc) doivent pouvoir permettre aux employeacutes drsquoexercer leur emploi sans recours agrave des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans le mecircme sens selon DUNAND laquo [l]es conditions de travail doivent ecirctre adapteacutees aux capaciteacutes de lrsquoecirctre humain Lrsquoemployeur offrira aux travailleurs un climat de travail qui exclut toute atteinte agrave leur santeacute psychique Le travail sera organiseacute de maniegravere agrave eacuteviter un stress inutile ou un eacutepuisement professionnel raquo174 Pour le mecircme auteur laquo il appartient agrave lrsquoemployeur de mettre sur pied un systegraveme drsquoorganisation rationnel et respectueux qui permette drsquoeacuteviter une mise sous pression excessive des employeacutes raquo175 Le fait que dans certains milieux professionnels des comportements se rapprochant de ceux du dopage soient toleacutereacutes voire encourageacutes ne deacutedouane pas les employeurs de leurs obligations Il est vrai neacuteanmoins que rares sont ceux qui osent porter plainte dans ces conditions Il relegraveve alors de la responsabiliteacute du meacutedecin du travail srsquoil en existe de mettre en garde le travailleur sur les risques qursquoil encourt mais aussi drsquoavertir lrsquoemployeur des mesures agrave prendre pour corriger la situation

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal

La question qui se pose concernant les assurances de soins est la prise en charge de traitements entrant dans la cateacutegorie du deacuteveloppement humain artificiel Dans la regravegle lrsquoassurance-accidents couvre les frais meacutedicaux conseacutecutifs agrave un accident professionnel ou non professionnel176 laquo Le but du traitement meacutedical est deacuteliminer de la maniegravere la plus complegravete possible les atteintes physiques ou psychiques agrave la santeacute raquo177 Lrsquoart 54 LAA pose la limite suivante ceux qui pratiquent aux frais de lrsquoassurance-accidents doivent se limiter agrave ce qui est exigeacute par le but du traitement Lrsquoassurance-accidents ne couvre donc en principe pas de prestations relevant du deacuteveloppement humain artificiel son but fondamental eacutetant de prendre en charge les coucircts des theacuterapies conseacutecutives aux accidents Parmi les prestations preacutevues par la LAMal lrsquoart 25 mentionne les meacutedicaments prescrits par un meacutedecin dans la mesure ougrave ils servent agrave diagnostiquer ou agrave traiter une maladie et ses seacutequelles Lrsquoart 32 LAMal pose encore trois conditions au remboursement par lrsquoassureur-maladie obligatoire qui sont que les prestations doivent ecirctre efficaces approprieacutees et eacuteconomiques Lrsquoefficaciteacute doit ecirctre deacutemontreacutee scientifiquement Pour ecirctre rembourseacute un meacutedicament doit eacutegalement ecirctre inscrit sur la liste des speacutecialiteacutes de lrsquoOffice feacutedeacuteral de la santeacute publique178 Mais le remboursement de meacutedicaments par les caisses-maladie est soumis agrave diverses autres conditions dont celle de lrsquoutilisation conforme agrave lrsquoinformation professionnelle

174 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 175 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 176 Art 6 ss LAA 177 ATF 113 V 45 consid 4 178 Art 52 LAMal

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approuveacutee et publieacutee dans le Compendium suisse des meacutedicaments179 En conseacutequence un usage hors eacutetiquette nrsquoest en principe pas pris en charge Toutefois le TF a retenu deux exceptions pour lesquelles une telle utilisation peut ecirctre rembourseacutee180 La premiegravere est que la prescription hors eacutetiquette du meacutedicament constitue une condition essentielle agrave la poursuite drsquoune prestation prise en charge par lrsquoassurance obligatoire de soins181 La seconde est qursquoil srsquoagisse laquo de traiter une maladie qui pourrait ecirctre mortelle pour lrsquoassureacute ou impliquer des problegravemes de santeacute graves et chroniques qursquoil nrsquoexiste pas drsquoalternative theacuterapeutique et que le meacutedicament concerneacute preacutesente un important beacuteneacutefice theacuterapeutique raquo curatif ou palliatif182 Au vu de la jurisprudence traitant du remboursement de meacutedicaments utiliseacutes laquo hors eacutetiquette raquo force est de constater que lrsquousage de meacutedicaments soumis agrave ordonnance dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne remplit pas les conditions permettant leur remboursement par lrsquoassurance obligatoire de soins Ces conditions ayant pour but de permettre au meacutedecin de soigner au mieux des maladies pour lesquelles les meacutedicaments efficaces nrsquoont pas eacuteteacute speacutecifiquement testeacutes aux fins de lrsquoautorisation par Swissmedic on voit mal comment il pourrait en aller autrement

179 Voir ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 180 ATF 130 V 503 BGE 130 V 544 ATF 131 V 349 181 ARIANE AYER Prise en charge des meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 et la jurisprudence citeacutee 182 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 43

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3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations

La notion de laquo human enhancement raquo ne dispose pas actuellement de deacutefinition commune et arrecircteacutee Aux fins de cette eacutetude nous avons degraves lors ducirc commencer par en deacutefinir les contours et deacuteterminer les activiteacutes concerneacutees Le premier constat auquel nous sommes arriveacutes est que ces activiteacutes ne se limitent pas au dopage agrave la chirurgie estheacutetique ou au laquo wellness raquo Nous avons alors choisi drsquoappreacutehender cette notion de faccedilon large en parlant de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo expression qui nous apparait plus adapteacutee pour circonscrire la notion eacutetudieacutee Partant il nous a fallu trouver les dispositions leacutegales pertinentes et analyser les regravegles qursquoelles posent agrave la lumiegravere de cet ensemble drsquoactiviteacutes Nous avons alors constateacute que de nombreux champs du droit sont concerneacutes et que chaque activiteacute concerneacutee est reacuteglementeacutee de faccedilon propre Le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo nrsquoest pas appreacutehendeacute en tant que tel par le droit et ne le sera probablement jamais au vu de lrsquoensemble des diffeacuterentes activiteacutes et professions concerneacutees Dans de nombreuses situations les reacuteglementations eacutetudieacutees nrsquoont drsquoailleurs pas eacuteteacute eacutetablies en tenant compte du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Neacuteanmoins le droit positif suisse nrsquoest pas deacutemuni face aux possibiliteacutes de creacuteer des laquo surhommes raquo et pose des limites dans tous les domaines concerneacutes que lrsquoon pense agrave lrsquousage de meacutedicaments par des personnes en bonne santeacute en vue de modifications corporelles individuelles et volontaires aux possibiliteacutes pour une entreprise de demander des rendements surhumains agrave ses employeacutes ou agrave lrsquousage priveacute drsquoanalyses geacuteneacutetiques En conclusion nous pouvons mentionner que le droit suisse actuel ne connait pas de lacune manifeste concernant le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans les diffeacuterents champs concerneacutes des limites claires semblent eacutetablies

bull Toute modification geacuteneacutetique volontaire ou positive drsquoenfants agrave naicirctre est prohibeacutee

bull Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine ne peut ecirctre utiliseacutee agrave des fins laquo reacutecreacuteatives raquo (par exemple pour deacuteterminer lrsquoaptitude drsquoun enfant agrave diffeacuterentes activiteacutes sportives) ou en vue de seacutelectionner des employeacutes

bull Le preacutelegravevement et la transplantation drsquoorganes en vue drsquoameacuteliorer les performances drsquoun corps sain sont pratiquement interdites En effet le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes ne peut ecirctre effectueacute qursquoagrave la condition que le receveur ne puisse pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode Aucun traitement nrsquoeacutetant requis dans le cadre de deacuteveloppement artificiel force est de constater qursquoun preacutelegravevement est prohibeacute Concernant lrsquoattribution lrsquoordre de prioriteacute des requeacuterants deacutepend de lrsquourgence meacutedicale avec pour conseacutequence qursquoune transplantation laquo ameacuteliorative raquo est leacutegalement inconcevable

bull Les possibiliteacutes drsquoeffectuer de la recherche en vue de creacuteer de nouvelles meacutethodes et de nouveaux produits de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont limiteacutees par la neacutecessaire peseacutee drsquointeacuterecircts entre les risques et les beacuteneacutefices escompteacutes en particulier lorsque ces recherche doivent ecirctre meneacutees sur des ecirctres humains ou des cellules souches embryonnaires

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bull Les meacutedecins et professionnels de la santeacute sont limiteacutes dans leur activiteacute par le respect des regravegles de lrsquoart En conseacutequence ils ne peuvent sans risquer drsquoengager leur responsabiliteacute utiliser des produits et proceacutedeacutes agrave des fins non autoriseacutees De telles autorisations sont elles limiteacutees par les critegraveres permettant de faire les recherches neacutecessaires agrave leur deacutelivrance

bull La mise sur la marcheacute de meacutedicaments agrave des fins ameacutelioratives ne servant ni agrave diagnostiquer ni agrave preacutevenir ni agrave traiter une maladie devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic

bull La prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments nrsquoest possible qursquoagrave des conditions strictes ne permettant pas drsquoy inclure a priori le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

bull Les regravegles de droit du travail obligent lrsquoemployeur agrave adapter les conditions de travail aux employeacutes (et non lrsquoinverse) et interdisent les conduites dopantes qursquoelles soient demandeacutees explicitement ou tacitement agrave travers des conditions de travail et des instructions les rendant neacutecessaire pour lrsquoemployeacute

bull Enfin les activiteacutes meacutedicales relevant du deacuteveloppement humain artificiel ne remplissent pas les conditions permettant une prise en charge par les assurances sociales que ce soit par exemple la LAA ou la LAMal

Si les aspects juridiques paraissent suffisamment clairs les questions drsquoeacutethique et de deacuteontologie meacutedicales doivent selon nous ecirctre aujourdrsquohui clarifieacutees afin drsquounifier les pratiques en particulier dans les cas limites difficiles agrave cateacutegoriser entre laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo theacuterapie ou preacutevention Enfin les personnes pratiquant les activiteacutes pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et le public ndash patient usager consommateur ndash doivent enfin ecirctre clairement informeacutes des regravegles existantes et des limites poseacutees aux modifications volontaires de lrsquoecirctre humain

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MICHAEL J SELGELID An argument against arguments for enhancement in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 12 JOHANNES SIEGRIST MICHAEL MARMOT Social inequalities in health Oxford 2006 DOMINIQUE SPRUMONT MARKUS TRUTMANN (eacuteds) La recherche avec les cellules souches un deacutefi Mais pour qui Rapport IDS Ndeg 3 2003 JEANINE-ANNE STIENNON PAUL SCHOTSMAN Tous dopes eacutethique de la meacutedecine drsquoameacutelioration Bruxelles 2008 CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin Frankfurt am Main 2009 ASTRID STUCKELBERGER Introduction to anti-ageing medicine in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 12 ss ASTRID STUCKELBERGER Anti-Ageing Medicine Myths and Chances Zurich 2008 RUUD TER MEULEN Will enhancement make us better Ethical reflections on the enhancement of human capacities by means of biomedical technologies in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 23 ss RUUD TER MEULEN The enhancement of human capacities by medical and biological technologies Will we be better off (Inaugural Address 29th of November 2006 Centre for Ethics in Medicine University of Bristol) DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse Zurich 2001 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft 2 Aufl Berne 2007 CHARLES M THIEBAULD PIERRE SPRUMONT (dir) Le sport apregraves 50 ans Bruxelles 2005 DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz Droit constitutionnel suisse Zurich 2001 RINIE VAN EST PIM KLAASSEN MIRJAM SCHUIJFF Future Man ndash No Future Man La Hague 2008 ADRIAN VON KAENEL Das neue Bundesgesetz uumlber genetische Untersuchungen beim Menschen (GUMG) Eine Uumlbersicht aus arbeitsrechtlicher Warte in ARV 2007 145 ss FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 ss RENEacute WIEDERKEHR Fairness als Verfassungsgrundsatz Thegravese drsquohabilitation Lucerne 2006 Berne 2006

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CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss CHRISTOPH WILLI Der informierte Patient ist der beste Patient Spannungsverhaumlltnis zwischen Werbung und Information fuumlr Arzneimittel und Medizinalprodukte benachteiligt Patienteninteressen in AJP 2008 159 ss ENITA A WILLIAMS Good Better Best The Human Quest for Enhancement Summary Report of an Invitational Workshop Convened by the Scientific Freedom Responsibility and Law Program American Association for the Advancement of Science June 1-2 2006 REMY WYLER (eacuted) Panorama en droit du travail Berne 2009 VLADIMIR M ZATSIORSKY (eacuted) Biomechanics in sport performance enhancement and injury prevention Oxford 2000 LEO ZONNEVELD (eacuted) Reshaping the Human Exploring Human Enhancement La Hague 2008

  • Table des matiegraveres
    • Introduction et contexte
    • 1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
      • a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration
      • b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo
        • i) Ameacuteliorations et modifications physiques
        • ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales
        • iii) Prolongation de la vie
        • iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo
        • v) Preacutevention primaire
          • c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo
            • i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain
            • ii) Les substances
              • d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                • 2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                  • a) Fondements constitutionnels
                    • i) Digniteacute humaine
                    • ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle
                    • iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations
                    • iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes
                    • v) Protection des consommatrices et consommateurs
                    • vi) Protection de la santeacute
                    • vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain
                    • viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain
                    • ix) Meacutedecine de la transplantation
                    • x) Recherche impliquant des ecirctres humains
                      • b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine
                        • i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee
                        • ii) Analyse geacuteneacutetique humaine
                        • iii) Meacutedecine de la transplantation
                        • iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires
                        • v) Recherche impliquant des ecirctres humains
                          • c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions
                            • i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)
                              • d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires
                                • i) Seacutecuriteacute des produits
                                • ii) Meacutedicaments
                                  • (1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo
                                  • (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance
                                  • (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)
                                  • (4) Interdiction du dopage
                                    • iii) Stupeacutefiants
                                    • iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels
                                      • (1) Denreacutees alimentaires
                                      • (2) Objets usuels
                                          • e) Droit du travail
                                            • i) Protection du travailleur
                                              • (1) En geacuteneacuteral
                                                • ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute
                                                • iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                                                  • f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal
                                                    • 3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations
                                                      • Bibliographie
Page 4: Le développement humain artificiel

3) PISTES DE REacuteFLEXION ET PROPOSITIONS DE RECOMMANDATIONS 44 BIBLIOGRAPHIE 46

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Introduction et contexte

laquo Ce qui donne agrave un individu sa valeur geacuteneacutetique ce nest pas la qualiteacute propre de ses gegravenes Cest quil na pas la mecircme collection de gegravenes que les autres raquo1

La Commission nationale drsquoeacutethique (CNE) a deacutecideacute en 2009 de srsquoassocier agrave une eacutetude poursuivie par TA-Swiss en collaboration avec lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales (ASSM) et lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences sociales et humaines (ASSH) sur la probleacutematique du laquo human enhancement raquo Dans ce cadre la CNE a mandateacute lrsquoInstitut de droit de la santeacute repreacutesenteacute par le Professeur Dominique Sprumont afin de reacutealiser une analyse preacuteliminaire des questions juridiques souleveacutees par la meacutedecine ameacuteliorative (human enhancement) La preacutesente eacutetude juridique commissionneacutee par la CNE srsquointegravegre ainsi dans lrsquoeacutetude meneacutee par TA-Swiss et repreacutesente la contribution formelle de la commission agrave celle-ci Dans le cadre des travaux de TA-Swiss et sur la base des reacutesultats de la preacutesente eacutetude juridique la CNE deacutecidera de ses futurs travaux relatifs agrave ce sujet Lrsquoeacutetude porte principalement sur les bases leacutegales en vigueur et les lacunes juridiques eacuteventuelles dans les diffeacuterents domaines du laquo human enhancement raquo Elle offre un eacutetat des lieux en la matiegravere en droit suisse et dans la mesure du possible comprend des aspects de droit international et de droit compareacute Il convient de souligner que ce dernier point nrsquoa pas pu ecirctre approfondi autant que souhaiteacute la tacircche agrave accomplir srsquoeacutetant aveacutereacutee plus importante que preacutevue En effet une attention particuliegravere a eacuteteacute consacreacutee agrave preacuteciser la notion de laquo human enhancement raquo ce qui a abouti agrave adopter une nouvelle terminologie plus conforme agrave la probleacutematique abordeacutee La notion retenue deacutepasse largement la question du dopage ou de la chirurgie estheacutetique Il a ainsi fallu passer en revue davantage de lois qursquoinitialement preacutevu et traiter par exemple de question de droit du travail ou drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine Dans lrsquoensemble le rapport deacutefend une vision particuliegraverement large de la probleacutematique Il vise particuliegraverement agrave clarifier le deacutebat tout en proposant de nouvelles pistes de reacuteflexion Ce rapport se construit en trois parties Dans la premiegravere il est principalement question des notions de base et de la deacutelimitation du sujet Une attention particuliegravere a eacuteteacute porteacutee sur les choix terminologiques Il est ainsi proposeacute drsquoabandonner lrsquoexpression anglaise de laquo human enhancement raquo au profit de celle de laquo deacuteveloppement humain articificiel raquo La deuxiegraveme partie consiste en une revue aussi exhaustive que possible des diffeacuterentes leacutegislations qui contribuent directement ou indirectement agrave encadrer les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo agrave savoir (1) le droit constitutionnel particuliegraverement sous lrsquoangle des droits humains (2) les leacutegislations touchant agrave la meacutedecine et la digniteacute humaine de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee agrave la transplantation sans oublier lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine et la recherche (3) le droit pharmaceutique y compris les questions de dopage (4) le droit du travail et (5) certains aspects drsquoassurance sociale en particulier LAA et LAMal Enfin en troisiegraveme partie plusieurs pistes de reacuteflexion sont eacutevoqueacutees compte tenu des quelques reacutesultats obtenus de cette eacutetude preacuteliminaire Enfin le rapport comprend une bibliographie geacuteneacuterale illustrant si besoin est la complexiteacute de la probleacutematique

1 FRANCcedilOIS GROS FRANCcedilOIS JACOB PIERRE ROYER Sciences de la vie et socieacuteteacute Paris 1978

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1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration

Litteacuteralement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo peut se traduire par laquo ameacutelioration de lrsquoecirctre humain raquo2 Ainsi STOCK parle de laquo Verbesserung oder Erweiterung bestehender diagnostischer therapeutischer praumlventiver oder palliativer Moumlglichkeiten raquo3 De mecircme le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE deacutefinit comme suit le laquo human enhancement raquo laquo Medizinische oder biotechnologische Interventionen die darauf zielen Menschen in ihren Faumlhigkeiten oder in ihrer Gestalt in einer Weise zu veraumlndern die in den jeweiligen soziokulturellen Kontexten als Verbesserung wahrgenommen werden deren Zielsetzung nicht primaumlr therapeutischer oder praumlventiver Art ist raquo On notera que le Conseil feacutedeacuteral propose sa propre deacutefinition du laquo human enhancement raquo dans le message sur la loi relative agrave la recherche sur lrsquoecirctre humain Il utilise cette expression pour deacutesigner des projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques drsquoun fœtus sans rapport avec une maladie des projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement4 Cette notion ne se limite cependant pas a priori aux seules ameacuteliorations fondeacutees sur les techniques biomeacutedicales5 Lrsquouniteacute drsquoeacutevaluation des choix scientifiques et technologiques (STOA)6 du parlement europeacuteen a reacutecemment publieacute un rapport sur le sujet qui abonde dans ce sens Le concept de laquo human enhancement raquo retenu par le STOA est le suivant

laquo a modification aimed at improving individual human performance and brought about by science-based or technology-based interventions in the human body This definition includes ldquostrongrdquo second-stage forms of human enhancement with long-term effective or permanent results as well as ldquotemporaryrdquo enhancements Because it is not related to a specific definition of health this is a non-medical concept of human enhancement Moreover we distinguish between purely restorative non-enhancing therapies therapeutic enhancements and non-therapeutic enhancements raquo7

En partant de cette acception large du concept de laquo human enhancement raquo il est possible drsquoeacutetablir plusieurs cateacutegories drsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain qui srsquoy rattachent ainsi que de nombreuses meacutethodes qui visent agrave y parvenir A titre drsquoexemple le dopage les interventions de meacutedecine et de chirurgie estheacutetique (y compris drsquoantivieillissement) le maquillage permanent lrsquoeacutepilation deacutefinitive les

2 Selon divers dictionnaires (httpwwwlexilogoscomanglais_langue_dictionnaireshtm) laquo to enhance raquo se traduit par laquo mettre en valeur rehausser augmenter ameacuteliorer accroitre renforcer enrichir raquo 3 CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin p 39 s 4 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 5 Voir CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin Frankfurt am Main 2009 p 39 6 La laquo Science and Technology Options Assessment (STOA) raquo est lrsquouniteacute drsquoeacutevaluation des choix scientifiques et technologiques du parlement europeacuteen voir httpwwweuroparleuropaeustoadefault_enhtm 7 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study mai 2009 p 17 Dans le mecircme texte il est retenu que dans le domaine de la bioeacutethique meacutedicale le terme laquo enhancement raquo laquo characterize interventions designed to improve human form or functioning beyond what is necessary to sustain or restore good health raquo httpwwweuroparleuropaeustoapublicationsstudiesstoa2007-13_enpdf

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tatouages les piercings le branding et les scarifications sont autant de meacutethodes qui peuvent ecirctre rattacheacutees au laquo human enhancement raquo8 La distinction entre les interventions qui relegravevent de la theacuterapie ou des soins de celles qui peuvent ecirctre qualifieacutees plus strictement drsquoameacutelioratives srsquoavegraverent drsquoembleacutee difficile agrave tracer Le STOA a deacuteveloppeacute un tableau visant agrave diffeacuterencier les diffeacuterentes notions9

Il paraicirct eacutegalement inteacuteressant de mentionner les cateacutegories eacutetablies par Armin GRUNWALD dans le but de classer les diffeacuterentes activiteacutes biomeacutedicales agrave savoir

laquo 1 Healing as the removal of individual deficits relative to recognized standards of an average healthy human being 2 Doping as an increase in individual performance potential without there being any existing deficit in terms of (1) but in a measure that the performance achieved through it still appears as conceivably ldquonormalrdquo within the spectrum of usual human performance ndash either in sport or in normal life 3 Enhancement as an increase in performance going beyond abilities that are regarded as ldquonormallyrdquo achievable by humans who are healthy capable and ready to perform under optimal conditions 4 Alteration of human composition eg inventing new organs or bodily functions raquo10

Il deacutecoule de cette grille drsquoanalyse que le laquo human enhancement raquo relegraveve principalement des deuxiegraveme et troisiegraveme cateacutegories de GRUNWALD la quatriegraveme cateacutegorie restant actuellement hypotheacutetique Les notions de dopage de meacutedecine drsquoameacutelioration et de chirurgie et meacutedecine estheacutetique connexes et faisant partie de lrsquoensemble des activiteacutes du laquo human 8 Voir p ex CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 2 9 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 19 10 ARMIN GRUNWALD Human Enhancement ndash What does laquo enhancement raquo mean here Newsletter Akademie-Brief No 88 avril 2009 p 2

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enhancement raquo doivent encore ecirctre deacutefinies En droit suisse le dopage se deacutefinit comme laquo lrsquousage abusif de produits et de meacutethodes destineacutes agrave accroicirctre les performances physiques dans le sport raquo11 Il convient de le distinguer de la notion de conduite dopante connexe agrave celle de dopage laquo On parle de conduite dopante lorsqursquoune personne consomme certains produits pour affronter un obstacle reacuteel ou ressenti pour ameacuteliorer ses performances (compeacutetition sportive examen entretien drsquoembauche prise de parole en public situations professionnelles ou sociales difficiles) Dans le monde sportif cette pratique prend le nom de dopage raquo12 Le laquo human enhancement raquo se diffeacuterencie aussi de la meacutedecine ameacuteliorative qui peut se deacutefinir comme suit laquo [s]i les mesures theacuterapeutiques ont pour but le reacutetablissement de la santeacute du patient et le recouvrement de la norme physique et psychique les interventions drsquoameacutelioration peuvent ecirctre consideacutereacutees comme des interventions visant agrave modifier certaines particulariteacutes ou capaciteacutes drsquoun ecirctre humain pour qursquoelles soient supeacuterieures agrave cette norme raquo13 Ainsi la meacutedecine et la chirurgie estheacutetiques visent laquo die Verschoumlnerung bereits normaler Koumlrperformen raquo14 Dans un arrecirct de 1998 le tribunal cantonal vaudois a retenu que laquo les opeacuterations effectueacutees par le chirurgien estheacutetique ne preacutesentent ni urgence ni neacutecessiteacute absolue et quelles portent sur des organes sains dindividus geacuteneacuteralement en bonne santeacute raquo15 Le tribunal feacutedeacuteral preacutecise que font partie des mesures diagnostique ou theacuterapeutique prises en charge par les caisses-maladie16 les opeacuterations servant laquo non seulement agrave la gueacuterison proprement dite de la maladie ou des suites immeacutediates dun accident mais aussi agrave leacutelimination dautres atteintes secondaires dues agrave la maladie ou agrave un accident notamment en permettant de corriger des alteacuterations externes de certaines parties du corps - en particulier le visage - visibles et speacutecialement sensibles sur le plan estheacutetique aussi longtemps que subsiste une imperfection de ce genre due agrave la maladie ou agrave un accident ayant une certaine ampleur et agrave laquelle une opeacuteration de chirurgie estheacutetique peut remeacutedier lassurance doit prendre en charge cette intervention agrave condition quelle eucirct agrave reacutepondre eacutegalement des suites immeacutediates de laccident ou de la maladie et pour autant que fussent respecteacutees les limites usuelles ainsi que le caractegravere eacuteconomique du traitement raquo17 Ces eacuteleacutements fondent la distinction entre la chirurgie reconstructive et la chirurgie estheacutetique

11 Art 1 al 1 let h LGS Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DDPS concernant les produits et meacutethodes de dopage dispose que ldquoEst reacuteputeacutee dopage au sens de lrsquoart 1 let h de la loi lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo Selon le message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux laquo [d]rsquoapregraves la deacutefinition du Comiteacute international olympique (CIO) le dopage consiste agrave laquoutiliser intentionnellement ou non des substances appartenant agrave des classes interdites dagents pharmacologiques etou agrave utiliser diverses meacutethodes interdites raquo raquo FF 1999 3262 Voir eacutegalement FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 p 916 Selon lrsquoart 1 du code mondial anti dopage laquo [l]e dopage est deacutefini comme une ou plusieurs violations des regravegles antidopage eacutenonceacutees aux articles 21 agrave 28 du Code raquo Les art 21 agrave 28 du code mentionnent entre autre comme violation des regravegles antidopage la preacutesence de substances interdites dans lrsquoeacutechantillon drsquoun sportif lrsquousage ou la tentative drsquousage par un sportif drsquoune substance interdite ou drsquoune meacutethode interdite et la possession de substance ou meacutethode interdites 12 Mission interministeacuterielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie et Institut national de preacutevention et drsquoeacuteducation pour la santeacute (France) Drogues savoir plus risquer moins p 95 13 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 Dans le mecircme texte il est mentionneacute que laquo [l]e terme de laquomeacutedecine drsquoameacuteliorationraquo regroupe les interventions meacutedicales non theacuterapeutiques dont le but est la modification ou lrsquoameacutelioration de caracteacuteristiques non-pathologiques raquo Voir eacutegalement FRANK TH PETERMANN pour qui laquo Die klassiche Medizin geht von der Praumlmisse aus dass sie kurativ dh zur Heilung von Krankheiten oder wenn dies nicht mehr moumlglich ist palliativ also zur Linderung der daraus resultierenden Beschwerden da ist 31 Geht es um medizinische Interventionen die keinen therapeutischen Zweck haben sondern auf die Veraumlnderung oder Verbesserung nichtpathologischer Merkmale abzielen spricht man von Enhancement Medizin raquo Off Label Rechtliche Betrachtungen zum Off Label Use von Pharmazeutika in hill 2007 fachartikel n 2 sect 17 14 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 40 15 Tribunal Cantonal du Canton de Vaud 25021998 in SG 1998 Ndeg1323 p 7 16 Art 25 LAMal 17 ATF 121 V 119 p 121

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b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo

Comme il ressort de notre bregraveve introduction le laquo human enhancement raquo est une notion large ouverte et dont les frontiegraveres sont difficiles agrave circonscrire Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette difficulteacute La transplantation drsquoorganes sains agrave des personnes acircgeacutees dans le but de rallonger leur vie consiste-t-elle en une theacuterapie ou une ameacutelioration18 laquo Is it therapy to give growth hormone to a genetic dwarf but not to a short fellow who is just unhappy to be short raquo19 Si les limites sont difficiles agrave eacutetablir il est toutefois possible drsquoidentifier diverses meacutethodes permettant agrave des personnes en bonne santeacute de modifier des eacuteleacutements de leur corps Plusieurs de ces meacutethodes sont deacutecrites ci-dessous classeacutees en fonction du type de modification

i) Ameacuteliorations et modifications physiques

Par ameacuteliorations physiques nous entendons les modifications corporelles permettant un accroissement des performances ou une modification de lrsquoapparence agrave des fins estheacutetiques cette deuxiegraveme cateacutegorie incluant les modifications antivieillissement Dans cette cateacutegorie les meacutethodes suivantes sont prises en compte

bull Lrsquoadministration drsquoanabolisants (deacuteriveacutes de la testosteacuterone (nandrolone stanozolol etc) utiliseacutes par exemple dans la pratique du bodybuilding) ou drsquoautres substances prohibeacutees ou reacuteglementeacutees permettant un accroissement de la masse musculaire et ou lrsquoameacutelioration des performances (force explosiviteacute puissance endurance vitesse de reacutecupeacuteration etc)

bull Lrsquoadministration drsquohormones afin de modifier lrsquoapparence (p ex prise de pilules contraceptives par des hommes dans le but de ressembler agrave des femmes)

bull La chirurgie et la meacutedecine estheacutetiques (p ex augmentation mammaire injections de botox)

bull Les modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull La transplantation et la xeacutenotransplantation drsquoorganes bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Les tatouages le branding les scarifications et le maquillage permanent

(modifications de lrsquoapparence drsquoune surface deacutefinie de peau)

ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales20

Peuvent ecirctre consideacutereacutees comme ameacuteliorations intellectuelles et modifications mentales toutes les meacutethodes permettant une ameacutelioration des aptitudes cognitives de lrsquoattention et de la concentration de la meacutemoire ou encore une diminution de la fatigue du stress de lrsquoanxieacuteteacute etc Ce type de modifications passe par lrsquoutilisation des meacutethodes suivantes21

18 Exemple donneacute par NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 ss p 3 19 Beyond therapy biotechnology and the pursuit of happiness A Report by the Presidentrsquos Council on Bioethics p 16 20 Lrsquoeacuteventualiteacute de modifications morales nrsquoest pas traiteacutee dans la preacutesente eacutetude 21 Voir EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 26 ss p 30 s

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bull Administration de meacutedicaments ou autres substances (p ex antideacutepresseurs ritalin modafinil adderall aricept)

bull Modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull Stimulation ceacutereacutebrale profonde (introduction drsquoune eacutelectrode dans le cerveau

et envoi drsquoimpulsions eacutelectriques) bull Stimulation magneacutetique transcracircnienne (envoi drsquoune impulsion sur

lrsquoenceacutephale agrave travers le cracircne) bull laquo Prosthetic brain chips raquo22

iii) Prolongation de la vie

Parmi les buts du laquo human enhancement raquo nous trouvons le rallongement de la vie Il faut ici distinguer entre les maladies de la vieillesse dont fait par exemple partie le diabegravete de type 2 et laquo les manifestations deacutegeacuteneacuteratives lieacutees agrave lrsquoacircge raquo23 Les premiegraveres neacutecessitent un traitement qualifiable de theacuterapie ce type de traitement ne fait donc pas partie du laquo human enhancement raquo Le traitement des secondes peut faire partie du laquo human enhancement raquo en fonction des cas et la preacutevention des manifestations deacutegeacuteneacuteratives est un eacuteleacutement du laquo human enhancement raquo De faccedilon geacuteneacuterale les meacutethodes permettant agrave des personnes saines de lutter contre le vieillissement et de rallonger la dureacutee de leur vie sont abordeacutees ici

bull Transplantations drsquoorganes et xeacutenotransplantations bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Administration de meacutedicaments drsquohormones et autres substances bull Consommation de suppleacutements nutritionnels (acide folique antioxydants

laquo brainfood raquo etc)24

iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo

Lrsquoutilisation de meacutethodes du geacutenie geacuteneacutetique dans ce que les germanophones appellent le laquo Gen-Enhancement raquo poursuit le but de deacutevelopper certaines qualiteacutes chez lrsquoenfant25 Les principales meacutethodes utiliseacutees relegravevent des techniques de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et drsquoanalyse geacuteneacutetique et de la theacuterapie geacutenique

v) Preacutevention primaire

Si la distinction entre ameacutelioration et theacuterapie nrsquoest pas eacutevidente celle entre ameacutelioration et preacutevention lrsquoest encore moins En effet lrsquoinclusion des techniques drsquoameacutelioration dans la preacutevention deacutepend de la deacutefinition retenue de la notion de preacutevention et de la maniegravere de consideacuterer les techniques ayant un potentiel ameacutelioratif La preacutevention peut se deacutefinir comme laquo les mesures visant agrave reacuteduire la probabiliteacute agrave limiter ou agrave empecirccher lrsquoapparition drsquoune maladie ou drsquoun risque pour la santeacute et les conseacutequences neacutegatives drsquoune maladie raquo26 ou plus simplement comme laquo toutes les activiteacutes deacuteveloppeacutees par une personne pour eacuteviter et empecirccher

22 Aussi appeleacutes ldquoelectronic brain implantsrdquo 23 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 3 24 ASTRID STUCKELBERGER Anti-ageing Medicine Myths and Chances p 130 ss 25 Pour LORZ laquo [d]as Gen-Enhancement betrifft Verbesserungen der Erbsubstanz vor allem fuumlr die zukuumlnftige Generation raquo SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 43 26 Art 3 du projet de loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute

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lrsquoapparition drsquoune maladie raquo27 En comparant ces deacutefinitions de la preacutevention avec celles du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo on peut deacuteterminer un premier critegravere de distinction dans le fait que la preacutevention est en geacuteneacuteral en lien avec une maladie ou un problegraveme de santeacute28 alors que le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo se rattache aux performances ou agrave lrsquoapparence Dans ce sens la vaccination est une activiteacute se rapprochant plus de la preacutevention que du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Une meacutethode permettant drsquoameacuteliorer de faccedilon geacuteneacuterale le fonctionnement du systegraveme immunitaire drsquoune personne pourrait par contre ecirctre incluse dans les deux cateacutegories car elle permet drsquoeacuteviter lrsquoapparition de maladies deacutetermineacutees et constitue une ameacutelioration geacuteneacuterale de la reacutesistance du corps humain

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo

Lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain peut passer par de nombreuses et diverses meacutethodes En retenant un concept large du laquo human enhancement raquo la meacuteditation qui permet de reacuteduire le stress et lrsquoanxieacuteteacute ou les exercices permettant drsquoameacuteliorer sa meacutemoire pourraient ainsi y ecirctre inclus Nous ne prendrons cependant pas en compte les meacutethodes que lrsquoon peut cateacutegoriser sous la notion drsquoentraicircnement (qui regroupe des notions comme lrsquoentraicircnement sportif lrsquoentraicircnement cognitif etc) Elles ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme produit de la technique et nrsquoentrent donc pas dans le concept de laquo human enhancement raquo tel que retenu En effet nous ne traitons ici que du deacuteveloppement artificiel par opposition au deacuteveloppement dit naturel

i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain

Font partie des interventions sur lrsquoecirctre humain les interventions sur lrsquoadulte et lrsquoenfant ainsi que les interventions preacutenatales Lrsquointervention meacutedicale peut se deacutefinir comme laquo an act performed to prevent harm to a patient or to improve the mental emotional or physical function of a patient A physiologic process may be monitored or enhanced or a pathologic process may be arrested or controlled raquo29 Il srsquoagit notamment drsquointerventions chirurgicales

ii) Les substances

Diverses substances peuvent avoir un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisables dans un but de deacuteveloppement artificiel Lrsquoon pense particuliegraverement aux produits theacuterapeutiques (meacutedicaments) ndash favorisant le deacuteveloppement musculaire la concentration lrsquoendurance lrsquoexplosiviteacute lrsquoagressiviteacute etc - et aux aliments speacuteciaux ou alicaments ndash faibles en calories (favorisant la perte de poids) ayant un apport eacutenergeacutetique accru (en proteacuteine favorisant la prise de muscles) ayant un taux de cafeacuteine eacuteleveacute etc Tout produit ayant un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisable agrave des fins autres que la theacuterapie et les soins peut potentiellement avoir un usage dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

27 Deacutefinition de lrsquoInstitut suisse de preacutevention de lrsquoalcoolisme et des autres toxicomanies httpwwwsfa-ispachindexphpIDtheme=107ampIDcat48visible=1amplangue=F 28 Sur les diffeacuterentes cateacutegories de preacutevention voir Message relatif agrave la loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute FF 2009 6389 p 6447 ss 29 Mosbys Medical Dictionary 8th edition 2009 Pour drsquoautres deacutefinitions voir httpmedical-dictionarythefreedictionarycomintervention

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d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Il peut paraicirctre surprenant de construire un rapport juridique en franccedilais en partant drsquoune expression anglaise comme celle de laquo human enhancement raquo Il conviendrait en fait drsquoanalyser preacuteciseacutement et de maniegravere deacutetailleacutee qursquoelle est justement la notion que deacutesigne ladite expression Cette deacutemarche ayant aboutie il serait encore neacutecessaire drsquoexclure qursquoil nrsquoexiste pas drsquoeacutequivalent en franccedilais (ou en allemand) avant de conclure que seule lrsquoexpression anglaise doit ecirctre retenue Dans tous les cas il paraicirct raisonnable de rechercher si lrsquoobjet de ce rapport ne peut pas srsquoexprimer clairement en franccedilais respectivement en allemand avant de faire usage de termes anglais Drsquoautres motifs nous incitent agrave souhaiter une formulation franccedilaise Premiegraverement il existe de nombreuses acceptions de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo Mecircme en anglais la question de la terminologie nrsquoest de loin pas reacutesolue Reprendre sans autre reacuteflexion cette expression preacutesente le risque que chacun pense y retrouver sa propre notion contribuant ainsi agrave la confusion Il est donc neacutecessaire de clarifier et de deacuteterminer au mieux la notion qui sera analyseacutee dans ce travail Deuxiegravemement le droit est indissociable des langues dans lesquelles il srsquoapplique il convient dans ce cadre de maintenir une uniteacute linguistique entre lrsquoobjet traiteacute et les normes juridiques qui srsquoy reacutefeacuterent Une traduction dans la langue de lrsquoeacutetude srsquoavegravere degraves lors utile voire neacutecessaire Troisiegravemement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est en soi biaiseacutee dans la mesure ougrave elle veacutehicule lrsquoideacutee selon laquelle les meacutethodes qursquoelles recouvrent sont veacuteritablement ameacutelioratives sans preacuteciser pour autant la nature de cette ameacutelioration Le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE a bien senti le piegravege puisqursquoil introduit dans sa propre deacutefinition la notion de contexte socioculturel pour appreacutecier lrsquoameacutelioration rechercheacutee30 Il y a donc neacutecessiteacute de se distancier de lrsquoexpression consacreacutee de laquo human enhancement raquo dans la mesure ougrave elle conforte lrsquoideacutee drsquoune certaine ameacutelioration qui reste pourtant agrave deacutemontrer selon des critegraveres socio-culturellement partageacutes et dont le degreacute est encore agrave eacutevaluer La question nrsquoest plus ici seulement de traduction mais bien de deacutefinition Parler drsquoameacutelioration humaine ou de laquo corps augmenteacute raquo31 ne paraicirct pas correct mais plutocirct trompeur Il srsquoagit de trouver un terme neutre Nous proposons ainsi de retenir lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Premiegraverement le terme de deacuteveloppement peut se comprendre comme ameacutelioration mais il laisse ouverte la possibiliteacute que ce deacuteveloppement soit beacuteneacutefique ou non32 Dans son sens neacutegatif il pourrait donc aussi srsquoappliquer pour deacutesigner une alteacuteration de lrsquohomme Le principe est surtout drsquoexprimer la transformation le changement qui est apporteacute agrave lrsquohumain ces autres termes pouvant ici valoir comme synonymes Mais lrsquointeacuterecirct du terme de deacuteveloppement est de renvoyer ou rappeler lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement durable raquo Pour reprendre le rapport laquo Notre avenir agrave tous raquo de la Commission mondiale sur lenvironnement et le deacuteveloppement (Commission Brundtland) laquo le deacuteveloppement durable est un deacuteveloppement qui reacutepond aux

30 Voir plus haut pt 1a 31 Cette traduction quasi-litteacuterale de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est parfois utiliseacutee en franccedilais Citons Geacuterard Ayache Corps augmenteacute recircve bionique ou cauchemar protheacuteen disponible agrave la page httpwwwagoravoxfractualitestechnologiesarticlecorps-augmente-reve-bionique-ou-11710 et une confeacuterence donneacutee dans le cadre des manifestations culturelles de la bibliothegraveque cantonale et universitaire de Lausanne le 27 janvier 2009 intituleacutee laquo Le corps augmenteacute utopie drsquoaujourdrsquohui reacutealiteacute de demain raquo 32 Sur le lien entre les notions de laquo enhancement raquo et de deacuteveloppement voir ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34

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besoins du preacutesent sans compromettre la possibiliteacute pour les geacuteneacuterations agrave venir de pouvoir reacutepondre aux leurs raquo33 Cette expression implique une responsabiliteacute individuelle et collective marqueacutee sur la dureacutee pour appreacutecier les effets du deacuteveloppement qui pour ecirctre positif ne peut se limiter aux seules personnes directement concerneacutees mais doit ecirctre appreacutecieacute dans ses conseacutequences globales pour lrsquohumaniteacute et la planegravete Une ameacutelioration de telle performance drsquoun athlegravete ne constitue pas neacutecessairement un progregraves pour les hommes et doit donc ecirctre appreacutecieacute de maniegravere relative sous lrsquoangle du deacuteveloppement durable et humain Deuxiegravemement le deacuteveloppement dont il est question ici concerne directement lrsquohumain justement afin de le deacutelimiter par rapport au deacuteveloppement durable et agrave drsquoautres formes drsquoactiviteacutes Troisiegravemement la caracteacuteristique de ce deacuteveloppement humain est de se libeacuterer des regravegles de la nature drsquoecirctre directement et volontairement induit autrement dit drsquoecirctre artificiel Cet eacuteleacutement est important pour marquer la limite avec lrsquoensemble des facteurs ndash ou deacuteterminants ndash qui influencent notre santeacute et dont les effets se traduisent au fil des deacutecennies par un allongement de la dureacutee de vie moyenne de la population et une baisse des morbiditeacutes Nous vivons mieux et plus longtemps que nos anciens Mais les eacuteleacutements qui participent agrave cette eacutevolution eacutechappent pour la plupart agrave un controcircle direct des individus concerneacutes Il srsquoagit donc de bien distinguer ces eacuteleacutements de lrsquoeacutevolution de la socieacuteteacute de la meacutedecine ameacuteliorative et autres mesures de deacuteveloppement humain artificiel Nous retiendrons ainsi actuellement la deacutenomination de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo qui renvoie au concept de laquo deacuteveloppement durable raquo aujourdrsquohui appliqueacute tant en matiegravere drsquoenvironnement que drsquoeacuteconomie domaines eacutetroitement lieacutes agrave celui de deacuteveloppement humain comme il sera deacutemontreacute ci-dessous

2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Fondements constitutionnels

Plusieurs normes constitutionnelles influent directement sur les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo en Suisse Ces dispositions concernent entre autres la digniteacute humaine le droit agrave la vie et agrave la liberteacute personnelle lrsquoeacutegaliteacute la protection de la santeacute la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee le geacutenie geacuteneacutetique et la meacutedecine de la transplantation

i) Digniteacute humaine

Lrsquoart 7 Cst dispose que la digniteacute humaine doit ecirctre respecteacutee et proteacutegeacutee Ce droit fondamental agrave ecirctre traiteacute de maniegravere humaine et non deacutegradante est consideacutereacute comme un principe directeur concreacutetiseacute par les autres droits fondamentaux34 Parmi ceux-ci le droit agrave la liberteacute personnelle garantit entre autres le droit agrave la vie agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique Si laquo [l]a garantie de lrsquointeacutegriteacute physique protegravege

33 Notre avenir agrave tous Rapport de la commission mondiale sur lrsquoenvironnement et le deacuteveloppement du 10 mars 1987 Disponible dans sa version anglaise agrave la page httpwwwareadminchthemennachhaltig002660054000542indexhtmllang=fr 34 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 69 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 691 s ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 260 s p 121 s PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 139 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 PHILIPPE MASTRONARDI com ad art 7 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 77 s

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lrsquoindividu contre toute atteinte injustifieacutee (hellip) porteacutee au corps humain qursquoelle soit intentionnelle ou non grave ou leacutegegravere et quels qursquoen soient les motifs raquo35 elle ne creacutee pas ni ne protegravege un eacuteventuel droit drsquoameacuteliorer son corps ou de modifier lrsquoecirctre humain drsquoune autre maniegravere Il existe drsquoailleurs drsquoautres dispositions constitutionnelles restreignant les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo A ce propos laquo [l]ecirctre humain se distinguerait agrave la fois par son individualiteacute et par ses imperfections Le jauger selon une norme preacutetendue juste et deacutetermineacutee de maniegravere arbitraire et le manipuler geacuteneacutetiquement par rapport agrave cette norme constituerait une violation grave de sa digniteacute raquo36 Le clonage et la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides sont eacutegalement par leur nature mecircme contraire agrave la digniteacute humaine37 Si lrsquoEtat doit srsquoabstenir drsquoatteindre de faccedilon injustifieacutee agrave lrsquointeacutegriteacute physique et la proteacuteger la Constitution preacutevoit eacutegalement agrave son art 118 que la Confeacutedeacuteration prend des mesures pour proteacuteger la santeacute Cet eacuteleacutement sera traiteacute ci-apregraves

ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle

Lrsquoart 10 Cst feacuted garantit le droit agrave la vie agrave la liberteacute personnelle agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique et agrave la liberteacute de mouvement donc laquo toutes les liberteacutes eacuteleacutementaires dont lrsquoexercice est indispensable agrave lrsquoeacutepanouissement de la personne humaine raquo38 Le Tribunal feacutedeacuteral a retenu que les vaccinations obligatoires les opeacuterations chirurgicales lrsquoobligation pour les eacutelegraveves de suivre un controcircle et des soins dentaires obligatoires ou lrsquoadministration forceacutee de meacutedicaments dans une clinique psychiatrique constituent des atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute physique et donc agrave la liberteacute personnelle39 La liberteacute personnelle protegravege la personne contre les atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute psychique laquo qui tendraient par un moyen quelconque agrave restreindre ou agrave supprimer la faculteacute qui lui est propre drsquoappreacutecier une situation donneacutee et de se deacuteterminer drsquoapregraves cette appreacuteciation raquo40 Enfin lrsquoart 10 al 3 Cst feacuted interdit la torture et tout autre traitement ou peine cruels inhumains ou deacutegradants Une des reacutesultantes de lrsquoart 10 Cst feacuted en droit meacutedical est lrsquoexigence du consentement des patients pour tout acte meacutedical On retrouve son pendant en droit priveacute avec lrsquoart 28 CC Cela garantit le respect de la volonteacute du patient et lui donne ainsi le droit drsquoexercer son libre arbitre Cependant le consentement nrsquoest pas une condition suffisante pour justifier une atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle Encore faut-il qursquoelle soit conforme aux regravegles de lrsquoart autrement dit que cette intervention reacuteponde aux standards meacutedicaux compte tenu des besoins du patient Une meacutethode de laquo deacuteveloppement durable artificiel raquo devra ainsi non seulement ecirctre autoriseacutee par la personne concerneacutee Elle doit en outre respecter les regravegles de lrsquoart et la digniteacute humaine consacreacutee agrave lrsquoart 7 Cst indeacutependamment de la volonteacute de la personne concerneacutee

35 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 108 36 Message LPMA FF 1996 276 reprenant une intervention parlementaire BO N 1991 p 616 (intervention Koller) 37 Message LPMA FF 1996 27 et les reacutefeacuterences citeacutees Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1221 38 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 101 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER com ad art 10 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 148 s 39 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 108 et la jurisprudence citeacutee 40 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 109

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iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations

Lrsquoart 8 Cst pose les principes de lrsquoeacutegaliteacute des ecirctres humains devant la loi et de lrsquointerdiction des discriminations Si cette disposition a vocation agrave srsquoappliquer dans les relations que lrsquoEtat entretient avec ses citoyens administreacutes justiciables elle a aussi un effet dans les relations entre particuliers Si dans la regravegle lrsquointerdiction des discriminations sadresse agrave lEacutetat et ne produit pas deffet horizontal direct dans les relations entre personnes priveacutees laquo les regravegles de droit civil doivent cependant ecirctre interpreacuteteacutees en tenant compte des exigences particuliegraveres qui reacutesultent des droits fondamentaux raquo41 Lrsquoart 8 al 2 Cst a toutefois des effets indirects notamment en vertu de lrsquoart 35 al 3 Cst qui dispose que les autoriteacutes veillent agrave ce que les droits fondamentaux dans la mesure ougrave ils srsquoy precirctent soient aussi reacutealiseacutes dans les relations qui lient les particuliers entre eux Ces effets indirects sont de deux ordres Premiegraverement il srsquoagit pour les autoriteacutes de tenir compte des droits fondamentaux dans lrsquointerpreacutetation des lois et dans lrsquousage de leur pouvoir drsquointerpreacutetation Deuxiegravemement laquo [l]e leacutegislateur doit concevoir la leacutegislation de sorte qursquoelle assure le mieux possible le respect des droits fondamentaux dans les relations entre particuliers Il le fera en eacutedictant des normes notamment de droit civil et peacutenal qui reacutesolvent les conflits de liberteacute entre particuliers et qui preacuteviennent des traitements discriminatoires Aussi les garanties constitutionnelles peuvent-elles contenir un mandat au leacutegislateur drsquoadopter des dispositions propres agrave proteacuteger dans la mesure du possible les particuliers contre les atteintes agrave leurs droits fondamentaux provenant drsquoautres particuliers Lrsquoexistence drsquoune telle obligation positive de lrsquoEtat (Schutzpflichten) deacutecoulant de la Constitution est admise depuis longtemps par la Cour europeacuteenne des droits de lrsquohomme ainsi que par la doctrine et la jurisprudence suisse raquo42 Ce deuxiegraveme eacuteleacutement est particuliegraverement important concernant lrsquointerdiction des discriminations En effet les laquo obligations de protection raquo de lrsquoEtat citeacutees ci-dessus neacutecessitent qursquoil prenne divers types de mesures afin de reacuteduire voire drsquoeacuteliminer les discriminations horizontales On pense en particulier agrave des mesures positives drsquoinformation de sensibilisation ou des recherches scientifiques et projets drsquoeacutechange et de contacts etc43 La creacuteation drsquoorganismes de sensibilisation et de coordination et la prise de mesures drsquoencouragement sont eacutegalement envisageables Dans les domaines ougrave la Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences leacutegislatives le leacutegislateur feacutedeacuteral peut eacutedicter des regravegles lorsque leur neacutecessiteacute est aveacutereacutee assurant la protection des citoyens contre les discriminations En reacutesumeacute les autoriteacutes eacutetatiques ne peuvent discriminer les personnes de faccedilon geacuteneacuterale et doivent assurer leur protection contre des discriminations horizontales par la prise de mesures positives et lrsquoeacutetablissement de textes de lois

41 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 5A4842009 du 18 aoucirct 2009 consid 41 et les reacutefeacuterences citeacutees 42 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 164 ss 167 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 43 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 318 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 124

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iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes

Lrsquoart 11 Cst dispose entre autres que les enfants et les jeunes ont droit agrave une protection particuliegravere de leur inteacutegriteacute et agrave lrsquoencouragement de leur deacuteveloppement Cette disposition dans certains domaines en tout cas44 laquo ne creacutee pas un droit subjectif particulier deacuteductible en justice faute notamment decirctre suffisamment preacutecise et deacutetermineacutee et doit plutocirct ecirctre consideacutereacutee comme une disposition programmatique respectivement une disposition que les autoriteacutes doivent prendre en compte lorsquil sagit de combler une lacune ou lorsquelles font usage de leur pouvoir dappreacuteciation raquo45 Il exige dans tous les cas une prudence accrue lorsqursquoil srsquoagit de porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle des enfants ou drsquointervenir dans leur deacuteveloppement

v) Protection des consommatrices et consommateurs

Lrsquoart 97 Cst dispose que la Confeacutedeacuteration prend des mesures destineacutees agrave proteacuteger les consommateurs et les consommatrices46 Il preacutevoit encore que les organisations de consommateurs disposent de voies de droit et que les proceacutedures de conciliation ou judiciaires doivent ecirctre simple et rapides pour les litiges dont la valeur litigieuse ne deacutepasse pas un montant deacutetermineacute Le but du premier alineacutea de cette disposition est de proteacuteger les consommateurs en geacuteneacuteral Les marcheacutes des meacutedicaments des denreacutees alimentaires des produits cosmeacutetiques et des services dans les domaines de la cosmeacutetique et du bien-ecirctre sont concerneacutees par cette disposition qui sert par ailleurs de base leacutegale agrave diverses lois de protection des consommateurs contre les tromperies

vi) Protection de la santeacute

Lrsquoart 118 Cst mentionne que la Confeacutedeacuteration prend des mesures afin de proteacuteger la santeacute dans les limites de ses compeacutetences et leacutegifegravere entre autres sur lrsquoutilisation des denreacutees alimentaires des agents theacuterapeutiques des stupeacutefiants des organismes des produits chimiques et des objets qui peuvent preacutesenter un danger pour la santeacute47 laquo Lrsquoancien art 69bis parlait de laquo commerce raquo (Verkehr raquo) des denreacutees alimentaires et objets usuels Le constituant de 1999 a preacutefeacutereacute parler drsquo laquo utilisation raquo (laquo Umgang raquo) pour bien montrer que la leacutegislation vise le comportement des consommateurs aussi bien que les opeacuterations drsquoamont fabrication traitement importation distribution raquo48 Si la santeacute publique est principalement un domaine de compeacutetence des cantons la Confeacutedeacuteration dispose toutefois de tacircches speacuteciales dans ce domaine49 Lrsquoart 118 44 Voir RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht p 262 ss en particulier p 264 s voir aussi RUTH REUSSER KURT LUumlSCHER com ad art 11 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 175 45 Arrecirct du Tribunal administratif feacutedeacuteral Cour III C-38852007 du 2 deacutecembre 2008 consid 10 46 Voir RETO JACOBS com ad art 97 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar Lachen amp Zurich p 1062 s voir aussi KLAUS A VALLENDER com ad art 94-107 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 47 LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1207 s 48 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 930 49 La Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences en matiegravere de santeacute publique depuis 1848 voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 926 Voir aussi ERWIN MURER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER

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sert de base agrave de nombreuses lois et ordonnances dont les principales sont la loi sur les denreacutees alimentaires 50 la loi sur les produits theacuterapeutiques51 la loi sur les stupeacutefiants52 la loi sur les produits chimiques53 ou encore la loi sur la seacutecuriteacute des produits54

vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain

Touchant directement le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo lrsquoart 119 Cst55 doit eacutegalement ecirctre mentionneacute Cette disposition traite de la protection de lrsquoecirctre humain contre les abus en matiegravere de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et de geacutenie geacuteneacutetique56 dans le domaine humain et limite ou interdit plusieurs activiteacutes dans le but de proteacuteger la digniteacute humaine la personnaliteacute et la famille57 Premiegraverement en application de lrsquoalineacutea 1 let a laquo [s]ont interdites les laquo interventions raquo (laquo Eingriffe raquo) dans le patrimoine geacuteneacutetique drsquoun gamegravete ou drsquoun embryon crsquoest-agrave-dire les opeacuterations qui modifient ce patrimoine et qui par conseacutequent peuvent influencer la descendance raquo58 Le clonage est aussi expresseacutement interdit Deuxiegravemement la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides interespegraveces59 est prohibeacutee60 Troisiegravemement la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee nrsquoest autoriseacute que lorsque la steacuteriliteacute ou le danger de transmission drsquoune grave maladie ne peuvent ecirctre eacutecarteacutes drsquoune autre maniegravere et non pour deacutevelopper chez lrsquoenfant certaines qualiteacutes ou pour faire de la recherche61 Cette disposition interdit donc expresseacutement lrsquoutilisation de meacutethodes de PMA afin de modifier les caracteacuteristiques drsquoun futur enfant

Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 967 s et surtout p 976 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 285 p 132 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 140 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 41 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 535 s ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht p 118 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII p 21 s 50 RS 8170 51 RS 81221 52 RS 812121 53 RS 8131 54 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 929 Voir aussi LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1209 s 55 Dans lrsquoancienne constitution voir art 24novies aCst 56 laquo Le laquo geacutenie geacuteneacutetique raquo (Gentechnologie) deacutesigne les proceacutedeacutes qui permettent drsquoanalyser de soigner voire de modifier des gegravenes notamment le support moleacuteculaire des caractegraveres heacutereacuteditaires drsquoun ecirctre vivant de mainegravere agrave identifier celui-ci voire agrave lrsquoinfluencer lui ou sa descendance raquo JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 936 Selon lrsquoart 2 let a LPMA la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee se deacutefinit comme les meacutethodes permettant drsquoinduire une grossesse en dehors de lrsquounion naturelle de lrsquohomme et de la femme en particulier lrsquoinseacutemination la feacutecondation in vitro avec transfert drsquoembryons et le transfert de gamegravetes Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 57 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 939 s Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 58 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 940 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 59 Notamment par la feacutecondation drsquoun ovule humain par un spermatozoiumlde humain et inversement JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 941 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 60 Art 119 al 1 let b Cst feacuted 61 Art 119 al 1 let c Cst feacuted Sur les meacutethodes de la PMA voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 942 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217

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viii)Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain

Enfin lrsquoart 120 Cst pose le principe de la protection de lrsquoecirctre humain et de son environnement contre les abus en matiegravere de geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain62 Il donne eacutegalement la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoutilisation du patrimoine germinal et geacuteneacutetique des animaux des veacutegeacutetaux et des autres organismes en suivant les principes suivants respect de lrsquointeacutegriteacute des organismes vivants de la seacutecuriteacute de lrsquoecirctre humain de lrsquoanimal et de lrsquoenvironnement et protection de la diversiteacute geacuteneacutetique des espegraveces animales et veacutegeacutetales

ix) Meacutedecine de la transplantation

Lrsquoart 119a Cst porte sur la meacutedecine de la transplantation et donne agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules Cette disposition pose les principes que la leacutegislation doit garantir la digniteacute humaine (en interdisant entre autres le commerce lucratif drsquoorganes et une reacutepartition discriminatoire des organes) proteacuteger la personnaliteacute (principalement du donneur) et la santeacute (du donneur et du receveur)63 Les textes leacutegaux fondeacutes sur cette disposition constitutionnelle sont eacutetudieacutes ci-dessous64

x) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement le 25 septembre 200965 sera soumis au peuple le 7 mars prochain Cette disposition pose les principes permettant de reacutealiser une recherche sur lrsquoecirctre humain et donne la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer dans ce domaine dans la mesure ougrave la protection de la digniteacute humaine et de la personnaliteacute lrsquoexige Les principes preacutevus sont les suivants66

a un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute que si la personne y participant ou la personne deacutesigneacutee par la loi a donneacute son consentement eacuteclaireacute la loi peut preacutevoir des exceptions un refus est contraignant dans tous les cas

b les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne doivent pas ecirctre disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute du projet

c un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute sur des personnes incapables de discernement que si des reacutesultats eacutequivalents ne peuvent ecirctre obtenus chez des personnes capables de discernement lorsque le projet de recherche ne permet pas drsquoescompter un beacuteneacutefice direct pour les personnes incapables de discernement les risques et les contraintes doivent ecirctre minimaux

d une expertise indeacutependante du projet de recherche doit avoir eacutetabli que la protection des personnes participant agrave ce projet est garantie

Sous le reacutegime de cet article constitutionnel les recherches impliquant des ecirctres humains visant un deacuteveloppement humain sont envisageables aux conditions mentionneacutees ci-dessus La lettre b retient particuliegraverement lrsquoattention La notion 62 Voir RAINER J SCHWEIZER com ad art 120 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1240 63 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 950 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARKUS SCHOTT com ad art 119a in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1230 s 64 Voir ci-dessous p 22 65 Arrecircteacute feacutedeacuteral relatif agrave un article constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain du 25 septembre 2009 66 Art 118b al 2 Cst

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drsquoutiliteacute du projet doit ecirctre preacuteciseacutee Selon le message lrsquoutiliteacute du projet consiste en le beacuteneacutefice escompteacute de la recherche envisageacutee Ce beacuteneacutefice peut ecirctre drsquoune part un beacuteneacutefice individuel du sujet par exemple pour sa santeacute et drsquoautre part un beacuteneacutefice pour des tiers pour la socieacuteteacute laquo Outre lrsquoutiliteacute pour la santeacute publique (p ex de meilleures possibiliteacutes de traitement pour les patients agrave venir) on peut penser agrave drsquoautres beacuteneacutefices pour la socieacuteteacute (p ex ameacutelioration de la qualiteacute de la vie deacutepassant le cadre de lrsquoutiliteacute pour la santeacute au sens strict) raquo67 Au vu de ces exemples donneacutes dans le message on peut se poser la question du beacuteneacutefice de recherches visant le deacuteveloppement humain En toute hypothegravese le principe geacuteneacuteral veut que les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne soient pas disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute de la recherche et aux beacuteneacutefices escompteacutes68 Pour esquisser des eacuteleacutements de reacuteponses agrave cette question il faut se pencher sur les nombreuses lois traitant de recherche sur lrsquoecirctre humain Citons la Loi sur les produits theacuterapeutiques lrsquoOrdonnance sur les essais cliniques la Loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee la Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires la Loi sur la transplantation les Lois sur la radioprotection et la protection des donneacutees69 et le projet de loi feacutedeacuterale sur la recherche sur lrsquoecirctre humain traiteacute ci-dessous70

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine

i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee

La loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee (LPMA) entreacutee en vigueur en 2001 regravegle les conditions de pratique de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee sur les ecirctres humains Elle assure la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la famille et interdit lrsquoapplication abusive de la biotechnologie et du geacutenie geacuteneacutetique Comme drsquoautres dispositions leacutegales71 et lrsquoart 119 Cst la LPMA interdit toute forme de seacutelection geacuteneacutetique ayant pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoenfant agrave naicirctre Lrsquoart 33 dispose que quiconque lors de lrsquoapplication drsquoune meacutethode de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee seacutelectionne les gamegravetes en fonction du sexe ou sur la base drsquoune analyse geacuteneacutetique dans un but autre que celui drsquoeacutecarter le risque de transmission drsquoune maladie grave et incurable aux descendants sera puni de lrsquoemprisonnement ou de lrsquoamende Lrsquoart 35 LPMA interdit de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire des cellules germinatives ou des cellules embryonnaires humaine drsquoutiliser de telles gamegravetes pour une impreacutegnation et drsquoutiliser pour le deacutevelopper jusqursquoau stade drsquoembryon un ovule impreacutegneacute ayant subi une telle modification72 Lrsquoart 36 preacutevoit encore une interdiction de creacuteer un clone un hybride ou une chimegravere et de transfeacuterer un embryon de chimegravere ou drsquohybride agrave une femme ou agrave un animal Quiconque commet une des actions interdite sera puni de lrsquoemprisonnement Selon le message la ratio legis de lrsquointerdiction des modifications du patrimoine germinal est que laquo nous ne sommes pas qualifieacutes pour deacuteterminer la nature des futurs ecirctres

67 Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 68 Voir Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 69 ASSM La recherche avec des ecirctres humains Meacutemento pour la pratique Bacircle 2009 p 13 70 Voir ci-dessous p 24 71 Voir loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain p 24 72 Selon le message le but de ces dispositions est drsquoempecirccher la conception programmeacutee drsquolaquo enfants ideacuteaux raquo de chimegraveres et drsquohybrides Le principe geacuteneacuteral est que toute seacutelection est exclue FF 1996 197 p 220 s et 275 ss

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humains cest-agrave-dire leurs capaciteacutes physiques et psychiques Cela reviendrait agrave donner agrave la geacuteneacuteration actuelle un pouvoir exclusif sur les geacuteneacuterations suivantes et agrave long terme agrave donner agrave des morts le pouvoir sur des vivants raquo73

ii) Analyse geacuteneacutetique humaine

La loi feacutedeacuterale sur lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine (LAGH) entreacutee en vigueur le 1er avril 2007 reacuteglemente lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques humaines74 dans le domaine de la meacutedecine du travail de lrsquoassurance et de la responsabiliteacute civile ainsi que lrsquoeacutetablissement de profils drsquoADN visant agrave deacuteterminer la filiation ou lrsquoidentiteacute drsquoune personne75 Elle a pour but de garantir la digniteacute humaine et la qualiteacute des analyses et de preacutevenir les analyses abusives et lrsquoutilisation abusive des donneacutees recueillies76 Pour cette eacutetude lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques dans la meacutedecine et le travail nous inteacuteressent plus particuliegraverement Sur les principes la loi preacutevoit que lrsquoanalyse geacuteneacutetique ne peut ecirctre effectueacutee qursquoagrave des fins meacutedicales et dans le respect du droit agrave lrsquoautodeacutetermination du patient77 Permettant de deacutetecter et diagnostiquer certaines maladies une analyse geacuteneacutetique peut ecirctre prescrite par un meacutedecin laquo que si elle reacutepond agrave un inteacuterecirct leacutegitime de celle-ci crsquoest-agrave-dire si lrsquoanalyse a un but prophylactique ou theacuterapeutique ou si elle permet drsquoeacutetablir un choix de vie ou un planning familial raquo78 Les analyses geacuteneacutetiques sont donc permises pour diagnostiquer une maladie parfois de faccedilon preacutecoce avant mecircme lrsquoapparition des premiers symptocircmes En particulier laquo une personne a le droit de savoir ou pas si elle est porteuse drsquoun gegravene deacutefectueux qui sera probablement agrave lrsquoorigine drsquoune maladie dans le futur mecircme srsquoil nrsquoexiste pas de mesure prophylactique raquo79 Par contre une analyse geacuteneacutetique ne sera pas autoriseacutee si elle a pour but de deacuteterminer une aptitude speacuteciale pour certains sports Certains preacutetendent qursquoune telle analyse est aujourdrsquohui techniquement possible A titre drsquoexemple la socieacuteteacute ameacutericaine Atlas Sport Genetics propose un test permettant drsquoanalyser le gegravene ACTN-3 qui srsquoapparenterait agrave un gegravene du sportif drsquoeacutelite80 et qui indiquerait une preacutedisposition agrave deacutevelopper des aptitudes biomotrices (vitesse endurance etc) supeacuterieures agrave la moyenne Ce test est vendu aux parents souhaitant connaicirctre les preacutedispositions geacuteneacutetiques de leurs enfants au sport de haut niveau81 Il convient drsquoembleacutee de souligner que la pertinence de ce test reste agrave deacutemontrer scientifiquement De plus la LAGH interdit dans tous les cas les analyses dans le but de deacuteterminer les preacutedispositions sportives des enfants au motif qursquoil nrsquoy a aucun laquo beacuteneacutefice direct au sens meacutedical pour la personne mineure incapable de discernement raquo8283 73 Message LPMA FF 1996 276 74 Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine est deacutefinie agrave lrsquoart 3 de la loi comme laquo les analyses cytogeacuteneacutetiques et moleacuteculaires effectueacutees sur lrsquoecirctre humain dans le but de deacuteterminer des caracteacuteristiques du patrimoine geacuteneacutetique heacutereacuteditaires ou acquises pendant la phase embryonnaire et toutes les autres analyses de laboratoire qui visent agrave obtenir de maniegravere directe ces mecircmes informations raquo les analyses cytogeacuteneacutetiques eacutetant laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer le nombre et la structure des chromosomes et les analyses moleacuteculaires laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer la structure moleacuteculaire des acides nucleacuteiques (ADN et ARN) ainsi que le produit direct du gegravene raquo 75 Art 1 LAGH 76 Art 2 LAGH 77 Art 10 al 1 LAGH 78 Message LAGH FF 2007 6841 p 6886 79 Message LAGH FF 2007 6841 p 6887 80 Voir agrave ce propos lrsquoarticle paru agrave ce sujet dans le New York Times du 30 novembre 2008 disponible agrave la page httpwwwnytimescom20081130sports30geneticshtml 81 wwwatlasgenecom 82 Message LAGH FF 2007 6841 p 6888

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Les analyses preacutenatales sont autoriseacutees pour deacutetecter chez lrsquoenfant agrave naicirctre des anomalies maladies et autres eacuteleacutements pouvant atteindre agrave sa santeacute A son art 11 la loi interdit de telles analyses visant agrave rechercher des caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus qui nrsquoinfluencent pas directement sa santeacute ou agrave deacuteterminer le sexe dans un but autre qursquoun diagnostic Le but de cette disposition est drsquointerdire la laquo seacutelection des embryons ou des fœtus selon le deacutesir des parents raquo84 Le but est ici drsquoeacuteviter que des parents puissent choisir des laquo beacutebeacutes agrave la carte raquo Lrsquoeacutevolution des techniques drsquoanalyse geacuteneacutetique de geacutenie geacuteneacutetique de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et des sciences biomeacutedicales en geacuteneacuteral permettent aujourdrsquohui et permettront toujours plus agrave lrsquoavenir drsquoenvisager non seulement la seacutelection mais encore la modification geacuteneacutetique des enfants agrave naicirctre donc des geacuteneacuterations futures Si lrsquoEtat ne prend plus aujourdrsquohui de mesures collectives agrave viseacutee eugeacuteniste85 une nouvelle forme drsquoeugeacutenisme priveacute libeacuteral volontaire ou positif selon les formules consacreacutees86 est concevable voire souhaiteacutee par certains87 Le leacutegislateur a reacuteglementeacute de faccedilon claire et reacutepeacuteteacutee le domaine de lrsquoutilisation des technologies geacuteneacutetiques appliqueacute agrave la seacutelection et agrave la modification libeacuterale drsquoenfants agrave naicirctre Dans la Constitution deacutejagrave dont lrsquoart 119 interdit lrsquoutilisation des meacutethodes de PMA pour modifier les caracteacuteristiques drsquoun enfant Dans les lois ensuite la LAGH prohibe la seacutelection de gamegravetes et drsquoembryons fondeacutee sur les preacutedispositions geacuteneacutetiques et la LPMA interdit toute modification volontaire du patrimoine geacuteneacutetique lors de procreacuteations meacutedicalement assisteacutees Le projet de LRH enfin deacuteclare illicites les projets de recherche visant agrave modifier des embryons ou fœtus sans rapport avec une maladie La volonteacute du leacutegislateur de ne pas permettre de modifications preacutenatales choisies a eacuteteacute affirmeacutee et confirmeacutee plusieurs fois de 199288 agrave 200989 Il paraicirct donc drsquoembleacutee exclu du moins agrave court et moyen termes que la leacutegislation soit reacuteviseacutee Au contraire les arguments invoqueacutes agrave reacuteiteacutereacutees reprises pour justifier la fermeteacute du Parlement agrave ce sujet relegravevent de valeurs fondamentales qui ne paraissent pas souffrir drsquoexceptions Il srsquoagit drsquoune barriegravere tregraves claire agrave lrsquoapplication de meacutethodes de deacuteveloppement humain artificiel dans ce domaine

83 Voir agrave ce sujet DOMINIQUE SPRUMONT La reacuteglementation des trousses drsquoanalyse geacuteneacutetique Lanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives Actes drsquoun colloque CHARLES JOYE (eacuted) Schulthess Zurich Bacircle et Genegraveve 2004 pp 71-88 84 Message LAGH FF 2007 6841 p 6889 85 Comme nous le savons il nrsquoen a pas toujours eacuteteacute ainsi En 1928 encore lrsquoEtat de Vaud mettait en place un reacutegime de steacuterilisation des malades mentaux et autorisait lrsquoavortement pour des motifs eugeacuteniques Voir GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 55 ss 67 et 85 Tout programme eacutetatique agrave viseacutees eugeacuteniques serait aujourdrsquohui contraire agrave la Constitution entre autre agrave ses articles 7 et 8 86 La liberteacute de choix reste relative dans lrsquoeugeacutenisme dit libeacuteral Si les mesures ne sont plus dicteacutees autoritairement par lrsquoEtat elles ne sont pas libres de fortes influences sociales et eacuteconomiques Nous ne pouvons qursquoabonder dans le sens de DUMOULIN pour qui laquo lrsquoeugeacutenisme nrsquoa pas cesseacute drsquoexister tout au plus a-t-il changeacute de forme raquo GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 87 87 Sur ces reacuteflexions voir parmi drsquoautres PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 et les reacutefeacuterences citeacutees 88 Date de lrsquoadoption de lrsquoart 24novies aCst Repris ensuite agrave lrsquoart 119 Cst Voir FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 935 89 Le projet de LRH dans sa version provisoire actuelle est dateacute du 21 octobre 2009

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Dans le domaine du travail la loi pose des conditions strictes quant agrave lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques Le principe fondamental qui a vocation agrave srsquoappliquer de faccedilon geacuteneacuterale et pas seulement dans le domaine du travail est que nul ne peut ecirctre discrimineacute en raison de son patrimoine geacuteneacutetique90 Ce principe pose la regravegle de lrsquointerdiction de lrsquousage drsquoinformations geacuteneacutetiques tant par lrsquoEtat que par les particuliers sauf dans les cas preacutevus par la loi91 Cette norme est une concreacutetisation du principe geacuteneacuteral poseacute agrave lrsquoart 8 al 2 Cst92 plus preacuteciseacutement de lrsquointerdiction des discriminations fondeacutees sur les deacuteficiences corporelles Pour PREVITALI laquo [l]e fait que la deacuteficience geacuteneacutetique repreacutesente une simple probabiliteacute qursquoune certaine maladie puisse se manifester un jour et que la deacuteficience ne soit deacutecelable sans recourir agrave des analyses approfondies nrsquoest pas un critegravere pertinent pour exclure les raisons geacuteneacutetiques du champ drsquoapplication de ce motif de discrimination raquo93 Plus avant la loi deacutetermine les conditions auxquelles un meacutedecin du travail peut prescrire une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique Le principe poseacute agrave lrsquoart 21 veut qursquoun employeur ou son meacutedecin ne puisse ni exiger une telle analyse ni exiger les reacutesultats drsquoune analyse preacuteexistante ni exiger une analyse geacuteneacutetique ayant pour but de deacuteterminer des caracteacuteristiques personnelles du travailleur qui nrsquoont pas de rapport avec sa santeacute Il existe toutefois des exceptions ougrave des analyses peuvent ecirctre effectueacutees dans le but de preacutevenir les maladies professionnelles ou les accidents Selon lrsquoart 22 les conditions cumulatives suivantes doivent alors ecirctre remplies

bull le poste est soumis aux dispositions sur la preacutevention dans le domaine de la meacutedecine du travail en vertu drsquoune deacutecision de la SUVA94 ou agrave drsquoautres dispositions feacutedeacuterales qui prescrivent une analyse meacutedicale pour eacutevaluer lrsquoaptitude de la personne concerneacutee agrave exercer lrsquoactiviteacute en question en raison des risques susceptibles de provoquer une maladie professionnelle une grave atteinte agrave lrsquoenvironnement ou des risques drsquoaccident grave ou drsquoatteinte grave agrave la santeacute de tiers

bull les mesures sur le lieu de travail au sens de lrsquoart 82 de la loi feacutedeacuterale du 20 mars 1981 sur lrsquoassurance-accidents ou drsquoautres dispositions leacutegales ne suffisent pas agrave eacutecarter ces risques

bull il est eacutetabli selon lrsquoeacutetat des connaissances scientifiques qursquoil existe un rapport de cause agrave effet entre une preacutedisposition geacuteneacutetique deacutetermineacutee et une maladie professionnelle un risque drsquoatteinte agrave lrsquoenvironnement ou un risque drsquoaccident ou drsquoatteinte agrave la santeacute de tiers

bull la Commission drsquoexperts pour lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine a confirmeacute le rapport de cause agrave effet selon la lettre preacuteceacutedente et reconnu la fiabiliteacute de la meacutethode drsquoanalyse permettant de deacutetecter la preacutedisposition

bull la personne concerneacutee a donneacute son consentement par eacutecrit

90 Art 4 LAGH 91 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 56 et les reacutefeacuterences citeacutees 92 Message LAGH FF 2002 6841 p 6876 Lrsquointerdiction de discriminer en raison du patrimoine geacuteneacutetique vise eacutegalement de faccedilon plus geacuteneacuterale la sauvegarde de la digniteacute humaine voir ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 52 s 93 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 51 94 Voir art 70 OPA

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Si une analyse est envisageable aux conditions susmentionneacutees dans le but de proteacuteger la santeacute du travailleur ou parce que le meacutetier en question exige une santeacute parfaite (p ex personnel navigant de lrsquoaeacuteronautique)95 rappelons cette analyse doit ecirctre consideacutereacutee comme une ultima ratio En effet le principe veut qursquoen preacutesence drsquoune activiteacute professionnelle potentiellement dangereuse lrsquoemployeur ne doit pas seacutelectionner ses employeacutes en fonction de leur reacutesistance ou de preacutedispositions particuliegraveres ou leur proposer des traitements leur permettant de srsquoadapter aux conditions de travail particuliegraveres (p ex la prescription drsquoampheacutetamines aux pilotes militaires ameacutericains) mais prioritairement adapter lrsquoenvironnement et les conditions de travail agrave la protection de la santeacute des personnes La deuxiegraveme condition de lrsquoart 22 LAGH le mentionne explicitement Il y a lagrave un frein explicite agrave toute forme de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo dans le domaine du travail qui ne reacutepondrait pas aux critegraveres susmentionneacutes qui concernent une atteinte moindre aux droits des travailleurs Cet eacuteleacutement devra tout particuliegraverement ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoeacutevaluation de projet de recherche dans ce domaine une laquo ameacutelioration raquo du travailleur par rapport agrave son environnement ne devrait pas ecirctre consideacutereacutee comme un veacuteritable beacuteneacutefice du point de vue de lrsquoeacutethique de la recherche si des mesures drsquoassainissement de cet environnement sont envisageables respectivement si les tacircches agrave accomplir peuvent ecirctre automatiseacutees On pense par exemple agrave la situation qui preacutevaut dans les centrales nucleacuteaires

iii) Meacutedecine de la transplantation

La loi feacutedeacuterale du 8 octobre 2004 sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules (loi sur la transplantation) fixe les conditions dans lesquelles des organes des tissus ou des cellules peuvent ecirctre utiliseacutes agrave des fins de transplantation Elle doit contribuer agrave ce que des organes des tissus et des cellules humains soient disponibles agrave des fins de transplantation et a eacutegalement pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoorganes de tissus ou de cellules notamment le commerce drsquoorganes lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de transplantation et drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute96 Le but fondamental de la loi est laquo drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de la transplantation raquo97 La loi sur la transplantation empecircche lrsquoutilisation de cette technique meacutedicale agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo par le biais des critegraveres permettant le preacutelegravevement et lrsquoattribution drsquoorganes Selon lrsquoart 12 de la loi le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes nrsquoest possible que si entre autres conditions le receveur ne peut pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode theacuterapeutique ayant une efficaciteacute comparable Le principe veut que les organes issus de dons effectueacutes par des personnes vivantes reviennent toujours agrave une personne deacutesigneacutee agrave lrsquoavance le plus souvent un proche98 Tout preacutelegravevement

95 Message LAGH FF 2002 6841 p 6904 96 Art 1 Loi sur la transplantation 97 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 129 98 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 145

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drsquoorgane sur une personne vivante agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est degraves lors exclu Concernant lrsquoattribution drsquoorganes preacuteleveacutes sur une personne deacuteceacutedeacutee plusieurs critegraveres srsquoappliquent dont celui de lrsquourgence meacutedicale de la transplantation et de lrsquoefficaciteacute de la transplantation drsquoun point de vue meacutedical99 La premiegravere condition veut que laquo les organes doivent ecirctre attribueacutes en premier lieu aux patients dont la santeacute est la plus gravement atteinte En lrsquooccurrence le seul eacuteleacutement deacuteterminant est la situation meacutedicale du patient raquo100 Au vu de la situation actuelle de peacutenurie drsquoorganes cette condition suffit agrave elle seule agrave empecirccher toute transplantation drsquoorgane agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo La deuxiegraveme condition mentionneacutee signifie qursquolaquo il y a lieu drsquoattribuer les organes aux patients auxquels la transplantation sera la plus profitable Lagrave encore seule lrsquoutiliteacute meacutedicale entre en consideacuteration Il ne saurait ecirctre question de prendre en compte lrsquoaspect laquoutiliteacute socialeraquo par exemple la laquovaleurraquo que revecirct une personne pour la socieacuteteacute ou encore pour drsquoautres patients lrsquoampleur et le niveau des responsabiliteacute qursquoils exercent raquo101 Lrsquoefficaciteacute meacutedicale se mesure en tenant compte la compatibiliteacute des groupes sanguins des groupes tissulaires et anatomiques existant entre lrsquoorgane et le receveur potentiel Enfin en application de lrsquoart 17 de la loi le principe de non-discrimination de lrsquoart 8 al 2 Cst srsquoapplique agrave lrsquoattribution drsquoorganes En conseacutequence laquo lrsquoorigine la race le sexe lrsquoacircge la langue la position sociale les convictions philosophiques ou religieuses une deacuteficience corporelle mentale ou psychique pas plus que lrsquoacircge ou la situation sociale ne sauraient ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoattribution drsquoorganes raquo102

iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires

La Loi feacutedeacuterale du 19 deacutecembre 2003 relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires (Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches LRCS) a pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoembryons surnumeacuteraires et de cellules souches embryonnaires et de proteacuteger la digniteacute humaine Pour ce faire elle fixe les conditions reacutegissant la production de cellules souches embryonnaires humaines agrave partir drsquoembryons humains surnumeacuteraires et lrsquoutilisation de ces cellules agrave des fins de recherche103 La LRCS prohibe diverses pratiques Lrsquoart 3 interdit en particulier

a de produire un embryon agrave des fins de recherche (art 29 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches agrave partir drsquoun tel embryon ou drsquoutiliser de telles cellules b de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire de cellules germinatives (art 35 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de

99 Art 18 Loi sur la transplantation 100 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 101 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 147 102 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 103 Art 1 LRCS

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produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun embryon dont le patrimoine germinal a eacuteteacute modifieacute ou drsquoutiliser de telles cellules c de creacuteer un clone une chimegravere ou un hybride (art 36 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun clone drsquoune chimegravere ou drsquoun hybride ou drsquoutiliser de telles cellules d de deacutevelopper un partheacutenote de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun partheacutenote ou drsquoutiliser de telles cellules e drsquoimporter ou drsquoexporter un embryon au sens des let a ou b un clone une chimegravere un hybride ou un partheacutenote

Un projet de recherche utilisant des cellules souches embryonnaires ne peut ecirctre meneacute que si la commission drsquoeacutethique compeacutetente a donneacute un avis favorable et aux conditions suivantes

a le projet a pour but drsquoobtenir des connaissances essentielles 1 visant agrave constater traiter ou preacutevenir des maladies humaines graves ou 2 portant sur la biologie du deacuteveloppement de lrsquoecirctre humain

b des connaissances drsquoeacutegale valeur ne peuvent ecirctre obtenues drsquoaucune autre maniegravere c le projet satisfait aux exigences de qualiteacute scientifiques d le projet est acceptable au plan eacutethique

Il srsquoavegravere ainsi que lrsquoexigence de lrsquoarticle 12 lit a ch 1 preacuteciteacute eacutecarte ou du moins rend particuliegraverement difficile la possibiliteacute drsquoutiliser des cellules souches embryonnaires pour faire de la recherche agrave des fins de deacuteveloppement humain artificiel

v) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement et prochainement soumis au peuple et aux cantons attribue agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la recherche sur lrsquoecirctre humain Le Conseil feacutedeacuteral a alors approuveacute et transmis agrave lrsquoassembleacutee feacutedeacuterale un projet de loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain (abreacutegeacute LRH) et le message y relatif104 Ce projet de loi vise agrave proteacuteger la digniteacute la personnaliteacute et la santeacute de lrsquoecirctre humain dans la recherche105 Il eacutetablit plusieurs regravegles geacuteneacuterales applicables agrave drsquoeacuteventuelles recherches visant le deacuteveloppement et lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain Mentionnons drsquoembleacutee que les projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus sans rapport avec une maladie sont illicites106 Cette regravegle est un simple rappel de la norme constitutionnelle poseacutee agrave lrsquoart 119 Cst107 Le message dans le commentaire de lrsquoart 24 du projet de loi tranche clairement la question de la pertinence et de lrsquoutiliteacute de recherches visant lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain par des modifications geacuteneacutetiques de fœtus ou drsquoembryons laquo La reacutealisation drsquoun projet de recherche qui a pour but de modifier les caracteacuteristiques du fœtus sans rapport avec une maladie est interdite en vertu de la 104 Les analyses ci-dessous sont fondeacutees sur les versions provisoires du projet et du message du 21 octobre 2009 105 Art 1 al 1 LRH 106 Art 24 LRH 107 Voir ci-dessus p 15

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preacutesente disposition Sont prohibeacutes drsquoune part les projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain Il srsquoagit ici de projets qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement Ces tentatives font depuis quelque temps lrsquoobjet de discussion sous la deacutesignation laquohuman enhancementraquo (meacutedecine meacuteliorative) Sont prohibeacutes drsquoautre part les projets de recherche ayant pour finaliteacute de modifier ou drsquoameacuteliorer des caracteacuteristiques humaines sans rapport direct avec la santeacute de la personne p ex lrsquoorientation sexuelle certains traits de caractegravere ou des particulariteacutes physiques comme la couleur des yeux Seuls sont autoriseacutes les projets de recherche qui ont pour but de traiter des maladies ou drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie en cas drsquoinfirmiteacute ou de malformations La liceacuteiteacute drsquoun projet de recherche doit ecirctre examineacutee concregravetement au cas par cas raquo108 De faccedilon geacuteneacuterale lrsquoart 5 pose le principe que la recherche sur lrsquoecirctre humain peut ecirctre pratiqueacutee uniquement si sa pertinence est eacutetablie pour la science ainsi que pour la compreacutehension des maladies humaines pour la compreacutehension de la structure et du fonctionnement du corps humain ou pour la santeacute publique Cette disposition reprend la regravegle consacreacutee par la Convention sur les droits de lrsquoHomme et la Biomeacutedecine du Conseil de lrsquoEurope109 et dans la leacutegislation suisse actuelle Il est particuliegraverement douteux que des projets de recherche visant uniquement une ameacutelioration de lrsquoecirctre humain remplissent cette condition Drsquoailleurs le message preacutecise que laquo [n]e seraient ainsi p ex pas autoriseacutes les projets de recherche visant agrave restreindre la libre opinion des personnes de maniegravere cibleacutee raquo110 En toute logique on peut deacuteduire de cet exemple que ce critegravere de pertinence exclu a priori la recherche en vue de modifications de la morale de personnes deacutetermineacutees Enfin mentionnons qursquoune autorisation de la commission drsquoeacutethique du canton dans lequel la recherche est proposeacutee est obligatoire pour la reacutealisation drsquoun projet de recherche Lrsquoautorisation est accordeacutee si les exigences eacutethiques juridiques et scientifiques de la loi sont remplies111 En autres eacuteleacutements de base que la CER devra eacutevaluer il srsquoagit de srsquoassurer que le principe de la primauteacute des inteacuterecircts de la personne sur les inteacuterecircts de la science et de la socieacuteteacute est bien respecteacute Proposer une recherche en matiegravere de dopage pourrait ainsi drsquoembleacutee en contradiction avec cette exigence agrave moins de deacutemontrer que la personne concerneacutee va effectivement beacuteneacuteficier de cette recherche sans risque drsquoinstrumentalisation Les arguments eacutevoqueacutees plus haut en matiegravere drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine en droit du travail gardent ici toute leur pertinence

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions

i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)

Les professions de meacutedecin dentiste pharmacien et chiropraticien sont reacuteglementeacutees par le droit feacutedeacuteral en vertu de lrsquoattribution de compeacutetence de lrsquoart 95

108 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 109 Voir lrsquoart 4 de la Convention httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml164htm et surtout le Protocole additionnel agrave la Convention sur les Droits de lHomme et la biomeacutedecine relatif agrave la recherche biomeacutedicale httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml195htm 110 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 54 111 Art 44 agrave 46 LRH

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Cst feacuted112 qui permet agrave la confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoexercice des activiteacutes eacuteconomiques lucratives priveacutees Ces professions sont reacuteglementeacutees par la loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) qui fixe les conditions de formation permettant drsquoacceacuteder agrave ces professions et les regravegles drsquoexercice des professions meacutedicales universitaires Lrsquoart 4 LPMeacuted pose les objectifs de la formation universitaire En substance il srsquoagit de srsquoassurer que les professionnels concerneacutes seront en mesure de preacutevenir diagnostiquer et gueacuterir les troubles de la santeacute soulager les souffrances promouvoir la santeacute et fabriquer remettre ou distribuer des meacutedicaments En font eacutegalement partie le fait de pouvoir prodiguer aux patients des soins individuels complets et de qualiteacute (let a) de traiter les problegravemes en recourant agrave des meacutethodes reconnues scientifiquement en prenant en consideacuteration les aspects eacutethiques et eacuteconomiques (let b) et drsquoassumer leurs responsabiliteacutes dans le domaine de la santeacute et au sein de la collectiviteacute de maniegravere conforme aux speacutecificiteacutes de leur profession (let d) De faccedilon geacuteneacuterale en plus des soins et theacuterapies laquo [s]ie muumlssen aber auch die Faumlhigkeit haben aufzuzeigen wie Menschen und Tiere nicht nur die Krankheit verhindern sondern vor allem ihre Gesundheit foumlrdern und staumlrken koumlnnen raquo113 Les art 6 et 7 mentionnent les compeacutetences geacuteneacuterales que doivent posseacuteder les personnes ayant termineacute les filiegraveres drsquoeacutetude concerneacutees Citons les eacuteleacutements suivants de lrsquoart 6 al 1 LPMeacuted disposer des bases scientifiques neacutecessaires pour prendre des mesures preacuteventives diagnostiques theacuterapeutiques palliatives et de reacutehabilitation (let a) savoir reconnaicirctre et eacutevaluer les facteurs de maintien de la santeacute et en tenir compte dans leur activiteacute professionnelle (let c) ecirctre capables de deacuteterminer si les prestations qursquoils fournissent sont efficaces adeacutequates et eacuteconomiques et savoir se comporter en conseacutequence (let h) Lrsquoart 8 LPMeacuted pose les objectifs speacutecifiques de formation que doivent atteindre les personnes ayant termineacute leurs eacutetudes de meacutedecine humaine de meacutedecine dentaire ou de chiropratique Parmi ceux-ci on peut citer le fait drsquoecirctre capables de prescrire les meacutedicaments de faccedilon professionnelle respectueuse de lrsquoenvironnement et eacuteconomique (let c) drsquoœuvrer en faveur de la santeacute humaine en donnant des conseils et en prenant les mesures de preacutevention et de promotion neacutecessaires dans leur champ drsquoactiviteacute professionnel (let h) et de respecter la digniteacute et lrsquoautonomie des personnes concerneacutees connaicirctre les principes de base de lrsquoeacutethique ecirctre familiariseacutees avec les diffeacuterents problegravemes eacutethiques qui se posent dans leur profession et se laisser guider dans leurs activiteacutes professionnelle et scientifique par des principes eacutethiques visant le bien des ecirctres humains (let i) Lrsquoart 40 LPMeacuted deacutefinit les devoirs professionnels que doivent observer les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant Ces devoirs sont les suivants

a exercer leur activiteacute avec soin et conscience professionnelle et respecter les limites des compeacutetences qursquoelles ont acquises dans le cadre de leur formation universitaire de leur formation postgrade et de leur formation continue

112 Voir eacutegalement les art 63a et 118 Cst feacuted 113 THOMAS FLEINER com ad art 4 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire p 101

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b approfondir deacutevelopper et ameacuteliorer leurs connaissances aptitudes et capaciteacutes professionnelles par une formation continue c garantir les droits du patient d srsquoabstenir de toute publiciteacute qui nrsquoest pas objective et qui ne reacutepond pas agrave lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral cette publiciteacute ne doit en outre ni induire en erreur ni importuner e deacutefendre dans leur collaboration avec drsquoautres professions de la santeacute exclusivement les inteacuterecircts des patients indeacutependamment des avantages financiers f observer le secret professionnel conformeacutement aux dispositions applicables

g precircter assistance en cas drsquourgence et participer aux services drsquourgence conformeacutement aux dispositions cantonales

h conclure une assurance responsabiliteacute civile professionnelle offrant une couverture adapteacutee agrave la nature et agrave lrsquoeacutetendue des risques lieacutes agrave leur activiteacute ou fournir des sucircreteacutes eacutequivalentes

Les devoirs professionnels114 de la LPMeacuted concreacutetisent le but de la loi en garantissant la qualiteacute des soins meacutedicaux par le biais drsquoune surveillance effective des professionnels viseacutes Ce rapide survol des compeacutetences reconnues aux meacutedecins ainsi que des responsabiliteacutes qui sont les leur met en lumiegravere lrsquoimportance de respecter drsquoune part les regravegles de lrsquoart agrave savoir les laquoprincipes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo (ATF 108 II 5961) et drsquoautre part les droits et la digniteacute des patients Afin drsquoappreacutecier la reacuteception de nouvelles pratiques de deacuteveloppement humain artificiel dans la meacutedecine il convient donc drsquoeacutevaluer si ces pratiques peuvent ecirctre consideacutereacutees comme conforme aux regravegles de lrsquoart Cette question relegraveve principalement des compeacutetences et de lrsquoeacutethique professionnelles On notera qursquoun meacutedecin qui srsquoeacutecarte des regravegles de lrsquoart peut ecirctre tenu pour responsable vis-agrave-vis du patient indeacutependamment du consentement de ce dernier En effet le consentement est certes le motif justificatif par excellence de la violation des droits de la personnaliteacute qursquoimplique tout acte meacutedical et partant absolument neacutecessaire Il ne srsquoagit cependant pas drsquoune condition suffisante Encore faut-il que ce agrave quoi consent le patient soit admissible sous lrsquoangle de lrsquoart 27 al 2 CC autrement dit nrsquoest pas contraire aux mœurs ou agrave lrsquoordre juridique notions qui recoupent partiellement celle de laquo regravegles de lrsquoart raquo La question ne peut se reacutesoudre que dans un cas concret A priori il existe cependant quelques reacuteticences agrave inclure ces nouvelles pratiques dans lrsquoeacutethos professionnel Le meacutedecin concerneacute se trouve ainsi agrave assumer un lourd 114 Selon SPRUMONT ET AL les devoirs professionnels laquo sont des normes de comportement devant ecirctre suivies par toutes les personnes exerccedilant une mecircme profession raquo DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 385

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fardeau de la preuve par laquelle il devrait deacutemontrer la pertinence de son acte sous lrsquoangle tant meacutedico-scientifique que eacutethique Nous reviendrons sur cette question dans la section sur les produits theacuterapeutiques On ne peut toutefois ignorer la tendance geacuteneacuterale vers les pratiques de bien-ecirctre ou laquo wellness raquo comme cela se dit souvent Ce mouvement nrsquoest pas limiteacute au seul domaine meacutedical Drsquoautres professionnels de la santeacute eacutelargissent aujourdrsquohui leur champ drsquointervention dans des domaines qui ne relegravevent pas strictement du theacuterapeutique ou du prophylactique On peut mentionner eacutegalement les professions lieacutees agrave lrsquoestheacutetique agrave la cosmeacutetique ou encore les tatoueurs ou les perceurs Les personnes pratiquant ces professions doivent toutefois respecter lrsquoOrdonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur les objets destineacutes agrave entrer en contact avec les muqueuses la peau ou le systegraveme pileux et capillaire et sur les bougies les allumettes les briquets et les articles de farces et attrapes115 Cette ordonnance preacutevoit des regravegles sur les mateacuteriaux et colorants utiliseacutes116 lrsquoobligation pour ces professionnels de prendre toutes les preacutecautions raisonnablement neacutecessaires afin de preacutevenir la transmission de toute infection dont fait partie lrsquoobligation drsquoutiliser du mateacuteriel steacuterile117 Le but de ces mesures est avant tout la protection de la santeacute des consommateurs Un autre point important meacuterite drsquoecirctre releveacute ces professions sont expresseacutement exclues de la liste des professions de la santeacute usuellement soumises agrave autorisation de pratique en droit cantonal sans parler des professions de la santeacute qui relegravevent du droit feacutedeacuteral (professions meacutedicales universitaires psychologues etc) Il ne srsquoagit donc pas de tomber dans la confusion lorsque des professionnels de la santeacute stricto sensu envahissent le champ de lrsquoestheacutetisme et de la cosmeacutetique Cela ne signifie pas neacutecessairement un changement de nature dans ces activiteacutes qui acquerraient ainsi un statut meacutedico-scientifique Comme pour les meacutedecins compleacutementaires dans les cantons romands il srsquoagit plutocirct drsquoune forme de toleacuterance de ces pratiques par les autoriteacutes tant que la santeacute publique est preacuteserveacutee et qursquoil nrsquoy a pas de confusion pour les patients entre ce qui se rapporte aux soins et ce qui relegraveve plutocirct du bien-ecirctre On notera que la deacuterive des professionnels de la santeacute dans des activiteacutes ougrave le marcheacute est en forte croissance soulegraveve un problegraveme reacuteel dans la situation actuelle de quasi peacutenurie de professionnels qualifieacutes Alors que le nombre de meacutedecins ou drsquoinfirmiers formeacutes en Suisse reste insuffisant pour maintenir une couverture des soins de lrsquoensemble de la population le fait que de nombreux professionnels abandonnent leurs activiteacutes de base pour se consacrer agrave des tacircches qui nrsquoentrent ni dans les soins ni dans la preacutevention est tregraves preacuteoccupant118 On voit drsquoailleurs ici toute lrsquoimportance de tracer une limite preacutecise entre preacutevention et deacuteveloppement humain artificiel La premiegravere relegraveve clairement aujourdrsquohui du systegraveme de santeacute alors que le second ne semble pas y appartenir

115 OFFICE FEDERAL DE LA SANTE PUBLIQUE OFSP Uniteacute de direction Protection des consommateurs Fiche drsquoinformation Tatouages et piercings comment ne pas risquer sa peau mai 2009 p 3 116 Lrsquoart 5 al 2 de lrsquoordonnance preacutevoit que les couleurs de tatouage et les couleurs de maquillage permanent ne doivent pas mettre en danger la santeacute du consommateur 117 Art 2 agrave 8 de lrsquoOrdonnance 118 Voir lrsquoarticle agrave paraicirctre de PETER SUTER preacutesident de lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales dans les actes de la 16egraveme journeacutee de droit de la santeacute octobre 2009 Neuchacirctel

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d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires

i) Seacutecuriteacute des produits

La nouvelle loi sur la seacutecuriteacute des produits du 12 juin 2009 (LSPro) remplace et abroge119 la loi feacutedeacuterale du 19 mars 1976 sur la seacutecuriteacute drsquoinstallations et drsquoappareils techniques (LSIT) Elle vise agrave assurer la seacutecuriteacute des produits mis sur le marcheacute120 en geacuteneacuteral (un produit au sens de cette loi eacutetant tout bien meuble precirct agrave lrsquoemploi mecircme srsquoil est incorporeacute agrave un autre bien meuble ou immeuble) dans la mesure ougrave le droit feacutedeacuteral ne contient pas drsquoautres dispositions visant le mecircme but Elle srsquoapplique donc de faccedilon subsidiaire aux autres lois sectorielles reacuteglementant des cateacutegories de produits particuliegraveres121 A titre drsquoexemple mentionnons que les produits chimiques theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires ainsi que les objets usuels sont soumis agrave des reacuteglementations speacuteciales La LSPro pose les principes suivants

bull Peuvent ecirctre mis sur le marcheacute les produits qui preacutesentent un risque nul ou minime pour la santeacute ou la seacutecuriteacute des utilisateurs ou de tiers lorsqursquoils sont utiliseacutes dans des conditions normales ou raisonnablement preacutevisibles122

bull Lrsquoeacutetiquetage lrsquoemballage les instructions drsquoassemblage drsquoinstallation et drsquoentretien les mises en garde et consignes de seacutecuriteacute les instructions concernant lrsquoutilisation et lrsquoeacutelimination et toute autre instruction et information relatifs agrave un produit doivent ecirctre adapteacutes au risque speacutecifique lieacute audit produit123

bull La mise sur le marcheacute drsquoun produit nrsquoest pas soumise agrave une autorisation administrative mais agrave des controcircles ougrave le responsable de la mise sur le marcheacute doit apporter la preuve que le produit respecte les exigences en matiegravere de seacutecuriteacute et de santeacute124

bull Le responsable de la mise sur le marcheacute doit adopter des mesures pour ecirctre informeacute et preacutevenir les risques que peuvent preacutesenter un produit et en garantir la traccedilabiliteacute

Ces regravegles geacuteneacuterales doivent ecirctre respecteacutees pour la mise sur le marcheacute suisse de tout produit nrsquoeacutetant pas soumis agrave des regravegles speacuteciales plus strictes Concernant le deacuteveloppement humain elles ont donc vocation agrave srsquoappliquer agrave tout produit (au sens de bien meuble mentionneacute ci-dessus) nrsquoeacutetant pas soumis agrave une loi speacuteciale La plupart des produits et substances utilisables dans un but de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont soumis agrave des regravegles plus strictes en particulier la loi sur les produits theacuterapeutiques et la loi sur les denreacutees alimentaires

119 Art 20 LSPro 120 Lrsquoart 2 al 3 LSPro contient une deacutefinition tregraves large de la mise sur la marcheacute qui comprend toute remise drsquoun produit agrave titre oneacutereux ou gratuit que ce produit soit neuf drsquooccasion reconditionneacute ou profondeacutement modifieacute ainsi que lrsquousage en propre drsquoun produit agrave des fins commerciales ou professionnelles lrsquoutilisation drsquoun produit dans le cadre drsquoune prestation de services la mise agrave la disposition de tiers drsquoun produit et lrsquooffre drsquoun produit 121 Message LSPro FF 2008 6771 p 6791 122 Art 3 al 1 LSPro 123 Art 3 al 4 LSPro 124 Art 5 LSPro Voir Message LSPro FF 2008 6771 p 6803 s

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ii) Meacutedicaments

La loi sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux (loi sur les produits theacuterapeutiques LPTh) a pour but en geacuteneacuteral de proteacuteger la santeacute de lrsquoecirctre humain et des animaux et vise agrave garantir la mise sur le marcheacute de produits theacuterapeutiques de qualiteacute sucircrs et efficaces En particulier elle vise agrave ce que les produits theacuterapeutiques mis sur le marcheacute soient utiliseacutes conformeacutement agrave leur destination et avec modeacuteration125 Lrsquoart 4 LPTh deacutefinit les meacutedicaments comme laquo les produits drsquoorigine chimique ou biologique destineacutes agrave agir meacutedicalement sur lrsquoorganisme humain ou animal ou preacutesenteacutes comme tels et servant notamment agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps le sang et les produits sanguins sont consideacutereacutes comme des meacutedicaments raquo Pour accomplir les buts de la loi la LPTh eacutetablit un reacutegime drsquoautorisations La fabrication la mise sur le marcheacute suisse lrsquoimportation lrsquoexportation la vente en gros et de deacutetails de meacutedicaments ne sont possible que si lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (Swissmedic)126 a deacutelivreacute une autorisation drsquoexploitation agrave lrsquoentreprise requeacuterante Pour qursquoune autorisation de mise sur le marcheacute soit deacutelivreacutee le requeacuterant doit a apporter la preuve que le meacutedicament ou le proceacutedeacute est de qualiteacute sucircr et efficace b ecirctre titulaire drsquoune autorisation de fabriquer drsquoimporter ou de faire le commerce de gros deacutelivreacutee par lrsquoautoriteacute compeacutetente c avoir son domicile ou son siegravege social en Suisse ou y avoir fondeacute une filiale Notons que les art 23 ss de la LPTh classent les meacutedicaments dans cinq listes diffeacuterentes (A) les meacutedicaments sous ordonnance non-renouvelable vendus en pharmacie (B) les meacutedicaments sous ordonnance vendus en pharmacien (C) les meacutedicaments vendus en pharmacies (D) les meacutedicaments vendus en drogueries et (E) les meacutedicaments en vente libre La diffeacuterence entre les meacutedicaments en vente libre et ceux vendus sans ordonnance est que ces derniers ne peuvent ecirctre remis agrave un consommateur que par un professionnel formeacute et autoriseacute agrave vendre des meacutedicaments au deacutetail agrave savoir en principe un pharmacien ou un droguiste pour ceux de la liste D127 Les regravegles de base eacutetant poseacutees plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre deacuteveloppeacutes en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo

Selon le Tribunal feacutedeacuteral laquo [u]n meacutedicament ne sera pas autoriseacute sil ressort du dossier quil preacutesente un rapport beacuteneacutefice-risque neacutegatif lors de lusage auquel il est 125 Art 1 LPTh 126 Lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (swissmedic) est lrsquoautoriteacute suisse de controcircle et drsquoautorisation des produits theacuterapeutiques voir wwwswissmedicch 127 Art 24 et 30 LPTh

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destineacute sil na pas lefficaciteacute theacuterapeutique voulue ou si celle-ci nest pas suffisamment prouveacutee ou encore si sa composition ne correspond pas agrave celle qui est indiqueacutee (message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux du 1er mars 1999 FF 1999 3151 ss 3193) raquo128 Dans le mecircme arrecirct il est encore mentionneacute ce qui suit laquo Il ressort du systegraveme dautorisation de mise sur le marcheacute dun meacutedicament que ladmission de celui-ci se rapporte toujours agrave des indications meacutedicales preacutecises Lexigence dun lien entre le meacutedicament et une application concregravete et deacutetermineacutee de celui-ci est inheacuterente au systegraveme de lautorisation puisquun meacutedicament est par deacutefinition destineacute agrave agir meacutedicalement sur lorganisme humain et sert agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps (art 4 al 1 let a LPTh) En plus de la qualiteacute du meacutedicament une autre des conditions de lautorisation est lefficaciteacute du produit theacuterapeutique (art 10 al 1 let a LPTh) soit sa capaciteacute agrave atteindre le reacutesultat theacuterapeutique viseacute par rapport agrave une maladie deacutetermineacutee La mise sur le marcheacute dun meacutedicament nest donc autoriseacutee quen relation avec les maladies pour le diagnostic la preacutevention ou le traitement desquelles le requeacuterant a apporteacute la preuve que le meacutedicament eacutetait efficace Si le requeacuterant entend par la suite eacutetendre le champ dapplication du meacutedicament au beacuteneacutefice dune autorisation agrave dautres indications il doit en faire la demande Les indications pour lesquelles le meacutedicament a eacuteteacute autoriseacute sont mentionneacutees dans la notice destineacutee aux professions meacutedicales et approuveacutee par Swissmedic Elles font eacutegalement lobjet du preacuteavis deacutelivreacute par Swissmedic preacutecisant lautorisation que cet institut entend donner ainsi que les indications et les dosages qui seront autoriseacutes La notice et le preacuteavis font partie des documents qui doivent par la suite ecirctre preacutesenteacutes agrave lOFAS avec la demande dadmission du meacutedicament dans la liste des speacutecialiteacutes (art 30a al 1 let a et b OPAS) raquo129 On peut deacuteduire de cet arrecirct et drsquoautres plus reacutecents130 qursquoune mise sur le marcheacute de meacutedicaments dans un but autre que theacuterapeutique (p ex de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo) devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic Un meacutedicament devant servir agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps ne peut ecirctre autoriseacute qursquoen relation avec une atteinte agrave la santeacute Le message concernant la LPTh conforte cette interpreacutetation pour plusieurs raisons Premiegraverement elle vise agrave restreindre lrsquoutilisation agrave des fins de dopage131 deuxiegravemement un meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute srsquoil preacutesente un rapport beacuteneacutefice risque neacutegatif Un produit ayant pour but une ameacutelioration cognitive physique ou autre preacutesente un beacuteneacutefice contestable concernant la santeacute srsquoil nrsquoa pas drsquoutiliteacute theacuterapeutique srsquoil preacutesente en plus des risques sa mise sur le marcheacute doit ecirctre refuseacutee Etant donneacute que la plupart des substances pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo pour des personnes en santeacute ont des fonctions theacuterapeutiques pour les personnes atteintes de maladies le critegravere de la mise sur le marcheacute est selon nous moins pertinent pour deacuteterminer les limites leacutegales des possibiliteacutes de deacuteveloppement humain artificiel que celui de lrsquousage hors eacutetiquette traiteacute ci-dessous

128 Tribunal feacutedeacuteral des assurances K10303 Arrecirct du 14 septembre 2004 et ATF 130 (2004) V p 532-546 p 537 129 ATF 130 (2004) V p 532-546 p 538 130 Notamment ATF 134 V 83 131 V 349 et 133 V 239 131 Message LPTh FF 1999 3151 p 3171

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(2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance Selon lrsquoart 26 LPTh Les regravegles reconnues des sciences pharmaceutiques et meacutedicales doivent ecirctre respecteacutees lors de la prescription et de la remise de meacutedicaments Le Message LPTh explique qursquolaquo [i]mplicitement cette prescription interdit la prescription et la remise abusives de meacutedicaments raquo132 Si une prescription abusive est interdite les meacutedecins disposent de la liberteacute theacuterapeutique en drsquoautres termes du libre choix de la theacuterapie agrave utiliser dans une situation donneacutee Lorsqursquoun meacutedicament est autoriseacute par Swissmedic lrsquoautorisation est accompagneacutee drsquoune laquo information professionnelle raquo133 contenant les indications et la posologie On parle alors drsquousage hors eacutetiquette en cas de prescription drsquoun meacutedicament par un meacutedecin deacuterogeant agrave cette information professionnelle autrement dit en cas drsquolaquo Einsatz eines Arzneimittels ausserhalb der registrierten Indikation in anderer Dosierung oder bei anderen Patientengruppen (off label) raquo134 En geacuteneacuteral la prescription hors eacutetiquette est admise et fait partie de la liberteacute theacuterapeutique du meacutedecin Elle est mecircme courante dans certaines disciplines comme la peacutediatrie la gyneacutecologie lrsquooncologie ou la geacuteriatrie135 Le deacuteveloppement de cette pratique est ducirc agrave plusieurs facteurs dont le fait que des meacutedicaments nrsquoont pas eacuteteacute autoriseacutee ni testeacutes sur des groupes de patients donneacutes et le fait que dans divers cas lrsquoinformation professionnelle est deacutepasseacutee et que lrsquoindustrie pharmaceutique ne la fait pas enregistrer pour les nouvelles applications scientifiquement attesteacutees136 Parallegravelement agrave lrsquolaquo usage hors eacutetiquette (off label use) raquo on parle de laquo unlicensed use raquo lorsqursquoun meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute en Suisse laquo Dans ce cas le meacutedecin peut prescrire un meacutedicament sans autorisation particuliegravere pour autant que celui-ci ait eacuteteacute admis par un pays dont lrsquoautorisation est reconnue comme eacutequivalente agrave celles deacutelivreacutees en Suisse (pex UE ou USA) Si tel nrsquoest pas le cas le meacutedecin doit obtenir une autorisation speacuteciale de Swissmedic Pour pouvoir importer un tel meacutedicament le meacutedecin ou lrsquohocircpital aura en outre besoin drsquoune autorisation du canton raquo137 Le corollaire de lrsquoadmission de lrsquousage non autoriseacute et de lrsquousage hors eacutetiquette se trouve dans la responsabiliteacute du meacutedecin La responsabiliteacute civile des meacutedecins indeacutependants comme de toutes les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant est fondeacutee sur le

132 Message LPTh FF 1999 3178 p 3209 133 Art 13 et annexe 4 Ordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les exigences relatives agrave lrsquoautorisation de mise sur le marcheacute des meacutedicaments 134 Mitteilung Arzneimittelpolitik FMH in Bulletin des meacutedecins suisses 2004 85 Nr 28 1485 Pour AYER laquo le meacutedicament qui figure dans la liste des speacutecialiteacutes mais qui est utiliseacute pour des indications qui ne figurent pas dans lrsquoautorisation de Swissmedic est qualifieacute de laquo hors eacutetiquette raquo raquo ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 135 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 18 ss 136 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 19 s 137 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20

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code des obligations plus preacuteciseacutement sur le contrat de mandat138 Pour que la responsabiliteacute contractuelle du meacutedecin soit engageacutee il faut donc une violation du contrat impliquant une faute ou une neacutegligence et un rapport de causaliteacute entre la violation du contrat et le dommage pour que le dommage subi par le patient soit imputeacute au meacutedecin En matiegravere meacutedicale la violation du contrat se traduit par une violation du devoir de diligence du meacutedecin crsquoest-agrave-dire une violation des regravegles de lrsquoart Les regravegles de lrsquoart se deacutefinissent comme laquo les principes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo139 En conseacutequence une faute de diagnostic ou de traitement peut geacuteneacuterer la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin si elle constitue une inobservation drsquoune des regravegles de lrsquoart140 En cas de prescription hors eacutetiquette le meacutedecin est responsable de la deacuterogation En cas de complication il doit donc pouvoir justifier que lrsquoutilisation faite du meacutedicament correspondait agrave lrsquoeacutetat actuel de la science141 La responsabiliteacute peacutenale du meacutedecin en cas drsquousage non conforme drsquoun meacutedicament par exemple est donneacutee lorsqursquoil reacutealise une infraction en geacuteneacuteral une infraction contre la vie ou lrsquointeacutegriteacute corporelle Le TF a eu lrsquooccasion de trancher cette question dans deux arrecircts reacutecents142 Le premier concerne un oncologue bacirclois ayant traiteacute des patients avec un meacutedicament non autoriseacute par Swissmedic143 Ce praticien expeacuterimenteacute administrait agrave ses patients les plus atteints du laquo Lipoteichonsaumlure (LTA) raquo Les autoriteacutes bacircloises lui ont alors interdit lrsquousage de cette substance Sur demande de certains patients le praticien a eacuteteacute autoriseacute agrave des conditions strictes agrave utiliser ce meacutedicament dans le cadre drsquoune laquo compassionate use raquo Par la suite le meacutedecin srsquoest agrave nouveau vu interdire lrsquoutilisation du LTA au motif qursquoil nrsquoavait pas respecteacute ses engagements preacuteceacutedents Devant le Tribunal feacutedeacuteral srsquoest poseacutee la question de savoir si lrsquooncologue incrimineacute avait mis en danger la vie de ses patients au sens de lrsquoart 127 CP Le tribunal a consideacutereacute qursquoen lrsquoespegravece lrsquoon ne pouvait retenir de volonteacute du praticien de mettre en danger ses patients Il a donc eacuteteacute acquitteacute Le deuxiegraveme cas est celui drsquoun meacutedecin zurichois accuseacute drsquohomicide par neacutegligence suite au deacutecegraves drsquoune patiente agrave qui il avait prescrit un meacutedicament dans un dosage exceacutedant la quantiteacute geacuteneacuteralement admissible144 La question srsquoest alors poseacutee de savoir si la mort de la patiente eacutetait due agrave une violation des regravegles de lrsquoart qui en lrsquoespegravece serait constitueacutee par lrsquoutilisation drsquoune dose non conforme A ce propos le TF a retenu que laquo [a]ufgrund fruumlherer Studien ist das Bundesgericht jedoch zum Schluss gekommen dass diese Dosierung einer gaumlngigen Therapieform und damit 138 Art 394 ss CO DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 408 s En cas de leacutesion commise par un meacutedecin par exemple un concours entre la responsabiliteacute contractuelle et deacutelictuelle est possible voir OLIVIER GUILLOD CHRISTOPHE RAPIN La responsabiliteacute rapport suisse in La responsabiliteacute aspects nouveaux (journeacutees panameacuteennes) Paris 2003 p 375-403 p 376 139 ATF 108 II 59 61 140 Idem 141 Acadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales et la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) (eacuted) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20 142 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss 143 ATF 6B_402008 144 ATF 6B_6462007

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dem aktuellen Stand der Medizin entsprach An die Aufklaumlrungs- und Risikoabwaumlgungspflichten waren deshalb keine besonders strengen Anforderungen zu stellen raquo145 Mecircme si ces deux exemples ne traitent pas de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ils tendent agrave montrer que la liberteacute theacuterapeutique des personnes exerccedilant des professions meacutedicales universitaires est tregraves eacutetendue et permet une utilisation de meacutedicaments plus large que celle autoriseacutee Faut-il en deacuteduire que les meacutedecins disposent drsquoune large liberteacute de prescrire des meacutedicaments agrave des fins autres qursquoune theacuterapie Une reacuteponse neacutegative srsquoimpose en effet pour plusieurs raisons Premiegraverement le meacutedecin devant respecter les regravegles de lrsquoart pour ne pas devoir engager sa responsabiliteacute en cas de dommage des preuves scientifiques sont neacutecessaires pour pouvoir utiliser un meacutedicament hors eacutetiquette Mais pour que de telles preuves existent il faut que des recherches aient eacuteteacute meneacutees Comme vu ci-dessus il est douteux que des recherches puissent ecirctre meneacutees avec les risques qursquoelles comportent pour les sujets de recherche alors que les beacuteneacutefices escompteacutes nrsquoauront aucun but theacuterapeutique ou de santeacute publique En conseacutequence lrsquousage hors eacutetiquette de meacutedicaments agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne sera en toute logique pas autoriseacute principalement au motif que les recherches neacutecessaires pour arriver au niveau de seacutecuriteacute exigeacute par le droit suisse ne rentrent pas dans les conditions permettant leur mise en œuvre (critegravere de la pertinence et adeacutequation entre risque potentiel et beacuteneacutefice escompteacute) Deuxiegravemement le meacutedecin devra suffisamment informer le patient pour qursquoil puisse consentir au traitement en connaissance de cause Si les beacuteneacutefices drsquoun meacutedicament ne sont pas suffisamment deacutemontreacutes scientifiquement dans une situation donneacutee lrsquoincertitude doit mener agrave la prudence pour le patient et surtout pour le meacutedecin dans les conseils qursquoil prodigue au vu lrsquoengagement de sa responsabiliteacute Les conseacutequences envisageables de meacutedicaments soumis agrave ordonnance sur la santeacute et les conseacutequences patrimoniales pour le patient (les conditions de remboursement drsquoun meacutedicament prescrit hors eacutetiquette eacutetant strictes146) doivent reacuteguler des utilisations trop laquo fantaisistes raquo de meacutedicaments Troisiegravemement le principe drsquoeacuteconomie mentionneacute agrave lrsquoart 6 al 1 let h LPMeacuted et dans drsquoautres lois pose une restriction de principe agrave la fourniture de prestations qui ne sont pas efficaces adeacutequates et eacuteconomiques

(3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)

La LPTh limite les possibiliteacutes de faire de la publiciteacute pour les meacutedicaments147 Son article 31 pose le principe que la publiciteacute destineacutee au public ne peut ecirctre faite que pour des meacutedicaments non soumis agrave ordonnance Une publiciteacute pour les autres meacutedicaments ne peut ecirctre adresseacutee qursquoaux personnes autoriseacutees agrave prescrire et 145 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1215 146 Voir ci-dessous p 42 147 Selon lrsquoart 2 al 1 OPMed la publiciteacute se deacutefinit comme laquo toute forme drsquoinformation de prospection ou drsquoincitation qui vise agrave encourager la prescription la remise la vente la consommation ou lrsquoutilisation de meacutedicaments raquo

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remettre des meacutedicaments148 Lrsquoart 32 LPTh pose encore des conditions strictes dans lesquelles les publiciteacutes pour meacutedicaments sont autoriseacutees Suivant cette disposition est illicite a la publiciteacute trompeuse ou contraire agrave lrsquoordre public et aux bonnes moeurs b la publiciteacute pouvant inciter agrave un usage excessif abusif ou inapproprieacute de meacutedicaments c la publiciteacute pour les meacutedicaments qui ne peuvent ecirctre mis sur le marcheacute en Suisse Est illicite la publiciteacute destineacutee au public pour les meacutedicaments a qui ne peuvent ecirctre remis que sur ordonnance b qui contiennent des stupeacutefiants ou des substances psychotropes viseacutes par la loi du 3 octobre 1951 sur les stupeacutefiants1 c qui du fait de leur composition et de lrsquousage auquel ils sont destineacutes ne peuvent ecirctre utiliseacutes pour le diagnostic la prescription ni le traitement correspondant sans lrsquointervention drsquoun meacutedecin d qui font freacutequemment lrsquoobjet drsquoun usage abusif ou qui peuvent engendrer une accoutumance ou une deacutependance Selon le TF laquo [l]a publiciteacute destineacutee aux professionnels (publiciteacute pour des produits theacuterapeutiques adresseacutee aux personnes qui les remettent ou les prescrivent) ne doit pas inciter agrave un emploi abusif ou inapproprieacute des produits theacuterapeutiques Une autorisation de publiciteacute pour des applications qui ne sont pas autoriseacutees sous langle du droit des produits theacuterapeutiques serait contraire aux principes de la protection de la santeacute et de celle des consommateurs ainsi quau principe de lutilisation modeacutereacutee des produits theacuterapeutiques raquo149 Lrsquoordonnance sur la publiciteacute pour les meacutedicaments ajoute entre autres les eacuteleacutements suivants

bull la publiciteacute tant destineacutee aux professionnels qursquoau public doit se limiter aux indications et aux possibiliteacutes drsquoemploi reconnues par lrsquoinstitut (art 5 al 1 et 16 al 1 OPMeacuted)

bull La publiciteacute destineacutee au public doit preacutesenter le meacutedicament de faccedilon veacuteridique et sans exageacuteration que ce soit par lrsquoimage le son ou la parole (art 16 al 2 OPMeacuted)

bull la publiciteacute destineacutee au public pour des indications ou des possibiliteacutes drsquoemploi neacutecessitant un diagnostic ou un traitement meacutedical ou veacuteteacuterinaire est illicite (art 21 al 1 OPMeacuted)

bull les eacuteleacutements qui suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre ameacutelioreacute par lrsquoutilisation du meacutedicament sont interdits (art 22 let d OPMeacuted)

bull suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre affecteacute par la non-utilisation du meacutedicament (art 22 let e OPMeacuted)

148 Les personnes autoriseacutees agrave remettre des meacutedicaments sont eacutenumeacutereacutees aux art 24 ss LPTh Lrsquoart 3 OPMeacuted preacutecise que cette disposition les meacutedecins dentistes veacuteteacuterinaires pharmaciens et droguistes 149 Topamax Bundesgericht vom 1 Oktober 2008 Unzulaumlssige Bewerbung nicht genehmigter Arzneimittelanwendungen II oumlffentlichrechtliche Abteilung Abweisung der Beschwerde Akten-Nr 2C9320088 in sic 2009 p 93 ss p 93

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Les deux derniers eacuteleacutements mentionneacutes sont clairs toute publiciteacute pour des meacutedicaments pour un usage de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est interdite en Suisse

(4) Interdiction du dopage Lrsquoentreacutee en vigueur de la LPTh srsquoest accompagneacutee drsquoune modification de la Loi encourageant la gymnastique et les sports150 par lrsquoadjonction drsquoun nouveau chapitre Vb sur les mesures contre le dopage (art 11b agrave 11f) En particulier lrsquoart 11d interdit laquo a de fabriquer drsquoimporter drsquoacqueacuterir pour des tiers de distribuer de prescrire et de remettre des produits destineacutes au dopage b drsquoappliquer des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Eleacutement important lrsquoart 11f introduit des sanctions peacutenales pour toute personne qui contribue au dopage en particulier qui laquo fabrique importe acquiert pour des tiers distribue prescrit ou remet des produits dopants ou applique des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Cette disposition vise directement les professionnels de la santeacute qui pourraient participer agrave des activiteacutes dopantes Ces dispositions leacutegales sont compleacuteteacutees par deux ordonnances

bull - ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et meacutethodes de dopage (Ordonnance sur les produits dopants)

bull - ordonnance du 17 octobre 2001 sur les exigences minimales agrave respecter lors des controcircles antidopage (Ordonnance sur les controcircles antidopage)

Lrsquoart 2 de lrsquoordonnance sur les produits dopants offre la deacutefinition leacutegale du dopage agrave savoir laquo lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo On constatera que cette deacutefinition rejoint celle consacreacutee dans la Convention internationale contre le dopage dans le sport151 elle-mecircme reprenant les principes du code mondial antidopage La Suisse participe ainsi aux efforts internationaux en matiegravere de lutte contre le dopage dont la tendance est de se renforcer On notera que les objectifs de cette lutte sont multiples Il srsquoagit de garantir le fair-play dans le sport en preacuteservant ainsi lrsquoimage positive de cette activiteacute et de proteacuteger la santeacute des athlegravetes Non seulement la santeacute des sportifs qui se dopent prenant ainsi des risques seacuterieux mais eacutegalement celles des autres athlegravetes qui dans un environnement ougrave de nombreux sportifs seraient dopeacutes nrsquoauraient pas drsquoautre choix que de se doper eux-mecircmes pour maintenir leur performance Paradoxalement il nrsquoy a pas lieu de srsquoeacutetendre dans ce rapport sur la question de la lutte antidopage dans la mesure ougrave lrsquoengagement des gouvernements et des autoriteacutes semble clair De telles pratiques ne semblent pas devoir ecirctre autoriseacutees dans les anneacutees agrave venir bien au contraire Sous lrsquoangle du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo la condamnation du dopage dans le sport est largement partageacutee au niveau international La Suisse vient drsquoailleurs de se doter drsquoun organisme adhoc pour respecter ses engagements internationaux la fondation laquo Antidopage 150 RS 4150 151 RS 08121222

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Suisse raquo152 Cette fondation est en charge de mener des campagnes de preacutevention et drsquoinformation mais aussi drsquoorganiser les controcircles antidopage des sportifs concerneacutes A ce propos il convient toutefois de souligner qursquoils ne touchent que les sportifs drsquoeacutelite dans le monde amateur ou professionnel La question reste ouverte dans les autres domaines drsquoougrave lrsquoimportance des normes analyseacutees dans le reste de ce rapport qui srsquoappliquent agrave tous et pas seulement dans le milieu du sport drsquoeacutelite Il srsquoagit lagrave sans doute drsquoune des grandes faiblesses de la lutte antidopage qui srsquoexplique en partie peut-ecirctre par le fait que la prioriteacute dans ce domaine est davantage la protection de lrsquoimage du sport que la protection de la santeacute des athlegravetes153

iii) Stupeacutefiants

La loi feacutedeacuterale sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes (LStup) eacutetablit un controcircle desdites substances en Suisse154 laquo La LStup reacuteglemente lrsquousage meacutedical des substances psychotropes et interdit en mecircme temps la production le commerce la deacutetention et la consommation de drogues agrave des fins non meacutedicales raquo155 Dans la regravegle La LStup interdit sous peine de sanctions peacutenales tout usage sans droit de stupeacutefiants dont la consommation la vente la production la culture le trafic lrsquoachat etc156 De nombreux produits potentiellement utilisables dans le domaine du deacuteveloppement humain et du dopage sont des stupeacutefiants au sens de la LStup citons par exemple les ampheacutetamines meacutethampheacutetamines cocaiumlne MDMA etc157 Preacutecisons drsquoembleacutee que selon lrsquoart 1 al 1bis LStup la loi sur les produits theacuterapeutiques srsquoapplique aux stupeacutefiants utiliseacutes comme produits theacuterapeutiques sauf si elle ne preacutevoit pas de reacuteglementation ou que sa reacuteglementation est moins eacutetendue La LStup soumet la fabrication la dispensation lrsquoacquisition et lrsquoutilisation de stupeacutefiants agrave des regravegles et une proceacutedure drsquoautorisation strictes des exceptions eacutetant preacutevues pour les meacutedecins utilisant ces produits dans le cadre de leur profession En geacuteneacuteral ces actions ne sont autoriseacutees qursquoagrave des fins meacutedicales les autorisations nrsquoeacutetant remises qursquoagrave des prestataires de soins meacutedicaux ou des entreprises de lrsquoindustrie pharmaceutique158

152 httpwwwantidopingchfrindexphp 153 Cf OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 154 Sur la deacutefinition des produits stupeacutefiants voir art 1 LStup qui mentionne laquo les substances et les preacuteparations ayant des effets du type morphinique cocaiumlnique et cannabique et qui engendrent la deacutependance (toxicomanie) raquo Pour une autre deacutefinition THOMAS FINGERHUTH CHRISTOF TSCHURR BetmG Kommentar com ad Art 1 p 60 laquo Als ldquoBetaumlubungsmittelldquo iSv Art 1 BetmG koumlnnen ganz allgemein natuumlrliche oder synthetische Stoffe und Praumlparate (= Zubereitungen) bezeichnet werden deren Gebrauch eine physische undoder psychische Abhaumlngigkeit erzeugen kann raquo La liste de tous les stupeacutefiants se trouve dans lrsquoOrdonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes et ses appendices 155 SIMONE LEDERMANN FRITZ SAGER La politique suisse en matiegravere de drogue Troisiegraveme programme de mesures de la confeacutedeacuteration en vue de reacuteduire les problegravemes de drogue (ProMeDro III) 2006-2011 p 33 156 Art 19 et 19a LStup 157 Ces substances sont inclues dans la liste des stupeacutefiants de lrsquoappendice a de lrsquoordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes 158 Voir par exemple les art 4 et 8 al 5 LStup

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iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels

(1) Denreacutees alimentaires Si le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo peut impliquer lrsquousage de meacutedicaments les denreacutees alimentaires et objets usuels peuvent eacutegalement jouer un rocircle dans ce cadre En effet on voit de plus en plus drsquoaliments fonctionnels (alicaments ou laquo nutraceuticals raquo) ayant des vertus de laquo santeacute raquo voire de deacuteveloppement humain Les denreacutees alimentaires sont deacutefinies comme eacutetant les produits nutritionnels destineacutes agrave la constitution et agrave lrsquoentretien de lrsquoorganisme humain qui ne sont pas procircneacutes comme meacutedicaments En application de lrsquoart 3 al 2 LDAI le fournisseur drsquoun produit peut deacutecider srsquoil souhaite vendre son produit comme denreacutee alimentaire respectivement objet usuel ou comme meacutedicament laquo [U]ne marchandise eacutechappe au controcircle des denreacutees alimentaires lorsquelle est procircneacutee ou vendue comme un meacutedicament mecircme si de par ses autres proprieacuteteacutes elle est au fond une laquodenreacutee alimentaireraquo et consommeacutee comme telle raquo159 Cette solution est logique vu que la proceacutedure drsquoautorisation de mise sur le marcheacute drsquoun meacutedicament est plus contraignante que la mise sur le marcheacute drsquoun aliment Le Message relatif agrave la LPTh preacutecise encore que laquo [l]a proceacutedure dannonce que linstitut peut preacutevoir pour certains meacutedicaments ou certaines cateacutegories de meacutedicaments apporte encore une plus grande simplification Elle vaudra pour les produits situeacutes dans la zone grise entre les meacutedicaments et les denreacutees alimentaires comme les tisanes ou les bonbons contre la toux ou les meacutedicaments homeacuteopathiques sans indication meacutedicale et visera uniquement agrave permettre un controcircle des preacuteparations en question notamment de leur qualiteacute dans le cadre de la surveillance du marcheacute par exemple raquo160 Les questions qui se posent dans ce contexte sont celles lieacutees agrave la mise sur le marcheacute de tels produits et agrave la publiciteacute qui en est faite Rappelons que les buts fondamentaux de la LDAI sont la protection de la santeacute des consommateurs et la protection contre les tromperies en particulier en lien avec les progregraves scientifiques et lrsquoeacutevolution des marcheacutes concerneacutes La mise sur le marcheacute des denreacutees alimentaires deacutepend de la cateacutegorie dans laquelle entre le produit nutritionnel traiteacute Les denreacutees alimentaires speacutecifieacutees (dont la liste est inscrite agrave lrsquoart 4 ODAIOUs) sont admises laquo Un produit ne peut ecirctre commercialiseacute comme aliment sans autorisation de lOFSP que sil satisfait aux exigences de la leacutegislation alimentaire et sil est deacutefini dans une ordonnance speacutecifique du produit raquo161 A lrsquoinverse les denreacutees alimentaires non speacutecifieacutees sont interdites sauf autorisation individuelle de lrsquoOFSP Les critegraveres importants pour lrsquoautorisation sont la composition lrsquousage preacutevu et lrsquoeacutetiquetage du produit Lrsquoautorisation peut ecirctre soumise agrave la condition que le requeacuterant prouve que le produit demandeacute est inoffensif162 Enfin les microorganismes et substances eacutetrangegraveres doivent se trouver dans les quantiteacutes les plus faibles possibles dans les produits

159 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 160 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 161 Informations tireacutees du site de lrsquoOFSP httpwwwbagadminchthemenlebensmittel048580486204875indexhtmllang=fr 162 Art 5 et 6 OADIOUs

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nutritifs en application du principe laquo aussi peu que possible aussi souvent que neacutecessaire raquo163 Il existe une cateacutegorie particuliegravere de denreacutees alimentaires deacutesigneacutee par lrsquoexpression laquo aliments speacuteciaux raquo Les aliments speacuteciaux sont des denreacutees alimentaires destineacutees agrave une alimentation particuliegravere qui du fait de leur composition ou drsquoun proceacutedeacute de fabrication speacuteciale soit reacutepondent aux besoins nutritionnels des personnes qui pour des motifs de santeacute doivent srsquoalimenter de maniegravere diffeacuterente soit contribuent agrave produire des effets nutritionnels ou physiologiques deacutetermineacutes164 Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux mentionne les aliments suivants

bull les denreacutees alimentaires pauvres en lactose ou exemptes de lactose (art 5) bull les succeacutedaneacutes du sel comestible et les sels dieacuteteacutetiques (art 7) bull les denreacutees alimentaires pauvres en proteacuteines (art 8) bull les denreacutees alimentaires exemptes de gluten (art 9) bull les denreacutees alimentaires pouvant ecirctre consommeacutees par les diabeacutetiques

(art 13) bull les denreacutees alimentaires de substitution pour le controcircle du poids (art

16) bull les preacuteparations pour nourrissons (art 17) bull les preacuteparations de suite (art 18) bull les preacuteparations agrave base de ceacutereacuteales et autres aliments pour nourrissons et

enfants en bas acircge (art 19) bull les aliments destineacutes aux personnes ayant besoin drsquoun apport

eacutenergeacutetique ou nutritionnel accru (art 20) bull les aliments dieacuteteacutetiques destineacutes agrave des fins meacutedicales speacuteciales (art 20a) bull les aliments contenant de lrsquoextrait de malt (art 21) bull les compleacutements alimentaires (art 22) bull les levures alimentaires (art 22a) bull les micro-algues et les algues rouges calcaires (maeumlrl) (art 22b) bull les boissons speacuteciales contenant de la cafeacuteine (art 23)

Dans la regravegle les aliments speacuteciaux doivent se distinguer nettement des denreacutees alimentaires ordinaires (produits ordinaires) par leur composition et leur proceacutedeacute de fabrication et ils doivent satisfaire aux mecircmes exigences que les produits ordinaires correspondants agrave moins que leur destination particuliegravere ne requiegravere des deacuterogations165 Concernant la publiciteacute et lrsquoinformation lrsquoart 18 LDAI pose les deux regravegles suivantes la qualiteacute procircneacutee ainsi que toutes les autres indications sur une denreacutee alimentaire doivent ecirctre conformes agrave la reacutealiteacute et la publiciteacute pour les denreacutees alimentaires ainsi que leur preacutesentation et leur emballage ne doivent pas tromper le consommateur Lrsquoal 3 preacutecise que sont trompeuses les indications et les preacutesentations propres agrave susciter chez le consommateur de fausses ideacutees sur les effets speacuteciaux drsquoun aliment

163 Rapport explicatif relatif agrave la modification de la loi feacutedeacuterale sur les denreacutees alimentaires et les objets usuels p 15 164 Art 2 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux 165 Art 3 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux

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(2) Objets usuels Les objets usuels qui nous inteacuteressent dans cette eacutetude sont principalement les produits de soins corporels et cosmeacutetiques dont les producteurs vantent les vertus drsquoameacutelioration estheacutetiques Dans la regravegle lors de leur emploi conforme agrave leur destination ou habituellement preacutesumeacute les objets usuels ne doivent pas mettre la santeacute en danger Lrsquoart 31 ODAIOUs dispose encore que toute mention attribuant aux objets usuels des proprieacuteteacutes curatives leacutenitives ou preacuteventives (p ex des proprieacuteteacutes meacutedicinales ou theacuterapeutiques des effets deacutesinfectants ou anti-inflammatoires des recommandations drsquoun membre du corps meacutedical) est interdite Selon lrsquoart 40 ODAIOUs le DFI fixe a les exigences auxquelles doivent satisfaire les couleurs pour le tatouage et le maquillage permanent ainsi que leur eacutetiquetage b les exigences auxquelles doivent satisfaire les appareils et instruments utiliseacutes pour le piercing le tatouage et le maquillage permanent Il srsquoavegravere donc eacutegalement essentiel en matiegravere drsquoobjets usuels de proteacuteger la santeacute des consommateurs en eacutevitant toute confusion avec des meacutedicaments ou dispositifs meacutedicaux destineacutes agrave traiter ou preacutevenir des maladies

e) Droit du travail

Nous avons vu ci-dessus qursquoen principe un employeur ne peut exiger drsquoun employeacute une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique ni utiliser les reacutesultats drsquoune telle analyse166 De faccedilon plus geacuteneacuterale se posent de nombreuses questions en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et les relations de travail La performance eacutetant le plus souvent ce que recherche un employeur chez son employeacute la tentation peut ecirctre forte de seacutelectionner des employeacutes ayant ameacutelioreacutes leurs aptitudes ou drsquoaccroitre les aptitudes drsquoemployeacutes par des moyens artificiels Se pose alors la question de la protection du travailleur et de ses limites

i) Protection du travailleur

(1) En geacuteneacuteral Lrsquoart 328 du Code des Obligations preacutevoit la protection de la personnaliteacute du travailleur167 Selon cette disposition lrsquoemployeur doit entre autres proteacuteger la personnaliteacute la santeacute et lrsquointeacutegriteacute physique du travailleur168 Pour ce faire il doit prendre toutes les mesures que lrsquoon peut eacutequitablement exiger de lui Les art 6 LTr et 82 LAA obligent eacutegalement les employeurs agrave prendre les mesures neacutecessaires et

166 VINCENT CORPATAUX en lien avec lrsquoarrecirct ougrave le TF a retenu que des mesures de protection accrues eacutetaient requises pour proteacuteger la santeacute drsquoun employeacute allergique agrave la fumeacutee passive preacutecise que laquo la LAGH ne permettant qursquoexceptionnellement agrave un employeur de recruter ses employeacutes sur la base drsquoune analyse de leurs caracteacuteristiques geacuteneacutetiques (art 21 ss) un devoir accru de protection pourra ecirctre attendu de sa part dans des cas potentiellement nombreux raquo VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 75 167 Cette disposition concreacutetise les principes geacuteneacuteraux de protection de la personnaliteacute de lrsquoart 28 CC agrave la relation employeur ndash employeacute 168 Font partie des valeurs proteacutegeacutees la vie et lrsquointeacutegriteacute corporelle la santeacute physique et psychique lrsquointeacutegriteacute morale et la consideacuteration sociale la jouissance des liberteacutes individuelles et la sphegravere priveacutee JEAN-BERNARD WEBER Travail et protection de la personnaliteacute in Plaumldoyer 22002 p 46 ss p 47

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raisonnables afin de proteacuteger les employeacutes des maladies et accidents professionnels En application de cette disposition de principe lrsquoemployeur doit prendre toutes les mesures pour que lrsquoenvironnement et les conditions de travail de lrsquoemployeacute sauvegardent sa santeacute et sa personnaliteacute169 Les maladies professionnelles ainsi que toute autre atteinte de lrsquoemployeacute reacutesultant de lrsquoexercice de sa profession sont concerneacutees170 Traditionnellement les regravegles sur la protection de la santeacute des travailleurs ont eacuteteacute conccedilues en lien avec les maladies professionnelles et les accidents du travail Mais laquo la perspective srsquoest eacutelargie depuis une quinzaine drsquoanneacutees agrave la protection de la santeacute psychique des travailleurs raquo171

ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute

Dans le cadre de la protection du travailleur les limites doivent ecirctre poseacutees concernant ce que lrsquoemployeur peut demander ou imposer agrave ses employeacutes En lien avec le deacuteveloppement humain artificiel la question se pose de connaicirctre ces limites concernant les modifications et ameacuteliorations estheacutetiques et de performances (cognitives et physiques) De faccedilon geacuteneacuterale et sauf exceptions un employeur ne peut pas seacutelectionner les employeacutes plus reacutesistants dans le but qursquoils contractent moins vite voire pas du tout de maladies professionnelles mais doit au contraire adapter les conditions et lrsquoenvironnement de travail agrave la protection de la santeacute des employeacutes dans leur ensemble172 Au vu de cet eacuteleacutement un employeur ne peut a fortiori pas demander ou exiger drsquoun employeacute qursquoil emploie des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo comme par exemple la prise de ritaline Plus avant lrsquoemployeur a eacutegalement des obligations positives de preacutevention

iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Si lrsquoemployeur ne peut pas laquo ameacuteliorer raquo ses employeacutes pas les moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo il doit en plus prendre toutes les mesures raisonnablement exigibles pour que ses employeacutes ne soient pas contraints de facto agrave utiliser ces techniques pour pouvoir remplir leurs obligations Dans un arrecirct 4C242005 du 17 octobre 2005 le Tribunal feacutedeacuteral a condamneacute un employeur agrave payer une indemniteacute pour tort moral drsquoun montant de CHF 10000- agrave une employeacutee placeacutee dans une situation contraignante par son employeur Si en lrsquoespegravece lrsquoemployeacutee nrsquoa pas eacuteteacute victime de mobbing le fait que son employeur la contraigne agrave devoir effectuer une quantiteacute de travail propre agrave nuire agrave sa santeacute psychique a eacuteteacute consideacutereacute comme une violation de ses droits173

169 Arrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 170 VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 74 s 171 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 102 Sur le mecircme thegraveme voir WOLFGANG PORTMANN Stresshaftung im Arbeitsverhaumlltnis Erfolgreiche Stresshaftungsklagen gegen Arbeitgeber in der Schweiz und in anderen europaumlischen Laumlndern in ARV 2008 p 1-13 172 Message LAGH FF 2002 6841 p 6906 ss 173 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 4C242005 du 17 octobre 2005 consideacuterant 7

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On peut en deacuteduire qursquoun employeur ne peut exercer une trop forte pression sur ses employeacutes de faccedilon geacuteneacuterale par exemple en les astreignant agrave une charge de travail extrecircmement eacuteleveacutee nuisant agrave leur santeacute Les conditions de travail (charge de travail deacutelais horaires de travail etc) doivent pouvoir permettre aux employeacutes drsquoexercer leur emploi sans recours agrave des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans le mecircme sens selon DUNAND laquo [l]es conditions de travail doivent ecirctre adapteacutees aux capaciteacutes de lrsquoecirctre humain Lrsquoemployeur offrira aux travailleurs un climat de travail qui exclut toute atteinte agrave leur santeacute psychique Le travail sera organiseacute de maniegravere agrave eacuteviter un stress inutile ou un eacutepuisement professionnel raquo174 Pour le mecircme auteur laquo il appartient agrave lrsquoemployeur de mettre sur pied un systegraveme drsquoorganisation rationnel et respectueux qui permette drsquoeacuteviter une mise sous pression excessive des employeacutes raquo175 Le fait que dans certains milieux professionnels des comportements se rapprochant de ceux du dopage soient toleacutereacutes voire encourageacutes ne deacutedouane pas les employeurs de leurs obligations Il est vrai neacuteanmoins que rares sont ceux qui osent porter plainte dans ces conditions Il relegraveve alors de la responsabiliteacute du meacutedecin du travail srsquoil en existe de mettre en garde le travailleur sur les risques qursquoil encourt mais aussi drsquoavertir lrsquoemployeur des mesures agrave prendre pour corriger la situation

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal

La question qui se pose concernant les assurances de soins est la prise en charge de traitements entrant dans la cateacutegorie du deacuteveloppement humain artificiel Dans la regravegle lrsquoassurance-accidents couvre les frais meacutedicaux conseacutecutifs agrave un accident professionnel ou non professionnel176 laquo Le but du traitement meacutedical est deacuteliminer de la maniegravere la plus complegravete possible les atteintes physiques ou psychiques agrave la santeacute raquo177 Lrsquoart 54 LAA pose la limite suivante ceux qui pratiquent aux frais de lrsquoassurance-accidents doivent se limiter agrave ce qui est exigeacute par le but du traitement Lrsquoassurance-accidents ne couvre donc en principe pas de prestations relevant du deacuteveloppement humain artificiel son but fondamental eacutetant de prendre en charge les coucircts des theacuterapies conseacutecutives aux accidents Parmi les prestations preacutevues par la LAMal lrsquoart 25 mentionne les meacutedicaments prescrits par un meacutedecin dans la mesure ougrave ils servent agrave diagnostiquer ou agrave traiter une maladie et ses seacutequelles Lrsquoart 32 LAMal pose encore trois conditions au remboursement par lrsquoassureur-maladie obligatoire qui sont que les prestations doivent ecirctre efficaces approprieacutees et eacuteconomiques Lrsquoefficaciteacute doit ecirctre deacutemontreacutee scientifiquement Pour ecirctre rembourseacute un meacutedicament doit eacutegalement ecirctre inscrit sur la liste des speacutecialiteacutes de lrsquoOffice feacutedeacuteral de la santeacute publique178 Mais le remboursement de meacutedicaments par les caisses-maladie est soumis agrave diverses autres conditions dont celle de lrsquoutilisation conforme agrave lrsquoinformation professionnelle

174 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 175 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 176 Art 6 ss LAA 177 ATF 113 V 45 consid 4 178 Art 52 LAMal

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approuveacutee et publieacutee dans le Compendium suisse des meacutedicaments179 En conseacutequence un usage hors eacutetiquette nrsquoest en principe pas pris en charge Toutefois le TF a retenu deux exceptions pour lesquelles une telle utilisation peut ecirctre rembourseacutee180 La premiegravere est que la prescription hors eacutetiquette du meacutedicament constitue une condition essentielle agrave la poursuite drsquoune prestation prise en charge par lrsquoassurance obligatoire de soins181 La seconde est qursquoil srsquoagisse laquo de traiter une maladie qui pourrait ecirctre mortelle pour lrsquoassureacute ou impliquer des problegravemes de santeacute graves et chroniques qursquoil nrsquoexiste pas drsquoalternative theacuterapeutique et que le meacutedicament concerneacute preacutesente un important beacuteneacutefice theacuterapeutique raquo curatif ou palliatif182 Au vu de la jurisprudence traitant du remboursement de meacutedicaments utiliseacutes laquo hors eacutetiquette raquo force est de constater que lrsquousage de meacutedicaments soumis agrave ordonnance dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne remplit pas les conditions permettant leur remboursement par lrsquoassurance obligatoire de soins Ces conditions ayant pour but de permettre au meacutedecin de soigner au mieux des maladies pour lesquelles les meacutedicaments efficaces nrsquoont pas eacuteteacute speacutecifiquement testeacutes aux fins de lrsquoautorisation par Swissmedic on voit mal comment il pourrait en aller autrement

179 Voir ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 180 ATF 130 V 503 BGE 130 V 544 ATF 131 V 349 181 ARIANE AYER Prise en charge des meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 et la jurisprudence citeacutee 182 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 43

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3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations

La notion de laquo human enhancement raquo ne dispose pas actuellement de deacutefinition commune et arrecircteacutee Aux fins de cette eacutetude nous avons degraves lors ducirc commencer par en deacutefinir les contours et deacuteterminer les activiteacutes concerneacutees Le premier constat auquel nous sommes arriveacutes est que ces activiteacutes ne se limitent pas au dopage agrave la chirurgie estheacutetique ou au laquo wellness raquo Nous avons alors choisi drsquoappreacutehender cette notion de faccedilon large en parlant de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo expression qui nous apparait plus adapteacutee pour circonscrire la notion eacutetudieacutee Partant il nous a fallu trouver les dispositions leacutegales pertinentes et analyser les regravegles qursquoelles posent agrave la lumiegravere de cet ensemble drsquoactiviteacutes Nous avons alors constateacute que de nombreux champs du droit sont concerneacutes et que chaque activiteacute concerneacutee est reacuteglementeacutee de faccedilon propre Le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo nrsquoest pas appreacutehendeacute en tant que tel par le droit et ne le sera probablement jamais au vu de lrsquoensemble des diffeacuterentes activiteacutes et professions concerneacutees Dans de nombreuses situations les reacuteglementations eacutetudieacutees nrsquoont drsquoailleurs pas eacuteteacute eacutetablies en tenant compte du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Neacuteanmoins le droit positif suisse nrsquoest pas deacutemuni face aux possibiliteacutes de creacuteer des laquo surhommes raquo et pose des limites dans tous les domaines concerneacutes que lrsquoon pense agrave lrsquousage de meacutedicaments par des personnes en bonne santeacute en vue de modifications corporelles individuelles et volontaires aux possibiliteacutes pour une entreprise de demander des rendements surhumains agrave ses employeacutes ou agrave lrsquousage priveacute drsquoanalyses geacuteneacutetiques En conclusion nous pouvons mentionner que le droit suisse actuel ne connait pas de lacune manifeste concernant le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans les diffeacuterents champs concerneacutes des limites claires semblent eacutetablies

bull Toute modification geacuteneacutetique volontaire ou positive drsquoenfants agrave naicirctre est prohibeacutee

bull Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine ne peut ecirctre utiliseacutee agrave des fins laquo reacutecreacuteatives raquo (par exemple pour deacuteterminer lrsquoaptitude drsquoun enfant agrave diffeacuterentes activiteacutes sportives) ou en vue de seacutelectionner des employeacutes

bull Le preacutelegravevement et la transplantation drsquoorganes en vue drsquoameacuteliorer les performances drsquoun corps sain sont pratiquement interdites En effet le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes ne peut ecirctre effectueacute qursquoagrave la condition que le receveur ne puisse pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode Aucun traitement nrsquoeacutetant requis dans le cadre de deacuteveloppement artificiel force est de constater qursquoun preacutelegravevement est prohibeacute Concernant lrsquoattribution lrsquoordre de prioriteacute des requeacuterants deacutepend de lrsquourgence meacutedicale avec pour conseacutequence qursquoune transplantation laquo ameacuteliorative raquo est leacutegalement inconcevable

bull Les possibiliteacutes drsquoeffectuer de la recherche en vue de creacuteer de nouvelles meacutethodes et de nouveaux produits de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont limiteacutees par la neacutecessaire peseacutee drsquointeacuterecircts entre les risques et les beacuteneacutefices escompteacutes en particulier lorsque ces recherche doivent ecirctre meneacutees sur des ecirctres humains ou des cellules souches embryonnaires

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bull Les meacutedecins et professionnels de la santeacute sont limiteacutes dans leur activiteacute par le respect des regravegles de lrsquoart En conseacutequence ils ne peuvent sans risquer drsquoengager leur responsabiliteacute utiliser des produits et proceacutedeacutes agrave des fins non autoriseacutees De telles autorisations sont elles limiteacutees par les critegraveres permettant de faire les recherches neacutecessaires agrave leur deacutelivrance

bull La mise sur la marcheacute de meacutedicaments agrave des fins ameacutelioratives ne servant ni agrave diagnostiquer ni agrave preacutevenir ni agrave traiter une maladie devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic

bull La prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments nrsquoest possible qursquoagrave des conditions strictes ne permettant pas drsquoy inclure a priori le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

bull Les regravegles de droit du travail obligent lrsquoemployeur agrave adapter les conditions de travail aux employeacutes (et non lrsquoinverse) et interdisent les conduites dopantes qursquoelles soient demandeacutees explicitement ou tacitement agrave travers des conditions de travail et des instructions les rendant neacutecessaire pour lrsquoemployeacute

bull Enfin les activiteacutes meacutedicales relevant du deacuteveloppement humain artificiel ne remplissent pas les conditions permettant une prise en charge par les assurances sociales que ce soit par exemple la LAA ou la LAMal

Si les aspects juridiques paraissent suffisamment clairs les questions drsquoeacutethique et de deacuteontologie meacutedicales doivent selon nous ecirctre aujourdrsquohui clarifieacutees afin drsquounifier les pratiques en particulier dans les cas limites difficiles agrave cateacutegoriser entre laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo theacuterapie ou preacutevention Enfin les personnes pratiquant les activiteacutes pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et le public ndash patient usager consommateur ndash doivent enfin ecirctre clairement informeacutes des regravegles existantes et des limites poseacutees aux modifications volontaires de lrsquoecirctre humain

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PIERRE-YVES GERBER BETTINA KAHIL-WOLFF Introduction au droit suisse de la seacutecuriteacute sociale Cahiers genevois et romands de seacutecuriteacute sociale CGSS ndeg43-2009 ARMIN GRUNWALD Human Enhancement ndash What does laquo enhancement raquo mean here Newsletter Akademie-Brief No 88 avril 2009 p 1 ss HENRY GREELY et al Towards responsible use of cognitive enhancing drugs by the healthy in Nature Vol 456 11 December 2008 p 702 ss OLIVIER GUILLOD (eacuted) Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute de lrsquoinstitut de droit de la santeacute Universiteacute de Neuchacirctel Berne 2008 OLIVIER GUILLOD DOMINIQUE SPRUMONT Le droit agrave la santeacute un droit en eacutemergence in De la Constitution eacutetudes en lhonneur de Jean-Franccedilois Aubert eacuted par Piermarco Zen-Ruffinen et Andreas Auer Bacircle 1996 p 337-353 FRANK HALDEMANN Verantwortung im Gentechnikrecht Bacircle 2009 CHRISTIAN HEDIGER Die Haftungsbestimmungen des Gentechnikgesetzes (art 30-34 GTG) Thegravese Lucerne 2008 Zurich Bacircle Genegraveve 2009 GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees deacutebats sur leugeacutenisme pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle Genegraveve 2002 JONATHAN HERRING Medical law and ethics Oxford 2006 HANS HOPPELER Doping Leistungssteigerung im Sport durch Medikamente in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 7 s JOHANNES HUBER Anti-Aging Strategien zur Alterungspraumlvention in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 16 s PETER JAumlGER ANGELA SCHWEITER Rechtsprechung des Bundesgerichts zum Arzthaftpflicht- und Arztstrafrecht mit einem Anhang unveroumlffentlichter Urteile Zurich Bacircle Genegraveve 2006 CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives leacutegislatives Genegraveve Zurich Bacircle 2004 LEON R KASS ELIZABETH H BLACKBURN REBECCA S DRESSER et al Beyond therapy biotechnology and the pursuit of happiness A Report by the Presidentrsquos Council on Bioethics 2003 UELI KIESER (eacuted) ATSG-Kommentar Zurich Bacircle Genegraveve 2009 UELI KIESER Schweizerisches Sozialversicherungsrecht Zurich St-Gall 2008

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MARYAM KOHLER-VAUDAUX Le deacutebut de la personnaliteacute juridique et la situation juridique de lenfant agrave naicirctre eacutetude de droit suisse et aperccedilu des droits franccedilais et allemand Genegraveve Zurich Bacircle 2006 DAMIAN KOumlNIG DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) La xeacutenotransplantation dans lordre juridique suisse Technology Assessment - Document de travail 282001 Berne 2001 MORITZ W KUHN TOMAS POLEDNA (eacuted) Arztrecht in der Praxis Zurich Bacircle Genegraveve 2007 HARDY LANDOLT Oumlffentliches Gesundheitsrecht Zurich 2009 HARDY LANDOLT Rechtskunde fuumlr Gesundheits- und Pflegeberufe Berne 2004 PATRICK LAURE Dopage et socieacuteteacute Paris 2000 PATRICK LAURE Ethique du dopage paris 2002 PATRICK LAURE et al Histoire du dopage et des conduites dopantes les alchimistes de la performance Paris 2004 PATRICK LAURE CLAIRE BINSINGER Les meacutedicaments deacutetourneacutes crimes meacutesusages pratiques addictives conduites dopantes suicide euthanasie Paris 2003 DOMINIQUE LECOURT (dir) Dictionnaire de la penseacutee meacutedicale Paris 2004 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 ss CHRISTIAN LENK Therapie und Enhancement Ziele und Grenzen der modernen Medizine Muumlnster 2002 CHRISTIAN LENK ANNA-KARINA JAKOVLJEVIĆ Ethik und optimierende Eingriffe am Menschen ethische Aspekte von Enhancement in der Medizin Bochum 2005 THOMAS LOCHER Grundriss des Sozialversicherungsrecht Berne 2003 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen Berlin 2007 DOMINIQUE MANAIuml Les droits du patient face agrave la biomeacutedecine Berne 2006 JEAN MARTIN Deacutefis eacutethiques autour des nanotechnologies in Bulletin des meacutedecins suisses 200788 34 p 1394 ss PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 ANDY MIAH Engineering Greater Resilience or Radical Transhuman Enhancement in Studies in ethics law and technology Volume 2 Issue 1 2008 article 5

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ANDY MIAH Genetically modified athletes biomedical ethics gene doping and sport Londres New York 2004 JENNIFER L MINIGH Sports medicine Westport 2007 THOMAS MUumlNZER Anti-Aging aus kritischer Sicht in Bulletin SSEB Ndeg 56 mars 2008 p 18 ss THOMAS MURRAYKAREN MASCHKEANGELA WASUNNA (Eds) Pni-Aging Performance-Enhancing Technologies in Sport Baltimore 2009 RAMEZ NAAM More than human embracing the promise of biological enhancement New York 2005 THOMAS H MURRAY et al (eacuted) Performance-enhancing technologies in Sports ethical conceptual and scientific issues Baltimore 2009 KURT PAumlRLI Die arbeits- und versicherungsrechtlichen Bestimmungen des Bundesgesetzes uumlber genetische Untersuchungen (GUMG) in AJP 2007 79 FRANK TH PETERMANN Rechtliche Betrachtungen zum Off Label Use von Pharmazeutika in Hill 2007 Fachartikel n 2 TOMAS POLEDNA BRIGITTE BERGER Oumlffentliches Gesundheitsrecht Berne 2002 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII Bacircle 2005 TOMAS POLEDNA OLIVER ARTER MONIKA GATTIKER (eacuted) Lebensmittelrecht Berne 2006 STELLA REITER-THEIL Nonmaleficence Conclusions for the Debate on Enhancement in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 21 ss RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts Bacircle 2003 RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht Bacircle 2009 ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht 3 erw Aufl Zurich 1957 BARBARA SAHAKIAN SHARON MOREIN-ZAMIR Professorrsquos little helper in Nature Vol 450 2027 December 2007 p 1157 ss RENEacute SCHAFFHAUSER et al (eacuted) Das neue Medizinalberufegesetz (MedBG) Referate der Tagung vom 23 August 2007 in Luzern St-Gall 2008 CHRISTOPH SCHMIDT Die Zulassung von Arzneimitteln nach dem Heilmittelgesetz Bacircle 2006

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MICHAEL J SELGELID An argument against arguments for enhancement in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 12 JOHANNES SIEGRIST MICHAEL MARMOT Social inequalities in health Oxford 2006 DOMINIQUE SPRUMONT MARKUS TRUTMANN (eacuteds) La recherche avec les cellules souches un deacutefi Mais pour qui Rapport IDS Ndeg 3 2003 JEANINE-ANNE STIENNON PAUL SCHOTSMAN Tous dopes eacutethique de la meacutedecine drsquoameacutelioration Bruxelles 2008 CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin Frankfurt am Main 2009 ASTRID STUCKELBERGER Introduction to anti-ageing medicine in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 12 ss ASTRID STUCKELBERGER Anti-Ageing Medicine Myths and Chances Zurich 2008 RUUD TER MEULEN Will enhancement make us better Ethical reflections on the enhancement of human capacities by means of biomedical technologies in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 23 ss RUUD TER MEULEN The enhancement of human capacities by medical and biological technologies Will we be better off (Inaugural Address 29th of November 2006 Centre for Ethics in Medicine University of Bristol) DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse Zurich 2001 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft 2 Aufl Berne 2007 CHARLES M THIEBAULD PIERRE SPRUMONT (dir) Le sport apregraves 50 ans Bruxelles 2005 DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz Droit constitutionnel suisse Zurich 2001 RINIE VAN EST PIM KLAASSEN MIRJAM SCHUIJFF Future Man ndash No Future Man La Hague 2008 ADRIAN VON KAENEL Das neue Bundesgesetz uumlber genetische Untersuchungen beim Menschen (GUMG) Eine Uumlbersicht aus arbeitsrechtlicher Warte in ARV 2007 145 ss FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 ss RENEacute WIEDERKEHR Fairness als Verfassungsgrundsatz Thegravese drsquohabilitation Lucerne 2006 Berne 2006

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CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss CHRISTOPH WILLI Der informierte Patient ist der beste Patient Spannungsverhaumlltnis zwischen Werbung und Information fuumlr Arzneimittel und Medizinalprodukte benachteiligt Patienteninteressen in AJP 2008 159 ss ENITA A WILLIAMS Good Better Best The Human Quest for Enhancement Summary Report of an Invitational Workshop Convened by the Scientific Freedom Responsibility and Law Program American Association for the Advancement of Science June 1-2 2006 REMY WYLER (eacuted) Panorama en droit du travail Berne 2009 VLADIMIR M ZATSIORSKY (eacuted) Biomechanics in sport performance enhancement and injury prevention Oxford 2000 LEO ZONNEVELD (eacuted) Reshaping the Human Exploring Human Enhancement La Hague 2008

  • Table des matiegraveres
    • Introduction et contexte
    • 1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
      • a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration
      • b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo
        • i) Ameacuteliorations et modifications physiques
        • ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales
        • iii) Prolongation de la vie
        • iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo
        • v) Preacutevention primaire
          • c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo
            • i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain
            • ii) Les substances
              • d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                • 2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                  • a) Fondements constitutionnels
                    • i) Digniteacute humaine
                    • ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle
                    • iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations
                    • iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes
                    • v) Protection des consommatrices et consommateurs
                    • vi) Protection de la santeacute
                    • vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain
                    • viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain
                    • ix) Meacutedecine de la transplantation
                    • x) Recherche impliquant des ecirctres humains
                      • b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine
                        • i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee
                        • ii) Analyse geacuteneacutetique humaine
                        • iii) Meacutedecine de la transplantation
                        • iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires
                        • v) Recherche impliquant des ecirctres humains
                          • c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions
                            • i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)
                              • d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires
                                • i) Seacutecuriteacute des produits
                                • ii) Meacutedicaments
                                  • (1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo
                                  • (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance
                                  • (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)
                                  • (4) Interdiction du dopage
                                    • iii) Stupeacutefiants
                                    • iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels
                                      • (1) Denreacutees alimentaires
                                      • (2) Objets usuels
                                          • e) Droit du travail
                                            • i) Protection du travailleur
                                              • (1) En geacuteneacuteral
                                                • ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute
                                                • iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                                                  • f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal
                                                    • 3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations
                                                      • Bibliographie
Page 5: Le développement humain artificiel

Introduction et contexte

laquo Ce qui donne agrave un individu sa valeur geacuteneacutetique ce nest pas la qualiteacute propre de ses gegravenes Cest quil na pas la mecircme collection de gegravenes que les autres raquo1

La Commission nationale drsquoeacutethique (CNE) a deacutecideacute en 2009 de srsquoassocier agrave une eacutetude poursuivie par TA-Swiss en collaboration avec lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales (ASSM) et lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences sociales et humaines (ASSH) sur la probleacutematique du laquo human enhancement raquo Dans ce cadre la CNE a mandateacute lrsquoInstitut de droit de la santeacute repreacutesenteacute par le Professeur Dominique Sprumont afin de reacutealiser une analyse preacuteliminaire des questions juridiques souleveacutees par la meacutedecine ameacuteliorative (human enhancement) La preacutesente eacutetude juridique commissionneacutee par la CNE srsquointegravegre ainsi dans lrsquoeacutetude meneacutee par TA-Swiss et repreacutesente la contribution formelle de la commission agrave celle-ci Dans le cadre des travaux de TA-Swiss et sur la base des reacutesultats de la preacutesente eacutetude juridique la CNE deacutecidera de ses futurs travaux relatifs agrave ce sujet Lrsquoeacutetude porte principalement sur les bases leacutegales en vigueur et les lacunes juridiques eacuteventuelles dans les diffeacuterents domaines du laquo human enhancement raquo Elle offre un eacutetat des lieux en la matiegravere en droit suisse et dans la mesure du possible comprend des aspects de droit international et de droit compareacute Il convient de souligner que ce dernier point nrsquoa pas pu ecirctre approfondi autant que souhaiteacute la tacircche agrave accomplir srsquoeacutetant aveacutereacutee plus importante que preacutevue En effet une attention particuliegravere a eacuteteacute consacreacutee agrave preacuteciser la notion de laquo human enhancement raquo ce qui a abouti agrave adopter une nouvelle terminologie plus conforme agrave la probleacutematique abordeacutee La notion retenue deacutepasse largement la question du dopage ou de la chirurgie estheacutetique Il a ainsi fallu passer en revue davantage de lois qursquoinitialement preacutevu et traiter par exemple de question de droit du travail ou drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine Dans lrsquoensemble le rapport deacutefend une vision particuliegraverement large de la probleacutematique Il vise particuliegraverement agrave clarifier le deacutebat tout en proposant de nouvelles pistes de reacuteflexion Ce rapport se construit en trois parties Dans la premiegravere il est principalement question des notions de base et de la deacutelimitation du sujet Une attention particuliegravere a eacuteteacute porteacutee sur les choix terminologiques Il est ainsi proposeacute drsquoabandonner lrsquoexpression anglaise de laquo human enhancement raquo au profit de celle de laquo deacuteveloppement humain articificiel raquo La deuxiegraveme partie consiste en une revue aussi exhaustive que possible des diffeacuterentes leacutegislations qui contribuent directement ou indirectement agrave encadrer les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo agrave savoir (1) le droit constitutionnel particuliegraverement sous lrsquoangle des droits humains (2) les leacutegislations touchant agrave la meacutedecine et la digniteacute humaine de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee agrave la transplantation sans oublier lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine et la recherche (3) le droit pharmaceutique y compris les questions de dopage (4) le droit du travail et (5) certains aspects drsquoassurance sociale en particulier LAA et LAMal Enfin en troisiegraveme partie plusieurs pistes de reacuteflexion sont eacutevoqueacutees compte tenu des quelques reacutesultats obtenus de cette eacutetude preacuteliminaire Enfin le rapport comprend une bibliographie geacuteneacuterale illustrant si besoin est la complexiteacute de la probleacutematique

1 FRANCcedilOIS GROS FRANCcedilOIS JACOB PIERRE ROYER Sciences de la vie et socieacuteteacute Paris 1978

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1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration

Litteacuteralement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo peut se traduire par laquo ameacutelioration de lrsquoecirctre humain raquo2 Ainsi STOCK parle de laquo Verbesserung oder Erweiterung bestehender diagnostischer therapeutischer praumlventiver oder palliativer Moumlglichkeiten raquo3 De mecircme le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE deacutefinit comme suit le laquo human enhancement raquo laquo Medizinische oder biotechnologische Interventionen die darauf zielen Menschen in ihren Faumlhigkeiten oder in ihrer Gestalt in einer Weise zu veraumlndern die in den jeweiligen soziokulturellen Kontexten als Verbesserung wahrgenommen werden deren Zielsetzung nicht primaumlr therapeutischer oder praumlventiver Art ist raquo On notera que le Conseil feacutedeacuteral propose sa propre deacutefinition du laquo human enhancement raquo dans le message sur la loi relative agrave la recherche sur lrsquoecirctre humain Il utilise cette expression pour deacutesigner des projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques drsquoun fœtus sans rapport avec une maladie des projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement4 Cette notion ne se limite cependant pas a priori aux seules ameacuteliorations fondeacutees sur les techniques biomeacutedicales5 Lrsquouniteacute drsquoeacutevaluation des choix scientifiques et technologiques (STOA)6 du parlement europeacuteen a reacutecemment publieacute un rapport sur le sujet qui abonde dans ce sens Le concept de laquo human enhancement raquo retenu par le STOA est le suivant

laquo a modification aimed at improving individual human performance and brought about by science-based or technology-based interventions in the human body This definition includes ldquostrongrdquo second-stage forms of human enhancement with long-term effective or permanent results as well as ldquotemporaryrdquo enhancements Because it is not related to a specific definition of health this is a non-medical concept of human enhancement Moreover we distinguish between purely restorative non-enhancing therapies therapeutic enhancements and non-therapeutic enhancements raquo7

En partant de cette acception large du concept de laquo human enhancement raquo il est possible drsquoeacutetablir plusieurs cateacutegories drsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain qui srsquoy rattachent ainsi que de nombreuses meacutethodes qui visent agrave y parvenir A titre drsquoexemple le dopage les interventions de meacutedecine et de chirurgie estheacutetique (y compris drsquoantivieillissement) le maquillage permanent lrsquoeacutepilation deacutefinitive les

2 Selon divers dictionnaires (httpwwwlexilogoscomanglais_langue_dictionnaireshtm) laquo to enhance raquo se traduit par laquo mettre en valeur rehausser augmenter ameacuteliorer accroitre renforcer enrichir raquo 3 CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin p 39 s 4 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 5 Voir CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin Frankfurt am Main 2009 p 39 6 La laquo Science and Technology Options Assessment (STOA) raquo est lrsquouniteacute drsquoeacutevaluation des choix scientifiques et technologiques du parlement europeacuteen voir httpwwweuroparleuropaeustoadefault_enhtm 7 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study mai 2009 p 17 Dans le mecircme texte il est retenu que dans le domaine de la bioeacutethique meacutedicale le terme laquo enhancement raquo laquo characterize interventions designed to improve human form or functioning beyond what is necessary to sustain or restore good health raquo httpwwweuroparleuropaeustoapublicationsstudiesstoa2007-13_enpdf

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tatouages les piercings le branding et les scarifications sont autant de meacutethodes qui peuvent ecirctre rattacheacutees au laquo human enhancement raquo8 La distinction entre les interventions qui relegravevent de la theacuterapie ou des soins de celles qui peuvent ecirctre qualifieacutees plus strictement drsquoameacutelioratives srsquoavegraverent drsquoembleacutee difficile agrave tracer Le STOA a deacuteveloppeacute un tableau visant agrave diffeacuterencier les diffeacuterentes notions9

Il paraicirct eacutegalement inteacuteressant de mentionner les cateacutegories eacutetablies par Armin GRUNWALD dans le but de classer les diffeacuterentes activiteacutes biomeacutedicales agrave savoir

laquo 1 Healing as the removal of individual deficits relative to recognized standards of an average healthy human being 2 Doping as an increase in individual performance potential without there being any existing deficit in terms of (1) but in a measure that the performance achieved through it still appears as conceivably ldquonormalrdquo within the spectrum of usual human performance ndash either in sport or in normal life 3 Enhancement as an increase in performance going beyond abilities that are regarded as ldquonormallyrdquo achievable by humans who are healthy capable and ready to perform under optimal conditions 4 Alteration of human composition eg inventing new organs or bodily functions raquo10

Il deacutecoule de cette grille drsquoanalyse que le laquo human enhancement raquo relegraveve principalement des deuxiegraveme et troisiegraveme cateacutegories de GRUNWALD la quatriegraveme cateacutegorie restant actuellement hypotheacutetique Les notions de dopage de meacutedecine drsquoameacutelioration et de chirurgie et meacutedecine estheacutetique connexes et faisant partie de lrsquoensemble des activiteacutes du laquo human 8 Voir p ex CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 2 9 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 19 10 ARMIN GRUNWALD Human Enhancement ndash What does laquo enhancement raquo mean here Newsletter Akademie-Brief No 88 avril 2009 p 2

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enhancement raquo doivent encore ecirctre deacutefinies En droit suisse le dopage se deacutefinit comme laquo lrsquousage abusif de produits et de meacutethodes destineacutes agrave accroicirctre les performances physiques dans le sport raquo11 Il convient de le distinguer de la notion de conduite dopante connexe agrave celle de dopage laquo On parle de conduite dopante lorsqursquoune personne consomme certains produits pour affronter un obstacle reacuteel ou ressenti pour ameacuteliorer ses performances (compeacutetition sportive examen entretien drsquoembauche prise de parole en public situations professionnelles ou sociales difficiles) Dans le monde sportif cette pratique prend le nom de dopage raquo12 Le laquo human enhancement raquo se diffeacuterencie aussi de la meacutedecine ameacuteliorative qui peut se deacutefinir comme suit laquo [s]i les mesures theacuterapeutiques ont pour but le reacutetablissement de la santeacute du patient et le recouvrement de la norme physique et psychique les interventions drsquoameacutelioration peuvent ecirctre consideacutereacutees comme des interventions visant agrave modifier certaines particulariteacutes ou capaciteacutes drsquoun ecirctre humain pour qursquoelles soient supeacuterieures agrave cette norme raquo13 Ainsi la meacutedecine et la chirurgie estheacutetiques visent laquo die Verschoumlnerung bereits normaler Koumlrperformen raquo14 Dans un arrecirct de 1998 le tribunal cantonal vaudois a retenu que laquo les opeacuterations effectueacutees par le chirurgien estheacutetique ne preacutesentent ni urgence ni neacutecessiteacute absolue et quelles portent sur des organes sains dindividus geacuteneacuteralement en bonne santeacute raquo15 Le tribunal feacutedeacuteral preacutecise que font partie des mesures diagnostique ou theacuterapeutique prises en charge par les caisses-maladie16 les opeacuterations servant laquo non seulement agrave la gueacuterison proprement dite de la maladie ou des suites immeacutediates dun accident mais aussi agrave leacutelimination dautres atteintes secondaires dues agrave la maladie ou agrave un accident notamment en permettant de corriger des alteacuterations externes de certaines parties du corps - en particulier le visage - visibles et speacutecialement sensibles sur le plan estheacutetique aussi longtemps que subsiste une imperfection de ce genre due agrave la maladie ou agrave un accident ayant une certaine ampleur et agrave laquelle une opeacuteration de chirurgie estheacutetique peut remeacutedier lassurance doit prendre en charge cette intervention agrave condition quelle eucirct agrave reacutepondre eacutegalement des suites immeacutediates de laccident ou de la maladie et pour autant que fussent respecteacutees les limites usuelles ainsi que le caractegravere eacuteconomique du traitement raquo17 Ces eacuteleacutements fondent la distinction entre la chirurgie reconstructive et la chirurgie estheacutetique

11 Art 1 al 1 let h LGS Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DDPS concernant les produits et meacutethodes de dopage dispose que ldquoEst reacuteputeacutee dopage au sens de lrsquoart 1 let h de la loi lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo Selon le message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux laquo [d]rsquoapregraves la deacutefinition du Comiteacute international olympique (CIO) le dopage consiste agrave laquoutiliser intentionnellement ou non des substances appartenant agrave des classes interdites dagents pharmacologiques etou agrave utiliser diverses meacutethodes interdites raquo raquo FF 1999 3262 Voir eacutegalement FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 p 916 Selon lrsquoart 1 du code mondial anti dopage laquo [l]e dopage est deacutefini comme une ou plusieurs violations des regravegles antidopage eacutenonceacutees aux articles 21 agrave 28 du Code raquo Les art 21 agrave 28 du code mentionnent entre autre comme violation des regravegles antidopage la preacutesence de substances interdites dans lrsquoeacutechantillon drsquoun sportif lrsquousage ou la tentative drsquousage par un sportif drsquoune substance interdite ou drsquoune meacutethode interdite et la possession de substance ou meacutethode interdites 12 Mission interministeacuterielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie et Institut national de preacutevention et drsquoeacuteducation pour la santeacute (France) Drogues savoir plus risquer moins p 95 13 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 Dans le mecircme texte il est mentionneacute que laquo [l]e terme de laquomeacutedecine drsquoameacuteliorationraquo regroupe les interventions meacutedicales non theacuterapeutiques dont le but est la modification ou lrsquoameacutelioration de caracteacuteristiques non-pathologiques raquo Voir eacutegalement FRANK TH PETERMANN pour qui laquo Die klassiche Medizin geht von der Praumlmisse aus dass sie kurativ dh zur Heilung von Krankheiten oder wenn dies nicht mehr moumlglich ist palliativ also zur Linderung der daraus resultierenden Beschwerden da ist 31 Geht es um medizinische Interventionen die keinen therapeutischen Zweck haben sondern auf die Veraumlnderung oder Verbesserung nichtpathologischer Merkmale abzielen spricht man von Enhancement Medizin raquo Off Label Rechtliche Betrachtungen zum Off Label Use von Pharmazeutika in hill 2007 fachartikel n 2 sect 17 14 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 40 15 Tribunal Cantonal du Canton de Vaud 25021998 in SG 1998 Ndeg1323 p 7 16 Art 25 LAMal 17 ATF 121 V 119 p 121

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b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo

Comme il ressort de notre bregraveve introduction le laquo human enhancement raquo est une notion large ouverte et dont les frontiegraveres sont difficiles agrave circonscrire Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette difficulteacute La transplantation drsquoorganes sains agrave des personnes acircgeacutees dans le but de rallonger leur vie consiste-t-elle en une theacuterapie ou une ameacutelioration18 laquo Is it therapy to give growth hormone to a genetic dwarf but not to a short fellow who is just unhappy to be short raquo19 Si les limites sont difficiles agrave eacutetablir il est toutefois possible drsquoidentifier diverses meacutethodes permettant agrave des personnes en bonne santeacute de modifier des eacuteleacutements de leur corps Plusieurs de ces meacutethodes sont deacutecrites ci-dessous classeacutees en fonction du type de modification

i) Ameacuteliorations et modifications physiques

Par ameacuteliorations physiques nous entendons les modifications corporelles permettant un accroissement des performances ou une modification de lrsquoapparence agrave des fins estheacutetiques cette deuxiegraveme cateacutegorie incluant les modifications antivieillissement Dans cette cateacutegorie les meacutethodes suivantes sont prises en compte

bull Lrsquoadministration drsquoanabolisants (deacuteriveacutes de la testosteacuterone (nandrolone stanozolol etc) utiliseacutes par exemple dans la pratique du bodybuilding) ou drsquoautres substances prohibeacutees ou reacuteglementeacutees permettant un accroissement de la masse musculaire et ou lrsquoameacutelioration des performances (force explosiviteacute puissance endurance vitesse de reacutecupeacuteration etc)

bull Lrsquoadministration drsquohormones afin de modifier lrsquoapparence (p ex prise de pilules contraceptives par des hommes dans le but de ressembler agrave des femmes)

bull La chirurgie et la meacutedecine estheacutetiques (p ex augmentation mammaire injections de botox)

bull Les modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull La transplantation et la xeacutenotransplantation drsquoorganes bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Les tatouages le branding les scarifications et le maquillage permanent

(modifications de lrsquoapparence drsquoune surface deacutefinie de peau)

ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales20

Peuvent ecirctre consideacutereacutees comme ameacuteliorations intellectuelles et modifications mentales toutes les meacutethodes permettant une ameacutelioration des aptitudes cognitives de lrsquoattention et de la concentration de la meacutemoire ou encore une diminution de la fatigue du stress de lrsquoanxieacuteteacute etc Ce type de modifications passe par lrsquoutilisation des meacutethodes suivantes21

18 Exemple donneacute par NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 ss p 3 19 Beyond therapy biotechnology and the pursuit of happiness A Report by the Presidentrsquos Council on Bioethics p 16 20 Lrsquoeacuteventualiteacute de modifications morales nrsquoest pas traiteacutee dans la preacutesente eacutetude 21 Voir EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 26 ss p 30 s

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bull Administration de meacutedicaments ou autres substances (p ex antideacutepresseurs ritalin modafinil adderall aricept)

bull Modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull Stimulation ceacutereacutebrale profonde (introduction drsquoune eacutelectrode dans le cerveau

et envoi drsquoimpulsions eacutelectriques) bull Stimulation magneacutetique transcracircnienne (envoi drsquoune impulsion sur

lrsquoenceacutephale agrave travers le cracircne) bull laquo Prosthetic brain chips raquo22

iii) Prolongation de la vie

Parmi les buts du laquo human enhancement raquo nous trouvons le rallongement de la vie Il faut ici distinguer entre les maladies de la vieillesse dont fait par exemple partie le diabegravete de type 2 et laquo les manifestations deacutegeacuteneacuteratives lieacutees agrave lrsquoacircge raquo23 Les premiegraveres neacutecessitent un traitement qualifiable de theacuterapie ce type de traitement ne fait donc pas partie du laquo human enhancement raquo Le traitement des secondes peut faire partie du laquo human enhancement raquo en fonction des cas et la preacutevention des manifestations deacutegeacuteneacuteratives est un eacuteleacutement du laquo human enhancement raquo De faccedilon geacuteneacuterale les meacutethodes permettant agrave des personnes saines de lutter contre le vieillissement et de rallonger la dureacutee de leur vie sont abordeacutees ici

bull Transplantations drsquoorganes et xeacutenotransplantations bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Administration de meacutedicaments drsquohormones et autres substances bull Consommation de suppleacutements nutritionnels (acide folique antioxydants

laquo brainfood raquo etc)24

iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo

Lrsquoutilisation de meacutethodes du geacutenie geacuteneacutetique dans ce que les germanophones appellent le laquo Gen-Enhancement raquo poursuit le but de deacutevelopper certaines qualiteacutes chez lrsquoenfant25 Les principales meacutethodes utiliseacutees relegravevent des techniques de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et drsquoanalyse geacuteneacutetique et de la theacuterapie geacutenique

v) Preacutevention primaire

Si la distinction entre ameacutelioration et theacuterapie nrsquoest pas eacutevidente celle entre ameacutelioration et preacutevention lrsquoest encore moins En effet lrsquoinclusion des techniques drsquoameacutelioration dans la preacutevention deacutepend de la deacutefinition retenue de la notion de preacutevention et de la maniegravere de consideacuterer les techniques ayant un potentiel ameacutelioratif La preacutevention peut se deacutefinir comme laquo les mesures visant agrave reacuteduire la probabiliteacute agrave limiter ou agrave empecirccher lrsquoapparition drsquoune maladie ou drsquoun risque pour la santeacute et les conseacutequences neacutegatives drsquoune maladie raquo26 ou plus simplement comme laquo toutes les activiteacutes deacuteveloppeacutees par une personne pour eacuteviter et empecirccher

22 Aussi appeleacutes ldquoelectronic brain implantsrdquo 23 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 3 24 ASTRID STUCKELBERGER Anti-ageing Medicine Myths and Chances p 130 ss 25 Pour LORZ laquo [d]as Gen-Enhancement betrifft Verbesserungen der Erbsubstanz vor allem fuumlr die zukuumlnftige Generation raquo SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 43 26 Art 3 du projet de loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute

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lrsquoapparition drsquoune maladie raquo27 En comparant ces deacutefinitions de la preacutevention avec celles du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo on peut deacuteterminer un premier critegravere de distinction dans le fait que la preacutevention est en geacuteneacuteral en lien avec une maladie ou un problegraveme de santeacute28 alors que le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo se rattache aux performances ou agrave lrsquoapparence Dans ce sens la vaccination est une activiteacute se rapprochant plus de la preacutevention que du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Une meacutethode permettant drsquoameacuteliorer de faccedilon geacuteneacuterale le fonctionnement du systegraveme immunitaire drsquoune personne pourrait par contre ecirctre incluse dans les deux cateacutegories car elle permet drsquoeacuteviter lrsquoapparition de maladies deacutetermineacutees et constitue une ameacutelioration geacuteneacuterale de la reacutesistance du corps humain

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo

Lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain peut passer par de nombreuses et diverses meacutethodes En retenant un concept large du laquo human enhancement raquo la meacuteditation qui permet de reacuteduire le stress et lrsquoanxieacuteteacute ou les exercices permettant drsquoameacuteliorer sa meacutemoire pourraient ainsi y ecirctre inclus Nous ne prendrons cependant pas en compte les meacutethodes que lrsquoon peut cateacutegoriser sous la notion drsquoentraicircnement (qui regroupe des notions comme lrsquoentraicircnement sportif lrsquoentraicircnement cognitif etc) Elles ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme produit de la technique et nrsquoentrent donc pas dans le concept de laquo human enhancement raquo tel que retenu En effet nous ne traitons ici que du deacuteveloppement artificiel par opposition au deacuteveloppement dit naturel

i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain

Font partie des interventions sur lrsquoecirctre humain les interventions sur lrsquoadulte et lrsquoenfant ainsi que les interventions preacutenatales Lrsquointervention meacutedicale peut se deacutefinir comme laquo an act performed to prevent harm to a patient or to improve the mental emotional or physical function of a patient A physiologic process may be monitored or enhanced or a pathologic process may be arrested or controlled raquo29 Il srsquoagit notamment drsquointerventions chirurgicales

ii) Les substances

Diverses substances peuvent avoir un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisables dans un but de deacuteveloppement artificiel Lrsquoon pense particuliegraverement aux produits theacuterapeutiques (meacutedicaments) ndash favorisant le deacuteveloppement musculaire la concentration lrsquoendurance lrsquoexplosiviteacute lrsquoagressiviteacute etc - et aux aliments speacuteciaux ou alicaments ndash faibles en calories (favorisant la perte de poids) ayant un apport eacutenergeacutetique accru (en proteacuteine favorisant la prise de muscles) ayant un taux de cafeacuteine eacuteleveacute etc Tout produit ayant un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisable agrave des fins autres que la theacuterapie et les soins peut potentiellement avoir un usage dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

27 Deacutefinition de lrsquoInstitut suisse de preacutevention de lrsquoalcoolisme et des autres toxicomanies httpwwwsfa-ispachindexphpIDtheme=107ampIDcat48visible=1amplangue=F 28 Sur les diffeacuterentes cateacutegories de preacutevention voir Message relatif agrave la loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute FF 2009 6389 p 6447 ss 29 Mosbys Medical Dictionary 8th edition 2009 Pour drsquoautres deacutefinitions voir httpmedical-dictionarythefreedictionarycomintervention

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d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Il peut paraicirctre surprenant de construire un rapport juridique en franccedilais en partant drsquoune expression anglaise comme celle de laquo human enhancement raquo Il conviendrait en fait drsquoanalyser preacuteciseacutement et de maniegravere deacutetailleacutee qursquoelle est justement la notion que deacutesigne ladite expression Cette deacutemarche ayant aboutie il serait encore neacutecessaire drsquoexclure qursquoil nrsquoexiste pas drsquoeacutequivalent en franccedilais (ou en allemand) avant de conclure que seule lrsquoexpression anglaise doit ecirctre retenue Dans tous les cas il paraicirct raisonnable de rechercher si lrsquoobjet de ce rapport ne peut pas srsquoexprimer clairement en franccedilais respectivement en allemand avant de faire usage de termes anglais Drsquoautres motifs nous incitent agrave souhaiter une formulation franccedilaise Premiegraverement il existe de nombreuses acceptions de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo Mecircme en anglais la question de la terminologie nrsquoest de loin pas reacutesolue Reprendre sans autre reacuteflexion cette expression preacutesente le risque que chacun pense y retrouver sa propre notion contribuant ainsi agrave la confusion Il est donc neacutecessaire de clarifier et de deacuteterminer au mieux la notion qui sera analyseacutee dans ce travail Deuxiegravemement le droit est indissociable des langues dans lesquelles il srsquoapplique il convient dans ce cadre de maintenir une uniteacute linguistique entre lrsquoobjet traiteacute et les normes juridiques qui srsquoy reacutefeacuterent Une traduction dans la langue de lrsquoeacutetude srsquoavegravere degraves lors utile voire neacutecessaire Troisiegravemement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est en soi biaiseacutee dans la mesure ougrave elle veacutehicule lrsquoideacutee selon laquelle les meacutethodes qursquoelles recouvrent sont veacuteritablement ameacutelioratives sans preacuteciser pour autant la nature de cette ameacutelioration Le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE a bien senti le piegravege puisqursquoil introduit dans sa propre deacutefinition la notion de contexte socioculturel pour appreacutecier lrsquoameacutelioration rechercheacutee30 Il y a donc neacutecessiteacute de se distancier de lrsquoexpression consacreacutee de laquo human enhancement raquo dans la mesure ougrave elle conforte lrsquoideacutee drsquoune certaine ameacutelioration qui reste pourtant agrave deacutemontrer selon des critegraveres socio-culturellement partageacutes et dont le degreacute est encore agrave eacutevaluer La question nrsquoest plus ici seulement de traduction mais bien de deacutefinition Parler drsquoameacutelioration humaine ou de laquo corps augmenteacute raquo31 ne paraicirct pas correct mais plutocirct trompeur Il srsquoagit de trouver un terme neutre Nous proposons ainsi de retenir lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Premiegraverement le terme de deacuteveloppement peut se comprendre comme ameacutelioration mais il laisse ouverte la possibiliteacute que ce deacuteveloppement soit beacuteneacutefique ou non32 Dans son sens neacutegatif il pourrait donc aussi srsquoappliquer pour deacutesigner une alteacuteration de lrsquohomme Le principe est surtout drsquoexprimer la transformation le changement qui est apporteacute agrave lrsquohumain ces autres termes pouvant ici valoir comme synonymes Mais lrsquointeacuterecirct du terme de deacuteveloppement est de renvoyer ou rappeler lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement durable raquo Pour reprendre le rapport laquo Notre avenir agrave tous raquo de la Commission mondiale sur lenvironnement et le deacuteveloppement (Commission Brundtland) laquo le deacuteveloppement durable est un deacuteveloppement qui reacutepond aux

30 Voir plus haut pt 1a 31 Cette traduction quasi-litteacuterale de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est parfois utiliseacutee en franccedilais Citons Geacuterard Ayache Corps augmenteacute recircve bionique ou cauchemar protheacuteen disponible agrave la page httpwwwagoravoxfractualitestechnologiesarticlecorps-augmente-reve-bionique-ou-11710 et une confeacuterence donneacutee dans le cadre des manifestations culturelles de la bibliothegraveque cantonale et universitaire de Lausanne le 27 janvier 2009 intituleacutee laquo Le corps augmenteacute utopie drsquoaujourdrsquohui reacutealiteacute de demain raquo 32 Sur le lien entre les notions de laquo enhancement raquo et de deacuteveloppement voir ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34

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besoins du preacutesent sans compromettre la possibiliteacute pour les geacuteneacuterations agrave venir de pouvoir reacutepondre aux leurs raquo33 Cette expression implique une responsabiliteacute individuelle et collective marqueacutee sur la dureacutee pour appreacutecier les effets du deacuteveloppement qui pour ecirctre positif ne peut se limiter aux seules personnes directement concerneacutees mais doit ecirctre appreacutecieacute dans ses conseacutequences globales pour lrsquohumaniteacute et la planegravete Une ameacutelioration de telle performance drsquoun athlegravete ne constitue pas neacutecessairement un progregraves pour les hommes et doit donc ecirctre appreacutecieacute de maniegravere relative sous lrsquoangle du deacuteveloppement durable et humain Deuxiegravemement le deacuteveloppement dont il est question ici concerne directement lrsquohumain justement afin de le deacutelimiter par rapport au deacuteveloppement durable et agrave drsquoautres formes drsquoactiviteacutes Troisiegravemement la caracteacuteristique de ce deacuteveloppement humain est de se libeacuterer des regravegles de la nature drsquoecirctre directement et volontairement induit autrement dit drsquoecirctre artificiel Cet eacuteleacutement est important pour marquer la limite avec lrsquoensemble des facteurs ndash ou deacuteterminants ndash qui influencent notre santeacute et dont les effets se traduisent au fil des deacutecennies par un allongement de la dureacutee de vie moyenne de la population et une baisse des morbiditeacutes Nous vivons mieux et plus longtemps que nos anciens Mais les eacuteleacutements qui participent agrave cette eacutevolution eacutechappent pour la plupart agrave un controcircle direct des individus concerneacutes Il srsquoagit donc de bien distinguer ces eacuteleacutements de lrsquoeacutevolution de la socieacuteteacute de la meacutedecine ameacuteliorative et autres mesures de deacuteveloppement humain artificiel Nous retiendrons ainsi actuellement la deacutenomination de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo qui renvoie au concept de laquo deacuteveloppement durable raquo aujourdrsquohui appliqueacute tant en matiegravere drsquoenvironnement que drsquoeacuteconomie domaines eacutetroitement lieacutes agrave celui de deacuteveloppement humain comme il sera deacutemontreacute ci-dessous

2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Fondements constitutionnels

Plusieurs normes constitutionnelles influent directement sur les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo en Suisse Ces dispositions concernent entre autres la digniteacute humaine le droit agrave la vie et agrave la liberteacute personnelle lrsquoeacutegaliteacute la protection de la santeacute la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee le geacutenie geacuteneacutetique et la meacutedecine de la transplantation

i) Digniteacute humaine

Lrsquoart 7 Cst dispose que la digniteacute humaine doit ecirctre respecteacutee et proteacutegeacutee Ce droit fondamental agrave ecirctre traiteacute de maniegravere humaine et non deacutegradante est consideacutereacute comme un principe directeur concreacutetiseacute par les autres droits fondamentaux34 Parmi ceux-ci le droit agrave la liberteacute personnelle garantit entre autres le droit agrave la vie agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique Si laquo [l]a garantie de lrsquointeacutegriteacute physique protegravege

33 Notre avenir agrave tous Rapport de la commission mondiale sur lrsquoenvironnement et le deacuteveloppement du 10 mars 1987 Disponible dans sa version anglaise agrave la page httpwwwareadminchthemennachhaltig002660054000542indexhtmllang=fr 34 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 69 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 691 s ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 260 s p 121 s PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 139 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 PHILIPPE MASTRONARDI com ad art 7 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 77 s

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lrsquoindividu contre toute atteinte injustifieacutee (hellip) porteacutee au corps humain qursquoelle soit intentionnelle ou non grave ou leacutegegravere et quels qursquoen soient les motifs raquo35 elle ne creacutee pas ni ne protegravege un eacuteventuel droit drsquoameacuteliorer son corps ou de modifier lrsquoecirctre humain drsquoune autre maniegravere Il existe drsquoailleurs drsquoautres dispositions constitutionnelles restreignant les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo A ce propos laquo [l]ecirctre humain se distinguerait agrave la fois par son individualiteacute et par ses imperfections Le jauger selon une norme preacutetendue juste et deacutetermineacutee de maniegravere arbitraire et le manipuler geacuteneacutetiquement par rapport agrave cette norme constituerait une violation grave de sa digniteacute raquo36 Le clonage et la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides sont eacutegalement par leur nature mecircme contraire agrave la digniteacute humaine37 Si lrsquoEtat doit srsquoabstenir drsquoatteindre de faccedilon injustifieacutee agrave lrsquointeacutegriteacute physique et la proteacuteger la Constitution preacutevoit eacutegalement agrave son art 118 que la Confeacutedeacuteration prend des mesures pour proteacuteger la santeacute Cet eacuteleacutement sera traiteacute ci-apregraves

ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle

Lrsquoart 10 Cst feacuted garantit le droit agrave la vie agrave la liberteacute personnelle agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique et agrave la liberteacute de mouvement donc laquo toutes les liberteacutes eacuteleacutementaires dont lrsquoexercice est indispensable agrave lrsquoeacutepanouissement de la personne humaine raquo38 Le Tribunal feacutedeacuteral a retenu que les vaccinations obligatoires les opeacuterations chirurgicales lrsquoobligation pour les eacutelegraveves de suivre un controcircle et des soins dentaires obligatoires ou lrsquoadministration forceacutee de meacutedicaments dans une clinique psychiatrique constituent des atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute physique et donc agrave la liberteacute personnelle39 La liberteacute personnelle protegravege la personne contre les atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute psychique laquo qui tendraient par un moyen quelconque agrave restreindre ou agrave supprimer la faculteacute qui lui est propre drsquoappreacutecier une situation donneacutee et de se deacuteterminer drsquoapregraves cette appreacuteciation raquo40 Enfin lrsquoart 10 al 3 Cst feacuted interdit la torture et tout autre traitement ou peine cruels inhumains ou deacutegradants Une des reacutesultantes de lrsquoart 10 Cst feacuted en droit meacutedical est lrsquoexigence du consentement des patients pour tout acte meacutedical On retrouve son pendant en droit priveacute avec lrsquoart 28 CC Cela garantit le respect de la volonteacute du patient et lui donne ainsi le droit drsquoexercer son libre arbitre Cependant le consentement nrsquoest pas une condition suffisante pour justifier une atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle Encore faut-il qursquoelle soit conforme aux regravegles de lrsquoart autrement dit que cette intervention reacuteponde aux standards meacutedicaux compte tenu des besoins du patient Une meacutethode de laquo deacuteveloppement durable artificiel raquo devra ainsi non seulement ecirctre autoriseacutee par la personne concerneacutee Elle doit en outre respecter les regravegles de lrsquoart et la digniteacute humaine consacreacutee agrave lrsquoart 7 Cst indeacutependamment de la volonteacute de la personne concerneacutee

35 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 108 36 Message LPMA FF 1996 276 reprenant une intervention parlementaire BO N 1991 p 616 (intervention Koller) 37 Message LPMA FF 1996 27 et les reacutefeacuterences citeacutees Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1221 38 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 101 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER com ad art 10 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 148 s 39 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 108 et la jurisprudence citeacutee 40 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 109

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iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations

Lrsquoart 8 Cst pose les principes de lrsquoeacutegaliteacute des ecirctres humains devant la loi et de lrsquointerdiction des discriminations Si cette disposition a vocation agrave srsquoappliquer dans les relations que lrsquoEtat entretient avec ses citoyens administreacutes justiciables elle a aussi un effet dans les relations entre particuliers Si dans la regravegle lrsquointerdiction des discriminations sadresse agrave lEacutetat et ne produit pas deffet horizontal direct dans les relations entre personnes priveacutees laquo les regravegles de droit civil doivent cependant ecirctre interpreacuteteacutees en tenant compte des exigences particuliegraveres qui reacutesultent des droits fondamentaux raquo41 Lrsquoart 8 al 2 Cst a toutefois des effets indirects notamment en vertu de lrsquoart 35 al 3 Cst qui dispose que les autoriteacutes veillent agrave ce que les droits fondamentaux dans la mesure ougrave ils srsquoy precirctent soient aussi reacutealiseacutes dans les relations qui lient les particuliers entre eux Ces effets indirects sont de deux ordres Premiegraverement il srsquoagit pour les autoriteacutes de tenir compte des droits fondamentaux dans lrsquointerpreacutetation des lois et dans lrsquousage de leur pouvoir drsquointerpreacutetation Deuxiegravemement laquo [l]e leacutegislateur doit concevoir la leacutegislation de sorte qursquoelle assure le mieux possible le respect des droits fondamentaux dans les relations entre particuliers Il le fera en eacutedictant des normes notamment de droit civil et peacutenal qui reacutesolvent les conflits de liberteacute entre particuliers et qui preacuteviennent des traitements discriminatoires Aussi les garanties constitutionnelles peuvent-elles contenir un mandat au leacutegislateur drsquoadopter des dispositions propres agrave proteacuteger dans la mesure du possible les particuliers contre les atteintes agrave leurs droits fondamentaux provenant drsquoautres particuliers Lrsquoexistence drsquoune telle obligation positive de lrsquoEtat (Schutzpflichten) deacutecoulant de la Constitution est admise depuis longtemps par la Cour europeacuteenne des droits de lrsquohomme ainsi que par la doctrine et la jurisprudence suisse raquo42 Ce deuxiegraveme eacuteleacutement est particuliegraverement important concernant lrsquointerdiction des discriminations En effet les laquo obligations de protection raquo de lrsquoEtat citeacutees ci-dessus neacutecessitent qursquoil prenne divers types de mesures afin de reacuteduire voire drsquoeacuteliminer les discriminations horizontales On pense en particulier agrave des mesures positives drsquoinformation de sensibilisation ou des recherches scientifiques et projets drsquoeacutechange et de contacts etc43 La creacuteation drsquoorganismes de sensibilisation et de coordination et la prise de mesures drsquoencouragement sont eacutegalement envisageables Dans les domaines ougrave la Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences leacutegislatives le leacutegislateur feacutedeacuteral peut eacutedicter des regravegles lorsque leur neacutecessiteacute est aveacutereacutee assurant la protection des citoyens contre les discriminations En reacutesumeacute les autoriteacutes eacutetatiques ne peuvent discriminer les personnes de faccedilon geacuteneacuterale et doivent assurer leur protection contre des discriminations horizontales par la prise de mesures positives et lrsquoeacutetablissement de textes de lois

41 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 5A4842009 du 18 aoucirct 2009 consid 41 et les reacutefeacuterences citeacutees 42 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 164 ss 167 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 43 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 318 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 124

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iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes

Lrsquoart 11 Cst dispose entre autres que les enfants et les jeunes ont droit agrave une protection particuliegravere de leur inteacutegriteacute et agrave lrsquoencouragement de leur deacuteveloppement Cette disposition dans certains domaines en tout cas44 laquo ne creacutee pas un droit subjectif particulier deacuteductible en justice faute notamment decirctre suffisamment preacutecise et deacutetermineacutee et doit plutocirct ecirctre consideacutereacutee comme une disposition programmatique respectivement une disposition que les autoriteacutes doivent prendre en compte lorsquil sagit de combler une lacune ou lorsquelles font usage de leur pouvoir dappreacuteciation raquo45 Il exige dans tous les cas une prudence accrue lorsqursquoil srsquoagit de porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle des enfants ou drsquointervenir dans leur deacuteveloppement

v) Protection des consommatrices et consommateurs

Lrsquoart 97 Cst dispose que la Confeacutedeacuteration prend des mesures destineacutees agrave proteacuteger les consommateurs et les consommatrices46 Il preacutevoit encore que les organisations de consommateurs disposent de voies de droit et que les proceacutedures de conciliation ou judiciaires doivent ecirctre simple et rapides pour les litiges dont la valeur litigieuse ne deacutepasse pas un montant deacutetermineacute Le but du premier alineacutea de cette disposition est de proteacuteger les consommateurs en geacuteneacuteral Les marcheacutes des meacutedicaments des denreacutees alimentaires des produits cosmeacutetiques et des services dans les domaines de la cosmeacutetique et du bien-ecirctre sont concerneacutees par cette disposition qui sert par ailleurs de base leacutegale agrave diverses lois de protection des consommateurs contre les tromperies

vi) Protection de la santeacute

Lrsquoart 118 Cst mentionne que la Confeacutedeacuteration prend des mesures afin de proteacuteger la santeacute dans les limites de ses compeacutetences et leacutegifegravere entre autres sur lrsquoutilisation des denreacutees alimentaires des agents theacuterapeutiques des stupeacutefiants des organismes des produits chimiques et des objets qui peuvent preacutesenter un danger pour la santeacute47 laquo Lrsquoancien art 69bis parlait de laquo commerce raquo (Verkehr raquo) des denreacutees alimentaires et objets usuels Le constituant de 1999 a preacutefeacutereacute parler drsquo laquo utilisation raquo (laquo Umgang raquo) pour bien montrer que la leacutegislation vise le comportement des consommateurs aussi bien que les opeacuterations drsquoamont fabrication traitement importation distribution raquo48 Si la santeacute publique est principalement un domaine de compeacutetence des cantons la Confeacutedeacuteration dispose toutefois de tacircches speacuteciales dans ce domaine49 Lrsquoart 118 44 Voir RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht p 262 ss en particulier p 264 s voir aussi RUTH REUSSER KURT LUumlSCHER com ad art 11 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 175 45 Arrecirct du Tribunal administratif feacutedeacuteral Cour III C-38852007 du 2 deacutecembre 2008 consid 10 46 Voir RETO JACOBS com ad art 97 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar Lachen amp Zurich p 1062 s voir aussi KLAUS A VALLENDER com ad art 94-107 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 47 LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1207 s 48 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 930 49 La Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences en matiegravere de santeacute publique depuis 1848 voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 926 Voir aussi ERWIN MURER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER

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sert de base agrave de nombreuses lois et ordonnances dont les principales sont la loi sur les denreacutees alimentaires 50 la loi sur les produits theacuterapeutiques51 la loi sur les stupeacutefiants52 la loi sur les produits chimiques53 ou encore la loi sur la seacutecuriteacute des produits54

vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain

Touchant directement le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo lrsquoart 119 Cst55 doit eacutegalement ecirctre mentionneacute Cette disposition traite de la protection de lrsquoecirctre humain contre les abus en matiegravere de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et de geacutenie geacuteneacutetique56 dans le domaine humain et limite ou interdit plusieurs activiteacutes dans le but de proteacuteger la digniteacute humaine la personnaliteacute et la famille57 Premiegraverement en application de lrsquoalineacutea 1 let a laquo [s]ont interdites les laquo interventions raquo (laquo Eingriffe raquo) dans le patrimoine geacuteneacutetique drsquoun gamegravete ou drsquoun embryon crsquoest-agrave-dire les opeacuterations qui modifient ce patrimoine et qui par conseacutequent peuvent influencer la descendance raquo58 Le clonage est aussi expresseacutement interdit Deuxiegravemement la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides interespegraveces59 est prohibeacutee60 Troisiegravemement la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee nrsquoest autoriseacute que lorsque la steacuteriliteacute ou le danger de transmission drsquoune grave maladie ne peuvent ecirctre eacutecarteacutes drsquoune autre maniegravere et non pour deacutevelopper chez lrsquoenfant certaines qualiteacutes ou pour faire de la recherche61 Cette disposition interdit donc expresseacutement lrsquoutilisation de meacutethodes de PMA afin de modifier les caracteacuteristiques drsquoun futur enfant

Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 967 s et surtout p 976 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 285 p 132 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 140 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 41 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 535 s ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht p 118 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII p 21 s 50 RS 8170 51 RS 81221 52 RS 812121 53 RS 8131 54 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 929 Voir aussi LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1209 s 55 Dans lrsquoancienne constitution voir art 24novies aCst 56 laquo Le laquo geacutenie geacuteneacutetique raquo (Gentechnologie) deacutesigne les proceacutedeacutes qui permettent drsquoanalyser de soigner voire de modifier des gegravenes notamment le support moleacuteculaire des caractegraveres heacutereacuteditaires drsquoun ecirctre vivant de mainegravere agrave identifier celui-ci voire agrave lrsquoinfluencer lui ou sa descendance raquo JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 936 Selon lrsquoart 2 let a LPMA la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee se deacutefinit comme les meacutethodes permettant drsquoinduire une grossesse en dehors de lrsquounion naturelle de lrsquohomme et de la femme en particulier lrsquoinseacutemination la feacutecondation in vitro avec transfert drsquoembryons et le transfert de gamegravetes Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 57 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 939 s Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 58 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 940 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 59 Notamment par la feacutecondation drsquoun ovule humain par un spermatozoiumlde humain et inversement JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 941 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 60 Art 119 al 1 let b Cst feacuted 61 Art 119 al 1 let c Cst feacuted Sur les meacutethodes de la PMA voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 942 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217

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viii)Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain

Enfin lrsquoart 120 Cst pose le principe de la protection de lrsquoecirctre humain et de son environnement contre les abus en matiegravere de geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain62 Il donne eacutegalement la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoutilisation du patrimoine germinal et geacuteneacutetique des animaux des veacutegeacutetaux et des autres organismes en suivant les principes suivants respect de lrsquointeacutegriteacute des organismes vivants de la seacutecuriteacute de lrsquoecirctre humain de lrsquoanimal et de lrsquoenvironnement et protection de la diversiteacute geacuteneacutetique des espegraveces animales et veacutegeacutetales

ix) Meacutedecine de la transplantation

Lrsquoart 119a Cst porte sur la meacutedecine de la transplantation et donne agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules Cette disposition pose les principes que la leacutegislation doit garantir la digniteacute humaine (en interdisant entre autres le commerce lucratif drsquoorganes et une reacutepartition discriminatoire des organes) proteacuteger la personnaliteacute (principalement du donneur) et la santeacute (du donneur et du receveur)63 Les textes leacutegaux fondeacutes sur cette disposition constitutionnelle sont eacutetudieacutes ci-dessous64

x) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement le 25 septembre 200965 sera soumis au peuple le 7 mars prochain Cette disposition pose les principes permettant de reacutealiser une recherche sur lrsquoecirctre humain et donne la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer dans ce domaine dans la mesure ougrave la protection de la digniteacute humaine et de la personnaliteacute lrsquoexige Les principes preacutevus sont les suivants66

a un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute que si la personne y participant ou la personne deacutesigneacutee par la loi a donneacute son consentement eacuteclaireacute la loi peut preacutevoir des exceptions un refus est contraignant dans tous les cas

b les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne doivent pas ecirctre disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute du projet

c un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute sur des personnes incapables de discernement que si des reacutesultats eacutequivalents ne peuvent ecirctre obtenus chez des personnes capables de discernement lorsque le projet de recherche ne permet pas drsquoescompter un beacuteneacutefice direct pour les personnes incapables de discernement les risques et les contraintes doivent ecirctre minimaux

d une expertise indeacutependante du projet de recherche doit avoir eacutetabli que la protection des personnes participant agrave ce projet est garantie

Sous le reacutegime de cet article constitutionnel les recherches impliquant des ecirctres humains visant un deacuteveloppement humain sont envisageables aux conditions mentionneacutees ci-dessus La lettre b retient particuliegraverement lrsquoattention La notion 62 Voir RAINER J SCHWEIZER com ad art 120 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1240 63 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 950 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARKUS SCHOTT com ad art 119a in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1230 s 64 Voir ci-dessous p 22 65 Arrecircteacute feacutedeacuteral relatif agrave un article constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain du 25 septembre 2009 66 Art 118b al 2 Cst

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drsquoutiliteacute du projet doit ecirctre preacuteciseacutee Selon le message lrsquoutiliteacute du projet consiste en le beacuteneacutefice escompteacute de la recherche envisageacutee Ce beacuteneacutefice peut ecirctre drsquoune part un beacuteneacutefice individuel du sujet par exemple pour sa santeacute et drsquoautre part un beacuteneacutefice pour des tiers pour la socieacuteteacute laquo Outre lrsquoutiliteacute pour la santeacute publique (p ex de meilleures possibiliteacutes de traitement pour les patients agrave venir) on peut penser agrave drsquoautres beacuteneacutefices pour la socieacuteteacute (p ex ameacutelioration de la qualiteacute de la vie deacutepassant le cadre de lrsquoutiliteacute pour la santeacute au sens strict) raquo67 Au vu de ces exemples donneacutes dans le message on peut se poser la question du beacuteneacutefice de recherches visant le deacuteveloppement humain En toute hypothegravese le principe geacuteneacuteral veut que les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne soient pas disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute de la recherche et aux beacuteneacutefices escompteacutes68 Pour esquisser des eacuteleacutements de reacuteponses agrave cette question il faut se pencher sur les nombreuses lois traitant de recherche sur lrsquoecirctre humain Citons la Loi sur les produits theacuterapeutiques lrsquoOrdonnance sur les essais cliniques la Loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee la Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires la Loi sur la transplantation les Lois sur la radioprotection et la protection des donneacutees69 et le projet de loi feacutedeacuterale sur la recherche sur lrsquoecirctre humain traiteacute ci-dessous70

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine

i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee

La loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee (LPMA) entreacutee en vigueur en 2001 regravegle les conditions de pratique de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee sur les ecirctres humains Elle assure la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la famille et interdit lrsquoapplication abusive de la biotechnologie et du geacutenie geacuteneacutetique Comme drsquoautres dispositions leacutegales71 et lrsquoart 119 Cst la LPMA interdit toute forme de seacutelection geacuteneacutetique ayant pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoenfant agrave naicirctre Lrsquoart 33 dispose que quiconque lors de lrsquoapplication drsquoune meacutethode de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee seacutelectionne les gamegravetes en fonction du sexe ou sur la base drsquoune analyse geacuteneacutetique dans un but autre que celui drsquoeacutecarter le risque de transmission drsquoune maladie grave et incurable aux descendants sera puni de lrsquoemprisonnement ou de lrsquoamende Lrsquoart 35 LPMA interdit de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire des cellules germinatives ou des cellules embryonnaires humaine drsquoutiliser de telles gamegravetes pour une impreacutegnation et drsquoutiliser pour le deacutevelopper jusqursquoau stade drsquoembryon un ovule impreacutegneacute ayant subi une telle modification72 Lrsquoart 36 preacutevoit encore une interdiction de creacuteer un clone un hybride ou une chimegravere et de transfeacuterer un embryon de chimegravere ou drsquohybride agrave une femme ou agrave un animal Quiconque commet une des actions interdite sera puni de lrsquoemprisonnement Selon le message la ratio legis de lrsquointerdiction des modifications du patrimoine germinal est que laquo nous ne sommes pas qualifieacutes pour deacuteterminer la nature des futurs ecirctres

67 Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 68 Voir Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 69 ASSM La recherche avec des ecirctres humains Meacutemento pour la pratique Bacircle 2009 p 13 70 Voir ci-dessous p 24 71 Voir loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain p 24 72 Selon le message le but de ces dispositions est drsquoempecirccher la conception programmeacutee drsquolaquo enfants ideacuteaux raquo de chimegraveres et drsquohybrides Le principe geacuteneacuteral est que toute seacutelection est exclue FF 1996 197 p 220 s et 275 ss

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humains cest-agrave-dire leurs capaciteacutes physiques et psychiques Cela reviendrait agrave donner agrave la geacuteneacuteration actuelle un pouvoir exclusif sur les geacuteneacuterations suivantes et agrave long terme agrave donner agrave des morts le pouvoir sur des vivants raquo73

ii) Analyse geacuteneacutetique humaine

La loi feacutedeacuterale sur lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine (LAGH) entreacutee en vigueur le 1er avril 2007 reacuteglemente lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques humaines74 dans le domaine de la meacutedecine du travail de lrsquoassurance et de la responsabiliteacute civile ainsi que lrsquoeacutetablissement de profils drsquoADN visant agrave deacuteterminer la filiation ou lrsquoidentiteacute drsquoune personne75 Elle a pour but de garantir la digniteacute humaine et la qualiteacute des analyses et de preacutevenir les analyses abusives et lrsquoutilisation abusive des donneacutees recueillies76 Pour cette eacutetude lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques dans la meacutedecine et le travail nous inteacuteressent plus particuliegraverement Sur les principes la loi preacutevoit que lrsquoanalyse geacuteneacutetique ne peut ecirctre effectueacutee qursquoagrave des fins meacutedicales et dans le respect du droit agrave lrsquoautodeacutetermination du patient77 Permettant de deacutetecter et diagnostiquer certaines maladies une analyse geacuteneacutetique peut ecirctre prescrite par un meacutedecin laquo que si elle reacutepond agrave un inteacuterecirct leacutegitime de celle-ci crsquoest-agrave-dire si lrsquoanalyse a un but prophylactique ou theacuterapeutique ou si elle permet drsquoeacutetablir un choix de vie ou un planning familial raquo78 Les analyses geacuteneacutetiques sont donc permises pour diagnostiquer une maladie parfois de faccedilon preacutecoce avant mecircme lrsquoapparition des premiers symptocircmes En particulier laquo une personne a le droit de savoir ou pas si elle est porteuse drsquoun gegravene deacutefectueux qui sera probablement agrave lrsquoorigine drsquoune maladie dans le futur mecircme srsquoil nrsquoexiste pas de mesure prophylactique raquo79 Par contre une analyse geacuteneacutetique ne sera pas autoriseacutee si elle a pour but de deacuteterminer une aptitude speacuteciale pour certains sports Certains preacutetendent qursquoune telle analyse est aujourdrsquohui techniquement possible A titre drsquoexemple la socieacuteteacute ameacutericaine Atlas Sport Genetics propose un test permettant drsquoanalyser le gegravene ACTN-3 qui srsquoapparenterait agrave un gegravene du sportif drsquoeacutelite80 et qui indiquerait une preacutedisposition agrave deacutevelopper des aptitudes biomotrices (vitesse endurance etc) supeacuterieures agrave la moyenne Ce test est vendu aux parents souhaitant connaicirctre les preacutedispositions geacuteneacutetiques de leurs enfants au sport de haut niveau81 Il convient drsquoembleacutee de souligner que la pertinence de ce test reste agrave deacutemontrer scientifiquement De plus la LAGH interdit dans tous les cas les analyses dans le but de deacuteterminer les preacutedispositions sportives des enfants au motif qursquoil nrsquoy a aucun laquo beacuteneacutefice direct au sens meacutedical pour la personne mineure incapable de discernement raquo8283 73 Message LPMA FF 1996 276 74 Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine est deacutefinie agrave lrsquoart 3 de la loi comme laquo les analyses cytogeacuteneacutetiques et moleacuteculaires effectueacutees sur lrsquoecirctre humain dans le but de deacuteterminer des caracteacuteristiques du patrimoine geacuteneacutetique heacutereacuteditaires ou acquises pendant la phase embryonnaire et toutes les autres analyses de laboratoire qui visent agrave obtenir de maniegravere directe ces mecircmes informations raquo les analyses cytogeacuteneacutetiques eacutetant laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer le nombre et la structure des chromosomes et les analyses moleacuteculaires laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer la structure moleacuteculaire des acides nucleacuteiques (ADN et ARN) ainsi que le produit direct du gegravene raquo 75 Art 1 LAGH 76 Art 2 LAGH 77 Art 10 al 1 LAGH 78 Message LAGH FF 2007 6841 p 6886 79 Message LAGH FF 2007 6841 p 6887 80 Voir agrave ce propos lrsquoarticle paru agrave ce sujet dans le New York Times du 30 novembre 2008 disponible agrave la page httpwwwnytimescom20081130sports30geneticshtml 81 wwwatlasgenecom 82 Message LAGH FF 2007 6841 p 6888

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Les analyses preacutenatales sont autoriseacutees pour deacutetecter chez lrsquoenfant agrave naicirctre des anomalies maladies et autres eacuteleacutements pouvant atteindre agrave sa santeacute A son art 11 la loi interdit de telles analyses visant agrave rechercher des caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus qui nrsquoinfluencent pas directement sa santeacute ou agrave deacuteterminer le sexe dans un but autre qursquoun diagnostic Le but de cette disposition est drsquointerdire la laquo seacutelection des embryons ou des fœtus selon le deacutesir des parents raquo84 Le but est ici drsquoeacuteviter que des parents puissent choisir des laquo beacutebeacutes agrave la carte raquo Lrsquoeacutevolution des techniques drsquoanalyse geacuteneacutetique de geacutenie geacuteneacutetique de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et des sciences biomeacutedicales en geacuteneacuteral permettent aujourdrsquohui et permettront toujours plus agrave lrsquoavenir drsquoenvisager non seulement la seacutelection mais encore la modification geacuteneacutetique des enfants agrave naicirctre donc des geacuteneacuterations futures Si lrsquoEtat ne prend plus aujourdrsquohui de mesures collectives agrave viseacutee eugeacuteniste85 une nouvelle forme drsquoeugeacutenisme priveacute libeacuteral volontaire ou positif selon les formules consacreacutees86 est concevable voire souhaiteacutee par certains87 Le leacutegislateur a reacuteglementeacute de faccedilon claire et reacutepeacuteteacutee le domaine de lrsquoutilisation des technologies geacuteneacutetiques appliqueacute agrave la seacutelection et agrave la modification libeacuterale drsquoenfants agrave naicirctre Dans la Constitution deacutejagrave dont lrsquoart 119 interdit lrsquoutilisation des meacutethodes de PMA pour modifier les caracteacuteristiques drsquoun enfant Dans les lois ensuite la LAGH prohibe la seacutelection de gamegravetes et drsquoembryons fondeacutee sur les preacutedispositions geacuteneacutetiques et la LPMA interdit toute modification volontaire du patrimoine geacuteneacutetique lors de procreacuteations meacutedicalement assisteacutees Le projet de LRH enfin deacuteclare illicites les projets de recherche visant agrave modifier des embryons ou fœtus sans rapport avec une maladie La volonteacute du leacutegislateur de ne pas permettre de modifications preacutenatales choisies a eacuteteacute affirmeacutee et confirmeacutee plusieurs fois de 199288 agrave 200989 Il paraicirct donc drsquoembleacutee exclu du moins agrave court et moyen termes que la leacutegislation soit reacuteviseacutee Au contraire les arguments invoqueacutes agrave reacuteiteacutereacutees reprises pour justifier la fermeteacute du Parlement agrave ce sujet relegravevent de valeurs fondamentales qui ne paraissent pas souffrir drsquoexceptions Il srsquoagit drsquoune barriegravere tregraves claire agrave lrsquoapplication de meacutethodes de deacuteveloppement humain artificiel dans ce domaine

83 Voir agrave ce sujet DOMINIQUE SPRUMONT La reacuteglementation des trousses drsquoanalyse geacuteneacutetique Lanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives Actes drsquoun colloque CHARLES JOYE (eacuted) Schulthess Zurich Bacircle et Genegraveve 2004 pp 71-88 84 Message LAGH FF 2007 6841 p 6889 85 Comme nous le savons il nrsquoen a pas toujours eacuteteacute ainsi En 1928 encore lrsquoEtat de Vaud mettait en place un reacutegime de steacuterilisation des malades mentaux et autorisait lrsquoavortement pour des motifs eugeacuteniques Voir GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 55 ss 67 et 85 Tout programme eacutetatique agrave viseacutees eugeacuteniques serait aujourdrsquohui contraire agrave la Constitution entre autre agrave ses articles 7 et 8 86 La liberteacute de choix reste relative dans lrsquoeugeacutenisme dit libeacuteral Si les mesures ne sont plus dicteacutees autoritairement par lrsquoEtat elles ne sont pas libres de fortes influences sociales et eacuteconomiques Nous ne pouvons qursquoabonder dans le sens de DUMOULIN pour qui laquo lrsquoeugeacutenisme nrsquoa pas cesseacute drsquoexister tout au plus a-t-il changeacute de forme raquo GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 87 87 Sur ces reacuteflexions voir parmi drsquoautres PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 et les reacutefeacuterences citeacutees 88 Date de lrsquoadoption de lrsquoart 24novies aCst Repris ensuite agrave lrsquoart 119 Cst Voir FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 935 89 Le projet de LRH dans sa version provisoire actuelle est dateacute du 21 octobre 2009

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Dans le domaine du travail la loi pose des conditions strictes quant agrave lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques Le principe fondamental qui a vocation agrave srsquoappliquer de faccedilon geacuteneacuterale et pas seulement dans le domaine du travail est que nul ne peut ecirctre discrimineacute en raison de son patrimoine geacuteneacutetique90 Ce principe pose la regravegle de lrsquointerdiction de lrsquousage drsquoinformations geacuteneacutetiques tant par lrsquoEtat que par les particuliers sauf dans les cas preacutevus par la loi91 Cette norme est une concreacutetisation du principe geacuteneacuteral poseacute agrave lrsquoart 8 al 2 Cst92 plus preacuteciseacutement de lrsquointerdiction des discriminations fondeacutees sur les deacuteficiences corporelles Pour PREVITALI laquo [l]e fait que la deacuteficience geacuteneacutetique repreacutesente une simple probabiliteacute qursquoune certaine maladie puisse se manifester un jour et que la deacuteficience ne soit deacutecelable sans recourir agrave des analyses approfondies nrsquoest pas un critegravere pertinent pour exclure les raisons geacuteneacutetiques du champ drsquoapplication de ce motif de discrimination raquo93 Plus avant la loi deacutetermine les conditions auxquelles un meacutedecin du travail peut prescrire une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique Le principe poseacute agrave lrsquoart 21 veut qursquoun employeur ou son meacutedecin ne puisse ni exiger une telle analyse ni exiger les reacutesultats drsquoune analyse preacuteexistante ni exiger une analyse geacuteneacutetique ayant pour but de deacuteterminer des caracteacuteristiques personnelles du travailleur qui nrsquoont pas de rapport avec sa santeacute Il existe toutefois des exceptions ougrave des analyses peuvent ecirctre effectueacutees dans le but de preacutevenir les maladies professionnelles ou les accidents Selon lrsquoart 22 les conditions cumulatives suivantes doivent alors ecirctre remplies

bull le poste est soumis aux dispositions sur la preacutevention dans le domaine de la meacutedecine du travail en vertu drsquoune deacutecision de la SUVA94 ou agrave drsquoautres dispositions feacutedeacuterales qui prescrivent une analyse meacutedicale pour eacutevaluer lrsquoaptitude de la personne concerneacutee agrave exercer lrsquoactiviteacute en question en raison des risques susceptibles de provoquer une maladie professionnelle une grave atteinte agrave lrsquoenvironnement ou des risques drsquoaccident grave ou drsquoatteinte grave agrave la santeacute de tiers

bull les mesures sur le lieu de travail au sens de lrsquoart 82 de la loi feacutedeacuterale du 20 mars 1981 sur lrsquoassurance-accidents ou drsquoautres dispositions leacutegales ne suffisent pas agrave eacutecarter ces risques

bull il est eacutetabli selon lrsquoeacutetat des connaissances scientifiques qursquoil existe un rapport de cause agrave effet entre une preacutedisposition geacuteneacutetique deacutetermineacutee et une maladie professionnelle un risque drsquoatteinte agrave lrsquoenvironnement ou un risque drsquoaccident ou drsquoatteinte agrave la santeacute de tiers

bull la Commission drsquoexperts pour lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine a confirmeacute le rapport de cause agrave effet selon la lettre preacuteceacutedente et reconnu la fiabiliteacute de la meacutethode drsquoanalyse permettant de deacutetecter la preacutedisposition

bull la personne concerneacutee a donneacute son consentement par eacutecrit

90 Art 4 LAGH 91 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 56 et les reacutefeacuterences citeacutees 92 Message LAGH FF 2002 6841 p 6876 Lrsquointerdiction de discriminer en raison du patrimoine geacuteneacutetique vise eacutegalement de faccedilon plus geacuteneacuterale la sauvegarde de la digniteacute humaine voir ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 52 s 93 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 51 94 Voir art 70 OPA

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Si une analyse est envisageable aux conditions susmentionneacutees dans le but de proteacuteger la santeacute du travailleur ou parce que le meacutetier en question exige une santeacute parfaite (p ex personnel navigant de lrsquoaeacuteronautique)95 rappelons cette analyse doit ecirctre consideacutereacutee comme une ultima ratio En effet le principe veut qursquoen preacutesence drsquoune activiteacute professionnelle potentiellement dangereuse lrsquoemployeur ne doit pas seacutelectionner ses employeacutes en fonction de leur reacutesistance ou de preacutedispositions particuliegraveres ou leur proposer des traitements leur permettant de srsquoadapter aux conditions de travail particuliegraveres (p ex la prescription drsquoampheacutetamines aux pilotes militaires ameacutericains) mais prioritairement adapter lrsquoenvironnement et les conditions de travail agrave la protection de la santeacute des personnes La deuxiegraveme condition de lrsquoart 22 LAGH le mentionne explicitement Il y a lagrave un frein explicite agrave toute forme de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo dans le domaine du travail qui ne reacutepondrait pas aux critegraveres susmentionneacutes qui concernent une atteinte moindre aux droits des travailleurs Cet eacuteleacutement devra tout particuliegraverement ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoeacutevaluation de projet de recherche dans ce domaine une laquo ameacutelioration raquo du travailleur par rapport agrave son environnement ne devrait pas ecirctre consideacutereacutee comme un veacuteritable beacuteneacutefice du point de vue de lrsquoeacutethique de la recherche si des mesures drsquoassainissement de cet environnement sont envisageables respectivement si les tacircches agrave accomplir peuvent ecirctre automatiseacutees On pense par exemple agrave la situation qui preacutevaut dans les centrales nucleacuteaires

iii) Meacutedecine de la transplantation

La loi feacutedeacuterale du 8 octobre 2004 sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules (loi sur la transplantation) fixe les conditions dans lesquelles des organes des tissus ou des cellules peuvent ecirctre utiliseacutes agrave des fins de transplantation Elle doit contribuer agrave ce que des organes des tissus et des cellules humains soient disponibles agrave des fins de transplantation et a eacutegalement pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoorganes de tissus ou de cellules notamment le commerce drsquoorganes lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de transplantation et drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute96 Le but fondamental de la loi est laquo drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de la transplantation raquo97 La loi sur la transplantation empecircche lrsquoutilisation de cette technique meacutedicale agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo par le biais des critegraveres permettant le preacutelegravevement et lrsquoattribution drsquoorganes Selon lrsquoart 12 de la loi le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes nrsquoest possible que si entre autres conditions le receveur ne peut pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode theacuterapeutique ayant une efficaciteacute comparable Le principe veut que les organes issus de dons effectueacutes par des personnes vivantes reviennent toujours agrave une personne deacutesigneacutee agrave lrsquoavance le plus souvent un proche98 Tout preacutelegravevement

95 Message LAGH FF 2002 6841 p 6904 96 Art 1 Loi sur la transplantation 97 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 129 98 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 145

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drsquoorgane sur une personne vivante agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est degraves lors exclu Concernant lrsquoattribution drsquoorganes preacuteleveacutes sur une personne deacuteceacutedeacutee plusieurs critegraveres srsquoappliquent dont celui de lrsquourgence meacutedicale de la transplantation et de lrsquoefficaciteacute de la transplantation drsquoun point de vue meacutedical99 La premiegravere condition veut que laquo les organes doivent ecirctre attribueacutes en premier lieu aux patients dont la santeacute est la plus gravement atteinte En lrsquooccurrence le seul eacuteleacutement deacuteterminant est la situation meacutedicale du patient raquo100 Au vu de la situation actuelle de peacutenurie drsquoorganes cette condition suffit agrave elle seule agrave empecirccher toute transplantation drsquoorgane agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo La deuxiegraveme condition mentionneacutee signifie qursquolaquo il y a lieu drsquoattribuer les organes aux patients auxquels la transplantation sera la plus profitable Lagrave encore seule lrsquoutiliteacute meacutedicale entre en consideacuteration Il ne saurait ecirctre question de prendre en compte lrsquoaspect laquoutiliteacute socialeraquo par exemple la laquovaleurraquo que revecirct une personne pour la socieacuteteacute ou encore pour drsquoautres patients lrsquoampleur et le niveau des responsabiliteacute qursquoils exercent raquo101 Lrsquoefficaciteacute meacutedicale se mesure en tenant compte la compatibiliteacute des groupes sanguins des groupes tissulaires et anatomiques existant entre lrsquoorgane et le receveur potentiel Enfin en application de lrsquoart 17 de la loi le principe de non-discrimination de lrsquoart 8 al 2 Cst srsquoapplique agrave lrsquoattribution drsquoorganes En conseacutequence laquo lrsquoorigine la race le sexe lrsquoacircge la langue la position sociale les convictions philosophiques ou religieuses une deacuteficience corporelle mentale ou psychique pas plus que lrsquoacircge ou la situation sociale ne sauraient ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoattribution drsquoorganes raquo102

iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires

La Loi feacutedeacuterale du 19 deacutecembre 2003 relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires (Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches LRCS) a pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoembryons surnumeacuteraires et de cellules souches embryonnaires et de proteacuteger la digniteacute humaine Pour ce faire elle fixe les conditions reacutegissant la production de cellules souches embryonnaires humaines agrave partir drsquoembryons humains surnumeacuteraires et lrsquoutilisation de ces cellules agrave des fins de recherche103 La LRCS prohibe diverses pratiques Lrsquoart 3 interdit en particulier

a de produire un embryon agrave des fins de recherche (art 29 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches agrave partir drsquoun tel embryon ou drsquoutiliser de telles cellules b de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire de cellules germinatives (art 35 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de

99 Art 18 Loi sur la transplantation 100 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 101 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 147 102 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 103 Art 1 LRCS

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produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun embryon dont le patrimoine germinal a eacuteteacute modifieacute ou drsquoutiliser de telles cellules c de creacuteer un clone une chimegravere ou un hybride (art 36 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun clone drsquoune chimegravere ou drsquoun hybride ou drsquoutiliser de telles cellules d de deacutevelopper un partheacutenote de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun partheacutenote ou drsquoutiliser de telles cellules e drsquoimporter ou drsquoexporter un embryon au sens des let a ou b un clone une chimegravere un hybride ou un partheacutenote

Un projet de recherche utilisant des cellules souches embryonnaires ne peut ecirctre meneacute que si la commission drsquoeacutethique compeacutetente a donneacute un avis favorable et aux conditions suivantes

a le projet a pour but drsquoobtenir des connaissances essentielles 1 visant agrave constater traiter ou preacutevenir des maladies humaines graves ou 2 portant sur la biologie du deacuteveloppement de lrsquoecirctre humain

b des connaissances drsquoeacutegale valeur ne peuvent ecirctre obtenues drsquoaucune autre maniegravere c le projet satisfait aux exigences de qualiteacute scientifiques d le projet est acceptable au plan eacutethique

Il srsquoavegravere ainsi que lrsquoexigence de lrsquoarticle 12 lit a ch 1 preacuteciteacute eacutecarte ou du moins rend particuliegraverement difficile la possibiliteacute drsquoutiliser des cellules souches embryonnaires pour faire de la recherche agrave des fins de deacuteveloppement humain artificiel

v) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement et prochainement soumis au peuple et aux cantons attribue agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la recherche sur lrsquoecirctre humain Le Conseil feacutedeacuteral a alors approuveacute et transmis agrave lrsquoassembleacutee feacutedeacuterale un projet de loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain (abreacutegeacute LRH) et le message y relatif104 Ce projet de loi vise agrave proteacuteger la digniteacute la personnaliteacute et la santeacute de lrsquoecirctre humain dans la recherche105 Il eacutetablit plusieurs regravegles geacuteneacuterales applicables agrave drsquoeacuteventuelles recherches visant le deacuteveloppement et lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain Mentionnons drsquoembleacutee que les projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus sans rapport avec une maladie sont illicites106 Cette regravegle est un simple rappel de la norme constitutionnelle poseacutee agrave lrsquoart 119 Cst107 Le message dans le commentaire de lrsquoart 24 du projet de loi tranche clairement la question de la pertinence et de lrsquoutiliteacute de recherches visant lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain par des modifications geacuteneacutetiques de fœtus ou drsquoembryons laquo La reacutealisation drsquoun projet de recherche qui a pour but de modifier les caracteacuteristiques du fœtus sans rapport avec une maladie est interdite en vertu de la 104 Les analyses ci-dessous sont fondeacutees sur les versions provisoires du projet et du message du 21 octobre 2009 105 Art 1 al 1 LRH 106 Art 24 LRH 107 Voir ci-dessus p 15

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preacutesente disposition Sont prohibeacutes drsquoune part les projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain Il srsquoagit ici de projets qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement Ces tentatives font depuis quelque temps lrsquoobjet de discussion sous la deacutesignation laquohuman enhancementraquo (meacutedecine meacuteliorative) Sont prohibeacutes drsquoautre part les projets de recherche ayant pour finaliteacute de modifier ou drsquoameacuteliorer des caracteacuteristiques humaines sans rapport direct avec la santeacute de la personne p ex lrsquoorientation sexuelle certains traits de caractegravere ou des particulariteacutes physiques comme la couleur des yeux Seuls sont autoriseacutes les projets de recherche qui ont pour but de traiter des maladies ou drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie en cas drsquoinfirmiteacute ou de malformations La liceacuteiteacute drsquoun projet de recherche doit ecirctre examineacutee concregravetement au cas par cas raquo108 De faccedilon geacuteneacuterale lrsquoart 5 pose le principe que la recherche sur lrsquoecirctre humain peut ecirctre pratiqueacutee uniquement si sa pertinence est eacutetablie pour la science ainsi que pour la compreacutehension des maladies humaines pour la compreacutehension de la structure et du fonctionnement du corps humain ou pour la santeacute publique Cette disposition reprend la regravegle consacreacutee par la Convention sur les droits de lrsquoHomme et la Biomeacutedecine du Conseil de lrsquoEurope109 et dans la leacutegislation suisse actuelle Il est particuliegraverement douteux que des projets de recherche visant uniquement une ameacutelioration de lrsquoecirctre humain remplissent cette condition Drsquoailleurs le message preacutecise que laquo [n]e seraient ainsi p ex pas autoriseacutes les projets de recherche visant agrave restreindre la libre opinion des personnes de maniegravere cibleacutee raquo110 En toute logique on peut deacuteduire de cet exemple que ce critegravere de pertinence exclu a priori la recherche en vue de modifications de la morale de personnes deacutetermineacutees Enfin mentionnons qursquoune autorisation de la commission drsquoeacutethique du canton dans lequel la recherche est proposeacutee est obligatoire pour la reacutealisation drsquoun projet de recherche Lrsquoautorisation est accordeacutee si les exigences eacutethiques juridiques et scientifiques de la loi sont remplies111 En autres eacuteleacutements de base que la CER devra eacutevaluer il srsquoagit de srsquoassurer que le principe de la primauteacute des inteacuterecircts de la personne sur les inteacuterecircts de la science et de la socieacuteteacute est bien respecteacute Proposer une recherche en matiegravere de dopage pourrait ainsi drsquoembleacutee en contradiction avec cette exigence agrave moins de deacutemontrer que la personne concerneacutee va effectivement beacuteneacuteficier de cette recherche sans risque drsquoinstrumentalisation Les arguments eacutevoqueacutees plus haut en matiegravere drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine en droit du travail gardent ici toute leur pertinence

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions

i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)

Les professions de meacutedecin dentiste pharmacien et chiropraticien sont reacuteglementeacutees par le droit feacutedeacuteral en vertu de lrsquoattribution de compeacutetence de lrsquoart 95

108 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 109 Voir lrsquoart 4 de la Convention httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml164htm et surtout le Protocole additionnel agrave la Convention sur les Droits de lHomme et la biomeacutedecine relatif agrave la recherche biomeacutedicale httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml195htm 110 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 54 111 Art 44 agrave 46 LRH

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Cst feacuted112 qui permet agrave la confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoexercice des activiteacutes eacuteconomiques lucratives priveacutees Ces professions sont reacuteglementeacutees par la loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) qui fixe les conditions de formation permettant drsquoacceacuteder agrave ces professions et les regravegles drsquoexercice des professions meacutedicales universitaires Lrsquoart 4 LPMeacuted pose les objectifs de la formation universitaire En substance il srsquoagit de srsquoassurer que les professionnels concerneacutes seront en mesure de preacutevenir diagnostiquer et gueacuterir les troubles de la santeacute soulager les souffrances promouvoir la santeacute et fabriquer remettre ou distribuer des meacutedicaments En font eacutegalement partie le fait de pouvoir prodiguer aux patients des soins individuels complets et de qualiteacute (let a) de traiter les problegravemes en recourant agrave des meacutethodes reconnues scientifiquement en prenant en consideacuteration les aspects eacutethiques et eacuteconomiques (let b) et drsquoassumer leurs responsabiliteacutes dans le domaine de la santeacute et au sein de la collectiviteacute de maniegravere conforme aux speacutecificiteacutes de leur profession (let d) De faccedilon geacuteneacuterale en plus des soins et theacuterapies laquo [s]ie muumlssen aber auch die Faumlhigkeit haben aufzuzeigen wie Menschen und Tiere nicht nur die Krankheit verhindern sondern vor allem ihre Gesundheit foumlrdern und staumlrken koumlnnen raquo113 Les art 6 et 7 mentionnent les compeacutetences geacuteneacuterales que doivent posseacuteder les personnes ayant termineacute les filiegraveres drsquoeacutetude concerneacutees Citons les eacuteleacutements suivants de lrsquoart 6 al 1 LPMeacuted disposer des bases scientifiques neacutecessaires pour prendre des mesures preacuteventives diagnostiques theacuterapeutiques palliatives et de reacutehabilitation (let a) savoir reconnaicirctre et eacutevaluer les facteurs de maintien de la santeacute et en tenir compte dans leur activiteacute professionnelle (let c) ecirctre capables de deacuteterminer si les prestations qursquoils fournissent sont efficaces adeacutequates et eacuteconomiques et savoir se comporter en conseacutequence (let h) Lrsquoart 8 LPMeacuted pose les objectifs speacutecifiques de formation que doivent atteindre les personnes ayant termineacute leurs eacutetudes de meacutedecine humaine de meacutedecine dentaire ou de chiropratique Parmi ceux-ci on peut citer le fait drsquoecirctre capables de prescrire les meacutedicaments de faccedilon professionnelle respectueuse de lrsquoenvironnement et eacuteconomique (let c) drsquoœuvrer en faveur de la santeacute humaine en donnant des conseils et en prenant les mesures de preacutevention et de promotion neacutecessaires dans leur champ drsquoactiviteacute professionnel (let h) et de respecter la digniteacute et lrsquoautonomie des personnes concerneacutees connaicirctre les principes de base de lrsquoeacutethique ecirctre familiariseacutees avec les diffeacuterents problegravemes eacutethiques qui se posent dans leur profession et se laisser guider dans leurs activiteacutes professionnelle et scientifique par des principes eacutethiques visant le bien des ecirctres humains (let i) Lrsquoart 40 LPMeacuted deacutefinit les devoirs professionnels que doivent observer les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant Ces devoirs sont les suivants

a exercer leur activiteacute avec soin et conscience professionnelle et respecter les limites des compeacutetences qursquoelles ont acquises dans le cadre de leur formation universitaire de leur formation postgrade et de leur formation continue

112 Voir eacutegalement les art 63a et 118 Cst feacuted 113 THOMAS FLEINER com ad art 4 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire p 101

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b approfondir deacutevelopper et ameacuteliorer leurs connaissances aptitudes et capaciteacutes professionnelles par une formation continue c garantir les droits du patient d srsquoabstenir de toute publiciteacute qui nrsquoest pas objective et qui ne reacutepond pas agrave lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral cette publiciteacute ne doit en outre ni induire en erreur ni importuner e deacutefendre dans leur collaboration avec drsquoautres professions de la santeacute exclusivement les inteacuterecircts des patients indeacutependamment des avantages financiers f observer le secret professionnel conformeacutement aux dispositions applicables

g precircter assistance en cas drsquourgence et participer aux services drsquourgence conformeacutement aux dispositions cantonales

h conclure une assurance responsabiliteacute civile professionnelle offrant une couverture adapteacutee agrave la nature et agrave lrsquoeacutetendue des risques lieacutes agrave leur activiteacute ou fournir des sucircreteacutes eacutequivalentes

Les devoirs professionnels114 de la LPMeacuted concreacutetisent le but de la loi en garantissant la qualiteacute des soins meacutedicaux par le biais drsquoune surveillance effective des professionnels viseacutes Ce rapide survol des compeacutetences reconnues aux meacutedecins ainsi que des responsabiliteacutes qui sont les leur met en lumiegravere lrsquoimportance de respecter drsquoune part les regravegles de lrsquoart agrave savoir les laquoprincipes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo (ATF 108 II 5961) et drsquoautre part les droits et la digniteacute des patients Afin drsquoappreacutecier la reacuteception de nouvelles pratiques de deacuteveloppement humain artificiel dans la meacutedecine il convient donc drsquoeacutevaluer si ces pratiques peuvent ecirctre consideacutereacutees comme conforme aux regravegles de lrsquoart Cette question relegraveve principalement des compeacutetences et de lrsquoeacutethique professionnelles On notera qursquoun meacutedecin qui srsquoeacutecarte des regravegles de lrsquoart peut ecirctre tenu pour responsable vis-agrave-vis du patient indeacutependamment du consentement de ce dernier En effet le consentement est certes le motif justificatif par excellence de la violation des droits de la personnaliteacute qursquoimplique tout acte meacutedical et partant absolument neacutecessaire Il ne srsquoagit cependant pas drsquoune condition suffisante Encore faut-il que ce agrave quoi consent le patient soit admissible sous lrsquoangle de lrsquoart 27 al 2 CC autrement dit nrsquoest pas contraire aux mœurs ou agrave lrsquoordre juridique notions qui recoupent partiellement celle de laquo regravegles de lrsquoart raquo La question ne peut se reacutesoudre que dans un cas concret A priori il existe cependant quelques reacuteticences agrave inclure ces nouvelles pratiques dans lrsquoeacutethos professionnel Le meacutedecin concerneacute se trouve ainsi agrave assumer un lourd 114 Selon SPRUMONT ET AL les devoirs professionnels laquo sont des normes de comportement devant ecirctre suivies par toutes les personnes exerccedilant une mecircme profession raquo DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 385

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fardeau de la preuve par laquelle il devrait deacutemontrer la pertinence de son acte sous lrsquoangle tant meacutedico-scientifique que eacutethique Nous reviendrons sur cette question dans la section sur les produits theacuterapeutiques On ne peut toutefois ignorer la tendance geacuteneacuterale vers les pratiques de bien-ecirctre ou laquo wellness raquo comme cela se dit souvent Ce mouvement nrsquoest pas limiteacute au seul domaine meacutedical Drsquoautres professionnels de la santeacute eacutelargissent aujourdrsquohui leur champ drsquointervention dans des domaines qui ne relegravevent pas strictement du theacuterapeutique ou du prophylactique On peut mentionner eacutegalement les professions lieacutees agrave lrsquoestheacutetique agrave la cosmeacutetique ou encore les tatoueurs ou les perceurs Les personnes pratiquant ces professions doivent toutefois respecter lrsquoOrdonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur les objets destineacutes agrave entrer en contact avec les muqueuses la peau ou le systegraveme pileux et capillaire et sur les bougies les allumettes les briquets et les articles de farces et attrapes115 Cette ordonnance preacutevoit des regravegles sur les mateacuteriaux et colorants utiliseacutes116 lrsquoobligation pour ces professionnels de prendre toutes les preacutecautions raisonnablement neacutecessaires afin de preacutevenir la transmission de toute infection dont fait partie lrsquoobligation drsquoutiliser du mateacuteriel steacuterile117 Le but de ces mesures est avant tout la protection de la santeacute des consommateurs Un autre point important meacuterite drsquoecirctre releveacute ces professions sont expresseacutement exclues de la liste des professions de la santeacute usuellement soumises agrave autorisation de pratique en droit cantonal sans parler des professions de la santeacute qui relegravevent du droit feacutedeacuteral (professions meacutedicales universitaires psychologues etc) Il ne srsquoagit donc pas de tomber dans la confusion lorsque des professionnels de la santeacute stricto sensu envahissent le champ de lrsquoestheacutetisme et de la cosmeacutetique Cela ne signifie pas neacutecessairement un changement de nature dans ces activiteacutes qui acquerraient ainsi un statut meacutedico-scientifique Comme pour les meacutedecins compleacutementaires dans les cantons romands il srsquoagit plutocirct drsquoune forme de toleacuterance de ces pratiques par les autoriteacutes tant que la santeacute publique est preacuteserveacutee et qursquoil nrsquoy a pas de confusion pour les patients entre ce qui se rapporte aux soins et ce qui relegraveve plutocirct du bien-ecirctre On notera que la deacuterive des professionnels de la santeacute dans des activiteacutes ougrave le marcheacute est en forte croissance soulegraveve un problegraveme reacuteel dans la situation actuelle de quasi peacutenurie de professionnels qualifieacutes Alors que le nombre de meacutedecins ou drsquoinfirmiers formeacutes en Suisse reste insuffisant pour maintenir une couverture des soins de lrsquoensemble de la population le fait que de nombreux professionnels abandonnent leurs activiteacutes de base pour se consacrer agrave des tacircches qui nrsquoentrent ni dans les soins ni dans la preacutevention est tregraves preacuteoccupant118 On voit drsquoailleurs ici toute lrsquoimportance de tracer une limite preacutecise entre preacutevention et deacuteveloppement humain artificiel La premiegravere relegraveve clairement aujourdrsquohui du systegraveme de santeacute alors que le second ne semble pas y appartenir

115 OFFICE FEDERAL DE LA SANTE PUBLIQUE OFSP Uniteacute de direction Protection des consommateurs Fiche drsquoinformation Tatouages et piercings comment ne pas risquer sa peau mai 2009 p 3 116 Lrsquoart 5 al 2 de lrsquoordonnance preacutevoit que les couleurs de tatouage et les couleurs de maquillage permanent ne doivent pas mettre en danger la santeacute du consommateur 117 Art 2 agrave 8 de lrsquoOrdonnance 118 Voir lrsquoarticle agrave paraicirctre de PETER SUTER preacutesident de lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales dans les actes de la 16egraveme journeacutee de droit de la santeacute octobre 2009 Neuchacirctel

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d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires

i) Seacutecuriteacute des produits

La nouvelle loi sur la seacutecuriteacute des produits du 12 juin 2009 (LSPro) remplace et abroge119 la loi feacutedeacuterale du 19 mars 1976 sur la seacutecuriteacute drsquoinstallations et drsquoappareils techniques (LSIT) Elle vise agrave assurer la seacutecuriteacute des produits mis sur le marcheacute120 en geacuteneacuteral (un produit au sens de cette loi eacutetant tout bien meuble precirct agrave lrsquoemploi mecircme srsquoil est incorporeacute agrave un autre bien meuble ou immeuble) dans la mesure ougrave le droit feacutedeacuteral ne contient pas drsquoautres dispositions visant le mecircme but Elle srsquoapplique donc de faccedilon subsidiaire aux autres lois sectorielles reacuteglementant des cateacutegories de produits particuliegraveres121 A titre drsquoexemple mentionnons que les produits chimiques theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires ainsi que les objets usuels sont soumis agrave des reacuteglementations speacuteciales La LSPro pose les principes suivants

bull Peuvent ecirctre mis sur le marcheacute les produits qui preacutesentent un risque nul ou minime pour la santeacute ou la seacutecuriteacute des utilisateurs ou de tiers lorsqursquoils sont utiliseacutes dans des conditions normales ou raisonnablement preacutevisibles122

bull Lrsquoeacutetiquetage lrsquoemballage les instructions drsquoassemblage drsquoinstallation et drsquoentretien les mises en garde et consignes de seacutecuriteacute les instructions concernant lrsquoutilisation et lrsquoeacutelimination et toute autre instruction et information relatifs agrave un produit doivent ecirctre adapteacutes au risque speacutecifique lieacute audit produit123

bull La mise sur le marcheacute drsquoun produit nrsquoest pas soumise agrave une autorisation administrative mais agrave des controcircles ougrave le responsable de la mise sur le marcheacute doit apporter la preuve que le produit respecte les exigences en matiegravere de seacutecuriteacute et de santeacute124

bull Le responsable de la mise sur le marcheacute doit adopter des mesures pour ecirctre informeacute et preacutevenir les risques que peuvent preacutesenter un produit et en garantir la traccedilabiliteacute

Ces regravegles geacuteneacuterales doivent ecirctre respecteacutees pour la mise sur le marcheacute suisse de tout produit nrsquoeacutetant pas soumis agrave des regravegles speacuteciales plus strictes Concernant le deacuteveloppement humain elles ont donc vocation agrave srsquoappliquer agrave tout produit (au sens de bien meuble mentionneacute ci-dessus) nrsquoeacutetant pas soumis agrave une loi speacuteciale La plupart des produits et substances utilisables dans un but de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont soumis agrave des regravegles plus strictes en particulier la loi sur les produits theacuterapeutiques et la loi sur les denreacutees alimentaires

119 Art 20 LSPro 120 Lrsquoart 2 al 3 LSPro contient une deacutefinition tregraves large de la mise sur la marcheacute qui comprend toute remise drsquoun produit agrave titre oneacutereux ou gratuit que ce produit soit neuf drsquooccasion reconditionneacute ou profondeacutement modifieacute ainsi que lrsquousage en propre drsquoun produit agrave des fins commerciales ou professionnelles lrsquoutilisation drsquoun produit dans le cadre drsquoune prestation de services la mise agrave la disposition de tiers drsquoun produit et lrsquooffre drsquoun produit 121 Message LSPro FF 2008 6771 p 6791 122 Art 3 al 1 LSPro 123 Art 3 al 4 LSPro 124 Art 5 LSPro Voir Message LSPro FF 2008 6771 p 6803 s

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ii) Meacutedicaments

La loi sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux (loi sur les produits theacuterapeutiques LPTh) a pour but en geacuteneacuteral de proteacuteger la santeacute de lrsquoecirctre humain et des animaux et vise agrave garantir la mise sur le marcheacute de produits theacuterapeutiques de qualiteacute sucircrs et efficaces En particulier elle vise agrave ce que les produits theacuterapeutiques mis sur le marcheacute soient utiliseacutes conformeacutement agrave leur destination et avec modeacuteration125 Lrsquoart 4 LPTh deacutefinit les meacutedicaments comme laquo les produits drsquoorigine chimique ou biologique destineacutes agrave agir meacutedicalement sur lrsquoorganisme humain ou animal ou preacutesenteacutes comme tels et servant notamment agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps le sang et les produits sanguins sont consideacutereacutes comme des meacutedicaments raquo Pour accomplir les buts de la loi la LPTh eacutetablit un reacutegime drsquoautorisations La fabrication la mise sur le marcheacute suisse lrsquoimportation lrsquoexportation la vente en gros et de deacutetails de meacutedicaments ne sont possible que si lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (Swissmedic)126 a deacutelivreacute une autorisation drsquoexploitation agrave lrsquoentreprise requeacuterante Pour qursquoune autorisation de mise sur le marcheacute soit deacutelivreacutee le requeacuterant doit a apporter la preuve que le meacutedicament ou le proceacutedeacute est de qualiteacute sucircr et efficace b ecirctre titulaire drsquoune autorisation de fabriquer drsquoimporter ou de faire le commerce de gros deacutelivreacutee par lrsquoautoriteacute compeacutetente c avoir son domicile ou son siegravege social en Suisse ou y avoir fondeacute une filiale Notons que les art 23 ss de la LPTh classent les meacutedicaments dans cinq listes diffeacuterentes (A) les meacutedicaments sous ordonnance non-renouvelable vendus en pharmacie (B) les meacutedicaments sous ordonnance vendus en pharmacien (C) les meacutedicaments vendus en pharmacies (D) les meacutedicaments vendus en drogueries et (E) les meacutedicaments en vente libre La diffeacuterence entre les meacutedicaments en vente libre et ceux vendus sans ordonnance est que ces derniers ne peuvent ecirctre remis agrave un consommateur que par un professionnel formeacute et autoriseacute agrave vendre des meacutedicaments au deacutetail agrave savoir en principe un pharmacien ou un droguiste pour ceux de la liste D127 Les regravegles de base eacutetant poseacutees plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre deacuteveloppeacutes en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo

Selon le Tribunal feacutedeacuteral laquo [u]n meacutedicament ne sera pas autoriseacute sil ressort du dossier quil preacutesente un rapport beacuteneacutefice-risque neacutegatif lors de lusage auquel il est 125 Art 1 LPTh 126 Lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (swissmedic) est lrsquoautoriteacute suisse de controcircle et drsquoautorisation des produits theacuterapeutiques voir wwwswissmedicch 127 Art 24 et 30 LPTh

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destineacute sil na pas lefficaciteacute theacuterapeutique voulue ou si celle-ci nest pas suffisamment prouveacutee ou encore si sa composition ne correspond pas agrave celle qui est indiqueacutee (message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux du 1er mars 1999 FF 1999 3151 ss 3193) raquo128 Dans le mecircme arrecirct il est encore mentionneacute ce qui suit laquo Il ressort du systegraveme dautorisation de mise sur le marcheacute dun meacutedicament que ladmission de celui-ci se rapporte toujours agrave des indications meacutedicales preacutecises Lexigence dun lien entre le meacutedicament et une application concregravete et deacutetermineacutee de celui-ci est inheacuterente au systegraveme de lautorisation puisquun meacutedicament est par deacutefinition destineacute agrave agir meacutedicalement sur lorganisme humain et sert agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps (art 4 al 1 let a LPTh) En plus de la qualiteacute du meacutedicament une autre des conditions de lautorisation est lefficaciteacute du produit theacuterapeutique (art 10 al 1 let a LPTh) soit sa capaciteacute agrave atteindre le reacutesultat theacuterapeutique viseacute par rapport agrave une maladie deacutetermineacutee La mise sur le marcheacute dun meacutedicament nest donc autoriseacutee quen relation avec les maladies pour le diagnostic la preacutevention ou le traitement desquelles le requeacuterant a apporteacute la preuve que le meacutedicament eacutetait efficace Si le requeacuterant entend par la suite eacutetendre le champ dapplication du meacutedicament au beacuteneacutefice dune autorisation agrave dautres indications il doit en faire la demande Les indications pour lesquelles le meacutedicament a eacuteteacute autoriseacute sont mentionneacutees dans la notice destineacutee aux professions meacutedicales et approuveacutee par Swissmedic Elles font eacutegalement lobjet du preacuteavis deacutelivreacute par Swissmedic preacutecisant lautorisation que cet institut entend donner ainsi que les indications et les dosages qui seront autoriseacutes La notice et le preacuteavis font partie des documents qui doivent par la suite ecirctre preacutesenteacutes agrave lOFAS avec la demande dadmission du meacutedicament dans la liste des speacutecialiteacutes (art 30a al 1 let a et b OPAS) raquo129 On peut deacuteduire de cet arrecirct et drsquoautres plus reacutecents130 qursquoune mise sur le marcheacute de meacutedicaments dans un but autre que theacuterapeutique (p ex de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo) devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic Un meacutedicament devant servir agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps ne peut ecirctre autoriseacute qursquoen relation avec une atteinte agrave la santeacute Le message concernant la LPTh conforte cette interpreacutetation pour plusieurs raisons Premiegraverement elle vise agrave restreindre lrsquoutilisation agrave des fins de dopage131 deuxiegravemement un meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute srsquoil preacutesente un rapport beacuteneacutefice risque neacutegatif Un produit ayant pour but une ameacutelioration cognitive physique ou autre preacutesente un beacuteneacutefice contestable concernant la santeacute srsquoil nrsquoa pas drsquoutiliteacute theacuterapeutique srsquoil preacutesente en plus des risques sa mise sur le marcheacute doit ecirctre refuseacutee Etant donneacute que la plupart des substances pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo pour des personnes en santeacute ont des fonctions theacuterapeutiques pour les personnes atteintes de maladies le critegravere de la mise sur le marcheacute est selon nous moins pertinent pour deacuteterminer les limites leacutegales des possibiliteacutes de deacuteveloppement humain artificiel que celui de lrsquousage hors eacutetiquette traiteacute ci-dessous

128 Tribunal feacutedeacuteral des assurances K10303 Arrecirct du 14 septembre 2004 et ATF 130 (2004) V p 532-546 p 537 129 ATF 130 (2004) V p 532-546 p 538 130 Notamment ATF 134 V 83 131 V 349 et 133 V 239 131 Message LPTh FF 1999 3151 p 3171

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(2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance Selon lrsquoart 26 LPTh Les regravegles reconnues des sciences pharmaceutiques et meacutedicales doivent ecirctre respecteacutees lors de la prescription et de la remise de meacutedicaments Le Message LPTh explique qursquolaquo [i]mplicitement cette prescription interdit la prescription et la remise abusives de meacutedicaments raquo132 Si une prescription abusive est interdite les meacutedecins disposent de la liberteacute theacuterapeutique en drsquoautres termes du libre choix de la theacuterapie agrave utiliser dans une situation donneacutee Lorsqursquoun meacutedicament est autoriseacute par Swissmedic lrsquoautorisation est accompagneacutee drsquoune laquo information professionnelle raquo133 contenant les indications et la posologie On parle alors drsquousage hors eacutetiquette en cas de prescription drsquoun meacutedicament par un meacutedecin deacuterogeant agrave cette information professionnelle autrement dit en cas drsquolaquo Einsatz eines Arzneimittels ausserhalb der registrierten Indikation in anderer Dosierung oder bei anderen Patientengruppen (off label) raquo134 En geacuteneacuteral la prescription hors eacutetiquette est admise et fait partie de la liberteacute theacuterapeutique du meacutedecin Elle est mecircme courante dans certaines disciplines comme la peacutediatrie la gyneacutecologie lrsquooncologie ou la geacuteriatrie135 Le deacuteveloppement de cette pratique est ducirc agrave plusieurs facteurs dont le fait que des meacutedicaments nrsquoont pas eacuteteacute autoriseacutee ni testeacutes sur des groupes de patients donneacutes et le fait que dans divers cas lrsquoinformation professionnelle est deacutepasseacutee et que lrsquoindustrie pharmaceutique ne la fait pas enregistrer pour les nouvelles applications scientifiquement attesteacutees136 Parallegravelement agrave lrsquolaquo usage hors eacutetiquette (off label use) raquo on parle de laquo unlicensed use raquo lorsqursquoun meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute en Suisse laquo Dans ce cas le meacutedecin peut prescrire un meacutedicament sans autorisation particuliegravere pour autant que celui-ci ait eacuteteacute admis par un pays dont lrsquoautorisation est reconnue comme eacutequivalente agrave celles deacutelivreacutees en Suisse (pex UE ou USA) Si tel nrsquoest pas le cas le meacutedecin doit obtenir une autorisation speacuteciale de Swissmedic Pour pouvoir importer un tel meacutedicament le meacutedecin ou lrsquohocircpital aura en outre besoin drsquoune autorisation du canton raquo137 Le corollaire de lrsquoadmission de lrsquousage non autoriseacute et de lrsquousage hors eacutetiquette se trouve dans la responsabiliteacute du meacutedecin La responsabiliteacute civile des meacutedecins indeacutependants comme de toutes les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant est fondeacutee sur le

132 Message LPTh FF 1999 3178 p 3209 133 Art 13 et annexe 4 Ordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les exigences relatives agrave lrsquoautorisation de mise sur le marcheacute des meacutedicaments 134 Mitteilung Arzneimittelpolitik FMH in Bulletin des meacutedecins suisses 2004 85 Nr 28 1485 Pour AYER laquo le meacutedicament qui figure dans la liste des speacutecialiteacutes mais qui est utiliseacute pour des indications qui ne figurent pas dans lrsquoautorisation de Swissmedic est qualifieacute de laquo hors eacutetiquette raquo raquo ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 135 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 18 ss 136 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 19 s 137 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20

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code des obligations plus preacuteciseacutement sur le contrat de mandat138 Pour que la responsabiliteacute contractuelle du meacutedecin soit engageacutee il faut donc une violation du contrat impliquant une faute ou une neacutegligence et un rapport de causaliteacute entre la violation du contrat et le dommage pour que le dommage subi par le patient soit imputeacute au meacutedecin En matiegravere meacutedicale la violation du contrat se traduit par une violation du devoir de diligence du meacutedecin crsquoest-agrave-dire une violation des regravegles de lrsquoart Les regravegles de lrsquoart se deacutefinissent comme laquo les principes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo139 En conseacutequence une faute de diagnostic ou de traitement peut geacuteneacuterer la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin si elle constitue une inobservation drsquoune des regravegles de lrsquoart140 En cas de prescription hors eacutetiquette le meacutedecin est responsable de la deacuterogation En cas de complication il doit donc pouvoir justifier que lrsquoutilisation faite du meacutedicament correspondait agrave lrsquoeacutetat actuel de la science141 La responsabiliteacute peacutenale du meacutedecin en cas drsquousage non conforme drsquoun meacutedicament par exemple est donneacutee lorsqursquoil reacutealise une infraction en geacuteneacuteral une infraction contre la vie ou lrsquointeacutegriteacute corporelle Le TF a eu lrsquooccasion de trancher cette question dans deux arrecircts reacutecents142 Le premier concerne un oncologue bacirclois ayant traiteacute des patients avec un meacutedicament non autoriseacute par Swissmedic143 Ce praticien expeacuterimenteacute administrait agrave ses patients les plus atteints du laquo Lipoteichonsaumlure (LTA) raquo Les autoriteacutes bacircloises lui ont alors interdit lrsquousage de cette substance Sur demande de certains patients le praticien a eacuteteacute autoriseacute agrave des conditions strictes agrave utiliser ce meacutedicament dans le cadre drsquoune laquo compassionate use raquo Par la suite le meacutedecin srsquoest agrave nouveau vu interdire lrsquoutilisation du LTA au motif qursquoil nrsquoavait pas respecteacute ses engagements preacuteceacutedents Devant le Tribunal feacutedeacuteral srsquoest poseacutee la question de savoir si lrsquooncologue incrimineacute avait mis en danger la vie de ses patients au sens de lrsquoart 127 CP Le tribunal a consideacutereacute qursquoen lrsquoespegravece lrsquoon ne pouvait retenir de volonteacute du praticien de mettre en danger ses patients Il a donc eacuteteacute acquitteacute Le deuxiegraveme cas est celui drsquoun meacutedecin zurichois accuseacute drsquohomicide par neacutegligence suite au deacutecegraves drsquoune patiente agrave qui il avait prescrit un meacutedicament dans un dosage exceacutedant la quantiteacute geacuteneacuteralement admissible144 La question srsquoest alors poseacutee de savoir si la mort de la patiente eacutetait due agrave une violation des regravegles de lrsquoart qui en lrsquoespegravece serait constitueacutee par lrsquoutilisation drsquoune dose non conforme A ce propos le TF a retenu que laquo [a]ufgrund fruumlherer Studien ist das Bundesgericht jedoch zum Schluss gekommen dass diese Dosierung einer gaumlngigen Therapieform und damit 138 Art 394 ss CO DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 408 s En cas de leacutesion commise par un meacutedecin par exemple un concours entre la responsabiliteacute contractuelle et deacutelictuelle est possible voir OLIVIER GUILLOD CHRISTOPHE RAPIN La responsabiliteacute rapport suisse in La responsabiliteacute aspects nouveaux (journeacutees panameacuteennes) Paris 2003 p 375-403 p 376 139 ATF 108 II 59 61 140 Idem 141 Acadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales et la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) (eacuted) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20 142 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss 143 ATF 6B_402008 144 ATF 6B_6462007

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dem aktuellen Stand der Medizin entsprach An die Aufklaumlrungs- und Risikoabwaumlgungspflichten waren deshalb keine besonders strengen Anforderungen zu stellen raquo145 Mecircme si ces deux exemples ne traitent pas de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ils tendent agrave montrer que la liberteacute theacuterapeutique des personnes exerccedilant des professions meacutedicales universitaires est tregraves eacutetendue et permet une utilisation de meacutedicaments plus large que celle autoriseacutee Faut-il en deacuteduire que les meacutedecins disposent drsquoune large liberteacute de prescrire des meacutedicaments agrave des fins autres qursquoune theacuterapie Une reacuteponse neacutegative srsquoimpose en effet pour plusieurs raisons Premiegraverement le meacutedecin devant respecter les regravegles de lrsquoart pour ne pas devoir engager sa responsabiliteacute en cas de dommage des preuves scientifiques sont neacutecessaires pour pouvoir utiliser un meacutedicament hors eacutetiquette Mais pour que de telles preuves existent il faut que des recherches aient eacuteteacute meneacutees Comme vu ci-dessus il est douteux que des recherches puissent ecirctre meneacutees avec les risques qursquoelles comportent pour les sujets de recherche alors que les beacuteneacutefices escompteacutes nrsquoauront aucun but theacuterapeutique ou de santeacute publique En conseacutequence lrsquousage hors eacutetiquette de meacutedicaments agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne sera en toute logique pas autoriseacute principalement au motif que les recherches neacutecessaires pour arriver au niveau de seacutecuriteacute exigeacute par le droit suisse ne rentrent pas dans les conditions permettant leur mise en œuvre (critegravere de la pertinence et adeacutequation entre risque potentiel et beacuteneacutefice escompteacute) Deuxiegravemement le meacutedecin devra suffisamment informer le patient pour qursquoil puisse consentir au traitement en connaissance de cause Si les beacuteneacutefices drsquoun meacutedicament ne sont pas suffisamment deacutemontreacutes scientifiquement dans une situation donneacutee lrsquoincertitude doit mener agrave la prudence pour le patient et surtout pour le meacutedecin dans les conseils qursquoil prodigue au vu lrsquoengagement de sa responsabiliteacute Les conseacutequences envisageables de meacutedicaments soumis agrave ordonnance sur la santeacute et les conseacutequences patrimoniales pour le patient (les conditions de remboursement drsquoun meacutedicament prescrit hors eacutetiquette eacutetant strictes146) doivent reacuteguler des utilisations trop laquo fantaisistes raquo de meacutedicaments Troisiegravemement le principe drsquoeacuteconomie mentionneacute agrave lrsquoart 6 al 1 let h LPMeacuted et dans drsquoautres lois pose une restriction de principe agrave la fourniture de prestations qui ne sont pas efficaces adeacutequates et eacuteconomiques

(3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)

La LPTh limite les possibiliteacutes de faire de la publiciteacute pour les meacutedicaments147 Son article 31 pose le principe que la publiciteacute destineacutee au public ne peut ecirctre faite que pour des meacutedicaments non soumis agrave ordonnance Une publiciteacute pour les autres meacutedicaments ne peut ecirctre adresseacutee qursquoaux personnes autoriseacutees agrave prescrire et 145 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1215 146 Voir ci-dessous p 42 147 Selon lrsquoart 2 al 1 OPMed la publiciteacute se deacutefinit comme laquo toute forme drsquoinformation de prospection ou drsquoincitation qui vise agrave encourager la prescription la remise la vente la consommation ou lrsquoutilisation de meacutedicaments raquo

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remettre des meacutedicaments148 Lrsquoart 32 LPTh pose encore des conditions strictes dans lesquelles les publiciteacutes pour meacutedicaments sont autoriseacutees Suivant cette disposition est illicite a la publiciteacute trompeuse ou contraire agrave lrsquoordre public et aux bonnes moeurs b la publiciteacute pouvant inciter agrave un usage excessif abusif ou inapproprieacute de meacutedicaments c la publiciteacute pour les meacutedicaments qui ne peuvent ecirctre mis sur le marcheacute en Suisse Est illicite la publiciteacute destineacutee au public pour les meacutedicaments a qui ne peuvent ecirctre remis que sur ordonnance b qui contiennent des stupeacutefiants ou des substances psychotropes viseacutes par la loi du 3 octobre 1951 sur les stupeacutefiants1 c qui du fait de leur composition et de lrsquousage auquel ils sont destineacutes ne peuvent ecirctre utiliseacutes pour le diagnostic la prescription ni le traitement correspondant sans lrsquointervention drsquoun meacutedecin d qui font freacutequemment lrsquoobjet drsquoun usage abusif ou qui peuvent engendrer une accoutumance ou une deacutependance Selon le TF laquo [l]a publiciteacute destineacutee aux professionnels (publiciteacute pour des produits theacuterapeutiques adresseacutee aux personnes qui les remettent ou les prescrivent) ne doit pas inciter agrave un emploi abusif ou inapproprieacute des produits theacuterapeutiques Une autorisation de publiciteacute pour des applications qui ne sont pas autoriseacutees sous langle du droit des produits theacuterapeutiques serait contraire aux principes de la protection de la santeacute et de celle des consommateurs ainsi quau principe de lutilisation modeacutereacutee des produits theacuterapeutiques raquo149 Lrsquoordonnance sur la publiciteacute pour les meacutedicaments ajoute entre autres les eacuteleacutements suivants

bull la publiciteacute tant destineacutee aux professionnels qursquoau public doit se limiter aux indications et aux possibiliteacutes drsquoemploi reconnues par lrsquoinstitut (art 5 al 1 et 16 al 1 OPMeacuted)

bull La publiciteacute destineacutee au public doit preacutesenter le meacutedicament de faccedilon veacuteridique et sans exageacuteration que ce soit par lrsquoimage le son ou la parole (art 16 al 2 OPMeacuted)

bull la publiciteacute destineacutee au public pour des indications ou des possibiliteacutes drsquoemploi neacutecessitant un diagnostic ou un traitement meacutedical ou veacuteteacuterinaire est illicite (art 21 al 1 OPMeacuted)

bull les eacuteleacutements qui suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre ameacutelioreacute par lrsquoutilisation du meacutedicament sont interdits (art 22 let d OPMeacuted)

bull suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre affecteacute par la non-utilisation du meacutedicament (art 22 let e OPMeacuted)

148 Les personnes autoriseacutees agrave remettre des meacutedicaments sont eacutenumeacutereacutees aux art 24 ss LPTh Lrsquoart 3 OPMeacuted preacutecise que cette disposition les meacutedecins dentistes veacuteteacuterinaires pharmaciens et droguistes 149 Topamax Bundesgericht vom 1 Oktober 2008 Unzulaumlssige Bewerbung nicht genehmigter Arzneimittelanwendungen II oumlffentlichrechtliche Abteilung Abweisung der Beschwerde Akten-Nr 2C9320088 in sic 2009 p 93 ss p 93

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Les deux derniers eacuteleacutements mentionneacutes sont clairs toute publiciteacute pour des meacutedicaments pour un usage de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est interdite en Suisse

(4) Interdiction du dopage Lrsquoentreacutee en vigueur de la LPTh srsquoest accompagneacutee drsquoune modification de la Loi encourageant la gymnastique et les sports150 par lrsquoadjonction drsquoun nouveau chapitre Vb sur les mesures contre le dopage (art 11b agrave 11f) En particulier lrsquoart 11d interdit laquo a de fabriquer drsquoimporter drsquoacqueacuterir pour des tiers de distribuer de prescrire et de remettre des produits destineacutes au dopage b drsquoappliquer des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Eleacutement important lrsquoart 11f introduit des sanctions peacutenales pour toute personne qui contribue au dopage en particulier qui laquo fabrique importe acquiert pour des tiers distribue prescrit ou remet des produits dopants ou applique des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Cette disposition vise directement les professionnels de la santeacute qui pourraient participer agrave des activiteacutes dopantes Ces dispositions leacutegales sont compleacuteteacutees par deux ordonnances

bull - ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et meacutethodes de dopage (Ordonnance sur les produits dopants)

bull - ordonnance du 17 octobre 2001 sur les exigences minimales agrave respecter lors des controcircles antidopage (Ordonnance sur les controcircles antidopage)

Lrsquoart 2 de lrsquoordonnance sur les produits dopants offre la deacutefinition leacutegale du dopage agrave savoir laquo lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo On constatera que cette deacutefinition rejoint celle consacreacutee dans la Convention internationale contre le dopage dans le sport151 elle-mecircme reprenant les principes du code mondial antidopage La Suisse participe ainsi aux efforts internationaux en matiegravere de lutte contre le dopage dont la tendance est de se renforcer On notera que les objectifs de cette lutte sont multiples Il srsquoagit de garantir le fair-play dans le sport en preacuteservant ainsi lrsquoimage positive de cette activiteacute et de proteacuteger la santeacute des athlegravetes Non seulement la santeacute des sportifs qui se dopent prenant ainsi des risques seacuterieux mais eacutegalement celles des autres athlegravetes qui dans un environnement ougrave de nombreux sportifs seraient dopeacutes nrsquoauraient pas drsquoautre choix que de se doper eux-mecircmes pour maintenir leur performance Paradoxalement il nrsquoy a pas lieu de srsquoeacutetendre dans ce rapport sur la question de la lutte antidopage dans la mesure ougrave lrsquoengagement des gouvernements et des autoriteacutes semble clair De telles pratiques ne semblent pas devoir ecirctre autoriseacutees dans les anneacutees agrave venir bien au contraire Sous lrsquoangle du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo la condamnation du dopage dans le sport est largement partageacutee au niveau international La Suisse vient drsquoailleurs de se doter drsquoun organisme adhoc pour respecter ses engagements internationaux la fondation laquo Antidopage 150 RS 4150 151 RS 08121222

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Suisse raquo152 Cette fondation est en charge de mener des campagnes de preacutevention et drsquoinformation mais aussi drsquoorganiser les controcircles antidopage des sportifs concerneacutes A ce propos il convient toutefois de souligner qursquoils ne touchent que les sportifs drsquoeacutelite dans le monde amateur ou professionnel La question reste ouverte dans les autres domaines drsquoougrave lrsquoimportance des normes analyseacutees dans le reste de ce rapport qui srsquoappliquent agrave tous et pas seulement dans le milieu du sport drsquoeacutelite Il srsquoagit lagrave sans doute drsquoune des grandes faiblesses de la lutte antidopage qui srsquoexplique en partie peut-ecirctre par le fait que la prioriteacute dans ce domaine est davantage la protection de lrsquoimage du sport que la protection de la santeacute des athlegravetes153

iii) Stupeacutefiants

La loi feacutedeacuterale sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes (LStup) eacutetablit un controcircle desdites substances en Suisse154 laquo La LStup reacuteglemente lrsquousage meacutedical des substances psychotropes et interdit en mecircme temps la production le commerce la deacutetention et la consommation de drogues agrave des fins non meacutedicales raquo155 Dans la regravegle La LStup interdit sous peine de sanctions peacutenales tout usage sans droit de stupeacutefiants dont la consommation la vente la production la culture le trafic lrsquoachat etc156 De nombreux produits potentiellement utilisables dans le domaine du deacuteveloppement humain et du dopage sont des stupeacutefiants au sens de la LStup citons par exemple les ampheacutetamines meacutethampheacutetamines cocaiumlne MDMA etc157 Preacutecisons drsquoembleacutee que selon lrsquoart 1 al 1bis LStup la loi sur les produits theacuterapeutiques srsquoapplique aux stupeacutefiants utiliseacutes comme produits theacuterapeutiques sauf si elle ne preacutevoit pas de reacuteglementation ou que sa reacuteglementation est moins eacutetendue La LStup soumet la fabrication la dispensation lrsquoacquisition et lrsquoutilisation de stupeacutefiants agrave des regravegles et une proceacutedure drsquoautorisation strictes des exceptions eacutetant preacutevues pour les meacutedecins utilisant ces produits dans le cadre de leur profession En geacuteneacuteral ces actions ne sont autoriseacutees qursquoagrave des fins meacutedicales les autorisations nrsquoeacutetant remises qursquoagrave des prestataires de soins meacutedicaux ou des entreprises de lrsquoindustrie pharmaceutique158

152 httpwwwantidopingchfrindexphp 153 Cf OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 154 Sur la deacutefinition des produits stupeacutefiants voir art 1 LStup qui mentionne laquo les substances et les preacuteparations ayant des effets du type morphinique cocaiumlnique et cannabique et qui engendrent la deacutependance (toxicomanie) raquo Pour une autre deacutefinition THOMAS FINGERHUTH CHRISTOF TSCHURR BetmG Kommentar com ad Art 1 p 60 laquo Als ldquoBetaumlubungsmittelldquo iSv Art 1 BetmG koumlnnen ganz allgemein natuumlrliche oder synthetische Stoffe und Praumlparate (= Zubereitungen) bezeichnet werden deren Gebrauch eine physische undoder psychische Abhaumlngigkeit erzeugen kann raquo La liste de tous les stupeacutefiants se trouve dans lrsquoOrdonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes et ses appendices 155 SIMONE LEDERMANN FRITZ SAGER La politique suisse en matiegravere de drogue Troisiegraveme programme de mesures de la confeacutedeacuteration en vue de reacuteduire les problegravemes de drogue (ProMeDro III) 2006-2011 p 33 156 Art 19 et 19a LStup 157 Ces substances sont inclues dans la liste des stupeacutefiants de lrsquoappendice a de lrsquoordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes 158 Voir par exemple les art 4 et 8 al 5 LStup

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iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels

(1) Denreacutees alimentaires Si le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo peut impliquer lrsquousage de meacutedicaments les denreacutees alimentaires et objets usuels peuvent eacutegalement jouer un rocircle dans ce cadre En effet on voit de plus en plus drsquoaliments fonctionnels (alicaments ou laquo nutraceuticals raquo) ayant des vertus de laquo santeacute raquo voire de deacuteveloppement humain Les denreacutees alimentaires sont deacutefinies comme eacutetant les produits nutritionnels destineacutes agrave la constitution et agrave lrsquoentretien de lrsquoorganisme humain qui ne sont pas procircneacutes comme meacutedicaments En application de lrsquoart 3 al 2 LDAI le fournisseur drsquoun produit peut deacutecider srsquoil souhaite vendre son produit comme denreacutee alimentaire respectivement objet usuel ou comme meacutedicament laquo [U]ne marchandise eacutechappe au controcircle des denreacutees alimentaires lorsquelle est procircneacutee ou vendue comme un meacutedicament mecircme si de par ses autres proprieacuteteacutes elle est au fond une laquodenreacutee alimentaireraquo et consommeacutee comme telle raquo159 Cette solution est logique vu que la proceacutedure drsquoautorisation de mise sur le marcheacute drsquoun meacutedicament est plus contraignante que la mise sur le marcheacute drsquoun aliment Le Message relatif agrave la LPTh preacutecise encore que laquo [l]a proceacutedure dannonce que linstitut peut preacutevoir pour certains meacutedicaments ou certaines cateacutegories de meacutedicaments apporte encore une plus grande simplification Elle vaudra pour les produits situeacutes dans la zone grise entre les meacutedicaments et les denreacutees alimentaires comme les tisanes ou les bonbons contre la toux ou les meacutedicaments homeacuteopathiques sans indication meacutedicale et visera uniquement agrave permettre un controcircle des preacuteparations en question notamment de leur qualiteacute dans le cadre de la surveillance du marcheacute par exemple raquo160 Les questions qui se posent dans ce contexte sont celles lieacutees agrave la mise sur le marcheacute de tels produits et agrave la publiciteacute qui en est faite Rappelons que les buts fondamentaux de la LDAI sont la protection de la santeacute des consommateurs et la protection contre les tromperies en particulier en lien avec les progregraves scientifiques et lrsquoeacutevolution des marcheacutes concerneacutes La mise sur le marcheacute des denreacutees alimentaires deacutepend de la cateacutegorie dans laquelle entre le produit nutritionnel traiteacute Les denreacutees alimentaires speacutecifieacutees (dont la liste est inscrite agrave lrsquoart 4 ODAIOUs) sont admises laquo Un produit ne peut ecirctre commercialiseacute comme aliment sans autorisation de lOFSP que sil satisfait aux exigences de la leacutegislation alimentaire et sil est deacutefini dans une ordonnance speacutecifique du produit raquo161 A lrsquoinverse les denreacutees alimentaires non speacutecifieacutees sont interdites sauf autorisation individuelle de lrsquoOFSP Les critegraveres importants pour lrsquoautorisation sont la composition lrsquousage preacutevu et lrsquoeacutetiquetage du produit Lrsquoautorisation peut ecirctre soumise agrave la condition que le requeacuterant prouve que le produit demandeacute est inoffensif162 Enfin les microorganismes et substances eacutetrangegraveres doivent se trouver dans les quantiteacutes les plus faibles possibles dans les produits

159 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 160 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 161 Informations tireacutees du site de lrsquoOFSP httpwwwbagadminchthemenlebensmittel048580486204875indexhtmllang=fr 162 Art 5 et 6 OADIOUs

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nutritifs en application du principe laquo aussi peu que possible aussi souvent que neacutecessaire raquo163 Il existe une cateacutegorie particuliegravere de denreacutees alimentaires deacutesigneacutee par lrsquoexpression laquo aliments speacuteciaux raquo Les aliments speacuteciaux sont des denreacutees alimentaires destineacutees agrave une alimentation particuliegravere qui du fait de leur composition ou drsquoun proceacutedeacute de fabrication speacuteciale soit reacutepondent aux besoins nutritionnels des personnes qui pour des motifs de santeacute doivent srsquoalimenter de maniegravere diffeacuterente soit contribuent agrave produire des effets nutritionnels ou physiologiques deacutetermineacutes164 Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux mentionne les aliments suivants

bull les denreacutees alimentaires pauvres en lactose ou exemptes de lactose (art 5) bull les succeacutedaneacutes du sel comestible et les sels dieacuteteacutetiques (art 7) bull les denreacutees alimentaires pauvres en proteacuteines (art 8) bull les denreacutees alimentaires exemptes de gluten (art 9) bull les denreacutees alimentaires pouvant ecirctre consommeacutees par les diabeacutetiques

(art 13) bull les denreacutees alimentaires de substitution pour le controcircle du poids (art

16) bull les preacuteparations pour nourrissons (art 17) bull les preacuteparations de suite (art 18) bull les preacuteparations agrave base de ceacutereacuteales et autres aliments pour nourrissons et

enfants en bas acircge (art 19) bull les aliments destineacutes aux personnes ayant besoin drsquoun apport

eacutenergeacutetique ou nutritionnel accru (art 20) bull les aliments dieacuteteacutetiques destineacutes agrave des fins meacutedicales speacuteciales (art 20a) bull les aliments contenant de lrsquoextrait de malt (art 21) bull les compleacutements alimentaires (art 22) bull les levures alimentaires (art 22a) bull les micro-algues et les algues rouges calcaires (maeumlrl) (art 22b) bull les boissons speacuteciales contenant de la cafeacuteine (art 23)

Dans la regravegle les aliments speacuteciaux doivent se distinguer nettement des denreacutees alimentaires ordinaires (produits ordinaires) par leur composition et leur proceacutedeacute de fabrication et ils doivent satisfaire aux mecircmes exigences que les produits ordinaires correspondants agrave moins que leur destination particuliegravere ne requiegravere des deacuterogations165 Concernant la publiciteacute et lrsquoinformation lrsquoart 18 LDAI pose les deux regravegles suivantes la qualiteacute procircneacutee ainsi que toutes les autres indications sur une denreacutee alimentaire doivent ecirctre conformes agrave la reacutealiteacute et la publiciteacute pour les denreacutees alimentaires ainsi que leur preacutesentation et leur emballage ne doivent pas tromper le consommateur Lrsquoal 3 preacutecise que sont trompeuses les indications et les preacutesentations propres agrave susciter chez le consommateur de fausses ideacutees sur les effets speacuteciaux drsquoun aliment

163 Rapport explicatif relatif agrave la modification de la loi feacutedeacuterale sur les denreacutees alimentaires et les objets usuels p 15 164 Art 2 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux 165 Art 3 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux

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(2) Objets usuels Les objets usuels qui nous inteacuteressent dans cette eacutetude sont principalement les produits de soins corporels et cosmeacutetiques dont les producteurs vantent les vertus drsquoameacutelioration estheacutetiques Dans la regravegle lors de leur emploi conforme agrave leur destination ou habituellement preacutesumeacute les objets usuels ne doivent pas mettre la santeacute en danger Lrsquoart 31 ODAIOUs dispose encore que toute mention attribuant aux objets usuels des proprieacuteteacutes curatives leacutenitives ou preacuteventives (p ex des proprieacuteteacutes meacutedicinales ou theacuterapeutiques des effets deacutesinfectants ou anti-inflammatoires des recommandations drsquoun membre du corps meacutedical) est interdite Selon lrsquoart 40 ODAIOUs le DFI fixe a les exigences auxquelles doivent satisfaire les couleurs pour le tatouage et le maquillage permanent ainsi que leur eacutetiquetage b les exigences auxquelles doivent satisfaire les appareils et instruments utiliseacutes pour le piercing le tatouage et le maquillage permanent Il srsquoavegravere donc eacutegalement essentiel en matiegravere drsquoobjets usuels de proteacuteger la santeacute des consommateurs en eacutevitant toute confusion avec des meacutedicaments ou dispositifs meacutedicaux destineacutes agrave traiter ou preacutevenir des maladies

e) Droit du travail

Nous avons vu ci-dessus qursquoen principe un employeur ne peut exiger drsquoun employeacute une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique ni utiliser les reacutesultats drsquoune telle analyse166 De faccedilon plus geacuteneacuterale se posent de nombreuses questions en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et les relations de travail La performance eacutetant le plus souvent ce que recherche un employeur chez son employeacute la tentation peut ecirctre forte de seacutelectionner des employeacutes ayant ameacutelioreacutes leurs aptitudes ou drsquoaccroitre les aptitudes drsquoemployeacutes par des moyens artificiels Se pose alors la question de la protection du travailleur et de ses limites

i) Protection du travailleur

(1) En geacuteneacuteral Lrsquoart 328 du Code des Obligations preacutevoit la protection de la personnaliteacute du travailleur167 Selon cette disposition lrsquoemployeur doit entre autres proteacuteger la personnaliteacute la santeacute et lrsquointeacutegriteacute physique du travailleur168 Pour ce faire il doit prendre toutes les mesures que lrsquoon peut eacutequitablement exiger de lui Les art 6 LTr et 82 LAA obligent eacutegalement les employeurs agrave prendre les mesures neacutecessaires et

166 VINCENT CORPATAUX en lien avec lrsquoarrecirct ougrave le TF a retenu que des mesures de protection accrues eacutetaient requises pour proteacuteger la santeacute drsquoun employeacute allergique agrave la fumeacutee passive preacutecise que laquo la LAGH ne permettant qursquoexceptionnellement agrave un employeur de recruter ses employeacutes sur la base drsquoune analyse de leurs caracteacuteristiques geacuteneacutetiques (art 21 ss) un devoir accru de protection pourra ecirctre attendu de sa part dans des cas potentiellement nombreux raquo VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 75 167 Cette disposition concreacutetise les principes geacuteneacuteraux de protection de la personnaliteacute de lrsquoart 28 CC agrave la relation employeur ndash employeacute 168 Font partie des valeurs proteacutegeacutees la vie et lrsquointeacutegriteacute corporelle la santeacute physique et psychique lrsquointeacutegriteacute morale et la consideacuteration sociale la jouissance des liberteacutes individuelles et la sphegravere priveacutee JEAN-BERNARD WEBER Travail et protection de la personnaliteacute in Plaumldoyer 22002 p 46 ss p 47

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raisonnables afin de proteacuteger les employeacutes des maladies et accidents professionnels En application de cette disposition de principe lrsquoemployeur doit prendre toutes les mesures pour que lrsquoenvironnement et les conditions de travail de lrsquoemployeacute sauvegardent sa santeacute et sa personnaliteacute169 Les maladies professionnelles ainsi que toute autre atteinte de lrsquoemployeacute reacutesultant de lrsquoexercice de sa profession sont concerneacutees170 Traditionnellement les regravegles sur la protection de la santeacute des travailleurs ont eacuteteacute conccedilues en lien avec les maladies professionnelles et les accidents du travail Mais laquo la perspective srsquoest eacutelargie depuis une quinzaine drsquoanneacutees agrave la protection de la santeacute psychique des travailleurs raquo171

ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute

Dans le cadre de la protection du travailleur les limites doivent ecirctre poseacutees concernant ce que lrsquoemployeur peut demander ou imposer agrave ses employeacutes En lien avec le deacuteveloppement humain artificiel la question se pose de connaicirctre ces limites concernant les modifications et ameacuteliorations estheacutetiques et de performances (cognitives et physiques) De faccedilon geacuteneacuterale et sauf exceptions un employeur ne peut pas seacutelectionner les employeacutes plus reacutesistants dans le but qursquoils contractent moins vite voire pas du tout de maladies professionnelles mais doit au contraire adapter les conditions et lrsquoenvironnement de travail agrave la protection de la santeacute des employeacutes dans leur ensemble172 Au vu de cet eacuteleacutement un employeur ne peut a fortiori pas demander ou exiger drsquoun employeacute qursquoil emploie des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo comme par exemple la prise de ritaline Plus avant lrsquoemployeur a eacutegalement des obligations positives de preacutevention

iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Si lrsquoemployeur ne peut pas laquo ameacuteliorer raquo ses employeacutes pas les moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo il doit en plus prendre toutes les mesures raisonnablement exigibles pour que ses employeacutes ne soient pas contraints de facto agrave utiliser ces techniques pour pouvoir remplir leurs obligations Dans un arrecirct 4C242005 du 17 octobre 2005 le Tribunal feacutedeacuteral a condamneacute un employeur agrave payer une indemniteacute pour tort moral drsquoun montant de CHF 10000- agrave une employeacutee placeacutee dans une situation contraignante par son employeur Si en lrsquoespegravece lrsquoemployeacutee nrsquoa pas eacuteteacute victime de mobbing le fait que son employeur la contraigne agrave devoir effectuer une quantiteacute de travail propre agrave nuire agrave sa santeacute psychique a eacuteteacute consideacutereacute comme une violation de ses droits173

169 Arrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 170 VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 74 s 171 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 102 Sur le mecircme thegraveme voir WOLFGANG PORTMANN Stresshaftung im Arbeitsverhaumlltnis Erfolgreiche Stresshaftungsklagen gegen Arbeitgeber in der Schweiz und in anderen europaumlischen Laumlndern in ARV 2008 p 1-13 172 Message LAGH FF 2002 6841 p 6906 ss 173 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 4C242005 du 17 octobre 2005 consideacuterant 7

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On peut en deacuteduire qursquoun employeur ne peut exercer une trop forte pression sur ses employeacutes de faccedilon geacuteneacuterale par exemple en les astreignant agrave une charge de travail extrecircmement eacuteleveacutee nuisant agrave leur santeacute Les conditions de travail (charge de travail deacutelais horaires de travail etc) doivent pouvoir permettre aux employeacutes drsquoexercer leur emploi sans recours agrave des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans le mecircme sens selon DUNAND laquo [l]es conditions de travail doivent ecirctre adapteacutees aux capaciteacutes de lrsquoecirctre humain Lrsquoemployeur offrira aux travailleurs un climat de travail qui exclut toute atteinte agrave leur santeacute psychique Le travail sera organiseacute de maniegravere agrave eacuteviter un stress inutile ou un eacutepuisement professionnel raquo174 Pour le mecircme auteur laquo il appartient agrave lrsquoemployeur de mettre sur pied un systegraveme drsquoorganisation rationnel et respectueux qui permette drsquoeacuteviter une mise sous pression excessive des employeacutes raquo175 Le fait que dans certains milieux professionnels des comportements se rapprochant de ceux du dopage soient toleacutereacutes voire encourageacutes ne deacutedouane pas les employeurs de leurs obligations Il est vrai neacuteanmoins que rares sont ceux qui osent porter plainte dans ces conditions Il relegraveve alors de la responsabiliteacute du meacutedecin du travail srsquoil en existe de mettre en garde le travailleur sur les risques qursquoil encourt mais aussi drsquoavertir lrsquoemployeur des mesures agrave prendre pour corriger la situation

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal

La question qui se pose concernant les assurances de soins est la prise en charge de traitements entrant dans la cateacutegorie du deacuteveloppement humain artificiel Dans la regravegle lrsquoassurance-accidents couvre les frais meacutedicaux conseacutecutifs agrave un accident professionnel ou non professionnel176 laquo Le but du traitement meacutedical est deacuteliminer de la maniegravere la plus complegravete possible les atteintes physiques ou psychiques agrave la santeacute raquo177 Lrsquoart 54 LAA pose la limite suivante ceux qui pratiquent aux frais de lrsquoassurance-accidents doivent se limiter agrave ce qui est exigeacute par le but du traitement Lrsquoassurance-accidents ne couvre donc en principe pas de prestations relevant du deacuteveloppement humain artificiel son but fondamental eacutetant de prendre en charge les coucircts des theacuterapies conseacutecutives aux accidents Parmi les prestations preacutevues par la LAMal lrsquoart 25 mentionne les meacutedicaments prescrits par un meacutedecin dans la mesure ougrave ils servent agrave diagnostiquer ou agrave traiter une maladie et ses seacutequelles Lrsquoart 32 LAMal pose encore trois conditions au remboursement par lrsquoassureur-maladie obligatoire qui sont que les prestations doivent ecirctre efficaces approprieacutees et eacuteconomiques Lrsquoefficaciteacute doit ecirctre deacutemontreacutee scientifiquement Pour ecirctre rembourseacute un meacutedicament doit eacutegalement ecirctre inscrit sur la liste des speacutecialiteacutes de lrsquoOffice feacutedeacuteral de la santeacute publique178 Mais le remboursement de meacutedicaments par les caisses-maladie est soumis agrave diverses autres conditions dont celle de lrsquoutilisation conforme agrave lrsquoinformation professionnelle

174 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 175 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 176 Art 6 ss LAA 177 ATF 113 V 45 consid 4 178 Art 52 LAMal

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approuveacutee et publieacutee dans le Compendium suisse des meacutedicaments179 En conseacutequence un usage hors eacutetiquette nrsquoest en principe pas pris en charge Toutefois le TF a retenu deux exceptions pour lesquelles une telle utilisation peut ecirctre rembourseacutee180 La premiegravere est que la prescription hors eacutetiquette du meacutedicament constitue une condition essentielle agrave la poursuite drsquoune prestation prise en charge par lrsquoassurance obligatoire de soins181 La seconde est qursquoil srsquoagisse laquo de traiter une maladie qui pourrait ecirctre mortelle pour lrsquoassureacute ou impliquer des problegravemes de santeacute graves et chroniques qursquoil nrsquoexiste pas drsquoalternative theacuterapeutique et que le meacutedicament concerneacute preacutesente un important beacuteneacutefice theacuterapeutique raquo curatif ou palliatif182 Au vu de la jurisprudence traitant du remboursement de meacutedicaments utiliseacutes laquo hors eacutetiquette raquo force est de constater que lrsquousage de meacutedicaments soumis agrave ordonnance dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne remplit pas les conditions permettant leur remboursement par lrsquoassurance obligatoire de soins Ces conditions ayant pour but de permettre au meacutedecin de soigner au mieux des maladies pour lesquelles les meacutedicaments efficaces nrsquoont pas eacuteteacute speacutecifiquement testeacutes aux fins de lrsquoautorisation par Swissmedic on voit mal comment il pourrait en aller autrement

179 Voir ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 180 ATF 130 V 503 BGE 130 V 544 ATF 131 V 349 181 ARIANE AYER Prise en charge des meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 et la jurisprudence citeacutee 182 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 43

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3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations

La notion de laquo human enhancement raquo ne dispose pas actuellement de deacutefinition commune et arrecircteacutee Aux fins de cette eacutetude nous avons degraves lors ducirc commencer par en deacutefinir les contours et deacuteterminer les activiteacutes concerneacutees Le premier constat auquel nous sommes arriveacutes est que ces activiteacutes ne se limitent pas au dopage agrave la chirurgie estheacutetique ou au laquo wellness raquo Nous avons alors choisi drsquoappreacutehender cette notion de faccedilon large en parlant de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo expression qui nous apparait plus adapteacutee pour circonscrire la notion eacutetudieacutee Partant il nous a fallu trouver les dispositions leacutegales pertinentes et analyser les regravegles qursquoelles posent agrave la lumiegravere de cet ensemble drsquoactiviteacutes Nous avons alors constateacute que de nombreux champs du droit sont concerneacutes et que chaque activiteacute concerneacutee est reacuteglementeacutee de faccedilon propre Le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo nrsquoest pas appreacutehendeacute en tant que tel par le droit et ne le sera probablement jamais au vu de lrsquoensemble des diffeacuterentes activiteacutes et professions concerneacutees Dans de nombreuses situations les reacuteglementations eacutetudieacutees nrsquoont drsquoailleurs pas eacuteteacute eacutetablies en tenant compte du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Neacuteanmoins le droit positif suisse nrsquoest pas deacutemuni face aux possibiliteacutes de creacuteer des laquo surhommes raquo et pose des limites dans tous les domaines concerneacutes que lrsquoon pense agrave lrsquousage de meacutedicaments par des personnes en bonne santeacute en vue de modifications corporelles individuelles et volontaires aux possibiliteacutes pour une entreprise de demander des rendements surhumains agrave ses employeacutes ou agrave lrsquousage priveacute drsquoanalyses geacuteneacutetiques En conclusion nous pouvons mentionner que le droit suisse actuel ne connait pas de lacune manifeste concernant le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans les diffeacuterents champs concerneacutes des limites claires semblent eacutetablies

bull Toute modification geacuteneacutetique volontaire ou positive drsquoenfants agrave naicirctre est prohibeacutee

bull Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine ne peut ecirctre utiliseacutee agrave des fins laquo reacutecreacuteatives raquo (par exemple pour deacuteterminer lrsquoaptitude drsquoun enfant agrave diffeacuterentes activiteacutes sportives) ou en vue de seacutelectionner des employeacutes

bull Le preacutelegravevement et la transplantation drsquoorganes en vue drsquoameacuteliorer les performances drsquoun corps sain sont pratiquement interdites En effet le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes ne peut ecirctre effectueacute qursquoagrave la condition que le receveur ne puisse pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode Aucun traitement nrsquoeacutetant requis dans le cadre de deacuteveloppement artificiel force est de constater qursquoun preacutelegravevement est prohibeacute Concernant lrsquoattribution lrsquoordre de prioriteacute des requeacuterants deacutepend de lrsquourgence meacutedicale avec pour conseacutequence qursquoune transplantation laquo ameacuteliorative raquo est leacutegalement inconcevable

bull Les possibiliteacutes drsquoeffectuer de la recherche en vue de creacuteer de nouvelles meacutethodes et de nouveaux produits de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont limiteacutees par la neacutecessaire peseacutee drsquointeacuterecircts entre les risques et les beacuteneacutefices escompteacutes en particulier lorsque ces recherche doivent ecirctre meneacutees sur des ecirctres humains ou des cellules souches embryonnaires

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bull Les meacutedecins et professionnels de la santeacute sont limiteacutes dans leur activiteacute par le respect des regravegles de lrsquoart En conseacutequence ils ne peuvent sans risquer drsquoengager leur responsabiliteacute utiliser des produits et proceacutedeacutes agrave des fins non autoriseacutees De telles autorisations sont elles limiteacutees par les critegraveres permettant de faire les recherches neacutecessaires agrave leur deacutelivrance

bull La mise sur la marcheacute de meacutedicaments agrave des fins ameacutelioratives ne servant ni agrave diagnostiquer ni agrave preacutevenir ni agrave traiter une maladie devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic

bull La prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments nrsquoest possible qursquoagrave des conditions strictes ne permettant pas drsquoy inclure a priori le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

bull Les regravegles de droit du travail obligent lrsquoemployeur agrave adapter les conditions de travail aux employeacutes (et non lrsquoinverse) et interdisent les conduites dopantes qursquoelles soient demandeacutees explicitement ou tacitement agrave travers des conditions de travail et des instructions les rendant neacutecessaire pour lrsquoemployeacute

bull Enfin les activiteacutes meacutedicales relevant du deacuteveloppement humain artificiel ne remplissent pas les conditions permettant une prise en charge par les assurances sociales que ce soit par exemple la LAA ou la LAMal

Si les aspects juridiques paraissent suffisamment clairs les questions drsquoeacutethique et de deacuteontologie meacutedicales doivent selon nous ecirctre aujourdrsquohui clarifieacutees afin drsquounifier les pratiques en particulier dans les cas limites difficiles agrave cateacutegoriser entre laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo theacuterapie ou preacutevention Enfin les personnes pratiquant les activiteacutes pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et le public ndash patient usager consommateur ndash doivent enfin ecirctre clairement informeacutes des regravegles existantes et des limites poseacutees aux modifications volontaires de lrsquoecirctre humain

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Bibliographie ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique 2008 NICHOLAS AGAR Liberal eugenics In defence of human enhancement Malden 2005 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration du 18 avril 1999 Zurich Bacircle Genegraveve 2003 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse 2egraveme eacuted Berne 2006 (2 vol) FLORENCE AUBRY GIRARDIN Santeacute et seacutecuriteacute au travail eacutetude de droit suisse et communautaire Zurich 1995 ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire 2009 BERNARD BAERTSCHI Neuro-Enhancement Prendre la pilule de lrsquoameacutelioration morale serait-ce mal in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 5 s OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 s PETER BOumlHRINGER Arbeitsrecht Zurich 2001 SEVERINE BOILLAT le commerce eacutelectronique de meacutedicaments sous lrsquoangle de la santeacute publique Thegravese Neuchacirctel 2007 Berne 2007 CHRISTIANE BRUNNER et al Commentaire du contrat de travail Lausanne 2004 ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34 HEIDI BUumlRGI Richtlinien der Swissmedic zur Arzneimittelwerbung im Internet kritische Bemerkungen in AJP 2007 70 ss DIETER BUumlRGIN JOHANNES BIRCHER DANIEL CANDINAS et al Buts et missions de la meacutedecine au deacutebut du 21e siegravecle Rapport drsquoun groupe drsquoexperts de lrsquoAcadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales (ASSM) de la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) et des cinq Faculteacutes de meacutedecine Bacircle 2004

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MARYAM KOHLER-VAUDAUX Le deacutebut de la personnaliteacute juridique et la situation juridique de lenfant agrave naicirctre eacutetude de droit suisse et aperccedilu des droits franccedilais et allemand Genegraveve Zurich Bacircle 2006 DAMIAN KOumlNIG DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) La xeacutenotransplantation dans lordre juridique suisse Technology Assessment - Document de travail 282001 Berne 2001 MORITZ W KUHN TOMAS POLEDNA (eacuted) Arztrecht in der Praxis Zurich Bacircle Genegraveve 2007 HARDY LANDOLT Oumlffentliches Gesundheitsrecht Zurich 2009 HARDY LANDOLT Rechtskunde fuumlr Gesundheits- und Pflegeberufe Berne 2004 PATRICK LAURE Dopage et socieacuteteacute Paris 2000 PATRICK LAURE Ethique du dopage paris 2002 PATRICK LAURE et al Histoire du dopage et des conduites dopantes les alchimistes de la performance Paris 2004 PATRICK LAURE CLAIRE BINSINGER Les meacutedicaments deacutetourneacutes crimes meacutesusages pratiques addictives conduites dopantes suicide euthanasie Paris 2003 DOMINIQUE LECOURT (dir) Dictionnaire de la penseacutee meacutedicale Paris 2004 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 ss CHRISTIAN LENK Therapie und Enhancement Ziele und Grenzen der modernen Medizine Muumlnster 2002 CHRISTIAN LENK ANNA-KARINA JAKOVLJEVIĆ Ethik und optimierende Eingriffe am Menschen ethische Aspekte von Enhancement in der Medizin Bochum 2005 THOMAS LOCHER Grundriss des Sozialversicherungsrecht Berne 2003 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen Berlin 2007 DOMINIQUE MANAIuml Les droits du patient face agrave la biomeacutedecine Berne 2006 JEAN MARTIN Deacutefis eacutethiques autour des nanotechnologies in Bulletin des meacutedecins suisses 200788 34 p 1394 ss PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 ANDY MIAH Engineering Greater Resilience or Radical Transhuman Enhancement in Studies in ethics law and technology Volume 2 Issue 1 2008 article 5

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  • Table des matiegraveres
    • Introduction et contexte
    • 1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
      • a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration
      • b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo
        • i) Ameacuteliorations et modifications physiques
        • ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales
        • iii) Prolongation de la vie
        • iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo
        • v) Preacutevention primaire
          • c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo
            • i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain
            • ii) Les substances
              • d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                • 2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                  • a) Fondements constitutionnels
                    • i) Digniteacute humaine
                    • ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle
                    • iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations
                    • iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes
                    • v) Protection des consommatrices et consommateurs
                    • vi) Protection de la santeacute
                    • vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain
                    • viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain
                    • ix) Meacutedecine de la transplantation
                    • x) Recherche impliquant des ecirctres humains
                      • b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine
                        • i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee
                        • ii) Analyse geacuteneacutetique humaine
                        • iii) Meacutedecine de la transplantation
                        • iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires
                        • v) Recherche impliquant des ecirctres humains
                          • c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions
                            • i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)
                              • d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires
                                • i) Seacutecuriteacute des produits
                                • ii) Meacutedicaments
                                  • (1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo
                                  • (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance
                                  • (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)
                                  • (4) Interdiction du dopage
                                    • iii) Stupeacutefiants
                                    • iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels
                                      • (1) Denreacutees alimentaires
                                      • (2) Objets usuels
                                          • e) Droit du travail
                                            • i) Protection du travailleur
                                              • (1) En geacuteneacuteral
                                                • ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute
                                                • iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                                                  • f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal
                                                    • 3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations
                                                      • Bibliographie
Page 6: Le développement humain artificiel

1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration

Litteacuteralement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo peut se traduire par laquo ameacutelioration de lrsquoecirctre humain raquo2 Ainsi STOCK parle de laquo Verbesserung oder Erweiterung bestehender diagnostischer therapeutischer praumlventiver oder palliativer Moumlglichkeiten raquo3 De mecircme le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE deacutefinit comme suit le laquo human enhancement raquo laquo Medizinische oder biotechnologische Interventionen die darauf zielen Menschen in ihren Faumlhigkeiten oder in ihrer Gestalt in einer Weise zu veraumlndern die in den jeweiligen soziokulturellen Kontexten als Verbesserung wahrgenommen werden deren Zielsetzung nicht primaumlr therapeutischer oder praumlventiver Art ist raquo On notera que le Conseil feacutedeacuteral propose sa propre deacutefinition du laquo human enhancement raquo dans le message sur la loi relative agrave la recherche sur lrsquoecirctre humain Il utilise cette expression pour deacutesigner des projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques drsquoun fœtus sans rapport avec une maladie des projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement4 Cette notion ne se limite cependant pas a priori aux seules ameacuteliorations fondeacutees sur les techniques biomeacutedicales5 Lrsquouniteacute drsquoeacutevaluation des choix scientifiques et technologiques (STOA)6 du parlement europeacuteen a reacutecemment publieacute un rapport sur le sujet qui abonde dans ce sens Le concept de laquo human enhancement raquo retenu par le STOA est le suivant

laquo a modification aimed at improving individual human performance and brought about by science-based or technology-based interventions in the human body This definition includes ldquostrongrdquo second-stage forms of human enhancement with long-term effective or permanent results as well as ldquotemporaryrdquo enhancements Because it is not related to a specific definition of health this is a non-medical concept of human enhancement Moreover we distinguish between purely restorative non-enhancing therapies therapeutic enhancements and non-therapeutic enhancements raquo7

En partant de cette acception large du concept de laquo human enhancement raquo il est possible drsquoeacutetablir plusieurs cateacutegories drsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain qui srsquoy rattachent ainsi que de nombreuses meacutethodes qui visent agrave y parvenir A titre drsquoexemple le dopage les interventions de meacutedecine et de chirurgie estheacutetique (y compris drsquoantivieillissement) le maquillage permanent lrsquoeacutepilation deacutefinitive les

2 Selon divers dictionnaires (httpwwwlexilogoscomanglais_langue_dictionnaireshtm) laquo to enhance raquo se traduit par laquo mettre en valeur rehausser augmenter ameacuteliorer accroitre renforcer enrichir raquo 3 CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin p 39 s 4 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 5 Voir CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin Frankfurt am Main 2009 p 39 6 La laquo Science and Technology Options Assessment (STOA) raquo est lrsquouniteacute drsquoeacutevaluation des choix scientifiques et technologiques du parlement europeacuteen voir httpwwweuroparleuropaeustoadefault_enhtm 7 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study mai 2009 p 17 Dans le mecircme texte il est retenu que dans le domaine de la bioeacutethique meacutedicale le terme laquo enhancement raquo laquo characterize interventions designed to improve human form or functioning beyond what is necessary to sustain or restore good health raquo httpwwweuroparleuropaeustoapublicationsstudiesstoa2007-13_enpdf

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tatouages les piercings le branding et les scarifications sont autant de meacutethodes qui peuvent ecirctre rattacheacutees au laquo human enhancement raquo8 La distinction entre les interventions qui relegravevent de la theacuterapie ou des soins de celles qui peuvent ecirctre qualifieacutees plus strictement drsquoameacutelioratives srsquoavegraverent drsquoembleacutee difficile agrave tracer Le STOA a deacuteveloppeacute un tableau visant agrave diffeacuterencier les diffeacuterentes notions9

Il paraicirct eacutegalement inteacuteressant de mentionner les cateacutegories eacutetablies par Armin GRUNWALD dans le but de classer les diffeacuterentes activiteacutes biomeacutedicales agrave savoir

laquo 1 Healing as the removal of individual deficits relative to recognized standards of an average healthy human being 2 Doping as an increase in individual performance potential without there being any existing deficit in terms of (1) but in a measure that the performance achieved through it still appears as conceivably ldquonormalrdquo within the spectrum of usual human performance ndash either in sport or in normal life 3 Enhancement as an increase in performance going beyond abilities that are regarded as ldquonormallyrdquo achievable by humans who are healthy capable and ready to perform under optimal conditions 4 Alteration of human composition eg inventing new organs or bodily functions raquo10

Il deacutecoule de cette grille drsquoanalyse que le laquo human enhancement raquo relegraveve principalement des deuxiegraveme et troisiegraveme cateacutegories de GRUNWALD la quatriegraveme cateacutegorie restant actuellement hypotheacutetique Les notions de dopage de meacutedecine drsquoameacutelioration et de chirurgie et meacutedecine estheacutetique connexes et faisant partie de lrsquoensemble des activiteacutes du laquo human 8 Voir p ex CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 2 9 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 19 10 ARMIN GRUNWALD Human Enhancement ndash What does laquo enhancement raquo mean here Newsletter Akademie-Brief No 88 avril 2009 p 2

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enhancement raquo doivent encore ecirctre deacutefinies En droit suisse le dopage se deacutefinit comme laquo lrsquousage abusif de produits et de meacutethodes destineacutes agrave accroicirctre les performances physiques dans le sport raquo11 Il convient de le distinguer de la notion de conduite dopante connexe agrave celle de dopage laquo On parle de conduite dopante lorsqursquoune personne consomme certains produits pour affronter un obstacle reacuteel ou ressenti pour ameacuteliorer ses performances (compeacutetition sportive examen entretien drsquoembauche prise de parole en public situations professionnelles ou sociales difficiles) Dans le monde sportif cette pratique prend le nom de dopage raquo12 Le laquo human enhancement raquo se diffeacuterencie aussi de la meacutedecine ameacuteliorative qui peut se deacutefinir comme suit laquo [s]i les mesures theacuterapeutiques ont pour but le reacutetablissement de la santeacute du patient et le recouvrement de la norme physique et psychique les interventions drsquoameacutelioration peuvent ecirctre consideacutereacutees comme des interventions visant agrave modifier certaines particulariteacutes ou capaciteacutes drsquoun ecirctre humain pour qursquoelles soient supeacuterieures agrave cette norme raquo13 Ainsi la meacutedecine et la chirurgie estheacutetiques visent laquo die Verschoumlnerung bereits normaler Koumlrperformen raquo14 Dans un arrecirct de 1998 le tribunal cantonal vaudois a retenu que laquo les opeacuterations effectueacutees par le chirurgien estheacutetique ne preacutesentent ni urgence ni neacutecessiteacute absolue et quelles portent sur des organes sains dindividus geacuteneacuteralement en bonne santeacute raquo15 Le tribunal feacutedeacuteral preacutecise que font partie des mesures diagnostique ou theacuterapeutique prises en charge par les caisses-maladie16 les opeacuterations servant laquo non seulement agrave la gueacuterison proprement dite de la maladie ou des suites immeacutediates dun accident mais aussi agrave leacutelimination dautres atteintes secondaires dues agrave la maladie ou agrave un accident notamment en permettant de corriger des alteacuterations externes de certaines parties du corps - en particulier le visage - visibles et speacutecialement sensibles sur le plan estheacutetique aussi longtemps que subsiste une imperfection de ce genre due agrave la maladie ou agrave un accident ayant une certaine ampleur et agrave laquelle une opeacuteration de chirurgie estheacutetique peut remeacutedier lassurance doit prendre en charge cette intervention agrave condition quelle eucirct agrave reacutepondre eacutegalement des suites immeacutediates de laccident ou de la maladie et pour autant que fussent respecteacutees les limites usuelles ainsi que le caractegravere eacuteconomique du traitement raquo17 Ces eacuteleacutements fondent la distinction entre la chirurgie reconstructive et la chirurgie estheacutetique

11 Art 1 al 1 let h LGS Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DDPS concernant les produits et meacutethodes de dopage dispose que ldquoEst reacuteputeacutee dopage au sens de lrsquoart 1 let h de la loi lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo Selon le message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux laquo [d]rsquoapregraves la deacutefinition du Comiteacute international olympique (CIO) le dopage consiste agrave laquoutiliser intentionnellement ou non des substances appartenant agrave des classes interdites dagents pharmacologiques etou agrave utiliser diverses meacutethodes interdites raquo raquo FF 1999 3262 Voir eacutegalement FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 p 916 Selon lrsquoart 1 du code mondial anti dopage laquo [l]e dopage est deacutefini comme une ou plusieurs violations des regravegles antidopage eacutenonceacutees aux articles 21 agrave 28 du Code raquo Les art 21 agrave 28 du code mentionnent entre autre comme violation des regravegles antidopage la preacutesence de substances interdites dans lrsquoeacutechantillon drsquoun sportif lrsquousage ou la tentative drsquousage par un sportif drsquoune substance interdite ou drsquoune meacutethode interdite et la possession de substance ou meacutethode interdites 12 Mission interministeacuterielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie et Institut national de preacutevention et drsquoeacuteducation pour la santeacute (France) Drogues savoir plus risquer moins p 95 13 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 Dans le mecircme texte il est mentionneacute que laquo [l]e terme de laquomeacutedecine drsquoameacuteliorationraquo regroupe les interventions meacutedicales non theacuterapeutiques dont le but est la modification ou lrsquoameacutelioration de caracteacuteristiques non-pathologiques raquo Voir eacutegalement FRANK TH PETERMANN pour qui laquo Die klassiche Medizin geht von der Praumlmisse aus dass sie kurativ dh zur Heilung von Krankheiten oder wenn dies nicht mehr moumlglich ist palliativ also zur Linderung der daraus resultierenden Beschwerden da ist 31 Geht es um medizinische Interventionen die keinen therapeutischen Zweck haben sondern auf die Veraumlnderung oder Verbesserung nichtpathologischer Merkmale abzielen spricht man von Enhancement Medizin raquo Off Label Rechtliche Betrachtungen zum Off Label Use von Pharmazeutika in hill 2007 fachartikel n 2 sect 17 14 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 40 15 Tribunal Cantonal du Canton de Vaud 25021998 in SG 1998 Ndeg1323 p 7 16 Art 25 LAMal 17 ATF 121 V 119 p 121

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b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo

Comme il ressort de notre bregraveve introduction le laquo human enhancement raquo est une notion large ouverte et dont les frontiegraveres sont difficiles agrave circonscrire Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette difficulteacute La transplantation drsquoorganes sains agrave des personnes acircgeacutees dans le but de rallonger leur vie consiste-t-elle en une theacuterapie ou une ameacutelioration18 laquo Is it therapy to give growth hormone to a genetic dwarf but not to a short fellow who is just unhappy to be short raquo19 Si les limites sont difficiles agrave eacutetablir il est toutefois possible drsquoidentifier diverses meacutethodes permettant agrave des personnes en bonne santeacute de modifier des eacuteleacutements de leur corps Plusieurs de ces meacutethodes sont deacutecrites ci-dessous classeacutees en fonction du type de modification

i) Ameacuteliorations et modifications physiques

Par ameacuteliorations physiques nous entendons les modifications corporelles permettant un accroissement des performances ou une modification de lrsquoapparence agrave des fins estheacutetiques cette deuxiegraveme cateacutegorie incluant les modifications antivieillissement Dans cette cateacutegorie les meacutethodes suivantes sont prises en compte

bull Lrsquoadministration drsquoanabolisants (deacuteriveacutes de la testosteacuterone (nandrolone stanozolol etc) utiliseacutes par exemple dans la pratique du bodybuilding) ou drsquoautres substances prohibeacutees ou reacuteglementeacutees permettant un accroissement de la masse musculaire et ou lrsquoameacutelioration des performances (force explosiviteacute puissance endurance vitesse de reacutecupeacuteration etc)

bull Lrsquoadministration drsquohormones afin de modifier lrsquoapparence (p ex prise de pilules contraceptives par des hommes dans le but de ressembler agrave des femmes)

bull La chirurgie et la meacutedecine estheacutetiques (p ex augmentation mammaire injections de botox)

bull Les modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull La transplantation et la xeacutenotransplantation drsquoorganes bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Les tatouages le branding les scarifications et le maquillage permanent

(modifications de lrsquoapparence drsquoune surface deacutefinie de peau)

ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales20

Peuvent ecirctre consideacutereacutees comme ameacuteliorations intellectuelles et modifications mentales toutes les meacutethodes permettant une ameacutelioration des aptitudes cognitives de lrsquoattention et de la concentration de la meacutemoire ou encore une diminution de la fatigue du stress de lrsquoanxieacuteteacute etc Ce type de modifications passe par lrsquoutilisation des meacutethodes suivantes21

18 Exemple donneacute par NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 ss p 3 19 Beyond therapy biotechnology and the pursuit of happiness A Report by the Presidentrsquos Council on Bioethics p 16 20 Lrsquoeacuteventualiteacute de modifications morales nrsquoest pas traiteacutee dans la preacutesente eacutetude 21 Voir EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 26 ss p 30 s

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bull Administration de meacutedicaments ou autres substances (p ex antideacutepresseurs ritalin modafinil adderall aricept)

bull Modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull Stimulation ceacutereacutebrale profonde (introduction drsquoune eacutelectrode dans le cerveau

et envoi drsquoimpulsions eacutelectriques) bull Stimulation magneacutetique transcracircnienne (envoi drsquoune impulsion sur

lrsquoenceacutephale agrave travers le cracircne) bull laquo Prosthetic brain chips raquo22

iii) Prolongation de la vie

Parmi les buts du laquo human enhancement raquo nous trouvons le rallongement de la vie Il faut ici distinguer entre les maladies de la vieillesse dont fait par exemple partie le diabegravete de type 2 et laquo les manifestations deacutegeacuteneacuteratives lieacutees agrave lrsquoacircge raquo23 Les premiegraveres neacutecessitent un traitement qualifiable de theacuterapie ce type de traitement ne fait donc pas partie du laquo human enhancement raquo Le traitement des secondes peut faire partie du laquo human enhancement raquo en fonction des cas et la preacutevention des manifestations deacutegeacuteneacuteratives est un eacuteleacutement du laquo human enhancement raquo De faccedilon geacuteneacuterale les meacutethodes permettant agrave des personnes saines de lutter contre le vieillissement et de rallonger la dureacutee de leur vie sont abordeacutees ici

bull Transplantations drsquoorganes et xeacutenotransplantations bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Administration de meacutedicaments drsquohormones et autres substances bull Consommation de suppleacutements nutritionnels (acide folique antioxydants

laquo brainfood raquo etc)24

iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo

Lrsquoutilisation de meacutethodes du geacutenie geacuteneacutetique dans ce que les germanophones appellent le laquo Gen-Enhancement raquo poursuit le but de deacutevelopper certaines qualiteacutes chez lrsquoenfant25 Les principales meacutethodes utiliseacutees relegravevent des techniques de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et drsquoanalyse geacuteneacutetique et de la theacuterapie geacutenique

v) Preacutevention primaire

Si la distinction entre ameacutelioration et theacuterapie nrsquoest pas eacutevidente celle entre ameacutelioration et preacutevention lrsquoest encore moins En effet lrsquoinclusion des techniques drsquoameacutelioration dans la preacutevention deacutepend de la deacutefinition retenue de la notion de preacutevention et de la maniegravere de consideacuterer les techniques ayant un potentiel ameacutelioratif La preacutevention peut se deacutefinir comme laquo les mesures visant agrave reacuteduire la probabiliteacute agrave limiter ou agrave empecirccher lrsquoapparition drsquoune maladie ou drsquoun risque pour la santeacute et les conseacutequences neacutegatives drsquoune maladie raquo26 ou plus simplement comme laquo toutes les activiteacutes deacuteveloppeacutees par une personne pour eacuteviter et empecirccher

22 Aussi appeleacutes ldquoelectronic brain implantsrdquo 23 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 3 24 ASTRID STUCKELBERGER Anti-ageing Medicine Myths and Chances p 130 ss 25 Pour LORZ laquo [d]as Gen-Enhancement betrifft Verbesserungen der Erbsubstanz vor allem fuumlr die zukuumlnftige Generation raquo SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 43 26 Art 3 du projet de loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute

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lrsquoapparition drsquoune maladie raquo27 En comparant ces deacutefinitions de la preacutevention avec celles du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo on peut deacuteterminer un premier critegravere de distinction dans le fait que la preacutevention est en geacuteneacuteral en lien avec une maladie ou un problegraveme de santeacute28 alors que le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo se rattache aux performances ou agrave lrsquoapparence Dans ce sens la vaccination est une activiteacute se rapprochant plus de la preacutevention que du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Une meacutethode permettant drsquoameacuteliorer de faccedilon geacuteneacuterale le fonctionnement du systegraveme immunitaire drsquoune personne pourrait par contre ecirctre incluse dans les deux cateacutegories car elle permet drsquoeacuteviter lrsquoapparition de maladies deacutetermineacutees et constitue une ameacutelioration geacuteneacuterale de la reacutesistance du corps humain

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo

Lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain peut passer par de nombreuses et diverses meacutethodes En retenant un concept large du laquo human enhancement raquo la meacuteditation qui permet de reacuteduire le stress et lrsquoanxieacuteteacute ou les exercices permettant drsquoameacuteliorer sa meacutemoire pourraient ainsi y ecirctre inclus Nous ne prendrons cependant pas en compte les meacutethodes que lrsquoon peut cateacutegoriser sous la notion drsquoentraicircnement (qui regroupe des notions comme lrsquoentraicircnement sportif lrsquoentraicircnement cognitif etc) Elles ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme produit de la technique et nrsquoentrent donc pas dans le concept de laquo human enhancement raquo tel que retenu En effet nous ne traitons ici que du deacuteveloppement artificiel par opposition au deacuteveloppement dit naturel

i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain

Font partie des interventions sur lrsquoecirctre humain les interventions sur lrsquoadulte et lrsquoenfant ainsi que les interventions preacutenatales Lrsquointervention meacutedicale peut se deacutefinir comme laquo an act performed to prevent harm to a patient or to improve the mental emotional or physical function of a patient A physiologic process may be monitored or enhanced or a pathologic process may be arrested or controlled raquo29 Il srsquoagit notamment drsquointerventions chirurgicales

ii) Les substances

Diverses substances peuvent avoir un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisables dans un but de deacuteveloppement artificiel Lrsquoon pense particuliegraverement aux produits theacuterapeutiques (meacutedicaments) ndash favorisant le deacuteveloppement musculaire la concentration lrsquoendurance lrsquoexplosiviteacute lrsquoagressiviteacute etc - et aux aliments speacuteciaux ou alicaments ndash faibles en calories (favorisant la perte de poids) ayant un apport eacutenergeacutetique accru (en proteacuteine favorisant la prise de muscles) ayant un taux de cafeacuteine eacuteleveacute etc Tout produit ayant un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisable agrave des fins autres que la theacuterapie et les soins peut potentiellement avoir un usage dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

27 Deacutefinition de lrsquoInstitut suisse de preacutevention de lrsquoalcoolisme et des autres toxicomanies httpwwwsfa-ispachindexphpIDtheme=107ampIDcat48visible=1amplangue=F 28 Sur les diffeacuterentes cateacutegories de preacutevention voir Message relatif agrave la loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute FF 2009 6389 p 6447 ss 29 Mosbys Medical Dictionary 8th edition 2009 Pour drsquoautres deacutefinitions voir httpmedical-dictionarythefreedictionarycomintervention

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d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Il peut paraicirctre surprenant de construire un rapport juridique en franccedilais en partant drsquoune expression anglaise comme celle de laquo human enhancement raquo Il conviendrait en fait drsquoanalyser preacuteciseacutement et de maniegravere deacutetailleacutee qursquoelle est justement la notion que deacutesigne ladite expression Cette deacutemarche ayant aboutie il serait encore neacutecessaire drsquoexclure qursquoil nrsquoexiste pas drsquoeacutequivalent en franccedilais (ou en allemand) avant de conclure que seule lrsquoexpression anglaise doit ecirctre retenue Dans tous les cas il paraicirct raisonnable de rechercher si lrsquoobjet de ce rapport ne peut pas srsquoexprimer clairement en franccedilais respectivement en allemand avant de faire usage de termes anglais Drsquoautres motifs nous incitent agrave souhaiter une formulation franccedilaise Premiegraverement il existe de nombreuses acceptions de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo Mecircme en anglais la question de la terminologie nrsquoest de loin pas reacutesolue Reprendre sans autre reacuteflexion cette expression preacutesente le risque que chacun pense y retrouver sa propre notion contribuant ainsi agrave la confusion Il est donc neacutecessaire de clarifier et de deacuteterminer au mieux la notion qui sera analyseacutee dans ce travail Deuxiegravemement le droit est indissociable des langues dans lesquelles il srsquoapplique il convient dans ce cadre de maintenir une uniteacute linguistique entre lrsquoobjet traiteacute et les normes juridiques qui srsquoy reacutefeacuterent Une traduction dans la langue de lrsquoeacutetude srsquoavegravere degraves lors utile voire neacutecessaire Troisiegravemement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est en soi biaiseacutee dans la mesure ougrave elle veacutehicule lrsquoideacutee selon laquelle les meacutethodes qursquoelles recouvrent sont veacuteritablement ameacutelioratives sans preacuteciser pour autant la nature de cette ameacutelioration Le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE a bien senti le piegravege puisqursquoil introduit dans sa propre deacutefinition la notion de contexte socioculturel pour appreacutecier lrsquoameacutelioration rechercheacutee30 Il y a donc neacutecessiteacute de se distancier de lrsquoexpression consacreacutee de laquo human enhancement raquo dans la mesure ougrave elle conforte lrsquoideacutee drsquoune certaine ameacutelioration qui reste pourtant agrave deacutemontrer selon des critegraveres socio-culturellement partageacutes et dont le degreacute est encore agrave eacutevaluer La question nrsquoest plus ici seulement de traduction mais bien de deacutefinition Parler drsquoameacutelioration humaine ou de laquo corps augmenteacute raquo31 ne paraicirct pas correct mais plutocirct trompeur Il srsquoagit de trouver un terme neutre Nous proposons ainsi de retenir lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Premiegraverement le terme de deacuteveloppement peut se comprendre comme ameacutelioration mais il laisse ouverte la possibiliteacute que ce deacuteveloppement soit beacuteneacutefique ou non32 Dans son sens neacutegatif il pourrait donc aussi srsquoappliquer pour deacutesigner une alteacuteration de lrsquohomme Le principe est surtout drsquoexprimer la transformation le changement qui est apporteacute agrave lrsquohumain ces autres termes pouvant ici valoir comme synonymes Mais lrsquointeacuterecirct du terme de deacuteveloppement est de renvoyer ou rappeler lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement durable raquo Pour reprendre le rapport laquo Notre avenir agrave tous raquo de la Commission mondiale sur lenvironnement et le deacuteveloppement (Commission Brundtland) laquo le deacuteveloppement durable est un deacuteveloppement qui reacutepond aux

30 Voir plus haut pt 1a 31 Cette traduction quasi-litteacuterale de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est parfois utiliseacutee en franccedilais Citons Geacuterard Ayache Corps augmenteacute recircve bionique ou cauchemar protheacuteen disponible agrave la page httpwwwagoravoxfractualitestechnologiesarticlecorps-augmente-reve-bionique-ou-11710 et une confeacuterence donneacutee dans le cadre des manifestations culturelles de la bibliothegraveque cantonale et universitaire de Lausanne le 27 janvier 2009 intituleacutee laquo Le corps augmenteacute utopie drsquoaujourdrsquohui reacutealiteacute de demain raquo 32 Sur le lien entre les notions de laquo enhancement raquo et de deacuteveloppement voir ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34

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besoins du preacutesent sans compromettre la possibiliteacute pour les geacuteneacuterations agrave venir de pouvoir reacutepondre aux leurs raquo33 Cette expression implique une responsabiliteacute individuelle et collective marqueacutee sur la dureacutee pour appreacutecier les effets du deacuteveloppement qui pour ecirctre positif ne peut se limiter aux seules personnes directement concerneacutees mais doit ecirctre appreacutecieacute dans ses conseacutequences globales pour lrsquohumaniteacute et la planegravete Une ameacutelioration de telle performance drsquoun athlegravete ne constitue pas neacutecessairement un progregraves pour les hommes et doit donc ecirctre appreacutecieacute de maniegravere relative sous lrsquoangle du deacuteveloppement durable et humain Deuxiegravemement le deacuteveloppement dont il est question ici concerne directement lrsquohumain justement afin de le deacutelimiter par rapport au deacuteveloppement durable et agrave drsquoautres formes drsquoactiviteacutes Troisiegravemement la caracteacuteristique de ce deacuteveloppement humain est de se libeacuterer des regravegles de la nature drsquoecirctre directement et volontairement induit autrement dit drsquoecirctre artificiel Cet eacuteleacutement est important pour marquer la limite avec lrsquoensemble des facteurs ndash ou deacuteterminants ndash qui influencent notre santeacute et dont les effets se traduisent au fil des deacutecennies par un allongement de la dureacutee de vie moyenne de la population et une baisse des morbiditeacutes Nous vivons mieux et plus longtemps que nos anciens Mais les eacuteleacutements qui participent agrave cette eacutevolution eacutechappent pour la plupart agrave un controcircle direct des individus concerneacutes Il srsquoagit donc de bien distinguer ces eacuteleacutements de lrsquoeacutevolution de la socieacuteteacute de la meacutedecine ameacuteliorative et autres mesures de deacuteveloppement humain artificiel Nous retiendrons ainsi actuellement la deacutenomination de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo qui renvoie au concept de laquo deacuteveloppement durable raquo aujourdrsquohui appliqueacute tant en matiegravere drsquoenvironnement que drsquoeacuteconomie domaines eacutetroitement lieacutes agrave celui de deacuteveloppement humain comme il sera deacutemontreacute ci-dessous

2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Fondements constitutionnels

Plusieurs normes constitutionnelles influent directement sur les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo en Suisse Ces dispositions concernent entre autres la digniteacute humaine le droit agrave la vie et agrave la liberteacute personnelle lrsquoeacutegaliteacute la protection de la santeacute la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee le geacutenie geacuteneacutetique et la meacutedecine de la transplantation

i) Digniteacute humaine

Lrsquoart 7 Cst dispose que la digniteacute humaine doit ecirctre respecteacutee et proteacutegeacutee Ce droit fondamental agrave ecirctre traiteacute de maniegravere humaine et non deacutegradante est consideacutereacute comme un principe directeur concreacutetiseacute par les autres droits fondamentaux34 Parmi ceux-ci le droit agrave la liberteacute personnelle garantit entre autres le droit agrave la vie agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique Si laquo [l]a garantie de lrsquointeacutegriteacute physique protegravege

33 Notre avenir agrave tous Rapport de la commission mondiale sur lrsquoenvironnement et le deacuteveloppement du 10 mars 1987 Disponible dans sa version anglaise agrave la page httpwwwareadminchthemennachhaltig002660054000542indexhtmllang=fr 34 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 69 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 691 s ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 260 s p 121 s PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 139 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 PHILIPPE MASTRONARDI com ad art 7 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 77 s

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lrsquoindividu contre toute atteinte injustifieacutee (hellip) porteacutee au corps humain qursquoelle soit intentionnelle ou non grave ou leacutegegravere et quels qursquoen soient les motifs raquo35 elle ne creacutee pas ni ne protegravege un eacuteventuel droit drsquoameacuteliorer son corps ou de modifier lrsquoecirctre humain drsquoune autre maniegravere Il existe drsquoailleurs drsquoautres dispositions constitutionnelles restreignant les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo A ce propos laquo [l]ecirctre humain se distinguerait agrave la fois par son individualiteacute et par ses imperfections Le jauger selon une norme preacutetendue juste et deacutetermineacutee de maniegravere arbitraire et le manipuler geacuteneacutetiquement par rapport agrave cette norme constituerait une violation grave de sa digniteacute raquo36 Le clonage et la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides sont eacutegalement par leur nature mecircme contraire agrave la digniteacute humaine37 Si lrsquoEtat doit srsquoabstenir drsquoatteindre de faccedilon injustifieacutee agrave lrsquointeacutegriteacute physique et la proteacuteger la Constitution preacutevoit eacutegalement agrave son art 118 que la Confeacutedeacuteration prend des mesures pour proteacuteger la santeacute Cet eacuteleacutement sera traiteacute ci-apregraves

ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle

Lrsquoart 10 Cst feacuted garantit le droit agrave la vie agrave la liberteacute personnelle agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique et agrave la liberteacute de mouvement donc laquo toutes les liberteacutes eacuteleacutementaires dont lrsquoexercice est indispensable agrave lrsquoeacutepanouissement de la personne humaine raquo38 Le Tribunal feacutedeacuteral a retenu que les vaccinations obligatoires les opeacuterations chirurgicales lrsquoobligation pour les eacutelegraveves de suivre un controcircle et des soins dentaires obligatoires ou lrsquoadministration forceacutee de meacutedicaments dans une clinique psychiatrique constituent des atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute physique et donc agrave la liberteacute personnelle39 La liberteacute personnelle protegravege la personne contre les atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute psychique laquo qui tendraient par un moyen quelconque agrave restreindre ou agrave supprimer la faculteacute qui lui est propre drsquoappreacutecier une situation donneacutee et de se deacuteterminer drsquoapregraves cette appreacuteciation raquo40 Enfin lrsquoart 10 al 3 Cst feacuted interdit la torture et tout autre traitement ou peine cruels inhumains ou deacutegradants Une des reacutesultantes de lrsquoart 10 Cst feacuted en droit meacutedical est lrsquoexigence du consentement des patients pour tout acte meacutedical On retrouve son pendant en droit priveacute avec lrsquoart 28 CC Cela garantit le respect de la volonteacute du patient et lui donne ainsi le droit drsquoexercer son libre arbitre Cependant le consentement nrsquoest pas une condition suffisante pour justifier une atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle Encore faut-il qursquoelle soit conforme aux regravegles de lrsquoart autrement dit que cette intervention reacuteponde aux standards meacutedicaux compte tenu des besoins du patient Une meacutethode de laquo deacuteveloppement durable artificiel raquo devra ainsi non seulement ecirctre autoriseacutee par la personne concerneacutee Elle doit en outre respecter les regravegles de lrsquoart et la digniteacute humaine consacreacutee agrave lrsquoart 7 Cst indeacutependamment de la volonteacute de la personne concerneacutee

35 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 108 36 Message LPMA FF 1996 276 reprenant une intervention parlementaire BO N 1991 p 616 (intervention Koller) 37 Message LPMA FF 1996 27 et les reacutefeacuterences citeacutees Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1221 38 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 101 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER com ad art 10 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 148 s 39 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 108 et la jurisprudence citeacutee 40 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 109

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iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations

Lrsquoart 8 Cst pose les principes de lrsquoeacutegaliteacute des ecirctres humains devant la loi et de lrsquointerdiction des discriminations Si cette disposition a vocation agrave srsquoappliquer dans les relations que lrsquoEtat entretient avec ses citoyens administreacutes justiciables elle a aussi un effet dans les relations entre particuliers Si dans la regravegle lrsquointerdiction des discriminations sadresse agrave lEacutetat et ne produit pas deffet horizontal direct dans les relations entre personnes priveacutees laquo les regravegles de droit civil doivent cependant ecirctre interpreacuteteacutees en tenant compte des exigences particuliegraveres qui reacutesultent des droits fondamentaux raquo41 Lrsquoart 8 al 2 Cst a toutefois des effets indirects notamment en vertu de lrsquoart 35 al 3 Cst qui dispose que les autoriteacutes veillent agrave ce que les droits fondamentaux dans la mesure ougrave ils srsquoy precirctent soient aussi reacutealiseacutes dans les relations qui lient les particuliers entre eux Ces effets indirects sont de deux ordres Premiegraverement il srsquoagit pour les autoriteacutes de tenir compte des droits fondamentaux dans lrsquointerpreacutetation des lois et dans lrsquousage de leur pouvoir drsquointerpreacutetation Deuxiegravemement laquo [l]e leacutegislateur doit concevoir la leacutegislation de sorte qursquoelle assure le mieux possible le respect des droits fondamentaux dans les relations entre particuliers Il le fera en eacutedictant des normes notamment de droit civil et peacutenal qui reacutesolvent les conflits de liberteacute entre particuliers et qui preacuteviennent des traitements discriminatoires Aussi les garanties constitutionnelles peuvent-elles contenir un mandat au leacutegislateur drsquoadopter des dispositions propres agrave proteacuteger dans la mesure du possible les particuliers contre les atteintes agrave leurs droits fondamentaux provenant drsquoautres particuliers Lrsquoexistence drsquoune telle obligation positive de lrsquoEtat (Schutzpflichten) deacutecoulant de la Constitution est admise depuis longtemps par la Cour europeacuteenne des droits de lrsquohomme ainsi que par la doctrine et la jurisprudence suisse raquo42 Ce deuxiegraveme eacuteleacutement est particuliegraverement important concernant lrsquointerdiction des discriminations En effet les laquo obligations de protection raquo de lrsquoEtat citeacutees ci-dessus neacutecessitent qursquoil prenne divers types de mesures afin de reacuteduire voire drsquoeacuteliminer les discriminations horizontales On pense en particulier agrave des mesures positives drsquoinformation de sensibilisation ou des recherches scientifiques et projets drsquoeacutechange et de contacts etc43 La creacuteation drsquoorganismes de sensibilisation et de coordination et la prise de mesures drsquoencouragement sont eacutegalement envisageables Dans les domaines ougrave la Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences leacutegislatives le leacutegislateur feacutedeacuteral peut eacutedicter des regravegles lorsque leur neacutecessiteacute est aveacutereacutee assurant la protection des citoyens contre les discriminations En reacutesumeacute les autoriteacutes eacutetatiques ne peuvent discriminer les personnes de faccedilon geacuteneacuterale et doivent assurer leur protection contre des discriminations horizontales par la prise de mesures positives et lrsquoeacutetablissement de textes de lois

41 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 5A4842009 du 18 aoucirct 2009 consid 41 et les reacutefeacuterences citeacutees 42 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 164 ss 167 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 43 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 318 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 124

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iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes

Lrsquoart 11 Cst dispose entre autres que les enfants et les jeunes ont droit agrave une protection particuliegravere de leur inteacutegriteacute et agrave lrsquoencouragement de leur deacuteveloppement Cette disposition dans certains domaines en tout cas44 laquo ne creacutee pas un droit subjectif particulier deacuteductible en justice faute notamment decirctre suffisamment preacutecise et deacutetermineacutee et doit plutocirct ecirctre consideacutereacutee comme une disposition programmatique respectivement une disposition que les autoriteacutes doivent prendre en compte lorsquil sagit de combler une lacune ou lorsquelles font usage de leur pouvoir dappreacuteciation raquo45 Il exige dans tous les cas une prudence accrue lorsqursquoil srsquoagit de porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle des enfants ou drsquointervenir dans leur deacuteveloppement

v) Protection des consommatrices et consommateurs

Lrsquoart 97 Cst dispose que la Confeacutedeacuteration prend des mesures destineacutees agrave proteacuteger les consommateurs et les consommatrices46 Il preacutevoit encore que les organisations de consommateurs disposent de voies de droit et que les proceacutedures de conciliation ou judiciaires doivent ecirctre simple et rapides pour les litiges dont la valeur litigieuse ne deacutepasse pas un montant deacutetermineacute Le but du premier alineacutea de cette disposition est de proteacuteger les consommateurs en geacuteneacuteral Les marcheacutes des meacutedicaments des denreacutees alimentaires des produits cosmeacutetiques et des services dans les domaines de la cosmeacutetique et du bien-ecirctre sont concerneacutees par cette disposition qui sert par ailleurs de base leacutegale agrave diverses lois de protection des consommateurs contre les tromperies

vi) Protection de la santeacute

Lrsquoart 118 Cst mentionne que la Confeacutedeacuteration prend des mesures afin de proteacuteger la santeacute dans les limites de ses compeacutetences et leacutegifegravere entre autres sur lrsquoutilisation des denreacutees alimentaires des agents theacuterapeutiques des stupeacutefiants des organismes des produits chimiques et des objets qui peuvent preacutesenter un danger pour la santeacute47 laquo Lrsquoancien art 69bis parlait de laquo commerce raquo (Verkehr raquo) des denreacutees alimentaires et objets usuels Le constituant de 1999 a preacutefeacutereacute parler drsquo laquo utilisation raquo (laquo Umgang raquo) pour bien montrer que la leacutegislation vise le comportement des consommateurs aussi bien que les opeacuterations drsquoamont fabrication traitement importation distribution raquo48 Si la santeacute publique est principalement un domaine de compeacutetence des cantons la Confeacutedeacuteration dispose toutefois de tacircches speacuteciales dans ce domaine49 Lrsquoart 118 44 Voir RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht p 262 ss en particulier p 264 s voir aussi RUTH REUSSER KURT LUumlSCHER com ad art 11 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 175 45 Arrecirct du Tribunal administratif feacutedeacuteral Cour III C-38852007 du 2 deacutecembre 2008 consid 10 46 Voir RETO JACOBS com ad art 97 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar Lachen amp Zurich p 1062 s voir aussi KLAUS A VALLENDER com ad art 94-107 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 47 LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1207 s 48 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 930 49 La Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences en matiegravere de santeacute publique depuis 1848 voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 926 Voir aussi ERWIN MURER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER

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sert de base agrave de nombreuses lois et ordonnances dont les principales sont la loi sur les denreacutees alimentaires 50 la loi sur les produits theacuterapeutiques51 la loi sur les stupeacutefiants52 la loi sur les produits chimiques53 ou encore la loi sur la seacutecuriteacute des produits54

vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain

Touchant directement le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo lrsquoart 119 Cst55 doit eacutegalement ecirctre mentionneacute Cette disposition traite de la protection de lrsquoecirctre humain contre les abus en matiegravere de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et de geacutenie geacuteneacutetique56 dans le domaine humain et limite ou interdit plusieurs activiteacutes dans le but de proteacuteger la digniteacute humaine la personnaliteacute et la famille57 Premiegraverement en application de lrsquoalineacutea 1 let a laquo [s]ont interdites les laquo interventions raquo (laquo Eingriffe raquo) dans le patrimoine geacuteneacutetique drsquoun gamegravete ou drsquoun embryon crsquoest-agrave-dire les opeacuterations qui modifient ce patrimoine et qui par conseacutequent peuvent influencer la descendance raquo58 Le clonage est aussi expresseacutement interdit Deuxiegravemement la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides interespegraveces59 est prohibeacutee60 Troisiegravemement la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee nrsquoest autoriseacute que lorsque la steacuteriliteacute ou le danger de transmission drsquoune grave maladie ne peuvent ecirctre eacutecarteacutes drsquoune autre maniegravere et non pour deacutevelopper chez lrsquoenfant certaines qualiteacutes ou pour faire de la recherche61 Cette disposition interdit donc expresseacutement lrsquoutilisation de meacutethodes de PMA afin de modifier les caracteacuteristiques drsquoun futur enfant

Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 967 s et surtout p 976 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 285 p 132 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 140 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 41 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 535 s ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht p 118 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII p 21 s 50 RS 8170 51 RS 81221 52 RS 812121 53 RS 8131 54 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 929 Voir aussi LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1209 s 55 Dans lrsquoancienne constitution voir art 24novies aCst 56 laquo Le laquo geacutenie geacuteneacutetique raquo (Gentechnologie) deacutesigne les proceacutedeacutes qui permettent drsquoanalyser de soigner voire de modifier des gegravenes notamment le support moleacuteculaire des caractegraveres heacutereacuteditaires drsquoun ecirctre vivant de mainegravere agrave identifier celui-ci voire agrave lrsquoinfluencer lui ou sa descendance raquo JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 936 Selon lrsquoart 2 let a LPMA la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee se deacutefinit comme les meacutethodes permettant drsquoinduire une grossesse en dehors de lrsquounion naturelle de lrsquohomme et de la femme en particulier lrsquoinseacutemination la feacutecondation in vitro avec transfert drsquoembryons et le transfert de gamegravetes Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 57 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 939 s Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 58 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 940 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 59 Notamment par la feacutecondation drsquoun ovule humain par un spermatozoiumlde humain et inversement JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 941 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 60 Art 119 al 1 let b Cst feacuted 61 Art 119 al 1 let c Cst feacuted Sur les meacutethodes de la PMA voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 942 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217

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viii)Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain

Enfin lrsquoart 120 Cst pose le principe de la protection de lrsquoecirctre humain et de son environnement contre les abus en matiegravere de geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain62 Il donne eacutegalement la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoutilisation du patrimoine germinal et geacuteneacutetique des animaux des veacutegeacutetaux et des autres organismes en suivant les principes suivants respect de lrsquointeacutegriteacute des organismes vivants de la seacutecuriteacute de lrsquoecirctre humain de lrsquoanimal et de lrsquoenvironnement et protection de la diversiteacute geacuteneacutetique des espegraveces animales et veacutegeacutetales

ix) Meacutedecine de la transplantation

Lrsquoart 119a Cst porte sur la meacutedecine de la transplantation et donne agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules Cette disposition pose les principes que la leacutegislation doit garantir la digniteacute humaine (en interdisant entre autres le commerce lucratif drsquoorganes et une reacutepartition discriminatoire des organes) proteacuteger la personnaliteacute (principalement du donneur) et la santeacute (du donneur et du receveur)63 Les textes leacutegaux fondeacutes sur cette disposition constitutionnelle sont eacutetudieacutes ci-dessous64

x) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement le 25 septembre 200965 sera soumis au peuple le 7 mars prochain Cette disposition pose les principes permettant de reacutealiser une recherche sur lrsquoecirctre humain et donne la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer dans ce domaine dans la mesure ougrave la protection de la digniteacute humaine et de la personnaliteacute lrsquoexige Les principes preacutevus sont les suivants66

a un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute que si la personne y participant ou la personne deacutesigneacutee par la loi a donneacute son consentement eacuteclaireacute la loi peut preacutevoir des exceptions un refus est contraignant dans tous les cas

b les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne doivent pas ecirctre disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute du projet

c un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute sur des personnes incapables de discernement que si des reacutesultats eacutequivalents ne peuvent ecirctre obtenus chez des personnes capables de discernement lorsque le projet de recherche ne permet pas drsquoescompter un beacuteneacutefice direct pour les personnes incapables de discernement les risques et les contraintes doivent ecirctre minimaux

d une expertise indeacutependante du projet de recherche doit avoir eacutetabli que la protection des personnes participant agrave ce projet est garantie

Sous le reacutegime de cet article constitutionnel les recherches impliquant des ecirctres humains visant un deacuteveloppement humain sont envisageables aux conditions mentionneacutees ci-dessus La lettre b retient particuliegraverement lrsquoattention La notion 62 Voir RAINER J SCHWEIZER com ad art 120 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1240 63 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 950 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARKUS SCHOTT com ad art 119a in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1230 s 64 Voir ci-dessous p 22 65 Arrecircteacute feacutedeacuteral relatif agrave un article constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain du 25 septembre 2009 66 Art 118b al 2 Cst

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drsquoutiliteacute du projet doit ecirctre preacuteciseacutee Selon le message lrsquoutiliteacute du projet consiste en le beacuteneacutefice escompteacute de la recherche envisageacutee Ce beacuteneacutefice peut ecirctre drsquoune part un beacuteneacutefice individuel du sujet par exemple pour sa santeacute et drsquoautre part un beacuteneacutefice pour des tiers pour la socieacuteteacute laquo Outre lrsquoutiliteacute pour la santeacute publique (p ex de meilleures possibiliteacutes de traitement pour les patients agrave venir) on peut penser agrave drsquoautres beacuteneacutefices pour la socieacuteteacute (p ex ameacutelioration de la qualiteacute de la vie deacutepassant le cadre de lrsquoutiliteacute pour la santeacute au sens strict) raquo67 Au vu de ces exemples donneacutes dans le message on peut se poser la question du beacuteneacutefice de recherches visant le deacuteveloppement humain En toute hypothegravese le principe geacuteneacuteral veut que les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne soient pas disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute de la recherche et aux beacuteneacutefices escompteacutes68 Pour esquisser des eacuteleacutements de reacuteponses agrave cette question il faut se pencher sur les nombreuses lois traitant de recherche sur lrsquoecirctre humain Citons la Loi sur les produits theacuterapeutiques lrsquoOrdonnance sur les essais cliniques la Loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee la Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires la Loi sur la transplantation les Lois sur la radioprotection et la protection des donneacutees69 et le projet de loi feacutedeacuterale sur la recherche sur lrsquoecirctre humain traiteacute ci-dessous70

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine

i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee

La loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee (LPMA) entreacutee en vigueur en 2001 regravegle les conditions de pratique de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee sur les ecirctres humains Elle assure la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la famille et interdit lrsquoapplication abusive de la biotechnologie et du geacutenie geacuteneacutetique Comme drsquoautres dispositions leacutegales71 et lrsquoart 119 Cst la LPMA interdit toute forme de seacutelection geacuteneacutetique ayant pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoenfant agrave naicirctre Lrsquoart 33 dispose que quiconque lors de lrsquoapplication drsquoune meacutethode de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee seacutelectionne les gamegravetes en fonction du sexe ou sur la base drsquoune analyse geacuteneacutetique dans un but autre que celui drsquoeacutecarter le risque de transmission drsquoune maladie grave et incurable aux descendants sera puni de lrsquoemprisonnement ou de lrsquoamende Lrsquoart 35 LPMA interdit de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire des cellules germinatives ou des cellules embryonnaires humaine drsquoutiliser de telles gamegravetes pour une impreacutegnation et drsquoutiliser pour le deacutevelopper jusqursquoau stade drsquoembryon un ovule impreacutegneacute ayant subi une telle modification72 Lrsquoart 36 preacutevoit encore une interdiction de creacuteer un clone un hybride ou une chimegravere et de transfeacuterer un embryon de chimegravere ou drsquohybride agrave une femme ou agrave un animal Quiconque commet une des actions interdite sera puni de lrsquoemprisonnement Selon le message la ratio legis de lrsquointerdiction des modifications du patrimoine germinal est que laquo nous ne sommes pas qualifieacutes pour deacuteterminer la nature des futurs ecirctres

67 Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 68 Voir Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 69 ASSM La recherche avec des ecirctres humains Meacutemento pour la pratique Bacircle 2009 p 13 70 Voir ci-dessous p 24 71 Voir loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain p 24 72 Selon le message le but de ces dispositions est drsquoempecirccher la conception programmeacutee drsquolaquo enfants ideacuteaux raquo de chimegraveres et drsquohybrides Le principe geacuteneacuteral est que toute seacutelection est exclue FF 1996 197 p 220 s et 275 ss

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humains cest-agrave-dire leurs capaciteacutes physiques et psychiques Cela reviendrait agrave donner agrave la geacuteneacuteration actuelle un pouvoir exclusif sur les geacuteneacuterations suivantes et agrave long terme agrave donner agrave des morts le pouvoir sur des vivants raquo73

ii) Analyse geacuteneacutetique humaine

La loi feacutedeacuterale sur lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine (LAGH) entreacutee en vigueur le 1er avril 2007 reacuteglemente lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques humaines74 dans le domaine de la meacutedecine du travail de lrsquoassurance et de la responsabiliteacute civile ainsi que lrsquoeacutetablissement de profils drsquoADN visant agrave deacuteterminer la filiation ou lrsquoidentiteacute drsquoune personne75 Elle a pour but de garantir la digniteacute humaine et la qualiteacute des analyses et de preacutevenir les analyses abusives et lrsquoutilisation abusive des donneacutees recueillies76 Pour cette eacutetude lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques dans la meacutedecine et le travail nous inteacuteressent plus particuliegraverement Sur les principes la loi preacutevoit que lrsquoanalyse geacuteneacutetique ne peut ecirctre effectueacutee qursquoagrave des fins meacutedicales et dans le respect du droit agrave lrsquoautodeacutetermination du patient77 Permettant de deacutetecter et diagnostiquer certaines maladies une analyse geacuteneacutetique peut ecirctre prescrite par un meacutedecin laquo que si elle reacutepond agrave un inteacuterecirct leacutegitime de celle-ci crsquoest-agrave-dire si lrsquoanalyse a un but prophylactique ou theacuterapeutique ou si elle permet drsquoeacutetablir un choix de vie ou un planning familial raquo78 Les analyses geacuteneacutetiques sont donc permises pour diagnostiquer une maladie parfois de faccedilon preacutecoce avant mecircme lrsquoapparition des premiers symptocircmes En particulier laquo une personne a le droit de savoir ou pas si elle est porteuse drsquoun gegravene deacutefectueux qui sera probablement agrave lrsquoorigine drsquoune maladie dans le futur mecircme srsquoil nrsquoexiste pas de mesure prophylactique raquo79 Par contre une analyse geacuteneacutetique ne sera pas autoriseacutee si elle a pour but de deacuteterminer une aptitude speacuteciale pour certains sports Certains preacutetendent qursquoune telle analyse est aujourdrsquohui techniquement possible A titre drsquoexemple la socieacuteteacute ameacutericaine Atlas Sport Genetics propose un test permettant drsquoanalyser le gegravene ACTN-3 qui srsquoapparenterait agrave un gegravene du sportif drsquoeacutelite80 et qui indiquerait une preacutedisposition agrave deacutevelopper des aptitudes biomotrices (vitesse endurance etc) supeacuterieures agrave la moyenne Ce test est vendu aux parents souhaitant connaicirctre les preacutedispositions geacuteneacutetiques de leurs enfants au sport de haut niveau81 Il convient drsquoembleacutee de souligner que la pertinence de ce test reste agrave deacutemontrer scientifiquement De plus la LAGH interdit dans tous les cas les analyses dans le but de deacuteterminer les preacutedispositions sportives des enfants au motif qursquoil nrsquoy a aucun laquo beacuteneacutefice direct au sens meacutedical pour la personne mineure incapable de discernement raquo8283 73 Message LPMA FF 1996 276 74 Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine est deacutefinie agrave lrsquoart 3 de la loi comme laquo les analyses cytogeacuteneacutetiques et moleacuteculaires effectueacutees sur lrsquoecirctre humain dans le but de deacuteterminer des caracteacuteristiques du patrimoine geacuteneacutetique heacutereacuteditaires ou acquises pendant la phase embryonnaire et toutes les autres analyses de laboratoire qui visent agrave obtenir de maniegravere directe ces mecircmes informations raquo les analyses cytogeacuteneacutetiques eacutetant laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer le nombre et la structure des chromosomes et les analyses moleacuteculaires laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer la structure moleacuteculaire des acides nucleacuteiques (ADN et ARN) ainsi que le produit direct du gegravene raquo 75 Art 1 LAGH 76 Art 2 LAGH 77 Art 10 al 1 LAGH 78 Message LAGH FF 2007 6841 p 6886 79 Message LAGH FF 2007 6841 p 6887 80 Voir agrave ce propos lrsquoarticle paru agrave ce sujet dans le New York Times du 30 novembre 2008 disponible agrave la page httpwwwnytimescom20081130sports30geneticshtml 81 wwwatlasgenecom 82 Message LAGH FF 2007 6841 p 6888

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Les analyses preacutenatales sont autoriseacutees pour deacutetecter chez lrsquoenfant agrave naicirctre des anomalies maladies et autres eacuteleacutements pouvant atteindre agrave sa santeacute A son art 11 la loi interdit de telles analyses visant agrave rechercher des caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus qui nrsquoinfluencent pas directement sa santeacute ou agrave deacuteterminer le sexe dans un but autre qursquoun diagnostic Le but de cette disposition est drsquointerdire la laquo seacutelection des embryons ou des fœtus selon le deacutesir des parents raquo84 Le but est ici drsquoeacuteviter que des parents puissent choisir des laquo beacutebeacutes agrave la carte raquo Lrsquoeacutevolution des techniques drsquoanalyse geacuteneacutetique de geacutenie geacuteneacutetique de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et des sciences biomeacutedicales en geacuteneacuteral permettent aujourdrsquohui et permettront toujours plus agrave lrsquoavenir drsquoenvisager non seulement la seacutelection mais encore la modification geacuteneacutetique des enfants agrave naicirctre donc des geacuteneacuterations futures Si lrsquoEtat ne prend plus aujourdrsquohui de mesures collectives agrave viseacutee eugeacuteniste85 une nouvelle forme drsquoeugeacutenisme priveacute libeacuteral volontaire ou positif selon les formules consacreacutees86 est concevable voire souhaiteacutee par certains87 Le leacutegislateur a reacuteglementeacute de faccedilon claire et reacutepeacuteteacutee le domaine de lrsquoutilisation des technologies geacuteneacutetiques appliqueacute agrave la seacutelection et agrave la modification libeacuterale drsquoenfants agrave naicirctre Dans la Constitution deacutejagrave dont lrsquoart 119 interdit lrsquoutilisation des meacutethodes de PMA pour modifier les caracteacuteristiques drsquoun enfant Dans les lois ensuite la LAGH prohibe la seacutelection de gamegravetes et drsquoembryons fondeacutee sur les preacutedispositions geacuteneacutetiques et la LPMA interdit toute modification volontaire du patrimoine geacuteneacutetique lors de procreacuteations meacutedicalement assisteacutees Le projet de LRH enfin deacuteclare illicites les projets de recherche visant agrave modifier des embryons ou fœtus sans rapport avec une maladie La volonteacute du leacutegislateur de ne pas permettre de modifications preacutenatales choisies a eacuteteacute affirmeacutee et confirmeacutee plusieurs fois de 199288 agrave 200989 Il paraicirct donc drsquoembleacutee exclu du moins agrave court et moyen termes que la leacutegislation soit reacuteviseacutee Au contraire les arguments invoqueacutes agrave reacuteiteacutereacutees reprises pour justifier la fermeteacute du Parlement agrave ce sujet relegravevent de valeurs fondamentales qui ne paraissent pas souffrir drsquoexceptions Il srsquoagit drsquoune barriegravere tregraves claire agrave lrsquoapplication de meacutethodes de deacuteveloppement humain artificiel dans ce domaine

83 Voir agrave ce sujet DOMINIQUE SPRUMONT La reacuteglementation des trousses drsquoanalyse geacuteneacutetique Lanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives Actes drsquoun colloque CHARLES JOYE (eacuted) Schulthess Zurich Bacircle et Genegraveve 2004 pp 71-88 84 Message LAGH FF 2007 6841 p 6889 85 Comme nous le savons il nrsquoen a pas toujours eacuteteacute ainsi En 1928 encore lrsquoEtat de Vaud mettait en place un reacutegime de steacuterilisation des malades mentaux et autorisait lrsquoavortement pour des motifs eugeacuteniques Voir GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 55 ss 67 et 85 Tout programme eacutetatique agrave viseacutees eugeacuteniques serait aujourdrsquohui contraire agrave la Constitution entre autre agrave ses articles 7 et 8 86 La liberteacute de choix reste relative dans lrsquoeugeacutenisme dit libeacuteral Si les mesures ne sont plus dicteacutees autoritairement par lrsquoEtat elles ne sont pas libres de fortes influences sociales et eacuteconomiques Nous ne pouvons qursquoabonder dans le sens de DUMOULIN pour qui laquo lrsquoeugeacutenisme nrsquoa pas cesseacute drsquoexister tout au plus a-t-il changeacute de forme raquo GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 87 87 Sur ces reacuteflexions voir parmi drsquoautres PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 et les reacutefeacuterences citeacutees 88 Date de lrsquoadoption de lrsquoart 24novies aCst Repris ensuite agrave lrsquoart 119 Cst Voir FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 935 89 Le projet de LRH dans sa version provisoire actuelle est dateacute du 21 octobre 2009

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Dans le domaine du travail la loi pose des conditions strictes quant agrave lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques Le principe fondamental qui a vocation agrave srsquoappliquer de faccedilon geacuteneacuterale et pas seulement dans le domaine du travail est que nul ne peut ecirctre discrimineacute en raison de son patrimoine geacuteneacutetique90 Ce principe pose la regravegle de lrsquointerdiction de lrsquousage drsquoinformations geacuteneacutetiques tant par lrsquoEtat que par les particuliers sauf dans les cas preacutevus par la loi91 Cette norme est une concreacutetisation du principe geacuteneacuteral poseacute agrave lrsquoart 8 al 2 Cst92 plus preacuteciseacutement de lrsquointerdiction des discriminations fondeacutees sur les deacuteficiences corporelles Pour PREVITALI laquo [l]e fait que la deacuteficience geacuteneacutetique repreacutesente une simple probabiliteacute qursquoune certaine maladie puisse se manifester un jour et que la deacuteficience ne soit deacutecelable sans recourir agrave des analyses approfondies nrsquoest pas un critegravere pertinent pour exclure les raisons geacuteneacutetiques du champ drsquoapplication de ce motif de discrimination raquo93 Plus avant la loi deacutetermine les conditions auxquelles un meacutedecin du travail peut prescrire une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique Le principe poseacute agrave lrsquoart 21 veut qursquoun employeur ou son meacutedecin ne puisse ni exiger une telle analyse ni exiger les reacutesultats drsquoune analyse preacuteexistante ni exiger une analyse geacuteneacutetique ayant pour but de deacuteterminer des caracteacuteristiques personnelles du travailleur qui nrsquoont pas de rapport avec sa santeacute Il existe toutefois des exceptions ougrave des analyses peuvent ecirctre effectueacutees dans le but de preacutevenir les maladies professionnelles ou les accidents Selon lrsquoart 22 les conditions cumulatives suivantes doivent alors ecirctre remplies

bull le poste est soumis aux dispositions sur la preacutevention dans le domaine de la meacutedecine du travail en vertu drsquoune deacutecision de la SUVA94 ou agrave drsquoautres dispositions feacutedeacuterales qui prescrivent une analyse meacutedicale pour eacutevaluer lrsquoaptitude de la personne concerneacutee agrave exercer lrsquoactiviteacute en question en raison des risques susceptibles de provoquer une maladie professionnelle une grave atteinte agrave lrsquoenvironnement ou des risques drsquoaccident grave ou drsquoatteinte grave agrave la santeacute de tiers

bull les mesures sur le lieu de travail au sens de lrsquoart 82 de la loi feacutedeacuterale du 20 mars 1981 sur lrsquoassurance-accidents ou drsquoautres dispositions leacutegales ne suffisent pas agrave eacutecarter ces risques

bull il est eacutetabli selon lrsquoeacutetat des connaissances scientifiques qursquoil existe un rapport de cause agrave effet entre une preacutedisposition geacuteneacutetique deacutetermineacutee et une maladie professionnelle un risque drsquoatteinte agrave lrsquoenvironnement ou un risque drsquoaccident ou drsquoatteinte agrave la santeacute de tiers

bull la Commission drsquoexperts pour lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine a confirmeacute le rapport de cause agrave effet selon la lettre preacuteceacutedente et reconnu la fiabiliteacute de la meacutethode drsquoanalyse permettant de deacutetecter la preacutedisposition

bull la personne concerneacutee a donneacute son consentement par eacutecrit

90 Art 4 LAGH 91 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 56 et les reacutefeacuterences citeacutees 92 Message LAGH FF 2002 6841 p 6876 Lrsquointerdiction de discriminer en raison du patrimoine geacuteneacutetique vise eacutegalement de faccedilon plus geacuteneacuterale la sauvegarde de la digniteacute humaine voir ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 52 s 93 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 51 94 Voir art 70 OPA

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Si une analyse est envisageable aux conditions susmentionneacutees dans le but de proteacuteger la santeacute du travailleur ou parce que le meacutetier en question exige une santeacute parfaite (p ex personnel navigant de lrsquoaeacuteronautique)95 rappelons cette analyse doit ecirctre consideacutereacutee comme une ultima ratio En effet le principe veut qursquoen preacutesence drsquoune activiteacute professionnelle potentiellement dangereuse lrsquoemployeur ne doit pas seacutelectionner ses employeacutes en fonction de leur reacutesistance ou de preacutedispositions particuliegraveres ou leur proposer des traitements leur permettant de srsquoadapter aux conditions de travail particuliegraveres (p ex la prescription drsquoampheacutetamines aux pilotes militaires ameacutericains) mais prioritairement adapter lrsquoenvironnement et les conditions de travail agrave la protection de la santeacute des personnes La deuxiegraveme condition de lrsquoart 22 LAGH le mentionne explicitement Il y a lagrave un frein explicite agrave toute forme de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo dans le domaine du travail qui ne reacutepondrait pas aux critegraveres susmentionneacutes qui concernent une atteinte moindre aux droits des travailleurs Cet eacuteleacutement devra tout particuliegraverement ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoeacutevaluation de projet de recherche dans ce domaine une laquo ameacutelioration raquo du travailleur par rapport agrave son environnement ne devrait pas ecirctre consideacutereacutee comme un veacuteritable beacuteneacutefice du point de vue de lrsquoeacutethique de la recherche si des mesures drsquoassainissement de cet environnement sont envisageables respectivement si les tacircches agrave accomplir peuvent ecirctre automatiseacutees On pense par exemple agrave la situation qui preacutevaut dans les centrales nucleacuteaires

iii) Meacutedecine de la transplantation

La loi feacutedeacuterale du 8 octobre 2004 sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules (loi sur la transplantation) fixe les conditions dans lesquelles des organes des tissus ou des cellules peuvent ecirctre utiliseacutes agrave des fins de transplantation Elle doit contribuer agrave ce que des organes des tissus et des cellules humains soient disponibles agrave des fins de transplantation et a eacutegalement pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoorganes de tissus ou de cellules notamment le commerce drsquoorganes lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de transplantation et drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute96 Le but fondamental de la loi est laquo drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de la transplantation raquo97 La loi sur la transplantation empecircche lrsquoutilisation de cette technique meacutedicale agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo par le biais des critegraveres permettant le preacutelegravevement et lrsquoattribution drsquoorganes Selon lrsquoart 12 de la loi le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes nrsquoest possible que si entre autres conditions le receveur ne peut pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode theacuterapeutique ayant une efficaciteacute comparable Le principe veut que les organes issus de dons effectueacutes par des personnes vivantes reviennent toujours agrave une personne deacutesigneacutee agrave lrsquoavance le plus souvent un proche98 Tout preacutelegravevement

95 Message LAGH FF 2002 6841 p 6904 96 Art 1 Loi sur la transplantation 97 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 129 98 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 145

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drsquoorgane sur une personne vivante agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est degraves lors exclu Concernant lrsquoattribution drsquoorganes preacuteleveacutes sur une personne deacuteceacutedeacutee plusieurs critegraveres srsquoappliquent dont celui de lrsquourgence meacutedicale de la transplantation et de lrsquoefficaciteacute de la transplantation drsquoun point de vue meacutedical99 La premiegravere condition veut que laquo les organes doivent ecirctre attribueacutes en premier lieu aux patients dont la santeacute est la plus gravement atteinte En lrsquooccurrence le seul eacuteleacutement deacuteterminant est la situation meacutedicale du patient raquo100 Au vu de la situation actuelle de peacutenurie drsquoorganes cette condition suffit agrave elle seule agrave empecirccher toute transplantation drsquoorgane agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo La deuxiegraveme condition mentionneacutee signifie qursquolaquo il y a lieu drsquoattribuer les organes aux patients auxquels la transplantation sera la plus profitable Lagrave encore seule lrsquoutiliteacute meacutedicale entre en consideacuteration Il ne saurait ecirctre question de prendre en compte lrsquoaspect laquoutiliteacute socialeraquo par exemple la laquovaleurraquo que revecirct une personne pour la socieacuteteacute ou encore pour drsquoautres patients lrsquoampleur et le niveau des responsabiliteacute qursquoils exercent raquo101 Lrsquoefficaciteacute meacutedicale se mesure en tenant compte la compatibiliteacute des groupes sanguins des groupes tissulaires et anatomiques existant entre lrsquoorgane et le receveur potentiel Enfin en application de lrsquoart 17 de la loi le principe de non-discrimination de lrsquoart 8 al 2 Cst srsquoapplique agrave lrsquoattribution drsquoorganes En conseacutequence laquo lrsquoorigine la race le sexe lrsquoacircge la langue la position sociale les convictions philosophiques ou religieuses une deacuteficience corporelle mentale ou psychique pas plus que lrsquoacircge ou la situation sociale ne sauraient ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoattribution drsquoorganes raquo102

iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires

La Loi feacutedeacuterale du 19 deacutecembre 2003 relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires (Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches LRCS) a pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoembryons surnumeacuteraires et de cellules souches embryonnaires et de proteacuteger la digniteacute humaine Pour ce faire elle fixe les conditions reacutegissant la production de cellules souches embryonnaires humaines agrave partir drsquoembryons humains surnumeacuteraires et lrsquoutilisation de ces cellules agrave des fins de recherche103 La LRCS prohibe diverses pratiques Lrsquoart 3 interdit en particulier

a de produire un embryon agrave des fins de recherche (art 29 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches agrave partir drsquoun tel embryon ou drsquoutiliser de telles cellules b de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire de cellules germinatives (art 35 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de

99 Art 18 Loi sur la transplantation 100 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 101 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 147 102 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 103 Art 1 LRCS

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produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun embryon dont le patrimoine germinal a eacuteteacute modifieacute ou drsquoutiliser de telles cellules c de creacuteer un clone une chimegravere ou un hybride (art 36 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun clone drsquoune chimegravere ou drsquoun hybride ou drsquoutiliser de telles cellules d de deacutevelopper un partheacutenote de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun partheacutenote ou drsquoutiliser de telles cellules e drsquoimporter ou drsquoexporter un embryon au sens des let a ou b un clone une chimegravere un hybride ou un partheacutenote

Un projet de recherche utilisant des cellules souches embryonnaires ne peut ecirctre meneacute que si la commission drsquoeacutethique compeacutetente a donneacute un avis favorable et aux conditions suivantes

a le projet a pour but drsquoobtenir des connaissances essentielles 1 visant agrave constater traiter ou preacutevenir des maladies humaines graves ou 2 portant sur la biologie du deacuteveloppement de lrsquoecirctre humain

b des connaissances drsquoeacutegale valeur ne peuvent ecirctre obtenues drsquoaucune autre maniegravere c le projet satisfait aux exigences de qualiteacute scientifiques d le projet est acceptable au plan eacutethique

Il srsquoavegravere ainsi que lrsquoexigence de lrsquoarticle 12 lit a ch 1 preacuteciteacute eacutecarte ou du moins rend particuliegraverement difficile la possibiliteacute drsquoutiliser des cellules souches embryonnaires pour faire de la recherche agrave des fins de deacuteveloppement humain artificiel

v) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement et prochainement soumis au peuple et aux cantons attribue agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la recherche sur lrsquoecirctre humain Le Conseil feacutedeacuteral a alors approuveacute et transmis agrave lrsquoassembleacutee feacutedeacuterale un projet de loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain (abreacutegeacute LRH) et le message y relatif104 Ce projet de loi vise agrave proteacuteger la digniteacute la personnaliteacute et la santeacute de lrsquoecirctre humain dans la recherche105 Il eacutetablit plusieurs regravegles geacuteneacuterales applicables agrave drsquoeacuteventuelles recherches visant le deacuteveloppement et lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain Mentionnons drsquoembleacutee que les projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus sans rapport avec une maladie sont illicites106 Cette regravegle est un simple rappel de la norme constitutionnelle poseacutee agrave lrsquoart 119 Cst107 Le message dans le commentaire de lrsquoart 24 du projet de loi tranche clairement la question de la pertinence et de lrsquoutiliteacute de recherches visant lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain par des modifications geacuteneacutetiques de fœtus ou drsquoembryons laquo La reacutealisation drsquoun projet de recherche qui a pour but de modifier les caracteacuteristiques du fœtus sans rapport avec une maladie est interdite en vertu de la 104 Les analyses ci-dessous sont fondeacutees sur les versions provisoires du projet et du message du 21 octobre 2009 105 Art 1 al 1 LRH 106 Art 24 LRH 107 Voir ci-dessus p 15

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preacutesente disposition Sont prohibeacutes drsquoune part les projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain Il srsquoagit ici de projets qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement Ces tentatives font depuis quelque temps lrsquoobjet de discussion sous la deacutesignation laquohuman enhancementraquo (meacutedecine meacuteliorative) Sont prohibeacutes drsquoautre part les projets de recherche ayant pour finaliteacute de modifier ou drsquoameacuteliorer des caracteacuteristiques humaines sans rapport direct avec la santeacute de la personne p ex lrsquoorientation sexuelle certains traits de caractegravere ou des particulariteacutes physiques comme la couleur des yeux Seuls sont autoriseacutes les projets de recherche qui ont pour but de traiter des maladies ou drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie en cas drsquoinfirmiteacute ou de malformations La liceacuteiteacute drsquoun projet de recherche doit ecirctre examineacutee concregravetement au cas par cas raquo108 De faccedilon geacuteneacuterale lrsquoart 5 pose le principe que la recherche sur lrsquoecirctre humain peut ecirctre pratiqueacutee uniquement si sa pertinence est eacutetablie pour la science ainsi que pour la compreacutehension des maladies humaines pour la compreacutehension de la structure et du fonctionnement du corps humain ou pour la santeacute publique Cette disposition reprend la regravegle consacreacutee par la Convention sur les droits de lrsquoHomme et la Biomeacutedecine du Conseil de lrsquoEurope109 et dans la leacutegislation suisse actuelle Il est particuliegraverement douteux que des projets de recherche visant uniquement une ameacutelioration de lrsquoecirctre humain remplissent cette condition Drsquoailleurs le message preacutecise que laquo [n]e seraient ainsi p ex pas autoriseacutes les projets de recherche visant agrave restreindre la libre opinion des personnes de maniegravere cibleacutee raquo110 En toute logique on peut deacuteduire de cet exemple que ce critegravere de pertinence exclu a priori la recherche en vue de modifications de la morale de personnes deacutetermineacutees Enfin mentionnons qursquoune autorisation de la commission drsquoeacutethique du canton dans lequel la recherche est proposeacutee est obligatoire pour la reacutealisation drsquoun projet de recherche Lrsquoautorisation est accordeacutee si les exigences eacutethiques juridiques et scientifiques de la loi sont remplies111 En autres eacuteleacutements de base que la CER devra eacutevaluer il srsquoagit de srsquoassurer que le principe de la primauteacute des inteacuterecircts de la personne sur les inteacuterecircts de la science et de la socieacuteteacute est bien respecteacute Proposer une recherche en matiegravere de dopage pourrait ainsi drsquoembleacutee en contradiction avec cette exigence agrave moins de deacutemontrer que la personne concerneacutee va effectivement beacuteneacuteficier de cette recherche sans risque drsquoinstrumentalisation Les arguments eacutevoqueacutees plus haut en matiegravere drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine en droit du travail gardent ici toute leur pertinence

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions

i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)

Les professions de meacutedecin dentiste pharmacien et chiropraticien sont reacuteglementeacutees par le droit feacutedeacuteral en vertu de lrsquoattribution de compeacutetence de lrsquoart 95

108 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 109 Voir lrsquoart 4 de la Convention httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml164htm et surtout le Protocole additionnel agrave la Convention sur les Droits de lHomme et la biomeacutedecine relatif agrave la recherche biomeacutedicale httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml195htm 110 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 54 111 Art 44 agrave 46 LRH

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Cst feacuted112 qui permet agrave la confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoexercice des activiteacutes eacuteconomiques lucratives priveacutees Ces professions sont reacuteglementeacutees par la loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) qui fixe les conditions de formation permettant drsquoacceacuteder agrave ces professions et les regravegles drsquoexercice des professions meacutedicales universitaires Lrsquoart 4 LPMeacuted pose les objectifs de la formation universitaire En substance il srsquoagit de srsquoassurer que les professionnels concerneacutes seront en mesure de preacutevenir diagnostiquer et gueacuterir les troubles de la santeacute soulager les souffrances promouvoir la santeacute et fabriquer remettre ou distribuer des meacutedicaments En font eacutegalement partie le fait de pouvoir prodiguer aux patients des soins individuels complets et de qualiteacute (let a) de traiter les problegravemes en recourant agrave des meacutethodes reconnues scientifiquement en prenant en consideacuteration les aspects eacutethiques et eacuteconomiques (let b) et drsquoassumer leurs responsabiliteacutes dans le domaine de la santeacute et au sein de la collectiviteacute de maniegravere conforme aux speacutecificiteacutes de leur profession (let d) De faccedilon geacuteneacuterale en plus des soins et theacuterapies laquo [s]ie muumlssen aber auch die Faumlhigkeit haben aufzuzeigen wie Menschen und Tiere nicht nur die Krankheit verhindern sondern vor allem ihre Gesundheit foumlrdern und staumlrken koumlnnen raquo113 Les art 6 et 7 mentionnent les compeacutetences geacuteneacuterales que doivent posseacuteder les personnes ayant termineacute les filiegraveres drsquoeacutetude concerneacutees Citons les eacuteleacutements suivants de lrsquoart 6 al 1 LPMeacuted disposer des bases scientifiques neacutecessaires pour prendre des mesures preacuteventives diagnostiques theacuterapeutiques palliatives et de reacutehabilitation (let a) savoir reconnaicirctre et eacutevaluer les facteurs de maintien de la santeacute et en tenir compte dans leur activiteacute professionnelle (let c) ecirctre capables de deacuteterminer si les prestations qursquoils fournissent sont efficaces adeacutequates et eacuteconomiques et savoir se comporter en conseacutequence (let h) Lrsquoart 8 LPMeacuted pose les objectifs speacutecifiques de formation que doivent atteindre les personnes ayant termineacute leurs eacutetudes de meacutedecine humaine de meacutedecine dentaire ou de chiropratique Parmi ceux-ci on peut citer le fait drsquoecirctre capables de prescrire les meacutedicaments de faccedilon professionnelle respectueuse de lrsquoenvironnement et eacuteconomique (let c) drsquoœuvrer en faveur de la santeacute humaine en donnant des conseils et en prenant les mesures de preacutevention et de promotion neacutecessaires dans leur champ drsquoactiviteacute professionnel (let h) et de respecter la digniteacute et lrsquoautonomie des personnes concerneacutees connaicirctre les principes de base de lrsquoeacutethique ecirctre familiariseacutees avec les diffeacuterents problegravemes eacutethiques qui se posent dans leur profession et se laisser guider dans leurs activiteacutes professionnelle et scientifique par des principes eacutethiques visant le bien des ecirctres humains (let i) Lrsquoart 40 LPMeacuted deacutefinit les devoirs professionnels que doivent observer les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant Ces devoirs sont les suivants

a exercer leur activiteacute avec soin et conscience professionnelle et respecter les limites des compeacutetences qursquoelles ont acquises dans le cadre de leur formation universitaire de leur formation postgrade et de leur formation continue

112 Voir eacutegalement les art 63a et 118 Cst feacuted 113 THOMAS FLEINER com ad art 4 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire p 101

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b approfondir deacutevelopper et ameacuteliorer leurs connaissances aptitudes et capaciteacutes professionnelles par une formation continue c garantir les droits du patient d srsquoabstenir de toute publiciteacute qui nrsquoest pas objective et qui ne reacutepond pas agrave lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral cette publiciteacute ne doit en outre ni induire en erreur ni importuner e deacutefendre dans leur collaboration avec drsquoautres professions de la santeacute exclusivement les inteacuterecircts des patients indeacutependamment des avantages financiers f observer le secret professionnel conformeacutement aux dispositions applicables

g precircter assistance en cas drsquourgence et participer aux services drsquourgence conformeacutement aux dispositions cantonales

h conclure une assurance responsabiliteacute civile professionnelle offrant une couverture adapteacutee agrave la nature et agrave lrsquoeacutetendue des risques lieacutes agrave leur activiteacute ou fournir des sucircreteacutes eacutequivalentes

Les devoirs professionnels114 de la LPMeacuted concreacutetisent le but de la loi en garantissant la qualiteacute des soins meacutedicaux par le biais drsquoune surveillance effective des professionnels viseacutes Ce rapide survol des compeacutetences reconnues aux meacutedecins ainsi que des responsabiliteacutes qui sont les leur met en lumiegravere lrsquoimportance de respecter drsquoune part les regravegles de lrsquoart agrave savoir les laquoprincipes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo (ATF 108 II 5961) et drsquoautre part les droits et la digniteacute des patients Afin drsquoappreacutecier la reacuteception de nouvelles pratiques de deacuteveloppement humain artificiel dans la meacutedecine il convient donc drsquoeacutevaluer si ces pratiques peuvent ecirctre consideacutereacutees comme conforme aux regravegles de lrsquoart Cette question relegraveve principalement des compeacutetences et de lrsquoeacutethique professionnelles On notera qursquoun meacutedecin qui srsquoeacutecarte des regravegles de lrsquoart peut ecirctre tenu pour responsable vis-agrave-vis du patient indeacutependamment du consentement de ce dernier En effet le consentement est certes le motif justificatif par excellence de la violation des droits de la personnaliteacute qursquoimplique tout acte meacutedical et partant absolument neacutecessaire Il ne srsquoagit cependant pas drsquoune condition suffisante Encore faut-il que ce agrave quoi consent le patient soit admissible sous lrsquoangle de lrsquoart 27 al 2 CC autrement dit nrsquoest pas contraire aux mœurs ou agrave lrsquoordre juridique notions qui recoupent partiellement celle de laquo regravegles de lrsquoart raquo La question ne peut se reacutesoudre que dans un cas concret A priori il existe cependant quelques reacuteticences agrave inclure ces nouvelles pratiques dans lrsquoeacutethos professionnel Le meacutedecin concerneacute se trouve ainsi agrave assumer un lourd 114 Selon SPRUMONT ET AL les devoirs professionnels laquo sont des normes de comportement devant ecirctre suivies par toutes les personnes exerccedilant une mecircme profession raquo DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 385

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fardeau de la preuve par laquelle il devrait deacutemontrer la pertinence de son acte sous lrsquoangle tant meacutedico-scientifique que eacutethique Nous reviendrons sur cette question dans la section sur les produits theacuterapeutiques On ne peut toutefois ignorer la tendance geacuteneacuterale vers les pratiques de bien-ecirctre ou laquo wellness raquo comme cela se dit souvent Ce mouvement nrsquoest pas limiteacute au seul domaine meacutedical Drsquoautres professionnels de la santeacute eacutelargissent aujourdrsquohui leur champ drsquointervention dans des domaines qui ne relegravevent pas strictement du theacuterapeutique ou du prophylactique On peut mentionner eacutegalement les professions lieacutees agrave lrsquoestheacutetique agrave la cosmeacutetique ou encore les tatoueurs ou les perceurs Les personnes pratiquant ces professions doivent toutefois respecter lrsquoOrdonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur les objets destineacutes agrave entrer en contact avec les muqueuses la peau ou le systegraveme pileux et capillaire et sur les bougies les allumettes les briquets et les articles de farces et attrapes115 Cette ordonnance preacutevoit des regravegles sur les mateacuteriaux et colorants utiliseacutes116 lrsquoobligation pour ces professionnels de prendre toutes les preacutecautions raisonnablement neacutecessaires afin de preacutevenir la transmission de toute infection dont fait partie lrsquoobligation drsquoutiliser du mateacuteriel steacuterile117 Le but de ces mesures est avant tout la protection de la santeacute des consommateurs Un autre point important meacuterite drsquoecirctre releveacute ces professions sont expresseacutement exclues de la liste des professions de la santeacute usuellement soumises agrave autorisation de pratique en droit cantonal sans parler des professions de la santeacute qui relegravevent du droit feacutedeacuteral (professions meacutedicales universitaires psychologues etc) Il ne srsquoagit donc pas de tomber dans la confusion lorsque des professionnels de la santeacute stricto sensu envahissent le champ de lrsquoestheacutetisme et de la cosmeacutetique Cela ne signifie pas neacutecessairement un changement de nature dans ces activiteacutes qui acquerraient ainsi un statut meacutedico-scientifique Comme pour les meacutedecins compleacutementaires dans les cantons romands il srsquoagit plutocirct drsquoune forme de toleacuterance de ces pratiques par les autoriteacutes tant que la santeacute publique est preacuteserveacutee et qursquoil nrsquoy a pas de confusion pour les patients entre ce qui se rapporte aux soins et ce qui relegraveve plutocirct du bien-ecirctre On notera que la deacuterive des professionnels de la santeacute dans des activiteacutes ougrave le marcheacute est en forte croissance soulegraveve un problegraveme reacuteel dans la situation actuelle de quasi peacutenurie de professionnels qualifieacutes Alors que le nombre de meacutedecins ou drsquoinfirmiers formeacutes en Suisse reste insuffisant pour maintenir une couverture des soins de lrsquoensemble de la population le fait que de nombreux professionnels abandonnent leurs activiteacutes de base pour se consacrer agrave des tacircches qui nrsquoentrent ni dans les soins ni dans la preacutevention est tregraves preacuteoccupant118 On voit drsquoailleurs ici toute lrsquoimportance de tracer une limite preacutecise entre preacutevention et deacuteveloppement humain artificiel La premiegravere relegraveve clairement aujourdrsquohui du systegraveme de santeacute alors que le second ne semble pas y appartenir

115 OFFICE FEDERAL DE LA SANTE PUBLIQUE OFSP Uniteacute de direction Protection des consommateurs Fiche drsquoinformation Tatouages et piercings comment ne pas risquer sa peau mai 2009 p 3 116 Lrsquoart 5 al 2 de lrsquoordonnance preacutevoit que les couleurs de tatouage et les couleurs de maquillage permanent ne doivent pas mettre en danger la santeacute du consommateur 117 Art 2 agrave 8 de lrsquoOrdonnance 118 Voir lrsquoarticle agrave paraicirctre de PETER SUTER preacutesident de lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales dans les actes de la 16egraveme journeacutee de droit de la santeacute octobre 2009 Neuchacirctel

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d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires

i) Seacutecuriteacute des produits

La nouvelle loi sur la seacutecuriteacute des produits du 12 juin 2009 (LSPro) remplace et abroge119 la loi feacutedeacuterale du 19 mars 1976 sur la seacutecuriteacute drsquoinstallations et drsquoappareils techniques (LSIT) Elle vise agrave assurer la seacutecuriteacute des produits mis sur le marcheacute120 en geacuteneacuteral (un produit au sens de cette loi eacutetant tout bien meuble precirct agrave lrsquoemploi mecircme srsquoil est incorporeacute agrave un autre bien meuble ou immeuble) dans la mesure ougrave le droit feacutedeacuteral ne contient pas drsquoautres dispositions visant le mecircme but Elle srsquoapplique donc de faccedilon subsidiaire aux autres lois sectorielles reacuteglementant des cateacutegories de produits particuliegraveres121 A titre drsquoexemple mentionnons que les produits chimiques theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires ainsi que les objets usuels sont soumis agrave des reacuteglementations speacuteciales La LSPro pose les principes suivants

bull Peuvent ecirctre mis sur le marcheacute les produits qui preacutesentent un risque nul ou minime pour la santeacute ou la seacutecuriteacute des utilisateurs ou de tiers lorsqursquoils sont utiliseacutes dans des conditions normales ou raisonnablement preacutevisibles122

bull Lrsquoeacutetiquetage lrsquoemballage les instructions drsquoassemblage drsquoinstallation et drsquoentretien les mises en garde et consignes de seacutecuriteacute les instructions concernant lrsquoutilisation et lrsquoeacutelimination et toute autre instruction et information relatifs agrave un produit doivent ecirctre adapteacutes au risque speacutecifique lieacute audit produit123

bull La mise sur le marcheacute drsquoun produit nrsquoest pas soumise agrave une autorisation administrative mais agrave des controcircles ougrave le responsable de la mise sur le marcheacute doit apporter la preuve que le produit respecte les exigences en matiegravere de seacutecuriteacute et de santeacute124

bull Le responsable de la mise sur le marcheacute doit adopter des mesures pour ecirctre informeacute et preacutevenir les risques que peuvent preacutesenter un produit et en garantir la traccedilabiliteacute

Ces regravegles geacuteneacuterales doivent ecirctre respecteacutees pour la mise sur le marcheacute suisse de tout produit nrsquoeacutetant pas soumis agrave des regravegles speacuteciales plus strictes Concernant le deacuteveloppement humain elles ont donc vocation agrave srsquoappliquer agrave tout produit (au sens de bien meuble mentionneacute ci-dessus) nrsquoeacutetant pas soumis agrave une loi speacuteciale La plupart des produits et substances utilisables dans un but de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont soumis agrave des regravegles plus strictes en particulier la loi sur les produits theacuterapeutiques et la loi sur les denreacutees alimentaires

119 Art 20 LSPro 120 Lrsquoart 2 al 3 LSPro contient une deacutefinition tregraves large de la mise sur la marcheacute qui comprend toute remise drsquoun produit agrave titre oneacutereux ou gratuit que ce produit soit neuf drsquooccasion reconditionneacute ou profondeacutement modifieacute ainsi que lrsquousage en propre drsquoun produit agrave des fins commerciales ou professionnelles lrsquoutilisation drsquoun produit dans le cadre drsquoune prestation de services la mise agrave la disposition de tiers drsquoun produit et lrsquooffre drsquoun produit 121 Message LSPro FF 2008 6771 p 6791 122 Art 3 al 1 LSPro 123 Art 3 al 4 LSPro 124 Art 5 LSPro Voir Message LSPro FF 2008 6771 p 6803 s

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ii) Meacutedicaments

La loi sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux (loi sur les produits theacuterapeutiques LPTh) a pour but en geacuteneacuteral de proteacuteger la santeacute de lrsquoecirctre humain et des animaux et vise agrave garantir la mise sur le marcheacute de produits theacuterapeutiques de qualiteacute sucircrs et efficaces En particulier elle vise agrave ce que les produits theacuterapeutiques mis sur le marcheacute soient utiliseacutes conformeacutement agrave leur destination et avec modeacuteration125 Lrsquoart 4 LPTh deacutefinit les meacutedicaments comme laquo les produits drsquoorigine chimique ou biologique destineacutes agrave agir meacutedicalement sur lrsquoorganisme humain ou animal ou preacutesenteacutes comme tels et servant notamment agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps le sang et les produits sanguins sont consideacutereacutes comme des meacutedicaments raquo Pour accomplir les buts de la loi la LPTh eacutetablit un reacutegime drsquoautorisations La fabrication la mise sur le marcheacute suisse lrsquoimportation lrsquoexportation la vente en gros et de deacutetails de meacutedicaments ne sont possible que si lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (Swissmedic)126 a deacutelivreacute une autorisation drsquoexploitation agrave lrsquoentreprise requeacuterante Pour qursquoune autorisation de mise sur le marcheacute soit deacutelivreacutee le requeacuterant doit a apporter la preuve que le meacutedicament ou le proceacutedeacute est de qualiteacute sucircr et efficace b ecirctre titulaire drsquoune autorisation de fabriquer drsquoimporter ou de faire le commerce de gros deacutelivreacutee par lrsquoautoriteacute compeacutetente c avoir son domicile ou son siegravege social en Suisse ou y avoir fondeacute une filiale Notons que les art 23 ss de la LPTh classent les meacutedicaments dans cinq listes diffeacuterentes (A) les meacutedicaments sous ordonnance non-renouvelable vendus en pharmacie (B) les meacutedicaments sous ordonnance vendus en pharmacien (C) les meacutedicaments vendus en pharmacies (D) les meacutedicaments vendus en drogueries et (E) les meacutedicaments en vente libre La diffeacuterence entre les meacutedicaments en vente libre et ceux vendus sans ordonnance est que ces derniers ne peuvent ecirctre remis agrave un consommateur que par un professionnel formeacute et autoriseacute agrave vendre des meacutedicaments au deacutetail agrave savoir en principe un pharmacien ou un droguiste pour ceux de la liste D127 Les regravegles de base eacutetant poseacutees plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre deacuteveloppeacutes en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo

Selon le Tribunal feacutedeacuteral laquo [u]n meacutedicament ne sera pas autoriseacute sil ressort du dossier quil preacutesente un rapport beacuteneacutefice-risque neacutegatif lors de lusage auquel il est 125 Art 1 LPTh 126 Lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (swissmedic) est lrsquoautoriteacute suisse de controcircle et drsquoautorisation des produits theacuterapeutiques voir wwwswissmedicch 127 Art 24 et 30 LPTh

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destineacute sil na pas lefficaciteacute theacuterapeutique voulue ou si celle-ci nest pas suffisamment prouveacutee ou encore si sa composition ne correspond pas agrave celle qui est indiqueacutee (message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux du 1er mars 1999 FF 1999 3151 ss 3193) raquo128 Dans le mecircme arrecirct il est encore mentionneacute ce qui suit laquo Il ressort du systegraveme dautorisation de mise sur le marcheacute dun meacutedicament que ladmission de celui-ci se rapporte toujours agrave des indications meacutedicales preacutecises Lexigence dun lien entre le meacutedicament et une application concregravete et deacutetermineacutee de celui-ci est inheacuterente au systegraveme de lautorisation puisquun meacutedicament est par deacutefinition destineacute agrave agir meacutedicalement sur lorganisme humain et sert agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps (art 4 al 1 let a LPTh) En plus de la qualiteacute du meacutedicament une autre des conditions de lautorisation est lefficaciteacute du produit theacuterapeutique (art 10 al 1 let a LPTh) soit sa capaciteacute agrave atteindre le reacutesultat theacuterapeutique viseacute par rapport agrave une maladie deacutetermineacutee La mise sur le marcheacute dun meacutedicament nest donc autoriseacutee quen relation avec les maladies pour le diagnostic la preacutevention ou le traitement desquelles le requeacuterant a apporteacute la preuve que le meacutedicament eacutetait efficace Si le requeacuterant entend par la suite eacutetendre le champ dapplication du meacutedicament au beacuteneacutefice dune autorisation agrave dautres indications il doit en faire la demande Les indications pour lesquelles le meacutedicament a eacuteteacute autoriseacute sont mentionneacutees dans la notice destineacutee aux professions meacutedicales et approuveacutee par Swissmedic Elles font eacutegalement lobjet du preacuteavis deacutelivreacute par Swissmedic preacutecisant lautorisation que cet institut entend donner ainsi que les indications et les dosages qui seront autoriseacutes La notice et le preacuteavis font partie des documents qui doivent par la suite ecirctre preacutesenteacutes agrave lOFAS avec la demande dadmission du meacutedicament dans la liste des speacutecialiteacutes (art 30a al 1 let a et b OPAS) raquo129 On peut deacuteduire de cet arrecirct et drsquoautres plus reacutecents130 qursquoune mise sur le marcheacute de meacutedicaments dans un but autre que theacuterapeutique (p ex de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo) devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic Un meacutedicament devant servir agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps ne peut ecirctre autoriseacute qursquoen relation avec une atteinte agrave la santeacute Le message concernant la LPTh conforte cette interpreacutetation pour plusieurs raisons Premiegraverement elle vise agrave restreindre lrsquoutilisation agrave des fins de dopage131 deuxiegravemement un meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute srsquoil preacutesente un rapport beacuteneacutefice risque neacutegatif Un produit ayant pour but une ameacutelioration cognitive physique ou autre preacutesente un beacuteneacutefice contestable concernant la santeacute srsquoil nrsquoa pas drsquoutiliteacute theacuterapeutique srsquoil preacutesente en plus des risques sa mise sur le marcheacute doit ecirctre refuseacutee Etant donneacute que la plupart des substances pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo pour des personnes en santeacute ont des fonctions theacuterapeutiques pour les personnes atteintes de maladies le critegravere de la mise sur le marcheacute est selon nous moins pertinent pour deacuteterminer les limites leacutegales des possibiliteacutes de deacuteveloppement humain artificiel que celui de lrsquousage hors eacutetiquette traiteacute ci-dessous

128 Tribunal feacutedeacuteral des assurances K10303 Arrecirct du 14 septembre 2004 et ATF 130 (2004) V p 532-546 p 537 129 ATF 130 (2004) V p 532-546 p 538 130 Notamment ATF 134 V 83 131 V 349 et 133 V 239 131 Message LPTh FF 1999 3151 p 3171

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(2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance Selon lrsquoart 26 LPTh Les regravegles reconnues des sciences pharmaceutiques et meacutedicales doivent ecirctre respecteacutees lors de la prescription et de la remise de meacutedicaments Le Message LPTh explique qursquolaquo [i]mplicitement cette prescription interdit la prescription et la remise abusives de meacutedicaments raquo132 Si une prescription abusive est interdite les meacutedecins disposent de la liberteacute theacuterapeutique en drsquoautres termes du libre choix de la theacuterapie agrave utiliser dans une situation donneacutee Lorsqursquoun meacutedicament est autoriseacute par Swissmedic lrsquoautorisation est accompagneacutee drsquoune laquo information professionnelle raquo133 contenant les indications et la posologie On parle alors drsquousage hors eacutetiquette en cas de prescription drsquoun meacutedicament par un meacutedecin deacuterogeant agrave cette information professionnelle autrement dit en cas drsquolaquo Einsatz eines Arzneimittels ausserhalb der registrierten Indikation in anderer Dosierung oder bei anderen Patientengruppen (off label) raquo134 En geacuteneacuteral la prescription hors eacutetiquette est admise et fait partie de la liberteacute theacuterapeutique du meacutedecin Elle est mecircme courante dans certaines disciplines comme la peacutediatrie la gyneacutecologie lrsquooncologie ou la geacuteriatrie135 Le deacuteveloppement de cette pratique est ducirc agrave plusieurs facteurs dont le fait que des meacutedicaments nrsquoont pas eacuteteacute autoriseacutee ni testeacutes sur des groupes de patients donneacutes et le fait que dans divers cas lrsquoinformation professionnelle est deacutepasseacutee et que lrsquoindustrie pharmaceutique ne la fait pas enregistrer pour les nouvelles applications scientifiquement attesteacutees136 Parallegravelement agrave lrsquolaquo usage hors eacutetiquette (off label use) raquo on parle de laquo unlicensed use raquo lorsqursquoun meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute en Suisse laquo Dans ce cas le meacutedecin peut prescrire un meacutedicament sans autorisation particuliegravere pour autant que celui-ci ait eacuteteacute admis par un pays dont lrsquoautorisation est reconnue comme eacutequivalente agrave celles deacutelivreacutees en Suisse (pex UE ou USA) Si tel nrsquoest pas le cas le meacutedecin doit obtenir une autorisation speacuteciale de Swissmedic Pour pouvoir importer un tel meacutedicament le meacutedecin ou lrsquohocircpital aura en outre besoin drsquoune autorisation du canton raquo137 Le corollaire de lrsquoadmission de lrsquousage non autoriseacute et de lrsquousage hors eacutetiquette se trouve dans la responsabiliteacute du meacutedecin La responsabiliteacute civile des meacutedecins indeacutependants comme de toutes les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant est fondeacutee sur le

132 Message LPTh FF 1999 3178 p 3209 133 Art 13 et annexe 4 Ordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les exigences relatives agrave lrsquoautorisation de mise sur le marcheacute des meacutedicaments 134 Mitteilung Arzneimittelpolitik FMH in Bulletin des meacutedecins suisses 2004 85 Nr 28 1485 Pour AYER laquo le meacutedicament qui figure dans la liste des speacutecialiteacutes mais qui est utiliseacute pour des indications qui ne figurent pas dans lrsquoautorisation de Swissmedic est qualifieacute de laquo hors eacutetiquette raquo raquo ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 135 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 18 ss 136 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 19 s 137 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20

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code des obligations plus preacuteciseacutement sur le contrat de mandat138 Pour que la responsabiliteacute contractuelle du meacutedecin soit engageacutee il faut donc une violation du contrat impliquant une faute ou une neacutegligence et un rapport de causaliteacute entre la violation du contrat et le dommage pour que le dommage subi par le patient soit imputeacute au meacutedecin En matiegravere meacutedicale la violation du contrat se traduit par une violation du devoir de diligence du meacutedecin crsquoest-agrave-dire une violation des regravegles de lrsquoart Les regravegles de lrsquoart se deacutefinissent comme laquo les principes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo139 En conseacutequence une faute de diagnostic ou de traitement peut geacuteneacuterer la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin si elle constitue une inobservation drsquoune des regravegles de lrsquoart140 En cas de prescription hors eacutetiquette le meacutedecin est responsable de la deacuterogation En cas de complication il doit donc pouvoir justifier que lrsquoutilisation faite du meacutedicament correspondait agrave lrsquoeacutetat actuel de la science141 La responsabiliteacute peacutenale du meacutedecin en cas drsquousage non conforme drsquoun meacutedicament par exemple est donneacutee lorsqursquoil reacutealise une infraction en geacuteneacuteral une infraction contre la vie ou lrsquointeacutegriteacute corporelle Le TF a eu lrsquooccasion de trancher cette question dans deux arrecircts reacutecents142 Le premier concerne un oncologue bacirclois ayant traiteacute des patients avec un meacutedicament non autoriseacute par Swissmedic143 Ce praticien expeacuterimenteacute administrait agrave ses patients les plus atteints du laquo Lipoteichonsaumlure (LTA) raquo Les autoriteacutes bacircloises lui ont alors interdit lrsquousage de cette substance Sur demande de certains patients le praticien a eacuteteacute autoriseacute agrave des conditions strictes agrave utiliser ce meacutedicament dans le cadre drsquoune laquo compassionate use raquo Par la suite le meacutedecin srsquoest agrave nouveau vu interdire lrsquoutilisation du LTA au motif qursquoil nrsquoavait pas respecteacute ses engagements preacuteceacutedents Devant le Tribunal feacutedeacuteral srsquoest poseacutee la question de savoir si lrsquooncologue incrimineacute avait mis en danger la vie de ses patients au sens de lrsquoart 127 CP Le tribunal a consideacutereacute qursquoen lrsquoespegravece lrsquoon ne pouvait retenir de volonteacute du praticien de mettre en danger ses patients Il a donc eacuteteacute acquitteacute Le deuxiegraveme cas est celui drsquoun meacutedecin zurichois accuseacute drsquohomicide par neacutegligence suite au deacutecegraves drsquoune patiente agrave qui il avait prescrit un meacutedicament dans un dosage exceacutedant la quantiteacute geacuteneacuteralement admissible144 La question srsquoest alors poseacutee de savoir si la mort de la patiente eacutetait due agrave une violation des regravegles de lrsquoart qui en lrsquoespegravece serait constitueacutee par lrsquoutilisation drsquoune dose non conforme A ce propos le TF a retenu que laquo [a]ufgrund fruumlherer Studien ist das Bundesgericht jedoch zum Schluss gekommen dass diese Dosierung einer gaumlngigen Therapieform und damit 138 Art 394 ss CO DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 408 s En cas de leacutesion commise par un meacutedecin par exemple un concours entre la responsabiliteacute contractuelle et deacutelictuelle est possible voir OLIVIER GUILLOD CHRISTOPHE RAPIN La responsabiliteacute rapport suisse in La responsabiliteacute aspects nouveaux (journeacutees panameacuteennes) Paris 2003 p 375-403 p 376 139 ATF 108 II 59 61 140 Idem 141 Acadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales et la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) (eacuted) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20 142 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss 143 ATF 6B_402008 144 ATF 6B_6462007

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dem aktuellen Stand der Medizin entsprach An die Aufklaumlrungs- und Risikoabwaumlgungspflichten waren deshalb keine besonders strengen Anforderungen zu stellen raquo145 Mecircme si ces deux exemples ne traitent pas de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ils tendent agrave montrer que la liberteacute theacuterapeutique des personnes exerccedilant des professions meacutedicales universitaires est tregraves eacutetendue et permet une utilisation de meacutedicaments plus large que celle autoriseacutee Faut-il en deacuteduire que les meacutedecins disposent drsquoune large liberteacute de prescrire des meacutedicaments agrave des fins autres qursquoune theacuterapie Une reacuteponse neacutegative srsquoimpose en effet pour plusieurs raisons Premiegraverement le meacutedecin devant respecter les regravegles de lrsquoart pour ne pas devoir engager sa responsabiliteacute en cas de dommage des preuves scientifiques sont neacutecessaires pour pouvoir utiliser un meacutedicament hors eacutetiquette Mais pour que de telles preuves existent il faut que des recherches aient eacuteteacute meneacutees Comme vu ci-dessus il est douteux que des recherches puissent ecirctre meneacutees avec les risques qursquoelles comportent pour les sujets de recherche alors que les beacuteneacutefices escompteacutes nrsquoauront aucun but theacuterapeutique ou de santeacute publique En conseacutequence lrsquousage hors eacutetiquette de meacutedicaments agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne sera en toute logique pas autoriseacute principalement au motif que les recherches neacutecessaires pour arriver au niveau de seacutecuriteacute exigeacute par le droit suisse ne rentrent pas dans les conditions permettant leur mise en œuvre (critegravere de la pertinence et adeacutequation entre risque potentiel et beacuteneacutefice escompteacute) Deuxiegravemement le meacutedecin devra suffisamment informer le patient pour qursquoil puisse consentir au traitement en connaissance de cause Si les beacuteneacutefices drsquoun meacutedicament ne sont pas suffisamment deacutemontreacutes scientifiquement dans une situation donneacutee lrsquoincertitude doit mener agrave la prudence pour le patient et surtout pour le meacutedecin dans les conseils qursquoil prodigue au vu lrsquoengagement de sa responsabiliteacute Les conseacutequences envisageables de meacutedicaments soumis agrave ordonnance sur la santeacute et les conseacutequences patrimoniales pour le patient (les conditions de remboursement drsquoun meacutedicament prescrit hors eacutetiquette eacutetant strictes146) doivent reacuteguler des utilisations trop laquo fantaisistes raquo de meacutedicaments Troisiegravemement le principe drsquoeacuteconomie mentionneacute agrave lrsquoart 6 al 1 let h LPMeacuted et dans drsquoautres lois pose une restriction de principe agrave la fourniture de prestations qui ne sont pas efficaces adeacutequates et eacuteconomiques

(3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)

La LPTh limite les possibiliteacutes de faire de la publiciteacute pour les meacutedicaments147 Son article 31 pose le principe que la publiciteacute destineacutee au public ne peut ecirctre faite que pour des meacutedicaments non soumis agrave ordonnance Une publiciteacute pour les autres meacutedicaments ne peut ecirctre adresseacutee qursquoaux personnes autoriseacutees agrave prescrire et 145 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1215 146 Voir ci-dessous p 42 147 Selon lrsquoart 2 al 1 OPMed la publiciteacute se deacutefinit comme laquo toute forme drsquoinformation de prospection ou drsquoincitation qui vise agrave encourager la prescription la remise la vente la consommation ou lrsquoutilisation de meacutedicaments raquo

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remettre des meacutedicaments148 Lrsquoart 32 LPTh pose encore des conditions strictes dans lesquelles les publiciteacutes pour meacutedicaments sont autoriseacutees Suivant cette disposition est illicite a la publiciteacute trompeuse ou contraire agrave lrsquoordre public et aux bonnes moeurs b la publiciteacute pouvant inciter agrave un usage excessif abusif ou inapproprieacute de meacutedicaments c la publiciteacute pour les meacutedicaments qui ne peuvent ecirctre mis sur le marcheacute en Suisse Est illicite la publiciteacute destineacutee au public pour les meacutedicaments a qui ne peuvent ecirctre remis que sur ordonnance b qui contiennent des stupeacutefiants ou des substances psychotropes viseacutes par la loi du 3 octobre 1951 sur les stupeacutefiants1 c qui du fait de leur composition et de lrsquousage auquel ils sont destineacutes ne peuvent ecirctre utiliseacutes pour le diagnostic la prescription ni le traitement correspondant sans lrsquointervention drsquoun meacutedecin d qui font freacutequemment lrsquoobjet drsquoun usage abusif ou qui peuvent engendrer une accoutumance ou une deacutependance Selon le TF laquo [l]a publiciteacute destineacutee aux professionnels (publiciteacute pour des produits theacuterapeutiques adresseacutee aux personnes qui les remettent ou les prescrivent) ne doit pas inciter agrave un emploi abusif ou inapproprieacute des produits theacuterapeutiques Une autorisation de publiciteacute pour des applications qui ne sont pas autoriseacutees sous langle du droit des produits theacuterapeutiques serait contraire aux principes de la protection de la santeacute et de celle des consommateurs ainsi quau principe de lutilisation modeacutereacutee des produits theacuterapeutiques raquo149 Lrsquoordonnance sur la publiciteacute pour les meacutedicaments ajoute entre autres les eacuteleacutements suivants

bull la publiciteacute tant destineacutee aux professionnels qursquoau public doit se limiter aux indications et aux possibiliteacutes drsquoemploi reconnues par lrsquoinstitut (art 5 al 1 et 16 al 1 OPMeacuted)

bull La publiciteacute destineacutee au public doit preacutesenter le meacutedicament de faccedilon veacuteridique et sans exageacuteration que ce soit par lrsquoimage le son ou la parole (art 16 al 2 OPMeacuted)

bull la publiciteacute destineacutee au public pour des indications ou des possibiliteacutes drsquoemploi neacutecessitant un diagnostic ou un traitement meacutedical ou veacuteteacuterinaire est illicite (art 21 al 1 OPMeacuted)

bull les eacuteleacutements qui suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre ameacutelioreacute par lrsquoutilisation du meacutedicament sont interdits (art 22 let d OPMeacuted)

bull suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre affecteacute par la non-utilisation du meacutedicament (art 22 let e OPMeacuted)

148 Les personnes autoriseacutees agrave remettre des meacutedicaments sont eacutenumeacutereacutees aux art 24 ss LPTh Lrsquoart 3 OPMeacuted preacutecise que cette disposition les meacutedecins dentistes veacuteteacuterinaires pharmaciens et droguistes 149 Topamax Bundesgericht vom 1 Oktober 2008 Unzulaumlssige Bewerbung nicht genehmigter Arzneimittelanwendungen II oumlffentlichrechtliche Abteilung Abweisung der Beschwerde Akten-Nr 2C9320088 in sic 2009 p 93 ss p 93

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Les deux derniers eacuteleacutements mentionneacutes sont clairs toute publiciteacute pour des meacutedicaments pour un usage de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est interdite en Suisse

(4) Interdiction du dopage Lrsquoentreacutee en vigueur de la LPTh srsquoest accompagneacutee drsquoune modification de la Loi encourageant la gymnastique et les sports150 par lrsquoadjonction drsquoun nouveau chapitre Vb sur les mesures contre le dopage (art 11b agrave 11f) En particulier lrsquoart 11d interdit laquo a de fabriquer drsquoimporter drsquoacqueacuterir pour des tiers de distribuer de prescrire et de remettre des produits destineacutes au dopage b drsquoappliquer des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Eleacutement important lrsquoart 11f introduit des sanctions peacutenales pour toute personne qui contribue au dopage en particulier qui laquo fabrique importe acquiert pour des tiers distribue prescrit ou remet des produits dopants ou applique des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Cette disposition vise directement les professionnels de la santeacute qui pourraient participer agrave des activiteacutes dopantes Ces dispositions leacutegales sont compleacuteteacutees par deux ordonnances

bull - ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et meacutethodes de dopage (Ordonnance sur les produits dopants)

bull - ordonnance du 17 octobre 2001 sur les exigences minimales agrave respecter lors des controcircles antidopage (Ordonnance sur les controcircles antidopage)

Lrsquoart 2 de lrsquoordonnance sur les produits dopants offre la deacutefinition leacutegale du dopage agrave savoir laquo lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo On constatera que cette deacutefinition rejoint celle consacreacutee dans la Convention internationale contre le dopage dans le sport151 elle-mecircme reprenant les principes du code mondial antidopage La Suisse participe ainsi aux efforts internationaux en matiegravere de lutte contre le dopage dont la tendance est de se renforcer On notera que les objectifs de cette lutte sont multiples Il srsquoagit de garantir le fair-play dans le sport en preacuteservant ainsi lrsquoimage positive de cette activiteacute et de proteacuteger la santeacute des athlegravetes Non seulement la santeacute des sportifs qui se dopent prenant ainsi des risques seacuterieux mais eacutegalement celles des autres athlegravetes qui dans un environnement ougrave de nombreux sportifs seraient dopeacutes nrsquoauraient pas drsquoautre choix que de se doper eux-mecircmes pour maintenir leur performance Paradoxalement il nrsquoy a pas lieu de srsquoeacutetendre dans ce rapport sur la question de la lutte antidopage dans la mesure ougrave lrsquoengagement des gouvernements et des autoriteacutes semble clair De telles pratiques ne semblent pas devoir ecirctre autoriseacutees dans les anneacutees agrave venir bien au contraire Sous lrsquoangle du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo la condamnation du dopage dans le sport est largement partageacutee au niveau international La Suisse vient drsquoailleurs de se doter drsquoun organisme adhoc pour respecter ses engagements internationaux la fondation laquo Antidopage 150 RS 4150 151 RS 08121222

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Suisse raquo152 Cette fondation est en charge de mener des campagnes de preacutevention et drsquoinformation mais aussi drsquoorganiser les controcircles antidopage des sportifs concerneacutes A ce propos il convient toutefois de souligner qursquoils ne touchent que les sportifs drsquoeacutelite dans le monde amateur ou professionnel La question reste ouverte dans les autres domaines drsquoougrave lrsquoimportance des normes analyseacutees dans le reste de ce rapport qui srsquoappliquent agrave tous et pas seulement dans le milieu du sport drsquoeacutelite Il srsquoagit lagrave sans doute drsquoune des grandes faiblesses de la lutte antidopage qui srsquoexplique en partie peut-ecirctre par le fait que la prioriteacute dans ce domaine est davantage la protection de lrsquoimage du sport que la protection de la santeacute des athlegravetes153

iii) Stupeacutefiants

La loi feacutedeacuterale sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes (LStup) eacutetablit un controcircle desdites substances en Suisse154 laquo La LStup reacuteglemente lrsquousage meacutedical des substances psychotropes et interdit en mecircme temps la production le commerce la deacutetention et la consommation de drogues agrave des fins non meacutedicales raquo155 Dans la regravegle La LStup interdit sous peine de sanctions peacutenales tout usage sans droit de stupeacutefiants dont la consommation la vente la production la culture le trafic lrsquoachat etc156 De nombreux produits potentiellement utilisables dans le domaine du deacuteveloppement humain et du dopage sont des stupeacutefiants au sens de la LStup citons par exemple les ampheacutetamines meacutethampheacutetamines cocaiumlne MDMA etc157 Preacutecisons drsquoembleacutee que selon lrsquoart 1 al 1bis LStup la loi sur les produits theacuterapeutiques srsquoapplique aux stupeacutefiants utiliseacutes comme produits theacuterapeutiques sauf si elle ne preacutevoit pas de reacuteglementation ou que sa reacuteglementation est moins eacutetendue La LStup soumet la fabrication la dispensation lrsquoacquisition et lrsquoutilisation de stupeacutefiants agrave des regravegles et une proceacutedure drsquoautorisation strictes des exceptions eacutetant preacutevues pour les meacutedecins utilisant ces produits dans le cadre de leur profession En geacuteneacuteral ces actions ne sont autoriseacutees qursquoagrave des fins meacutedicales les autorisations nrsquoeacutetant remises qursquoagrave des prestataires de soins meacutedicaux ou des entreprises de lrsquoindustrie pharmaceutique158

152 httpwwwantidopingchfrindexphp 153 Cf OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 154 Sur la deacutefinition des produits stupeacutefiants voir art 1 LStup qui mentionne laquo les substances et les preacuteparations ayant des effets du type morphinique cocaiumlnique et cannabique et qui engendrent la deacutependance (toxicomanie) raquo Pour une autre deacutefinition THOMAS FINGERHUTH CHRISTOF TSCHURR BetmG Kommentar com ad Art 1 p 60 laquo Als ldquoBetaumlubungsmittelldquo iSv Art 1 BetmG koumlnnen ganz allgemein natuumlrliche oder synthetische Stoffe und Praumlparate (= Zubereitungen) bezeichnet werden deren Gebrauch eine physische undoder psychische Abhaumlngigkeit erzeugen kann raquo La liste de tous les stupeacutefiants se trouve dans lrsquoOrdonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes et ses appendices 155 SIMONE LEDERMANN FRITZ SAGER La politique suisse en matiegravere de drogue Troisiegraveme programme de mesures de la confeacutedeacuteration en vue de reacuteduire les problegravemes de drogue (ProMeDro III) 2006-2011 p 33 156 Art 19 et 19a LStup 157 Ces substances sont inclues dans la liste des stupeacutefiants de lrsquoappendice a de lrsquoordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes 158 Voir par exemple les art 4 et 8 al 5 LStup

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iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels

(1) Denreacutees alimentaires Si le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo peut impliquer lrsquousage de meacutedicaments les denreacutees alimentaires et objets usuels peuvent eacutegalement jouer un rocircle dans ce cadre En effet on voit de plus en plus drsquoaliments fonctionnels (alicaments ou laquo nutraceuticals raquo) ayant des vertus de laquo santeacute raquo voire de deacuteveloppement humain Les denreacutees alimentaires sont deacutefinies comme eacutetant les produits nutritionnels destineacutes agrave la constitution et agrave lrsquoentretien de lrsquoorganisme humain qui ne sont pas procircneacutes comme meacutedicaments En application de lrsquoart 3 al 2 LDAI le fournisseur drsquoun produit peut deacutecider srsquoil souhaite vendre son produit comme denreacutee alimentaire respectivement objet usuel ou comme meacutedicament laquo [U]ne marchandise eacutechappe au controcircle des denreacutees alimentaires lorsquelle est procircneacutee ou vendue comme un meacutedicament mecircme si de par ses autres proprieacuteteacutes elle est au fond une laquodenreacutee alimentaireraquo et consommeacutee comme telle raquo159 Cette solution est logique vu que la proceacutedure drsquoautorisation de mise sur le marcheacute drsquoun meacutedicament est plus contraignante que la mise sur le marcheacute drsquoun aliment Le Message relatif agrave la LPTh preacutecise encore que laquo [l]a proceacutedure dannonce que linstitut peut preacutevoir pour certains meacutedicaments ou certaines cateacutegories de meacutedicaments apporte encore une plus grande simplification Elle vaudra pour les produits situeacutes dans la zone grise entre les meacutedicaments et les denreacutees alimentaires comme les tisanes ou les bonbons contre la toux ou les meacutedicaments homeacuteopathiques sans indication meacutedicale et visera uniquement agrave permettre un controcircle des preacuteparations en question notamment de leur qualiteacute dans le cadre de la surveillance du marcheacute par exemple raquo160 Les questions qui se posent dans ce contexte sont celles lieacutees agrave la mise sur le marcheacute de tels produits et agrave la publiciteacute qui en est faite Rappelons que les buts fondamentaux de la LDAI sont la protection de la santeacute des consommateurs et la protection contre les tromperies en particulier en lien avec les progregraves scientifiques et lrsquoeacutevolution des marcheacutes concerneacutes La mise sur le marcheacute des denreacutees alimentaires deacutepend de la cateacutegorie dans laquelle entre le produit nutritionnel traiteacute Les denreacutees alimentaires speacutecifieacutees (dont la liste est inscrite agrave lrsquoart 4 ODAIOUs) sont admises laquo Un produit ne peut ecirctre commercialiseacute comme aliment sans autorisation de lOFSP que sil satisfait aux exigences de la leacutegislation alimentaire et sil est deacutefini dans une ordonnance speacutecifique du produit raquo161 A lrsquoinverse les denreacutees alimentaires non speacutecifieacutees sont interdites sauf autorisation individuelle de lrsquoOFSP Les critegraveres importants pour lrsquoautorisation sont la composition lrsquousage preacutevu et lrsquoeacutetiquetage du produit Lrsquoautorisation peut ecirctre soumise agrave la condition que le requeacuterant prouve que le produit demandeacute est inoffensif162 Enfin les microorganismes et substances eacutetrangegraveres doivent se trouver dans les quantiteacutes les plus faibles possibles dans les produits

159 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 160 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 161 Informations tireacutees du site de lrsquoOFSP httpwwwbagadminchthemenlebensmittel048580486204875indexhtmllang=fr 162 Art 5 et 6 OADIOUs

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nutritifs en application du principe laquo aussi peu que possible aussi souvent que neacutecessaire raquo163 Il existe une cateacutegorie particuliegravere de denreacutees alimentaires deacutesigneacutee par lrsquoexpression laquo aliments speacuteciaux raquo Les aliments speacuteciaux sont des denreacutees alimentaires destineacutees agrave une alimentation particuliegravere qui du fait de leur composition ou drsquoun proceacutedeacute de fabrication speacuteciale soit reacutepondent aux besoins nutritionnels des personnes qui pour des motifs de santeacute doivent srsquoalimenter de maniegravere diffeacuterente soit contribuent agrave produire des effets nutritionnels ou physiologiques deacutetermineacutes164 Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux mentionne les aliments suivants

bull les denreacutees alimentaires pauvres en lactose ou exemptes de lactose (art 5) bull les succeacutedaneacutes du sel comestible et les sels dieacuteteacutetiques (art 7) bull les denreacutees alimentaires pauvres en proteacuteines (art 8) bull les denreacutees alimentaires exemptes de gluten (art 9) bull les denreacutees alimentaires pouvant ecirctre consommeacutees par les diabeacutetiques

(art 13) bull les denreacutees alimentaires de substitution pour le controcircle du poids (art

16) bull les preacuteparations pour nourrissons (art 17) bull les preacuteparations de suite (art 18) bull les preacuteparations agrave base de ceacutereacuteales et autres aliments pour nourrissons et

enfants en bas acircge (art 19) bull les aliments destineacutes aux personnes ayant besoin drsquoun apport

eacutenergeacutetique ou nutritionnel accru (art 20) bull les aliments dieacuteteacutetiques destineacutes agrave des fins meacutedicales speacuteciales (art 20a) bull les aliments contenant de lrsquoextrait de malt (art 21) bull les compleacutements alimentaires (art 22) bull les levures alimentaires (art 22a) bull les micro-algues et les algues rouges calcaires (maeumlrl) (art 22b) bull les boissons speacuteciales contenant de la cafeacuteine (art 23)

Dans la regravegle les aliments speacuteciaux doivent se distinguer nettement des denreacutees alimentaires ordinaires (produits ordinaires) par leur composition et leur proceacutedeacute de fabrication et ils doivent satisfaire aux mecircmes exigences que les produits ordinaires correspondants agrave moins que leur destination particuliegravere ne requiegravere des deacuterogations165 Concernant la publiciteacute et lrsquoinformation lrsquoart 18 LDAI pose les deux regravegles suivantes la qualiteacute procircneacutee ainsi que toutes les autres indications sur une denreacutee alimentaire doivent ecirctre conformes agrave la reacutealiteacute et la publiciteacute pour les denreacutees alimentaires ainsi que leur preacutesentation et leur emballage ne doivent pas tromper le consommateur Lrsquoal 3 preacutecise que sont trompeuses les indications et les preacutesentations propres agrave susciter chez le consommateur de fausses ideacutees sur les effets speacuteciaux drsquoun aliment

163 Rapport explicatif relatif agrave la modification de la loi feacutedeacuterale sur les denreacutees alimentaires et les objets usuels p 15 164 Art 2 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux 165 Art 3 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux

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(2) Objets usuels Les objets usuels qui nous inteacuteressent dans cette eacutetude sont principalement les produits de soins corporels et cosmeacutetiques dont les producteurs vantent les vertus drsquoameacutelioration estheacutetiques Dans la regravegle lors de leur emploi conforme agrave leur destination ou habituellement preacutesumeacute les objets usuels ne doivent pas mettre la santeacute en danger Lrsquoart 31 ODAIOUs dispose encore que toute mention attribuant aux objets usuels des proprieacuteteacutes curatives leacutenitives ou preacuteventives (p ex des proprieacuteteacutes meacutedicinales ou theacuterapeutiques des effets deacutesinfectants ou anti-inflammatoires des recommandations drsquoun membre du corps meacutedical) est interdite Selon lrsquoart 40 ODAIOUs le DFI fixe a les exigences auxquelles doivent satisfaire les couleurs pour le tatouage et le maquillage permanent ainsi que leur eacutetiquetage b les exigences auxquelles doivent satisfaire les appareils et instruments utiliseacutes pour le piercing le tatouage et le maquillage permanent Il srsquoavegravere donc eacutegalement essentiel en matiegravere drsquoobjets usuels de proteacuteger la santeacute des consommateurs en eacutevitant toute confusion avec des meacutedicaments ou dispositifs meacutedicaux destineacutes agrave traiter ou preacutevenir des maladies

e) Droit du travail

Nous avons vu ci-dessus qursquoen principe un employeur ne peut exiger drsquoun employeacute une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique ni utiliser les reacutesultats drsquoune telle analyse166 De faccedilon plus geacuteneacuterale se posent de nombreuses questions en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et les relations de travail La performance eacutetant le plus souvent ce que recherche un employeur chez son employeacute la tentation peut ecirctre forte de seacutelectionner des employeacutes ayant ameacutelioreacutes leurs aptitudes ou drsquoaccroitre les aptitudes drsquoemployeacutes par des moyens artificiels Se pose alors la question de la protection du travailleur et de ses limites

i) Protection du travailleur

(1) En geacuteneacuteral Lrsquoart 328 du Code des Obligations preacutevoit la protection de la personnaliteacute du travailleur167 Selon cette disposition lrsquoemployeur doit entre autres proteacuteger la personnaliteacute la santeacute et lrsquointeacutegriteacute physique du travailleur168 Pour ce faire il doit prendre toutes les mesures que lrsquoon peut eacutequitablement exiger de lui Les art 6 LTr et 82 LAA obligent eacutegalement les employeurs agrave prendre les mesures neacutecessaires et

166 VINCENT CORPATAUX en lien avec lrsquoarrecirct ougrave le TF a retenu que des mesures de protection accrues eacutetaient requises pour proteacuteger la santeacute drsquoun employeacute allergique agrave la fumeacutee passive preacutecise que laquo la LAGH ne permettant qursquoexceptionnellement agrave un employeur de recruter ses employeacutes sur la base drsquoune analyse de leurs caracteacuteristiques geacuteneacutetiques (art 21 ss) un devoir accru de protection pourra ecirctre attendu de sa part dans des cas potentiellement nombreux raquo VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 75 167 Cette disposition concreacutetise les principes geacuteneacuteraux de protection de la personnaliteacute de lrsquoart 28 CC agrave la relation employeur ndash employeacute 168 Font partie des valeurs proteacutegeacutees la vie et lrsquointeacutegriteacute corporelle la santeacute physique et psychique lrsquointeacutegriteacute morale et la consideacuteration sociale la jouissance des liberteacutes individuelles et la sphegravere priveacutee JEAN-BERNARD WEBER Travail et protection de la personnaliteacute in Plaumldoyer 22002 p 46 ss p 47

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raisonnables afin de proteacuteger les employeacutes des maladies et accidents professionnels En application de cette disposition de principe lrsquoemployeur doit prendre toutes les mesures pour que lrsquoenvironnement et les conditions de travail de lrsquoemployeacute sauvegardent sa santeacute et sa personnaliteacute169 Les maladies professionnelles ainsi que toute autre atteinte de lrsquoemployeacute reacutesultant de lrsquoexercice de sa profession sont concerneacutees170 Traditionnellement les regravegles sur la protection de la santeacute des travailleurs ont eacuteteacute conccedilues en lien avec les maladies professionnelles et les accidents du travail Mais laquo la perspective srsquoest eacutelargie depuis une quinzaine drsquoanneacutees agrave la protection de la santeacute psychique des travailleurs raquo171

ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute

Dans le cadre de la protection du travailleur les limites doivent ecirctre poseacutees concernant ce que lrsquoemployeur peut demander ou imposer agrave ses employeacutes En lien avec le deacuteveloppement humain artificiel la question se pose de connaicirctre ces limites concernant les modifications et ameacuteliorations estheacutetiques et de performances (cognitives et physiques) De faccedilon geacuteneacuterale et sauf exceptions un employeur ne peut pas seacutelectionner les employeacutes plus reacutesistants dans le but qursquoils contractent moins vite voire pas du tout de maladies professionnelles mais doit au contraire adapter les conditions et lrsquoenvironnement de travail agrave la protection de la santeacute des employeacutes dans leur ensemble172 Au vu de cet eacuteleacutement un employeur ne peut a fortiori pas demander ou exiger drsquoun employeacute qursquoil emploie des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo comme par exemple la prise de ritaline Plus avant lrsquoemployeur a eacutegalement des obligations positives de preacutevention

iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Si lrsquoemployeur ne peut pas laquo ameacuteliorer raquo ses employeacutes pas les moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo il doit en plus prendre toutes les mesures raisonnablement exigibles pour que ses employeacutes ne soient pas contraints de facto agrave utiliser ces techniques pour pouvoir remplir leurs obligations Dans un arrecirct 4C242005 du 17 octobre 2005 le Tribunal feacutedeacuteral a condamneacute un employeur agrave payer une indemniteacute pour tort moral drsquoun montant de CHF 10000- agrave une employeacutee placeacutee dans une situation contraignante par son employeur Si en lrsquoespegravece lrsquoemployeacutee nrsquoa pas eacuteteacute victime de mobbing le fait que son employeur la contraigne agrave devoir effectuer une quantiteacute de travail propre agrave nuire agrave sa santeacute psychique a eacuteteacute consideacutereacute comme une violation de ses droits173

169 Arrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 170 VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 74 s 171 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 102 Sur le mecircme thegraveme voir WOLFGANG PORTMANN Stresshaftung im Arbeitsverhaumlltnis Erfolgreiche Stresshaftungsklagen gegen Arbeitgeber in der Schweiz und in anderen europaumlischen Laumlndern in ARV 2008 p 1-13 172 Message LAGH FF 2002 6841 p 6906 ss 173 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 4C242005 du 17 octobre 2005 consideacuterant 7

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On peut en deacuteduire qursquoun employeur ne peut exercer une trop forte pression sur ses employeacutes de faccedilon geacuteneacuterale par exemple en les astreignant agrave une charge de travail extrecircmement eacuteleveacutee nuisant agrave leur santeacute Les conditions de travail (charge de travail deacutelais horaires de travail etc) doivent pouvoir permettre aux employeacutes drsquoexercer leur emploi sans recours agrave des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans le mecircme sens selon DUNAND laquo [l]es conditions de travail doivent ecirctre adapteacutees aux capaciteacutes de lrsquoecirctre humain Lrsquoemployeur offrira aux travailleurs un climat de travail qui exclut toute atteinte agrave leur santeacute psychique Le travail sera organiseacute de maniegravere agrave eacuteviter un stress inutile ou un eacutepuisement professionnel raquo174 Pour le mecircme auteur laquo il appartient agrave lrsquoemployeur de mettre sur pied un systegraveme drsquoorganisation rationnel et respectueux qui permette drsquoeacuteviter une mise sous pression excessive des employeacutes raquo175 Le fait que dans certains milieux professionnels des comportements se rapprochant de ceux du dopage soient toleacutereacutes voire encourageacutes ne deacutedouane pas les employeurs de leurs obligations Il est vrai neacuteanmoins que rares sont ceux qui osent porter plainte dans ces conditions Il relegraveve alors de la responsabiliteacute du meacutedecin du travail srsquoil en existe de mettre en garde le travailleur sur les risques qursquoil encourt mais aussi drsquoavertir lrsquoemployeur des mesures agrave prendre pour corriger la situation

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal

La question qui se pose concernant les assurances de soins est la prise en charge de traitements entrant dans la cateacutegorie du deacuteveloppement humain artificiel Dans la regravegle lrsquoassurance-accidents couvre les frais meacutedicaux conseacutecutifs agrave un accident professionnel ou non professionnel176 laquo Le but du traitement meacutedical est deacuteliminer de la maniegravere la plus complegravete possible les atteintes physiques ou psychiques agrave la santeacute raquo177 Lrsquoart 54 LAA pose la limite suivante ceux qui pratiquent aux frais de lrsquoassurance-accidents doivent se limiter agrave ce qui est exigeacute par le but du traitement Lrsquoassurance-accidents ne couvre donc en principe pas de prestations relevant du deacuteveloppement humain artificiel son but fondamental eacutetant de prendre en charge les coucircts des theacuterapies conseacutecutives aux accidents Parmi les prestations preacutevues par la LAMal lrsquoart 25 mentionne les meacutedicaments prescrits par un meacutedecin dans la mesure ougrave ils servent agrave diagnostiquer ou agrave traiter une maladie et ses seacutequelles Lrsquoart 32 LAMal pose encore trois conditions au remboursement par lrsquoassureur-maladie obligatoire qui sont que les prestations doivent ecirctre efficaces approprieacutees et eacuteconomiques Lrsquoefficaciteacute doit ecirctre deacutemontreacutee scientifiquement Pour ecirctre rembourseacute un meacutedicament doit eacutegalement ecirctre inscrit sur la liste des speacutecialiteacutes de lrsquoOffice feacutedeacuteral de la santeacute publique178 Mais le remboursement de meacutedicaments par les caisses-maladie est soumis agrave diverses autres conditions dont celle de lrsquoutilisation conforme agrave lrsquoinformation professionnelle

174 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 175 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 176 Art 6 ss LAA 177 ATF 113 V 45 consid 4 178 Art 52 LAMal

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approuveacutee et publieacutee dans le Compendium suisse des meacutedicaments179 En conseacutequence un usage hors eacutetiquette nrsquoest en principe pas pris en charge Toutefois le TF a retenu deux exceptions pour lesquelles une telle utilisation peut ecirctre rembourseacutee180 La premiegravere est que la prescription hors eacutetiquette du meacutedicament constitue une condition essentielle agrave la poursuite drsquoune prestation prise en charge par lrsquoassurance obligatoire de soins181 La seconde est qursquoil srsquoagisse laquo de traiter une maladie qui pourrait ecirctre mortelle pour lrsquoassureacute ou impliquer des problegravemes de santeacute graves et chroniques qursquoil nrsquoexiste pas drsquoalternative theacuterapeutique et que le meacutedicament concerneacute preacutesente un important beacuteneacutefice theacuterapeutique raquo curatif ou palliatif182 Au vu de la jurisprudence traitant du remboursement de meacutedicaments utiliseacutes laquo hors eacutetiquette raquo force est de constater que lrsquousage de meacutedicaments soumis agrave ordonnance dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne remplit pas les conditions permettant leur remboursement par lrsquoassurance obligatoire de soins Ces conditions ayant pour but de permettre au meacutedecin de soigner au mieux des maladies pour lesquelles les meacutedicaments efficaces nrsquoont pas eacuteteacute speacutecifiquement testeacutes aux fins de lrsquoautorisation par Swissmedic on voit mal comment il pourrait en aller autrement

179 Voir ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 180 ATF 130 V 503 BGE 130 V 544 ATF 131 V 349 181 ARIANE AYER Prise en charge des meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 et la jurisprudence citeacutee 182 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 43

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3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations

La notion de laquo human enhancement raquo ne dispose pas actuellement de deacutefinition commune et arrecircteacutee Aux fins de cette eacutetude nous avons degraves lors ducirc commencer par en deacutefinir les contours et deacuteterminer les activiteacutes concerneacutees Le premier constat auquel nous sommes arriveacutes est que ces activiteacutes ne se limitent pas au dopage agrave la chirurgie estheacutetique ou au laquo wellness raquo Nous avons alors choisi drsquoappreacutehender cette notion de faccedilon large en parlant de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo expression qui nous apparait plus adapteacutee pour circonscrire la notion eacutetudieacutee Partant il nous a fallu trouver les dispositions leacutegales pertinentes et analyser les regravegles qursquoelles posent agrave la lumiegravere de cet ensemble drsquoactiviteacutes Nous avons alors constateacute que de nombreux champs du droit sont concerneacutes et que chaque activiteacute concerneacutee est reacuteglementeacutee de faccedilon propre Le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo nrsquoest pas appreacutehendeacute en tant que tel par le droit et ne le sera probablement jamais au vu de lrsquoensemble des diffeacuterentes activiteacutes et professions concerneacutees Dans de nombreuses situations les reacuteglementations eacutetudieacutees nrsquoont drsquoailleurs pas eacuteteacute eacutetablies en tenant compte du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Neacuteanmoins le droit positif suisse nrsquoest pas deacutemuni face aux possibiliteacutes de creacuteer des laquo surhommes raquo et pose des limites dans tous les domaines concerneacutes que lrsquoon pense agrave lrsquousage de meacutedicaments par des personnes en bonne santeacute en vue de modifications corporelles individuelles et volontaires aux possibiliteacutes pour une entreprise de demander des rendements surhumains agrave ses employeacutes ou agrave lrsquousage priveacute drsquoanalyses geacuteneacutetiques En conclusion nous pouvons mentionner que le droit suisse actuel ne connait pas de lacune manifeste concernant le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans les diffeacuterents champs concerneacutes des limites claires semblent eacutetablies

bull Toute modification geacuteneacutetique volontaire ou positive drsquoenfants agrave naicirctre est prohibeacutee

bull Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine ne peut ecirctre utiliseacutee agrave des fins laquo reacutecreacuteatives raquo (par exemple pour deacuteterminer lrsquoaptitude drsquoun enfant agrave diffeacuterentes activiteacutes sportives) ou en vue de seacutelectionner des employeacutes

bull Le preacutelegravevement et la transplantation drsquoorganes en vue drsquoameacuteliorer les performances drsquoun corps sain sont pratiquement interdites En effet le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes ne peut ecirctre effectueacute qursquoagrave la condition que le receveur ne puisse pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode Aucun traitement nrsquoeacutetant requis dans le cadre de deacuteveloppement artificiel force est de constater qursquoun preacutelegravevement est prohibeacute Concernant lrsquoattribution lrsquoordre de prioriteacute des requeacuterants deacutepend de lrsquourgence meacutedicale avec pour conseacutequence qursquoune transplantation laquo ameacuteliorative raquo est leacutegalement inconcevable

bull Les possibiliteacutes drsquoeffectuer de la recherche en vue de creacuteer de nouvelles meacutethodes et de nouveaux produits de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont limiteacutees par la neacutecessaire peseacutee drsquointeacuterecircts entre les risques et les beacuteneacutefices escompteacutes en particulier lorsque ces recherche doivent ecirctre meneacutees sur des ecirctres humains ou des cellules souches embryonnaires

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bull Les meacutedecins et professionnels de la santeacute sont limiteacutes dans leur activiteacute par le respect des regravegles de lrsquoart En conseacutequence ils ne peuvent sans risquer drsquoengager leur responsabiliteacute utiliser des produits et proceacutedeacutes agrave des fins non autoriseacutees De telles autorisations sont elles limiteacutees par les critegraveres permettant de faire les recherches neacutecessaires agrave leur deacutelivrance

bull La mise sur la marcheacute de meacutedicaments agrave des fins ameacutelioratives ne servant ni agrave diagnostiquer ni agrave preacutevenir ni agrave traiter une maladie devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic

bull La prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments nrsquoest possible qursquoagrave des conditions strictes ne permettant pas drsquoy inclure a priori le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

bull Les regravegles de droit du travail obligent lrsquoemployeur agrave adapter les conditions de travail aux employeacutes (et non lrsquoinverse) et interdisent les conduites dopantes qursquoelles soient demandeacutees explicitement ou tacitement agrave travers des conditions de travail et des instructions les rendant neacutecessaire pour lrsquoemployeacute

bull Enfin les activiteacutes meacutedicales relevant du deacuteveloppement humain artificiel ne remplissent pas les conditions permettant une prise en charge par les assurances sociales que ce soit par exemple la LAA ou la LAMal

Si les aspects juridiques paraissent suffisamment clairs les questions drsquoeacutethique et de deacuteontologie meacutedicales doivent selon nous ecirctre aujourdrsquohui clarifieacutees afin drsquounifier les pratiques en particulier dans les cas limites difficiles agrave cateacutegoriser entre laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo theacuterapie ou preacutevention Enfin les personnes pratiquant les activiteacutes pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et le public ndash patient usager consommateur ndash doivent enfin ecirctre clairement informeacutes des regravegles existantes et des limites poseacutees aux modifications volontaires de lrsquoecirctre humain

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Bibliographie ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique 2008 NICHOLAS AGAR Liberal eugenics In defence of human enhancement Malden 2005 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration du 18 avril 1999 Zurich Bacircle Genegraveve 2003 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse 2egraveme eacuted Berne 2006 (2 vol) FLORENCE AUBRY GIRARDIN Santeacute et seacutecuriteacute au travail eacutetude de droit suisse et communautaire Zurich 1995 ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire 2009 BERNARD BAERTSCHI Neuro-Enhancement Prendre la pilule de lrsquoameacutelioration morale serait-ce mal in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 5 s OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 s PETER BOumlHRINGER Arbeitsrecht Zurich 2001 SEVERINE BOILLAT le commerce eacutelectronique de meacutedicaments sous lrsquoangle de la santeacute publique Thegravese Neuchacirctel 2007 Berne 2007 CHRISTIANE BRUNNER et al Commentaire du contrat de travail Lausanne 2004 ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34 HEIDI BUumlRGI Richtlinien der Swissmedic zur Arzneimittelwerbung im Internet kritische Bemerkungen in AJP 2007 70 ss DIETER BUumlRGIN JOHANNES BIRCHER DANIEL CANDINAS et al Buts et missions de la meacutedecine au deacutebut du 21e siegravecle Rapport drsquoun groupe drsquoexperts de lrsquoAcadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales (ASSM) de la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) et des cinq Faculteacutes de meacutedecine Bacircle 2004

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  • Table des matiegraveres
    • Introduction et contexte
    • 1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
      • a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration
      • b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo
        • i) Ameacuteliorations et modifications physiques
        • ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales
        • iii) Prolongation de la vie
        • iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo
        • v) Preacutevention primaire
          • c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo
            • i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain
            • ii) Les substances
              • d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                • 2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                  • a) Fondements constitutionnels
                    • i) Digniteacute humaine
                    • ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle
                    • iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations
                    • iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes
                    • v) Protection des consommatrices et consommateurs
                    • vi) Protection de la santeacute
                    • vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain
                    • viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain
                    • ix) Meacutedecine de la transplantation
                    • x) Recherche impliquant des ecirctres humains
                      • b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine
                        • i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee
                        • ii) Analyse geacuteneacutetique humaine
                        • iii) Meacutedecine de la transplantation
                        • iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires
                        • v) Recherche impliquant des ecirctres humains
                          • c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions
                            • i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)
                              • d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires
                                • i) Seacutecuriteacute des produits
                                • ii) Meacutedicaments
                                  • (1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo
                                  • (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance
                                  • (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)
                                  • (4) Interdiction du dopage
                                    • iii) Stupeacutefiants
                                    • iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels
                                      • (1) Denreacutees alimentaires
                                      • (2) Objets usuels
                                          • e) Droit du travail
                                            • i) Protection du travailleur
                                              • (1) En geacuteneacuteral
                                                • ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute
                                                • iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                                                  • f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal
                                                    • 3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations
                                                      • Bibliographie
Page 7: Le développement humain artificiel

tatouages les piercings le branding et les scarifications sont autant de meacutethodes qui peuvent ecirctre rattacheacutees au laquo human enhancement raquo8 La distinction entre les interventions qui relegravevent de la theacuterapie ou des soins de celles qui peuvent ecirctre qualifieacutees plus strictement drsquoameacutelioratives srsquoavegraverent drsquoembleacutee difficile agrave tracer Le STOA a deacuteveloppeacute un tableau visant agrave diffeacuterencier les diffeacuterentes notions9

Il paraicirct eacutegalement inteacuteressant de mentionner les cateacutegories eacutetablies par Armin GRUNWALD dans le but de classer les diffeacuterentes activiteacutes biomeacutedicales agrave savoir

laquo 1 Healing as the removal of individual deficits relative to recognized standards of an average healthy human being 2 Doping as an increase in individual performance potential without there being any existing deficit in terms of (1) but in a measure that the performance achieved through it still appears as conceivably ldquonormalrdquo within the spectrum of usual human performance ndash either in sport or in normal life 3 Enhancement as an increase in performance going beyond abilities that are regarded as ldquonormallyrdquo achievable by humans who are healthy capable and ready to perform under optimal conditions 4 Alteration of human composition eg inventing new organs or bodily functions raquo10

Il deacutecoule de cette grille drsquoanalyse que le laquo human enhancement raquo relegraveve principalement des deuxiegraveme et troisiegraveme cateacutegories de GRUNWALD la quatriegraveme cateacutegorie restant actuellement hypotheacutetique Les notions de dopage de meacutedecine drsquoameacutelioration et de chirurgie et meacutedecine estheacutetique connexes et faisant partie de lrsquoensemble des activiteacutes du laquo human 8 Voir p ex CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 2 9 EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 19 10 ARMIN GRUNWALD Human Enhancement ndash What does laquo enhancement raquo mean here Newsletter Akademie-Brief No 88 avril 2009 p 2

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enhancement raquo doivent encore ecirctre deacutefinies En droit suisse le dopage se deacutefinit comme laquo lrsquousage abusif de produits et de meacutethodes destineacutes agrave accroicirctre les performances physiques dans le sport raquo11 Il convient de le distinguer de la notion de conduite dopante connexe agrave celle de dopage laquo On parle de conduite dopante lorsqursquoune personne consomme certains produits pour affronter un obstacle reacuteel ou ressenti pour ameacuteliorer ses performances (compeacutetition sportive examen entretien drsquoembauche prise de parole en public situations professionnelles ou sociales difficiles) Dans le monde sportif cette pratique prend le nom de dopage raquo12 Le laquo human enhancement raquo se diffeacuterencie aussi de la meacutedecine ameacuteliorative qui peut se deacutefinir comme suit laquo [s]i les mesures theacuterapeutiques ont pour but le reacutetablissement de la santeacute du patient et le recouvrement de la norme physique et psychique les interventions drsquoameacutelioration peuvent ecirctre consideacutereacutees comme des interventions visant agrave modifier certaines particulariteacutes ou capaciteacutes drsquoun ecirctre humain pour qursquoelles soient supeacuterieures agrave cette norme raquo13 Ainsi la meacutedecine et la chirurgie estheacutetiques visent laquo die Verschoumlnerung bereits normaler Koumlrperformen raquo14 Dans un arrecirct de 1998 le tribunal cantonal vaudois a retenu que laquo les opeacuterations effectueacutees par le chirurgien estheacutetique ne preacutesentent ni urgence ni neacutecessiteacute absolue et quelles portent sur des organes sains dindividus geacuteneacuteralement en bonne santeacute raquo15 Le tribunal feacutedeacuteral preacutecise que font partie des mesures diagnostique ou theacuterapeutique prises en charge par les caisses-maladie16 les opeacuterations servant laquo non seulement agrave la gueacuterison proprement dite de la maladie ou des suites immeacutediates dun accident mais aussi agrave leacutelimination dautres atteintes secondaires dues agrave la maladie ou agrave un accident notamment en permettant de corriger des alteacuterations externes de certaines parties du corps - en particulier le visage - visibles et speacutecialement sensibles sur le plan estheacutetique aussi longtemps que subsiste une imperfection de ce genre due agrave la maladie ou agrave un accident ayant une certaine ampleur et agrave laquelle une opeacuteration de chirurgie estheacutetique peut remeacutedier lassurance doit prendre en charge cette intervention agrave condition quelle eucirct agrave reacutepondre eacutegalement des suites immeacutediates de laccident ou de la maladie et pour autant que fussent respecteacutees les limites usuelles ainsi que le caractegravere eacuteconomique du traitement raquo17 Ces eacuteleacutements fondent la distinction entre la chirurgie reconstructive et la chirurgie estheacutetique

11 Art 1 al 1 let h LGS Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DDPS concernant les produits et meacutethodes de dopage dispose que ldquoEst reacuteputeacutee dopage au sens de lrsquoart 1 let h de la loi lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo Selon le message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux laquo [d]rsquoapregraves la deacutefinition du Comiteacute international olympique (CIO) le dopage consiste agrave laquoutiliser intentionnellement ou non des substances appartenant agrave des classes interdites dagents pharmacologiques etou agrave utiliser diverses meacutethodes interdites raquo raquo FF 1999 3262 Voir eacutegalement FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 p 916 Selon lrsquoart 1 du code mondial anti dopage laquo [l]e dopage est deacutefini comme une ou plusieurs violations des regravegles antidopage eacutenonceacutees aux articles 21 agrave 28 du Code raquo Les art 21 agrave 28 du code mentionnent entre autre comme violation des regravegles antidopage la preacutesence de substances interdites dans lrsquoeacutechantillon drsquoun sportif lrsquousage ou la tentative drsquousage par un sportif drsquoune substance interdite ou drsquoune meacutethode interdite et la possession de substance ou meacutethode interdites 12 Mission interministeacuterielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie et Institut national de preacutevention et drsquoeacuteducation pour la santeacute (France) Drogues savoir plus risquer moins p 95 13 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 Dans le mecircme texte il est mentionneacute que laquo [l]e terme de laquomeacutedecine drsquoameacuteliorationraquo regroupe les interventions meacutedicales non theacuterapeutiques dont le but est la modification ou lrsquoameacutelioration de caracteacuteristiques non-pathologiques raquo Voir eacutegalement FRANK TH PETERMANN pour qui laquo Die klassiche Medizin geht von der Praumlmisse aus dass sie kurativ dh zur Heilung von Krankheiten oder wenn dies nicht mehr moumlglich ist palliativ also zur Linderung der daraus resultierenden Beschwerden da ist 31 Geht es um medizinische Interventionen die keinen therapeutischen Zweck haben sondern auf die Veraumlnderung oder Verbesserung nichtpathologischer Merkmale abzielen spricht man von Enhancement Medizin raquo Off Label Rechtliche Betrachtungen zum Off Label Use von Pharmazeutika in hill 2007 fachartikel n 2 sect 17 14 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 40 15 Tribunal Cantonal du Canton de Vaud 25021998 in SG 1998 Ndeg1323 p 7 16 Art 25 LAMal 17 ATF 121 V 119 p 121

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b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo

Comme il ressort de notre bregraveve introduction le laquo human enhancement raquo est une notion large ouverte et dont les frontiegraveres sont difficiles agrave circonscrire Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette difficulteacute La transplantation drsquoorganes sains agrave des personnes acircgeacutees dans le but de rallonger leur vie consiste-t-elle en une theacuterapie ou une ameacutelioration18 laquo Is it therapy to give growth hormone to a genetic dwarf but not to a short fellow who is just unhappy to be short raquo19 Si les limites sont difficiles agrave eacutetablir il est toutefois possible drsquoidentifier diverses meacutethodes permettant agrave des personnes en bonne santeacute de modifier des eacuteleacutements de leur corps Plusieurs de ces meacutethodes sont deacutecrites ci-dessous classeacutees en fonction du type de modification

i) Ameacuteliorations et modifications physiques

Par ameacuteliorations physiques nous entendons les modifications corporelles permettant un accroissement des performances ou une modification de lrsquoapparence agrave des fins estheacutetiques cette deuxiegraveme cateacutegorie incluant les modifications antivieillissement Dans cette cateacutegorie les meacutethodes suivantes sont prises en compte

bull Lrsquoadministration drsquoanabolisants (deacuteriveacutes de la testosteacuterone (nandrolone stanozolol etc) utiliseacutes par exemple dans la pratique du bodybuilding) ou drsquoautres substances prohibeacutees ou reacuteglementeacutees permettant un accroissement de la masse musculaire et ou lrsquoameacutelioration des performances (force explosiviteacute puissance endurance vitesse de reacutecupeacuteration etc)

bull Lrsquoadministration drsquohormones afin de modifier lrsquoapparence (p ex prise de pilules contraceptives par des hommes dans le but de ressembler agrave des femmes)

bull La chirurgie et la meacutedecine estheacutetiques (p ex augmentation mammaire injections de botox)

bull Les modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull La transplantation et la xeacutenotransplantation drsquoorganes bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Les tatouages le branding les scarifications et le maquillage permanent

(modifications de lrsquoapparence drsquoune surface deacutefinie de peau)

ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales20

Peuvent ecirctre consideacutereacutees comme ameacuteliorations intellectuelles et modifications mentales toutes les meacutethodes permettant une ameacutelioration des aptitudes cognitives de lrsquoattention et de la concentration de la meacutemoire ou encore une diminution de la fatigue du stress de lrsquoanxieacuteteacute etc Ce type de modifications passe par lrsquoutilisation des meacutethodes suivantes21

18 Exemple donneacute par NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 ss p 3 19 Beyond therapy biotechnology and the pursuit of happiness A Report by the Presidentrsquos Council on Bioethics p 16 20 Lrsquoeacuteventualiteacute de modifications morales nrsquoest pas traiteacutee dans la preacutesente eacutetude 21 Voir EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 26 ss p 30 s

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bull Administration de meacutedicaments ou autres substances (p ex antideacutepresseurs ritalin modafinil adderall aricept)

bull Modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull Stimulation ceacutereacutebrale profonde (introduction drsquoune eacutelectrode dans le cerveau

et envoi drsquoimpulsions eacutelectriques) bull Stimulation magneacutetique transcracircnienne (envoi drsquoune impulsion sur

lrsquoenceacutephale agrave travers le cracircne) bull laquo Prosthetic brain chips raquo22

iii) Prolongation de la vie

Parmi les buts du laquo human enhancement raquo nous trouvons le rallongement de la vie Il faut ici distinguer entre les maladies de la vieillesse dont fait par exemple partie le diabegravete de type 2 et laquo les manifestations deacutegeacuteneacuteratives lieacutees agrave lrsquoacircge raquo23 Les premiegraveres neacutecessitent un traitement qualifiable de theacuterapie ce type de traitement ne fait donc pas partie du laquo human enhancement raquo Le traitement des secondes peut faire partie du laquo human enhancement raquo en fonction des cas et la preacutevention des manifestations deacutegeacuteneacuteratives est un eacuteleacutement du laquo human enhancement raquo De faccedilon geacuteneacuterale les meacutethodes permettant agrave des personnes saines de lutter contre le vieillissement et de rallonger la dureacutee de leur vie sont abordeacutees ici

bull Transplantations drsquoorganes et xeacutenotransplantations bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Administration de meacutedicaments drsquohormones et autres substances bull Consommation de suppleacutements nutritionnels (acide folique antioxydants

laquo brainfood raquo etc)24

iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo

Lrsquoutilisation de meacutethodes du geacutenie geacuteneacutetique dans ce que les germanophones appellent le laquo Gen-Enhancement raquo poursuit le but de deacutevelopper certaines qualiteacutes chez lrsquoenfant25 Les principales meacutethodes utiliseacutees relegravevent des techniques de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et drsquoanalyse geacuteneacutetique et de la theacuterapie geacutenique

v) Preacutevention primaire

Si la distinction entre ameacutelioration et theacuterapie nrsquoest pas eacutevidente celle entre ameacutelioration et preacutevention lrsquoest encore moins En effet lrsquoinclusion des techniques drsquoameacutelioration dans la preacutevention deacutepend de la deacutefinition retenue de la notion de preacutevention et de la maniegravere de consideacuterer les techniques ayant un potentiel ameacutelioratif La preacutevention peut se deacutefinir comme laquo les mesures visant agrave reacuteduire la probabiliteacute agrave limiter ou agrave empecirccher lrsquoapparition drsquoune maladie ou drsquoun risque pour la santeacute et les conseacutequences neacutegatives drsquoune maladie raquo26 ou plus simplement comme laquo toutes les activiteacutes deacuteveloppeacutees par une personne pour eacuteviter et empecirccher

22 Aussi appeleacutes ldquoelectronic brain implantsrdquo 23 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 3 24 ASTRID STUCKELBERGER Anti-ageing Medicine Myths and Chances p 130 ss 25 Pour LORZ laquo [d]as Gen-Enhancement betrifft Verbesserungen der Erbsubstanz vor allem fuumlr die zukuumlnftige Generation raquo SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 43 26 Art 3 du projet de loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute

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lrsquoapparition drsquoune maladie raquo27 En comparant ces deacutefinitions de la preacutevention avec celles du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo on peut deacuteterminer un premier critegravere de distinction dans le fait que la preacutevention est en geacuteneacuteral en lien avec une maladie ou un problegraveme de santeacute28 alors que le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo se rattache aux performances ou agrave lrsquoapparence Dans ce sens la vaccination est une activiteacute se rapprochant plus de la preacutevention que du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Une meacutethode permettant drsquoameacuteliorer de faccedilon geacuteneacuterale le fonctionnement du systegraveme immunitaire drsquoune personne pourrait par contre ecirctre incluse dans les deux cateacutegories car elle permet drsquoeacuteviter lrsquoapparition de maladies deacutetermineacutees et constitue une ameacutelioration geacuteneacuterale de la reacutesistance du corps humain

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo

Lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain peut passer par de nombreuses et diverses meacutethodes En retenant un concept large du laquo human enhancement raquo la meacuteditation qui permet de reacuteduire le stress et lrsquoanxieacuteteacute ou les exercices permettant drsquoameacuteliorer sa meacutemoire pourraient ainsi y ecirctre inclus Nous ne prendrons cependant pas en compte les meacutethodes que lrsquoon peut cateacutegoriser sous la notion drsquoentraicircnement (qui regroupe des notions comme lrsquoentraicircnement sportif lrsquoentraicircnement cognitif etc) Elles ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme produit de la technique et nrsquoentrent donc pas dans le concept de laquo human enhancement raquo tel que retenu En effet nous ne traitons ici que du deacuteveloppement artificiel par opposition au deacuteveloppement dit naturel

i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain

Font partie des interventions sur lrsquoecirctre humain les interventions sur lrsquoadulte et lrsquoenfant ainsi que les interventions preacutenatales Lrsquointervention meacutedicale peut se deacutefinir comme laquo an act performed to prevent harm to a patient or to improve the mental emotional or physical function of a patient A physiologic process may be monitored or enhanced or a pathologic process may be arrested or controlled raquo29 Il srsquoagit notamment drsquointerventions chirurgicales

ii) Les substances

Diverses substances peuvent avoir un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisables dans un but de deacuteveloppement artificiel Lrsquoon pense particuliegraverement aux produits theacuterapeutiques (meacutedicaments) ndash favorisant le deacuteveloppement musculaire la concentration lrsquoendurance lrsquoexplosiviteacute lrsquoagressiviteacute etc - et aux aliments speacuteciaux ou alicaments ndash faibles en calories (favorisant la perte de poids) ayant un apport eacutenergeacutetique accru (en proteacuteine favorisant la prise de muscles) ayant un taux de cafeacuteine eacuteleveacute etc Tout produit ayant un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisable agrave des fins autres que la theacuterapie et les soins peut potentiellement avoir un usage dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

27 Deacutefinition de lrsquoInstitut suisse de preacutevention de lrsquoalcoolisme et des autres toxicomanies httpwwwsfa-ispachindexphpIDtheme=107ampIDcat48visible=1amplangue=F 28 Sur les diffeacuterentes cateacutegories de preacutevention voir Message relatif agrave la loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute FF 2009 6389 p 6447 ss 29 Mosbys Medical Dictionary 8th edition 2009 Pour drsquoautres deacutefinitions voir httpmedical-dictionarythefreedictionarycomintervention

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d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Il peut paraicirctre surprenant de construire un rapport juridique en franccedilais en partant drsquoune expression anglaise comme celle de laquo human enhancement raquo Il conviendrait en fait drsquoanalyser preacuteciseacutement et de maniegravere deacutetailleacutee qursquoelle est justement la notion que deacutesigne ladite expression Cette deacutemarche ayant aboutie il serait encore neacutecessaire drsquoexclure qursquoil nrsquoexiste pas drsquoeacutequivalent en franccedilais (ou en allemand) avant de conclure que seule lrsquoexpression anglaise doit ecirctre retenue Dans tous les cas il paraicirct raisonnable de rechercher si lrsquoobjet de ce rapport ne peut pas srsquoexprimer clairement en franccedilais respectivement en allemand avant de faire usage de termes anglais Drsquoautres motifs nous incitent agrave souhaiter une formulation franccedilaise Premiegraverement il existe de nombreuses acceptions de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo Mecircme en anglais la question de la terminologie nrsquoest de loin pas reacutesolue Reprendre sans autre reacuteflexion cette expression preacutesente le risque que chacun pense y retrouver sa propre notion contribuant ainsi agrave la confusion Il est donc neacutecessaire de clarifier et de deacuteterminer au mieux la notion qui sera analyseacutee dans ce travail Deuxiegravemement le droit est indissociable des langues dans lesquelles il srsquoapplique il convient dans ce cadre de maintenir une uniteacute linguistique entre lrsquoobjet traiteacute et les normes juridiques qui srsquoy reacutefeacuterent Une traduction dans la langue de lrsquoeacutetude srsquoavegravere degraves lors utile voire neacutecessaire Troisiegravemement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est en soi biaiseacutee dans la mesure ougrave elle veacutehicule lrsquoideacutee selon laquelle les meacutethodes qursquoelles recouvrent sont veacuteritablement ameacutelioratives sans preacuteciser pour autant la nature de cette ameacutelioration Le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE a bien senti le piegravege puisqursquoil introduit dans sa propre deacutefinition la notion de contexte socioculturel pour appreacutecier lrsquoameacutelioration rechercheacutee30 Il y a donc neacutecessiteacute de se distancier de lrsquoexpression consacreacutee de laquo human enhancement raquo dans la mesure ougrave elle conforte lrsquoideacutee drsquoune certaine ameacutelioration qui reste pourtant agrave deacutemontrer selon des critegraveres socio-culturellement partageacutes et dont le degreacute est encore agrave eacutevaluer La question nrsquoest plus ici seulement de traduction mais bien de deacutefinition Parler drsquoameacutelioration humaine ou de laquo corps augmenteacute raquo31 ne paraicirct pas correct mais plutocirct trompeur Il srsquoagit de trouver un terme neutre Nous proposons ainsi de retenir lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Premiegraverement le terme de deacuteveloppement peut se comprendre comme ameacutelioration mais il laisse ouverte la possibiliteacute que ce deacuteveloppement soit beacuteneacutefique ou non32 Dans son sens neacutegatif il pourrait donc aussi srsquoappliquer pour deacutesigner une alteacuteration de lrsquohomme Le principe est surtout drsquoexprimer la transformation le changement qui est apporteacute agrave lrsquohumain ces autres termes pouvant ici valoir comme synonymes Mais lrsquointeacuterecirct du terme de deacuteveloppement est de renvoyer ou rappeler lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement durable raquo Pour reprendre le rapport laquo Notre avenir agrave tous raquo de la Commission mondiale sur lenvironnement et le deacuteveloppement (Commission Brundtland) laquo le deacuteveloppement durable est un deacuteveloppement qui reacutepond aux

30 Voir plus haut pt 1a 31 Cette traduction quasi-litteacuterale de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est parfois utiliseacutee en franccedilais Citons Geacuterard Ayache Corps augmenteacute recircve bionique ou cauchemar protheacuteen disponible agrave la page httpwwwagoravoxfractualitestechnologiesarticlecorps-augmente-reve-bionique-ou-11710 et une confeacuterence donneacutee dans le cadre des manifestations culturelles de la bibliothegraveque cantonale et universitaire de Lausanne le 27 janvier 2009 intituleacutee laquo Le corps augmenteacute utopie drsquoaujourdrsquohui reacutealiteacute de demain raquo 32 Sur le lien entre les notions de laquo enhancement raquo et de deacuteveloppement voir ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34

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besoins du preacutesent sans compromettre la possibiliteacute pour les geacuteneacuterations agrave venir de pouvoir reacutepondre aux leurs raquo33 Cette expression implique une responsabiliteacute individuelle et collective marqueacutee sur la dureacutee pour appreacutecier les effets du deacuteveloppement qui pour ecirctre positif ne peut se limiter aux seules personnes directement concerneacutees mais doit ecirctre appreacutecieacute dans ses conseacutequences globales pour lrsquohumaniteacute et la planegravete Une ameacutelioration de telle performance drsquoun athlegravete ne constitue pas neacutecessairement un progregraves pour les hommes et doit donc ecirctre appreacutecieacute de maniegravere relative sous lrsquoangle du deacuteveloppement durable et humain Deuxiegravemement le deacuteveloppement dont il est question ici concerne directement lrsquohumain justement afin de le deacutelimiter par rapport au deacuteveloppement durable et agrave drsquoautres formes drsquoactiviteacutes Troisiegravemement la caracteacuteristique de ce deacuteveloppement humain est de se libeacuterer des regravegles de la nature drsquoecirctre directement et volontairement induit autrement dit drsquoecirctre artificiel Cet eacuteleacutement est important pour marquer la limite avec lrsquoensemble des facteurs ndash ou deacuteterminants ndash qui influencent notre santeacute et dont les effets se traduisent au fil des deacutecennies par un allongement de la dureacutee de vie moyenne de la population et une baisse des morbiditeacutes Nous vivons mieux et plus longtemps que nos anciens Mais les eacuteleacutements qui participent agrave cette eacutevolution eacutechappent pour la plupart agrave un controcircle direct des individus concerneacutes Il srsquoagit donc de bien distinguer ces eacuteleacutements de lrsquoeacutevolution de la socieacuteteacute de la meacutedecine ameacuteliorative et autres mesures de deacuteveloppement humain artificiel Nous retiendrons ainsi actuellement la deacutenomination de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo qui renvoie au concept de laquo deacuteveloppement durable raquo aujourdrsquohui appliqueacute tant en matiegravere drsquoenvironnement que drsquoeacuteconomie domaines eacutetroitement lieacutes agrave celui de deacuteveloppement humain comme il sera deacutemontreacute ci-dessous

2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Fondements constitutionnels

Plusieurs normes constitutionnelles influent directement sur les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo en Suisse Ces dispositions concernent entre autres la digniteacute humaine le droit agrave la vie et agrave la liberteacute personnelle lrsquoeacutegaliteacute la protection de la santeacute la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee le geacutenie geacuteneacutetique et la meacutedecine de la transplantation

i) Digniteacute humaine

Lrsquoart 7 Cst dispose que la digniteacute humaine doit ecirctre respecteacutee et proteacutegeacutee Ce droit fondamental agrave ecirctre traiteacute de maniegravere humaine et non deacutegradante est consideacutereacute comme un principe directeur concreacutetiseacute par les autres droits fondamentaux34 Parmi ceux-ci le droit agrave la liberteacute personnelle garantit entre autres le droit agrave la vie agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique Si laquo [l]a garantie de lrsquointeacutegriteacute physique protegravege

33 Notre avenir agrave tous Rapport de la commission mondiale sur lrsquoenvironnement et le deacuteveloppement du 10 mars 1987 Disponible dans sa version anglaise agrave la page httpwwwareadminchthemennachhaltig002660054000542indexhtmllang=fr 34 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 69 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 691 s ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 260 s p 121 s PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 139 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 PHILIPPE MASTRONARDI com ad art 7 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 77 s

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lrsquoindividu contre toute atteinte injustifieacutee (hellip) porteacutee au corps humain qursquoelle soit intentionnelle ou non grave ou leacutegegravere et quels qursquoen soient les motifs raquo35 elle ne creacutee pas ni ne protegravege un eacuteventuel droit drsquoameacuteliorer son corps ou de modifier lrsquoecirctre humain drsquoune autre maniegravere Il existe drsquoailleurs drsquoautres dispositions constitutionnelles restreignant les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo A ce propos laquo [l]ecirctre humain se distinguerait agrave la fois par son individualiteacute et par ses imperfections Le jauger selon une norme preacutetendue juste et deacutetermineacutee de maniegravere arbitraire et le manipuler geacuteneacutetiquement par rapport agrave cette norme constituerait une violation grave de sa digniteacute raquo36 Le clonage et la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides sont eacutegalement par leur nature mecircme contraire agrave la digniteacute humaine37 Si lrsquoEtat doit srsquoabstenir drsquoatteindre de faccedilon injustifieacutee agrave lrsquointeacutegriteacute physique et la proteacuteger la Constitution preacutevoit eacutegalement agrave son art 118 que la Confeacutedeacuteration prend des mesures pour proteacuteger la santeacute Cet eacuteleacutement sera traiteacute ci-apregraves

ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle

Lrsquoart 10 Cst feacuted garantit le droit agrave la vie agrave la liberteacute personnelle agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique et agrave la liberteacute de mouvement donc laquo toutes les liberteacutes eacuteleacutementaires dont lrsquoexercice est indispensable agrave lrsquoeacutepanouissement de la personne humaine raquo38 Le Tribunal feacutedeacuteral a retenu que les vaccinations obligatoires les opeacuterations chirurgicales lrsquoobligation pour les eacutelegraveves de suivre un controcircle et des soins dentaires obligatoires ou lrsquoadministration forceacutee de meacutedicaments dans une clinique psychiatrique constituent des atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute physique et donc agrave la liberteacute personnelle39 La liberteacute personnelle protegravege la personne contre les atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute psychique laquo qui tendraient par un moyen quelconque agrave restreindre ou agrave supprimer la faculteacute qui lui est propre drsquoappreacutecier une situation donneacutee et de se deacuteterminer drsquoapregraves cette appreacuteciation raquo40 Enfin lrsquoart 10 al 3 Cst feacuted interdit la torture et tout autre traitement ou peine cruels inhumains ou deacutegradants Une des reacutesultantes de lrsquoart 10 Cst feacuted en droit meacutedical est lrsquoexigence du consentement des patients pour tout acte meacutedical On retrouve son pendant en droit priveacute avec lrsquoart 28 CC Cela garantit le respect de la volonteacute du patient et lui donne ainsi le droit drsquoexercer son libre arbitre Cependant le consentement nrsquoest pas une condition suffisante pour justifier une atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle Encore faut-il qursquoelle soit conforme aux regravegles de lrsquoart autrement dit que cette intervention reacuteponde aux standards meacutedicaux compte tenu des besoins du patient Une meacutethode de laquo deacuteveloppement durable artificiel raquo devra ainsi non seulement ecirctre autoriseacutee par la personne concerneacutee Elle doit en outre respecter les regravegles de lrsquoart et la digniteacute humaine consacreacutee agrave lrsquoart 7 Cst indeacutependamment de la volonteacute de la personne concerneacutee

35 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 108 36 Message LPMA FF 1996 276 reprenant une intervention parlementaire BO N 1991 p 616 (intervention Koller) 37 Message LPMA FF 1996 27 et les reacutefeacuterences citeacutees Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1221 38 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 101 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER com ad art 10 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 148 s 39 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 108 et la jurisprudence citeacutee 40 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 109

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iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations

Lrsquoart 8 Cst pose les principes de lrsquoeacutegaliteacute des ecirctres humains devant la loi et de lrsquointerdiction des discriminations Si cette disposition a vocation agrave srsquoappliquer dans les relations que lrsquoEtat entretient avec ses citoyens administreacutes justiciables elle a aussi un effet dans les relations entre particuliers Si dans la regravegle lrsquointerdiction des discriminations sadresse agrave lEacutetat et ne produit pas deffet horizontal direct dans les relations entre personnes priveacutees laquo les regravegles de droit civil doivent cependant ecirctre interpreacuteteacutees en tenant compte des exigences particuliegraveres qui reacutesultent des droits fondamentaux raquo41 Lrsquoart 8 al 2 Cst a toutefois des effets indirects notamment en vertu de lrsquoart 35 al 3 Cst qui dispose que les autoriteacutes veillent agrave ce que les droits fondamentaux dans la mesure ougrave ils srsquoy precirctent soient aussi reacutealiseacutes dans les relations qui lient les particuliers entre eux Ces effets indirects sont de deux ordres Premiegraverement il srsquoagit pour les autoriteacutes de tenir compte des droits fondamentaux dans lrsquointerpreacutetation des lois et dans lrsquousage de leur pouvoir drsquointerpreacutetation Deuxiegravemement laquo [l]e leacutegislateur doit concevoir la leacutegislation de sorte qursquoelle assure le mieux possible le respect des droits fondamentaux dans les relations entre particuliers Il le fera en eacutedictant des normes notamment de droit civil et peacutenal qui reacutesolvent les conflits de liberteacute entre particuliers et qui preacuteviennent des traitements discriminatoires Aussi les garanties constitutionnelles peuvent-elles contenir un mandat au leacutegislateur drsquoadopter des dispositions propres agrave proteacuteger dans la mesure du possible les particuliers contre les atteintes agrave leurs droits fondamentaux provenant drsquoautres particuliers Lrsquoexistence drsquoune telle obligation positive de lrsquoEtat (Schutzpflichten) deacutecoulant de la Constitution est admise depuis longtemps par la Cour europeacuteenne des droits de lrsquohomme ainsi que par la doctrine et la jurisprudence suisse raquo42 Ce deuxiegraveme eacuteleacutement est particuliegraverement important concernant lrsquointerdiction des discriminations En effet les laquo obligations de protection raquo de lrsquoEtat citeacutees ci-dessus neacutecessitent qursquoil prenne divers types de mesures afin de reacuteduire voire drsquoeacuteliminer les discriminations horizontales On pense en particulier agrave des mesures positives drsquoinformation de sensibilisation ou des recherches scientifiques et projets drsquoeacutechange et de contacts etc43 La creacuteation drsquoorganismes de sensibilisation et de coordination et la prise de mesures drsquoencouragement sont eacutegalement envisageables Dans les domaines ougrave la Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences leacutegislatives le leacutegislateur feacutedeacuteral peut eacutedicter des regravegles lorsque leur neacutecessiteacute est aveacutereacutee assurant la protection des citoyens contre les discriminations En reacutesumeacute les autoriteacutes eacutetatiques ne peuvent discriminer les personnes de faccedilon geacuteneacuterale et doivent assurer leur protection contre des discriminations horizontales par la prise de mesures positives et lrsquoeacutetablissement de textes de lois

41 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 5A4842009 du 18 aoucirct 2009 consid 41 et les reacutefeacuterences citeacutees 42 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 164 ss 167 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 43 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 318 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 124

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iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes

Lrsquoart 11 Cst dispose entre autres que les enfants et les jeunes ont droit agrave une protection particuliegravere de leur inteacutegriteacute et agrave lrsquoencouragement de leur deacuteveloppement Cette disposition dans certains domaines en tout cas44 laquo ne creacutee pas un droit subjectif particulier deacuteductible en justice faute notamment decirctre suffisamment preacutecise et deacutetermineacutee et doit plutocirct ecirctre consideacutereacutee comme une disposition programmatique respectivement une disposition que les autoriteacutes doivent prendre en compte lorsquil sagit de combler une lacune ou lorsquelles font usage de leur pouvoir dappreacuteciation raquo45 Il exige dans tous les cas une prudence accrue lorsqursquoil srsquoagit de porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle des enfants ou drsquointervenir dans leur deacuteveloppement

v) Protection des consommatrices et consommateurs

Lrsquoart 97 Cst dispose que la Confeacutedeacuteration prend des mesures destineacutees agrave proteacuteger les consommateurs et les consommatrices46 Il preacutevoit encore que les organisations de consommateurs disposent de voies de droit et que les proceacutedures de conciliation ou judiciaires doivent ecirctre simple et rapides pour les litiges dont la valeur litigieuse ne deacutepasse pas un montant deacutetermineacute Le but du premier alineacutea de cette disposition est de proteacuteger les consommateurs en geacuteneacuteral Les marcheacutes des meacutedicaments des denreacutees alimentaires des produits cosmeacutetiques et des services dans les domaines de la cosmeacutetique et du bien-ecirctre sont concerneacutees par cette disposition qui sert par ailleurs de base leacutegale agrave diverses lois de protection des consommateurs contre les tromperies

vi) Protection de la santeacute

Lrsquoart 118 Cst mentionne que la Confeacutedeacuteration prend des mesures afin de proteacuteger la santeacute dans les limites de ses compeacutetences et leacutegifegravere entre autres sur lrsquoutilisation des denreacutees alimentaires des agents theacuterapeutiques des stupeacutefiants des organismes des produits chimiques et des objets qui peuvent preacutesenter un danger pour la santeacute47 laquo Lrsquoancien art 69bis parlait de laquo commerce raquo (Verkehr raquo) des denreacutees alimentaires et objets usuels Le constituant de 1999 a preacutefeacutereacute parler drsquo laquo utilisation raquo (laquo Umgang raquo) pour bien montrer que la leacutegislation vise le comportement des consommateurs aussi bien que les opeacuterations drsquoamont fabrication traitement importation distribution raquo48 Si la santeacute publique est principalement un domaine de compeacutetence des cantons la Confeacutedeacuteration dispose toutefois de tacircches speacuteciales dans ce domaine49 Lrsquoart 118 44 Voir RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht p 262 ss en particulier p 264 s voir aussi RUTH REUSSER KURT LUumlSCHER com ad art 11 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 175 45 Arrecirct du Tribunal administratif feacutedeacuteral Cour III C-38852007 du 2 deacutecembre 2008 consid 10 46 Voir RETO JACOBS com ad art 97 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar Lachen amp Zurich p 1062 s voir aussi KLAUS A VALLENDER com ad art 94-107 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 47 LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1207 s 48 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 930 49 La Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences en matiegravere de santeacute publique depuis 1848 voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 926 Voir aussi ERWIN MURER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER

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sert de base agrave de nombreuses lois et ordonnances dont les principales sont la loi sur les denreacutees alimentaires 50 la loi sur les produits theacuterapeutiques51 la loi sur les stupeacutefiants52 la loi sur les produits chimiques53 ou encore la loi sur la seacutecuriteacute des produits54

vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain

Touchant directement le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo lrsquoart 119 Cst55 doit eacutegalement ecirctre mentionneacute Cette disposition traite de la protection de lrsquoecirctre humain contre les abus en matiegravere de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et de geacutenie geacuteneacutetique56 dans le domaine humain et limite ou interdit plusieurs activiteacutes dans le but de proteacuteger la digniteacute humaine la personnaliteacute et la famille57 Premiegraverement en application de lrsquoalineacutea 1 let a laquo [s]ont interdites les laquo interventions raquo (laquo Eingriffe raquo) dans le patrimoine geacuteneacutetique drsquoun gamegravete ou drsquoun embryon crsquoest-agrave-dire les opeacuterations qui modifient ce patrimoine et qui par conseacutequent peuvent influencer la descendance raquo58 Le clonage est aussi expresseacutement interdit Deuxiegravemement la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides interespegraveces59 est prohibeacutee60 Troisiegravemement la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee nrsquoest autoriseacute que lorsque la steacuteriliteacute ou le danger de transmission drsquoune grave maladie ne peuvent ecirctre eacutecarteacutes drsquoune autre maniegravere et non pour deacutevelopper chez lrsquoenfant certaines qualiteacutes ou pour faire de la recherche61 Cette disposition interdit donc expresseacutement lrsquoutilisation de meacutethodes de PMA afin de modifier les caracteacuteristiques drsquoun futur enfant

Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 967 s et surtout p 976 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 285 p 132 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 140 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 41 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 535 s ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht p 118 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII p 21 s 50 RS 8170 51 RS 81221 52 RS 812121 53 RS 8131 54 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 929 Voir aussi LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1209 s 55 Dans lrsquoancienne constitution voir art 24novies aCst 56 laquo Le laquo geacutenie geacuteneacutetique raquo (Gentechnologie) deacutesigne les proceacutedeacutes qui permettent drsquoanalyser de soigner voire de modifier des gegravenes notamment le support moleacuteculaire des caractegraveres heacutereacuteditaires drsquoun ecirctre vivant de mainegravere agrave identifier celui-ci voire agrave lrsquoinfluencer lui ou sa descendance raquo JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 936 Selon lrsquoart 2 let a LPMA la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee se deacutefinit comme les meacutethodes permettant drsquoinduire une grossesse en dehors de lrsquounion naturelle de lrsquohomme et de la femme en particulier lrsquoinseacutemination la feacutecondation in vitro avec transfert drsquoembryons et le transfert de gamegravetes Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 57 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 939 s Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 58 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 940 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 59 Notamment par la feacutecondation drsquoun ovule humain par un spermatozoiumlde humain et inversement JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 941 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 60 Art 119 al 1 let b Cst feacuted 61 Art 119 al 1 let c Cst feacuted Sur les meacutethodes de la PMA voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 942 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217

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viii)Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain

Enfin lrsquoart 120 Cst pose le principe de la protection de lrsquoecirctre humain et de son environnement contre les abus en matiegravere de geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain62 Il donne eacutegalement la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoutilisation du patrimoine germinal et geacuteneacutetique des animaux des veacutegeacutetaux et des autres organismes en suivant les principes suivants respect de lrsquointeacutegriteacute des organismes vivants de la seacutecuriteacute de lrsquoecirctre humain de lrsquoanimal et de lrsquoenvironnement et protection de la diversiteacute geacuteneacutetique des espegraveces animales et veacutegeacutetales

ix) Meacutedecine de la transplantation

Lrsquoart 119a Cst porte sur la meacutedecine de la transplantation et donne agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules Cette disposition pose les principes que la leacutegislation doit garantir la digniteacute humaine (en interdisant entre autres le commerce lucratif drsquoorganes et une reacutepartition discriminatoire des organes) proteacuteger la personnaliteacute (principalement du donneur) et la santeacute (du donneur et du receveur)63 Les textes leacutegaux fondeacutes sur cette disposition constitutionnelle sont eacutetudieacutes ci-dessous64

x) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement le 25 septembre 200965 sera soumis au peuple le 7 mars prochain Cette disposition pose les principes permettant de reacutealiser une recherche sur lrsquoecirctre humain et donne la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer dans ce domaine dans la mesure ougrave la protection de la digniteacute humaine et de la personnaliteacute lrsquoexige Les principes preacutevus sont les suivants66

a un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute que si la personne y participant ou la personne deacutesigneacutee par la loi a donneacute son consentement eacuteclaireacute la loi peut preacutevoir des exceptions un refus est contraignant dans tous les cas

b les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne doivent pas ecirctre disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute du projet

c un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute sur des personnes incapables de discernement que si des reacutesultats eacutequivalents ne peuvent ecirctre obtenus chez des personnes capables de discernement lorsque le projet de recherche ne permet pas drsquoescompter un beacuteneacutefice direct pour les personnes incapables de discernement les risques et les contraintes doivent ecirctre minimaux

d une expertise indeacutependante du projet de recherche doit avoir eacutetabli que la protection des personnes participant agrave ce projet est garantie

Sous le reacutegime de cet article constitutionnel les recherches impliquant des ecirctres humains visant un deacuteveloppement humain sont envisageables aux conditions mentionneacutees ci-dessus La lettre b retient particuliegraverement lrsquoattention La notion 62 Voir RAINER J SCHWEIZER com ad art 120 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1240 63 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 950 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARKUS SCHOTT com ad art 119a in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1230 s 64 Voir ci-dessous p 22 65 Arrecircteacute feacutedeacuteral relatif agrave un article constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain du 25 septembre 2009 66 Art 118b al 2 Cst

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drsquoutiliteacute du projet doit ecirctre preacuteciseacutee Selon le message lrsquoutiliteacute du projet consiste en le beacuteneacutefice escompteacute de la recherche envisageacutee Ce beacuteneacutefice peut ecirctre drsquoune part un beacuteneacutefice individuel du sujet par exemple pour sa santeacute et drsquoautre part un beacuteneacutefice pour des tiers pour la socieacuteteacute laquo Outre lrsquoutiliteacute pour la santeacute publique (p ex de meilleures possibiliteacutes de traitement pour les patients agrave venir) on peut penser agrave drsquoautres beacuteneacutefices pour la socieacuteteacute (p ex ameacutelioration de la qualiteacute de la vie deacutepassant le cadre de lrsquoutiliteacute pour la santeacute au sens strict) raquo67 Au vu de ces exemples donneacutes dans le message on peut se poser la question du beacuteneacutefice de recherches visant le deacuteveloppement humain En toute hypothegravese le principe geacuteneacuteral veut que les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne soient pas disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute de la recherche et aux beacuteneacutefices escompteacutes68 Pour esquisser des eacuteleacutements de reacuteponses agrave cette question il faut se pencher sur les nombreuses lois traitant de recherche sur lrsquoecirctre humain Citons la Loi sur les produits theacuterapeutiques lrsquoOrdonnance sur les essais cliniques la Loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee la Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires la Loi sur la transplantation les Lois sur la radioprotection et la protection des donneacutees69 et le projet de loi feacutedeacuterale sur la recherche sur lrsquoecirctre humain traiteacute ci-dessous70

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine

i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee

La loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee (LPMA) entreacutee en vigueur en 2001 regravegle les conditions de pratique de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee sur les ecirctres humains Elle assure la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la famille et interdit lrsquoapplication abusive de la biotechnologie et du geacutenie geacuteneacutetique Comme drsquoautres dispositions leacutegales71 et lrsquoart 119 Cst la LPMA interdit toute forme de seacutelection geacuteneacutetique ayant pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoenfant agrave naicirctre Lrsquoart 33 dispose que quiconque lors de lrsquoapplication drsquoune meacutethode de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee seacutelectionne les gamegravetes en fonction du sexe ou sur la base drsquoune analyse geacuteneacutetique dans un but autre que celui drsquoeacutecarter le risque de transmission drsquoune maladie grave et incurable aux descendants sera puni de lrsquoemprisonnement ou de lrsquoamende Lrsquoart 35 LPMA interdit de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire des cellules germinatives ou des cellules embryonnaires humaine drsquoutiliser de telles gamegravetes pour une impreacutegnation et drsquoutiliser pour le deacutevelopper jusqursquoau stade drsquoembryon un ovule impreacutegneacute ayant subi une telle modification72 Lrsquoart 36 preacutevoit encore une interdiction de creacuteer un clone un hybride ou une chimegravere et de transfeacuterer un embryon de chimegravere ou drsquohybride agrave une femme ou agrave un animal Quiconque commet une des actions interdite sera puni de lrsquoemprisonnement Selon le message la ratio legis de lrsquointerdiction des modifications du patrimoine germinal est que laquo nous ne sommes pas qualifieacutes pour deacuteterminer la nature des futurs ecirctres

67 Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 68 Voir Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 69 ASSM La recherche avec des ecirctres humains Meacutemento pour la pratique Bacircle 2009 p 13 70 Voir ci-dessous p 24 71 Voir loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain p 24 72 Selon le message le but de ces dispositions est drsquoempecirccher la conception programmeacutee drsquolaquo enfants ideacuteaux raquo de chimegraveres et drsquohybrides Le principe geacuteneacuteral est que toute seacutelection est exclue FF 1996 197 p 220 s et 275 ss

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humains cest-agrave-dire leurs capaciteacutes physiques et psychiques Cela reviendrait agrave donner agrave la geacuteneacuteration actuelle un pouvoir exclusif sur les geacuteneacuterations suivantes et agrave long terme agrave donner agrave des morts le pouvoir sur des vivants raquo73

ii) Analyse geacuteneacutetique humaine

La loi feacutedeacuterale sur lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine (LAGH) entreacutee en vigueur le 1er avril 2007 reacuteglemente lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques humaines74 dans le domaine de la meacutedecine du travail de lrsquoassurance et de la responsabiliteacute civile ainsi que lrsquoeacutetablissement de profils drsquoADN visant agrave deacuteterminer la filiation ou lrsquoidentiteacute drsquoune personne75 Elle a pour but de garantir la digniteacute humaine et la qualiteacute des analyses et de preacutevenir les analyses abusives et lrsquoutilisation abusive des donneacutees recueillies76 Pour cette eacutetude lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques dans la meacutedecine et le travail nous inteacuteressent plus particuliegraverement Sur les principes la loi preacutevoit que lrsquoanalyse geacuteneacutetique ne peut ecirctre effectueacutee qursquoagrave des fins meacutedicales et dans le respect du droit agrave lrsquoautodeacutetermination du patient77 Permettant de deacutetecter et diagnostiquer certaines maladies une analyse geacuteneacutetique peut ecirctre prescrite par un meacutedecin laquo que si elle reacutepond agrave un inteacuterecirct leacutegitime de celle-ci crsquoest-agrave-dire si lrsquoanalyse a un but prophylactique ou theacuterapeutique ou si elle permet drsquoeacutetablir un choix de vie ou un planning familial raquo78 Les analyses geacuteneacutetiques sont donc permises pour diagnostiquer une maladie parfois de faccedilon preacutecoce avant mecircme lrsquoapparition des premiers symptocircmes En particulier laquo une personne a le droit de savoir ou pas si elle est porteuse drsquoun gegravene deacutefectueux qui sera probablement agrave lrsquoorigine drsquoune maladie dans le futur mecircme srsquoil nrsquoexiste pas de mesure prophylactique raquo79 Par contre une analyse geacuteneacutetique ne sera pas autoriseacutee si elle a pour but de deacuteterminer une aptitude speacuteciale pour certains sports Certains preacutetendent qursquoune telle analyse est aujourdrsquohui techniquement possible A titre drsquoexemple la socieacuteteacute ameacutericaine Atlas Sport Genetics propose un test permettant drsquoanalyser le gegravene ACTN-3 qui srsquoapparenterait agrave un gegravene du sportif drsquoeacutelite80 et qui indiquerait une preacutedisposition agrave deacutevelopper des aptitudes biomotrices (vitesse endurance etc) supeacuterieures agrave la moyenne Ce test est vendu aux parents souhaitant connaicirctre les preacutedispositions geacuteneacutetiques de leurs enfants au sport de haut niveau81 Il convient drsquoembleacutee de souligner que la pertinence de ce test reste agrave deacutemontrer scientifiquement De plus la LAGH interdit dans tous les cas les analyses dans le but de deacuteterminer les preacutedispositions sportives des enfants au motif qursquoil nrsquoy a aucun laquo beacuteneacutefice direct au sens meacutedical pour la personne mineure incapable de discernement raquo8283 73 Message LPMA FF 1996 276 74 Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine est deacutefinie agrave lrsquoart 3 de la loi comme laquo les analyses cytogeacuteneacutetiques et moleacuteculaires effectueacutees sur lrsquoecirctre humain dans le but de deacuteterminer des caracteacuteristiques du patrimoine geacuteneacutetique heacutereacuteditaires ou acquises pendant la phase embryonnaire et toutes les autres analyses de laboratoire qui visent agrave obtenir de maniegravere directe ces mecircmes informations raquo les analyses cytogeacuteneacutetiques eacutetant laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer le nombre et la structure des chromosomes et les analyses moleacuteculaires laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer la structure moleacuteculaire des acides nucleacuteiques (ADN et ARN) ainsi que le produit direct du gegravene raquo 75 Art 1 LAGH 76 Art 2 LAGH 77 Art 10 al 1 LAGH 78 Message LAGH FF 2007 6841 p 6886 79 Message LAGH FF 2007 6841 p 6887 80 Voir agrave ce propos lrsquoarticle paru agrave ce sujet dans le New York Times du 30 novembre 2008 disponible agrave la page httpwwwnytimescom20081130sports30geneticshtml 81 wwwatlasgenecom 82 Message LAGH FF 2007 6841 p 6888

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Les analyses preacutenatales sont autoriseacutees pour deacutetecter chez lrsquoenfant agrave naicirctre des anomalies maladies et autres eacuteleacutements pouvant atteindre agrave sa santeacute A son art 11 la loi interdit de telles analyses visant agrave rechercher des caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus qui nrsquoinfluencent pas directement sa santeacute ou agrave deacuteterminer le sexe dans un but autre qursquoun diagnostic Le but de cette disposition est drsquointerdire la laquo seacutelection des embryons ou des fœtus selon le deacutesir des parents raquo84 Le but est ici drsquoeacuteviter que des parents puissent choisir des laquo beacutebeacutes agrave la carte raquo Lrsquoeacutevolution des techniques drsquoanalyse geacuteneacutetique de geacutenie geacuteneacutetique de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et des sciences biomeacutedicales en geacuteneacuteral permettent aujourdrsquohui et permettront toujours plus agrave lrsquoavenir drsquoenvisager non seulement la seacutelection mais encore la modification geacuteneacutetique des enfants agrave naicirctre donc des geacuteneacuterations futures Si lrsquoEtat ne prend plus aujourdrsquohui de mesures collectives agrave viseacutee eugeacuteniste85 une nouvelle forme drsquoeugeacutenisme priveacute libeacuteral volontaire ou positif selon les formules consacreacutees86 est concevable voire souhaiteacutee par certains87 Le leacutegislateur a reacuteglementeacute de faccedilon claire et reacutepeacuteteacutee le domaine de lrsquoutilisation des technologies geacuteneacutetiques appliqueacute agrave la seacutelection et agrave la modification libeacuterale drsquoenfants agrave naicirctre Dans la Constitution deacutejagrave dont lrsquoart 119 interdit lrsquoutilisation des meacutethodes de PMA pour modifier les caracteacuteristiques drsquoun enfant Dans les lois ensuite la LAGH prohibe la seacutelection de gamegravetes et drsquoembryons fondeacutee sur les preacutedispositions geacuteneacutetiques et la LPMA interdit toute modification volontaire du patrimoine geacuteneacutetique lors de procreacuteations meacutedicalement assisteacutees Le projet de LRH enfin deacuteclare illicites les projets de recherche visant agrave modifier des embryons ou fœtus sans rapport avec une maladie La volonteacute du leacutegislateur de ne pas permettre de modifications preacutenatales choisies a eacuteteacute affirmeacutee et confirmeacutee plusieurs fois de 199288 agrave 200989 Il paraicirct donc drsquoembleacutee exclu du moins agrave court et moyen termes que la leacutegislation soit reacuteviseacutee Au contraire les arguments invoqueacutes agrave reacuteiteacutereacutees reprises pour justifier la fermeteacute du Parlement agrave ce sujet relegravevent de valeurs fondamentales qui ne paraissent pas souffrir drsquoexceptions Il srsquoagit drsquoune barriegravere tregraves claire agrave lrsquoapplication de meacutethodes de deacuteveloppement humain artificiel dans ce domaine

83 Voir agrave ce sujet DOMINIQUE SPRUMONT La reacuteglementation des trousses drsquoanalyse geacuteneacutetique Lanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives Actes drsquoun colloque CHARLES JOYE (eacuted) Schulthess Zurich Bacircle et Genegraveve 2004 pp 71-88 84 Message LAGH FF 2007 6841 p 6889 85 Comme nous le savons il nrsquoen a pas toujours eacuteteacute ainsi En 1928 encore lrsquoEtat de Vaud mettait en place un reacutegime de steacuterilisation des malades mentaux et autorisait lrsquoavortement pour des motifs eugeacuteniques Voir GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 55 ss 67 et 85 Tout programme eacutetatique agrave viseacutees eugeacuteniques serait aujourdrsquohui contraire agrave la Constitution entre autre agrave ses articles 7 et 8 86 La liberteacute de choix reste relative dans lrsquoeugeacutenisme dit libeacuteral Si les mesures ne sont plus dicteacutees autoritairement par lrsquoEtat elles ne sont pas libres de fortes influences sociales et eacuteconomiques Nous ne pouvons qursquoabonder dans le sens de DUMOULIN pour qui laquo lrsquoeugeacutenisme nrsquoa pas cesseacute drsquoexister tout au plus a-t-il changeacute de forme raquo GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 87 87 Sur ces reacuteflexions voir parmi drsquoautres PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 et les reacutefeacuterences citeacutees 88 Date de lrsquoadoption de lrsquoart 24novies aCst Repris ensuite agrave lrsquoart 119 Cst Voir FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 935 89 Le projet de LRH dans sa version provisoire actuelle est dateacute du 21 octobre 2009

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Dans le domaine du travail la loi pose des conditions strictes quant agrave lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques Le principe fondamental qui a vocation agrave srsquoappliquer de faccedilon geacuteneacuterale et pas seulement dans le domaine du travail est que nul ne peut ecirctre discrimineacute en raison de son patrimoine geacuteneacutetique90 Ce principe pose la regravegle de lrsquointerdiction de lrsquousage drsquoinformations geacuteneacutetiques tant par lrsquoEtat que par les particuliers sauf dans les cas preacutevus par la loi91 Cette norme est une concreacutetisation du principe geacuteneacuteral poseacute agrave lrsquoart 8 al 2 Cst92 plus preacuteciseacutement de lrsquointerdiction des discriminations fondeacutees sur les deacuteficiences corporelles Pour PREVITALI laquo [l]e fait que la deacuteficience geacuteneacutetique repreacutesente une simple probabiliteacute qursquoune certaine maladie puisse se manifester un jour et que la deacuteficience ne soit deacutecelable sans recourir agrave des analyses approfondies nrsquoest pas un critegravere pertinent pour exclure les raisons geacuteneacutetiques du champ drsquoapplication de ce motif de discrimination raquo93 Plus avant la loi deacutetermine les conditions auxquelles un meacutedecin du travail peut prescrire une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique Le principe poseacute agrave lrsquoart 21 veut qursquoun employeur ou son meacutedecin ne puisse ni exiger une telle analyse ni exiger les reacutesultats drsquoune analyse preacuteexistante ni exiger une analyse geacuteneacutetique ayant pour but de deacuteterminer des caracteacuteristiques personnelles du travailleur qui nrsquoont pas de rapport avec sa santeacute Il existe toutefois des exceptions ougrave des analyses peuvent ecirctre effectueacutees dans le but de preacutevenir les maladies professionnelles ou les accidents Selon lrsquoart 22 les conditions cumulatives suivantes doivent alors ecirctre remplies

bull le poste est soumis aux dispositions sur la preacutevention dans le domaine de la meacutedecine du travail en vertu drsquoune deacutecision de la SUVA94 ou agrave drsquoautres dispositions feacutedeacuterales qui prescrivent une analyse meacutedicale pour eacutevaluer lrsquoaptitude de la personne concerneacutee agrave exercer lrsquoactiviteacute en question en raison des risques susceptibles de provoquer une maladie professionnelle une grave atteinte agrave lrsquoenvironnement ou des risques drsquoaccident grave ou drsquoatteinte grave agrave la santeacute de tiers

bull les mesures sur le lieu de travail au sens de lrsquoart 82 de la loi feacutedeacuterale du 20 mars 1981 sur lrsquoassurance-accidents ou drsquoautres dispositions leacutegales ne suffisent pas agrave eacutecarter ces risques

bull il est eacutetabli selon lrsquoeacutetat des connaissances scientifiques qursquoil existe un rapport de cause agrave effet entre une preacutedisposition geacuteneacutetique deacutetermineacutee et une maladie professionnelle un risque drsquoatteinte agrave lrsquoenvironnement ou un risque drsquoaccident ou drsquoatteinte agrave la santeacute de tiers

bull la Commission drsquoexperts pour lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine a confirmeacute le rapport de cause agrave effet selon la lettre preacuteceacutedente et reconnu la fiabiliteacute de la meacutethode drsquoanalyse permettant de deacutetecter la preacutedisposition

bull la personne concerneacutee a donneacute son consentement par eacutecrit

90 Art 4 LAGH 91 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 56 et les reacutefeacuterences citeacutees 92 Message LAGH FF 2002 6841 p 6876 Lrsquointerdiction de discriminer en raison du patrimoine geacuteneacutetique vise eacutegalement de faccedilon plus geacuteneacuterale la sauvegarde de la digniteacute humaine voir ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 52 s 93 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 51 94 Voir art 70 OPA

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Si une analyse est envisageable aux conditions susmentionneacutees dans le but de proteacuteger la santeacute du travailleur ou parce que le meacutetier en question exige une santeacute parfaite (p ex personnel navigant de lrsquoaeacuteronautique)95 rappelons cette analyse doit ecirctre consideacutereacutee comme une ultima ratio En effet le principe veut qursquoen preacutesence drsquoune activiteacute professionnelle potentiellement dangereuse lrsquoemployeur ne doit pas seacutelectionner ses employeacutes en fonction de leur reacutesistance ou de preacutedispositions particuliegraveres ou leur proposer des traitements leur permettant de srsquoadapter aux conditions de travail particuliegraveres (p ex la prescription drsquoampheacutetamines aux pilotes militaires ameacutericains) mais prioritairement adapter lrsquoenvironnement et les conditions de travail agrave la protection de la santeacute des personnes La deuxiegraveme condition de lrsquoart 22 LAGH le mentionne explicitement Il y a lagrave un frein explicite agrave toute forme de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo dans le domaine du travail qui ne reacutepondrait pas aux critegraveres susmentionneacutes qui concernent une atteinte moindre aux droits des travailleurs Cet eacuteleacutement devra tout particuliegraverement ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoeacutevaluation de projet de recherche dans ce domaine une laquo ameacutelioration raquo du travailleur par rapport agrave son environnement ne devrait pas ecirctre consideacutereacutee comme un veacuteritable beacuteneacutefice du point de vue de lrsquoeacutethique de la recherche si des mesures drsquoassainissement de cet environnement sont envisageables respectivement si les tacircches agrave accomplir peuvent ecirctre automatiseacutees On pense par exemple agrave la situation qui preacutevaut dans les centrales nucleacuteaires

iii) Meacutedecine de la transplantation

La loi feacutedeacuterale du 8 octobre 2004 sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules (loi sur la transplantation) fixe les conditions dans lesquelles des organes des tissus ou des cellules peuvent ecirctre utiliseacutes agrave des fins de transplantation Elle doit contribuer agrave ce que des organes des tissus et des cellules humains soient disponibles agrave des fins de transplantation et a eacutegalement pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoorganes de tissus ou de cellules notamment le commerce drsquoorganes lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de transplantation et drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute96 Le but fondamental de la loi est laquo drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de la transplantation raquo97 La loi sur la transplantation empecircche lrsquoutilisation de cette technique meacutedicale agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo par le biais des critegraveres permettant le preacutelegravevement et lrsquoattribution drsquoorganes Selon lrsquoart 12 de la loi le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes nrsquoest possible que si entre autres conditions le receveur ne peut pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode theacuterapeutique ayant une efficaciteacute comparable Le principe veut que les organes issus de dons effectueacutes par des personnes vivantes reviennent toujours agrave une personne deacutesigneacutee agrave lrsquoavance le plus souvent un proche98 Tout preacutelegravevement

95 Message LAGH FF 2002 6841 p 6904 96 Art 1 Loi sur la transplantation 97 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 129 98 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 145

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drsquoorgane sur une personne vivante agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est degraves lors exclu Concernant lrsquoattribution drsquoorganes preacuteleveacutes sur une personne deacuteceacutedeacutee plusieurs critegraveres srsquoappliquent dont celui de lrsquourgence meacutedicale de la transplantation et de lrsquoefficaciteacute de la transplantation drsquoun point de vue meacutedical99 La premiegravere condition veut que laquo les organes doivent ecirctre attribueacutes en premier lieu aux patients dont la santeacute est la plus gravement atteinte En lrsquooccurrence le seul eacuteleacutement deacuteterminant est la situation meacutedicale du patient raquo100 Au vu de la situation actuelle de peacutenurie drsquoorganes cette condition suffit agrave elle seule agrave empecirccher toute transplantation drsquoorgane agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo La deuxiegraveme condition mentionneacutee signifie qursquolaquo il y a lieu drsquoattribuer les organes aux patients auxquels la transplantation sera la plus profitable Lagrave encore seule lrsquoutiliteacute meacutedicale entre en consideacuteration Il ne saurait ecirctre question de prendre en compte lrsquoaspect laquoutiliteacute socialeraquo par exemple la laquovaleurraquo que revecirct une personne pour la socieacuteteacute ou encore pour drsquoautres patients lrsquoampleur et le niveau des responsabiliteacute qursquoils exercent raquo101 Lrsquoefficaciteacute meacutedicale se mesure en tenant compte la compatibiliteacute des groupes sanguins des groupes tissulaires et anatomiques existant entre lrsquoorgane et le receveur potentiel Enfin en application de lrsquoart 17 de la loi le principe de non-discrimination de lrsquoart 8 al 2 Cst srsquoapplique agrave lrsquoattribution drsquoorganes En conseacutequence laquo lrsquoorigine la race le sexe lrsquoacircge la langue la position sociale les convictions philosophiques ou religieuses une deacuteficience corporelle mentale ou psychique pas plus que lrsquoacircge ou la situation sociale ne sauraient ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoattribution drsquoorganes raquo102

iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires

La Loi feacutedeacuterale du 19 deacutecembre 2003 relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires (Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches LRCS) a pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoembryons surnumeacuteraires et de cellules souches embryonnaires et de proteacuteger la digniteacute humaine Pour ce faire elle fixe les conditions reacutegissant la production de cellules souches embryonnaires humaines agrave partir drsquoembryons humains surnumeacuteraires et lrsquoutilisation de ces cellules agrave des fins de recherche103 La LRCS prohibe diverses pratiques Lrsquoart 3 interdit en particulier

a de produire un embryon agrave des fins de recherche (art 29 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches agrave partir drsquoun tel embryon ou drsquoutiliser de telles cellules b de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire de cellules germinatives (art 35 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de

99 Art 18 Loi sur la transplantation 100 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 101 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 147 102 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 103 Art 1 LRCS

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produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun embryon dont le patrimoine germinal a eacuteteacute modifieacute ou drsquoutiliser de telles cellules c de creacuteer un clone une chimegravere ou un hybride (art 36 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun clone drsquoune chimegravere ou drsquoun hybride ou drsquoutiliser de telles cellules d de deacutevelopper un partheacutenote de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun partheacutenote ou drsquoutiliser de telles cellules e drsquoimporter ou drsquoexporter un embryon au sens des let a ou b un clone une chimegravere un hybride ou un partheacutenote

Un projet de recherche utilisant des cellules souches embryonnaires ne peut ecirctre meneacute que si la commission drsquoeacutethique compeacutetente a donneacute un avis favorable et aux conditions suivantes

a le projet a pour but drsquoobtenir des connaissances essentielles 1 visant agrave constater traiter ou preacutevenir des maladies humaines graves ou 2 portant sur la biologie du deacuteveloppement de lrsquoecirctre humain

b des connaissances drsquoeacutegale valeur ne peuvent ecirctre obtenues drsquoaucune autre maniegravere c le projet satisfait aux exigences de qualiteacute scientifiques d le projet est acceptable au plan eacutethique

Il srsquoavegravere ainsi que lrsquoexigence de lrsquoarticle 12 lit a ch 1 preacuteciteacute eacutecarte ou du moins rend particuliegraverement difficile la possibiliteacute drsquoutiliser des cellules souches embryonnaires pour faire de la recherche agrave des fins de deacuteveloppement humain artificiel

v) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement et prochainement soumis au peuple et aux cantons attribue agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la recherche sur lrsquoecirctre humain Le Conseil feacutedeacuteral a alors approuveacute et transmis agrave lrsquoassembleacutee feacutedeacuterale un projet de loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain (abreacutegeacute LRH) et le message y relatif104 Ce projet de loi vise agrave proteacuteger la digniteacute la personnaliteacute et la santeacute de lrsquoecirctre humain dans la recherche105 Il eacutetablit plusieurs regravegles geacuteneacuterales applicables agrave drsquoeacuteventuelles recherches visant le deacuteveloppement et lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain Mentionnons drsquoembleacutee que les projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus sans rapport avec une maladie sont illicites106 Cette regravegle est un simple rappel de la norme constitutionnelle poseacutee agrave lrsquoart 119 Cst107 Le message dans le commentaire de lrsquoart 24 du projet de loi tranche clairement la question de la pertinence et de lrsquoutiliteacute de recherches visant lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain par des modifications geacuteneacutetiques de fœtus ou drsquoembryons laquo La reacutealisation drsquoun projet de recherche qui a pour but de modifier les caracteacuteristiques du fœtus sans rapport avec une maladie est interdite en vertu de la 104 Les analyses ci-dessous sont fondeacutees sur les versions provisoires du projet et du message du 21 octobre 2009 105 Art 1 al 1 LRH 106 Art 24 LRH 107 Voir ci-dessus p 15

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preacutesente disposition Sont prohibeacutes drsquoune part les projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain Il srsquoagit ici de projets qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement Ces tentatives font depuis quelque temps lrsquoobjet de discussion sous la deacutesignation laquohuman enhancementraquo (meacutedecine meacuteliorative) Sont prohibeacutes drsquoautre part les projets de recherche ayant pour finaliteacute de modifier ou drsquoameacuteliorer des caracteacuteristiques humaines sans rapport direct avec la santeacute de la personne p ex lrsquoorientation sexuelle certains traits de caractegravere ou des particulariteacutes physiques comme la couleur des yeux Seuls sont autoriseacutes les projets de recherche qui ont pour but de traiter des maladies ou drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie en cas drsquoinfirmiteacute ou de malformations La liceacuteiteacute drsquoun projet de recherche doit ecirctre examineacutee concregravetement au cas par cas raquo108 De faccedilon geacuteneacuterale lrsquoart 5 pose le principe que la recherche sur lrsquoecirctre humain peut ecirctre pratiqueacutee uniquement si sa pertinence est eacutetablie pour la science ainsi que pour la compreacutehension des maladies humaines pour la compreacutehension de la structure et du fonctionnement du corps humain ou pour la santeacute publique Cette disposition reprend la regravegle consacreacutee par la Convention sur les droits de lrsquoHomme et la Biomeacutedecine du Conseil de lrsquoEurope109 et dans la leacutegislation suisse actuelle Il est particuliegraverement douteux que des projets de recherche visant uniquement une ameacutelioration de lrsquoecirctre humain remplissent cette condition Drsquoailleurs le message preacutecise que laquo [n]e seraient ainsi p ex pas autoriseacutes les projets de recherche visant agrave restreindre la libre opinion des personnes de maniegravere cibleacutee raquo110 En toute logique on peut deacuteduire de cet exemple que ce critegravere de pertinence exclu a priori la recherche en vue de modifications de la morale de personnes deacutetermineacutees Enfin mentionnons qursquoune autorisation de la commission drsquoeacutethique du canton dans lequel la recherche est proposeacutee est obligatoire pour la reacutealisation drsquoun projet de recherche Lrsquoautorisation est accordeacutee si les exigences eacutethiques juridiques et scientifiques de la loi sont remplies111 En autres eacuteleacutements de base que la CER devra eacutevaluer il srsquoagit de srsquoassurer que le principe de la primauteacute des inteacuterecircts de la personne sur les inteacuterecircts de la science et de la socieacuteteacute est bien respecteacute Proposer une recherche en matiegravere de dopage pourrait ainsi drsquoembleacutee en contradiction avec cette exigence agrave moins de deacutemontrer que la personne concerneacutee va effectivement beacuteneacuteficier de cette recherche sans risque drsquoinstrumentalisation Les arguments eacutevoqueacutees plus haut en matiegravere drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine en droit du travail gardent ici toute leur pertinence

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions

i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)

Les professions de meacutedecin dentiste pharmacien et chiropraticien sont reacuteglementeacutees par le droit feacutedeacuteral en vertu de lrsquoattribution de compeacutetence de lrsquoart 95

108 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 109 Voir lrsquoart 4 de la Convention httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml164htm et surtout le Protocole additionnel agrave la Convention sur les Droits de lHomme et la biomeacutedecine relatif agrave la recherche biomeacutedicale httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml195htm 110 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 54 111 Art 44 agrave 46 LRH

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Cst feacuted112 qui permet agrave la confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoexercice des activiteacutes eacuteconomiques lucratives priveacutees Ces professions sont reacuteglementeacutees par la loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) qui fixe les conditions de formation permettant drsquoacceacuteder agrave ces professions et les regravegles drsquoexercice des professions meacutedicales universitaires Lrsquoart 4 LPMeacuted pose les objectifs de la formation universitaire En substance il srsquoagit de srsquoassurer que les professionnels concerneacutes seront en mesure de preacutevenir diagnostiquer et gueacuterir les troubles de la santeacute soulager les souffrances promouvoir la santeacute et fabriquer remettre ou distribuer des meacutedicaments En font eacutegalement partie le fait de pouvoir prodiguer aux patients des soins individuels complets et de qualiteacute (let a) de traiter les problegravemes en recourant agrave des meacutethodes reconnues scientifiquement en prenant en consideacuteration les aspects eacutethiques et eacuteconomiques (let b) et drsquoassumer leurs responsabiliteacutes dans le domaine de la santeacute et au sein de la collectiviteacute de maniegravere conforme aux speacutecificiteacutes de leur profession (let d) De faccedilon geacuteneacuterale en plus des soins et theacuterapies laquo [s]ie muumlssen aber auch die Faumlhigkeit haben aufzuzeigen wie Menschen und Tiere nicht nur die Krankheit verhindern sondern vor allem ihre Gesundheit foumlrdern und staumlrken koumlnnen raquo113 Les art 6 et 7 mentionnent les compeacutetences geacuteneacuterales que doivent posseacuteder les personnes ayant termineacute les filiegraveres drsquoeacutetude concerneacutees Citons les eacuteleacutements suivants de lrsquoart 6 al 1 LPMeacuted disposer des bases scientifiques neacutecessaires pour prendre des mesures preacuteventives diagnostiques theacuterapeutiques palliatives et de reacutehabilitation (let a) savoir reconnaicirctre et eacutevaluer les facteurs de maintien de la santeacute et en tenir compte dans leur activiteacute professionnelle (let c) ecirctre capables de deacuteterminer si les prestations qursquoils fournissent sont efficaces adeacutequates et eacuteconomiques et savoir se comporter en conseacutequence (let h) Lrsquoart 8 LPMeacuted pose les objectifs speacutecifiques de formation que doivent atteindre les personnes ayant termineacute leurs eacutetudes de meacutedecine humaine de meacutedecine dentaire ou de chiropratique Parmi ceux-ci on peut citer le fait drsquoecirctre capables de prescrire les meacutedicaments de faccedilon professionnelle respectueuse de lrsquoenvironnement et eacuteconomique (let c) drsquoœuvrer en faveur de la santeacute humaine en donnant des conseils et en prenant les mesures de preacutevention et de promotion neacutecessaires dans leur champ drsquoactiviteacute professionnel (let h) et de respecter la digniteacute et lrsquoautonomie des personnes concerneacutees connaicirctre les principes de base de lrsquoeacutethique ecirctre familiariseacutees avec les diffeacuterents problegravemes eacutethiques qui se posent dans leur profession et se laisser guider dans leurs activiteacutes professionnelle et scientifique par des principes eacutethiques visant le bien des ecirctres humains (let i) Lrsquoart 40 LPMeacuted deacutefinit les devoirs professionnels que doivent observer les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant Ces devoirs sont les suivants

a exercer leur activiteacute avec soin et conscience professionnelle et respecter les limites des compeacutetences qursquoelles ont acquises dans le cadre de leur formation universitaire de leur formation postgrade et de leur formation continue

112 Voir eacutegalement les art 63a et 118 Cst feacuted 113 THOMAS FLEINER com ad art 4 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire p 101

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b approfondir deacutevelopper et ameacuteliorer leurs connaissances aptitudes et capaciteacutes professionnelles par une formation continue c garantir les droits du patient d srsquoabstenir de toute publiciteacute qui nrsquoest pas objective et qui ne reacutepond pas agrave lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral cette publiciteacute ne doit en outre ni induire en erreur ni importuner e deacutefendre dans leur collaboration avec drsquoautres professions de la santeacute exclusivement les inteacuterecircts des patients indeacutependamment des avantages financiers f observer le secret professionnel conformeacutement aux dispositions applicables

g precircter assistance en cas drsquourgence et participer aux services drsquourgence conformeacutement aux dispositions cantonales

h conclure une assurance responsabiliteacute civile professionnelle offrant une couverture adapteacutee agrave la nature et agrave lrsquoeacutetendue des risques lieacutes agrave leur activiteacute ou fournir des sucircreteacutes eacutequivalentes

Les devoirs professionnels114 de la LPMeacuted concreacutetisent le but de la loi en garantissant la qualiteacute des soins meacutedicaux par le biais drsquoune surveillance effective des professionnels viseacutes Ce rapide survol des compeacutetences reconnues aux meacutedecins ainsi que des responsabiliteacutes qui sont les leur met en lumiegravere lrsquoimportance de respecter drsquoune part les regravegles de lrsquoart agrave savoir les laquoprincipes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo (ATF 108 II 5961) et drsquoautre part les droits et la digniteacute des patients Afin drsquoappreacutecier la reacuteception de nouvelles pratiques de deacuteveloppement humain artificiel dans la meacutedecine il convient donc drsquoeacutevaluer si ces pratiques peuvent ecirctre consideacutereacutees comme conforme aux regravegles de lrsquoart Cette question relegraveve principalement des compeacutetences et de lrsquoeacutethique professionnelles On notera qursquoun meacutedecin qui srsquoeacutecarte des regravegles de lrsquoart peut ecirctre tenu pour responsable vis-agrave-vis du patient indeacutependamment du consentement de ce dernier En effet le consentement est certes le motif justificatif par excellence de la violation des droits de la personnaliteacute qursquoimplique tout acte meacutedical et partant absolument neacutecessaire Il ne srsquoagit cependant pas drsquoune condition suffisante Encore faut-il que ce agrave quoi consent le patient soit admissible sous lrsquoangle de lrsquoart 27 al 2 CC autrement dit nrsquoest pas contraire aux mœurs ou agrave lrsquoordre juridique notions qui recoupent partiellement celle de laquo regravegles de lrsquoart raquo La question ne peut se reacutesoudre que dans un cas concret A priori il existe cependant quelques reacuteticences agrave inclure ces nouvelles pratiques dans lrsquoeacutethos professionnel Le meacutedecin concerneacute se trouve ainsi agrave assumer un lourd 114 Selon SPRUMONT ET AL les devoirs professionnels laquo sont des normes de comportement devant ecirctre suivies par toutes les personnes exerccedilant une mecircme profession raquo DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 385

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fardeau de la preuve par laquelle il devrait deacutemontrer la pertinence de son acte sous lrsquoangle tant meacutedico-scientifique que eacutethique Nous reviendrons sur cette question dans la section sur les produits theacuterapeutiques On ne peut toutefois ignorer la tendance geacuteneacuterale vers les pratiques de bien-ecirctre ou laquo wellness raquo comme cela se dit souvent Ce mouvement nrsquoest pas limiteacute au seul domaine meacutedical Drsquoautres professionnels de la santeacute eacutelargissent aujourdrsquohui leur champ drsquointervention dans des domaines qui ne relegravevent pas strictement du theacuterapeutique ou du prophylactique On peut mentionner eacutegalement les professions lieacutees agrave lrsquoestheacutetique agrave la cosmeacutetique ou encore les tatoueurs ou les perceurs Les personnes pratiquant ces professions doivent toutefois respecter lrsquoOrdonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur les objets destineacutes agrave entrer en contact avec les muqueuses la peau ou le systegraveme pileux et capillaire et sur les bougies les allumettes les briquets et les articles de farces et attrapes115 Cette ordonnance preacutevoit des regravegles sur les mateacuteriaux et colorants utiliseacutes116 lrsquoobligation pour ces professionnels de prendre toutes les preacutecautions raisonnablement neacutecessaires afin de preacutevenir la transmission de toute infection dont fait partie lrsquoobligation drsquoutiliser du mateacuteriel steacuterile117 Le but de ces mesures est avant tout la protection de la santeacute des consommateurs Un autre point important meacuterite drsquoecirctre releveacute ces professions sont expresseacutement exclues de la liste des professions de la santeacute usuellement soumises agrave autorisation de pratique en droit cantonal sans parler des professions de la santeacute qui relegravevent du droit feacutedeacuteral (professions meacutedicales universitaires psychologues etc) Il ne srsquoagit donc pas de tomber dans la confusion lorsque des professionnels de la santeacute stricto sensu envahissent le champ de lrsquoestheacutetisme et de la cosmeacutetique Cela ne signifie pas neacutecessairement un changement de nature dans ces activiteacutes qui acquerraient ainsi un statut meacutedico-scientifique Comme pour les meacutedecins compleacutementaires dans les cantons romands il srsquoagit plutocirct drsquoune forme de toleacuterance de ces pratiques par les autoriteacutes tant que la santeacute publique est preacuteserveacutee et qursquoil nrsquoy a pas de confusion pour les patients entre ce qui se rapporte aux soins et ce qui relegraveve plutocirct du bien-ecirctre On notera que la deacuterive des professionnels de la santeacute dans des activiteacutes ougrave le marcheacute est en forte croissance soulegraveve un problegraveme reacuteel dans la situation actuelle de quasi peacutenurie de professionnels qualifieacutes Alors que le nombre de meacutedecins ou drsquoinfirmiers formeacutes en Suisse reste insuffisant pour maintenir une couverture des soins de lrsquoensemble de la population le fait que de nombreux professionnels abandonnent leurs activiteacutes de base pour se consacrer agrave des tacircches qui nrsquoentrent ni dans les soins ni dans la preacutevention est tregraves preacuteoccupant118 On voit drsquoailleurs ici toute lrsquoimportance de tracer une limite preacutecise entre preacutevention et deacuteveloppement humain artificiel La premiegravere relegraveve clairement aujourdrsquohui du systegraveme de santeacute alors que le second ne semble pas y appartenir

115 OFFICE FEDERAL DE LA SANTE PUBLIQUE OFSP Uniteacute de direction Protection des consommateurs Fiche drsquoinformation Tatouages et piercings comment ne pas risquer sa peau mai 2009 p 3 116 Lrsquoart 5 al 2 de lrsquoordonnance preacutevoit que les couleurs de tatouage et les couleurs de maquillage permanent ne doivent pas mettre en danger la santeacute du consommateur 117 Art 2 agrave 8 de lrsquoOrdonnance 118 Voir lrsquoarticle agrave paraicirctre de PETER SUTER preacutesident de lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales dans les actes de la 16egraveme journeacutee de droit de la santeacute octobre 2009 Neuchacirctel

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d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires

i) Seacutecuriteacute des produits

La nouvelle loi sur la seacutecuriteacute des produits du 12 juin 2009 (LSPro) remplace et abroge119 la loi feacutedeacuterale du 19 mars 1976 sur la seacutecuriteacute drsquoinstallations et drsquoappareils techniques (LSIT) Elle vise agrave assurer la seacutecuriteacute des produits mis sur le marcheacute120 en geacuteneacuteral (un produit au sens de cette loi eacutetant tout bien meuble precirct agrave lrsquoemploi mecircme srsquoil est incorporeacute agrave un autre bien meuble ou immeuble) dans la mesure ougrave le droit feacutedeacuteral ne contient pas drsquoautres dispositions visant le mecircme but Elle srsquoapplique donc de faccedilon subsidiaire aux autres lois sectorielles reacuteglementant des cateacutegories de produits particuliegraveres121 A titre drsquoexemple mentionnons que les produits chimiques theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires ainsi que les objets usuels sont soumis agrave des reacuteglementations speacuteciales La LSPro pose les principes suivants

bull Peuvent ecirctre mis sur le marcheacute les produits qui preacutesentent un risque nul ou minime pour la santeacute ou la seacutecuriteacute des utilisateurs ou de tiers lorsqursquoils sont utiliseacutes dans des conditions normales ou raisonnablement preacutevisibles122

bull Lrsquoeacutetiquetage lrsquoemballage les instructions drsquoassemblage drsquoinstallation et drsquoentretien les mises en garde et consignes de seacutecuriteacute les instructions concernant lrsquoutilisation et lrsquoeacutelimination et toute autre instruction et information relatifs agrave un produit doivent ecirctre adapteacutes au risque speacutecifique lieacute audit produit123

bull La mise sur le marcheacute drsquoun produit nrsquoest pas soumise agrave une autorisation administrative mais agrave des controcircles ougrave le responsable de la mise sur le marcheacute doit apporter la preuve que le produit respecte les exigences en matiegravere de seacutecuriteacute et de santeacute124

bull Le responsable de la mise sur le marcheacute doit adopter des mesures pour ecirctre informeacute et preacutevenir les risques que peuvent preacutesenter un produit et en garantir la traccedilabiliteacute

Ces regravegles geacuteneacuterales doivent ecirctre respecteacutees pour la mise sur le marcheacute suisse de tout produit nrsquoeacutetant pas soumis agrave des regravegles speacuteciales plus strictes Concernant le deacuteveloppement humain elles ont donc vocation agrave srsquoappliquer agrave tout produit (au sens de bien meuble mentionneacute ci-dessus) nrsquoeacutetant pas soumis agrave une loi speacuteciale La plupart des produits et substances utilisables dans un but de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont soumis agrave des regravegles plus strictes en particulier la loi sur les produits theacuterapeutiques et la loi sur les denreacutees alimentaires

119 Art 20 LSPro 120 Lrsquoart 2 al 3 LSPro contient une deacutefinition tregraves large de la mise sur la marcheacute qui comprend toute remise drsquoun produit agrave titre oneacutereux ou gratuit que ce produit soit neuf drsquooccasion reconditionneacute ou profondeacutement modifieacute ainsi que lrsquousage en propre drsquoun produit agrave des fins commerciales ou professionnelles lrsquoutilisation drsquoun produit dans le cadre drsquoune prestation de services la mise agrave la disposition de tiers drsquoun produit et lrsquooffre drsquoun produit 121 Message LSPro FF 2008 6771 p 6791 122 Art 3 al 1 LSPro 123 Art 3 al 4 LSPro 124 Art 5 LSPro Voir Message LSPro FF 2008 6771 p 6803 s

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ii) Meacutedicaments

La loi sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux (loi sur les produits theacuterapeutiques LPTh) a pour but en geacuteneacuteral de proteacuteger la santeacute de lrsquoecirctre humain et des animaux et vise agrave garantir la mise sur le marcheacute de produits theacuterapeutiques de qualiteacute sucircrs et efficaces En particulier elle vise agrave ce que les produits theacuterapeutiques mis sur le marcheacute soient utiliseacutes conformeacutement agrave leur destination et avec modeacuteration125 Lrsquoart 4 LPTh deacutefinit les meacutedicaments comme laquo les produits drsquoorigine chimique ou biologique destineacutes agrave agir meacutedicalement sur lrsquoorganisme humain ou animal ou preacutesenteacutes comme tels et servant notamment agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps le sang et les produits sanguins sont consideacutereacutes comme des meacutedicaments raquo Pour accomplir les buts de la loi la LPTh eacutetablit un reacutegime drsquoautorisations La fabrication la mise sur le marcheacute suisse lrsquoimportation lrsquoexportation la vente en gros et de deacutetails de meacutedicaments ne sont possible que si lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (Swissmedic)126 a deacutelivreacute une autorisation drsquoexploitation agrave lrsquoentreprise requeacuterante Pour qursquoune autorisation de mise sur le marcheacute soit deacutelivreacutee le requeacuterant doit a apporter la preuve que le meacutedicament ou le proceacutedeacute est de qualiteacute sucircr et efficace b ecirctre titulaire drsquoune autorisation de fabriquer drsquoimporter ou de faire le commerce de gros deacutelivreacutee par lrsquoautoriteacute compeacutetente c avoir son domicile ou son siegravege social en Suisse ou y avoir fondeacute une filiale Notons que les art 23 ss de la LPTh classent les meacutedicaments dans cinq listes diffeacuterentes (A) les meacutedicaments sous ordonnance non-renouvelable vendus en pharmacie (B) les meacutedicaments sous ordonnance vendus en pharmacien (C) les meacutedicaments vendus en pharmacies (D) les meacutedicaments vendus en drogueries et (E) les meacutedicaments en vente libre La diffeacuterence entre les meacutedicaments en vente libre et ceux vendus sans ordonnance est que ces derniers ne peuvent ecirctre remis agrave un consommateur que par un professionnel formeacute et autoriseacute agrave vendre des meacutedicaments au deacutetail agrave savoir en principe un pharmacien ou un droguiste pour ceux de la liste D127 Les regravegles de base eacutetant poseacutees plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre deacuteveloppeacutes en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo

Selon le Tribunal feacutedeacuteral laquo [u]n meacutedicament ne sera pas autoriseacute sil ressort du dossier quil preacutesente un rapport beacuteneacutefice-risque neacutegatif lors de lusage auquel il est 125 Art 1 LPTh 126 Lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (swissmedic) est lrsquoautoriteacute suisse de controcircle et drsquoautorisation des produits theacuterapeutiques voir wwwswissmedicch 127 Art 24 et 30 LPTh

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destineacute sil na pas lefficaciteacute theacuterapeutique voulue ou si celle-ci nest pas suffisamment prouveacutee ou encore si sa composition ne correspond pas agrave celle qui est indiqueacutee (message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux du 1er mars 1999 FF 1999 3151 ss 3193) raquo128 Dans le mecircme arrecirct il est encore mentionneacute ce qui suit laquo Il ressort du systegraveme dautorisation de mise sur le marcheacute dun meacutedicament que ladmission de celui-ci se rapporte toujours agrave des indications meacutedicales preacutecises Lexigence dun lien entre le meacutedicament et une application concregravete et deacutetermineacutee de celui-ci est inheacuterente au systegraveme de lautorisation puisquun meacutedicament est par deacutefinition destineacute agrave agir meacutedicalement sur lorganisme humain et sert agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps (art 4 al 1 let a LPTh) En plus de la qualiteacute du meacutedicament une autre des conditions de lautorisation est lefficaciteacute du produit theacuterapeutique (art 10 al 1 let a LPTh) soit sa capaciteacute agrave atteindre le reacutesultat theacuterapeutique viseacute par rapport agrave une maladie deacutetermineacutee La mise sur le marcheacute dun meacutedicament nest donc autoriseacutee quen relation avec les maladies pour le diagnostic la preacutevention ou le traitement desquelles le requeacuterant a apporteacute la preuve que le meacutedicament eacutetait efficace Si le requeacuterant entend par la suite eacutetendre le champ dapplication du meacutedicament au beacuteneacutefice dune autorisation agrave dautres indications il doit en faire la demande Les indications pour lesquelles le meacutedicament a eacuteteacute autoriseacute sont mentionneacutees dans la notice destineacutee aux professions meacutedicales et approuveacutee par Swissmedic Elles font eacutegalement lobjet du preacuteavis deacutelivreacute par Swissmedic preacutecisant lautorisation que cet institut entend donner ainsi que les indications et les dosages qui seront autoriseacutes La notice et le preacuteavis font partie des documents qui doivent par la suite ecirctre preacutesenteacutes agrave lOFAS avec la demande dadmission du meacutedicament dans la liste des speacutecialiteacutes (art 30a al 1 let a et b OPAS) raquo129 On peut deacuteduire de cet arrecirct et drsquoautres plus reacutecents130 qursquoune mise sur le marcheacute de meacutedicaments dans un but autre que theacuterapeutique (p ex de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo) devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic Un meacutedicament devant servir agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps ne peut ecirctre autoriseacute qursquoen relation avec une atteinte agrave la santeacute Le message concernant la LPTh conforte cette interpreacutetation pour plusieurs raisons Premiegraverement elle vise agrave restreindre lrsquoutilisation agrave des fins de dopage131 deuxiegravemement un meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute srsquoil preacutesente un rapport beacuteneacutefice risque neacutegatif Un produit ayant pour but une ameacutelioration cognitive physique ou autre preacutesente un beacuteneacutefice contestable concernant la santeacute srsquoil nrsquoa pas drsquoutiliteacute theacuterapeutique srsquoil preacutesente en plus des risques sa mise sur le marcheacute doit ecirctre refuseacutee Etant donneacute que la plupart des substances pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo pour des personnes en santeacute ont des fonctions theacuterapeutiques pour les personnes atteintes de maladies le critegravere de la mise sur le marcheacute est selon nous moins pertinent pour deacuteterminer les limites leacutegales des possibiliteacutes de deacuteveloppement humain artificiel que celui de lrsquousage hors eacutetiquette traiteacute ci-dessous

128 Tribunal feacutedeacuteral des assurances K10303 Arrecirct du 14 septembre 2004 et ATF 130 (2004) V p 532-546 p 537 129 ATF 130 (2004) V p 532-546 p 538 130 Notamment ATF 134 V 83 131 V 349 et 133 V 239 131 Message LPTh FF 1999 3151 p 3171

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(2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance Selon lrsquoart 26 LPTh Les regravegles reconnues des sciences pharmaceutiques et meacutedicales doivent ecirctre respecteacutees lors de la prescription et de la remise de meacutedicaments Le Message LPTh explique qursquolaquo [i]mplicitement cette prescription interdit la prescription et la remise abusives de meacutedicaments raquo132 Si une prescription abusive est interdite les meacutedecins disposent de la liberteacute theacuterapeutique en drsquoautres termes du libre choix de la theacuterapie agrave utiliser dans une situation donneacutee Lorsqursquoun meacutedicament est autoriseacute par Swissmedic lrsquoautorisation est accompagneacutee drsquoune laquo information professionnelle raquo133 contenant les indications et la posologie On parle alors drsquousage hors eacutetiquette en cas de prescription drsquoun meacutedicament par un meacutedecin deacuterogeant agrave cette information professionnelle autrement dit en cas drsquolaquo Einsatz eines Arzneimittels ausserhalb der registrierten Indikation in anderer Dosierung oder bei anderen Patientengruppen (off label) raquo134 En geacuteneacuteral la prescription hors eacutetiquette est admise et fait partie de la liberteacute theacuterapeutique du meacutedecin Elle est mecircme courante dans certaines disciplines comme la peacutediatrie la gyneacutecologie lrsquooncologie ou la geacuteriatrie135 Le deacuteveloppement de cette pratique est ducirc agrave plusieurs facteurs dont le fait que des meacutedicaments nrsquoont pas eacuteteacute autoriseacutee ni testeacutes sur des groupes de patients donneacutes et le fait que dans divers cas lrsquoinformation professionnelle est deacutepasseacutee et que lrsquoindustrie pharmaceutique ne la fait pas enregistrer pour les nouvelles applications scientifiquement attesteacutees136 Parallegravelement agrave lrsquolaquo usage hors eacutetiquette (off label use) raquo on parle de laquo unlicensed use raquo lorsqursquoun meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute en Suisse laquo Dans ce cas le meacutedecin peut prescrire un meacutedicament sans autorisation particuliegravere pour autant que celui-ci ait eacuteteacute admis par un pays dont lrsquoautorisation est reconnue comme eacutequivalente agrave celles deacutelivreacutees en Suisse (pex UE ou USA) Si tel nrsquoest pas le cas le meacutedecin doit obtenir une autorisation speacuteciale de Swissmedic Pour pouvoir importer un tel meacutedicament le meacutedecin ou lrsquohocircpital aura en outre besoin drsquoune autorisation du canton raquo137 Le corollaire de lrsquoadmission de lrsquousage non autoriseacute et de lrsquousage hors eacutetiquette se trouve dans la responsabiliteacute du meacutedecin La responsabiliteacute civile des meacutedecins indeacutependants comme de toutes les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant est fondeacutee sur le

132 Message LPTh FF 1999 3178 p 3209 133 Art 13 et annexe 4 Ordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les exigences relatives agrave lrsquoautorisation de mise sur le marcheacute des meacutedicaments 134 Mitteilung Arzneimittelpolitik FMH in Bulletin des meacutedecins suisses 2004 85 Nr 28 1485 Pour AYER laquo le meacutedicament qui figure dans la liste des speacutecialiteacutes mais qui est utiliseacute pour des indications qui ne figurent pas dans lrsquoautorisation de Swissmedic est qualifieacute de laquo hors eacutetiquette raquo raquo ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 135 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 18 ss 136 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 19 s 137 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20

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code des obligations plus preacuteciseacutement sur le contrat de mandat138 Pour que la responsabiliteacute contractuelle du meacutedecin soit engageacutee il faut donc une violation du contrat impliquant une faute ou une neacutegligence et un rapport de causaliteacute entre la violation du contrat et le dommage pour que le dommage subi par le patient soit imputeacute au meacutedecin En matiegravere meacutedicale la violation du contrat se traduit par une violation du devoir de diligence du meacutedecin crsquoest-agrave-dire une violation des regravegles de lrsquoart Les regravegles de lrsquoart se deacutefinissent comme laquo les principes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo139 En conseacutequence une faute de diagnostic ou de traitement peut geacuteneacuterer la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin si elle constitue une inobservation drsquoune des regravegles de lrsquoart140 En cas de prescription hors eacutetiquette le meacutedecin est responsable de la deacuterogation En cas de complication il doit donc pouvoir justifier que lrsquoutilisation faite du meacutedicament correspondait agrave lrsquoeacutetat actuel de la science141 La responsabiliteacute peacutenale du meacutedecin en cas drsquousage non conforme drsquoun meacutedicament par exemple est donneacutee lorsqursquoil reacutealise une infraction en geacuteneacuteral une infraction contre la vie ou lrsquointeacutegriteacute corporelle Le TF a eu lrsquooccasion de trancher cette question dans deux arrecircts reacutecents142 Le premier concerne un oncologue bacirclois ayant traiteacute des patients avec un meacutedicament non autoriseacute par Swissmedic143 Ce praticien expeacuterimenteacute administrait agrave ses patients les plus atteints du laquo Lipoteichonsaumlure (LTA) raquo Les autoriteacutes bacircloises lui ont alors interdit lrsquousage de cette substance Sur demande de certains patients le praticien a eacuteteacute autoriseacute agrave des conditions strictes agrave utiliser ce meacutedicament dans le cadre drsquoune laquo compassionate use raquo Par la suite le meacutedecin srsquoest agrave nouveau vu interdire lrsquoutilisation du LTA au motif qursquoil nrsquoavait pas respecteacute ses engagements preacuteceacutedents Devant le Tribunal feacutedeacuteral srsquoest poseacutee la question de savoir si lrsquooncologue incrimineacute avait mis en danger la vie de ses patients au sens de lrsquoart 127 CP Le tribunal a consideacutereacute qursquoen lrsquoespegravece lrsquoon ne pouvait retenir de volonteacute du praticien de mettre en danger ses patients Il a donc eacuteteacute acquitteacute Le deuxiegraveme cas est celui drsquoun meacutedecin zurichois accuseacute drsquohomicide par neacutegligence suite au deacutecegraves drsquoune patiente agrave qui il avait prescrit un meacutedicament dans un dosage exceacutedant la quantiteacute geacuteneacuteralement admissible144 La question srsquoest alors poseacutee de savoir si la mort de la patiente eacutetait due agrave une violation des regravegles de lrsquoart qui en lrsquoespegravece serait constitueacutee par lrsquoutilisation drsquoune dose non conforme A ce propos le TF a retenu que laquo [a]ufgrund fruumlherer Studien ist das Bundesgericht jedoch zum Schluss gekommen dass diese Dosierung einer gaumlngigen Therapieform und damit 138 Art 394 ss CO DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 408 s En cas de leacutesion commise par un meacutedecin par exemple un concours entre la responsabiliteacute contractuelle et deacutelictuelle est possible voir OLIVIER GUILLOD CHRISTOPHE RAPIN La responsabiliteacute rapport suisse in La responsabiliteacute aspects nouveaux (journeacutees panameacuteennes) Paris 2003 p 375-403 p 376 139 ATF 108 II 59 61 140 Idem 141 Acadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales et la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) (eacuted) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20 142 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss 143 ATF 6B_402008 144 ATF 6B_6462007

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dem aktuellen Stand der Medizin entsprach An die Aufklaumlrungs- und Risikoabwaumlgungspflichten waren deshalb keine besonders strengen Anforderungen zu stellen raquo145 Mecircme si ces deux exemples ne traitent pas de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ils tendent agrave montrer que la liberteacute theacuterapeutique des personnes exerccedilant des professions meacutedicales universitaires est tregraves eacutetendue et permet une utilisation de meacutedicaments plus large que celle autoriseacutee Faut-il en deacuteduire que les meacutedecins disposent drsquoune large liberteacute de prescrire des meacutedicaments agrave des fins autres qursquoune theacuterapie Une reacuteponse neacutegative srsquoimpose en effet pour plusieurs raisons Premiegraverement le meacutedecin devant respecter les regravegles de lrsquoart pour ne pas devoir engager sa responsabiliteacute en cas de dommage des preuves scientifiques sont neacutecessaires pour pouvoir utiliser un meacutedicament hors eacutetiquette Mais pour que de telles preuves existent il faut que des recherches aient eacuteteacute meneacutees Comme vu ci-dessus il est douteux que des recherches puissent ecirctre meneacutees avec les risques qursquoelles comportent pour les sujets de recherche alors que les beacuteneacutefices escompteacutes nrsquoauront aucun but theacuterapeutique ou de santeacute publique En conseacutequence lrsquousage hors eacutetiquette de meacutedicaments agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne sera en toute logique pas autoriseacute principalement au motif que les recherches neacutecessaires pour arriver au niveau de seacutecuriteacute exigeacute par le droit suisse ne rentrent pas dans les conditions permettant leur mise en œuvre (critegravere de la pertinence et adeacutequation entre risque potentiel et beacuteneacutefice escompteacute) Deuxiegravemement le meacutedecin devra suffisamment informer le patient pour qursquoil puisse consentir au traitement en connaissance de cause Si les beacuteneacutefices drsquoun meacutedicament ne sont pas suffisamment deacutemontreacutes scientifiquement dans une situation donneacutee lrsquoincertitude doit mener agrave la prudence pour le patient et surtout pour le meacutedecin dans les conseils qursquoil prodigue au vu lrsquoengagement de sa responsabiliteacute Les conseacutequences envisageables de meacutedicaments soumis agrave ordonnance sur la santeacute et les conseacutequences patrimoniales pour le patient (les conditions de remboursement drsquoun meacutedicament prescrit hors eacutetiquette eacutetant strictes146) doivent reacuteguler des utilisations trop laquo fantaisistes raquo de meacutedicaments Troisiegravemement le principe drsquoeacuteconomie mentionneacute agrave lrsquoart 6 al 1 let h LPMeacuted et dans drsquoautres lois pose une restriction de principe agrave la fourniture de prestations qui ne sont pas efficaces adeacutequates et eacuteconomiques

(3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)

La LPTh limite les possibiliteacutes de faire de la publiciteacute pour les meacutedicaments147 Son article 31 pose le principe que la publiciteacute destineacutee au public ne peut ecirctre faite que pour des meacutedicaments non soumis agrave ordonnance Une publiciteacute pour les autres meacutedicaments ne peut ecirctre adresseacutee qursquoaux personnes autoriseacutees agrave prescrire et 145 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1215 146 Voir ci-dessous p 42 147 Selon lrsquoart 2 al 1 OPMed la publiciteacute se deacutefinit comme laquo toute forme drsquoinformation de prospection ou drsquoincitation qui vise agrave encourager la prescription la remise la vente la consommation ou lrsquoutilisation de meacutedicaments raquo

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remettre des meacutedicaments148 Lrsquoart 32 LPTh pose encore des conditions strictes dans lesquelles les publiciteacutes pour meacutedicaments sont autoriseacutees Suivant cette disposition est illicite a la publiciteacute trompeuse ou contraire agrave lrsquoordre public et aux bonnes moeurs b la publiciteacute pouvant inciter agrave un usage excessif abusif ou inapproprieacute de meacutedicaments c la publiciteacute pour les meacutedicaments qui ne peuvent ecirctre mis sur le marcheacute en Suisse Est illicite la publiciteacute destineacutee au public pour les meacutedicaments a qui ne peuvent ecirctre remis que sur ordonnance b qui contiennent des stupeacutefiants ou des substances psychotropes viseacutes par la loi du 3 octobre 1951 sur les stupeacutefiants1 c qui du fait de leur composition et de lrsquousage auquel ils sont destineacutes ne peuvent ecirctre utiliseacutes pour le diagnostic la prescription ni le traitement correspondant sans lrsquointervention drsquoun meacutedecin d qui font freacutequemment lrsquoobjet drsquoun usage abusif ou qui peuvent engendrer une accoutumance ou une deacutependance Selon le TF laquo [l]a publiciteacute destineacutee aux professionnels (publiciteacute pour des produits theacuterapeutiques adresseacutee aux personnes qui les remettent ou les prescrivent) ne doit pas inciter agrave un emploi abusif ou inapproprieacute des produits theacuterapeutiques Une autorisation de publiciteacute pour des applications qui ne sont pas autoriseacutees sous langle du droit des produits theacuterapeutiques serait contraire aux principes de la protection de la santeacute et de celle des consommateurs ainsi quau principe de lutilisation modeacutereacutee des produits theacuterapeutiques raquo149 Lrsquoordonnance sur la publiciteacute pour les meacutedicaments ajoute entre autres les eacuteleacutements suivants

bull la publiciteacute tant destineacutee aux professionnels qursquoau public doit se limiter aux indications et aux possibiliteacutes drsquoemploi reconnues par lrsquoinstitut (art 5 al 1 et 16 al 1 OPMeacuted)

bull La publiciteacute destineacutee au public doit preacutesenter le meacutedicament de faccedilon veacuteridique et sans exageacuteration que ce soit par lrsquoimage le son ou la parole (art 16 al 2 OPMeacuted)

bull la publiciteacute destineacutee au public pour des indications ou des possibiliteacutes drsquoemploi neacutecessitant un diagnostic ou un traitement meacutedical ou veacuteteacuterinaire est illicite (art 21 al 1 OPMeacuted)

bull les eacuteleacutements qui suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre ameacutelioreacute par lrsquoutilisation du meacutedicament sont interdits (art 22 let d OPMeacuted)

bull suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre affecteacute par la non-utilisation du meacutedicament (art 22 let e OPMeacuted)

148 Les personnes autoriseacutees agrave remettre des meacutedicaments sont eacutenumeacutereacutees aux art 24 ss LPTh Lrsquoart 3 OPMeacuted preacutecise que cette disposition les meacutedecins dentistes veacuteteacuterinaires pharmaciens et droguistes 149 Topamax Bundesgericht vom 1 Oktober 2008 Unzulaumlssige Bewerbung nicht genehmigter Arzneimittelanwendungen II oumlffentlichrechtliche Abteilung Abweisung der Beschwerde Akten-Nr 2C9320088 in sic 2009 p 93 ss p 93

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Les deux derniers eacuteleacutements mentionneacutes sont clairs toute publiciteacute pour des meacutedicaments pour un usage de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est interdite en Suisse

(4) Interdiction du dopage Lrsquoentreacutee en vigueur de la LPTh srsquoest accompagneacutee drsquoune modification de la Loi encourageant la gymnastique et les sports150 par lrsquoadjonction drsquoun nouveau chapitre Vb sur les mesures contre le dopage (art 11b agrave 11f) En particulier lrsquoart 11d interdit laquo a de fabriquer drsquoimporter drsquoacqueacuterir pour des tiers de distribuer de prescrire et de remettre des produits destineacutes au dopage b drsquoappliquer des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Eleacutement important lrsquoart 11f introduit des sanctions peacutenales pour toute personne qui contribue au dopage en particulier qui laquo fabrique importe acquiert pour des tiers distribue prescrit ou remet des produits dopants ou applique des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Cette disposition vise directement les professionnels de la santeacute qui pourraient participer agrave des activiteacutes dopantes Ces dispositions leacutegales sont compleacuteteacutees par deux ordonnances

bull - ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et meacutethodes de dopage (Ordonnance sur les produits dopants)

bull - ordonnance du 17 octobre 2001 sur les exigences minimales agrave respecter lors des controcircles antidopage (Ordonnance sur les controcircles antidopage)

Lrsquoart 2 de lrsquoordonnance sur les produits dopants offre la deacutefinition leacutegale du dopage agrave savoir laquo lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo On constatera que cette deacutefinition rejoint celle consacreacutee dans la Convention internationale contre le dopage dans le sport151 elle-mecircme reprenant les principes du code mondial antidopage La Suisse participe ainsi aux efforts internationaux en matiegravere de lutte contre le dopage dont la tendance est de se renforcer On notera que les objectifs de cette lutte sont multiples Il srsquoagit de garantir le fair-play dans le sport en preacuteservant ainsi lrsquoimage positive de cette activiteacute et de proteacuteger la santeacute des athlegravetes Non seulement la santeacute des sportifs qui se dopent prenant ainsi des risques seacuterieux mais eacutegalement celles des autres athlegravetes qui dans un environnement ougrave de nombreux sportifs seraient dopeacutes nrsquoauraient pas drsquoautre choix que de se doper eux-mecircmes pour maintenir leur performance Paradoxalement il nrsquoy a pas lieu de srsquoeacutetendre dans ce rapport sur la question de la lutte antidopage dans la mesure ougrave lrsquoengagement des gouvernements et des autoriteacutes semble clair De telles pratiques ne semblent pas devoir ecirctre autoriseacutees dans les anneacutees agrave venir bien au contraire Sous lrsquoangle du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo la condamnation du dopage dans le sport est largement partageacutee au niveau international La Suisse vient drsquoailleurs de se doter drsquoun organisme adhoc pour respecter ses engagements internationaux la fondation laquo Antidopage 150 RS 4150 151 RS 08121222

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Suisse raquo152 Cette fondation est en charge de mener des campagnes de preacutevention et drsquoinformation mais aussi drsquoorganiser les controcircles antidopage des sportifs concerneacutes A ce propos il convient toutefois de souligner qursquoils ne touchent que les sportifs drsquoeacutelite dans le monde amateur ou professionnel La question reste ouverte dans les autres domaines drsquoougrave lrsquoimportance des normes analyseacutees dans le reste de ce rapport qui srsquoappliquent agrave tous et pas seulement dans le milieu du sport drsquoeacutelite Il srsquoagit lagrave sans doute drsquoune des grandes faiblesses de la lutte antidopage qui srsquoexplique en partie peut-ecirctre par le fait que la prioriteacute dans ce domaine est davantage la protection de lrsquoimage du sport que la protection de la santeacute des athlegravetes153

iii) Stupeacutefiants

La loi feacutedeacuterale sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes (LStup) eacutetablit un controcircle desdites substances en Suisse154 laquo La LStup reacuteglemente lrsquousage meacutedical des substances psychotropes et interdit en mecircme temps la production le commerce la deacutetention et la consommation de drogues agrave des fins non meacutedicales raquo155 Dans la regravegle La LStup interdit sous peine de sanctions peacutenales tout usage sans droit de stupeacutefiants dont la consommation la vente la production la culture le trafic lrsquoachat etc156 De nombreux produits potentiellement utilisables dans le domaine du deacuteveloppement humain et du dopage sont des stupeacutefiants au sens de la LStup citons par exemple les ampheacutetamines meacutethampheacutetamines cocaiumlne MDMA etc157 Preacutecisons drsquoembleacutee que selon lrsquoart 1 al 1bis LStup la loi sur les produits theacuterapeutiques srsquoapplique aux stupeacutefiants utiliseacutes comme produits theacuterapeutiques sauf si elle ne preacutevoit pas de reacuteglementation ou que sa reacuteglementation est moins eacutetendue La LStup soumet la fabrication la dispensation lrsquoacquisition et lrsquoutilisation de stupeacutefiants agrave des regravegles et une proceacutedure drsquoautorisation strictes des exceptions eacutetant preacutevues pour les meacutedecins utilisant ces produits dans le cadre de leur profession En geacuteneacuteral ces actions ne sont autoriseacutees qursquoagrave des fins meacutedicales les autorisations nrsquoeacutetant remises qursquoagrave des prestataires de soins meacutedicaux ou des entreprises de lrsquoindustrie pharmaceutique158

152 httpwwwantidopingchfrindexphp 153 Cf OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 154 Sur la deacutefinition des produits stupeacutefiants voir art 1 LStup qui mentionne laquo les substances et les preacuteparations ayant des effets du type morphinique cocaiumlnique et cannabique et qui engendrent la deacutependance (toxicomanie) raquo Pour une autre deacutefinition THOMAS FINGERHUTH CHRISTOF TSCHURR BetmG Kommentar com ad Art 1 p 60 laquo Als ldquoBetaumlubungsmittelldquo iSv Art 1 BetmG koumlnnen ganz allgemein natuumlrliche oder synthetische Stoffe und Praumlparate (= Zubereitungen) bezeichnet werden deren Gebrauch eine physische undoder psychische Abhaumlngigkeit erzeugen kann raquo La liste de tous les stupeacutefiants se trouve dans lrsquoOrdonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes et ses appendices 155 SIMONE LEDERMANN FRITZ SAGER La politique suisse en matiegravere de drogue Troisiegraveme programme de mesures de la confeacutedeacuteration en vue de reacuteduire les problegravemes de drogue (ProMeDro III) 2006-2011 p 33 156 Art 19 et 19a LStup 157 Ces substances sont inclues dans la liste des stupeacutefiants de lrsquoappendice a de lrsquoordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes 158 Voir par exemple les art 4 et 8 al 5 LStup

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iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels

(1) Denreacutees alimentaires Si le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo peut impliquer lrsquousage de meacutedicaments les denreacutees alimentaires et objets usuels peuvent eacutegalement jouer un rocircle dans ce cadre En effet on voit de plus en plus drsquoaliments fonctionnels (alicaments ou laquo nutraceuticals raquo) ayant des vertus de laquo santeacute raquo voire de deacuteveloppement humain Les denreacutees alimentaires sont deacutefinies comme eacutetant les produits nutritionnels destineacutes agrave la constitution et agrave lrsquoentretien de lrsquoorganisme humain qui ne sont pas procircneacutes comme meacutedicaments En application de lrsquoart 3 al 2 LDAI le fournisseur drsquoun produit peut deacutecider srsquoil souhaite vendre son produit comme denreacutee alimentaire respectivement objet usuel ou comme meacutedicament laquo [U]ne marchandise eacutechappe au controcircle des denreacutees alimentaires lorsquelle est procircneacutee ou vendue comme un meacutedicament mecircme si de par ses autres proprieacuteteacutes elle est au fond une laquodenreacutee alimentaireraquo et consommeacutee comme telle raquo159 Cette solution est logique vu que la proceacutedure drsquoautorisation de mise sur le marcheacute drsquoun meacutedicament est plus contraignante que la mise sur le marcheacute drsquoun aliment Le Message relatif agrave la LPTh preacutecise encore que laquo [l]a proceacutedure dannonce que linstitut peut preacutevoir pour certains meacutedicaments ou certaines cateacutegories de meacutedicaments apporte encore une plus grande simplification Elle vaudra pour les produits situeacutes dans la zone grise entre les meacutedicaments et les denreacutees alimentaires comme les tisanes ou les bonbons contre la toux ou les meacutedicaments homeacuteopathiques sans indication meacutedicale et visera uniquement agrave permettre un controcircle des preacuteparations en question notamment de leur qualiteacute dans le cadre de la surveillance du marcheacute par exemple raquo160 Les questions qui se posent dans ce contexte sont celles lieacutees agrave la mise sur le marcheacute de tels produits et agrave la publiciteacute qui en est faite Rappelons que les buts fondamentaux de la LDAI sont la protection de la santeacute des consommateurs et la protection contre les tromperies en particulier en lien avec les progregraves scientifiques et lrsquoeacutevolution des marcheacutes concerneacutes La mise sur le marcheacute des denreacutees alimentaires deacutepend de la cateacutegorie dans laquelle entre le produit nutritionnel traiteacute Les denreacutees alimentaires speacutecifieacutees (dont la liste est inscrite agrave lrsquoart 4 ODAIOUs) sont admises laquo Un produit ne peut ecirctre commercialiseacute comme aliment sans autorisation de lOFSP que sil satisfait aux exigences de la leacutegislation alimentaire et sil est deacutefini dans une ordonnance speacutecifique du produit raquo161 A lrsquoinverse les denreacutees alimentaires non speacutecifieacutees sont interdites sauf autorisation individuelle de lrsquoOFSP Les critegraveres importants pour lrsquoautorisation sont la composition lrsquousage preacutevu et lrsquoeacutetiquetage du produit Lrsquoautorisation peut ecirctre soumise agrave la condition que le requeacuterant prouve que le produit demandeacute est inoffensif162 Enfin les microorganismes et substances eacutetrangegraveres doivent se trouver dans les quantiteacutes les plus faibles possibles dans les produits

159 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 160 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 161 Informations tireacutees du site de lrsquoOFSP httpwwwbagadminchthemenlebensmittel048580486204875indexhtmllang=fr 162 Art 5 et 6 OADIOUs

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nutritifs en application du principe laquo aussi peu que possible aussi souvent que neacutecessaire raquo163 Il existe une cateacutegorie particuliegravere de denreacutees alimentaires deacutesigneacutee par lrsquoexpression laquo aliments speacuteciaux raquo Les aliments speacuteciaux sont des denreacutees alimentaires destineacutees agrave une alimentation particuliegravere qui du fait de leur composition ou drsquoun proceacutedeacute de fabrication speacuteciale soit reacutepondent aux besoins nutritionnels des personnes qui pour des motifs de santeacute doivent srsquoalimenter de maniegravere diffeacuterente soit contribuent agrave produire des effets nutritionnels ou physiologiques deacutetermineacutes164 Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux mentionne les aliments suivants

bull les denreacutees alimentaires pauvres en lactose ou exemptes de lactose (art 5) bull les succeacutedaneacutes du sel comestible et les sels dieacuteteacutetiques (art 7) bull les denreacutees alimentaires pauvres en proteacuteines (art 8) bull les denreacutees alimentaires exemptes de gluten (art 9) bull les denreacutees alimentaires pouvant ecirctre consommeacutees par les diabeacutetiques

(art 13) bull les denreacutees alimentaires de substitution pour le controcircle du poids (art

16) bull les preacuteparations pour nourrissons (art 17) bull les preacuteparations de suite (art 18) bull les preacuteparations agrave base de ceacutereacuteales et autres aliments pour nourrissons et

enfants en bas acircge (art 19) bull les aliments destineacutes aux personnes ayant besoin drsquoun apport

eacutenergeacutetique ou nutritionnel accru (art 20) bull les aliments dieacuteteacutetiques destineacutes agrave des fins meacutedicales speacuteciales (art 20a) bull les aliments contenant de lrsquoextrait de malt (art 21) bull les compleacutements alimentaires (art 22) bull les levures alimentaires (art 22a) bull les micro-algues et les algues rouges calcaires (maeumlrl) (art 22b) bull les boissons speacuteciales contenant de la cafeacuteine (art 23)

Dans la regravegle les aliments speacuteciaux doivent se distinguer nettement des denreacutees alimentaires ordinaires (produits ordinaires) par leur composition et leur proceacutedeacute de fabrication et ils doivent satisfaire aux mecircmes exigences que les produits ordinaires correspondants agrave moins que leur destination particuliegravere ne requiegravere des deacuterogations165 Concernant la publiciteacute et lrsquoinformation lrsquoart 18 LDAI pose les deux regravegles suivantes la qualiteacute procircneacutee ainsi que toutes les autres indications sur une denreacutee alimentaire doivent ecirctre conformes agrave la reacutealiteacute et la publiciteacute pour les denreacutees alimentaires ainsi que leur preacutesentation et leur emballage ne doivent pas tromper le consommateur Lrsquoal 3 preacutecise que sont trompeuses les indications et les preacutesentations propres agrave susciter chez le consommateur de fausses ideacutees sur les effets speacuteciaux drsquoun aliment

163 Rapport explicatif relatif agrave la modification de la loi feacutedeacuterale sur les denreacutees alimentaires et les objets usuels p 15 164 Art 2 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux 165 Art 3 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux

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(2) Objets usuels Les objets usuels qui nous inteacuteressent dans cette eacutetude sont principalement les produits de soins corporels et cosmeacutetiques dont les producteurs vantent les vertus drsquoameacutelioration estheacutetiques Dans la regravegle lors de leur emploi conforme agrave leur destination ou habituellement preacutesumeacute les objets usuels ne doivent pas mettre la santeacute en danger Lrsquoart 31 ODAIOUs dispose encore que toute mention attribuant aux objets usuels des proprieacuteteacutes curatives leacutenitives ou preacuteventives (p ex des proprieacuteteacutes meacutedicinales ou theacuterapeutiques des effets deacutesinfectants ou anti-inflammatoires des recommandations drsquoun membre du corps meacutedical) est interdite Selon lrsquoart 40 ODAIOUs le DFI fixe a les exigences auxquelles doivent satisfaire les couleurs pour le tatouage et le maquillage permanent ainsi que leur eacutetiquetage b les exigences auxquelles doivent satisfaire les appareils et instruments utiliseacutes pour le piercing le tatouage et le maquillage permanent Il srsquoavegravere donc eacutegalement essentiel en matiegravere drsquoobjets usuels de proteacuteger la santeacute des consommateurs en eacutevitant toute confusion avec des meacutedicaments ou dispositifs meacutedicaux destineacutes agrave traiter ou preacutevenir des maladies

e) Droit du travail

Nous avons vu ci-dessus qursquoen principe un employeur ne peut exiger drsquoun employeacute une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique ni utiliser les reacutesultats drsquoune telle analyse166 De faccedilon plus geacuteneacuterale se posent de nombreuses questions en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et les relations de travail La performance eacutetant le plus souvent ce que recherche un employeur chez son employeacute la tentation peut ecirctre forte de seacutelectionner des employeacutes ayant ameacutelioreacutes leurs aptitudes ou drsquoaccroitre les aptitudes drsquoemployeacutes par des moyens artificiels Se pose alors la question de la protection du travailleur et de ses limites

i) Protection du travailleur

(1) En geacuteneacuteral Lrsquoart 328 du Code des Obligations preacutevoit la protection de la personnaliteacute du travailleur167 Selon cette disposition lrsquoemployeur doit entre autres proteacuteger la personnaliteacute la santeacute et lrsquointeacutegriteacute physique du travailleur168 Pour ce faire il doit prendre toutes les mesures que lrsquoon peut eacutequitablement exiger de lui Les art 6 LTr et 82 LAA obligent eacutegalement les employeurs agrave prendre les mesures neacutecessaires et

166 VINCENT CORPATAUX en lien avec lrsquoarrecirct ougrave le TF a retenu que des mesures de protection accrues eacutetaient requises pour proteacuteger la santeacute drsquoun employeacute allergique agrave la fumeacutee passive preacutecise que laquo la LAGH ne permettant qursquoexceptionnellement agrave un employeur de recruter ses employeacutes sur la base drsquoune analyse de leurs caracteacuteristiques geacuteneacutetiques (art 21 ss) un devoir accru de protection pourra ecirctre attendu de sa part dans des cas potentiellement nombreux raquo VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 75 167 Cette disposition concreacutetise les principes geacuteneacuteraux de protection de la personnaliteacute de lrsquoart 28 CC agrave la relation employeur ndash employeacute 168 Font partie des valeurs proteacutegeacutees la vie et lrsquointeacutegriteacute corporelle la santeacute physique et psychique lrsquointeacutegriteacute morale et la consideacuteration sociale la jouissance des liberteacutes individuelles et la sphegravere priveacutee JEAN-BERNARD WEBER Travail et protection de la personnaliteacute in Plaumldoyer 22002 p 46 ss p 47

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raisonnables afin de proteacuteger les employeacutes des maladies et accidents professionnels En application de cette disposition de principe lrsquoemployeur doit prendre toutes les mesures pour que lrsquoenvironnement et les conditions de travail de lrsquoemployeacute sauvegardent sa santeacute et sa personnaliteacute169 Les maladies professionnelles ainsi que toute autre atteinte de lrsquoemployeacute reacutesultant de lrsquoexercice de sa profession sont concerneacutees170 Traditionnellement les regravegles sur la protection de la santeacute des travailleurs ont eacuteteacute conccedilues en lien avec les maladies professionnelles et les accidents du travail Mais laquo la perspective srsquoest eacutelargie depuis une quinzaine drsquoanneacutees agrave la protection de la santeacute psychique des travailleurs raquo171

ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute

Dans le cadre de la protection du travailleur les limites doivent ecirctre poseacutees concernant ce que lrsquoemployeur peut demander ou imposer agrave ses employeacutes En lien avec le deacuteveloppement humain artificiel la question se pose de connaicirctre ces limites concernant les modifications et ameacuteliorations estheacutetiques et de performances (cognitives et physiques) De faccedilon geacuteneacuterale et sauf exceptions un employeur ne peut pas seacutelectionner les employeacutes plus reacutesistants dans le but qursquoils contractent moins vite voire pas du tout de maladies professionnelles mais doit au contraire adapter les conditions et lrsquoenvironnement de travail agrave la protection de la santeacute des employeacutes dans leur ensemble172 Au vu de cet eacuteleacutement un employeur ne peut a fortiori pas demander ou exiger drsquoun employeacute qursquoil emploie des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo comme par exemple la prise de ritaline Plus avant lrsquoemployeur a eacutegalement des obligations positives de preacutevention

iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Si lrsquoemployeur ne peut pas laquo ameacuteliorer raquo ses employeacutes pas les moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo il doit en plus prendre toutes les mesures raisonnablement exigibles pour que ses employeacutes ne soient pas contraints de facto agrave utiliser ces techniques pour pouvoir remplir leurs obligations Dans un arrecirct 4C242005 du 17 octobre 2005 le Tribunal feacutedeacuteral a condamneacute un employeur agrave payer une indemniteacute pour tort moral drsquoun montant de CHF 10000- agrave une employeacutee placeacutee dans une situation contraignante par son employeur Si en lrsquoespegravece lrsquoemployeacutee nrsquoa pas eacuteteacute victime de mobbing le fait que son employeur la contraigne agrave devoir effectuer une quantiteacute de travail propre agrave nuire agrave sa santeacute psychique a eacuteteacute consideacutereacute comme une violation de ses droits173

169 Arrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 170 VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 74 s 171 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 102 Sur le mecircme thegraveme voir WOLFGANG PORTMANN Stresshaftung im Arbeitsverhaumlltnis Erfolgreiche Stresshaftungsklagen gegen Arbeitgeber in der Schweiz und in anderen europaumlischen Laumlndern in ARV 2008 p 1-13 172 Message LAGH FF 2002 6841 p 6906 ss 173 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 4C242005 du 17 octobre 2005 consideacuterant 7

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On peut en deacuteduire qursquoun employeur ne peut exercer une trop forte pression sur ses employeacutes de faccedilon geacuteneacuterale par exemple en les astreignant agrave une charge de travail extrecircmement eacuteleveacutee nuisant agrave leur santeacute Les conditions de travail (charge de travail deacutelais horaires de travail etc) doivent pouvoir permettre aux employeacutes drsquoexercer leur emploi sans recours agrave des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans le mecircme sens selon DUNAND laquo [l]es conditions de travail doivent ecirctre adapteacutees aux capaciteacutes de lrsquoecirctre humain Lrsquoemployeur offrira aux travailleurs un climat de travail qui exclut toute atteinte agrave leur santeacute psychique Le travail sera organiseacute de maniegravere agrave eacuteviter un stress inutile ou un eacutepuisement professionnel raquo174 Pour le mecircme auteur laquo il appartient agrave lrsquoemployeur de mettre sur pied un systegraveme drsquoorganisation rationnel et respectueux qui permette drsquoeacuteviter une mise sous pression excessive des employeacutes raquo175 Le fait que dans certains milieux professionnels des comportements se rapprochant de ceux du dopage soient toleacutereacutes voire encourageacutes ne deacutedouane pas les employeurs de leurs obligations Il est vrai neacuteanmoins que rares sont ceux qui osent porter plainte dans ces conditions Il relegraveve alors de la responsabiliteacute du meacutedecin du travail srsquoil en existe de mettre en garde le travailleur sur les risques qursquoil encourt mais aussi drsquoavertir lrsquoemployeur des mesures agrave prendre pour corriger la situation

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal

La question qui se pose concernant les assurances de soins est la prise en charge de traitements entrant dans la cateacutegorie du deacuteveloppement humain artificiel Dans la regravegle lrsquoassurance-accidents couvre les frais meacutedicaux conseacutecutifs agrave un accident professionnel ou non professionnel176 laquo Le but du traitement meacutedical est deacuteliminer de la maniegravere la plus complegravete possible les atteintes physiques ou psychiques agrave la santeacute raquo177 Lrsquoart 54 LAA pose la limite suivante ceux qui pratiquent aux frais de lrsquoassurance-accidents doivent se limiter agrave ce qui est exigeacute par le but du traitement Lrsquoassurance-accidents ne couvre donc en principe pas de prestations relevant du deacuteveloppement humain artificiel son but fondamental eacutetant de prendre en charge les coucircts des theacuterapies conseacutecutives aux accidents Parmi les prestations preacutevues par la LAMal lrsquoart 25 mentionne les meacutedicaments prescrits par un meacutedecin dans la mesure ougrave ils servent agrave diagnostiquer ou agrave traiter une maladie et ses seacutequelles Lrsquoart 32 LAMal pose encore trois conditions au remboursement par lrsquoassureur-maladie obligatoire qui sont que les prestations doivent ecirctre efficaces approprieacutees et eacuteconomiques Lrsquoefficaciteacute doit ecirctre deacutemontreacutee scientifiquement Pour ecirctre rembourseacute un meacutedicament doit eacutegalement ecirctre inscrit sur la liste des speacutecialiteacutes de lrsquoOffice feacutedeacuteral de la santeacute publique178 Mais le remboursement de meacutedicaments par les caisses-maladie est soumis agrave diverses autres conditions dont celle de lrsquoutilisation conforme agrave lrsquoinformation professionnelle

174 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 175 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 176 Art 6 ss LAA 177 ATF 113 V 45 consid 4 178 Art 52 LAMal

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approuveacutee et publieacutee dans le Compendium suisse des meacutedicaments179 En conseacutequence un usage hors eacutetiquette nrsquoest en principe pas pris en charge Toutefois le TF a retenu deux exceptions pour lesquelles une telle utilisation peut ecirctre rembourseacutee180 La premiegravere est que la prescription hors eacutetiquette du meacutedicament constitue une condition essentielle agrave la poursuite drsquoune prestation prise en charge par lrsquoassurance obligatoire de soins181 La seconde est qursquoil srsquoagisse laquo de traiter une maladie qui pourrait ecirctre mortelle pour lrsquoassureacute ou impliquer des problegravemes de santeacute graves et chroniques qursquoil nrsquoexiste pas drsquoalternative theacuterapeutique et que le meacutedicament concerneacute preacutesente un important beacuteneacutefice theacuterapeutique raquo curatif ou palliatif182 Au vu de la jurisprudence traitant du remboursement de meacutedicaments utiliseacutes laquo hors eacutetiquette raquo force est de constater que lrsquousage de meacutedicaments soumis agrave ordonnance dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne remplit pas les conditions permettant leur remboursement par lrsquoassurance obligatoire de soins Ces conditions ayant pour but de permettre au meacutedecin de soigner au mieux des maladies pour lesquelles les meacutedicaments efficaces nrsquoont pas eacuteteacute speacutecifiquement testeacutes aux fins de lrsquoautorisation par Swissmedic on voit mal comment il pourrait en aller autrement

179 Voir ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 180 ATF 130 V 503 BGE 130 V 544 ATF 131 V 349 181 ARIANE AYER Prise en charge des meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 et la jurisprudence citeacutee 182 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 43

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3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations

La notion de laquo human enhancement raquo ne dispose pas actuellement de deacutefinition commune et arrecircteacutee Aux fins de cette eacutetude nous avons degraves lors ducirc commencer par en deacutefinir les contours et deacuteterminer les activiteacutes concerneacutees Le premier constat auquel nous sommes arriveacutes est que ces activiteacutes ne se limitent pas au dopage agrave la chirurgie estheacutetique ou au laquo wellness raquo Nous avons alors choisi drsquoappreacutehender cette notion de faccedilon large en parlant de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo expression qui nous apparait plus adapteacutee pour circonscrire la notion eacutetudieacutee Partant il nous a fallu trouver les dispositions leacutegales pertinentes et analyser les regravegles qursquoelles posent agrave la lumiegravere de cet ensemble drsquoactiviteacutes Nous avons alors constateacute que de nombreux champs du droit sont concerneacutes et que chaque activiteacute concerneacutee est reacuteglementeacutee de faccedilon propre Le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo nrsquoest pas appreacutehendeacute en tant que tel par le droit et ne le sera probablement jamais au vu de lrsquoensemble des diffeacuterentes activiteacutes et professions concerneacutees Dans de nombreuses situations les reacuteglementations eacutetudieacutees nrsquoont drsquoailleurs pas eacuteteacute eacutetablies en tenant compte du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Neacuteanmoins le droit positif suisse nrsquoest pas deacutemuni face aux possibiliteacutes de creacuteer des laquo surhommes raquo et pose des limites dans tous les domaines concerneacutes que lrsquoon pense agrave lrsquousage de meacutedicaments par des personnes en bonne santeacute en vue de modifications corporelles individuelles et volontaires aux possibiliteacutes pour une entreprise de demander des rendements surhumains agrave ses employeacutes ou agrave lrsquousage priveacute drsquoanalyses geacuteneacutetiques En conclusion nous pouvons mentionner que le droit suisse actuel ne connait pas de lacune manifeste concernant le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans les diffeacuterents champs concerneacutes des limites claires semblent eacutetablies

bull Toute modification geacuteneacutetique volontaire ou positive drsquoenfants agrave naicirctre est prohibeacutee

bull Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine ne peut ecirctre utiliseacutee agrave des fins laquo reacutecreacuteatives raquo (par exemple pour deacuteterminer lrsquoaptitude drsquoun enfant agrave diffeacuterentes activiteacutes sportives) ou en vue de seacutelectionner des employeacutes

bull Le preacutelegravevement et la transplantation drsquoorganes en vue drsquoameacuteliorer les performances drsquoun corps sain sont pratiquement interdites En effet le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes ne peut ecirctre effectueacute qursquoagrave la condition que le receveur ne puisse pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode Aucun traitement nrsquoeacutetant requis dans le cadre de deacuteveloppement artificiel force est de constater qursquoun preacutelegravevement est prohibeacute Concernant lrsquoattribution lrsquoordre de prioriteacute des requeacuterants deacutepend de lrsquourgence meacutedicale avec pour conseacutequence qursquoune transplantation laquo ameacuteliorative raquo est leacutegalement inconcevable

bull Les possibiliteacutes drsquoeffectuer de la recherche en vue de creacuteer de nouvelles meacutethodes et de nouveaux produits de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont limiteacutees par la neacutecessaire peseacutee drsquointeacuterecircts entre les risques et les beacuteneacutefices escompteacutes en particulier lorsque ces recherche doivent ecirctre meneacutees sur des ecirctres humains ou des cellules souches embryonnaires

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bull Les meacutedecins et professionnels de la santeacute sont limiteacutes dans leur activiteacute par le respect des regravegles de lrsquoart En conseacutequence ils ne peuvent sans risquer drsquoengager leur responsabiliteacute utiliser des produits et proceacutedeacutes agrave des fins non autoriseacutees De telles autorisations sont elles limiteacutees par les critegraveres permettant de faire les recherches neacutecessaires agrave leur deacutelivrance

bull La mise sur la marcheacute de meacutedicaments agrave des fins ameacutelioratives ne servant ni agrave diagnostiquer ni agrave preacutevenir ni agrave traiter une maladie devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic

bull La prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments nrsquoest possible qursquoagrave des conditions strictes ne permettant pas drsquoy inclure a priori le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

bull Les regravegles de droit du travail obligent lrsquoemployeur agrave adapter les conditions de travail aux employeacutes (et non lrsquoinverse) et interdisent les conduites dopantes qursquoelles soient demandeacutees explicitement ou tacitement agrave travers des conditions de travail et des instructions les rendant neacutecessaire pour lrsquoemployeacute

bull Enfin les activiteacutes meacutedicales relevant du deacuteveloppement humain artificiel ne remplissent pas les conditions permettant une prise en charge par les assurances sociales que ce soit par exemple la LAA ou la LAMal

Si les aspects juridiques paraissent suffisamment clairs les questions drsquoeacutethique et de deacuteontologie meacutedicales doivent selon nous ecirctre aujourdrsquohui clarifieacutees afin drsquounifier les pratiques en particulier dans les cas limites difficiles agrave cateacutegoriser entre laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo theacuterapie ou preacutevention Enfin les personnes pratiquant les activiteacutes pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et le public ndash patient usager consommateur ndash doivent enfin ecirctre clairement informeacutes des regravegles existantes et des limites poseacutees aux modifications volontaires de lrsquoecirctre humain

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Bibliographie ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique 2008 NICHOLAS AGAR Liberal eugenics In defence of human enhancement Malden 2005 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration du 18 avril 1999 Zurich Bacircle Genegraveve 2003 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse 2egraveme eacuted Berne 2006 (2 vol) FLORENCE AUBRY GIRARDIN Santeacute et seacutecuriteacute au travail eacutetude de droit suisse et communautaire Zurich 1995 ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire 2009 BERNARD BAERTSCHI Neuro-Enhancement Prendre la pilule de lrsquoameacutelioration morale serait-ce mal in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 5 s OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 s PETER BOumlHRINGER Arbeitsrecht Zurich 2001 SEVERINE BOILLAT le commerce eacutelectronique de meacutedicaments sous lrsquoangle de la santeacute publique Thegravese Neuchacirctel 2007 Berne 2007 CHRISTIANE BRUNNER et al Commentaire du contrat de travail Lausanne 2004 ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34 HEIDI BUumlRGI Richtlinien der Swissmedic zur Arzneimittelwerbung im Internet kritische Bemerkungen in AJP 2007 70 ss DIETER BUumlRGIN JOHANNES BIRCHER DANIEL CANDINAS et al Buts et missions de la meacutedecine au deacutebut du 21e siegravecle Rapport drsquoun groupe drsquoexperts de lrsquoAcadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales (ASSM) de la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) et des cinq Faculteacutes de meacutedecine Bacircle 2004

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  • Table des matiegraveres
    • Introduction et contexte
    • 1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
      • a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration
      • b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo
        • i) Ameacuteliorations et modifications physiques
        • ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales
        • iii) Prolongation de la vie
        • iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo
        • v) Preacutevention primaire
          • c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo
            • i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain
            • ii) Les substances
              • d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                • 2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                  • a) Fondements constitutionnels
                    • i) Digniteacute humaine
                    • ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle
                    • iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations
                    • iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes
                    • v) Protection des consommatrices et consommateurs
                    • vi) Protection de la santeacute
                    • vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain
                    • viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain
                    • ix) Meacutedecine de la transplantation
                    • x) Recherche impliquant des ecirctres humains
                      • b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine
                        • i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee
                        • ii) Analyse geacuteneacutetique humaine
                        • iii) Meacutedecine de la transplantation
                        • iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires
                        • v) Recherche impliquant des ecirctres humains
                          • c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions
                            • i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)
                              • d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires
                                • i) Seacutecuriteacute des produits
                                • ii) Meacutedicaments
                                  • (1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo
                                  • (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance
                                  • (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)
                                  • (4) Interdiction du dopage
                                    • iii) Stupeacutefiants
                                    • iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels
                                      • (1) Denreacutees alimentaires
                                      • (2) Objets usuels
                                          • e) Droit du travail
                                            • i) Protection du travailleur
                                              • (1) En geacuteneacuteral
                                                • ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute
                                                • iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                                                  • f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal
                                                    • 3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations
                                                      • Bibliographie
Page 8: Le développement humain artificiel

enhancement raquo doivent encore ecirctre deacutefinies En droit suisse le dopage se deacutefinit comme laquo lrsquousage abusif de produits et de meacutethodes destineacutes agrave accroicirctre les performances physiques dans le sport raquo11 Il convient de le distinguer de la notion de conduite dopante connexe agrave celle de dopage laquo On parle de conduite dopante lorsqursquoune personne consomme certains produits pour affronter un obstacle reacuteel ou ressenti pour ameacuteliorer ses performances (compeacutetition sportive examen entretien drsquoembauche prise de parole en public situations professionnelles ou sociales difficiles) Dans le monde sportif cette pratique prend le nom de dopage raquo12 Le laquo human enhancement raquo se diffeacuterencie aussi de la meacutedecine ameacuteliorative qui peut se deacutefinir comme suit laquo [s]i les mesures theacuterapeutiques ont pour but le reacutetablissement de la santeacute du patient et le recouvrement de la norme physique et psychique les interventions drsquoameacutelioration peuvent ecirctre consideacutereacutees comme des interventions visant agrave modifier certaines particulariteacutes ou capaciteacutes drsquoun ecirctre humain pour qursquoelles soient supeacuterieures agrave cette norme raquo13 Ainsi la meacutedecine et la chirurgie estheacutetiques visent laquo die Verschoumlnerung bereits normaler Koumlrperformen raquo14 Dans un arrecirct de 1998 le tribunal cantonal vaudois a retenu que laquo les opeacuterations effectueacutees par le chirurgien estheacutetique ne preacutesentent ni urgence ni neacutecessiteacute absolue et quelles portent sur des organes sains dindividus geacuteneacuteralement en bonne santeacute raquo15 Le tribunal feacutedeacuteral preacutecise que font partie des mesures diagnostique ou theacuterapeutique prises en charge par les caisses-maladie16 les opeacuterations servant laquo non seulement agrave la gueacuterison proprement dite de la maladie ou des suites immeacutediates dun accident mais aussi agrave leacutelimination dautres atteintes secondaires dues agrave la maladie ou agrave un accident notamment en permettant de corriger des alteacuterations externes de certaines parties du corps - en particulier le visage - visibles et speacutecialement sensibles sur le plan estheacutetique aussi longtemps que subsiste une imperfection de ce genre due agrave la maladie ou agrave un accident ayant une certaine ampleur et agrave laquelle une opeacuteration de chirurgie estheacutetique peut remeacutedier lassurance doit prendre en charge cette intervention agrave condition quelle eucirct agrave reacutepondre eacutegalement des suites immeacutediates de laccident ou de la maladie et pour autant que fussent respecteacutees les limites usuelles ainsi que le caractegravere eacuteconomique du traitement raquo17 Ces eacuteleacutements fondent la distinction entre la chirurgie reconstructive et la chirurgie estheacutetique

11 Art 1 al 1 let h LGS Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DDPS concernant les produits et meacutethodes de dopage dispose que ldquoEst reacuteputeacutee dopage au sens de lrsquoart 1 let h de la loi lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo Selon le message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux laquo [d]rsquoapregraves la deacutefinition du Comiteacute international olympique (CIO) le dopage consiste agrave laquoutiliser intentionnellement ou non des substances appartenant agrave des classes interdites dagents pharmacologiques etou agrave utiliser diverses meacutethodes interdites raquo raquo FF 1999 3262 Voir eacutegalement FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 p 916 Selon lrsquoart 1 du code mondial anti dopage laquo [l]e dopage est deacutefini comme une ou plusieurs violations des regravegles antidopage eacutenonceacutees aux articles 21 agrave 28 du Code raquo Les art 21 agrave 28 du code mentionnent entre autre comme violation des regravegles antidopage la preacutesence de substances interdites dans lrsquoeacutechantillon drsquoun sportif lrsquousage ou la tentative drsquousage par un sportif drsquoune substance interdite ou drsquoune meacutethode interdite et la possession de substance ou meacutethode interdites 12 Mission interministeacuterielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie et Institut national de preacutevention et drsquoeacuteducation pour la santeacute (France) Drogues savoir plus risquer moins p 95 13 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 Dans le mecircme texte il est mentionneacute que laquo [l]e terme de laquomeacutedecine drsquoameacuteliorationraquo regroupe les interventions meacutedicales non theacuterapeutiques dont le but est la modification ou lrsquoameacutelioration de caracteacuteristiques non-pathologiques raquo Voir eacutegalement FRANK TH PETERMANN pour qui laquo Die klassiche Medizin geht von der Praumlmisse aus dass sie kurativ dh zur Heilung von Krankheiten oder wenn dies nicht mehr moumlglich ist palliativ also zur Linderung der daraus resultierenden Beschwerden da ist 31 Geht es um medizinische Interventionen die keinen therapeutischen Zweck haben sondern auf die Veraumlnderung oder Verbesserung nichtpathologischer Merkmale abzielen spricht man von Enhancement Medizin raquo Off Label Rechtliche Betrachtungen zum Off Label Use von Pharmazeutika in hill 2007 fachartikel n 2 sect 17 14 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 40 15 Tribunal Cantonal du Canton de Vaud 25021998 in SG 1998 Ndeg1323 p 7 16 Art 25 LAMal 17 ATF 121 V 119 p 121

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b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo

Comme il ressort de notre bregraveve introduction le laquo human enhancement raquo est une notion large ouverte et dont les frontiegraveres sont difficiles agrave circonscrire Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette difficulteacute La transplantation drsquoorganes sains agrave des personnes acircgeacutees dans le but de rallonger leur vie consiste-t-elle en une theacuterapie ou une ameacutelioration18 laquo Is it therapy to give growth hormone to a genetic dwarf but not to a short fellow who is just unhappy to be short raquo19 Si les limites sont difficiles agrave eacutetablir il est toutefois possible drsquoidentifier diverses meacutethodes permettant agrave des personnes en bonne santeacute de modifier des eacuteleacutements de leur corps Plusieurs de ces meacutethodes sont deacutecrites ci-dessous classeacutees en fonction du type de modification

i) Ameacuteliorations et modifications physiques

Par ameacuteliorations physiques nous entendons les modifications corporelles permettant un accroissement des performances ou une modification de lrsquoapparence agrave des fins estheacutetiques cette deuxiegraveme cateacutegorie incluant les modifications antivieillissement Dans cette cateacutegorie les meacutethodes suivantes sont prises en compte

bull Lrsquoadministration drsquoanabolisants (deacuteriveacutes de la testosteacuterone (nandrolone stanozolol etc) utiliseacutes par exemple dans la pratique du bodybuilding) ou drsquoautres substances prohibeacutees ou reacuteglementeacutees permettant un accroissement de la masse musculaire et ou lrsquoameacutelioration des performances (force explosiviteacute puissance endurance vitesse de reacutecupeacuteration etc)

bull Lrsquoadministration drsquohormones afin de modifier lrsquoapparence (p ex prise de pilules contraceptives par des hommes dans le but de ressembler agrave des femmes)

bull La chirurgie et la meacutedecine estheacutetiques (p ex augmentation mammaire injections de botox)

bull Les modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull La transplantation et la xeacutenotransplantation drsquoorganes bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Les tatouages le branding les scarifications et le maquillage permanent

(modifications de lrsquoapparence drsquoune surface deacutefinie de peau)

ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales20

Peuvent ecirctre consideacutereacutees comme ameacuteliorations intellectuelles et modifications mentales toutes les meacutethodes permettant une ameacutelioration des aptitudes cognitives de lrsquoattention et de la concentration de la meacutemoire ou encore une diminution de la fatigue du stress de lrsquoanxieacuteteacute etc Ce type de modifications passe par lrsquoutilisation des meacutethodes suivantes21

18 Exemple donneacute par NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 ss p 3 19 Beyond therapy biotechnology and the pursuit of happiness A Report by the Presidentrsquos Council on Bioethics p 16 20 Lrsquoeacuteventualiteacute de modifications morales nrsquoest pas traiteacutee dans la preacutesente eacutetude 21 Voir EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 26 ss p 30 s

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bull Administration de meacutedicaments ou autres substances (p ex antideacutepresseurs ritalin modafinil adderall aricept)

bull Modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull Stimulation ceacutereacutebrale profonde (introduction drsquoune eacutelectrode dans le cerveau

et envoi drsquoimpulsions eacutelectriques) bull Stimulation magneacutetique transcracircnienne (envoi drsquoune impulsion sur

lrsquoenceacutephale agrave travers le cracircne) bull laquo Prosthetic brain chips raquo22

iii) Prolongation de la vie

Parmi les buts du laquo human enhancement raquo nous trouvons le rallongement de la vie Il faut ici distinguer entre les maladies de la vieillesse dont fait par exemple partie le diabegravete de type 2 et laquo les manifestations deacutegeacuteneacuteratives lieacutees agrave lrsquoacircge raquo23 Les premiegraveres neacutecessitent un traitement qualifiable de theacuterapie ce type de traitement ne fait donc pas partie du laquo human enhancement raquo Le traitement des secondes peut faire partie du laquo human enhancement raquo en fonction des cas et la preacutevention des manifestations deacutegeacuteneacuteratives est un eacuteleacutement du laquo human enhancement raquo De faccedilon geacuteneacuterale les meacutethodes permettant agrave des personnes saines de lutter contre le vieillissement et de rallonger la dureacutee de leur vie sont abordeacutees ici

bull Transplantations drsquoorganes et xeacutenotransplantations bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Administration de meacutedicaments drsquohormones et autres substances bull Consommation de suppleacutements nutritionnels (acide folique antioxydants

laquo brainfood raquo etc)24

iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo

Lrsquoutilisation de meacutethodes du geacutenie geacuteneacutetique dans ce que les germanophones appellent le laquo Gen-Enhancement raquo poursuit le but de deacutevelopper certaines qualiteacutes chez lrsquoenfant25 Les principales meacutethodes utiliseacutees relegravevent des techniques de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et drsquoanalyse geacuteneacutetique et de la theacuterapie geacutenique

v) Preacutevention primaire

Si la distinction entre ameacutelioration et theacuterapie nrsquoest pas eacutevidente celle entre ameacutelioration et preacutevention lrsquoest encore moins En effet lrsquoinclusion des techniques drsquoameacutelioration dans la preacutevention deacutepend de la deacutefinition retenue de la notion de preacutevention et de la maniegravere de consideacuterer les techniques ayant un potentiel ameacutelioratif La preacutevention peut se deacutefinir comme laquo les mesures visant agrave reacuteduire la probabiliteacute agrave limiter ou agrave empecirccher lrsquoapparition drsquoune maladie ou drsquoun risque pour la santeacute et les conseacutequences neacutegatives drsquoune maladie raquo26 ou plus simplement comme laquo toutes les activiteacutes deacuteveloppeacutees par une personne pour eacuteviter et empecirccher

22 Aussi appeleacutes ldquoelectronic brain implantsrdquo 23 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 3 24 ASTRID STUCKELBERGER Anti-ageing Medicine Myths and Chances p 130 ss 25 Pour LORZ laquo [d]as Gen-Enhancement betrifft Verbesserungen der Erbsubstanz vor allem fuumlr die zukuumlnftige Generation raquo SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 43 26 Art 3 du projet de loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute

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lrsquoapparition drsquoune maladie raquo27 En comparant ces deacutefinitions de la preacutevention avec celles du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo on peut deacuteterminer un premier critegravere de distinction dans le fait que la preacutevention est en geacuteneacuteral en lien avec une maladie ou un problegraveme de santeacute28 alors que le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo se rattache aux performances ou agrave lrsquoapparence Dans ce sens la vaccination est une activiteacute se rapprochant plus de la preacutevention que du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Une meacutethode permettant drsquoameacuteliorer de faccedilon geacuteneacuterale le fonctionnement du systegraveme immunitaire drsquoune personne pourrait par contre ecirctre incluse dans les deux cateacutegories car elle permet drsquoeacuteviter lrsquoapparition de maladies deacutetermineacutees et constitue une ameacutelioration geacuteneacuterale de la reacutesistance du corps humain

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo

Lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain peut passer par de nombreuses et diverses meacutethodes En retenant un concept large du laquo human enhancement raquo la meacuteditation qui permet de reacuteduire le stress et lrsquoanxieacuteteacute ou les exercices permettant drsquoameacuteliorer sa meacutemoire pourraient ainsi y ecirctre inclus Nous ne prendrons cependant pas en compte les meacutethodes que lrsquoon peut cateacutegoriser sous la notion drsquoentraicircnement (qui regroupe des notions comme lrsquoentraicircnement sportif lrsquoentraicircnement cognitif etc) Elles ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme produit de la technique et nrsquoentrent donc pas dans le concept de laquo human enhancement raquo tel que retenu En effet nous ne traitons ici que du deacuteveloppement artificiel par opposition au deacuteveloppement dit naturel

i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain

Font partie des interventions sur lrsquoecirctre humain les interventions sur lrsquoadulte et lrsquoenfant ainsi que les interventions preacutenatales Lrsquointervention meacutedicale peut se deacutefinir comme laquo an act performed to prevent harm to a patient or to improve the mental emotional or physical function of a patient A physiologic process may be monitored or enhanced or a pathologic process may be arrested or controlled raquo29 Il srsquoagit notamment drsquointerventions chirurgicales

ii) Les substances

Diverses substances peuvent avoir un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisables dans un but de deacuteveloppement artificiel Lrsquoon pense particuliegraverement aux produits theacuterapeutiques (meacutedicaments) ndash favorisant le deacuteveloppement musculaire la concentration lrsquoendurance lrsquoexplosiviteacute lrsquoagressiviteacute etc - et aux aliments speacuteciaux ou alicaments ndash faibles en calories (favorisant la perte de poids) ayant un apport eacutenergeacutetique accru (en proteacuteine favorisant la prise de muscles) ayant un taux de cafeacuteine eacuteleveacute etc Tout produit ayant un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisable agrave des fins autres que la theacuterapie et les soins peut potentiellement avoir un usage dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

27 Deacutefinition de lrsquoInstitut suisse de preacutevention de lrsquoalcoolisme et des autres toxicomanies httpwwwsfa-ispachindexphpIDtheme=107ampIDcat48visible=1amplangue=F 28 Sur les diffeacuterentes cateacutegories de preacutevention voir Message relatif agrave la loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute FF 2009 6389 p 6447 ss 29 Mosbys Medical Dictionary 8th edition 2009 Pour drsquoautres deacutefinitions voir httpmedical-dictionarythefreedictionarycomintervention

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d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Il peut paraicirctre surprenant de construire un rapport juridique en franccedilais en partant drsquoune expression anglaise comme celle de laquo human enhancement raquo Il conviendrait en fait drsquoanalyser preacuteciseacutement et de maniegravere deacutetailleacutee qursquoelle est justement la notion que deacutesigne ladite expression Cette deacutemarche ayant aboutie il serait encore neacutecessaire drsquoexclure qursquoil nrsquoexiste pas drsquoeacutequivalent en franccedilais (ou en allemand) avant de conclure que seule lrsquoexpression anglaise doit ecirctre retenue Dans tous les cas il paraicirct raisonnable de rechercher si lrsquoobjet de ce rapport ne peut pas srsquoexprimer clairement en franccedilais respectivement en allemand avant de faire usage de termes anglais Drsquoautres motifs nous incitent agrave souhaiter une formulation franccedilaise Premiegraverement il existe de nombreuses acceptions de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo Mecircme en anglais la question de la terminologie nrsquoest de loin pas reacutesolue Reprendre sans autre reacuteflexion cette expression preacutesente le risque que chacun pense y retrouver sa propre notion contribuant ainsi agrave la confusion Il est donc neacutecessaire de clarifier et de deacuteterminer au mieux la notion qui sera analyseacutee dans ce travail Deuxiegravemement le droit est indissociable des langues dans lesquelles il srsquoapplique il convient dans ce cadre de maintenir une uniteacute linguistique entre lrsquoobjet traiteacute et les normes juridiques qui srsquoy reacutefeacuterent Une traduction dans la langue de lrsquoeacutetude srsquoavegravere degraves lors utile voire neacutecessaire Troisiegravemement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est en soi biaiseacutee dans la mesure ougrave elle veacutehicule lrsquoideacutee selon laquelle les meacutethodes qursquoelles recouvrent sont veacuteritablement ameacutelioratives sans preacuteciser pour autant la nature de cette ameacutelioration Le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE a bien senti le piegravege puisqursquoil introduit dans sa propre deacutefinition la notion de contexte socioculturel pour appreacutecier lrsquoameacutelioration rechercheacutee30 Il y a donc neacutecessiteacute de se distancier de lrsquoexpression consacreacutee de laquo human enhancement raquo dans la mesure ougrave elle conforte lrsquoideacutee drsquoune certaine ameacutelioration qui reste pourtant agrave deacutemontrer selon des critegraveres socio-culturellement partageacutes et dont le degreacute est encore agrave eacutevaluer La question nrsquoest plus ici seulement de traduction mais bien de deacutefinition Parler drsquoameacutelioration humaine ou de laquo corps augmenteacute raquo31 ne paraicirct pas correct mais plutocirct trompeur Il srsquoagit de trouver un terme neutre Nous proposons ainsi de retenir lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Premiegraverement le terme de deacuteveloppement peut se comprendre comme ameacutelioration mais il laisse ouverte la possibiliteacute que ce deacuteveloppement soit beacuteneacutefique ou non32 Dans son sens neacutegatif il pourrait donc aussi srsquoappliquer pour deacutesigner une alteacuteration de lrsquohomme Le principe est surtout drsquoexprimer la transformation le changement qui est apporteacute agrave lrsquohumain ces autres termes pouvant ici valoir comme synonymes Mais lrsquointeacuterecirct du terme de deacuteveloppement est de renvoyer ou rappeler lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement durable raquo Pour reprendre le rapport laquo Notre avenir agrave tous raquo de la Commission mondiale sur lenvironnement et le deacuteveloppement (Commission Brundtland) laquo le deacuteveloppement durable est un deacuteveloppement qui reacutepond aux

30 Voir plus haut pt 1a 31 Cette traduction quasi-litteacuterale de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est parfois utiliseacutee en franccedilais Citons Geacuterard Ayache Corps augmenteacute recircve bionique ou cauchemar protheacuteen disponible agrave la page httpwwwagoravoxfractualitestechnologiesarticlecorps-augmente-reve-bionique-ou-11710 et une confeacuterence donneacutee dans le cadre des manifestations culturelles de la bibliothegraveque cantonale et universitaire de Lausanne le 27 janvier 2009 intituleacutee laquo Le corps augmenteacute utopie drsquoaujourdrsquohui reacutealiteacute de demain raquo 32 Sur le lien entre les notions de laquo enhancement raquo et de deacuteveloppement voir ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34

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besoins du preacutesent sans compromettre la possibiliteacute pour les geacuteneacuterations agrave venir de pouvoir reacutepondre aux leurs raquo33 Cette expression implique une responsabiliteacute individuelle et collective marqueacutee sur la dureacutee pour appreacutecier les effets du deacuteveloppement qui pour ecirctre positif ne peut se limiter aux seules personnes directement concerneacutees mais doit ecirctre appreacutecieacute dans ses conseacutequences globales pour lrsquohumaniteacute et la planegravete Une ameacutelioration de telle performance drsquoun athlegravete ne constitue pas neacutecessairement un progregraves pour les hommes et doit donc ecirctre appreacutecieacute de maniegravere relative sous lrsquoangle du deacuteveloppement durable et humain Deuxiegravemement le deacuteveloppement dont il est question ici concerne directement lrsquohumain justement afin de le deacutelimiter par rapport au deacuteveloppement durable et agrave drsquoautres formes drsquoactiviteacutes Troisiegravemement la caracteacuteristique de ce deacuteveloppement humain est de se libeacuterer des regravegles de la nature drsquoecirctre directement et volontairement induit autrement dit drsquoecirctre artificiel Cet eacuteleacutement est important pour marquer la limite avec lrsquoensemble des facteurs ndash ou deacuteterminants ndash qui influencent notre santeacute et dont les effets se traduisent au fil des deacutecennies par un allongement de la dureacutee de vie moyenne de la population et une baisse des morbiditeacutes Nous vivons mieux et plus longtemps que nos anciens Mais les eacuteleacutements qui participent agrave cette eacutevolution eacutechappent pour la plupart agrave un controcircle direct des individus concerneacutes Il srsquoagit donc de bien distinguer ces eacuteleacutements de lrsquoeacutevolution de la socieacuteteacute de la meacutedecine ameacuteliorative et autres mesures de deacuteveloppement humain artificiel Nous retiendrons ainsi actuellement la deacutenomination de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo qui renvoie au concept de laquo deacuteveloppement durable raquo aujourdrsquohui appliqueacute tant en matiegravere drsquoenvironnement que drsquoeacuteconomie domaines eacutetroitement lieacutes agrave celui de deacuteveloppement humain comme il sera deacutemontreacute ci-dessous

2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Fondements constitutionnels

Plusieurs normes constitutionnelles influent directement sur les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo en Suisse Ces dispositions concernent entre autres la digniteacute humaine le droit agrave la vie et agrave la liberteacute personnelle lrsquoeacutegaliteacute la protection de la santeacute la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee le geacutenie geacuteneacutetique et la meacutedecine de la transplantation

i) Digniteacute humaine

Lrsquoart 7 Cst dispose que la digniteacute humaine doit ecirctre respecteacutee et proteacutegeacutee Ce droit fondamental agrave ecirctre traiteacute de maniegravere humaine et non deacutegradante est consideacutereacute comme un principe directeur concreacutetiseacute par les autres droits fondamentaux34 Parmi ceux-ci le droit agrave la liberteacute personnelle garantit entre autres le droit agrave la vie agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique Si laquo [l]a garantie de lrsquointeacutegriteacute physique protegravege

33 Notre avenir agrave tous Rapport de la commission mondiale sur lrsquoenvironnement et le deacuteveloppement du 10 mars 1987 Disponible dans sa version anglaise agrave la page httpwwwareadminchthemennachhaltig002660054000542indexhtmllang=fr 34 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 69 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 691 s ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 260 s p 121 s PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 139 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 PHILIPPE MASTRONARDI com ad art 7 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 77 s

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lrsquoindividu contre toute atteinte injustifieacutee (hellip) porteacutee au corps humain qursquoelle soit intentionnelle ou non grave ou leacutegegravere et quels qursquoen soient les motifs raquo35 elle ne creacutee pas ni ne protegravege un eacuteventuel droit drsquoameacuteliorer son corps ou de modifier lrsquoecirctre humain drsquoune autre maniegravere Il existe drsquoailleurs drsquoautres dispositions constitutionnelles restreignant les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo A ce propos laquo [l]ecirctre humain se distinguerait agrave la fois par son individualiteacute et par ses imperfections Le jauger selon une norme preacutetendue juste et deacutetermineacutee de maniegravere arbitraire et le manipuler geacuteneacutetiquement par rapport agrave cette norme constituerait une violation grave de sa digniteacute raquo36 Le clonage et la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides sont eacutegalement par leur nature mecircme contraire agrave la digniteacute humaine37 Si lrsquoEtat doit srsquoabstenir drsquoatteindre de faccedilon injustifieacutee agrave lrsquointeacutegriteacute physique et la proteacuteger la Constitution preacutevoit eacutegalement agrave son art 118 que la Confeacutedeacuteration prend des mesures pour proteacuteger la santeacute Cet eacuteleacutement sera traiteacute ci-apregraves

ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle

Lrsquoart 10 Cst feacuted garantit le droit agrave la vie agrave la liberteacute personnelle agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique et agrave la liberteacute de mouvement donc laquo toutes les liberteacutes eacuteleacutementaires dont lrsquoexercice est indispensable agrave lrsquoeacutepanouissement de la personne humaine raquo38 Le Tribunal feacutedeacuteral a retenu que les vaccinations obligatoires les opeacuterations chirurgicales lrsquoobligation pour les eacutelegraveves de suivre un controcircle et des soins dentaires obligatoires ou lrsquoadministration forceacutee de meacutedicaments dans une clinique psychiatrique constituent des atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute physique et donc agrave la liberteacute personnelle39 La liberteacute personnelle protegravege la personne contre les atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute psychique laquo qui tendraient par un moyen quelconque agrave restreindre ou agrave supprimer la faculteacute qui lui est propre drsquoappreacutecier une situation donneacutee et de se deacuteterminer drsquoapregraves cette appreacuteciation raquo40 Enfin lrsquoart 10 al 3 Cst feacuted interdit la torture et tout autre traitement ou peine cruels inhumains ou deacutegradants Une des reacutesultantes de lrsquoart 10 Cst feacuted en droit meacutedical est lrsquoexigence du consentement des patients pour tout acte meacutedical On retrouve son pendant en droit priveacute avec lrsquoart 28 CC Cela garantit le respect de la volonteacute du patient et lui donne ainsi le droit drsquoexercer son libre arbitre Cependant le consentement nrsquoest pas une condition suffisante pour justifier une atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle Encore faut-il qursquoelle soit conforme aux regravegles de lrsquoart autrement dit que cette intervention reacuteponde aux standards meacutedicaux compte tenu des besoins du patient Une meacutethode de laquo deacuteveloppement durable artificiel raquo devra ainsi non seulement ecirctre autoriseacutee par la personne concerneacutee Elle doit en outre respecter les regravegles de lrsquoart et la digniteacute humaine consacreacutee agrave lrsquoart 7 Cst indeacutependamment de la volonteacute de la personne concerneacutee

35 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 108 36 Message LPMA FF 1996 276 reprenant une intervention parlementaire BO N 1991 p 616 (intervention Koller) 37 Message LPMA FF 1996 27 et les reacutefeacuterences citeacutees Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1221 38 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 101 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER com ad art 10 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 148 s 39 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 108 et la jurisprudence citeacutee 40 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 109

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iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations

Lrsquoart 8 Cst pose les principes de lrsquoeacutegaliteacute des ecirctres humains devant la loi et de lrsquointerdiction des discriminations Si cette disposition a vocation agrave srsquoappliquer dans les relations que lrsquoEtat entretient avec ses citoyens administreacutes justiciables elle a aussi un effet dans les relations entre particuliers Si dans la regravegle lrsquointerdiction des discriminations sadresse agrave lEacutetat et ne produit pas deffet horizontal direct dans les relations entre personnes priveacutees laquo les regravegles de droit civil doivent cependant ecirctre interpreacuteteacutees en tenant compte des exigences particuliegraveres qui reacutesultent des droits fondamentaux raquo41 Lrsquoart 8 al 2 Cst a toutefois des effets indirects notamment en vertu de lrsquoart 35 al 3 Cst qui dispose que les autoriteacutes veillent agrave ce que les droits fondamentaux dans la mesure ougrave ils srsquoy precirctent soient aussi reacutealiseacutes dans les relations qui lient les particuliers entre eux Ces effets indirects sont de deux ordres Premiegraverement il srsquoagit pour les autoriteacutes de tenir compte des droits fondamentaux dans lrsquointerpreacutetation des lois et dans lrsquousage de leur pouvoir drsquointerpreacutetation Deuxiegravemement laquo [l]e leacutegislateur doit concevoir la leacutegislation de sorte qursquoelle assure le mieux possible le respect des droits fondamentaux dans les relations entre particuliers Il le fera en eacutedictant des normes notamment de droit civil et peacutenal qui reacutesolvent les conflits de liberteacute entre particuliers et qui preacuteviennent des traitements discriminatoires Aussi les garanties constitutionnelles peuvent-elles contenir un mandat au leacutegislateur drsquoadopter des dispositions propres agrave proteacuteger dans la mesure du possible les particuliers contre les atteintes agrave leurs droits fondamentaux provenant drsquoautres particuliers Lrsquoexistence drsquoune telle obligation positive de lrsquoEtat (Schutzpflichten) deacutecoulant de la Constitution est admise depuis longtemps par la Cour europeacuteenne des droits de lrsquohomme ainsi que par la doctrine et la jurisprudence suisse raquo42 Ce deuxiegraveme eacuteleacutement est particuliegraverement important concernant lrsquointerdiction des discriminations En effet les laquo obligations de protection raquo de lrsquoEtat citeacutees ci-dessus neacutecessitent qursquoil prenne divers types de mesures afin de reacuteduire voire drsquoeacuteliminer les discriminations horizontales On pense en particulier agrave des mesures positives drsquoinformation de sensibilisation ou des recherches scientifiques et projets drsquoeacutechange et de contacts etc43 La creacuteation drsquoorganismes de sensibilisation et de coordination et la prise de mesures drsquoencouragement sont eacutegalement envisageables Dans les domaines ougrave la Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences leacutegislatives le leacutegislateur feacutedeacuteral peut eacutedicter des regravegles lorsque leur neacutecessiteacute est aveacutereacutee assurant la protection des citoyens contre les discriminations En reacutesumeacute les autoriteacutes eacutetatiques ne peuvent discriminer les personnes de faccedilon geacuteneacuterale et doivent assurer leur protection contre des discriminations horizontales par la prise de mesures positives et lrsquoeacutetablissement de textes de lois

41 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 5A4842009 du 18 aoucirct 2009 consid 41 et les reacutefeacuterences citeacutees 42 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 164 ss 167 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 43 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 318 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 124

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iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes

Lrsquoart 11 Cst dispose entre autres que les enfants et les jeunes ont droit agrave une protection particuliegravere de leur inteacutegriteacute et agrave lrsquoencouragement de leur deacuteveloppement Cette disposition dans certains domaines en tout cas44 laquo ne creacutee pas un droit subjectif particulier deacuteductible en justice faute notamment decirctre suffisamment preacutecise et deacutetermineacutee et doit plutocirct ecirctre consideacutereacutee comme une disposition programmatique respectivement une disposition que les autoriteacutes doivent prendre en compte lorsquil sagit de combler une lacune ou lorsquelles font usage de leur pouvoir dappreacuteciation raquo45 Il exige dans tous les cas une prudence accrue lorsqursquoil srsquoagit de porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle des enfants ou drsquointervenir dans leur deacuteveloppement

v) Protection des consommatrices et consommateurs

Lrsquoart 97 Cst dispose que la Confeacutedeacuteration prend des mesures destineacutees agrave proteacuteger les consommateurs et les consommatrices46 Il preacutevoit encore que les organisations de consommateurs disposent de voies de droit et que les proceacutedures de conciliation ou judiciaires doivent ecirctre simple et rapides pour les litiges dont la valeur litigieuse ne deacutepasse pas un montant deacutetermineacute Le but du premier alineacutea de cette disposition est de proteacuteger les consommateurs en geacuteneacuteral Les marcheacutes des meacutedicaments des denreacutees alimentaires des produits cosmeacutetiques et des services dans les domaines de la cosmeacutetique et du bien-ecirctre sont concerneacutees par cette disposition qui sert par ailleurs de base leacutegale agrave diverses lois de protection des consommateurs contre les tromperies

vi) Protection de la santeacute

Lrsquoart 118 Cst mentionne que la Confeacutedeacuteration prend des mesures afin de proteacuteger la santeacute dans les limites de ses compeacutetences et leacutegifegravere entre autres sur lrsquoutilisation des denreacutees alimentaires des agents theacuterapeutiques des stupeacutefiants des organismes des produits chimiques et des objets qui peuvent preacutesenter un danger pour la santeacute47 laquo Lrsquoancien art 69bis parlait de laquo commerce raquo (Verkehr raquo) des denreacutees alimentaires et objets usuels Le constituant de 1999 a preacutefeacutereacute parler drsquo laquo utilisation raquo (laquo Umgang raquo) pour bien montrer que la leacutegislation vise le comportement des consommateurs aussi bien que les opeacuterations drsquoamont fabrication traitement importation distribution raquo48 Si la santeacute publique est principalement un domaine de compeacutetence des cantons la Confeacutedeacuteration dispose toutefois de tacircches speacuteciales dans ce domaine49 Lrsquoart 118 44 Voir RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht p 262 ss en particulier p 264 s voir aussi RUTH REUSSER KURT LUumlSCHER com ad art 11 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 175 45 Arrecirct du Tribunal administratif feacutedeacuteral Cour III C-38852007 du 2 deacutecembre 2008 consid 10 46 Voir RETO JACOBS com ad art 97 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar Lachen amp Zurich p 1062 s voir aussi KLAUS A VALLENDER com ad art 94-107 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 47 LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1207 s 48 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 930 49 La Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences en matiegravere de santeacute publique depuis 1848 voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 926 Voir aussi ERWIN MURER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER

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sert de base agrave de nombreuses lois et ordonnances dont les principales sont la loi sur les denreacutees alimentaires 50 la loi sur les produits theacuterapeutiques51 la loi sur les stupeacutefiants52 la loi sur les produits chimiques53 ou encore la loi sur la seacutecuriteacute des produits54

vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain

Touchant directement le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo lrsquoart 119 Cst55 doit eacutegalement ecirctre mentionneacute Cette disposition traite de la protection de lrsquoecirctre humain contre les abus en matiegravere de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et de geacutenie geacuteneacutetique56 dans le domaine humain et limite ou interdit plusieurs activiteacutes dans le but de proteacuteger la digniteacute humaine la personnaliteacute et la famille57 Premiegraverement en application de lrsquoalineacutea 1 let a laquo [s]ont interdites les laquo interventions raquo (laquo Eingriffe raquo) dans le patrimoine geacuteneacutetique drsquoun gamegravete ou drsquoun embryon crsquoest-agrave-dire les opeacuterations qui modifient ce patrimoine et qui par conseacutequent peuvent influencer la descendance raquo58 Le clonage est aussi expresseacutement interdit Deuxiegravemement la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides interespegraveces59 est prohibeacutee60 Troisiegravemement la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee nrsquoest autoriseacute que lorsque la steacuteriliteacute ou le danger de transmission drsquoune grave maladie ne peuvent ecirctre eacutecarteacutes drsquoune autre maniegravere et non pour deacutevelopper chez lrsquoenfant certaines qualiteacutes ou pour faire de la recherche61 Cette disposition interdit donc expresseacutement lrsquoutilisation de meacutethodes de PMA afin de modifier les caracteacuteristiques drsquoun futur enfant

Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 967 s et surtout p 976 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 285 p 132 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 140 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 41 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 535 s ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht p 118 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII p 21 s 50 RS 8170 51 RS 81221 52 RS 812121 53 RS 8131 54 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 929 Voir aussi LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1209 s 55 Dans lrsquoancienne constitution voir art 24novies aCst 56 laquo Le laquo geacutenie geacuteneacutetique raquo (Gentechnologie) deacutesigne les proceacutedeacutes qui permettent drsquoanalyser de soigner voire de modifier des gegravenes notamment le support moleacuteculaire des caractegraveres heacutereacuteditaires drsquoun ecirctre vivant de mainegravere agrave identifier celui-ci voire agrave lrsquoinfluencer lui ou sa descendance raquo JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 936 Selon lrsquoart 2 let a LPMA la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee se deacutefinit comme les meacutethodes permettant drsquoinduire une grossesse en dehors de lrsquounion naturelle de lrsquohomme et de la femme en particulier lrsquoinseacutemination la feacutecondation in vitro avec transfert drsquoembryons et le transfert de gamegravetes Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 57 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 939 s Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 58 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 940 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 59 Notamment par la feacutecondation drsquoun ovule humain par un spermatozoiumlde humain et inversement JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 941 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 60 Art 119 al 1 let b Cst feacuted 61 Art 119 al 1 let c Cst feacuted Sur les meacutethodes de la PMA voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 942 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217

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viii)Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain

Enfin lrsquoart 120 Cst pose le principe de la protection de lrsquoecirctre humain et de son environnement contre les abus en matiegravere de geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain62 Il donne eacutegalement la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoutilisation du patrimoine germinal et geacuteneacutetique des animaux des veacutegeacutetaux et des autres organismes en suivant les principes suivants respect de lrsquointeacutegriteacute des organismes vivants de la seacutecuriteacute de lrsquoecirctre humain de lrsquoanimal et de lrsquoenvironnement et protection de la diversiteacute geacuteneacutetique des espegraveces animales et veacutegeacutetales

ix) Meacutedecine de la transplantation

Lrsquoart 119a Cst porte sur la meacutedecine de la transplantation et donne agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules Cette disposition pose les principes que la leacutegislation doit garantir la digniteacute humaine (en interdisant entre autres le commerce lucratif drsquoorganes et une reacutepartition discriminatoire des organes) proteacuteger la personnaliteacute (principalement du donneur) et la santeacute (du donneur et du receveur)63 Les textes leacutegaux fondeacutes sur cette disposition constitutionnelle sont eacutetudieacutes ci-dessous64

x) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement le 25 septembre 200965 sera soumis au peuple le 7 mars prochain Cette disposition pose les principes permettant de reacutealiser une recherche sur lrsquoecirctre humain et donne la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer dans ce domaine dans la mesure ougrave la protection de la digniteacute humaine et de la personnaliteacute lrsquoexige Les principes preacutevus sont les suivants66

a un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute que si la personne y participant ou la personne deacutesigneacutee par la loi a donneacute son consentement eacuteclaireacute la loi peut preacutevoir des exceptions un refus est contraignant dans tous les cas

b les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne doivent pas ecirctre disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute du projet

c un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute sur des personnes incapables de discernement que si des reacutesultats eacutequivalents ne peuvent ecirctre obtenus chez des personnes capables de discernement lorsque le projet de recherche ne permet pas drsquoescompter un beacuteneacutefice direct pour les personnes incapables de discernement les risques et les contraintes doivent ecirctre minimaux

d une expertise indeacutependante du projet de recherche doit avoir eacutetabli que la protection des personnes participant agrave ce projet est garantie

Sous le reacutegime de cet article constitutionnel les recherches impliquant des ecirctres humains visant un deacuteveloppement humain sont envisageables aux conditions mentionneacutees ci-dessus La lettre b retient particuliegraverement lrsquoattention La notion 62 Voir RAINER J SCHWEIZER com ad art 120 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1240 63 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 950 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARKUS SCHOTT com ad art 119a in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1230 s 64 Voir ci-dessous p 22 65 Arrecircteacute feacutedeacuteral relatif agrave un article constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain du 25 septembre 2009 66 Art 118b al 2 Cst

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drsquoutiliteacute du projet doit ecirctre preacuteciseacutee Selon le message lrsquoutiliteacute du projet consiste en le beacuteneacutefice escompteacute de la recherche envisageacutee Ce beacuteneacutefice peut ecirctre drsquoune part un beacuteneacutefice individuel du sujet par exemple pour sa santeacute et drsquoautre part un beacuteneacutefice pour des tiers pour la socieacuteteacute laquo Outre lrsquoutiliteacute pour la santeacute publique (p ex de meilleures possibiliteacutes de traitement pour les patients agrave venir) on peut penser agrave drsquoautres beacuteneacutefices pour la socieacuteteacute (p ex ameacutelioration de la qualiteacute de la vie deacutepassant le cadre de lrsquoutiliteacute pour la santeacute au sens strict) raquo67 Au vu de ces exemples donneacutes dans le message on peut se poser la question du beacuteneacutefice de recherches visant le deacuteveloppement humain En toute hypothegravese le principe geacuteneacuteral veut que les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne soient pas disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute de la recherche et aux beacuteneacutefices escompteacutes68 Pour esquisser des eacuteleacutements de reacuteponses agrave cette question il faut se pencher sur les nombreuses lois traitant de recherche sur lrsquoecirctre humain Citons la Loi sur les produits theacuterapeutiques lrsquoOrdonnance sur les essais cliniques la Loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee la Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires la Loi sur la transplantation les Lois sur la radioprotection et la protection des donneacutees69 et le projet de loi feacutedeacuterale sur la recherche sur lrsquoecirctre humain traiteacute ci-dessous70

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine

i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee

La loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee (LPMA) entreacutee en vigueur en 2001 regravegle les conditions de pratique de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee sur les ecirctres humains Elle assure la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la famille et interdit lrsquoapplication abusive de la biotechnologie et du geacutenie geacuteneacutetique Comme drsquoautres dispositions leacutegales71 et lrsquoart 119 Cst la LPMA interdit toute forme de seacutelection geacuteneacutetique ayant pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoenfant agrave naicirctre Lrsquoart 33 dispose que quiconque lors de lrsquoapplication drsquoune meacutethode de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee seacutelectionne les gamegravetes en fonction du sexe ou sur la base drsquoune analyse geacuteneacutetique dans un but autre que celui drsquoeacutecarter le risque de transmission drsquoune maladie grave et incurable aux descendants sera puni de lrsquoemprisonnement ou de lrsquoamende Lrsquoart 35 LPMA interdit de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire des cellules germinatives ou des cellules embryonnaires humaine drsquoutiliser de telles gamegravetes pour une impreacutegnation et drsquoutiliser pour le deacutevelopper jusqursquoau stade drsquoembryon un ovule impreacutegneacute ayant subi une telle modification72 Lrsquoart 36 preacutevoit encore une interdiction de creacuteer un clone un hybride ou une chimegravere et de transfeacuterer un embryon de chimegravere ou drsquohybride agrave une femme ou agrave un animal Quiconque commet une des actions interdite sera puni de lrsquoemprisonnement Selon le message la ratio legis de lrsquointerdiction des modifications du patrimoine germinal est que laquo nous ne sommes pas qualifieacutes pour deacuteterminer la nature des futurs ecirctres

67 Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 68 Voir Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 69 ASSM La recherche avec des ecirctres humains Meacutemento pour la pratique Bacircle 2009 p 13 70 Voir ci-dessous p 24 71 Voir loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain p 24 72 Selon le message le but de ces dispositions est drsquoempecirccher la conception programmeacutee drsquolaquo enfants ideacuteaux raquo de chimegraveres et drsquohybrides Le principe geacuteneacuteral est que toute seacutelection est exclue FF 1996 197 p 220 s et 275 ss

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humains cest-agrave-dire leurs capaciteacutes physiques et psychiques Cela reviendrait agrave donner agrave la geacuteneacuteration actuelle un pouvoir exclusif sur les geacuteneacuterations suivantes et agrave long terme agrave donner agrave des morts le pouvoir sur des vivants raquo73

ii) Analyse geacuteneacutetique humaine

La loi feacutedeacuterale sur lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine (LAGH) entreacutee en vigueur le 1er avril 2007 reacuteglemente lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques humaines74 dans le domaine de la meacutedecine du travail de lrsquoassurance et de la responsabiliteacute civile ainsi que lrsquoeacutetablissement de profils drsquoADN visant agrave deacuteterminer la filiation ou lrsquoidentiteacute drsquoune personne75 Elle a pour but de garantir la digniteacute humaine et la qualiteacute des analyses et de preacutevenir les analyses abusives et lrsquoutilisation abusive des donneacutees recueillies76 Pour cette eacutetude lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques dans la meacutedecine et le travail nous inteacuteressent plus particuliegraverement Sur les principes la loi preacutevoit que lrsquoanalyse geacuteneacutetique ne peut ecirctre effectueacutee qursquoagrave des fins meacutedicales et dans le respect du droit agrave lrsquoautodeacutetermination du patient77 Permettant de deacutetecter et diagnostiquer certaines maladies une analyse geacuteneacutetique peut ecirctre prescrite par un meacutedecin laquo que si elle reacutepond agrave un inteacuterecirct leacutegitime de celle-ci crsquoest-agrave-dire si lrsquoanalyse a un but prophylactique ou theacuterapeutique ou si elle permet drsquoeacutetablir un choix de vie ou un planning familial raquo78 Les analyses geacuteneacutetiques sont donc permises pour diagnostiquer une maladie parfois de faccedilon preacutecoce avant mecircme lrsquoapparition des premiers symptocircmes En particulier laquo une personne a le droit de savoir ou pas si elle est porteuse drsquoun gegravene deacutefectueux qui sera probablement agrave lrsquoorigine drsquoune maladie dans le futur mecircme srsquoil nrsquoexiste pas de mesure prophylactique raquo79 Par contre une analyse geacuteneacutetique ne sera pas autoriseacutee si elle a pour but de deacuteterminer une aptitude speacuteciale pour certains sports Certains preacutetendent qursquoune telle analyse est aujourdrsquohui techniquement possible A titre drsquoexemple la socieacuteteacute ameacutericaine Atlas Sport Genetics propose un test permettant drsquoanalyser le gegravene ACTN-3 qui srsquoapparenterait agrave un gegravene du sportif drsquoeacutelite80 et qui indiquerait une preacutedisposition agrave deacutevelopper des aptitudes biomotrices (vitesse endurance etc) supeacuterieures agrave la moyenne Ce test est vendu aux parents souhaitant connaicirctre les preacutedispositions geacuteneacutetiques de leurs enfants au sport de haut niveau81 Il convient drsquoembleacutee de souligner que la pertinence de ce test reste agrave deacutemontrer scientifiquement De plus la LAGH interdit dans tous les cas les analyses dans le but de deacuteterminer les preacutedispositions sportives des enfants au motif qursquoil nrsquoy a aucun laquo beacuteneacutefice direct au sens meacutedical pour la personne mineure incapable de discernement raquo8283 73 Message LPMA FF 1996 276 74 Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine est deacutefinie agrave lrsquoart 3 de la loi comme laquo les analyses cytogeacuteneacutetiques et moleacuteculaires effectueacutees sur lrsquoecirctre humain dans le but de deacuteterminer des caracteacuteristiques du patrimoine geacuteneacutetique heacutereacuteditaires ou acquises pendant la phase embryonnaire et toutes les autres analyses de laboratoire qui visent agrave obtenir de maniegravere directe ces mecircmes informations raquo les analyses cytogeacuteneacutetiques eacutetant laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer le nombre et la structure des chromosomes et les analyses moleacuteculaires laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer la structure moleacuteculaire des acides nucleacuteiques (ADN et ARN) ainsi que le produit direct du gegravene raquo 75 Art 1 LAGH 76 Art 2 LAGH 77 Art 10 al 1 LAGH 78 Message LAGH FF 2007 6841 p 6886 79 Message LAGH FF 2007 6841 p 6887 80 Voir agrave ce propos lrsquoarticle paru agrave ce sujet dans le New York Times du 30 novembre 2008 disponible agrave la page httpwwwnytimescom20081130sports30geneticshtml 81 wwwatlasgenecom 82 Message LAGH FF 2007 6841 p 6888

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Les analyses preacutenatales sont autoriseacutees pour deacutetecter chez lrsquoenfant agrave naicirctre des anomalies maladies et autres eacuteleacutements pouvant atteindre agrave sa santeacute A son art 11 la loi interdit de telles analyses visant agrave rechercher des caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus qui nrsquoinfluencent pas directement sa santeacute ou agrave deacuteterminer le sexe dans un but autre qursquoun diagnostic Le but de cette disposition est drsquointerdire la laquo seacutelection des embryons ou des fœtus selon le deacutesir des parents raquo84 Le but est ici drsquoeacuteviter que des parents puissent choisir des laquo beacutebeacutes agrave la carte raquo Lrsquoeacutevolution des techniques drsquoanalyse geacuteneacutetique de geacutenie geacuteneacutetique de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et des sciences biomeacutedicales en geacuteneacuteral permettent aujourdrsquohui et permettront toujours plus agrave lrsquoavenir drsquoenvisager non seulement la seacutelection mais encore la modification geacuteneacutetique des enfants agrave naicirctre donc des geacuteneacuterations futures Si lrsquoEtat ne prend plus aujourdrsquohui de mesures collectives agrave viseacutee eugeacuteniste85 une nouvelle forme drsquoeugeacutenisme priveacute libeacuteral volontaire ou positif selon les formules consacreacutees86 est concevable voire souhaiteacutee par certains87 Le leacutegislateur a reacuteglementeacute de faccedilon claire et reacutepeacuteteacutee le domaine de lrsquoutilisation des technologies geacuteneacutetiques appliqueacute agrave la seacutelection et agrave la modification libeacuterale drsquoenfants agrave naicirctre Dans la Constitution deacutejagrave dont lrsquoart 119 interdit lrsquoutilisation des meacutethodes de PMA pour modifier les caracteacuteristiques drsquoun enfant Dans les lois ensuite la LAGH prohibe la seacutelection de gamegravetes et drsquoembryons fondeacutee sur les preacutedispositions geacuteneacutetiques et la LPMA interdit toute modification volontaire du patrimoine geacuteneacutetique lors de procreacuteations meacutedicalement assisteacutees Le projet de LRH enfin deacuteclare illicites les projets de recherche visant agrave modifier des embryons ou fœtus sans rapport avec une maladie La volonteacute du leacutegislateur de ne pas permettre de modifications preacutenatales choisies a eacuteteacute affirmeacutee et confirmeacutee plusieurs fois de 199288 agrave 200989 Il paraicirct donc drsquoembleacutee exclu du moins agrave court et moyen termes que la leacutegislation soit reacuteviseacutee Au contraire les arguments invoqueacutes agrave reacuteiteacutereacutees reprises pour justifier la fermeteacute du Parlement agrave ce sujet relegravevent de valeurs fondamentales qui ne paraissent pas souffrir drsquoexceptions Il srsquoagit drsquoune barriegravere tregraves claire agrave lrsquoapplication de meacutethodes de deacuteveloppement humain artificiel dans ce domaine

83 Voir agrave ce sujet DOMINIQUE SPRUMONT La reacuteglementation des trousses drsquoanalyse geacuteneacutetique Lanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives Actes drsquoun colloque CHARLES JOYE (eacuted) Schulthess Zurich Bacircle et Genegraveve 2004 pp 71-88 84 Message LAGH FF 2007 6841 p 6889 85 Comme nous le savons il nrsquoen a pas toujours eacuteteacute ainsi En 1928 encore lrsquoEtat de Vaud mettait en place un reacutegime de steacuterilisation des malades mentaux et autorisait lrsquoavortement pour des motifs eugeacuteniques Voir GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 55 ss 67 et 85 Tout programme eacutetatique agrave viseacutees eugeacuteniques serait aujourdrsquohui contraire agrave la Constitution entre autre agrave ses articles 7 et 8 86 La liberteacute de choix reste relative dans lrsquoeugeacutenisme dit libeacuteral Si les mesures ne sont plus dicteacutees autoritairement par lrsquoEtat elles ne sont pas libres de fortes influences sociales et eacuteconomiques Nous ne pouvons qursquoabonder dans le sens de DUMOULIN pour qui laquo lrsquoeugeacutenisme nrsquoa pas cesseacute drsquoexister tout au plus a-t-il changeacute de forme raquo GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 87 87 Sur ces reacuteflexions voir parmi drsquoautres PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 et les reacutefeacuterences citeacutees 88 Date de lrsquoadoption de lrsquoart 24novies aCst Repris ensuite agrave lrsquoart 119 Cst Voir FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 935 89 Le projet de LRH dans sa version provisoire actuelle est dateacute du 21 octobre 2009

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Dans le domaine du travail la loi pose des conditions strictes quant agrave lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques Le principe fondamental qui a vocation agrave srsquoappliquer de faccedilon geacuteneacuterale et pas seulement dans le domaine du travail est que nul ne peut ecirctre discrimineacute en raison de son patrimoine geacuteneacutetique90 Ce principe pose la regravegle de lrsquointerdiction de lrsquousage drsquoinformations geacuteneacutetiques tant par lrsquoEtat que par les particuliers sauf dans les cas preacutevus par la loi91 Cette norme est une concreacutetisation du principe geacuteneacuteral poseacute agrave lrsquoart 8 al 2 Cst92 plus preacuteciseacutement de lrsquointerdiction des discriminations fondeacutees sur les deacuteficiences corporelles Pour PREVITALI laquo [l]e fait que la deacuteficience geacuteneacutetique repreacutesente une simple probabiliteacute qursquoune certaine maladie puisse se manifester un jour et que la deacuteficience ne soit deacutecelable sans recourir agrave des analyses approfondies nrsquoest pas un critegravere pertinent pour exclure les raisons geacuteneacutetiques du champ drsquoapplication de ce motif de discrimination raquo93 Plus avant la loi deacutetermine les conditions auxquelles un meacutedecin du travail peut prescrire une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique Le principe poseacute agrave lrsquoart 21 veut qursquoun employeur ou son meacutedecin ne puisse ni exiger une telle analyse ni exiger les reacutesultats drsquoune analyse preacuteexistante ni exiger une analyse geacuteneacutetique ayant pour but de deacuteterminer des caracteacuteristiques personnelles du travailleur qui nrsquoont pas de rapport avec sa santeacute Il existe toutefois des exceptions ougrave des analyses peuvent ecirctre effectueacutees dans le but de preacutevenir les maladies professionnelles ou les accidents Selon lrsquoart 22 les conditions cumulatives suivantes doivent alors ecirctre remplies

bull le poste est soumis aux dispositions sur la preacutevention dans le domaine de la meacutedecine du travail en vertu drsquoune deacutecision de la SUVA94 ou agrave drsquoautres dispositions feacutedeacuterales qui prescrivent une analyse meacutedicale pour eacutevaluer lrsquoaptitude de la personne concerneacutee agrave exercer lrsquoactiviteacute en question en raison des risques susceptibles de provoquer une maladie professionnelle une grave atteinte agrave lrsquoenvironnement ou des risques drsquoaccident grave ou drsquoatteinte grave agrave la santeacute de tiers

bull les mesures sur le lieu de travail au sens de lrsquoart 82 de la loi feacutedeacuterale du 20 mars 1981 sur lrsquoassurance-accidents ou drsquoautres dispositions leacutegales ne suffisent pas agrave eacutecarter ces risques

bull il est eacutetabli selon lrsquoeacutetat des connaissances scientifiques qursquoil existe un rapport de cause agrave effet entre une preacutedisposition geacuteneacutetique deacutetermineacutee et une maladie professionnelle un risque drsquoatteinte agrave lrsquoenvironnement ou un risque drsquoaccident ou drsquoatteinte agrave la santeacute de tiers

bull la Commission drsquoexperts pour lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine a confirmeacute le rapport de cause agrave effet selon la lettre preacuteceacutedente et reconnu la fiabiliteacute de la meacutethode drsquoanalyse permettant de deacutetecter la preacutedisposition

bull la personne concerneacutee a donneacute son consentement par eacutecrit

90 Art 4 LAGH 91 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 56 et les reacutefeacuterences citeacutees 92 Message LAGH FF 2002 6841 p 6876 Lrsquointerdiction de discriminer en raison du patrimoine geacuteneacutetique vise eacutegalement de faccedilon plus geacuteneacuterale la sauvegarde de la digniteacute humaine voir ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 52 s 93 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 51 94 Voir art 70 OPA

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Si une analyse est envisageable aux conditions susmentionneacutees dans le but de proteacuteger la santeacute du travailleur ou parce que le meacutetier en question exige une santeacute parfaite (p ex personnel navigant de lrsquoaeacuteronautique)95 rappelons cette analyse doit ecirctre consideacutereacutee comme une ultima ratio En effet le principe veut qursquoen preacutesence drsquoune activiteacute professionnelle potentiellement dangereuse lrsquoemployeur ne doit pas seacutelectionner ses employeacutes en fonction de leur reacutesistance ou de preacutedispositions particuliegraveres ou leur proposer des traitements leur permettant de srsquoadapter aux conditions de travail particuliegraveres (p ex la prescription drsquoampheacutetamines aux pilotes militaires ameacutericains) mais prioritairement adapter lrsquoenvironnement et les conditions de travail agrave la protection de la santeacute des personnes La deuxiegraveme condition de lrsquoart 22 LAGH le mentionne explicitement Il y a lagrave un frein explicite agrave toute forme de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo dans le domaine du travail qui ne reacutepondrait pas aux critegraveres susmentionneacutes qui concernent une atteinte moindre aux droits des travailleurs Cet eacuteleacutement devra tout particuliegraverement ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoeacutevaluation de projet de recherche dans ce domaine une laquo ameacutelioration raquo du travailleur par rapport agrave son environnement ne devrait pas ecirctre consideacutereacutee comme un veacuteritable beacuteneacutefice du point de vue de lrsquoeacutethique de la recherche si des mesures drsquoassainissement de cet environnement sont envisageables respectivement si les tacircches agrave accomplir peuvent ecirctre automatiseacutees On pense par exemple agrave la situation qui preacutevaut dans les centrales nucleacuteaires

iii) Meacutedecine de la transplantation

La loi feacutedeacuterale du 8 octobre 2004 sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules (loi sur la transplantation) fixe les conditions dans lesquelles des organes des tissus ou des cellules peuvent ecirctre utiliseacutes agrave des fins de transplantation Elle doit contribuer agrave ce que des organes des tissus et des cellules humains soient disponibles agrave des fins de transplantation et a eacutegalement pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoorganes de tissus ou de cellules notamment le commerce drsquoorganes lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de transplantation et drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute96 Le but fondamental de la loi est laquo drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de la transplantation raquo97 La loi sur la transplantation empecircche lrsquoutilisation de cette technique meacutedicale agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo par le biais des critegraveres permettant le preacutelegravevement et lrsquoattribution drsquoorganes Selon lrsquoart 12 de la loi le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes nrsquoest possible que si entre autres conditions le receveur ne peut pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode theacuterapeutique ayant une efficaciteacute comparable Le principe veut que les organes issus de dons effectueacutes par des personnes vivantes reviennent toujours agrave une personne deacutesigneacutee agrave lrsquoavance le plus souvent un proche98 Tout preacutelegravevement

95 Message LAGH FF 2002 6841 p 6904 96 Art 1 Loi sur la transplantation 97 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 129 98 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 145

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drsquoorgane sur une personne vivante agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est degraves lors exclu Concernant lrsquoattribution drsquoorganes preacuteleveacutes sur une personne deacuteceacutedeacutee plusieurs critegraveres srsquoappliquent dont celui de lrsquourgence meacutedicale de la transplantation et de lrsquoefficaciteacute de la transplantation drsquoun point de vue meacutedical99 La premiegravere condition veut que laquo les organes doivent ecirctre attribueacutes en premier lieu aux patients dont la santeacute est la plus gravement atteinte En lrsquooccurrence le seul eacuteleacutement deacuteterminant est la situation meacutedicale du patient raquo100 Au vu de la situation actuelle de peacutenurie drsquoorganes cette condition suffit agrave elle seule agrave empecirccher toute transplantation drsquoorgane agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo La deuxiegraveme condition mentionneacutee signifie qursquolaquo il y a lieu drsquoattribuer les organes aux patients auxquels la transplantation sera la plus profitable Lagrave encore seule lrsquoutiliteacute meacutedicale entre en consideacuteration Il ne saurait ecirctre question de prendre en compte lrsquoaspect laquoutiliteacute socialeraquo par exemple la laquovaleurraquo que revecirct une personne pour la socieacuteteacute ou encore pour drsquoautres patients lrsquoampleur et le niveau des responsabiliteacute qursquoils exercent raquo101 Lrsquoefficaciteacute meacutedicale se mesure en tenant compte la compatibiliteacute des groupes sanguins des groupes tissulaires et anatomiques existant entre lrsquoorgane et le receveur potentiel Enfin en application de lrsquoart 17 de la loi le principe de non-discrimination de lrsquoart 8 al 2 Cst srsquoapplique agrave lrsquoattribution drsquoorganes En conseacutequence laquo lrsquoorigine la race le sexe lrsquoacircge la langue la position sociale les convictions philosophiques ou religieuses une deacuteficience corporelle mentale ou psychique pas plus que lrsquoacircge ou la situation sociale ne sauraient ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoattribution drsquoorganes raquo102

iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires

La Loi feacutedeacuterale du 19 deacutecembre 2003 relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires (Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches LRCS) a pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoembryons surnumeacuteraires et de cellules souches embryonnaires et de proteacuteger la digniteacute humaine Pour ce faire elle fixe les conditions reacutegissant la production de cellules souches embryonnaires humaines agrave partir drsquoembryons humains surnumeacuteraires et lrsquoutilisation de ces cellules agrave des fins de recherche103 La LRCS prohibe diverses pratiques Lrsquoart 3 interdit en particulier

a de produire un embryon agrave des fins de recherche (art 29 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches agrave partir drsquoun tel embryon ou drsquoutiliser de telles cellules b de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire de cellules germinatives (art 35 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de

99 Art 18 Loi sur la transplantation 100 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 101 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 147 102 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 103 Art 1 LRCS

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produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun embryon dont le patrimoine germinal a eacuteteacute modifieacute ou drsquoutiliser de telles cellules c de creacuteer un clone une chimegravere ou un hybride (art 36 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun clone drsquoune chimegravere ou drsquoun hybride ou drsquoutiliser de telles cellules d de deacutevelopper un partheacutenote de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun partheacutenote ou drsquoutiliser de telles cellules e drsquoimporter ou drsquoexporter un embryon au sens des let a ou b un clone une chimegravere un hybride ou un partheacutenote

Un projet de recherche utilisant des cellules souches embryonnaires ne peut ecirctre meneacute que si la commission drsquoeacutethique compeacutetente a donneacute un avis favorable et aux conditions suivantes

a le projet a pour but drsquoobtenir des connaissances essentielles 1 visant agrave constater traiter ou preacutevenir des maladies humaines graves ou 2 portant sur la biologie du deacuteveloppement de lrsquoecirctre humain

b des connaissances drsquoeacutegale valeur ne peuvent ecirctre obtenues drsquoaucune autre maniegravere c le projet satisfait aux exigences de qualiteacute scientifiques d le projet est acceptable au plan eacutethique

Il srsquoavegravere ainsi que lrsquoexigence de lrsquoarticle 12 lit a ch 1 preacuteciteacute eacutecarte ou du moins rend particuliegraverement difficile la possibiliteacute drsquoutiliser des cellules souches embryonnaires pour faire de la recherche agrave des fins de deacuteveloppement humain artificiel

v) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement et prochainement soumis au peuple et aux cantons attribue agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la recherche sur lrsquoecirctre humain Le Conseil feacutedeacuteral a alors approuveacute et transmis agrave lrsquoassembleacutee feacutedeacuterale un projet de loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain (abreacutegeacute LRH) et le message y relatif104 Ce projet de loi vise agrave proteacuteger la digniteacute la personnaliteacute et la santeacute de lrsquoecirctre humain dans la recherche105 Il eacutetablit plusieurs regravegles geacuteneacuterales applicables agrave drsquoeacuteventuelles recherches visant le deacuteveloppement et lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain Mentionnons drsquoembleacutee que les projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus sans rapport avec une maladie sont illicites106 Cette regravegle est un simple rappel de la norme constitutionnelle poseacutee agrave lrsquoart 119 Cst107 Le message dans le commentaire de lrsquoart 24 du projet de loi tranche clairement la question de la pertinence et de lrsquoutiliteacute de recherches visant lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain par des modifications geacuteneacutetiques de fœtus ou drsquoembryons laquo La reacutealisation drsquoun projet de recherche qui a pour but de modifier les caracteacuteristiques du fœtus sans rapport avec une maladie est interdite en vertu de la 104 Les analyses ci-dessous sont fondeacutees sur les versions provisoires du projet et du message du 21 octobre 2009 105 Art 1 al 1 LRH 106 Art 24 LRH 107 Voir ci-dessus p 15

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preacutesente disposition Sont prohibeacutes drsquoune part les projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain Il srsquoagit ici de projets qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement Ces tentatives font depuis quelque temps lrsquoobjet de discussion sous la deacutesignation laquohuman enhancementraquo (meacutedecine meacuteliorative) Sont prohibeacutes drsquoautre part les projets de recherche ayant pour finaliteacute de modifier ou drsquoameacuteliorer des caracteacuteristiques humaines sans rapport direct avec la santeacute de la personne p ex lrsquoorientation sexuelle certains traits de caractegravere ou des particulariteacutes physiques comme la couleur des yeux Seuls sont autoriseacutes les projets de recherche qui ont pour but de traiter des maladies ou drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie en cas drsquoinfirmiteacute ou de malformations La liceacuteiteacute drsquoun projet de recherche doit ecirctre examineacutee concregravetement au cas par cas raquo108 De faccedilon geacuteneacuterale lrsquoart 5 pose le principe que la recherche sur lrsquoecirctre humain peut ecirctre pratiqueacutee uniquement si sa pertinence est eacutetablie pour la science ainsi que pour la compreacutehension des maladies humaines pour la compreacutehension de la structure et du fonctionnement du corps humain ou pour la santeacute publique Cette disposition reprend la regravegle consacreacutee par la Convention sur les droits de lrsquoHomme et la Biomeacutedecine du Conseil de lrsquoEurope109 et dans la leacutegislation suisse actuelle Il est particuliegraverement douteux que des projets de recherche visant uniquement une ameacutelioration de lrsquoecirctre humain remplissent cette condition Drsquoailleurs le message preacutecise que laquo [n]e seraient ainsi p ex pas autoriseacutes les projets de recherche visant agrave restreindre la libre opinion des personnes de maniegravere cibleacutee raquo110 En toute logique on peut deacuteduire de cet exemple que ce critegravere de pertinence exclu a priori la recherche en vue de modifications de la morale de personnes deacutetermineacutees Enfin mentionnons qursquoune autorisation de la commission drsquoeacutethique du canton dans lequel la recherche est proposeacutee est obligatoire pour la reacutealisation drsquoun projet de recherche Lrsquoautorisation est accordeacutee si les exigences eacutethiques juridiques et scientifiques de la loi sont remplies111 En autres eacuteleacutements de base que la CER devra eacutevaluer il srsquoagit de srsquoassurer que le principe de la primauteacute des inteacuterecircts de la personne sur les inteacuterecircts de la science et de la socieacuteteacute est bien respecteacute Proposer une recherche en matiegravere de dopage pourrait ainsi drsquoembleacutee en contradiction avec cette exigence agrave moins de deacutemontrer que la personne concerneacutee va effectivement beacuteneacuteficier de cette recherche sans risque drsquoinstrumentalisation Les arguments eacutevoqueacutees plus haut en matiegravere drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine en droit du travail gardent ici toute leur pertinence

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions

i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)

Les professions de meacutedecin dentiste pharmacien et chiropraticien sont reacuteglementeacutees par le droit feacutedeacuteral en vertu de lrsquoattribution de compeacutetence de lrsquoart 95

108 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 109 Voir lrsquoart 4 de la Convention httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml164htm et surtout le Protocole additionnel agrave la Convention sur les Droits de lHomme et la biomeacutedecine relatif agrave la recherche biomeacutedicale httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml195htm 110 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 54 111 Art 44 agrave 46 LRH

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Cst feacuted112 qui permet agrave la confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoexercice des activiteacutes eacuteconomiques lucratives priveacutees Ces professions sont reacuteglementeacutees par la loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) qui fixe les conditions de formation permettant drsquoacceacuteder agrave ces professions et les regravegles drsquoexercice des professions meacutedicales universitaires Lrsquoart 4 LPMeacuted pose les objectifs de la formation universitaire En substance il srsquoagit de srsquoassurer que les professionnels concerneacutes seront en mesure de preacutevenir diagnostiquer et gueacuterir les troubles de la santeacute soulager les souffrances promouvoir la santeacute et fabriquer remettre ou distribuer des meacutedicaments En font eacutegalement partie le fait de pouvoir prodiguer aux patients des soins individuels complets et de qualiteacute (let a) de traiter les problegravemes en recourant agrave des meacutethodes reconnues scientifiquement en prenant en consideacuteration les aspects eacutethiques et eacuteconomiques (let b) et drsquoassumer leurs responsabiliteacutes dans le domaine de la santeacute et au sein de la collectiviteacute de maniegravere conforme aux speacutecificiteacutes de leur profession (let d) De faccedilon geacuteneacuterale en plus des soins et theacuterapies laquo [s]ie muumlssen aber auch die Faumlhigkeit haben aufzuzeigen wie Menschen und Tiere nicht nur die Krankheit verhindern sondern vor allem ihre Gesundheit foumlrdern und staumlrken koumlnnen raquo113 Les art 6 et 7 mentionnent les compeacutetences geacuteneacuterales que doivent posseacuteder les personnes ayant termineacute les filiegraveres drsquoeacutetude concerneacutees Citons les eacuteleacutements suivants de lrsquoart 6 al 1 LPMeacuted disposer des bases scientifiques neacutecessaires pour prendre des mesures preacuteventives diagnostiques theacuterapeutiques palliatives et de reacutehabilitation (let a) savoir reconnaicirctre et eacutevaluer les facteurs de maintien de la santeacute et en tenir compte dans leur activiteacute professionnelle (let c) ecirctre capables de deacuteterminer si les prestations qursquoils fournissent sont efficaces adeacutequates et eacuteconomiques et savoir se comporter en conseacutequence (let h) Lrsquoart 8 LPMeacuted pose les objectifs speacutecifiques de formation que doivent atteindre les personnes ayant termineacute leurs eacutetudes de meacutedecine humaine de meacutedecine dentaire ou de chiropratique Parmi ceux-ci on peut citer le fait drsquoecirctre capables de prescrire les meacutedicaments de faccedilon professionnelle respectueuse de lrsquoenvironnement et eacuteconomique (let c) drsquoœuvrer en faveur de la santeacute humaine en donnant des conseils et en prenant les mesures de preacutevention et de promotion neacutecessaires dans leur champ drsquoactiviteacute professionnel (let h) et de respecter la digniteacute et lrsquoautonomie des personnes concerneacutees connaicirctre les principes de base de lrsquoeacutethique ecirctre familiariseacutees avec les diffeacuterents problegravemes eacutethiques qui se posent dans leur profession et se laisser guider dans leurs activiteacutes professionnelle et scientifique par des principes eacutethiques visant le bien des ecirctres humains (let i) Lrsquoart 40 LPMeacuted deacutefinit les devoirs professionnels que doivent observer les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant Ces devoirs sont les suivants

a exercer leur activiteacute avec soin et conscience professionnelle et respecter les limites des compeacutetences qursquoelles ont acquises dans le cadre de leur formation universitaire de leur formation postgrade et de leur formation continue

112 Voir eacutegalement les art 63a et 118 Cst feacuted 113 THOMAS FLEINER com ad art 4 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire p 101

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b approfondir deacutevelopper et ameacuteliorer leurs connaissances aptitudes et capaciteacutes professionnelles par une formation continue c garantir les droits du patient d srsquoabstenir de toute publiciteacute qui nrsquoest pas objective et qui ne reacutepond pas agrave lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral cette publiciteacute ne doit en outre ni induire en erreur ni importuner e deacutefendre dans leur collaboration avec drsquoautres professions de la santeacute exclusivement les inteacuterecircts des patients indeacutependamment des avantages financiers f observer le secret professionnel conformeacutement aux dispositions applicables

g precircter assistance en cas drsquourgence et participer aux services drsquourgence conformeacutement aux dispositions cantonales

h conclure une assurance responsabiliteacute civile professionnelle offrant une couverture adapteacutee agrave la nature et agrave lrsquoeacutetendue des risques lieacutes agrave leur activiteacute ou fournir des sucircreteacutes eacutequivalentes

Les devoirs professionnels114 de la LPMeacuted concreacutetisent le but de la loi en garantissant la qualiteacute des soins meacutedicaux par le biais drsquoune surveillance effective des professionnels viseacutes Ce rapide survol des compeacutetences reconnues aux meacutedecins ainsi que des responsabiliteacutes qui sont les leur met en lumiegravere lrsquoimportance de respecter drsquoune part les regravegles de lrsquoart agrave savoir les laquoprincipes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo (ATF 108 II 5961) et drsquoautre part les droits et la digniteacute des patients Afin drsquoappreacutecier la reacuteception de nouvelles pratiques de deacuteveloppement humain artificiel dans la meacutedecine il convient donc drsquoeacutevaluer si ces pratiques peuvent ecirctre consideacutereacutees comme conforme aux regravegles de lrsquoart Cette question relegraveve principalement des compeacutetences et de lrsquoeacutethique professionnelles On notera qursquoun meacutedecin qui srsquoeacutecarte des regravegles de lrsquoart peut ecirctre tenu pour responsable vis-agrave-vis du patient indeacutependamment du consentement de ce dernier En effet le consentement est certes le motif justificatif par excellence de la violation des droits de la personnaliteacute qursquoimplique tout acte meacutedical et partant absolument neacutecessaire Il ne srsquoagit cependant pas drsquoune condition suffisante Encore faut-il que ce agrave quoi consent le patient soit admissible sous lrsquoangle de lrsquoart 27 al 2 CC autrement dit nrsquoest pas contraire aux mœurs ou agrave lrsquoordre juridique notions qui recoupent partiellement celle de laquo regravegles de lrsquoart raquo La question ne peut se reacutesoudre que dans un cas concret A priori il existe cependant quelques reacuteticences agrave inclure ces nouvelles pratiques dans lrsquoeacutethos professionnel Le meacutedecin concerneacute se trouve ainsi agrave assumer un lourd 114 Selon SPRUMONT ET AL les devoirs professionnels laquo sont des normes de comportement devant ecirctre suivies par toutes les personnes exerccedilant une mecircme profession raquo DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 385

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fardeau de la preuve par laquelle il devrait deacutemontrer la pertinence de son acte sous lrsquoangle tant meacutedico-scientifique que eacutethique Nous reviendrons sur cette question dans la section sur les produits theacuterapeutiques On ne peut toutefois ignorer la tendance geacuteneacuterale vers les pratiques de bien-ecirctre ou laquo wellness raquo comme cela se dit souvent Ce mouvement nrsquoest pas limiteacute au seul domaine meacutedical Drsquoautres professionnels de la santeacute eacutelargissent aujourdrsquohui leur champ drsquointervention dans des domaines qui ne relegravevent pas strictement du theacuterapeutique ou du prophylactique On peut mentionner eacutegalement les professions lieacutees agrave lrsquoestheacutetique agrave la cosmeacutetique ou encore les tatoueurs ou les perceurs Les personnes pratiquant ces professions doivent toutefois respecter lrsquoOrdonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur les objets destineacutes agrave entrer en contact avec les muqueuses la peau ou le systegraveme pileux et capillaire et sur les bougies les allumettes les briquets et les articles de farces et attrapes115 Cette ordonnance preacutevoit des regravegles sur les mateacuteriaux et colorants utiliseacutes116 lrsquoobligation pour ces professionnels de prendre toutes les preacutecautions raisonnablement neacutecessaires afin de preacutevenir la transmission de toute infection dont fait partie lrsquoobligation drsquoutiliser du mateacuteriel steacuterile117 Le but de ces mesures est avant tout la protection de la santeacute des consommateurs Un autre point important meacuterite drsquoecirctre releveacute ces professions sont expresseacutement exclues de la liste des professions de la santeacute usuellement soumises agrave autorisation de pratique en droit cantonal sans parler des professions de la santeacute qui relegravevent du droit feacutedeacuteral (professions meacutedicales universitaires psychologues etc) Il ne srsquoagit donc pas de tomber dans la confusion lorsque des professionnels de la santeacute stricto sensu envahissent le champ de lrsquoestheacutetisme et de la cosmeacutetique Cela ne signifie pas neacutecessairement un changement de nature dans ces activiteacutes qui acquerraient ainsi un statut meacutedico-scientifique Comme pour les meacutedecins compleacutementaires dans les cantons romands il srsquoagit plutocirct drsquoune forme de toleacuterance de ces pratiques par les autoriteacutes tant que la santeacute publique est preacuteserveacutee et qursquoil nrsquoy a pas de confusion pour les patients entre ce qui se rapporte aux soins et ce qui relegraveve plutocirct du bien-ecirctre On notera que la deacuterive des professionnels de la santeacute dans des activiteacutes ougrave le marcheacute est en forte croissance soulegraveve un problegraveme reacuteel dans la situation actuelle de quasi peacutenurie de professionnels qualifieacutes Alors que le nombre de meacutedecins ou drsquoinfirmiers formeacutes en Suisse reste insuffisant pour maintenir une couverture des soins de lrsquoensemble de la population le fait que de nombreux professionnels abandonnent leurs activiteacutes de base pour se consacrer agrave des tacircches qui nrsquoentrent ni dans les soins ni dans la preacutevention est tregraves preacuteoccupant118 On voit drsquoailleurs ici toute lrsquoimportance de tracer une limite preacutecise entre preacutevention et deacuteveloppement humain artificiel La premiegravere relegraveve clairement aujourdrsquohui du systegraveme de santeacute alors que le second ne semble pas y appartenir

115 OFFICE FEDERAL DE LA SANTE PUBLIQUE OFSP Uniteacute de direction Protection des consommateurs Fiche drsquoinformation Tatouages et piercings comment ne pas risquer sa peau mai 2009 p 3 116 Lrsquoart 5 al 2 de lrsquoordonnance preacutevoit que les couleurs de tatouage et les couleurs de maquillage permanent ne doivent pas mettre en danger la santeacute du consommateur 117 Art 2 agrave 8 de lrsquoOrdonnance 118 Voir lrsquoarticle agrave paraicirctre de PETER SUTER preacutesident de lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales dans les actes de la 16egraveme journeacutee de droit de la santeacute octobre 2009 Neuchacirctel

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d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires

i) Seacutecuriteacute des produits

La nouvelle loi sur la seacutecuriteacute des produits du 12 juin 2009 (LSPro) remplace et abroge119 la loi feacutedeacuterale du 19 mars 1976 sur la seacutecuriteacute drsquoinstallations et drsquoappareils techniques (LSIT) Elle vise agrave assurer la seacutecuriteacute des produits mis sur le marcheacute120 en geacuteneacuteral (un produit au sens de cette loi eacutetant tout bien meuble precirct agrave lrsquoemploi mecircme srsquoil est incorporeacute agrave un autre bien meuble ou immeuble) dans la mesure ougrave le droit feacutedeacuteral ne contient pas drsquoautres dispositions visant le mecircme but Elle srsquoapplique donc de faccedilon subsidiaire aux autres lois sectorielles reacuteglementant des cateacutegories de produits particuliegraveres121 A titre drsquoexemple mentionnons que les produits chimiques theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires ainsi que les objets usuels sont soumis agrave des reacuteglementations speacuteciales La LSPro pose les principes suivants

bull Peuvent ecirctre mis sur le marcheacute les produits qui preacutesentent un risque nul ou minime pour la santeacute ou la seacutecuriteacute des utilisateurs ou de tiers lorsqursquoils sont utiliseacutes dans des conditions normales ou raisonnablement preacutevisibles122

bull Lrsquoeacutetiquetage lrsquoemballage les instructions drsquoassemblage drsquoinstallation et drsquoentretien les mises en garde et consignes de seacutecuriteacute les instructions concernant lrsquoutilisation et lrsquoeacutelimination et toute autre instruction et information relatifs agrave un produit doivent ecirctre adapteacutes au risque speacutecifique lieacute audit produit123

bull La mise sur le marcheacute drsquoun produit nrsquoest pas soumise agrave une autorisation administrative mais agrave des controcircles ougrave le responsable de la mise sur le marcheacute doit apporter la preuve que le produit respecte les exigences en matiegravere de seacutecuriteacute et de santeacute124

bull Le responsable de la mise sur le marcheacute doit adopter des mesures pour ecirctre informeacute et preacutevenir les risques que peuvent preacutesenter un produit et en garantir la traccedilabiliteacute

Ces regravegles geacuteneacuterales doivent ecirctre respecteacutees pour la mise sur le marcheacute suisse de tout produit nrsquoeacutetant pas soumis agrave des regravegles speacuteciales plus strictes Concernant le deacuteveloppement humain elles ont donc vocation agrave srsquoappliquer agrave tout produit (au sens de bien meuble mentionneacute ci-dessus) nrsquoeacutetant pas soumis agrave une loi speacuteciale La plupart des produits et substances utilisables dans un but de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont soumis agrave des regravegles plus strictes en particulier la loi sur les produits theacuterapeutiques et la loi sur les denreacutees alimentaires

119 Art 20 LSPro 120 Lrsquoart 2 al 3 LSPro contient une deacutefinition tregraves large de la mise sur la marcheacute qui comprend toute remise drsquoun produit agrave titre oneacutereux ou gratuit que ce produit soit neuf drsquooccasion reconditionneacute ou profondeacutement modifieacute ainsi que lrsquousage en propre drsquoun produit agrave des fins commerciales ou professionnelles lrsquoutilisation drsquoun produit dans le cadre drsquoune prestation de services la mise agrave la disposition de tiers drsquoun produit et lrsquooffre drsquoun produit 121 Message LSPro FF 2008 6771 p 6791 122 Art 3 al 1 LSPro 123 Art 3 al 4 LSPro 124 Art 5 LSPro Voir Message LSPro FF 2008 6771 p 6803 s

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ii) Meacutedicaments

La loi sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux (loi sur les produits theacuterapeutiques LPTh) a pour but en geacuteneacuteral de proteacuteger la santeacute de lrsquoecirctre humain et des animaux et vise agrave garantir la mise sur le marcheacute de produits theacuterapeutiques de qualiteacute sucircrs et efficaces En particulier elle vise agrave ce que les produits theacuterapeutiques mis sur le marcheacute soient utiliseacutes conformeacutement agrave leur destination et avec modeacuteration125 Lrsquoart 4 LPTh deacutefinit les meacutedicaments comme laquo les produits drsquoorigine chimique ou biologique destineacutes agrave agir meacutedicalement sur lrsquoorganisme humain ou animal ou preacutesenteacutes comme tels et servant notamment agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps le sang et les produits sanguins sont consideacutereacutes comme des meacutedicaments raquo Pour accomplir les buts de la loi la LPTh eacutetablit un reacutegime drsquoautorisations La fabrication la mise sur le marcheacute suisse lrsquoimportation lrsquoexportation la vente en gros et de deacutetails de meacutedicaments ne sont possible que si lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (Swissmedic)126 a deacutelivreacute une autorisation drsquoexploitation agrave lrsquoentreprise requeacuterante Pour qursquoune autorisation de mise sur le marcheacute soit deacutelivreacutee le requeacuterant doit a apporter la preuve que le meacutedicament ou le proceacutedeacute est de qualiteacute sucircr et efficace b ecirctre titulaire drsquoune autorisation de fabriquer drsquoimporter ou de faire le commerce de gros deacutelivreacutee par lrsquoautoriteacute compeacutetente c avoir son domicile ou son siegravege social en Suisse ou y avoir fondeacute une filiale Notons que les art 23 ss de la LPTh classent les meacutedicaments dans cinq listes diffeacuterentes (A) les meacutedicaments sous ordonnance non-renouvelable vendus en pharmacie (B) les meacutedicaments sous ordonnance vendus en pharmacien (C) les meacutedicaments vendus en pharmacies (D) les meacutedicaments vendus en drogueries et (E) les meacutedicaments en vente libre La diffeacuterence entre les meacutedicaments en vente libre et ceux vendus sans ordonnance est que ces derniers ne peuvent ecirctre remis agrave un consommateur que par un professionnel formeacute et autoriseacute agrave vendre des meacutedicaments au deacutetail agrave savoir en principe un pharmacien ou un droguiste pour ceux de la liste D127 Les regravegles de base eacutetant poseacutees plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre deacuteveloppeacutes en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo

Selon le Tribunal feacutedeacuteral laquo [u]n meacutedicament ne sera pas autoriseacute sil ressort du dossier quil preacutesente un rapport beacuteneacutefice-risque neacutegatif lors de lusage auquel il est 125 Art 1 LPTh 126 Lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (swissmedic) est lrsquoautoriteacute suisse de controcircle et drsquoautorisation des produits theacuterapeutiques voir wwwswissmedicch 127 Art 24 et 30 LPTh

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destineacute sil na pas lefficaciteacute theacuterapeutique voulue ou si celle-ci nest pas suffisamment prouveacutee ou encore si sa composition ne correspond pas agrave celle qui est indiqueacutee (message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux du 1er mars 1999 FF 1999 3151 ss 3193) raquo128 Dans le mecircme arrecirct il est encore mentionneacute ce qui suit laquo Il ressort du systegraveme dautorisation de mise sur le marcheacute dun meacutedicament que ladmission de celui-ci se rapporte toujours agrave des indications meacutedicales preacutecises Lexigence dun lien entre le meacutedicament et une application concregravete et deacutetermineacutee de celui-ci est inheacuterente au systegraveme de lautorisation puisquun meacutedicament est par deacutefinition destineacute agrave agir meacutedicalement sur lorganisme humain et sert agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps (art 4 al 1 let a LPTh) En plus de la qualiteacute du meacutedicament une autre des conditions de lautorisation est lefficaciteacute du produit theacuterapeutique (art 10 al 1 let a LPTh) soit sa capaciteacute agrave atteindre le reacutesultat theacuterapeutique viseacute par rapport agrave une maladie deacutetermineacutee La mise sur le marcheacute dun meacutedicament nest donc autoriseacutee quen relation avec les maladies pour le diagnostic la preacutevention ou le traitement desquelles le requeacuterant a apporteacute la preuve que le meacutedicament eacutetait efficace Si le requeacuterant entend par la suite eacutetendre le champ dapplication du meacutedicament au beacuteneacutefice dune autorisation agrave dautres indications il doit en faire la demande Les indications pour lesquelles le meacutedicament a eacuteteacute autoriseacute sont mentionneacutees dans la notice destineacutee aux professions meacutedicales et approuveacutee par Swissmedic Elles font eacutegalement lobjet du preacuteavis deacutelivreacute par Swissmedic preacutecisant lautorisation que cet institut entend donner ainsi que les indications et les dosages qui seront autoriseacutes La notice et le preacuteavis font partie des documents qui doivent par la suite ecirctre preacutesenteacutes agrave lOFAS avec la demande dadmission du meacutedicament dans la liste des speacutecialiteacutes (art 30a al 1 let a et b OPAS) raquo129 On peut deacuteduire de cet arrecirct et drsquoautres plus reacutecents130 qursquoune mise sur le marcheacute de meacutedicaments dans un but autre que theacuterapeutique (p ex de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo) devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic Un meacutedicament devant servir agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps ne peut ecirctre autoriseacute qursquoen relation avec une atteinte agrave la santeacute Le message concernant la LPTh conforte cette interpreacutetation pour plusieurs raisons Premiegraverement elle vise agrave restreindre lrsquoutilisation agrave des fins de dopage131 deuxiegravemement un meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute srsquoil preacutesente un rapport beacuteneacutefice risque neacutegatif Un produit ayant pour but une ameacutelioration cognitive physique ou autre preacutesente un beacuteneacutefice contestable concernant la santeacute srsquoil nrsquoa pas drsquoutiliteacute theacuterapeutique srsquoil preacutesente en plus des risques sa mise sur le marcheacute doit ecirctre refuseacutee Etant donneacute que la plupart des substances pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo pour des personnes en santeacute ont des fonctions theacuterapeutiques pour les personnes atteintes de maladies le critegravere de la mise sur le marcheacute est selon nous moins pertinent pour deacuteterminer les limites leacutegales des possibiliteacutes de deacuteveloppement humain artificiel que celui de lrsquousage hors eacutetiquette traiteacute ci-dessous

128 Tribunal feacutedeacuteral des assurances K10303 Arrecirct du 14 septembre 2004 et ATF 130 (2004) V p 532-546 p 537 129 ATF 130 (2004) V p 532-546 p 538 130 Notamment ATF 134 V 83 131 V 349 et 133 V 239 131 Message LPTh FF 1999 3151 p 3171

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(2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance Selon lrsquoart 26 LPTh Les regravegles reconnues des sciences pharmaceutiques et meacutedicales doivent ecirctre respecteacutees lors de la prescription et de la remise de meacutedicaments Le Message LPTh explique qursquolaquo [i]mplicitement cette prescription interdit la prescription et la remise abusives de meacutedicaments raquo132 Si une prescription abusive est interdite les meacutedecins disposent de la liberteacute theacuterapeutique en drsquoautres termes du libre choix de la theacuterapie agrave utiliser dans une situation donneacutee Lorsqursquoun meacutedicament est autoriseacute par Swissmedic lrsquoautorisation est accompagneacutee drsquoune laquo information professionnelle raquo133 contenant les indications et la posologie On parle alors drsquousage hors eacutetiquette en cas de prescription drsquoun meacutedicament par un meacutedecin deacuterogeant agrave cette information professionnelle autrement dit en cas drsquolaquo Einsatz eines Arzneimittels ausserhalb der registrierten Indikation in anderer Dosierung oder bei anderen Patientengruppen (off label) raquo134 En geacuteneacuteral la prescription hors eacutetiquette est admise et fait partie de la liberteacute theacuterapeutique du meacutedecin Elle est mecircme courante dans certaines disciplines comme la peacutediatrie la gyneacutecologie lrsquooncologie ou la geacuteriatrie135 Le deacuteveloppement de cette pratique est ducirc agrave plusieurs facteurs dont le fait que des meacutedicaments nrsquoont pas eacuteteacute autoriseacutee ni testeacutes sur des groupes de patients donneacutes et le fait que dans divers cas lrsquoinformation professionnelle est deacutepasseacutee et que lrsquoindustrie pharmaceutique ne la fait pas enregistrer pour les nouvelles applications scientifiquement attesteacutees136 Parallegravelement agrave lrsquolaquo usage hors eacutetiquette (off label use) raquo on parle de laquo unlicensed use raquo lorsqursquoun meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute en Suisse laquo Dans ce cas le meacutedecin peut prescrire un meacutedicament sans autorisation particuliegravere pour autant que celui-ci ait eacuteteacute admis par un pays dont lrsquoautorisation est reconnue comme eacutequivalente agrave celles deacutelivreacutees en Suisse (pex UE ou USA) Si tel nrsquoest pas le cas le meacutedecin doit obtenir une autorisation speacuteciale de Swissmedic Pour pouvoir importer un tel meacutedicament le meacutedecin ou lrsquohocircpital aura en outre besoin drsquoune autorisation du canton raquo137 Le corollaire de lrsquoadmission de lrsquousage non autoriseacute et de lrsquousage hors eacutetiquette se trouve dans la responsabiliteacute du meacutedecin La responsabiliteacute civile des meacutedecins indeacutependants comme de toutes les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant est fondeacutee sur le

132 Message LPTh FF 1999 3178 p 3209 133 Art 13 et annexe 4 Ordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les exigences relatives agrave lrsquoautorisation de mise sur le marcheacute des meacutedicaments 134 Mitteilung Arzneimittelpolitik FMH in Bulletin des meacutedecins suisses 2004 85 Nr 28 1485 Pour AYER laquo le meacutedicament qui figure dans la liste des speacutecialiteacutes mais qui est utiliseacute pour des indications qui ne figurent pas dans lrsquoautorisation de Swissmedic est qualifieacute de laquo hors eacutetiquette raquo raquo ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 135 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 18 ss 136 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 19 s 137 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20

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code des obligations plus preacuteciseacutement sur le contrat de mandat138 Pour que la responsabiliteacute contractuelle du meacutedecin soit engageacutee il faut donc une violation du contrat impliquant une faute ou une neacutegligence et un rapport de causaliteacute entre la violation du contrat et le dommage pour que le dommage subi par le patient soit imputeacute au meacutedecin En matiegravere meacutedicale la violation du contrat se traduit par une violation du devoir de diligence du meacutedecin crsquoest-agrave-dire une violation des regravegles de lrsquoart Les regravegles de lrsquoart se deacutefinissent comme laquo les principes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo139 En conseacutequence une faute de diagnostic ou de traitement peut geacuteneacuterer la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin si elle constitue une inobservation drsquoune des regravegles de lrsquoart140 En cas de prescription hors eacutetiquette le meacutedecin est responsable de la deacuterogation En cas de complication il doit donc pouvoir justifier que lrsquoutilisation faite du meacutedicament correspondait agrave lrsquoeacutetat actuel de la science141 La responsabiliteacute peacutenale du meacutedecin en cas drsquousage non conforme drsquoun meacutedicament par exemple est donneacutee lorsqursquoil reacutealise une infraction en geacuteneacuteral une infraction contre la vie ou lrsquointeacutegriteacute corporelle Le TF a eu lrsquooccasion de trancher cette question dans deux arrecircts reacutecents142 Le premier concerne un oncologue bacirclois ayant traiteacute des patients avec un meacutedicament non autoriseacute par Swissmedic143 Ce praticien expeacuterimenteacute administrait agrave ses patients les plus atteints du laquo Lipoteichonsaumlure (LTA) raquo Les autoriteacutes bacircloises lui ont alors interdit lrsquousage de cette substance Sur demande de certains patients le praticien a eacuteteacute autoriseacute agrave des conditions strictes agrave utiliser ce meacutedicament dans le cadre drsquoune laquo compassionate use raquo Par la suite le meacutedecin srsquoest agrave nouveau vu interdire lrsquoutilisation du LTA au motif qursquoil nrsquoavait pas respecteacute ses engagements preacuteceacutedents Devant le Tribunal feacutedeacuteral srsquoest poseacutee la question de savoir si lrsquooncologue incrimineacute avait mis en danger la vie de ses patients au sens de lrsquoart 127 CP Le tribunal a consideacutereacute qursquoen lrsquoespegravece lrsquoon ne pouvait retenir de volonteacute du praticien de mettre en danger ses patients Il a donc eacuteteacute acquitteacute Le deuxiegraveme cas est celui drsquoun meacutedecin zurichois accuseacute drsquohomicide par neacutegligence suite au deacutecegraves drsquoune patiente agrave qui il avait prescrit un meacutedicament dans un dosage exceacutedant la quantiteacute geacuteneacuteralement admissible144 La question srsquoest alors poseacutee de savoir si la mort de la patiente eacutetait due agrave une violation des regravegles de lrsquoart qui en lrsquoespegravece serait constitueacutee par lrsquoutilisation drsquoune dose non conforme A ce propos le TF a retenu que laquo [a]ufgrund fruumlherer Studien ist das Bundesgericht jedoch zum Schluss gekommen dass diese Dosierung einer gaumlngigen Therapieform und damit 138 Art 394 ss CO DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 408 s En cas de leacutesion commise par un meacutedecin par exemple un concours entre la responsabiliteacute contractuelle et deacutelictuelle est possible voir OLIVIER GUILLOD CHRISTOPHE RAPIN La responsabiliteacute rapport suisse in La responsabiliteacute aspects nouveaux (journeacutees panameacuteennes) Paris 2003 p 375-403 p 376 139 ATF 108 II 59 61 140 Idem 141 Acadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales et la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) (eacuted) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20 142 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss 143 ATF 6B_402008 144 ATF 6B_6462007

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dem aktuellen Stand der Medizin entsprach An die Aufklaumlrungs- und Risikoabwaumlgungspflichten waren deshalb keine besonders strengen Anforderungen zu stellen raquo145 Mecircme si ces deux exemples ne traitent pas de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ils tendent agrave montrer que la liberteacute theacuterapeutique des personnes exerccedilant des professions meacutedicales universitaires est tregraves eacutetendue et permet une utilisation de meacutedicaments plus large que celle autoriseacutee Faut-il en deacuteduire que les meacutedecins disposent drsquoune large liberteacute de prescrire des meacutedicaments agrave des fins autres qursquoune theacuterapie Une reacuteponse neacutegative srsquoimpose en effet pour plusieurs raisons Premiegraverement le meacutedecin devant respecter les regravegles de lrsquoart pour ne pas devoir engager sa responsabiliteacute en cas de dommage des preuves scientifiques sont neacutecessaires pour pouvoir utiliser un meacutedicament hors eacutetiquette Mais pour que de telles preuves existent il faut que des recherches aient eacuteteacute meneacutees Comme vu ci-dessus il est douteux que des recherches puissent ecirctre meneacutees avec les risques qursquoelles comportent pour les sujets de recherche alors que les beacuteneacutefices escompteacutes nrsquoauront aucun but theacuterapeutique ou de santeacute publique En conseacutequence lrsquousage hors eacutetiquette de meacutedicaments agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne sera en toute logique pas autoriseacute principalement au motif que les recherches neacutecessaires pour arriver au niveau de seacutecuriteacute exigeacute par le droit suisse ne rentrent pas dans les conditions permettant leur mise en œuvre (critegravere de la pertinence et adeacutequation entre risque potentiel et beacuteneacutefice escompteacute) Deuxiegravemement le meacutedecin devra suffisamment informer le patient pour qursquoil puisse consentir au traitement en connaissance de cause Si les beacuteneacutefices drsquoun meacutedicament ne sont pas suffisamment deacutemontreacutes scientifiquement dans une situation donneacutee lrsquoincertitude doit mener agrave la prudence pour le patient et surtout pour le meacutedecin dans les conseils qursquoil prodigue au vu lrsquoengagement de sa responsabiliteacute Les conseacutequences envisageables de meacutedicaments soumis agrave ordonnance sur la santeacute et les conseacutequences patrimoniales pour le patient (les conditions de remboursement drsquoun meacutedicament prescrit hors eacutetiquette eacutetant strictes146) doivent reacuteguler des utilisations trop laquo fantaisistes raquo de meacutedicaments Troisiegravemement le principe drsquoeacuteconomie mentionneacute agrave lrsquoart 6 al 1 let h LPMeacuted et dans drsquoautres lois pose une restriction de principe agrave la fourniture de prestations qui ne sont pas efficaces adeacutequates et eacuteconomiques

(3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)

La LPTh limite les possibiliteacutes de faire de la publiciteacute pour les meacutedicaments147 Son article 31 pose le principe que la publiciteacute destineacutee au public ne peut ecirctre faite que pour des meacutedicaments non soumis agrave ordonnance Une publiciteacute pour les autres meacutedicaments ne peut ecirctre adresseacutee qursquoaux personnes autoriseacutees agrave prescrire et 145 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1215 146 Voir ci-dessous p 42 147 Selon lrsquoart 2 al 1 OPMed la publiciteacute se deacutefinit comme laquo toute forme drsquoinformation de prospection ou drsquoincitation qui vise agrave encourager la prescription la remise la vente la consommation ou lrsquoutilisation de meacutedicaments raquo

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remettre des meacutedicaments148 Lrsquoart 32 LPTh pose encore des conditions strictes dans lesquelles les publiciteacutes pour meacutedicaments sont autoriseacutees Suivant cette disposition est illicite a la publiciteacute trompeuse ou contraire agrave lrsquoordre public et aux bonnes moeurs b la publiciteacute pouvant inciter agrave un usage excessif abusif ou inapproprieacute de meacutedicaments c la publiciteacute pour les meacutedicaments qui ne peuvent ecirctre mis sur le marcheacute en Suisse Est illicite la publiciteacute destineacutee au public pour les meacutedicaments a qui ne peuvent ecirctre remis que sur ordonnance b qui contiennent des stupeacutefiants ou des substances psychotropes viseacutes par la loi du 3 octobre 1951 sur les stupeacutefiants1 c qui du fait de leur composition et de lrsquousage auquel ils sont destineacutes ne peuvent ecirctre utiliseacutes pour le diagnostic la prescription ni le traitement correspondant sans lrsquointervention drsquoun meacutedecin d qui font freacutequemment lrsquoobjet drsquoun usage abusif ou qui peuvent engendrer une accoutumance ou une deacutependance Selon le TF laquo [l]a publiciteacute destineacutee aux professionnels (publiciteacute pour des produits theacuterapeutiques adresseacutee aux personnes qui les remettent ou les prescrivent) ne doit pas inciter agrave un emploi abusif ou inapproprieacute des produits theacuterapeutiques Une autorisation de publiciteacute pour des applications qui ne sont pas autoriseacutees sous langle du droit des produits theacuterapeutiques serait contraire aux principes de la protection de la santeacute et de celle des consommateurs ainsi quau principe de lutilisation modeacutereacutee des produits theacuterapeutiques raquo149 Lrsquoordonnance sur la publiciteacute pour les meacutedicaments ajoute entre autres les eacuteleacutements suivants

bull la publiciteacute tant destineacutee aux professionnels qursquoau public doit se limiter aux indications et aux possibiliteacutes drsquoemploi reconnues par lrsquoinstitut (art 5 al 1 et 16 al 1 OPMeacuted)

bull La publiciteacute destineacutee au public doit preacutesenter le meacutedicament de faccedilon veacuteridique et sans exageacuteration que ce soit par lrsquoimage le son ou la parole (art 16 al 2 OPMeacuted)

bull la publiciteacute destineacutee au public pour des indications ou des possibiliteacutes drsquoemploi neacutecessitant un diagnostic ou un traitement meacutedical ou veacuteteacuterinaire est illicite (art 21 al 1 OPMeacuted)

bull les eacuteleacutements qui suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre ameacutelioreacute par lrsquoutilisation du meacutedicament sont interdits (art 22 let d OPMeacuted)

bull suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre affecteacute par la non-utilisation du meacutedicament (art 22 let e OPMeacuted)

148 Les personnes autoriseacutees agrave remettre des meacutedicaments sont eacutenumeacutereacutees aux art 24 ss LPTh Lrsquoart 3 OPMeacuted preacutecise que cette disposition les meacutedecins dentistes veacuteteacuterinaires pharmaciens et droguistes 149 Topamax Bundesgericht vom 1 Oktober 2008 Unzulaumlssige Bewerbung nicht genehmigter Arzneimittelanwendungen II oumlffentlichrechtliche Abteilung Abweisung der Beschwerde Akten-Nr 2C9320088 in sic 2009 p 93 ss p 93

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Les deux derniers eacuteleacutements mentionneacutes sont clairs toute publiciteacute pour des meacutedicaments pour un usage de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est interdite en Suisse

(4) Interdiction du dopage Lrsquoentreacutee en vigueur de la LPTh srsquoest accompagneacutee drsquoune modification de la Loi encourageant la gymnastique et les sports150 par lrsquoadjonction drsquoun nouveau chapitre Vb sur les mesures contre le dopage (art 11b agrave 11f) En particulier lrsquoart 11d interdit laquo a de fabriquer drsquoimporter drsquoacqueacuterir pour des tiers de distribuer de prescrire et de remettre des produits destineacutes au dopage b drsquoappliquer des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Eleacutement important lrsquoart 11f introduit des sanctions peacutenales pour toute personne qui contribue au dopage en particulier qui laquo fabrique importe acquiert pour des tiers distribue prescrit ou remet des produits dopants ou applique des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Cette disposition vise directement les professionnels de la santeacute qui pourraient participer agrave des activiteacutes dopantes Ces dispositions leacutegales sont compleacuteteacutees par deux ordonnances

bull - ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et meacutethodes de dopage (Ordonnance sur les produits dopants)

bull - ordonnance du 17 octobre 2001 sur les exigences minimales agrave respecter lors des controcircles antidopage (Ordonnance sur les controcircles antidopage)

Lrsquoart 2 de lrsquoordonnance sur les produits dopants offre la deacutefinition leacutegale du dopage agrave savoir laquo lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo On constatera que cette deacutefinition rejoint celle consacreacutee dans la Convention internationale contre le dopage dans le sport151 elle-mecircme reprenant les principes du code mondial antidopage La Suisse participe ainsi aux efforts internationaux en matiegravere de lutte contre le dopage dont la tendance est de se renforcer On notera que les objectifs de cette lutte sont multiples Il srsquoagit de garantir le fair-play dans le sport en preacuteservant ainsi lrsquoimage positive de cette activiteacute et de proteacuteger la santeacute des athlegravetes Non seulement la santeacute des sportifs qui se dopent prenant ainsi des risques seacuterieux mais eacutegalement celles des autres athlegravetes qui dans un environnement ougrave de nombreux sportifs seraient dopeacutes nrsquoauraient pas drsquoautre choix que de se doper eux-mecircmes pour maintenir leur performance Paradoxalement il nrsquoy a pas lieu de srsquoeacutetendre dans ce rapport sur la question de la lutte antidopage dans la mesure ougrave lrsquoengagement des gouvernements et des autoriteacutes semble clair De telles pratiques ne semblent pas devoir ecirctre autoriseacutees dans les anneacutees agrave venir bien au contraire Sous lrsquoangle du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo la condamnation du dopage dans le sport est largement partageacutee au niveau international La Suisse vient drsquoailleurs de se doter drsquoun organisme adhoc pour respecter ses engagements internationaux la fondation laquo Antidopage 150 RS 4150 151 RS 08121222

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Suisse raquo152 Cette fondation est en charge de mener des campagnes de preacutevention et drsquoinformation mais aussi drsquoorganiser les controcircles antidopage des sportifs concerneacutes A ce propos il convient toutefois de souligner qursquoils ne touchent que les sportifs drsquoeacutelite dans le monde amateur ou professionnel La question reste ouverte dans les autres domaines drsquoougrave lrsquoimportance des normes analyseacutees dans le reste de ce rapport qui srsquoappliquent agrave tous et pas seulement dans le milieu du sport drsquoeacutelite Il srsquoagit lagrave sans doute drsquoune des grandes faiblesses de la lutte antidopage qui srsquoexplique en partie peut-ecirctre par le fait que la prioriteacute dans ce domaine est davantage la protection de lrsquoimage du sport que la protection de la santeacute des athlegravetes153

iii) Stupeacutefiants

La loi feacutedeacuterale sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes (LStup) eacutetablit un controcircle desdites substances en Suisse154 laquo La LStup reacuteglemente lrsquousage meacutedical des substances psychotropes et interdit en mecircme temps la production le commerce la deacutetention et la consommation de drogues agrave des fins non meacutedicales raquo155 Dans la regravegle La LStup interdit sous peine de sanctions peacutenales tout usage sans droit de stupeacutefiants dont la consommation la vente la production la culture le trafic lrsquoachat etc156 De nombreux produits potentiellement utilisables dans le domaine du deacuteveloppement humain et du dopage sont des stupeacutefiants au sens de la LStup citons par exemple les ampheacutetamines meacutethampheacutetamines cocaiumlne MDMA etc157 Preacutecisons drsquoembleacutee que selon lrsquoart 1 al 1bis LStup la loi sur les produits theacuterapeutiques srsquoapplique aux stupeacutefiants utiliseacutes comme produits theacuterapeutiques sauf si elle ne preacutevoit pas de reacuteglementation ou que sa reacuteglementation est moins eacutetendue La LStup soumet la fabrication la dispensation lrsquoacquisition et lrsquoutilisation de stupeacutefiants agrave des regravegles et une proceacutedure drsquoautorisation strictes des exceptions eacutetant preacutevues pour les meacutedecins utilisant ces produits dans le cadre de leur profession En geacuteneacuteral ces actions ne sont autoriseacutees qursquoagrave des fins meacutedicales les autorisations nrsquoeacutetant remises qursquoagrave des prestataires de soins meacutedicaux ou des entreprises de lrsquoindustrie pharmaceutique158

152 httpwwwantidopingchfrindexphp 153 Cf OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 154 Sur la deacutefinition des produits stupeacutefiants voir art 1 LStup qui mentionne laquo les substances et les preacuteparations ayant des effets du type morphinique cocaiumlnique et cannabique et qui engendrent la deacutependance (toxicomanie) raquo Pour une autre deacutefinition THOMAS FINGERHUTH CHRISTOF TSCHURR BetmG Kommentar com ad Art 1 p 60 laquo Als ldquoBetaumlubungsmittelldquo iSv Art 1 BetmG koumlnnen ganz allgemein natuumlrliche oder synthetische Stoffe und Praumlparate (= Zubereitungen) bezeichnet werden deren Gebrauch eine physische undoder psychische Abhaumlngigkeit erzeugen kann raquo La liste de tous les stupeacutefiants se trouve dans lrsquoOrdonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes et ses appendices 155 SIMONE LEDERMANN FRITZ SAGER La politique suisse en matiegravere de drogue Troisiegraveme programme de mesures de la confeacutedeacuteration en vue de reacuteduire les problegravemes de drogue (ProMeDro III) 2006-2011 p 33 156 Art 19 et 19a LStup 157 Ces substances sont inclues dans la liste des stupeacutefiants de lrsquoappendice a de lrsquoordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes 158 Voir par exemple les art 4 et 8 al 5 LStup

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iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels

(1) Denreacutees alimentaires Si le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo peut impliquer lrsquousage de meacutedicaments les denreacutees alimentaires et objets usuels peuvent eacutegalement jouer un rocircle dans ce cadre En effet on voit de plus en plus drsquoaliments fonctionnels (alicaments ou laquo nutraceuticals raquo) ayant des vertus de laquo santeacute raquo voire de deacuteveloppement humain Les denreacutees alimentaires sont deacutefinies comme eacutetant les produits nutritionnels destineacutes agrave la constitution et agrave lrsquoentretien de lrsquoorganisme humain qui ne sont pas procircneacutes comme meacutedicaments En application de lrsquoart 3 al 2 LDAI le fournisseur drsquoun produit peut deacutecider srsquoil souhaite vendre son produit comme denreacutee alimentaire respectivement objet usuel ou comme meacutedicament laquo [U]ne marchandise eacutechappe au controcircle des denreacutees alimentaires lorsquelle est procircneacutee ou vendue comme un meacutedicament mecircme si de par ses autres proprieacuteteacutes elle est au fond une laquodenreacutee alimentaireraquo et consommeacutee comme telle raquo159 Cette solution est logique vu que la proceacutedure drsquoautorisation de mise sur le marcheacute drsquoun meacutedicament est plus contraignante que la mise sur le marcheacute drsquoun aliment Le Message relatif agrave la LPTh preacutecise encore que laquo [l]a proceacutedure dannonce que linstitut peut preacutevoir pour certains meacutedicaments ou certaines cateacutegories de meacutedicaments apporte encore une plus grande simplification Elle vaudra pour les produits situeacutes dans la zone grise entre les meacutedicaments et les denreacutees alimentaires comme les tisanes ou les bonbons contre la toux ou les meacutedicaments homeacuteopathiques sans indication meacutedicale et visera uniquement agrave permettre un controcircle des preacuteparations en question notamment de leur qualiteacute dans le cadre de la surveillance du marcheacute par exemple raquo160 Les questions qui se posent dans ce contexte sont celles lieacutees agrave la mise sur le marcheacute de tels produits et agrave la publiciteacute qui en est faite Rappelons que les buts fondamentaux de la LDAI sont la protection de la santeacute des consommateurs et la protection contre les tromperies en particulier en lien avec les progregraves scientifiques et lrsquoeacutevolution des marcheacutes concerneacutes La mise sur le marcheacute des denreacutees alimentaires deacutepend de la cateacutegorie dans laquelle entre le produit nutritionnel traiteacute Les denreacutees alimentaires speacutecifieacutees (dont la liste est inscrite agrave lrsquoart 4 ODAIOUs) sont admises laquo Un produit ne peut ecirctre commercialiseacute comme aliment sans autorisation de lOFSP que sil satisfait aux exigences de la leacutegislation alimentaire et sil est deacutefini dans une ordonnance speacutecifique du produit raquo161 A lrsquoinverse les denreacutees alimentaires non speacutecifieacutees sont interdites sauf autorisation individuelle de lrsquoOFSP Les critegraveres importants pour lrsquoautorisation sont la composition lrsquousage preacutevu et lrsquoeacutetiquetage du produit Lrsquoautorisation peut ecirctre soumise agrave la condition que le requeacuterant prouve que le produit demandeacute est inoffensif162 Enfin les microorganismes et substances eacutetrangegraveres doivent se trouver dans les quantiteacutes les plus faibles possibles dans les produits

159 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 160 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 161 Informations tireacutees du site de lrsquoOFSP httpwwwbagadminchthemenlebensmittel048580486204875indexhtmllang=fr 162 Art 5 et 6 OADIOUs

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nutritifs en application du principe laquo aussi peu que possible aussi souvent que neacutecessaire raquo163 Il existe une cateacutegorie particuliegravere de denreacutees alimentaires deacutesigneacutee par lrsquoexpression laquo aliments speacuteciaux raquo Les aliments speacuteciaux sont des denreacutees alimentaires destineacutees agrave une alimentation particuliegravere qui du fait de leur composition ou drsquoun proceacutedeacute de fabrication speacuteciale soit reacutepondent aux besoins nutritionnels des personnes qui pour des motifs de santeacute doivent srsquoalimenter de maniegravere diffeacuterente soit contribuent agrave produire des effets nutritionnels ou physiologiques deacutetermineacutes164 Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux mentionne les aliments suivants

bull les denreacutees alimentaires pauvres en lactose ou exemptes de lactose (art 5) bull les succeacutedaneacutes du sel comestible et les sels dieacuteteacutetiques (art 7) bull les denreacutees alimentaires pauvres en proteacuteines (art 8) bull les denreacutees alimentaires exemptes de gluten (art 9) bull les denreacutees alimentaires pouvant ecirctre consommeacutees par les diabeacutetiques

(art 13) bull les denreacutees alimentaires de substitution pour le controcircle du poids (art

16) bull les preacuteparations pour nourrissons (art 17) bull les preacuteparations de suite (art 18) bull les preacuteparations agrave base de ceacutereacuteales et autres aliments pour nourrissons et

enfants en bas acircge (art 19) bull les aliments destineacutes aux personnes ayant besoin drsquoun apport

eacutenergeacutetique ou nutritionnel accru (art 20) bull les aliments dieacuteteacutetiques destineacutes agrave des fins meacutedicales speacuteciales (art 20a) bull les aliments contenant de lrsquoextrait de malt (art 21) bull les compleacutements alimentaires (art 22) bull les levures alimentaires (art 22a) bull les micro-algues et les algues rouges calcaires (maeumlrl) (art 22b) bull les boissons speacuteciales contenant de la cafeacuteine (art 23)

Dans la regravegle les aliments speacuteciaux doivent se distinguer nettement des denreacutees alimentaires ordinaires (produits ordinaires) par leur composition et leur proceacutedeacute de fabrication et ils doivent satisfaire aux mecircmes exigences que les produits ordinaires correspondants agrave moins que leur destination particuliegravere ne requiegravere des deacuterogations165 Concernant la publiciteacute et lrsquoinformation lrsquoart 18 LDAI pose les deux regravegles suivantes la qualiteacute procircneacutee ainsi que toutes les autres indications sur une denreacutee alimentaire doivent ecirctre conformes agrave la reacutealiteacute et la publiciteacute pour les denreacutees alimentaires ainsi que leur preacutesentation et leur emballage ne doivent pas tromper le consommateur Lrsquoal 3 preacutecise que sont trompeuses les indications et les preacutesentations propres agrave susciter chez le consommateur de fausses ideacutees sur les effets speacuteciaux drsquoun aliment

163 Rapport explicatif relatif agrave la modification de la loi feacutedeacuterale sur les denreacutees alimentaires et les objets usuels p 15 164 Art 2 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux 165 Art 3 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux

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(2) Objets usuels Les objets usuels qui nous inteacuteressent dans cette eacutetude sont principalement les produits de soins corporels et cosmeacutetiques dont les producteurs vantent les vertus drsquoameacutelioration estheacutetiques Dans la regravegle lors de leur emploi conforme agrave leur destination ou habituellement preacutesumeacute les objets usuels ne doivent pas mettre la santeacute en danger Lrsquoart 31 ODAIOUs dispose encore que toute mention attribuant aux objets usuels des proprieacuteteacutes curatives leacutenitives ou preacuteventives (p ex des proprieacuteteacutes meacutedicinales ou theacuterapeutiques des effets deacutesinfectants ou anti-inflammatoires des recommandations drsquoun membre du corps meacutedical) est interdite Selon lrsquoart 40 ODAIOUs le DFI fixe a les exigences auxquelles doivent satisfaire les couleurs pour le tatouage et le maquillage permanent ainsi que leur eacutetiquetage b les exigences auxquelles doivent satisfaire les appareils et instruments utiliseacutes pour le piercing le tatouage et le maquillage permanent Il srsquoavegravere donc eacutegalement essentiel en matiegravere drsquoobjets usuels de proteacuteger la santeacute des consommateurs en eacutevitant toute confusion avec des meacutedicaments ou dispositifs meacutedicaux destineacutes agrave traiter ou preacutevenir des maladies

e) Droit du travail

Nous avons vu ci-dessus qursquoen principe un employeur ne peut exiger drsquoun employeacute une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique ni utiliser les reacutesultats drsquoune telle analyse166 De faccedilon plus geacuteneacuterale se posent de nombreuses questions en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et les relations de travail La performance eacutetant le plus souvent ce que recherche un employeur chez son employeacute la tentation peut ecirctre forte de seacutelectionner des employeacutes ayant ameacutelioreacutes leurs aptitudes ou drsquoaccroitre les aptitudes drsquoemployeacutes par des moyens artificiels Se pose alors la question de la protection du travailleur et de ses limites

i) Protection du travailleur

(1) En geacuteneacuteral Lrsquoart 328 du Code des Obligations preacutevoit la protection de la personnaliteacute du travailleur167 Selon cette disposition lrsquoemployeur doit entre autres proteacuteger la personnaliteacute la santeacute et lrsquointeacutegriteacute physique du travailleur168 Pour ce faire il doit prendre toutes les mesures que lrsquoon peut eacutequitablement exiger de lui Les art 6 LTr et 82 LAA obligent eacutegalement les employeurs agrave prendre les mesures neacutecessaires et

166 VINCENT CORPATAUX en lien avec lrsquoarrecirct ougrave le TF a retenu que des mesures de protection accrues eacutetaient requises pour proteacuteger la santeacute drsquoun employeacute allergique agrave la fumeacutee passive preacutecise que laquo la LAGH ne permettant qursquoexceptionnellement agrave un employeur de recruter ses employeacutes sur la base drsquoune analyse de leurs caracteacuteristiques geacuteneacutetiques (art 21 ss) un devoir accru de protection pourra ecirctre attendu de sa part dans des cas potentiellement nombreux raquo VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 75 167 Cette disposition concreacutetise les principes geacuteneacuteraux de protection de la personnaliteacute de lrsquoart 28 CC agrave la relation employeur ndash employeacute 168 Font partie des valeurs proteacutegeacutees la vie et lrsquointeacutegriteacute corporelle la santeacute physique et psychique lrsquointeacutegriteacute morale et la consideacuteration sociale la jouissance des liberteacutes individuelles et la sphegravere priveacutee JEAN-BERNARD WEBER Travail et protection de la personnaliteacute in Plaumldoyer 22002 p 46 ss p 47

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raisonnables afin de proteacuteger les employeacutes des maladies et accidents professionnels En application de cette disposition de principe lrsquoemployeur doit prendre toutes les mesures pour que lrsquoenvironnement et les conditions de travail de lrsquoemployeacute sauvegardent sa santeacute et sa personnaliteacute169 Les maladies professionnelles ainsi que toute autre atteinte de lrsquoemployeacute reacutesultant de lrsquoexercice de sa profession sont concerneacutees170 Traditionnellement les regravegles sur la protection de la santeacute des travailleurs ont eacuteteacute conccedilues en lien avec les maladies professionnelles et les accidents du travail Mais laquo la perspective srsquoest eacutelargie depuis une quinzaine drsquoanneacutees agrave la protection de la santeacute psychique des travailleurs raquo171

ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute

Dans le cadre de la protection du travailleur les limites doivent ecirctre poseacutees concernant ce que lrsquoemployeur peut demander ou imposer agrave ses employeacutes En lien avec le deacuteveloppement humain artificiel la question se pose de connaicirctre ces limites concernant les modifications et ameacuteliorations estheacutetiques et de performances (cognitives et physiques) De faccedilon geacuteneacuterale et sauf exceptions un employeur ne peut pas seacutelectionner les employeacutes plus reacutesistants dans le but qursquoils contractent moins vite voire pas du tout de maladies professionnelles mais doit au contraire adapter les conditions et lrsquoenvironnement de travail agrave la protection de la santeacute des employeacutes dans leur ensemble172 Au vu de cet eacuteleacutement un employeur ne peut a fortiori pas demander ou exiger drsquoun employeacute qursquoil emploie des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo comme par exemple la prise de ritaline Plus avant lrsquoemployeur a eacutegalement des obligations positives de preacutevention

iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Si lrsquoemployeur ne peut pas laquo ameacuteliorer raquo ses employeacutes pas les moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo il doit en plus prendre toutes les mesures raisonnablement exigibles pour que ses employeacutes ne soient pas contraints de facto agrave utiliser ces techniques pour pouvoir remplir leurs obligations Dans un arrecirct 4C242005 du 17 octobre 2005 le Tribunal feacutedeacuteral a condamneacute un employeur agrave payer une indemniteacute pour tort moral drsquoun montant de CHF 10000- agrave une employeacutee placeacutee dans une situation contraignante par son employeur Si en lrsquoespegravece lrsquoemployeacutee nrsquoa pas eacuteteacute victime de mobbing le fait que son employeur la contraigne agrave devoir effectuer une quantiteacute de travail propre agrave nuire agrave sa santeacute psychique a eacuteteacute consideacutereacute comme une violation de ses droits173

169 Arrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 170 VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 74 s 171 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 102 Sur le mecircme thegraveme voir WOLFGANG PORTMANN Stresshaftung im Arbeitsverhaumlltnis Erfolgreiche Stresshaftungsklagen gegen Arbeitgeber in der Schweiz und in anderen europaumlischen Laumlndern in ARV 2008 p 1-13 172 Message LAGH FF 2002 6841 p 6906 ss 173 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 4C242005 du 17 octobre 2005 consideacuterant 7

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On peut en deacuteduire qursquoun employeur ne peut exercer une trop forte pression sur ses employeacutes de faccedilon geacuteneacuterale par exemple en les astreignant agrave une charge de travail extrecircmement eacuteleveacutee nuisant agrave leur santeacute Les conditions de travail (charge de travail deacutelais horaires de travail etc) doivent pouvoir permettre aux employeacutes drsquoexercer leur emploi sans recours agrave des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans le mecircme sens selon DUNAND laquo [l]es conditions de travail doivent ecirctre adapteacutees aux capaciteacutes de lrsquoecirctre humain Lrsquoemployeur offrira aux travailleurs un climat de travail qui exclut toute atteinte agrave leur santeacute psychique Le travail sera organiseacute de maniegravere agrave eacuteviter un stress inutile ou un eacutepuisement professionnel raquo174 Pour le mecircme auteur laquo il appartient agrave lrsquoemployeur de mettre sur pied un systegraveme drsquoorganisation rationnel et respectueux qui permette drsquoeacuteviter une mise sous pression excessive des employeacutes raquo175 Le fait que dans certains milieux professionnels des comportements se rapprochant de ceux du dopage soient toleacutereacutes voire encourageacutes ne deacutedouane pas les employeurs de leurs obligations Il est vrai neacuteanmoins que rares sont ceux qui osent porter plainte dans ces conditions Il relegraveve alors de la responsabiliteacute du meacutedecin du travail srsquoil en existe de mettre en garde le travailleur sur les risques qursquoil encourt mais aussi drsquoavertir lrsquoemployeur des mesures agrave prendre pour corriger la situation

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal

La question qui se pose concernant les assurances de soins est la prise en charge de traitements entrant dans la cateacutegorie du deacuteveloppement humain artificiel Dans la regravegle lrsquoassurance-accidents couvre les frais meacutedicaux conseacutecutifs agrave un accident professionnel ou non professionnel176 laquo Le but du traitement meacutedical est deacuteliminer de la maniegravere la plus complegravete possible les atteintes physiques ou psychiques agrave la santeacute raquo177 Lrsquoart 54 LAA pose la limite suivante ceux qui pratiquent aux frais de lrsquoassurance-accidents doivent se limiter agrave ce qui est exigeacute par le but du traitement Lrsquoassurance-accidents ne couvre donc en principe pas de prestations relevant du deacuteveloppement humain artificiel son but fondamental eacutetant de prendre en charge les coucircts des theacuterapies conseacutecutives aux accidents Parmi les prestations preacutevues par la LAMal lrsquoart 25 mentionne les meacutedicaments prescrits par un meacutedecin dans la mesure ougrave ils servent agrave diagnostiquer ou agrave traiter une maladie et ses seacutequelles Lrsquoart 32 LAMal pose encore trois conditions au remboursement par lrsquoassureur-maladie obligatoire qui sont que les prestations doivent ecirctre efficaces approprieacutees et eacuteconomiques Lrsquoefficaciteacute doit ecirctre deacutemontreacutee scientifiquement Pour ecirctre rembourseacute un meacutedicament doit eacutegalement ecirctre inscrit sur la liste des speacutecialiteacutes de lrsquoOffice feacutedeacuteral de la santeacute publique178 Mais le remboursement de meacutedicaments par les caisses-maladie est soumis agrave diverses autres conditions dont celle de lrsquoutilisation conforme agrave lrsquoinformation professionnelle

174 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 175 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 176 Art 6 ss LAA 177 ATF 113 V 45 consid 4 178 Art 52 LAMal

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approuveacutee et publieacutee dans le Compendium suisse des meacutedicaments179 En conseacutequence un usage hors eacutetiquette nrsquoest en principe pas pris en charge Toutefois le TF a retenu deux exceptions pour lesquelles une telle utilisation peut ecirctre rembourseacutee180 La premiegravere est que la prescription hors eacutetiquette du meacutedicament constitue une condition essentielle agrave la poursuite drsquoune prestation prise en charge par lrsquoassurance obligatoire de soins181 La seconde est qursquoil srsquoagisse laquo de traiter une maladie qui pourrait ecirctre mortelle pour lrsquoassureacute ou impliquer des problegravemes de santeacute graves et chroniques qursquoil nrsquoexiste pas drsquoalternative theacuterapeutique et que le meacutedicament concerneacute preacutesente un important beacuteneacutefice theacuterapeutique raquo curatif ou palliatif182 Au vu de la jurisprudence traitant du remboursement de meacutedicaments utiliseacutes laquo hors eacutetiquette raquo force est de constater que lrsquousage de meacutedicaments soumis agrave ordonnance dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne remplit pas les conditions permettant leur remboursement par lrsquoassurance obligatoire de soins Ces conditions ayant pour but de permettre au meacutedecin de soigner au mieux des maladies pour lesquelles les meacutedicaments efficaces nrsquoont pas eacuteteacute speacutecifiquement testeacutes aux fins de lrsquoautorisation par Swissmedic on voit mal comment il pourrait en aller autrement

179 Voir ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 180 ATF 130 V 503 BGE 130 V 544 ATF 131 V 349 181 ARIANE AYER Prise en charge des meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 et la jurisprudence citeacutee 182 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 43

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3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations

La notion de laquo human enhancement raquo ne dispose pas actuellement de deacutefinition commune et arrecircteacutee Aux fins de cette eacutetude nous avons degraves lors ducirc commencer par en deacutefinir les contours et deacuteterminer les activiteacutes concerneacutees Le premier constat auquel nous sommes arriveacutes est que ces activiteacutes ne se limitent pas au dopage agrave la chirurgie estheacutetique ou au laquo wellness raquo Nous avons alors choisi drsquoappreacutehender cette notion de faccedilon large en parlant de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo expression qui nous apparait plus adapteacutee pour circonscrire la notion eacutetudieacutee Partant il nous a fallu trouver les dispositions leacutegales pertinentes et analyser les regravegles qursquoelles posent agrave la lumiegravere de cet ensemble drsquoactiviteacutes Nous avons alors constateacute que de nombreux champs du droit sont concerneacutes et que chaque activiteacute concerneacutee est reacuteglementeacutee de faccedilon propre Le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo nrsquoest pas appreacutehendeacute en tant que tel par le droit et ne le sera probablement jamais au vu de lrsquoensemble des diffeacuterentes activiteacutes et professions concerneacutees Dans de nombreuses situations les reacuteglementations eacutetudieacutees nrsquoont drsquoailleurs pas eacuteteacute eacutetablies en tenant compte du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Neacuteanmoins le droit positif suisse nrsquoest pas deacutemuni face aux possibiliteacutes de creacuteer des laquo surhommes raquo et pose des limites dans tous les domaines concerneacutes que lrsquoon pense agrave lrsquousage de meacutedicaments par des personnes en bonne santeacute en vue de modifications corporelles individuelles et volontaires aux possibiliteacutes pour une entreprise de demander des rendements surhumains agrave ses employeacutes ou agrave lrsquousage priveacute drsquoanalyses geacuteneacutetiques En conclusion nous pouvons mentionner que le droit suisse actuel ne connait pas de lacune manifeste concernant le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans les diffeacuterents champs concerneacutes des limites claires semblent eacutetablies

bull Toute modification geacuteneacutetique volontaire ou positive drsquoenfants agrave naicirctre est prohibeacutee

bull Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine ne peut ecirctre utiliseacutee agrave des fins laquo reacutecreacuteatives raquo (par exemple pour deacuteterminer lrsquoaptitude drsquoun enfant agrave diffeacuterentes activiteacutes sportives) ou en vue de seacutelectionner des employeacutes

bull Le preacutelegravevement et la transplantation drsquoorganes en vue drsquoameacuteliorer les performances drsquoun corps sain sont pratiquement interdites En effet le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes ne peut ecirctre effectueacute qursquoagrave la condition que le receveur ne puisse pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode Aucun traitement nrsquoeacutetant requis dans le cadre de deacuteveloppement artificiel force est de constater qursquoun preacutelegravevement est prohibeacute Concernant lrsquoattribution lrsquoordre de prioriteacute des requeacuterants deacutepend de lrsquourgence meacutedicale avec pour conseacutequence qursquoune transplantation laquo ameacuteliorative raquo est leacutegalement inconcevable

bull Les possibiliteacutes drsquoeffectuer de la recherche en vue de creacuteer de nouvelles meacutethodes et de nouveaux produits de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont limiteacutees par la neacutecessaire peseacutee drsquointeacuterecircts entre les risques et les beacuteneacutefices escompteacutes en particulier lorsque ces recherche doivent ecirctre meneacutees sur des ecirctres humains ou des cellules souches embryonnaires

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bull Les meacutedecins et professionnels de la santeacute sont limiteacutes dans leur activiteacute par le respect des regravegles de lrsquoart En conseacutequence ils ne peuvent sans risquer drsquoengager leur responsabiliteacute utiliser des produits et proceacutedeacutes agrave des fins non autoriseacutees De telles autorisations sont elles limiteacutees par les critegraveres permettant de faire les recherches neacutecessaires agrave leur deacutelivrance

bull La mise sur la marcheacute de meacutedicaments agrave des fins ameacutelioratives ne servant ni agrave diagnostiquer ni agrave preacutevenir ni agrave traiter une maladie devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic

bull La prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments nrsquoest possible qursquoagrave des conditions strictes ne permettant pas drsquoy inclure a priori le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

bull Les regravegles de droit du travail obligent lrsquoemployeur agrave adapter les conditions de travail aux employeacutes (et non lrsquoinverse) et interdisent les conduites dopantes qursquoelles soient demandeacutees explicitement ou tacitement agrave travers des conditions de travail et des instructions les rendant neacutecessaire pour lrsquoemployeacute

bull Enfin les activiteacutes meacutedicales relevant du deacuteveloppement humain artificiel ne remplissent pas les conditions permettant une prise en charge par les assurances sociales que ce soit par exemple la LAA ou la LAMal

Si les aspects juridiques paraissent suffisamment clairs les questions drsquoeacutethique et de deacuteontologie meacutedicales doivent selon nous ecirctre aujourdrsquohui clarifieacutees afin drsquounifier les pratiques en particulier dans les cas limites difficiles agrave cateacutegoriser entre laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo theacuterapie ou preacutevention Enfin les personnes pratiquant les activiteacutes pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et le public ndash patient usager consommateur ndash doivent enfin ecirctre clairement informeacutes des regravegles existantes et des limites poseacutees aux modifications volontaires de lrsquoecirctre humain

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Bibliographie ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique 2008 NICHOLAS AGAR Liberal eugenics In defence of human enhancement Malden 2005 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration du 18 avril 1999 Zurich Bacircle Genegraveve 2003 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse 2egraveme eacuted Berne 2006 (2 vol) FLORENCE AUBRY GIRARDIN Santeacute et seacutecuriteacute au travail eacutetude de droit suisse et communautaire Zurich 1995 ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire 2009 BERNARD BAERTSCHI Neuro-Enhancement Prendre la pilule de lrsquoameacutelioration morale serait-ce mal in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 5 s OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 s PETER BOumlHRINGER Arbeitsrecht Zurich 2001 SEVERINE BOILLAT le commerce eacutelectronique de meacutedicaments sous lrsquoangle de la santeacute publique Thegravese Neuchacirctel 2007 Berne 2007 CHRISTIANE BRUNNER et al Commentaire du contrat de travail Lausanne 2004 ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34 HEIDI BUumlRGI Richtlinien der Swissmedic zur Arzneimittelwerbung im Internet kritische Bemerkungen in AJP 2007 70 ss DIETER BUumlRGIN JOHANNES BIRCHER DANIEL CANDINAS et al Buts et missions de la meacutedecine au deacutebut du 21e siegravecle Rapport drsquoun groupe drsquoexperts de lrsquoAcadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales (ASSM) de la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) et des cinq Faculteacutes de meacutedecine Bacircle 2004

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  • Table des matiegraveres
    • Introduction et contexte
    • 1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
      • a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration
      • b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo
        • i) Ameacuteliorations et modifications physiques
        • ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales
        • iii) Prolongation de la vie
        • iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo
        • v) Preacutevention primaire
          • c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo
            • i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain
            • ii) Les substances
              • d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                • 2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                  • a) Fondements constitutionnels
                    • i) Digniteacute humaine
                    • ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle
                    • iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations
                    • iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes
                    • v) Protection des consommatrices et consommateurs
                    • vi) Protection de la santeacute
                    • vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain
                    • viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain
                    • ix) Meacutedecine de la transplantation
                    • x) Recherche impliquant des ecirctres humains
                      • b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine
                        • i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee
                        • ii) Analyse geacuteneacutetique humaine
                        • iii) Meacutedecine de la transplantation
                        • iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires
                        • v) Recherche impliquant des ecirctres humains
                          • c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions
                            • i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)
                              • d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires
                                • i) Seacutecuriteacute des produits
                                • ii) Meacutedicaments
                                  • (1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo
                                  • (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance
                                  • (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)
                                  • (4) Interdiction du dopage
                                    • iii) Stupeacutefiants
                                    • iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels
                                      • (1) Denreacutees alimentaires
                                      • (2) Objets usuels
                                          • e) Droit du travail
                                            • i) Protection du travailleur
                                              • (1) En geacuteneacuteral
                                                • ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute
                                                • iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                                                  • f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal
                                                    • 3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations
                                                      • Bibliographie
Page 9: Le développement humain artificiel

b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo

Comme il ressort de notre bregraveve introduction le laquo human enhancement raquo est une notion large ouverte et dont les frontiegraveres sont difficiles agrave circonscrire Les exemples ne manquent pas pour illustrer cette difficulteacute La transplantation drsquoorganes sains agrave des personnes acircgeacutees dans le but de rallonger leur vie consiste-t-elle en une theacuterapie ou une ameacutelioration18 laquo Is it therapy to give growth hormone to a genetic dwarf but not to a short fellow who is just unhappy to be short raquo19 Si les limites sont difficiles agrave eacutetablir il est toutefois possible drsquoidentifier diverses meacutethodes permettant agrave des personnes en bonne santeacute de modifier des eacuteleacutements de leur corps Plusieurs de ces meacutethodes sont deacutecrites ci-dessous classeacutees en fonction du type de modification

i) Ameacuteliorations et modifications physiques

Par ameacuteliorations physiques nous entendons les modifications corporelles permettant un accroissement des performances ou une modification de lrsquoapparence agrave des fins estheacutetiques cette deuxiegraveme cateacutegorie incluant les modifications antivieillissement Dans cette cateacutegorie les meacutethodes suivantes sont prises en compte

bull Lrsquoadministration drsquoanabolisants (deacuteriveacutes de la testosteacuterone (nandrolone stanozolol etc) utiliseacutes par exemple dans la pratique du bodybuilding) ou drsquoautres substances prohibeacutees ou reacuteglementeacutees permettant un accroissement de la masse musculaire et ou lrsquoameacutelioration des performances (force explosiviteacute puissance endurance vitesse de reacutecupeacuteration etc)

bull Lrsquoadministration drsquohormones afin de modifier lrsquoapparence (p ex prise de pilules contraceptives par des hommes dans le but de ressembler agrave des femmes)

bull La chirurgie et la meacutedecine estheacutetiques (p ex augmentation mammaire injections de botox)

bull Les modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull La transplantation et la xeacutenotransplantation drsquoorganes bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Les tatouages le branding les scarifications et le maquillage permanent

(modifications de lrsquoapparence drsquoune surface deacutefinie de peau)

ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales20

Peuvent ecirctre consideacutereacutees comme ameacuteliorations intellectuelles et modifications mentales toutes les meacutethodes permettant une ameacutelioration des aptitudes cognitives de lrsquoattention et de la concentration de la meacutemoire ou encore une diminution de la fatigue du stress de lrsquoanxieacuteteacute etc Ce type de modifications passe par lrsquoutilisation des meacutethodes suivantes21

18 Exemple donneacute par NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 ss p 3 19 Beyond therapy biotechnology and the pursuit of happiness A Report by the Presidentrsquos Council on Bioethics p 16 20 Lrsquoeacuteventualiteacute de modifications morales nrsquoest pas traiteacutee dans la preacutesente eacutetude 21 Voir EUROPEAN PARLIAMENT Science and Technology Options Assessment (STOA) Human Enhancement Study p 26 ss p 30 s

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bull Administration de meacutedicaments ou autres substances (p ex antideacutepresseurs ritalin modafinil adderall aricept)

bull Modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull Stimulation ceacutereacutebrale profonde (introduction drsquoune eacutelectrode dans le cerveau

et envoi drsquoimpulsions eacutelectriques) bull Stimulation magneacutetique transcracircnienne (envoi drsquoune impulsion sur

lrsquoenceacutephale agrave travers le cracircne) bull laquo Prosthetic brain chips raquo22

iii) Prolongation de la vie

Parmi les buts du laquo human enhancement raquo nous trouvons le rallongement de la vie Il faut ici distinguer entre les maladies de la vieillesse dont fait par exemple partie le diabegravete de type 2 et laquo les manifestations deacutegeacuteneacuteratives lieacutees agrave lrsquoacircge raquo23 Les premiegraveres neacutecessitent un traitement qualifiable de theacuterapie ce type de traitement ne fait donc pas partie du laquo human enhancement raquo Le traitement des secondes peut faire partie du laquo human enhancement raquo en fonction des cas et la preacutevention des manifestations deacutegeacuteneacuteratives est un eacuteleacutement du laquo human enhancement raquo De faccedilon geacuteneacuterale les meacutethodes permettant agrave des personnes saines de lutter contre le vieillissement et de rallonger la dureacutee de leur vie sont abordeacutees ici

bull Transplantations drsquoorganes et xeacutenotransplantations bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Administration de meacutedicaments drsquohormones et autres substances bull Consommation de suppleacutements nutritionnels (acide folique antioxydants

laquo brainfood raquo etc)24

iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo

Lrsquoutilisation de meacutethodes du geacutenie geacuteneacutetique dans ce que les germanophones appellent le laquo Gen-Enhancement raquo poursuit le but de deacutevelopper certaines qualiteacutes chez lrsquoenfant25 Les principales meacutethodes utiliseacutees relegravevent des techniques de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et drsquoanalyse geacuteneacutetique et de la theacuterapie geacutenique

v) Preacutevention primaire

Si la distinction entre ameacutelioration et theacuterapie nrsquoest pas eacutevidente celle entre ameacutelioration et preacutevention lrsquoest encore moins En effet lrsquoinclusion des techniques drsquoameacutelioration dans la preacutevention deacutepend de la deacutefinition retenue de la notion de preacutevention et de la maniegravere de consideacuterer les techniques ayant un potentiel ameacutelioratif La preacutevention peut se deacutefinir comme laquo les mesures visant agrave reacuteduire la probabiliteacute agrave limiter ou agrave empecirccher lrsquoapparition drsquoune maladie ou drsquoun risque pour la santeacute et les conseacutequences neacutegatives drsquoune maladie raquo26 ou plus simplement comme laquo toutes les activiteacutes deacuteveloppeacutees par une personne pour eacuteviter et empecirccher

22 Aussi appeleacutes ldquoelectronic brain implantsrdquo 23 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 3 24 ASTRID STUCKELBERGER Anti-ageing Medicine Myths and Chances p 130 ss 25 Pour LORZ laquo [d]as Gen-Enhancement betrifft Verbesserungen der Erbsubstanz vor allem fuumlr die zukuumlnftige Generation raquo SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 43 26 Art 3 du projet de loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute

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lrsquoapparition drsquoune maladie raquo27 En comparant ces deacutefinitions de la preacutevention avec celles du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo on peut deacuteterminer un premier critegravere de distinction dans le fait que la preacutevention est en geacuteneacuteral en lien avec une maladie ou un problegraveme de santeacute28 alors que le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo se rattache aux performances ou agrave lrsquoapparence Dans ce sens la vaccination est une activiteacute se rapprochant plus de la preacutevention que du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Une meacutethode permettant drsquoameacuteliorer de faccedilon geacuteneacuterale le fonctionnement du systegraveme immunitaire drsquoune personne pourrait par contre ecirctre incluse dans les deux cateacutegories car elle permet drsquoeacuteviter lrsquoapparition de maladies deacutetermineacutees et constitue une ameacutelioration geacuteneacuterale de la reacutesistance du corps humain

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo

Lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain peut passer par de nombreuses et diverses meacutethodes En retenant un concept large du laquo human enhancement raquo la meacuteditation qui permet de reacuteduire le stress et lrsquoanxieacuteteacute ou les exercices permettant drsquoameacuteliorer sa meacutemoire pourraient ainsi y ecirctre inclus Nous ne prendrons cependant pas en compte les meacutethodes que lrsquoon peut cateacutegoriser sous la notion drsquoentraicircnement (qui regroupe des notions comme lrsquoentraicircnement sportif lrsquoentraicircnement cognitif etc) Elles ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme produit de la technique et nrsquoentrent donc pas dans le concept de laquo human enhancement raquo tel que retenu En effet nous ne traitons ici que du deacuteveloppement artificiel par opposition au deacuteveloppement dit naturel

i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain

Font partie des interventions sur lrsquoecirctre humain les interventions sur lrsquoadulte et lrsquoenfant ainsi que les interventions preacutenatales Lrsquointervention meacutedicale peut se deacutefinir comme laquo an act performed to prevent harm to a patient or to improve the mental emotional or physical function of a patient A physiologic process may be monitored or enhanced or a pathologic process may be arrested or controlled raquo29 Il srsquoagit notamment drsquointerventions chirurgicales

ii) Les substances

Diverses substances peuvent avoir un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisables dans un but de deacuteveloppement artificiel Lrsquoon pense particuliegraverement aux produits theacuterapeutiques (meacutedicaments) ndash favorisant le deacuteveloppement musculaire la concentration lrsquoendurance lrsquoexplosiviteacute lrsquoagressiviteacute etc - et aux aliments speacuteciaux ou alicaments ndash faibles en calories (favorisant la perte de poids) ayant un apport eacutenergeacutetique accru (en proteacuteine favorisant la prise de muscles) ayant un taux de cafeacuteine eacuteleveacute etc Tout produit ayant un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisable agrave des fins autres que la theacuterapie et les soins peut potentiellement avoir un usage dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

27 Deacutefinition de lrsquoInstitut suisse de preacutevention de lrsquoalcoolisme et des autres toxicomanies httpwwwsfa-ispachindexphpIDtheme=107ampIDcat48visible=1amplangue=F 28 Sur les diffeacuterentes cateacutegories de preacutevention voir Message relatif agrave la loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute FF 2009 6389 p 6447 ss 29 Mosbys Medical Dictionary 8th edition 2009 Pour drsquoautres deacutefinitions voir httpmedical-dictionarythefreedictionarycomintervention

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d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Il peut paraicirctre surprenant de construire un rapport juridique en franccedilais en partant drsquoune expression anglaise comme celle de laquo human enhancement raquo Il conviendrait en fait drsquoanalyser preacuteciseacutement et de maniegravere deacutetailleacutee qursquoelle est justement la notion que deacutesigne ladite expression Cette deacutemarche ayant aboutie il serait encore neacutecessaire drsquoexclure qursquoil nrsquoexiste pas drsquoeacutequivalent en franccedilais (ou en allemand) avant de conclure que seule lrsquoexpression anglaise doit ecirctre retenue Dans tous les cas il paraicirct raisonnable de rechercher si lrsquoobjet de ce rapport ne peut pas srsquoexprimer clairement en franccedilais respectivement en allemand avant de faire usage de termes anglais Drsquoautres motifs nous incitent agrave souhaiter une formulation franccedilaise Premiegraverement il existe de nombreuses acceptions de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo Mecircme en anglais la question de la terminologie nrsquoest de loin pas reacutesolue Reprendre sans autre reacuteflexion cette expression preacutesente le risque que chacun pense y retrouver sa propre notion contribuant ainsi agrave la confusion Il est donc neacutecessaire de clarifier et de deacuteterminer au mieux la notion qui sera analyseacutee dans ce travail Deuxiegravemement le droit est indissociable des langues dans lesquelles il srsquoapplique il convient dans ce cadre de maintenir une uniteacute linguistique entre lrsquoobjet traiteacute et les normes juridiques qui srsquoy reacutefeacuterent Une traduction dans la langue de lrsquoeacutetude srsquoavegravere degraves lors utile voire neacutecessaire Troisiegravemement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est en soi biaiseacutee dans la mesure ougrave elle veacutehicule lrsquoideacutee selon laquelle les meacutethodes qursquoelles recouvrent sont veacuteritablement ameacutelioratives sans preacuteciser pour autant la nature de cette ameacutelioration Le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE a bien senti le piegravege puisqursquoil introduit dans sa propre deacutefinition la notion de contexte socioculturel pour appreacutecier lrsquoameacutelioration rechercheacutee30 Il y a donc neacutecessiteacute de se distancier de lrsquoexpression consacreacutee de laquo human enhancement raquo dans la mesure ougrave elle conforte lrsquoideacutee drsquoune certaine ameacutelioration qui reste pourtant agrave deacutemontrer selon des critegraveres socio-culturellement partageacutes et dont le degreacute est encore agrave eacutevaluer La question nrsquoest plus ici seulement de traduction mais bien de deacutefinition Parler drsquoameacutelioration humaine ou de laquo corps augmenteacute raquo31 ne paraicirct pas correct mais plutocirct trompeur Il srsquoagit de trouver un terme neutre Nous proposons ainsi de retenir lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Premiegraverement le terme de deacuteveloppement peut se comprendre comme ameacutelioration mais il laisse ouverte la possibiliteacute que ce deacuteveloppement soit beacuteneacutefique ou non32 Dans son sens neacutegatif il pourrait donc aussi srsquoappliquer pour deacutesigner une alteacuteration de lrsquohomme Le principe est surtout drsquoexprimer la transformation le changement qui est apporteacute agrave lrsquohumain ces autres termes pouvant ici valoir comme synonymes Mais lrsquointeacuterecirct du terme de deacuteveloppement est de renvoyer ou rappeler lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement durable raquo Pour reprendre le rapport laquo Notre avenir agrave tous raquo de la Commission mondiale sur lenvironnement et le deacuteveloppement (Commission Brundtland) laquo le deacuteveloppement durable est un deacuteveloppement qui reacutepond aux

30 Voir plus haut pt 1a 31 Cette traduction quasi-litteacuterale de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est parfois utiliseacutee en franccedilais Citons Geacuterard Ayache Corps augmenteacute recircve bionique ou cauchemar protheacuteen disponible agrave la page httpwwwagoravoxfractualitestechnologiesarticlecorps-augmente-reve-bionique-ou-11710 et une confeacuterence donneacutee dans le cadre des manifestations culturelles de la bibliothegraveque cantonale et universitaire de Lausanne le 27 janvier 2009 intituleacutee laquo Le corps augmenteacute utopie drsquoaujourdrsquohui reacutealiteacute de demain raquo 32 Sur le lien entre les notions de laquo enhancement raquo et de deacuteveloppement voir ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34

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besoins du preacutesent sans compromettre la possibiliteacute pour les geacuteneacuterations agrave venir de pouvoir reacutepondre aux leurs raquo33 Cette expression implique une responsabiliteacute individuelle et collective marqueacutee sur la dureacutee pour appreacutecier les effets du deacuteveloppement qui pour ecirctre positif ne peut se limiter aux seules personnes directement concerneacutees mais doit ecirctre appreacutecieacute dans ses conseacutequences globales pour lrsquohumaniteacute et la planegravete Une ameacutelioration de telle performance drsquoun athlegravete ne constitue pas neacutecessairement un progregraves pour les hommes et doit donc ecirctre appreacutecieacute de maniegravere relative sous lrsquoangle du deacuteveloppement durable et humain Deuxiegravemement le deacuteveloppement dont il est question ici concerne directement lrsquohumain justement afin de le deacutelimiter par rapport au deacuteveloppement durable et agrave drsquoautres formes drsquoactiviteacutes Troisiegravemement la caracteacuteristique de ce deacuteveloppement humain est de se libeacuterer des regravegles de la nature drsquoecirctre directement et volontairement induit autrement dit drsquoecirctre artificiel Cet eacuteleacutement est important pour marquer la limite avec lrsquoensemble des facteurs ndash ou deacuteterminants ndash qui influencent notre santeacute et dont les effets se traduisent au fil des deacutecennies par un allongement de la dureacutee de vie moyenne de la population et une baisse des morbiditeacutes Nous vivons mieux et plus longtemps que nos anciens Mais les eacuteleacutements qui participent agrave cette eacutevolution eacutechappent pour la plupart agrave un controcircle direct des individus concerneacutes Il srsquoagit donc de bien distinguer ces eacuteleacutements de lrsquoeacutevolution de la socieacuteteacute de la meacutedecine ameacuteliorative et autres mesures de deacuteveloppement humain artificiel Nous retiendrons ainsi actuellement la deacutenomination de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo qui renvoie au concept de laquo deacuteveloppement durable raquo aujourdrsquohui appliqueacute tant en matiegravere drsquoenvironnement que drsquoeacuteconomie domaines eacutetroitement lieacutes agrave celui de deacuteveloppement humain comme il sera deacutemontreacute ci-dessous

2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Fondements constitutionnels

Plusieurs normes constitutionnelles influent directement sur les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo en Suisse Ces dispositions concernent entre autres la digniteacute humaine le droit agrave la vie et agrave la liberteacute personnelle lrsquoeacutegaliteacute la protection de la santeacute la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee le geacutenie geacuteneacutetique et la meacutedecine de la transplantation

i) Digniteacute humaine

Lrsquoart 7 Cst dispose que la digniteacute humaine doit ecirctre respecteacutee et proteacutegeacutee Ce droit fondamental agrave ecirctre traiteacute de maniegravere humaine et non deacutegradante est consideacutereacute comme un principe directeur concreacutetiseacute par les autres droits fondamentaux34 Parmi ceux-ci le droit agrave la liberteacute personnelle garantit entre autres le droit agrave la vie agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique Si laquo [l]a garantie de lrsquointeacutegriteacute physique protegravege

33 Notre avenir agrave tous Rapport de la commission mondiale sur lrsquoenvironnement et le deacuteveloppement du 10 mars 1987 Disponible dans sa version anglaise agrave la page httpwwwareadminchthemennachhaltig002660054000542indexhtmllang=fr 34 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 69 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 691 s ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 260 s p 121 s PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 139 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 PHILIPPE MASTRONARDI com ad art 7 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 77 s

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lrsquoindividu contre toute atteinte injustifieacutee (hellip) porteacutee au corps humain qursquoelle soit intentionnelle ou non grave ou leacutegegravere et quels qursquoen soient les motifs raquo35 elle ne creacutee pas ni ne protegravege un eacuteventuel droit drsquoameacuteliorer son corps ou de modifier lrsquoecirctre humain drsquoune autre maniegravere Il existe drsquoailleurs drsquoautres dispositions constitutionnelles restreignant les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo A ce propos laquo [l]ecirctre humain se distinguerait agrave la fois par son individualiteacute et par ses imperfections Le jauger selon une norme preacutetendue juste et deacutetermineacutee de maniegravere arbitraire et le manipuler geacuteneacutetiquement par rapport agrave cette norme constituerait une violation grave de sa digniteacute raquo36 Le clonage et la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides sont eacutegalement par leur nature mecircme contraire agrave la digniteacute humaine37 Si lrsquoEtat doit srsquoabstenir drsquoatteindre de faccedilon injustifieacutee agrave lrsquointeacutegriteacute physique et la proteacuteger la Constitution preacutevoit eacutegalement agrave son art 118 que la Confeacutedeacuteration prend des mesures pour proteacuteger la santeacute Cet eacuteleacutement sera traiteacute ci-apregraves

ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle

Lrsquoart 10 Cst feacuted garantit le droit agrave la vie agrave la liberteacute personnelle agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique et agrave la liberteacute de mouvement donc laquo toutes les liberteacutes eacuteleacutementaires dont lrsquoexercice est indispensable agrave lrsquoeacutepanouissement de la personne humaine raquo38 Le Tribunal feacutedeacuteral a retenu que les vaccinations obligatoires les opeacuterations chirurgicales lrsquoobligation pour les eacutelegraveves de suivre un controcircle et des soins dentaires obligatoires ou lrsquoadministration forceacutee de meacutedicaments dans une clinique psychiatrique constituent des atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute physique et donc agrave la liberteacute personnelle39 La liberteacute personnelle protegravege la personne contre les atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute psychique laquo qui tendraient par un moyen quelconque agrave restreindre ou agrave supprimer la faculteacute qui lui est propre drsquoappreacutecier une situation donneacutee et de se deacuteterminer drsquoapregraves cette appreacuteciation raquo40 Enfin lrsquoart 10 al 3 Cst feacuted interdit la torture et tout autre traitement ou peine cruels inhumains ou deacutegradants Une des reacutesultantes de lrsquoart 10 Cst feacuted en droit meacutedical est lrsquoexigence du consentement des patients pour tout acte meacutedical On retrouve son pendant en droit priveacute avec lrsquoart 28 CC Cela garantit le respect de la volonteacute du patient et lui donne ainsi le droit drsquoexercer son libre arbitre Cependant le consentement nrsquoest pas une condition suffisante pour justifier une atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle Encore faut-il qursquoelle soit conforme aux regravegles de lrsquoart autrement dit que cette intervention reacuteponde aux standards meacutedicaux compte tenu des besoins du patient Une meacutethode de laquo deacuteveloppement durable artificiel raquo devra ainsi non seulement ecirctre autoriseacutee par la personne concerneacutee Elle doit en outre respecter les regravegles de lrsquoart et la digniteacute humaine consacreacutee agrave lrsquoart 7 Cst indeacutependamment de la volonteacute de la personne concerneacutee

35 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 108 36 Message LPMA FF 1996 276 reprenant une intervention parlementaire BO N 1991 p 616 (intervention Koller) 37 Message LPMA FF 1996 27 et les reacutefeacuterences citeacutees Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1221 38 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 101 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER com ad art 10 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 148 s 39 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 108 et la jurisprudence citeacutee 40 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 109

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iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations

Lrsquoart 8 Cst pose les principes de lrsquoeacutegaliteacute des ecirctres humains devant la loi et de lrsquointerdiction des discriminations Si cette disposition a vocation agrave srsquoappliquer dans les relations que lrsquoEtat entretient avec ses citoyens administreacutes justiciables elle a aussi un effet dans les relations entre particuliers Si dans la regravegle lrsquointerdiction des discriminations sadresse agrave lEacutetat et ne produit pas deffet horizontal direct dans les relations entre personnes priveacutees laquo les regravegles de droit civil doivent cependant ecirctre interpreacuteteacutees en tenant compte des exigences particuliegraveres qui reacutesultent des droits fondamentaux raquo41 Lrsquoart 8 al 2 Cst a toutefois des effets indirects notamment en vertu de lrsquoart 35 al 3 Cst qui dispose que les autoriteacutes veillent agrave ce que les droits fondamentaux dans la mesure ougrave ils srsquoy precirctent soient aussi reacutealiseacutes dans les relations qui lient les particuliers entre eux Ces effets indirects sont de deux ordres Premiegraverement il srsquoagit pour les autoriteacutes de tenir compte des droits fondamentaux dans lrsquointerpreacutetation des lois et dans lrsquousage de leur pouvoir drsquointerpreacutetation Deuxiegravemement laquo [l]e leacutegislateur doit concevoir la leacutegislation de sorte qursquoelle assure le mieux possible le respect des droits fondamentaux dans les relations entre particuliers Il le fera en eacutedictant des normes notamment de droit civil et peacutenal qui reacutesolvent les conflits de liberteacute entre particuliers et qui preacuteviennent des traitements discriminatoires Aussi les garanties constitutionnelles peuvent-elles contenir un mandat au leacutegislateur drsquoadopter des dispositions propres agrave proteacuteger dans la mesure du possible les particuliers contre les atteintes agrave leurs droits fondamentaux provenant drsquoautres particuliers Lrsquoexistence drsquoune telle obligation positive de lrsquoEtat (Schutzpflichten) deacutecoulant de la Constitution est admise depuis longtemps par la Cour europeacuteenne des droits de lrsquohomme ainsi que par la doctrine et la jurisprudence suisse raquo42 Ce deuxiegraveme eacuteleacutement est particuliegraverement important concernant lrsquointerdiction des discriminations En effet les laquo obligations de protection raquo de lrsquoEtat citeacutees ci-dessus neacutecessitent qursquoil prenne divers types de mesures afin de reacuteduire voire drsquoeacuteliminer les discriminations horizontales On pense en particulier agrave des mesures positives drsquoinformation de sensibilisation ou des recherches scientifiques et projets drsquoeacutechange et de contacts etc43 La creacuteation drsquoorganismes de sensibilisation et de coordination et la prise de mesures drsquoencouragement sont eacutegalement envisageables Dans les domaines ougrave la Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences leacutegislatives le leacutegislateur feacutedeacuteral peut eacutedicter des regravegles lorsque leur neacutecessiteacute est aveacutereacutee assurant la protection des citoyens contre les discriminations En reacutesumeacute les autoriteacutes eacutetatiques ne peuvent discriminer les personnes de faccedilon geacuteneacuterale et doivent assurer leur protection contre des discriminations horizontales par la prise de mesures positives et lrsquoeacutetablissement de textes de lois

41 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 5A4842009 du 18 aoucirct 2009 consid 41 et les reacutefeacuterences citeacutees 42 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 164 ss 167 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 43 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 318 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 124

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iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes

Lrsquoart 11 Cst dispose entre autres que les enfants et les jeunes ont droit agrave une protection particuliegravere de leur inteacutegriteacute et agrave lrsquoencouragement de leur deacuteveloppement Cette disposition dans certains domaines en tout cas44 laquo ne creacutee pas un droit subjectif particulier deacuteductible en justice faute notamment decirctre suffisamment preacutecise et deacutetermineacutee et doit plutocirct ecirctre consideacutereacutee comme une disposition programmatique respectivement une disposition que les autoriteacutes doivent prendre en compte lorsquil sagit de combler une lacune ou lorsquelles font usage de leur pouvoir dappreacuteciation raquo45 Il exige dans tous les cas une prudence accrue lorsqursquoil srsquoagit de porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle des enfants ou drsquointervenir dans leur deacuteveloppement

v) Protection des consommatrices et consommateurs

Lrsquoart 97 Cst dispose que la Confeacutedeacuteration prend des mesures destineacutees agrave proteacuteger les consommateurs et les consommatrices46 Il preacutevoit encore que les organisations de consommateurs disposent de voies de droit et que les proceacutedures de conciliation ou judiciaires doivent ecirctre simple et rapides pour les litiges dont la valeur litigieuse ne deacutepasse pas un montant deacutetermineacute Le but du premier alineacutea de cette disposition est de proteacuteger les consommateurs en geacuteneacuteral Les marcheacutes des meacutedicaments des denreacutees alimentaires des produits cosmeacutetiques et des services dans les domaines de la cosmeacutetique et du bien-ecirctre sont concerneacutees par cette disposition qui sert par ailleurs de base leacutegale agrave diverses lois de protection des consommateurs contre les tromperies

vi) Protection de la santeacute

Lrsquoart 118 Cst mentionne que la Confeacutedeacuteration prend des mesures afin de proteacuteger la santeacute dans les limites de ses compeacutetences et leacutegifegravere entre autres sur lrsquoutilisation des denreacutees alimentaires des agents theacuterapeutiques des stupeacutefiants des organismes des produits chimiques et des objets qui peuvent preacutesenter un danger pour la santeacute47 laquo Lrsquoancien art 69bis parlait de laquo commerce raquo (Verkehr raquo) des denreacutees alimentaires et objets usuels Le constituant de 1999 a preacutefeacutereacute parler drsquo laquo utilisation raquo (laquo Umgang raquo) pour bien montrer que la leacutegislation vise le comportement des consommateurs aussi bien que les opeacuterations drsquoamont fabrication traitement importation distribution raquo48 Si la santeacute publique est principalement un domaine de compeacutetence des cantons la Confeacutedeacuteration dispose toutefois de tacircches speacuteciales dans ce domaine49 Lrsquoart 118 44 Voir RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht p 262 ss en particulier p 264 s voir aussi RUTH REUSSER KURT LUumlSCHER com ad art 11 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 175 45 Arrecirct du Tribunal administratif feacutedeacuteral Cour III C-38852007 du 2 deacutecembre 2008 consid 10 46 Voir RETO JACOBS com ad art 97 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar Lachen amp Zurich p 1062 s voir aussi KLAUS A VALLENDER com ad art 94-107 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 47 LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1207 s 48 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 930 49 La Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences en matiegravere de santeacute publique depuis 1848 voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 926 Voir aussi ERWIN MURER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER

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sert de base agrave de nombreuses lois et ordonnances dont les principales sont la loi sur les denreacutees alimentaires 50 la loi sur les produits theacuterapeutiques51 la loi sur les stupeacutefiants52 la loi sur les produits chimiques53 ou encore la loi sur la seacutecuriteacute des produits54

vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain

Touchant directement le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo lrsquoart 119 Cst55 doit eacutegalement ecirctre mentionneacute Cette disposition traite de la protection de lrsquoecirctre humain contre les abus en matiegravere de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et de geacutenie geacuteneacutetique56 dans le domaine humain et limite ou interdit plusieurs activiteacutes dans le but de proteacuteger la digniteacute humaine la personnaliteacute et la famille57 Premiegraverement en application de lrsquoalineacutea 1 let a laquo [s]ont interdites les laquo interventions raquo (laquo Eingriffe raquo) dans le patrimoine geacuteneacutetique drsquoun gamegravete ou drsquoun embryon crsquoest-agrave-dire les opeacuterations qui modifient ce patrimoine et qui par conseacutequent peuvent influencer la descendance raquo58 Le clonage est aussi expresseacutement interdit Deuxiegravemement la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides interespegraveces59 est prohibeacutee60 Troisiegravemement la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee nrsquoest autoriseacute que lorsque la steacuteriliteacute ou le danger de transmission drsquoune grave maladie ne peuvent ecirctre eacutecarteacutes drsquoune autre maniegravere et non pour deacutevelopper chez lrsquoenfant certaines qualiteacutes ou pour faire de la recherche61 Cette disposition interdit donc expresseacutement lrsquoutilisation de meacutethodes de PMA afin de modifier les caracteacuteristiques drsquoun futur enfant

Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 967 s et surtout p 976 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 285 p 132 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 140 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 41 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 535 s ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht p 118 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII p 21 s 50 RS 8170 51 RS 81221 52 RS 812121 53 RS 8131 54 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 929 Voir aussi LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1209 s 55 Dans lrsquoancienne constitution voir art 24novies aCst 56 laquo Le laquo geacutenie geacuteneacutetique raquo (Gentechnologie) deacutesigne les proceacutedeacutes qui permettent drsquoanalyser de soigner voire de modifier des gegravenes notamment le support moleacuteculaire des caractegraveres heacutereacuteditaires drsquoun ecirctre vivant de mainegravere agrave identifier celui-ci voire agrave lrsquoinfluencer lui ou sa descendance raquo JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 936 Selon lrsquoart 2 let a LPMA la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee se deacutefinit comme les meacutethodes permettant drsquoinduire une grossesse en dehors de lrsquounion naturelle de lrsquohomme et de la femme en particulier lrsquoinseacutemination la feacutecondation in vitro avec transfert drsquoembryons et le transfert de gamegravetes Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 57 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 939 s Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 58 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 940 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 59 Notamment par la feacutecondation drsquoun ovule humain par un spermatozoiumlde humain et inversement JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 941 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 60 Art 119 al 1 let b Cst feacuted 61 Art 119 al 1 let c Cst feacuted Sur les meacutethodes de la PMA voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 942 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217

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viii)Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain

Enfin lrsquoart 120 Cst pose le principe de la protection de lrsquoecirctre humain et de son environnement contre les abus en matiegravere de geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain62 Il donne eacutegalement la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoutilisation du patrimoine germinal et geacuteneacutetique des animaux des veacutegeacutetaux et des autres organismes en suivant les principes suivants respect de lrsquointeacutegriteacute des organismes vivants de la seacutecuriteacute de lrsquoecirctre humain de lrsquoanimal et de lrsquoenvironnement et protection de la diversiteacute geacuteneacutetique des espegraveces animales et veacutegeacutetales

ix) Meacutedecine de la transplantation

Lrsquoart 119a Cst porte sur la meacutedecine de la transplantation et donne agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules Cette disposition pose les principes que la leacutegislation doit garantir la digniteacute humaine (en interdisant entre autres le commerce lucratif drsquoorganes et une reacutepartition discriminatoire des organes) proteacuteger la personnaliteacute (principalement du donneur) et la santeacute (du donneur et du receveur)63 Les textes leacutegaux fondeacutes sur cette disposition constitutionnelle sont eacutetudieacutes ci-dessous64

x) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement le 25 septembre 200965 sera soumis au peuple le 7 mars prochain Cette disposition pose les principes permettant de reacutealiser une recherche sur lrsquoecirctre humain et donne la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer dans ce domaine dans la mesure ougrave la protection de la digniteacute humaine et de la personnaliteacute lrsquoexige Les principes preacutevus sont les suivants66

a un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute que si la personne y participant ou la personne deacutesigneacutee par la loi a donneacute son consentement eacuteclaireacute la loi peut preacutevoir des exceptions un refus est contraignant dans tous les cas

b les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne doivent pas ecirctre disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute du projet

c un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute sur des personnes incapables de discernement que si des reacutesultats eacutequivalents ne peuvent ecirctre obtenus chez des personnes capables de discernement lorsque le projet de recherche ne permet pas drsquoescompter un beacuteneacutefice direct pour les personnes incapables de discernement les risques et les contraintes doivent ecirctre minimaux

d une expertise indeacutependante du projet de recherche doit avoir eacutetabli que la protection des personnes participant agrave ce projet est garantie

Sous le reacutegime de cet article constitutionnel les recherches impliquant des ecirctres humains visant un deacuteveloppement humain sont envisageables aux conditions mentionneacutees ci-dessus La lettre b retient particuliegraverement lrsquoattention La notion 62 Voir RAINER J SCHWEIZER com ad art 120 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1240 63 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 950 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARKUS SCHOTT com ad art 119a in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1230 s 64 Voir ci-dessous p 22 65 Arrecircteacute feacutedeacuteral relatif agrave un article constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain du 25 septembre 2009 66 Art 118b al 2 Cst

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drsquoutiliteacute du projet doit ecirctre preacuteciseacutee Selon le message lrsquoutiliteacute du projet consiste en le beacuteneacutefice escompteacute de la recherche envisageacutee Ce beacuteneacutefice peut ecirctre drsquoune part un beacuteneacutefice individuel du sujet par exemple pour sa santeacute et drsquoautre part un beacuteneacutefice pour des tiers pour la socieacuteteacute laquo Outre lrsquoutiliteacute pour la santeacute publique (p ex de meilleures possibiliteacutes de traitement pour les patients agrave venir) on peut penser agrave drsquoautres beacuteneacutefices pour la socieacuteteacute (p ex ameacutelioration de la qualiteacute de la vie deacutepassant le cadre de lrsquoutiliteacute pour la santeacute au sens strict) raquo67 Au vu de ces exemples donneacutes dans le message on peut se poser la question du beacuteneacutefice de recherches visant le deacuteveloppement humain En toute hypothegravese le principe geacuteneacuteral veut que les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne soient pas disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute de la recherche et aux beacuteneacutefices escompteacutes68 Pour esquisser des eacuteleacutements de reacuteponses agrave cette question il faut se pencher sur les nombreuses lois traitant de recherche sur lrsquoecirctre humain Citons la Loi sur les produits theacuterapeutiques lrsquoOrdonnance sur les essais cliniques la Loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee la Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires la Loi sur la transplantation les Lois sur la radioprotection et la protection des donneacutees69 et le projet de loi feacutedeacuterale sur la recherche sur lrsquoecirctre humain traiteacute ci-dessous70

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine

i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee

La loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee (LPMA) entreacutee en vigueur en 2001 regravegle les conditions de pratique de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee sur les ecirctres humains Elle assure la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la famille et interdit lrsquoapplication abusive de la biotechnologie et du geacutenie geacuteneacutetique Comme drsquoautres dispositions leacutegales71 et lrsquoart 119 Cst la LPMA interdit toute forme de seacutelection geacuteneacutetique ayant pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoenfant agrave naicirctre Lrsquoart 33 dispose que quiconque lors de lrsquoapplication drsquoune meacutethode de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee seacutelectionne les gamegravetes en fonction du sexe ou sur la base drsquoune analyse geacuteneacutetique dans un but autre que celui drsquoeacutecarter le risque de transmission drsquoune maladie grave et incurable aux descendants sera puni de lrsquoemprisonnement ou de lrsquoamende Lrsquoart 35 LPMA interdit de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire des cellules germinatives ou des cellules embryonnaires humaine drsquoutiliser de telles gamegravetes pour une impreacutegnation et drsquoutiliser pour le deacutevelopper jusqursquoau stade drsquoembryon un ovule impreacutegneacute ayant subi une telle modification72 Lrsquoart 36 preacutevoit encore une interdiction de creacuteer un clone un hybride ou une chimegravere et de transfeacuterer un embryon de chimegravere ou drsquohybride agrave une femme ou agrave un animal Quiconque commet une des actions interdite sera puni de lrsquoemprisonnement Selon le message la ratio legis de lrsquointerdiction des modifications du patrimoine germinal est que laquo nous ne sommes pas qualifieacutes pour deacuteterminer la nature des futurs ecirctres

67 Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 68 Voir Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 69 ASSM La recherche avec des ecirctres humains Meacutemento pour la pratique Bacircle 2009 p 13 70 Voir ci-dessous p 24 71 Voir loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain p 24 72 Selon le message le but de ces dispositions est drsquoempecirccher la conception programmeacutee drsquolaquo enfants ideacuteaux raquo de chimegraveres et drsquohybrides Le principe geacuteneacuteral est que toute seacutelection est exclue FF 1996 197 p 220 s et 275 ss

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humains cest-agrave-dire leurs capaciteacutes physiques et psychiques Cela reviendrait agrave donner agrave la geacuteneacuteration actuelle un pouvoir exclusif sur les geacuteneacuterations suivantes et agrave long terme agrave donner agrave des morts le pouvoir sur des vivants raquo73

ii) Analyse geacuteneacutetique humaine

La loi feacutedeacuterale sur lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine (LAGH) entreacutee en vigueur le 1er avril 2007 reacuteglemente lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques humaines74 dans le domaine de la meacutedecine du travail de lrsquoassurance et de la responsabiliteacute civile ainsi que lrsquoeacutetablissement de profils drsquoADN visant agrave deacuteterminer la filiation ou lrsquoidentiteacute drsquoune personne75 Elle a pour but de garantir la digniteacute humaine et la qualiteacute des analyses et de preacutevenir les analyses abusives et lrsquoutilisation abusive des donneacutees recueillies76 Pour cette eacutetude lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques dans la meacutedecine et le travail nous inteacuteressent plus particuliegraverement Sur les principes la loi preacutevoit que lrsquoanalyse geacuteneacutetique ne peut ecirctre effectueacutee qursquoagrave des fins meacutedicales et dans le respect du droit agrave lrsquoautodeacutetermination du patient77 Permettant de deacutetecter et diagnostiquer certaines maladies une analyse geacuteneacutetique peut ecirctre prescrite par un meacutedecin laquo que si elle reacutepond agrave un inteacuterecirct leacutegitime de celle-ci crsquoest-agrave-dire si lrsquoanalyse a un but prophylactique ou theacuterapeutique ou si elle permet drsquoeacutetablir un choix de vie ou un planning familial raquo78 Les analyses geacuteneacutetiques sont donc permises pour diagnostiquer une maladie parfois de faccedilon preacutecoce avant mecircme lrsquoapparition des premiers symptocircmes En particulier laquo une personne a le droit de savoir ou pas si elle est porteuse drsquoun gegravene deacutefectueux qui sera probablement agrave lrsquoorigine drsquoune maladie dans le futur mecircme srsquoil nrsquoexiste pas de mesure prophylactique raquo79 Par contre une analyse geacuteneacutetique ne sera pas autoriseacutee si elle a pour but de deacuteterminer une aptitude speacuteciale pour certains sports Certains preacutetendent qursquoune telle analyse est aujourdrsquohui techniquement possible A titre drsquoexemple la socieacuteteacute ameacutericaine Atlas Sport Genetics propose un test permettant drsquoanalyser le gegravene ACTN-3 qui srsquoapparenterait agrave un gegravene du sportif drsquoeacutelite80 et qui indiquerait une preacutedisposition agrave deacutevelopper des aptitudes biomotrices (vitesse endurance etc) supeacuterieures agrave la moyenne Ce test est vendu aux parents souhaitant connaicirctre les preacutedispositions geacuteneacutetiques de leurs enfants au sport de haut niveau81 Il convient drsquoembleacutee de souligner que la pertinence de ce test reste agrave deacutemontrer scientifiquement De plus la LAGH interdit dans tous les cas les analyses dans le but de deacuteterminer les preacutedispositions sportives des enfants au motif qursquoil nrsquoy a aucun laquo beacuteneacutefice direct au sens meacutedical pour la personne mineure incapable de discernement raquo8283 73 Message LPMA FF 1996 276 74 Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine est deacutefinie agrave lrsquoart 3 de la loi comme laquo les analyses cytogeacuteneacutetiques et moleacuteculaires effectueacutees sur lrsquoecirctre humain dans le but de deacuteterminer des caracteacuteristiques du patrimoine geacuteneacutetique heacutereacuteditaires ou acquises pendant la phase embryonnaire et toutes les autres analyses de laboratoire qui visent agrave obtenir de maniegravere directe ces mecircmes informations raquo les analyses cytogeacuteneacutetiques eacutetant laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer le nombre et la structure des chromosomes et les analyses moleacuteculaires laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer la structure moleacuteculaire des acides nucleacuteiques (ADN et ARN) ainsi que le produit direct du gegravene raquo 75 Art 1 LAGH 76 Art 2 LAGH 77 Art 10 al 1 LAGH 78 Message LAGH FF 2007 6841 p 6886 79 Message LAGH FF 2007 6841 p 6887 80 Voir agrave ce propos lrsquoarticle paru agrave ce sujet dans le New York Times du 30 novembre 2008 disponible agrave la page httpwwwnytimescom20081130sports30geneticshtml 81 wwwatlasgenecom 82 Message LAGH FF 2007 6841 p 6888

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Les analyses preacutenatales sont autoriseacutees pour deacutetecter chez lrsquoenfant agrave naicirctre des anomalies maladies et autres eacuteleacutements pouvant atteindre agrave sa santeacute A son art 11 la loi interdit de telles analyses visant agrave rechercher des caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus qui nrsquoinfluencent pas directement sa santeacute ou agrave deacuteterminer le sexe dans un but autre qursquoun diagnostic Le but de cette disposition est drsquointerdire la laquo seacutelection des embryons ou des fœtus selon le deacutesir des parents raquo84 Le but est ici drsquoeacuteviter que des parents puissent choisir des laquo beacutebeacutes agrave la carte raquo Lrsquoeacutevolution des techniques drsquoanalyse geacuteneacutetique de geacutenie geacuteneacutetique de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et des sciences biomeacutedicales en geacuteneacuteral permettent aujourdrsquohui et permettront toujours plus agrave lrsquoavenir drsquoenvisager non seulement la seacutelection mais encore la modification geacuteneacutetique des enfants agrave naicirctre donc des geacuteneacuterations futures Si lrsquoEtat ne prend plus aujourdrsquohui de mesures collectives agrave viseacutee eugeacuteniste85 une nouvelle forme drsquoeugeacutenisme priveacute libeacuteral volontaire ou positif selon les formules consacreacutees86 est concevable voire souhaiteacutee par certains87 Le leacutegislateur a reacuteglementeacute de faccedilon claire et reacutepeacuteteacutee le domaine de lrsquoutilisation des technologies geacuteneacutetiques appliqueacute agrave la seacutelection et agrave la modification libeacuterale drsquoenfants agrave naicirctre Dans la Constitution deacutejagrave dont lrsquoart 119 interdit lrsquoutilisation des meacutethodes de PMA pour modifier les caracteacuteristiques drsquoun enfant Dans les lois ensuite la LAGH prohibe la seacutelection de gamegravetes et drsquoembryons fondeacutee sur les preacutedispositions geacuteneacutetiques et la LPMA interdit toute modification volontaire du patrimoine geacuteneacutetique lors de procreacuteations meacutedicalement assisteacutees Le projet de LRH enfin deacuteclare illicites les projets de recherche visant agrave modifier des embryons ou fœtus sans rapport avec une maladie La volonteacute du leacutegislateur de ne pas permettre de modifications preacutenatales choisies a eacuteteacute affirmeacutee et confirmeacutee plusieurs fois de 199288 agrave 200989 Il paraicirct donc drsquoembleacutee exclu du moins agrave court et moyen termes que la leacutegislation soit reacuteviseacutee Au contraire les arguments invoqueacutes agrave reacuteiteacutereacutees reprises pour justifier la fermeteacute du Parlement agrave ce sujet relegravevent de valeurs fondamentales qui ne paraissent pas souffrir drsquoexceptions Il srsquoagit drsquoune barriegravere tregraves claire agrave lrsquoapplication de meacutethodes de deacuteveloppement humain artificiel dans ce domaine

83 Voir agrave ce sujet DOMINIQUE SPRUMONT La reacuteglementation des trousses drsquoanalyse geacuteneacutetique Lanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives Actes drsquoun colloque CHARLES JOYE (eacuted) Schulthess Zurich Bacircle et Genegraveve 2004 pp 71-88 84 Message LAGH FF 2007 6841 p 6889 85 Comme nous le savons il nrsquoen a pas toujours eacuteteacute ainsi En 1928 encore lrsquoEtat de Vaud mettait en place un reacutegime de steacuterilisation des malades mentaux et autorisait lrsquoavortement pour des motifs eugeacuteniques Voir GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 55 ss 67 et 85 Tout programme eacutetatique agrave viseacutees eugeacuteniques serait aujourdrsquohui contraire agrave la Constitution entre autre agrave ses articles 7 et 8 86 La liberteacute de choix reste relative dans lrsquoeugeacutenisme dit libeacuteral Si les mesures ne sont plus dicteacutees autoritairement par lrsquoEtat elles ne sont pas libres de fortes influences sociales et eacuteconomiques Nous ne pouvons qursquoabonder dans le sens de DUMOULIN pour qui laquo lrsquoeugeacutenisme nrsquoa pas cesseacute drsquoexister tout au plus a-t-il changeacute de forme raquo GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 87 87 Sur ces reacuteflexions voir parmi drsquoautres PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 et les reacutefeacuterences citeacutees 88 Date de lrsquoadoption de lrsquoart 24novies aCst Repris ensuite agrave lrsquoart 119 Cst Voir FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 935 89 Le projet de LRH dans sa version provisoire actuelle est dateacute du 21 octobre 2009

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Dans le domaine du travail la loi pose des conditions strictes quant agrave lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques Le principe fondamental qui a vocation agrave srsquoappliquer de faccedilon geacuteneacuterale et pas seulement dans le domaine du travail est que nul ne peut ecirctre discrimineacute en raison de son patrimoine geacuteneacutetique90 Ce principe pose la regravegle de lrsquointerdiction de lrsquousage drsquoinformations geacuteneacutetiques tant par lrsquoEtat que par les particuliers sauf dans les cas preacutevus par la loi91 Cette norme est une concreacutetisation du principe geacuteneacuteral poseacute agrave lrsquoart 8 al 2 Cst92 plus preacuteciseacutement de lrsquointerdiction des discriminations fondeacutees sur les deacuteficiences corporelles Pour PREVITALI laquo [l]e fait que la deacuteficience geacuteneacutetique repreacutesente une simple probabiliteacute qursquoune certaine maladie puisse se manifester un jour et que la deacuteficience ne soit deacutecelable sans recourir agrave des analyses approfondies nrsquoest pas un critegravere pertinent pour exclure les raisons geacuteneacutetiques du champ drsquoapplication de ce motif de discrimination raquo93 Plus avant la loi deacutetermine les conditions auxquelles un meacutedecin du travail peut prescrire une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique Le principe poseacute agrave lrsquoart 21 veut qursquoun employeur ou son meacutedecin ne puisse ni exiger une telle analyse ni exiger les reacutesultats drsquoune analyse preacuteexistante ni exiger une analyse geacuteneacutetique ayant pour but de deacuteterminer des caracteacuteristiques personnelles du travailleur qui nrsquoont pas de rapport avec sa santeacute Il existe toutefois des exceptions ougrave des analyses peuvent ecirctre effectueacutees dans le but de preacutevenir les maladies professionnelles ou les accidents Selon lrsquoart 22 les conditions cumulatives suivantes doivent alors ecirctre remplies

bull le poste est soumis aux dispositions sur la preacutevention dans le domaine de la meacutedecine du travail en vertu drsquoune deacutecision de la SUVA94 ou agrave drsquoautres dispositions feacutedeacuterales qui prescrivent une analyse meacutedicale pour eacutevaluer lrsquoaptitude de la personne concerneacutee agrave exercer lrsquoactiviteacute en question en raison des risques susceptibles de provoquer une maladie professionnelle une grave atteinte agrave lrsquoenvironnement ou des risques drsquoaccident grave ou drsquoatteinte grave agrave la santeacute de tiers

bull les mesures sur le lieu de travail au sens de lrsquoart 82 de la loi feacutedeacuterale du 20 mars 1981 sur lrsquoassurance-accidents ou drsquoautres dispositions leacutegales ne suffisent pas agrave eacutecarter ces risques

bull il est eacutetabli selon lrsquoeacutetat des connaissances scientifiques qursquoil existe un rapport de cause agrave effet entre une preacutedisposition geacuteneacutetique deacutetermineacutee et une maladie professionnelle un risque drsquoatteinte agrave lrsquoenvironnement ou un risque drsquoaccident ou drsquoatteinte agrave la santeacute de tiers

bull la Commission drsquoexperts pour lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine a confirmeacute le rapport de cause agrave effet selon la lettre preacuteceacutedente et reconnu la fiabiliteacute de la meacutethode drsquoanalyse permettant de deacutetecter la preacutedisposition

bull la personne concerneacutee a donneacute son consentement par eacutecrit

90 Art 4 LAGH 91 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 56 et les reacutefeacuterences citeacutees 92 Message LAGH FF 2002 6841 p 6876 Lrsquointerdiction de discriminer en raison du patrimoine geacuteneacutetique vise eacutegalement de faccedilon plus geacuteneacuterale la sauvegarde de la digniteacute humaine voir ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 52 s 93 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 51 94 Voir art 70 OPA

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Si une analyse est envisageable aux conditions susmentionneacutees dans le but de proteacuteger la santeacute du travailleur ou parce que le meacutetier en question exige une santeacute parfaite (p ex personnel navigant de lrsquoaeacuteronautique)95 rappelons cette analyse doit ecirctre consideacutereacutee comme une ultima ratio En effet le principe veut qursquoen preacutesence drsquoune activiteacute professionnelle potentiellement dangereuse lrsquoemployeur ne doit pas seacutelectionner ses employeacutes en fonction de leur reacutesistance ou de preacutedispositions particuliegraveres ou leur proposer des traitements leur permettant de srsquoadapter aux conditions de travail particuliegraveres (p ex la prescription drsquoampheacutetamines aux pilotes militaires ameacutericains) mais prioritairement adapter lrsquoenvironnement et les conditions de travail agrave la protection de la santeacute des personnes La deuxiegraveme condition de lrsquoart 22 LAGH le mentionne explicitement Il y a lagrave un frein explicite agrave toute forme de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo dans le domaine du travail qui ne reacutepondrait pas aux critegraveres susmentionneacutes qui concernent une atteinte moindre aux droits des travailleurs Cet eacuteleacutement devra tout particuliegraverement ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoeacutevaluation de projet de recherche dans ce domaine une laquo ameacutelioration raquo du travailleur par rapport agrave son environnement ne devrait pas ecirctre consideacutereacutee comme un veacuteritable beacuteneacutefice du point de vue de lrsquoeacutethique de la recherche si des mesures drsquoassainissement de cet environnement sont envisageables respectivement si les tacircches agrave accomplir peuvent ecirctre automatiseacutees On pense par exemple agrave la situation qui preacutevaut dans les centrales nucleacuteaires

iii) Meacutedecine de la transplantation

La loi feacutedeacuterale du 8 octobre 2004 sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules (loi sur la transplantation) fixe les conditions dans lesquelles des organes des tissus ou des cellules peuvent ecirctre utiliseacutes agrave des fins de transplantation Elle doit contribuer agrave ce que des organes des tissus et des cellules humains soient disponibles agrave des fins de transplantation et a eacutegalement pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoorganes de tissus ou de cellules notamment le commerce drsquoorganes lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de transplantation et drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute96 Le but fondamental de la loi est laquo drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de la transplantation raquo97 La loi sur la transplantation empecircche lrsquoutilisation de cette technique meacutedicale agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo par le biais des critegraveres permettant le preacutelegravevement et lrsquoattribution drsquoorganes Selon lrsquoart 12 de la loi le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes nrsquoest possible que si entre autres conditions le receveur ne peut pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode theacuterapeutique ayant une efficaciteacute comparable Le principe veut que les organes issus de dons effectueacutes par des personnes vivantes reviennent toujours agrave une personne deacutesigneacutee agrave lrsquoavance le plus souvent un proche98 Tout preacutelegravevement

95 Message LAGH FF 2002 6841 p 6904 96 Art 1 Loi sur la transplantation 97 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 129 98 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 145

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drsquoorgane sur une personne vivante agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est degraves lors exclu Concernant lrsquoattribution drsquoorganes preacuteleveacutes sur une personne deacuteceacutedeacutee plusieurs critegraveres srsquoappliquent dont celui de lrsquourgence meacutedicale de la transplantation et de lrsquoefficaciteacute de la transplantation drsquoun point de vue meacutedical99 La premiegravere condition veut que laquo les organes doivent ecirctre attribueacutes en premier lieu aux patients dont la santeacute est la plus gravement atteinte En lrsquooccurrence le seul eacuteleacutement deacuteterminant est la situation meacutedicale du patient raquo100 Au vu de la situation actuelle de peacutenurie drsquoorganes cette condition suffit agrave elle seule agrave empecirccher toute transplantation drsquoorgane agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo La deuxiegraveme condition mentionneacutee signifie qursquolaquo il y a lieu drsquoattribuer les organes aux patients auxquels la transplantation sera la plus profitable Lagrave encore seule lrsquoutiliteacute meacutedicale entre en consideacuteration Il ne saurait ecirctre question de prendre en compte lrsquoaspect laquoutiliteacute socialeraquo par exemple la laquovaleurraquo que revecirct une personne pour la socieacuteteacute ou encore pour drsquoautres patients lrsquoampleur et le niveau des responsabiliteacute qursquoils exercent raquo101 Lrsquoefficaciteacute meacutedicale se mesure en tenant compte la compatibiliteacute des groupes sanguins des groupes tissulaires et anatomiques existant entre lrsquoorgane et le receveur potentiel Enfin en application de lrsquoart 17 de la loi le principe de non-discrimination de lrsquoart 8 al 2 Cst srsquoapplique agrave lrsquoattribution drsquoorganes En conseacutequence laquo lrsquoorigine la race le sexe lrsquoacircge la langue la position sociale les convictions philosophiques ou religieuses une deacuteficience corporelle mentale ou psychique pas plus que lrsquoacircge ou la situation sociale ne sauraient ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoattribution drsquoorganes raquo102

iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires

La Loi feacutedeacuterale du 19 deacutecembre 2003 relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires (Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches LRCS) a pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoembryons surnumeacuteraires et de cellules souches embryonnaires et de proteacuteger la digniteacute humaine Pour ce faire elle fixe les conditions reacutegissant la production de cellules souches embryonnaires humaines agrave partir drsquoembryons humains surnumeacuteraires et lrsquoutilisation de ces cellules agrave des fins de recherche103 La LRCS prohibe diverses pratiques Lrsquoart 3 interdit en particulier

a de produire un embryon agrave des fins de recherche (art 29 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches agrave partir drsquoun tel embryon ou drsquoutiliser de telles cellules b de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire de cellules germinatives (art 35 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de

99 Art 18 Loi sur la transplantation 100 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 101 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 147 102 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 103 Art 1 LRCS

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produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun embryon dont le patrimoine germinal a eacuteteacute modifieacute ou drsquoutiliser de telles cellules c de creacuteer un clone une chimegravere ou un hybride (art 36 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun clone drsquoune chimegravere ou drsquoun hybride ou drsquoutiliser de telles cellules d de deacutevelopper un partheacutenote de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun partheacutenote ou drsquoutiliser de telles cellules e drsquoimporter ou drsquoexporter un embryon au sens des let a ou b un clone une chimegravere un hybride ou un partheacutenote

Un projet de recherche utilisant des cellules souches embryonnaires ne peut ecirctre meneacute que si la commission drsquoeacutethique compeacutetente a donneacute un avis favorable et aux conditions suivantes

a le projet a pour but drsquoobtenir des connaissances essentielles 1 visant agrave constater traiter ou preacutevenir des maladies humaines graves ou 2 portant sur la biologie du deacuteveloppement de lrsquoecirctre humain

b des connaissances drsquoeacutegale valeur ne peuvent ecirctre obtenues drsquoaucune autre maniegravere c le projet satisfait aux exigences de qualiteacute scientifiques d le projet est acceptable au plan eacutethique

Il srsquoavegravere ainsi que lrsquoexigence de lrsquoarticle 12 lit a ch 1 preacuteciteacute eacutecarte ou du moins rend particuliegraverement difficile la possibiliteacute drsquoutiliser des cellules souches embryonnaires pour faire de la recherche agrave des fins de deacuteveloppement humain artificiel

v) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement et prochainement soumis au peuple et aux cantons attribue agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la recherche sur lrsquoecirctre humain Le Conseil feacutedeacuteral a alors approuveacute et transmis agrave lrsquoassembleacutee feacutedeacuterale un projet de loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain (abreacutegeacute LRH) et le message y relatif104 Ce projet de loi vise agrave proteacuteger la digniteacute la personnaliteacute et la santeacute de lrsquoecirctre humain dans la recherche105 Il eacutetablit plusieurs regravegles geacuteneacuterales applicables agrave drsquoeacuteventuelles recherches visant le deacuteveloppement et lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain Mentionnons drsquoembleacutee que les projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus sans rapport avec une maladie sont illicites106 Cette regravegle est un simple rappel de la norme constitutionnelle poseacutee agrave lrsquoart 119 Cst107 Le message dans le commentaire de lrsquoart 24 du projet de loi tranche clairement la question de la pertinence et de lrsquoutiliteacute de recherches visant lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain par des modifications geacuteneacutetiques de fœtus ou drsquoembryons laquo La reacutealisation drsquoun projet de recherche qui a pour but de modifier les caracteacuteristiques du fœtus sans rapport avec une maladie est interdite en vertu de la 104 Les analyses ci-dessous sont fondeacutees sur les versions provisoires du projet et du message du 21 octobre 2009 105 Art 1 al 1 LRH 106 Art 24 LRH 107 Voir ci-dessus p 15

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preacutesente disposition Sont prohibeacutes drsquoune part les projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain Il srsquoagit ici de projets qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement Ces tentatives font depuis quelque temps lrsquoobjet de discussion sous la deacutesignation laquohuman enhancementraquo (meacutedecine meacuteliorative) Sont prohibeacutes drsquoautre part les projets de recherche ayant pour finaliteacute de modifier ou drsquoameacuteliorer des caracteacuteristiques humaines sans rapport direct avec la santeacute de la personne p ex lrsquoorientation sexuelle certains traits de caractegravere ou des particulariteacutes physiques comme la couleur des yeux Seuls sont autoriseacutes les projets de recherche qui ont pour but de traiter des maladies ou drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie en cas drsquoinfirmiteacute ou de malformations La liceacuteiteacute drsquoun projet de recherche doit ecirctre examineacutee concregravetement au cas par cas raquo108 De faccedilon geacuteneacuterale lrsquoart 5 pose le principe que la recherche sur lrsquoecirctre humain peut ecirctre pratiqueacutee uniquement si sa pertinence est eacutetablie pour la science ainsi que pour la compreacutehension des maladies humaines pour la compreacutehension de la structure et du fonctionnement du corps humain ou pour la santeacute publique Cette disposition reprend la regravegle consacreacutee par la Convention sur les droits de lrsquoHomme et la Biomeacutedecine du Conseil de lrsquoEurope109 et dans la leacutegislation suisse actuelle Il est particuliegraverement douteux que des projets de recherche visant uniquement une ameacutelioration de lrsquoecirctre humain remplissent cette condition Drsquoailleurs le message preacutecise que laquo [n]e seraient ainsi p ex pas autoriseacutes les projets de recherche visant agrave restreindre la libre opinion des personnes de maniegravere cibleacutee raquo110 En toute logique on peut deacuteduire de cet exemple que ce critegravere de pertinence exclu a priori la recherche en vue de modifications de la morale de personnes deacutetermineacutees Enfin mentionnons qursquoune autorisation de la commission drsquoeacutethique du canton dans lequel la recherche est proposeacutee est obligatoire pour la reacutealisation drsquoun projet de recherche Lrsquoautorisation est accordeacutee si les exigences eacutethiques juridiques et scientifiques de la loi sont remplies111 En autres eacuteleacutements de base que la CER devra eacutevaluer il srsquoagit de srsquoassurer que le principe de la primauteacute des inteacuterecircts de la personne sur les inteacuterecircts de la science et de la socieacuteteacute est bien respecteacute Proposer une recherche en matiegravere de dopage pourrait ainsi drsquoembleacutee en contradiction avec cette exigence agrave moins de deacutemontrer que la personne concerneacutee va effectivement beacuteneacuteficier de cette recherche sans risque drsquoinstrumentalisation Les arguments eacutevoqueacutees plus haut en matiegravere drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine en droit du travail gardent ici toute leur pertinence

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions

i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)

Les professions de meacutedecin dentiste pharmacien et chiropraticien sont reacuteglementeacutees par le droit feacutedeacuteral en vertu de lrsquoattribution de compeacutetence de lrsquoart 95

108 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 109 Voir lrsquoart 4 de la Convention httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml164htm et surtout le Protocole additionnel agrave la Convention sur les Droits de lHomme et la biomeacutedecine relatif agrave la recherche biomeacutedicale httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml195htm 110 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 54 111 Art 44 agrave 46 LRH

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Cst feacuted112 qui permet agrave la confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoexercice des activiteacutes eacuteconomiques lucratives priveacutees Ces professions sont reacuteglementeacutees par la loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) qui fixe les conditions de formation permettant drsquoacceacuteder agrave ces professions et les regravegles drsquoexercice des professions meacutedicales universitaires Lrsquoart 4 LPMeacuted pose les objectifs de la formation universitaire En substance il srsquoagit de srsquoassurer que les professionnels concerneacutes seront en mesure de preacutevenir diagnostiquer et gueacuterir les troubles de la santeacute soulager les souffrances promouvoir la santeacute et fabriquer remettre ou distribuer des meacutedicaments En font eacutegalement partie le fait de pouvoir prodiguer aux patients des soins individuels complets et de qualiteacute (let a) de traiter les problegravemes en recourant agrave des meacutethodes reconnues scientifiquement en prenant en consideacuteration les aspects eacutethiques et eacuteconomiques (let b) et drsquoassumer leurs responsabiliteacutes dans le domaine de la santeacute et au sein de la collectiviteacute de maniegravere conforme aux speacutecificiteacutes de leur profession (let d) De faccedilon geacuteneacuterale en plus des soins et theacuterapies laquo [s]ie muumlssen aber auch die Faumlhigkeit haben aufzuzeigen wie Menschen und Tiere nicht nur die Krankheit verhindern sondern vor allem ihre Gesundheit foumlrdern und staumlrken koumlnnen raquo113 Les art 6 et 7 mentionnent les compeacutetences geacuteneacuterales que doivent posseacuteder les personnes ayant termineacute les filiegraveres drsquoeacutetude concerneacutees Citons les eacuteleacutements suivants de lrsquoart 6 al 1 LPMeacuted disposer des bases scientifiques neacutecessaires pour prendre des mesures preacuteventives diagnostiques theacuterapeutiques palliatives et de reacutehabilitation (let a) savoir reconnaicirctre et eacutevaluer les facteurs de maintien de la santeacute et en tenir compte dans leur activiteacute professionnelle (let c) ecirctre capables de deacuteterminer si les prestations qursquoils fournissent sont efficaces adeacutequates et eacuteconomiques et savoir se comporter en conseacutequence (let h) Lrsquoart 8 LPMeacuted pose les objectifs speacutecifiques de formation que doivent atteindre les personnes ayant termineacute leurs eacutetudes de meacutedecine humaine de meacutedecine dentaire ou de chiropratique Parmi ceux-ci on peut citer le fait drsquoecirctre capables de prescrire les meacutedicaments de faccedilon professionnelle respectueuse de lrsquoenvironnement et eacuteconomique (let c) drsquoœuvrer en faveur de la santeacute humaine en donnant des conseils et en prenant les mesures de preacutevention et de promotion neacutecessaires dans leur champ drsquoactiviteacute professionnel (let h) et de respecter la digniteacute et lrsquoautonomie des personnes concerneacutees connaicirctre les principes de base de lrsquoeacutethique ecirctre familiariseacutees avec les diffeacuterents problegravemes eacutethiques qui se posent dans leur profession et se laisser guider dans leurs activiteacutes professionnelle et scientifique par des principes eacutethiques visant le bien des ecirctres humains (let i) Lrsquoart 40 LPMeacuted deacutefinit les devoirs professionnels que doivent observer les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant Ces devoirs sont les suivants

a exercer leur activiteacute avec soin et conscience professionnelle et respecter les limites des compeacutetences qursquoelles ont acquises dans le cadre de leur formation universitaire de leur formation postgrade et de leur formation continue

112 Voir eacutegalement les art 63a et 118 Cst feacuted 113 THOMAS FLEINER com ad art 4 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire p 101

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b approfondir deacutevelopper et ameacuteliorer leurs connaissances aptitudes et capaciteacutes professionnelles par une formation continue c garantir les droits du patient d srsquoabstenir de toute publiciteacute qui nrsquoest pas objective et qui ne reacutepond pas agrave lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral cette publiciteacute ne doit en outre ni induire en erreur ni importuner e deacutefendre dans leur collaboration avec drsquoautres professions de la santeacute exclusivement les inteacuterecircts des patients indeacutependamment des avantages financiers f observer le secret professionnel conformeacutement aux dispositions applicables

g precircter assistance en cas drsquourgence et participer aux services drsquourgence conformeacutement aux dispositions cantonales

h conclure une assurance responsabiliteacute civile professionnelle offrant une couverture adapteacutee agrave la nature et agrave lrsquoeacutetendue des risques lieacutes agrave leur activiteacute ou fournir des sucircreteacutes eacutequivalentes

Les devoirs professionnels114 de la LPMeacuted concreacutetisent le but de la loi en garantissant la qualiteacute des soins meacutedicaux par le biais drsquoune surveillance effective des professionnels viseacutes Ce rapide survol des compeacutetences reconnues aux meacutedecins ainsi que des responsabiliteacutes qui sont les leur met en lumiegravere lrsquoimportance de respecter drsquoune part les regravegles de lrsquoart agrave savoir les laquoprincipes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo (ATF 108 II 5961) et drsquoautre part les droits et la digniteacute des patients Afin drsquoappreacutecier la reacuteception de nouvelles pratiques de deacuteveloppement humain artificiel dans la meacutedecine il convient donc drsquoeacutevaluer si ces pratiques peuvent ecirctre consideacutereacutees comme conforme aux regravegles de lrsquoart Cette question relegraveve principalement des compeacutetences et de lrsquoeacutethique professionnelles On notera qursquoun meacutedecin qui srsquoeacutecarte des regravegles de lrsquoart peut ecirctre tenu pour responsable vis-agrave-vis du patient indeacutependamment du consentement de ce dernier En effet le consentement est certes le motif justificatif par excellence de la violation des droits de la personnaliteacute qursquoimplique tout acte meacutedical et partant absolument neacutecessaire Il ne srsquoagit cependant pas drsquoune condition suffisante Encore faut-il que ce agrave quoi consent le patient soit admissible sous lrsquoangle de lrsquoart 27 al 2 CC autrement dit nrsquoest pas contraire aux mœurs ou agrave lrsquoordre juridique notions qui recoupent partiellement celle de laquo regravegles de lrsquoart raquo La question ne peut se reacutesoudre que dans un cas concret A priori il existe cependant quelques reacuteticences agrave inclure ces nouvelles pratiques dans lrsquoeacutethos professionnel Le meacutedecin concerneacute se trouve ainsi agrave assumer un lourd 114 Selon SPRUMONT ET AL les devoirs professionnels laquo sont des normes de comportement devant ecirctre suivies par toutes les personnes exerccedilant une mecircme profession raquo DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 385

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fardeau de la preuve par laquelle il devrait deacutemontrer la pertinence de son acte sous lrsquoangle tant meacutedico-scientifique que eacutethique Nous reviendrons sur cette question dans la section sur les produits theacuterapeutiques On ne peut toutefois ignorer la tendance geacuteneacuterale vers les pratiques de bien-ecirctre ou laquo wellness raquo comme cela se dit souvent Ce mouvement nrsquoest pas limiteacute au seul domaine meacutedical Drsquoautres professionnels de la santeacute eacutelargissent aujourdrsquohui leur champ drsquointervention dans des domaines qui ne relegravevent pas strictement du theacuterapeutique ou du prophylactique On peut mentionner eacutegalement les professions lieacutees agrave lrsquoestheacutetique agrave la cosmeacutetique ou encore les tatoueurs ou les perceurs Les personnes pratiquant ces professions doivent toutefois respecter lrsquoOrdonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur les objets destineacutes agrave entrer en contact avec les muqueuses la peau ou le systegraveme pileux et capillaire et sur les bougies les allumettes les briquets et les articles de farces et attrapes115 Cette ordonnance preacutevoit des regravegles sur les mateacuteriaux et colorants utiliseacutes116 lrsquoobligation pour ces professionnels de prendre toutes les preacutecautions raisonnablement neacutecessaires afin de preacutevenir la transmission de toute infection dont fait partie lrsquoobligation drsquoutiliser du mateacuteriel steacuterile117 Le but de ces mesures est avant tout la protection de la santeacute des consommateurs Un autre point important meacuterite drsquoecirctre releveacute ces professions sont expresseacutement exclues de la liste des professions de la santeacute usuellement soumises agrave autorisation de pratique en droit cantonal sans parler des professions de la santeacute qui relegravevent du droit feacutedeacuteral (professions meacutedicales universitaires psychologues etc) Il ne srsquoagit donc pas de tomber dans la confusion lorsque des professionnels de la santeacute stricto sensu envahissent le champ de lrsquoestheacutetisme et de la cosmeacutetique Cela ne signifie pas neacutecessairement un changement de nature dans ces activiteacutes qui acquerraient ainsi un statut meacutedico-scientifique Comme pour les meacutedecins compleacutementaires dans les cantons romands il srsquoagit plutocirct drsquoune forme de toleacuterance de ces pratiques par les autoriteacutes tant que la santeacute publique est preacuteserveacutee et qursquoil nrsquoy a pas de confusion pour les patients entre ce qui se rapporte aux soins et ce qui relegraveve plutocirct du bien-ecirctre On notera que la deacuterive des professionnels de la santeacute dans des activiteacutes ougrave le marcheacute est en forte croissance soulegraveve un problegraveme reacuteel dans la situation actuelle de quasi peacutenurie de professionnels qualifieacutes Alors que le nombre de meacutedecins ou drsquoinfirmiers formeacutes en Suisse reste insuffisant pour maintenir une couverture des soins de lrsquoensemble de la population le fait que de nombreux professionnels abandonnent leurs activiteacutes de base pour se consacrer agrave des tacircches qui nrsquoentrent ni dans les soins ni dans la preacutevention est tregraves preacuteoccupant118 On voit drsquoailleurs ici toute lrsquoimportance de tracer une limite preacutecise entre preacutevention et deacuteveloppement humain artificiel La premiegravere relegraveve clairement aujourdrsquohui du systegraveme de santeacute alors que le second ne semble pas y appartenir

115 OFFICE FEDERAL DE LA SANTE PUBLIQUE OFSP Uniteacute de direction Protection des consommateurs Fiche drsquoinformation Tatouages et piercings comment ne pas risquer sa peau mai 2009 p 3 116 Lrsquoart 5 al 2 de lrsquoordonnance preacutevoit que les couleurs de tatouage et les couleurs de maquillage permanent ne doivent pas mettre en danger la santeacute du consommateur 117 Art 2 agrave 8 de lrsquoOrdonnance 118 Voir lrsquoarticle agrave paraicirctre de PETER SUTER preacutesident de lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales dans les actes de la 16egraveme journeacutee de droit de la santeacute octobre 2009 Neuchacirctel

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d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires

i) Seacutecuriteacute des produits

La nouvelle loi sur la seacutecuriteacute des produits du 12 juin 2009 (LSPro) remplace et abroge119 la loi feacutedeacuterale du 19 mars 1976 sur la seacutecuriteacute drsquoinstallations et drsquoappareils techniques (LSIT) Elle vise agrave assurer la seacutecuriteacute des produits mis sur le marcheacute120 en geacuteneacuteral (un produit au sens de cette loi eacutetant tout bien meuble precirct agrave lrsquoemploi mecircme srsquoil est incorporeacute agrave un autre bien meuble ou immeuble) dans la mesure ougrave le droit feacutedeacuteral ne contient pas drsquoautres dispositions visant le mecircme but Elle srsquoapplique donc de faccedilon subsidiaire aux autres lois sectorielles reacuteglementant des cateacutegories de produits particuliegraveres121 A titre drsquoexemple mentionnons que les produits chimiques theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires ainsi que les objets usuels sont soumis agrave des reacuteglementations speacuteciales La LSPro pose les principes suivants

bull Peuvent ecirctre mis sur le marcheacute les produits qui preacutesentent un risque nul ou minime pour la santeacute ou la seacutecuriteacute des utilisateurs ou de tiers lorsqursquoils sont utiliseacutes dans des conditions normales ou raisonnablement preacutevisibles122

bull Lrsquoeacutetiquetage lrsquoemballage les instructions drsquoassemblage drsquoinstallation et drsquoentretien les mises en garde et consignes de seacutecuriteacute les instructions concernant lrsquoutilisation et lrsquoeacutelimination et toute autre instruction et information relatifs agrave un produit doivent ecirctre adapteacutes au risque speacutecifique lieacute audit produit123

bull La mise sur le marcheacute drsquoun produit nrsquoest pas soumise agrave une autorisation administrative mais agrave des controcircles ougrave le responsable de la mise sur le marcheacute doit apporter la preuve que le produit respecte les exigences en matiegravere de seacutecuriteacute et de santeacute124

bull Le responsable de la mise sur le marcheacute doit adopter des mesures pour ecirctre informeacute et preacutevenir les risques que peuvent preacutesenter un produit et en garantir la traccedilabiliteacute

Ces regravegles geacuteneacuterales doivent ecirctre respecteacutees pour la mise sur le marcheacute suisse de tout produit nrsquoeacutetant pas soumis agrave des regravegles speacuteciales plus strictes Concernant le deacuteveloppement humain elles ont donc vocation agrave srsquoappliquer agrave tout produit (au sens de bien meuble mentionneacute ci-dessus) nrsquoeacutetant pas soumis agrave une loi speacuteciale La plupart des produits et substances utilisables dans un but de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont soumis agrave des regravegles plus strictes en particulier la loi sur les produits theacuterapeutiques et la loi sur les denreacutees alimentaires

119 Art 20 LSPro 120 Lrsquoart 2 al 3 LSPro contient une deacutefinition tregraves large de la mise sur la marcheacute qui comprend toute remise drsquoun produit agrave titre oneacutereux ou gratuit que ce produit soit neuf drsquooccasion reconditionneacute ou profondeacutement modifieacute ainsi que lrsquousage en propre drsquoun produit agrave des fins commerciales ou professionnelles lrsquoutilisation drsquoun produit dans le cadre drsquoune prestation de services la mise agrave la disposition de tiers drsquoun produit et lrsquooffre drsquoun produit 121 Message LSPro FF 2008 6771 p 6791 122 Art 3 al 1 LSPro 123 Art 3 al 4 LSPro 124 Art 5 LSPro Voir Message LSPro FF 2008 6771 p 6803 s

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ii) Meacutedicaments

La loi sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux (loi sur les produits theacuterapeutiques LPTh) a pour but en geacuteneacuteral de proteacuteger la santeacute de lrsquoecirctre humain et des animaux et vise agrave garantir la mise sur le marcheacute de produits theacuterapeutiques de qualiteacute sucircrs et efficaces En particulier elle vise agrave ce que les produits theacuterapeutiques mis sur le marcheacute soient utiliseacutes conformeacutement agrave leur destination et avec modeacuteration125 Lrsquoart 4 LPTh deacutefinit les meacutedicaments comme laquo les produits drsquoorigine chimique ou biologique destineacutes agrave agir meacutedicalement sur lrsquoorganisme humain ou animal ou preacutesenteacutes comme tels et servant notamment agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps le sang et les produits sanguins sont consideacutereacutes comme des meacutedicaments raquo Pour accomplir les buts de la loi la LPTh eacutetablit un reacutegime drsquoautorisations La fabrication la mise sur le marcheacute suisse lrsquoimportation lrsquoexportation la vente en gros et de deacutetails de meacutedicaments ne sont possible que si lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (Swissmedic)126 a deacutelivreacute une autorisation drsquoexploitation agrave lrsquoentreprise requeacuterante Pour qursquoune autorisation de mise sur le marcheacute soit deacutelivreacutee le requeacuterant doit a apporter la preuve que le meacutedicament ou le proceacutedeacute est de qualiteacute sucircr et efficace b ecirctre titulaire drsquoune autorisation de fabriquer drsquoimporter ou de faire le commerce de gros deacutelivreacutee par lrsquoautoriteacute compeacutetente c avoir son domicile ou son siegravege social en Suisse ou y avoir fondeacute une filiale Notons que les art 23 ss de la LPTh classent les meacutedicaments dans cinq listes diffeacuterentes (A) les meacutedicaments sous ordonnance non-renouvelable vendus en pharmacie (B) les meacutedicaments sous ordonnance vendus en pharmacien (C) les meacutedicaments vendus en pharmacies (D) les meacutedicaments vendus en drogueries et (E) les meacutedicaments en vente libre La diffeacuterence entre les meacutedicaments en vente libre et ceux vendus sans ordonnance est que ces derniers ne peuvent ecirctre remis agrave un consommateur que par un professionnel formeacute et autoriseacute agrave vendre des meacutedicaments au deacutetail agrave savoir en principe un pharmacien ou un droguiste pour ceux de la liste D127 Les regravegles de base eacutetant poseacutees plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre deacuteveloppeacutes en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo

Selon le Tribunal feacutedeacuteral laquo [u]n meacutedicament ne sera pas autoriseacute sil ressort du dossier quil preacutesente un rapport beacuteneacutefice-risque neacutegatif lors de lusage auquel il est 125 Art 1 LPTh 126 Lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (swissmedic) est lrsquoautoriteacute suisse de controcircle et drsquoautorisation des produits theacuterapeutiques voir wwwswissmedicch 127 Art 24 et 30 LPTh

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destineacute sil na pas lefficaciteacute theacuterapeutique voulue ou si celle-ci nest pas suffisamment prouveacutee ou encore si sa composition ne correspond pas agrave celle qui est indiqueacutee (message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux du 1er mars 1999 FF 1999 3151 ss 3193) raquo128 Dans le mecircme arrecirct il est encore mentionneacute ce qui suit laquo Il ressort du systegraveme dautorisation de mise sur le marcheacute dun meacutedicament que ladmission de celui-ci se rapporte toujours agrave des indications meacutedicales preacutecises Lexigence dun lien entre le meacutedicament et une application concregravete et deacutetermineacutee de celui-ci est inheacuterente au systegraveme de lautorisation puisquun meacutedicament est par deacutefinition destineacute agrave agir meacutedicalement sur lorganisme humain et sert agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps (art 4 al 1 let a LPTh) En plus de la qualiteacute du meacutedicament une autre des conditions de lautorisation est lefficaciteacute du produit theacuterapeutique (art 10 al 1 let a LPTh) soit sa capaciteacute agrave atteindre le reacutesultat theacuterapeutique viseacute par rapport agrave une maladie deacutetermineacutee La mise sur le marcheacute dun meacutedicament nest donc autoriseacutee quen relation avec les maladies pour le diagnostic la preacutevention ou le traitement desquelles le requeacuterant a apporteacute la preuve que le meacutedicament eacutetait efficace Si le requeacuterant entend par la suite eacutetendre le champ dapplication du meacutedicament au beacuteneacutefice dune autorisation agrave dautres indications il doit en faire la demande Les indications pour lesquelles le meacutedicament a eacuteteacute autoriseacute sont mentionneacutees dans la notice destineacutee aux professions meacutedicales et approuveacutee par Swissmedic Elles font eacutegalement lobjet du preacuteavis deacutelivreacute par Swissmedic preacutecisant lautorisation que cet institut entend donner ainsi que les indications et les dosages qui seront autoriseacutes La notice et le preacuteavis font partie des documents qui doivent par la suite ecirctre preacutesenteacutes agrave lOFAS avec la demande dadmission du meacutedicament dans la liste des speacutecialiteacutes (art 30a al 1 let a et b OPAS) raquo129 On peut deacuteduire de cet arrecirct et drsquoautres plus reacutecents130 qursquoune mise sur le marcheacute de meacutedicaments dans un but autre que theacuterapeutique (p ex de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo) devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic Un meacutedicament devant servir agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps ne peut ecirctre autoriseacute qursquoen relation avec une atteinte agrave la santeacute Le message concernant la LPTh conforte cette interpreacutetation pour plusieurs raisons Premiegraverement elle vise agrave restreindre lrsquoutilisation agrave des fins de dopage131 deuxiegravemement un meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute srsquoil preacutesente un rapport beacuteneacutefice risque neacutegatif Un produit ayant pour but une ameacutelioration cognitive physique ou autre preacutesente un beacuteneacutefice contestable concernant la santeacute srsquoil nrsquoa pas drsquoutiliteacute theacuterapeutique srsquoil preacutesente en plus des risques sa mise sur le marcheacute doit ecirctre refuseacutee Etant donneacute que la plupart des substances pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo pour des personnes en santeacute ont des fonctions theacuterapeutiques pour les personnes atteintes de maladies le critegravere de la mise sur le marcheacute est selon nous moins pertinent pour deacuteterminer les limites leacutegales des possibiliteacutes de deacuteveloppement humain artificiel que celui de lrsquousage hors eacutetiquette traiteacute ci-dessous

128 Tribunal feacutedeacuteral des assurances K10303 Arrecirct du 14 septembre 2004 et ATF 130 (2004) V p 532-546 p 537 129 ATF 130 (2004) V p 532-546 p 538 130 Notamment ATF 134 V 83 131 V 349 et 133 V 239 131 Message LPTh FF 1999 3151 p 3171

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(2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance Selon lrsquoart 26 LPTh Les regravegles reconnues des sciences pharmaceutiques et meacutedicales doivent ecirctre respecteacutees lors de la prescription et de la remise de meacutedicaments Le Message LPTh explique qursquolaquo [i]mplicitement cette prescription interdit la prescription et la remise abusives de meacutedicaments raquo132 Si une prescription abusive est interdite les meacutedecins disposent de la liberteacute theacuterapeutique en drsquoautres termes du libre choix de la theacuterapie agrave utiliser dans une situation donneacutee Lorsqursquoun meacutedicament est autoriseacute par Swissmedic lrsquoautorisation est accompagneacutee drsquoune laquo information professionnelle raquo133 contenant les indications et la posologie On parle alors drsquousage hors eacutetiquette en cas de prescription drsquoun meacutedicament par un meacutedecin deacuterogeant agrave cette information professionnelle autrement dit en cas drsquolaquo Einsatz eines Arzneimittels ausserhalb der registrierten Indikation in anderer Dosierung oder bei anderen Patientengruppen (off label) raquo134 En geacuteneacuteral la prescription hors eacutetiquette est admise et fait partie de la liberteacute theacuterapeutique du meacutedecin Elle est mecircme courante dans certaines disciplines comme la peacutediatrie la gyneacutecologie lrsquooncologie ou la geacuteriatrie135 Le deacuteveloppement de cette pratique est ducirc agrave plusieurs facteurs dont le fait que des meacutedicaments nrsquoont pas eacuteteacute autoriseacutee ni testeacutes sur des groupes de patients donneacutes et le fait que dans divers cas lrsquoinformation professionnelle est deacutepasseacutee et que lrsquoindustrie pharmaceutique ne la fait pas enregistrer pour les nouvelles applications scientifiquement attesteacutees136 Parallegravelement agrave lrsquolaquo usage hors eacutetiquette (off label use) raquo on parle de laquo unlicensed use raquo lorsqursquoun meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute en Suisse laquo Dans ce cas le meacutedecin peut prescrire un meacutedicament sans autorisation particuliegravere pour autant que celui-ci ait eacuteteacute admis par un pays dont lrsquoautorisation est reconnue comme eacutequivalente agrave celles deacutelivreacutees en Suisse (pex UE ou USA) Si tel nrsquoest pas le cas le meacutedecin doit obtenir une autorisation speacuteciale de Swissmedic Pour pouvoir importer un tel meacutedicament le meacutedecin ou lrsquohocircpital aura en outre besoin drsquoune autorisation du canton raquo137 Le corollaire de lrsquoadmission de lrsquousage non autoriseacute et de lrsquousage hors eacutetiquette se trouve dans la responsabiliteacute du meacutedecin La responsabiliteacute civile des meacutedecins indeacutependants comme de toutes les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant est fondeacutee sur le

132 Message LPTh FF 1999 3178 p 3209 133 Art 13 et annexe 4 Ordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les exigences relatives agrave lrsquoautorisation de mise sur le marcheacute des meacutedicaments 134 Mitteilung Arzneimittelpolitik FMH in Bulletin des meacutedecins suisses 2004 85 Nr 28 1485 Pour AYER laquo le meacutedicament qui figure dans la liste des speacutecialiteacutes mais qui est utiliseacute pour des indications qui ne figurent pas dans lrsquoautorisation de Swissmedic est qualifieacute de laquo hors eacutetiquette raquo raquo ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 135 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 18 ss 136 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 19 s 137 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20

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code des obligations plus preacuteciseacutement sur le contrat de mandat138 Pour que la responsabiliteacute contractuelle du meacutedecin soit engageacutee il faut donc une violation du contrat impliquant une faute ou une neacutegligence et un rapport de causaliteacute entre la violation du contrat et le dommage pour que le dommage subi par le patient soit imputeacute au meacutedecin En matiegravere meacutedicale la violation du contrat se traduit par une violation du devoir de diligence du meacutedecin crsquoest-agrave-dire une violation des regravegles de lrsquoart Les regravegles de lrsquoart se deacutefinissent comme laquo les principes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo139 En conseacutequence une faute de diagnostic ou de traitement peut geacuteneacuterer la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin si elle constitue une inobservation drsquoune des regravegles de lrsquoart140 En cas de prescription hors eacutetiquette le meacutedecin est responsable de la deacuterogation En cas de complication il doit donc pouvoir justifier que lrsquoutilisation faite du meacutedicament correspondait agrave lrsquoeacutetat actuel de la science141 La responsabiliteacute peacutenale du meacutedecin en cas drsquousage non conforme drsquoun meacutedicament par exemple est donneacutee lorsqursquoil reacutealise une infraction en geacuteneacuteral une infraction contre la vie ou lrsquointeacutegriteacute corporelle Le TF a eu lrsquooccasion de trancher cette question dans deux arrecircts reacutecents142 Le premier concerne un oncologue bacirclois ayant traiteacute des patients avec un meacutedicament non autoriseacute par Swissmedic143 Ce praticien expeacuterimenteacute administrait agrave ses patients les plus atteints du laquo Lipoteichonsaumlure (LTA) raquo Les autoriteacutes bacircloises lui ont alors interdit lrsquousage de cette substance Sur demande de certains patients le praticien a eacuteteacute autoriseacute agrave des conditions strictes agrave utiliser ce meacutedicament dans le cadre drsquoune laquo compassionate use raquo Par la suite le meacutedecin srsquoest agrave nouveau vu interdire lrsquoutilisation du LTA au motif qursquoil nrsquoavait pas respecteacute ses engagements preacuteceacutedents Devant le Tribunal feacutedeacuteral srsquoest poseacutee la question de savoir si lrsquooncologue incrimineacute avait mis en danger la vie de ses patients au sens de lrsquoart 127 CP Le tribunal a consideacutereacute qursquoen lrsquoespegravece lrsquoon ne pouvait retenir de volonteacute du praticien de mettre en danger ses patients Il a donc eacuteteacute acquitteacute Le deuxiegraveme cas est celui drsquoun meacutedecin zurichois accuseacute drsquohomicide par neacutegligence suite au deacutecegraves drsquoune patiente agrave qui il avait prescrit un meacutedicament dans un dosage exceacutedant la quantiteacute geacuteneacuteralement admissible144 La question srsquoest alors poseacutee de savoir si la mort de la patiente eacutetait due agrave une violation des regravegles de lrsquoart qui en lrsquoespegravece serait constitueacutee par lrsquoutilisation drsquoune dose non conforme A ce propos le TF a retenu que laquo [a]ufgrund fruumlherer Studien ist das Bundesgericht jedoch zum Schluss gekommen dass diese Dosierung einer gaumlngigen Therapieform und damit 138 Art 394 ss CO DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 408 s En cas de leacutesion commise par un meacutedecin par exemple un concours entre la responsabiliteacute contractuelle et deacutelictuelle est possible voir OLIVIER GUILLOD CHRISTOPHE RAPIN La responsabiliteacute rapport suisse in La responsabiliteacute aspects nouveaux (journeacutees panameacuteennes) Paris 2003 p 375-403 p 376 139 ATF 108 II 59 61 140 Idem 141 Acadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales et la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) (eacuted) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20 142 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss 143 ATF 6B_402008 144 ATF 6B_6462007

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dem aktuellen Stand der Medizin entsprach An die Aufklaumlrungs- und Risikoabwaumlgungspflichten waren deshalb keine besonders strengen Anforderungen zu stellen raquo145 Mecircme si ces deux exemples ne traitent pas de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ils tendent agrave montrer que la liberteacute theacuterapeutique des personnes exerccedilant des professions meacutedicales universitaires est tregraves eacutetendue et permet une utilisation de meacutedicaments plus large que celle autoriseacutee Faut-il en deacuteduire que les meacutedecins disposent drsquoune large liberteacute de prescrire des meacutedicaments agrave des fins autres qursquoune theacuterapie Une reacuteponse neacutegative srsquoimpose en effet pour plusieurs raisons Premiegraverement le meacutedecin devant respecter les regravegles de lrsquoart pour ne pas devoir engager sa responsabiliteacute en cas de dommage des preuves scientifiques sont neacutecessaires pour pouvoir utiliser un meacutedicament hors eacutetiquette Mais pour que de telles preuves existent il faut que des recherches aient eacuteteacute meneacutees Comme vu ci-dessus il est douteux que des recherches puissent ecirctre meneacutees avec les risques qursquoelles comportent pour les sujets de recherche alors que les beacuteneacutefices escompteacutes nrsquoauront aucun but theacuterapeutique ou de santeacute publique En conseacutequence lrsquousage hors eacutetiquette de meacutedicaments agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne sera en toute logique pas autoriseacute principalement au motif que les recherches neacutecessaires pour arriver au niveau de seacutecuriteacute exigeacute par le droit suisse ne rentrent pas dans les conditions permettant leur mise en œuvre (critegravere de la pertinence et adeacutequation entre risque potentiel et beacuteneacutefice escompteacute) Deuxiegravemement le meacutedecin devra suffisamment informer le patient pour qursquoil puisse consentir au traitement en connaissance de cause Si les beacuteneacutefices drsquoun meacutedicament ne sont pas suffisamment deacutemontreacutes scientifiquement dans une situation donneacutee lrsquoincertitude doit mener agrave la prudence pour le patient et surtout pour le meacutedecin dans les conseils qursquoil prodigue au vu lrsquoengagement de sa responsabiliteacute Les conseacutequences envisageables de meacutedicaments soumis agrave ordonnance sur la santeacute et les conseacutequences patrimoniales pour le patient (les conditions de remboursement drsquoun meacutedicament prescrit hors eacutetiquette eacutetant strictes146) doivent reacuteguler des utilisations trop laquo fantaisistes raquo de meacutedicaments Troisiegravemement le principe drsquoeacuteconomie mentionneacute agrave lrsquoart 6 al 1 let h LPMeacuted et dans drsquoautres lois pose une restriction de principe agrave la fourniture de prestations qui ne sont pas efficaces adeacutequates et eacuteconomiques

(3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)

La LPTh limite les possibiliteacutes de faire de la publiciteacute pour les meacutedicaments147 Son article 31 pose le principe que la publiciteacute destineacutee au public ne peut ecirctre faite que pour des meacutedicaments non soumis agrave ordonnance Une publiciteacute pour les autres meacutedicaments ne peut ecirctre adresseacutee qursquoaux personnes autoriseacutees agrave prescrire et 145 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1215 146 Voir ci-dessous p 42 147 Selon lrsquoart 2 al 1 OPMed la publiciteacute se deacutefinit comme laquo toute forme drsquoinformation de prospection ou drsquoincitation qui vise agrave encourager la prescription la remise la vente la consommation ou lrsquoutilisation de meacutedicaments raquo

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remettre des meacutedicaments148 Lrsquoart 32 LPTh pose encore des conditions strictes dans lesquelles les publiciteacutes pour meacutedicaments sont autoriseacutees Suivant cette disposition est illicite a la publiciteacute trompeuse ou contraire agrave lrsquoordre public et aux bonnes moeurs b la publiciteacute pouvant inciter agrave un usage excessif abusif ou inapproprieacute de meacutedicaments c la publiciteacute pour les meacutedicaments qui ne peuvent ecirctre mis sur le marcheacute en Suisse Est illicite la publiciteacute destineacutee au public pour les meacutedicaments a qui ne peuvent ecirctre remis que sur ordonnance b qui contiennent des stupeacutefiants ou des substances psychotropes viseacutes par la loi du 3 octobre 1951 sur les stupeacutefiants1 c qui du fait de leur composition et de lrsquousage auquel ils sont destineacutes ne peuvent ecirctre utiliseacutes pour le diagnostic la prescription ni le traitement correspondant sans lrsquointervention drsquoun meacutedecin d qui font freacutequemment lrsquoobjet drsquoun usage abusif ou qui peuvent engendrer une accoutumance ou une deacutependance Selon le TF laquo [l]a publiciteacute destineacutee aux professionnels (publiciteacute pour des produits theacuterapeutiques adresseacutee aux personnes qui les remettent ou les prescrivent) ne doit pas inciter agrave un emploi abusif ou inapproprieacute des produits theacuterapeutiques Une autorisation de publiciteacute pour des applications qui ne sont pas autoriseacutees sous langle du droit des produits theacuterapeutiques serait contraire aux principes de la protection de la santeacute et de celle des consommateurs ainsi quau principe de lutilisation modeacutereacutee des produits theacuterapeutiques raquo149 Lrsquoordonnance sur la publiciteacute pour les meacutedicaments ajoute entre autres les eacuteleacutements suivants

bull la publiciteacute tant destineacutee aux professionnels qursquoau public doit se limiter aux indications et aux possibiliteacutes drsquoemploi reconnues par lrsquoinstitut (art 5 al 1 et 16 al 1 OPMeacuted)

bull La publiciteacute destineacutee au public doit preacutesenter le meacutedicament de faccedilon veacuteridique et sans exageacuteration que ce soit par lrsquoimage le son ou la parole (art 16 al 2 OPMeacuted)

bull la publiciteacute destineacutee au public pour des indications ou des possibiliteacutes drsquoemploi neacutecessitant un diagnostic ou un traitement meacutedical ou veacuteteacuterinaire est illicite (art 21 al 1 OPMeacuted)

bull les eacuteleacutements qui suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre ameacutelioreacute par lrsquoutilisation du meacutedicament sont interdits (art 22 let d OPMeacuted)

bull suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre affecteacute par la non-utilisation du meacutedicament (art 22 let e OPMeacuted)

148 Les personnes autoriseacutees agrave remettre des meacutedicaments sont eacutenumeacutereacutees aux art 24 ss LPTh Lrsquoart 3 OPMeacuted preacutecise que cette disposition les meacutedecins dentistes veacuteteacuterinaires pharmaciens et droguistes 149 Topamax Bundesgericht vom 1 Oktober 2008 Unzulaumlssige Bewerbung nicht genehmigter Arzneimittelanwendungen II oumlffentlichrechtliche Abteilung Abweisung der Beschwerde Akten-Nr 2C9320088 in sic 2009 p 93 ss p 93

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Les deux derniers eacuteleacutements mentionneacutes sont clairs toute publiciteacute pour des meacutedicaments pour un usage de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est interdite en Suisse

(4) Interdiction du dopage Lrsquoentreacutee en vigueur de la LPTh srsquoest accompagneacutee drsquoune modification de la Loi encourageant la gymnastique et les sports150 par lrsquoadjonction drsquoun nouveau chapitre Vb sur les mesures contre le dopage (art 11b agrave 11f) En particulier lrsquoart 11d interdit laquo a de fabriquer drsquoimporter drsquoacqueacuterir pour des tiers de distribuer de prescrire et de remettre des produits destineacutes au dopage b drsquoappliquer des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Eleacutement important lrsquoart 11f introduit des sanctions peacutenales pour toute personne qui contribue au dopage en particulier qui laquo fabrique importe acquiert pour des tiers distribue prescrit ou remet des produits dopants ou applique des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Cette disposition vise directement les professionnels de la santeacute qui pourraient participer agrave des activiteacutes dopantes Ces dispositions leacutegales sont compleacuteteacutees par deux ordonnances

bull - ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et meacutethodes de dopage (Ordonnance sur les produits dopants)

bull - ordonnance du 17 octobre 2001 sur les exigences minimales agrave respecter lors des controcircles antidopage (Ordonnance sur les controcircles antidopage)

Lrsquoart 2 de lrsquoordonnance sur les produits dopants offre la deacutefinition leacutegale du dopage agrave savoir laquo lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo On constatera que cette deacutefinition rejoint celle consacreacutee dans la Convention internationale contre le dopage dans le sport151 elle-mecircme reprenant les principes du code mondial antidopage La Suisse participe ainsi aux efforts internationaux en matiegravere de lutte contre le dopage dont la tendance est de se renforcer On notera que les objectifs de cette lutte sont multiples Il srsquoagit de garantir le fair-play dans le sport en preacuteservant ainsi lrsquoimage positive de cette activiteacute et de proteacuteger la santeacute des athlegravetes Non seulement la santeacute des sportifs qui se dopent prenant ainsi des risques seacuterieux mais eacutegalement celles des autres athlegravetes qui dans un environnement ougrave de nombreux sportifs seraient dopeacutes nrsquoauraient pas drsquoautre choix que de se doper eux-mecircmes pour maintenir leur performance Paradoxalement il nrsquoy a pas lieu de srsquoeacutetendre dans ce rapport sur la question de la lutte antidopage dans la mesure ougrave lrsquoengagement des gouvernements et des autoriteacutes semble clair De telles pratiques ne semblent pas devoir ecirctre autoriseacutees dans les anneacutees agrave venir bien au contraire Sous lrsquoangle du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo la condamnation du dopage dans le sport est largement partageacutee au niveau international La Suisse vient drsquoailleurs de se doter drsquoun organisme adhoc pour respecter ses engagements internationaux la fondation laquo Antidopage 150 RS 4150 151 RS 08121222

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Suisse raquo152 Cette fondation est en charge de mener des campagnes de preacutevention et drsquoinformation mais aussi drsquoorganiser les controcircles antidopage des sportifs concerneacutes A ce propos il convient toutefois de souligner qursquoils ne touchent que les sportifs drsquoeacutelite dans le monde amateur ou professionnel La question reste ouverte dans les autres domaines drsquoougrave lrsquoimportance des normes analyseacutees dans le reste de ce rapport qui srsquoappliquent agrave tous et pas seulement dans le milieu du sport drsquoeacutelite Il srsquoagit lagrave sans doute drsquoune des grandes faiblesses de la lutte antidopage qui srsquoexplique en partie peut-ecirctre par le fait que la prioriteacute dans ce domaine est davantage la protection de lrsquoimage du sport que la protection de la santeacute des athlegravetes153

iii) Stupeacutefiants

La loi feacutedeacuterale sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes (LStup) eacutetablit un controcircle desdites substances en Suisse154 laquo La LStup reacuteglemente lrsquousage meacutedical des substances psychotropes et interdit en mecircme temps la production le commerce la deacutetention et la consommation de drogues agrave des fins non meacutedicales raquo155 Dans la regravegle La LStup interdit sous peine de sanctions peacutenales tout usage sans droit de stupeacutefiants dont la consommation la vente la production la culture le trafic lrsquoachat etc156 De nombreux produits potentiellement utilisables dans le domaine du deacuteveloppement humain et du dopage sont des stupeacutefiants au sens de la LStup citons par exemple les ampheacutetamines meacutethampheacutetamines cocaiumlne MDMA etc157 Preacutecisons drsquoembleacutee que selon lrsquoart 1 al 1bis LStup la loi sur les produits theacuterapeutiques srsquoapplique aux stupeacutefiants utiliseacutes comme produits theacuterapeutiques sauf si elle ne preacutevoit pas de reacuteglementation ou que sa reacuteglementation est moins eacutetendue La LStup soumet la fabrication la dispensation lrsquoacquisition et lrsquoutilisation de stupeacutefiants agrave des regravegles et une proceacutedure drsquoautorisation strictes des exceptions eacutetant preacutevues pour les meacutedecins utilisant ces produits dans le cadre de leur profession En geacuteneacuteral ces actions ne sont autoriseacutees qursquoagrave des fins meacutedicales les autorisations nrsquoeacutetant remises qursquoagrave des prestataires de soins meacutedicaux ou des entreprises de lrsquoindustrie pharmaceutique158

152 httpwwwantidopingchfrindexphp 153 Cf OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 154 Sur la deacutefinition des produits stupeacutefiants voir art 1 LStup qui mentionne laquo les substances et les preacuteparations ayant des effets du type morphinique cocaiumlnique et cannabique et qui engendrent la deacutependance (toxicomanie) raquo Pour une autre deacutefinition THOMAS FINGERHUTH CHRISTOF TSCHURR BetmG Kommentar com ad Art 1 p 60 laquo Als ldquoBetaumlubungsmittelldquo iSv Art 1 BetmG koumlnnen ganz allgemein natuumlrliche oder synthetische Stoffe und Praumlparate (= Zubereitungen) bezeichnet werden deren Gebrauch eine physische undoder psychische Abhaumlngigkeit erzeugen kann raquo La liste de tous les stupeacutefiants se trouve dans lrsquoOrdonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes et ses appendices 155 SIMONE LEDERMANN FRITZ SAGER La politique suisse en matiegravere de drogue Troisiegraveme programme de mesures de la confeacutedeacuteration en vue de reacuteduire les problegravemes de drogue (ProMeDro III) 2006-2011 p 33 156 Art 19 et 19a LStup 157 Ces substances sont inclues dans la liste des stupeacutefiants de lrsquoappendice a de lrsquoordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes 158 Voir par exemple les art 4 et 8 al 5 LStup

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iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels

(1) Denreacutees alimentaires Si le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo peut impliquer lrsquousage de meacutedicaments les denreacutees alimentaires et objets usuels peuvent eacutegalement jouer un rocircle dans ce cadre En effet on voit de plus en plus drsquoaliments fonctionnels (alicaments ou laquo nutraceuticals raquo) ayant des vertus de laquo santeacute raquo voire de deacuteveloppement humain Les denreacutees alimentaires sont deacutefinies comme eacutetant les produits nutritionnels destineacutes agrave la constitution et agrave lrsquoentretien de lrsquoorganisme humain qui ne sont pas procircneacutes comme meacutedicaments En application de lrsquoart 3 al 2 LDAI le fournisseur drsquoun produit peut deacutecider srsquoil souhaite vendre son produit comme denreacutee alimentaire respectivement objet usuel ou comme meacutedicament laquo [U]ne marchandise eacutechappe au controcircle des denreacutees alimentaires lorsquelle est procircneacutee ou vendue comme un meacutedicament mecircme si de par ses autres proprieacuteteacutes elle est au fond une laquodenreacutee alimentaireraquo et consommeacutee comme telle raquo159 Cette solution est logique vu que la proceacutedure drsquoautorisation de mise sur le marcheacute drsquoun meacutedicament est plus contraignante que la mise sur le marcheacute drsquoun aliment Le Message relatif agrave la LPTh preacutecise encore que laquo [l]a proceacutedure dannonce que linstitut peut preacutevoir pour certains meacutedicaments ou certaines cateacutegories de meacutedicaments apporte encore une plus grande simplification Elle vaudra pour les produits situeacutes dans la zone grise entre les meacutedicaments et les denreacutees alimentaires comme les tisanes ou les bonbons contre la toux ou les meacutedicaments homeacuteopathiques sans indication meacutedicale et visera uniquement agrave permettre un controcircle des preacuteparations en question notamment de leur qualiteacute dans le cadre de la surveillance du marcheacute par exemple raquo160 Les questions qui se posent dans ce contexte sont celles lieacutees agrave la mise sur le marcheacute de tels produits et agrave la publiciteacute qui en est faite Rappelons que les buts fondamentaux de la LDAI sont la protection de la santeacute des consommateurs et la protection contre les tromperies en particulier en lien avec les progregraves scientifiques et lrsquoeacutevolution des marcheacutes concerneacutes La mise sur le marcheacute des denreacutees alimentaires deacutepend de la cateacutegorie dans laquelle entre le produit nutritionnel traiteacute Les denreacutees alimentaires speacutecifieacutees (dont la liste est inscrite agrave lrsquoart 4 ODAIOUs) sont admises laquo Un produit ne peut ecirctre commercialiseacute comme aliment sans autorisation de lOFSP que sil satisfait aux exigences de la leacutegislation alimentaire et sil est deacutefini dans une ordonnance speacutecifique du produit raquo161 A lrsquoinverse les denreacutees alimentaires non speacutecifieacutees sont interdites sauf autorisation individuelle de lrsquoOFSP Les critegraveres importants pour lrsquoautorisation sont la composition lrsquousage preacutevu et lrsquoeacutetiquetage du produit Lrsquoautorisation peut ecirctre soumise agrave la condition que le requeacuterant prouve que le produit demandeacute est inoffensif162 Enfin les microorganismes et substances eacutetrangegraveres doivent se trouver dans les quantiteacutes les plus faibles possibles dans les produits

159 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 160 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 161 Informations tireacutees du site de lrsquoOFSP httpwwwbagadminchthemenlebensmittel048580486204875indexhtmllang=fr 162 Art 5 et 6 OADIOUs

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nutritifs en application du principe laquo aussi peu que possible aussi souvent que neacutecessaire raquo163 Il existe une cateacutegorie particuliegravere de denreacutees alimentaires deacutesigneacutee par lrsquoexpression laquo aliments speacuteciaux raquo Les aliments speacuteciaux sont des denreacutees alimentaires destineacutees agrave une alimentation particuliegravere qui du fait de leur composition ou drsquoun proceacutedeacute de fabrication speacuteciale soit reacutepondent aux besoins nutritionnels des personnes qui pour des motifs de santeacute doivent srsquoalimenter de maniegravere diffeacuterente soit contribuent agrave produire des effets nutritionnels ou physiologiques deacutetermineacutes164 Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux mentionne les aliments suivants

bull les denreacutees alimentaires pauvres en lactose ou exemptes de lactose (art 5) bull les succeacutedaneacutes du sel comestible et les sels dieacuteteacutetiques (art 7) bull les denreacutees alimentaires pauvres en proteacuteines (art 8) bull les denreacutees alimentaires exemptes de gluten (art 9) bull les denreacutees alimentaires pouvant ecirctre consommeacutees par les diabeacutetiques

(art 13) bull les denreacutees alimentaires de substitution pour le controcircle du poids (art

16) bull les preacuteparations pour nourrissons (art 17) bull les preacuteparations de suite (art 18) bull les preacuteparations agrave base de ceacutereacuteales et autres aliments pour nourrissons et

enfants en bas acircge (art 19) bull les aliments destineacutes aux personnes ayant besoin drsquoun apport

eacutenergeacutetique ou nutritionnel accru (art 20) bull les aliments dieacuteteacutetiques destineacutes agrave des fins meacutedicales speacuteciales (art 20a) bull les aliments contenant de lrsquoextrait de malt (art 21) bull les compleacutements alimentaires (art 22) bull les levures alimentaires (art 22a) bull les micro-algues et les algues rouges calcaires (maeumlrl) (art 22b) bull les boissons speacuteciales contenant de la cafeacuteine (art 23)

Dans la regravegle les aliments speacuteciaux doivent se distinguer nettement des denreacutees alimentaires ordinaires (produits ordinaires) par leur composition et leur proceacutedeacute de fabrication et ils doivent satisfaire aux mecircmes exigences que les produits ordinaires correspondants agrave moins que leur destination particuliegravere ne requiegravere des deacuterogations165 Concernant la publiciteacute et lrsquoinformation lrsquoart 18 LDAI pose les deux regravegles suivantes la qualiteacute procircneacutee ainsi que toutes les autres indications sur une denreacutee alimentaire doivent ecirctre conformes agrave la reacutealiteacute et la publiciteacute pour les denreacutees alimentaires ainsi que leur preacutesentation et leur emballage ne doivent pas tromper le consommateur Lrsquoal 3 preacutecise que sont trompeuses les indications et les preacutesentations propres agrave susciter chez le consommateur de fausses ideacutees sur les effets speacuteciaux drsquoun aliment

163 Rapport explicatif relatif agrave la modification de la loi feacutedeacuterale sur les denreacutees alimentaires et les objets usuels p 15 164 Art 2 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux 165 Art 3 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux

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(2) Objets usuels Les objets usuels qui nous inteacuteressent dans cette eacutetude sont principalement les produits de soins corporels et cosmeacutetiques dont les producteurs vantent les vertus drsquoameacutelioration estheacutetiques Dans la regravegle lors de leur emploi conforme agrave leur destination ou habituellement preacutesumeacute les objets usuels ne doivent pas mettre la santeacute en danger Lrsquoart 31 ODAIOUs dispose encore que toute mention attribuant aux objets usuels des proprieacuteteacutes curatives leacutenitives ou preacuteventives (p ex des proprieacuteteacutes meacutedicinales ou theacuterapeutiques des effets deacutesinfectants ou anti-inflammatoires des recommandations drsquoun membre du corps meacutedical) est interdite Selon lrsquoart 40 ODAIOUs le DFI fixe a les exigences auxquelles doivent satisfaire les couleurs pour le tatouage et le maquillage permanent ainsi que leur eacutetiquetage b les exigences auxquelles doivent satisfaire les appareils et instruments utiliseacutes pour le piercing le tatouage et le maquillage permanent Il srsquoavegravere donc eacutegalement essentiel en matiegravere drsquoobjets usuels de proteacuteger la santeacute des consommateurs en eacutevitant toute confusion avec des meacutedicaments ou dispositifs meacutedicaux destineacutes agrave traiter ou preacutevenir des maladies

e) Droit du travail

Nous avons vu ci-dessus qursquoen principe un employeur ne peut exiger drsquoun employeacute une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique ni utiliser les reacutesultats drsquoune telle analyse166 De faccedilon plus geacuteneacuterale se posent de nombreuses questions en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et les relations de travail La performance eacutetant le plus souvent ce que recherche un employeur chez son employeacute la tentation peut ecirctre forte de seacutelectionner des employeacutes ayant ameacutelioreacutes leurs aptitudes ou drsquoaccroitre les aptitudes drsquoemployeacutes par des moyens artificiels Se pose alors la question de la protection du travailleur et de ses limites

i) Protection du travailleur

(1) En geacuteneacuteral Lrsquoart 328 du Code des Obligations preacutevoit la protection de la personnaliteacute du travailleur167 Selon cette disposition lrsquoemployeur doit entre autres proteacuteger la personnaliteacute la santeacute et lrsquointeacutegriteacute physique du travailleur168 Pour ce faire il doit prendre toutes les mesures que lrsquoon peut eacutequitablement exiger de lui Les art 6 LTr et 82 LAA obligent eacutegalement les employeurs agrave prendre les mesures neacutecessaires et

166 VINCENT CORPATAUX en lien avec lrsquoarrecirct ougrave le TF a retenu que des mesures de protection accrues eacutetaient requises pour proteacuteger la santeacute drsquoun employeacute allergique agrave la fumeacutee passive preacutecise que laquo la LAGH ne permettant qursquoexceptionnellement agrave un employeur de recruter ses employeacutes sur la base drsquoune analyse de leurs caracteacuteristiques geacuteneacutetiques (art 21 ss) un devoir accru de protection pourra ecirctre attendu de sa part dans des cas potentiellement nombreux raquo VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 75 167 Cette disposition concreacutetise les principes geacuteneacuteraux de protection de la personnaliteacute de lrsquoart 28 CC agrave la relation employeur ndash employeacute 168 Font partie des valeurs proteacutegeacutees la vie et lrsquointeacutegriteacute corporelle la santeacute physique et psychique lrsquointeacutegriteacute morale et la consideacuteration sociale la jouissance des liberteacutes individuelles et la sphegravere priveacutee JEAN-BERNARD WEBER Travail et protection de la personnaliteacute in Plaumldoyer 22002 p 46 ss p 47

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raisonnables afin de proteacuteger les employeacutes des maladies et accidents professionnels En application de cette disposition de principe lrsquoemployeur doit prendre toutes les mesures pour que lrsquoenvironnement et les conditions de travail de lrsquoemployeacute sauvegardent sa santeacute et sa personnaliteacute169 Les maladies professionnelles ainsi que toute autre atteinte de lrsquoemployeacute reacutesultant de lrsquoexercice de sa profession sont concerneacutees170 Traditionnellement les regravegles sur la protection de la santeacute des travailleurs ont eacuteteacute conccedilues en lien avec les maladies professionnelles et les accidents du travail Mais laquo la perspective srsquoest eacutelargie depuis une quinzaine drsquoanneacutees agrave la protection de la santeacute psychique des travailleurs raquo171

ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute

Dans le cadre de la protection du travailleur les limites doivent ecirctre poseacutees concernant ce que lrsquoemployeur peut demander ou imposer agrave ses employeacutes En lien avec le deacuteveloppement humain artificiel la question se pose de connaicirctre ces limites concernant les modifications et ameacuteliorations estheacutetiques et de performances (cognitives et physiques) De faccedilon geacuteneacuterale et sauf exceptions un employeur ne peut pas seacutelectionner les employeacutes plus reacutesistants dans le but qursquoils contractent moins vite voire pas du tout de maladies professionnelles mais doit au contraire adapter les conditions et lrsquoenvironnement de travail agrave la protection de la santeacute des employeacutes dans leur ensemble172 Au vu de cet eacuteleacutement un employeur ne peut a fortiori pas demander ou exiger drsquoun employeacute qursquoil emploie des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo comme par exemple la prise de ritaline Plus avant lrsquoemployeur a eacutegalement des obligations positives de preacutevention

iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Si lrsquoemployeur ne peut pas laquo ameacuteliorer raquo ses employeacutes pas les moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo il doit en plus prendre toutes les mesures raisonnablement exigibles pour que ses employeacutes ne soient pas contraints de facto agrave utiliser ces techniques pour pouvoir remplir leurs obligations Dans un arrecirct 4C242005 du 17 octobre 2005 le Tribunal feacutedeacuteral a condamneacute un employeur agrave payer une indemniteacute pour tort moral drsquoun montant de CHF 10000- agrave une employeacutee placeacutee dans une situation contraignante par son employeur Si en lrsquoespegravece lrsquoemployeacutee nrsquoa pas eacuteteacute victime de mobbing le fait que son employeur la contraigne agrave devoir effectuer une quantiteacute de travail propre agrave nuire agrave sa santeacute psychique a eacuteteacute consideacutereacute comme une violation de ses droits173

169 Arrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 170 VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 74 s 171 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 102 Sur le mecircme thegraveme voir WOLFGANG PORTMANN Stresshaftung im Arbeitsverhaumlltnis Erfolgreiche Stresshaftungsklagen gegen Arbeitgeber in der Schweiz und in anderen europaumlischen Laumlndern in ARV 2008 p 1-13 172 Message LAGH FF 2002 6841 p 6906 ss 173 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 4C242005 du 17 octobre 2005 consideacuterant 7

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On peut en deacuteduire qursquoun employeur ne peut exercer une trop forte pression sur ses employeacutes de faccedilon geacuteneacuterale par exemple en les astreignant agrave une charge de travail extrecircmement eacuteleveacutee nuisant agrave leur santeacute Les conditions de travail (charge de travail deacutelais horaires de travail etc) doivent pouvoir permettre aux employeacutes drsquoexercer leur emploi sans recours agrave des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans le mecircme sens selon DUNAND laquo [l]es conditions de travail doivent ecirctre adapteacutees aux capaciteacutes de lrsquoecirctre humain Lrsquoemployeur offrira aux travailleurs un climat de travail qui exclut toute atteinte agrave leur santeacute psychique Le travail sera organiseacute de maniegravere agrave eacuteviter un stress inutile ou un eacutepuisement professionnel raquo174 Pour le mecircme auteur laquo il appartient agrave lrsquoemployeur de mettre sur pied un systegraveme drsquoorganisation rationnel et respectueux qui permette drsquoeacuteviter une mise sous pression excessive des employeacutes raquo175 Le fait que dans certains milieux professionnels des comportements se rapprochant de ceux du dopage soient toleacutereacutes voire encourageacutes ne deacutedouane pas les employeurs de leurs obligations Il est vrai neacuteanmoins que rares sont ceux qui osent porter plainte dans ces conditions Il relegraveve alors de la responsabiliteacute du meacutedecin du travail srsquoil en existe de mettre en garde le travailleur sur les risques qursquoil encourt mais aussi drsquoavertir lrsquoemployeur des mesures agrave prendre pour corriger la situation

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal

La question qui se pose concernant les assurances de soins est la prise en charge de traitements entrant dans la cateacutegorie du deacuteveloppement humain artificiel Dans la regravegle lrsquoassurance-accidents couvre les frais meacutedicaux conseacutecutifs agrave un accident professionnel ou non professionnel176 laquo Le but du traitement meacutedical est deacuteliminer de la maniegravere la plus complegravete possible les atteintes physiques ou psychiques agrave la santeacute raquo177 Lrsquoart 54 LAA pose la limite suivante ceux qui pratiquent aux frais de lrsquoassurance-accidents doivent se limiter agrave ce qui est exigeacute par le but du traitement Lrsquoassurance-accidents ne couvre donc en principe pas de prestations relevant du deacuteveloppement humain artificiel son but fondamental eacutetant de prendre en charge les coucircts des theacuterapies conseacutecutives aux accidents Parmi les prestations preacutevues par la LAMal lrsquoart 25 mentionne les meacutedicaments prescrits par un meacutedecin dans la mesure ougrave ils servent agrave diagnostiquer ou agrave traiter une maladie et ses seacutequelles Lrsquoart 32 LAMal pose encore trois conditions au remboursement par lrsquoassureur-maladie obligatoire qui sont que les prestations doivent ecirctre efficaces approprieacutees et eacuteconomiques Lrsquoefficaciteacute doit ecirctre deacutemontreacutee scientifiquement Pour ecirctre rembourseacute un meacutedicament doit eacutegalement ecirctre inscrit sur la liste des speacutecialiteacutes de lrsquoOffice feacutedeacuteral de la santeacute publique178 Mais le remboursement de meacutedicaments par les caisses-maladie est soumis agrave diverses autres conditions dont celle de lrsquoutilisation conforme agrave lrsquoinformation professionnelle

174 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 175 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 176 Art 6 ss LAA 177 ATF 113 V 45 consid 4 178 Art 52 LAMal

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approuveacutee et publieacutee dans le Compendium suisse des meacutedicaments179 En conseacutequence un usage hors eacutetiquette nrsquoest en principe pas pris en charge Toutefois le TF a retenu deux exceptions pour lesquelles une telle utilisation peut ecirctre rembourseacutee180 La premiegravere est que la prescription hors eacutetiquette du meacutedicament constitue une condition essentielle agrave la poursuite drsquoune prestation prise en charge par lrsquoassurance obligatoire de soins181 La seconde est qursquoil srsquoagisse laquo de traiter une maladie qui pourrait ecirctre mortelle pour lrsquoassureacute ou impliquer des problegravemes de santeacute graves et chroniques qursquoil nrsquoexiste pas drsquoalternative theacuterapeutique et que le meacutedicament concerneacute preacutesente un important beacuteneacutefice theacuterapeutique raquo curatif ou palliatif182 Au vu de la jurisprudence traitant du remboursement de meacutedicaments utiliseacutes laquo hors eacutetiquette raquo force est de constater que lrsquousage de meacutedicaments soumis agrave ordonnance dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne remplit pas les conditions permettant leur remboursement par lrsquoassurance obligatoire de soins Ces conditions ayant pour but de permettre au meacutedecin de soigner au mieux des maladies pour lesquelles les meacutedicaments efficaces nrsquoont pas eacuteteacute speacutecifiquement testeacutes aux fins de lrsquoautorisation par Swissmedic on voit mal comment il pourrait en aller autrement

179 Voir ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 180 ATF 130 V 503 BGE 130 V 544 ATF 131 V 349 181 ARIANE AYER Prise en charge des meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 et la jurisprudence citeacutee 182 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 43

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3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations

La notion de laquo human enhancement raquo ne dispose pas actuellement de deacutefinition commune et arrecircteacutee Aux fins de cette eacutetude nous avons degraves lors ducirc commencer par en deacutefinir les contours et deacuteterminer les activiteacutes concerneacutees Le premier constat auquel nous sommes arriveacutes est que ces activiteacutes ne se limitent pas au dopage agrave la chirurgie estheacutetique ou au laquo wellness raquo Nous avons alors choisi drsquoappreacutehender cette notion de faccedilon large en parlant de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo expression qui nous apparait plus adapteacutee pour circonscrire la notion eacutetudieacutee Partant il nous a fallu trouver les dispositions leacutegales pertinentes et analyser les regravegles qursquoelles posent agrave la lumiegravere de cet ensemble drsquoactiviteacutes Nous avons alors constateacute que de nombreux champs du droit sont concerneacutes et que chaque activiteacute concerneacutee est reacuteglementeacutee de faccedilon propre Le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo nrsquoest pas appreacutehendeacute en tant que tel par le droit et ne le sera probablement jamais au vu de lrsquoensemble des diffeacuterentes activiteacutes et professions concerneacutees Dans de nombreuses situations les reacuteglementations eacutetudieacutees nrsquoont drsquoailleurs pas eacuteteacute eacutetablies en tenant compte du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Neacuteanmoins le droit positif suisse nrsquoest pas deacutemuni face aux possibiliteacutes de creacuteer des laquo surhommes raquo et pose des limites dans tous les domaines concerneacutes que lrsquoon pense agrave lrsquousage de meacutedicaments par des personnes en bonne santeacute en vue de modifications corporelles individuelles et volontaires aux possibiliteacutes pour une entreprise de demander des rendements surhumains agrave ses employeacutes ou agrave lrsquousage priveacute drsquoanalyses geacuteneacutetiques En conclusion nous pouvons mentionner que le droit suisse actuel ne connait pas de lacune manifeste concernant le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans les diffeacuterents champs concerneacutes des limites claires semblent eacutetablies

bull Toute modification geacuteneacutetique volontaire ou positive drsquoenfants agrave naicirctre est prohibeacutee

bull Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine ne peut ecirctre utiliseacutee agrave des fins laquo reacutecreacuteatives raquo (par exemple pour deacuteterminer lrsquoaptitude drsquoun enfant agrave diffeacuterentes activiteacutes sportives) ou en vue de seacutelectionner des employeacutes

bull Le preacutelegravevement et la transplantation drsquoorganes en vue drsquoameacuteliorer les performances drsquoun corps sain sont pratiquement interdites En effet le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes ne peut ecirctre effectueacute qursquoagrave la condition que le receveur ne puisse pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode Aucun traitement nrsquoeacutetant requis dans le cadre de deacuteveloppement artificiel force est de constater qursquoun preacutelegravevement est prohibeacute Concernant lrsquoattribution lrsquoordre de prioriteacute des requeacuterants deacutepend de lrsquourgence meacutedicale avec pour conseacutequence qursquoune transplantation laquo ameacuteliorative raquo est leacutegalement inconcevable

bull Les possibiliteacutes drsquoeffectuer de la recherche en vue de creacuteer de nouvelles meacutethodes et de nouveaux produits de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont limiteacutees par la neacutecessaire peseacutee drsquointeacuterecircts entre les risques et les beacuteneacutefices escompteacutes en particulier lorsque ces recherche doivent ecirctre meneacutees sur des ecirctres humains ou des cellules souches embryonnaires

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bull Les meacutedecins et professionnels de la santeacute sont limiteacutes dans leur activiteacute par le respect des regravegles de lrsquoart En conseacutequence ils ne peuvent sans risquer drsquoengager leur responsabiliteacute utiliser des produits et proceacutedeacutes agrave des fins non autoriseacutees De telles autorisations sont elles limiteacutees par les critegraveres permettant de faire les recherches neacutecessaires agrave leur deacutelivrance

bull La mise sur la marcheacute de meacutedicaments agrave des fins ameacutelioratives ne servant ni agrave diagnostiquer ni agrave preacutevenir ni agrave traiter une maladie devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic

bull La prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments nrsquoest possible qursquoagrave des conditions strictes ne permettant pas drsquoy inclure a priori le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

bull Les regravegles de droit du travail obligent lrsquoemployeur agrave adapter les conditions de travail aux employeacutes (et non lrsquoinverse) et interdisent les conduites dopantes qursquoelles soient demandeacutees explicitement ou tacitement agrave travers des conditions de travail et des instructions les rendant neacutecessaire pour lrsquoemployeacute

bull Enfin les activiteacutes meacutedicales relevant du deacuteveloppement humain artificiel ne remplissent pas les conditions permettant une prise en charge par les assurances sociales que ce soit par exemple la LAA ou la LAMal

Si les aspects juridiques paraissent suffisamment clairs les questions drsquoeacutethique et de deacuteontologie meacutedicales doivent selon nous ecirctre aujourdrsquohui clarifieacutees afin drsquounifier les pratiques en particulier dans les cas limites difficiles agrave cateacutegoriser entre laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo theacuterapie ou preacutevention Enfin les personnes pratiquant les activiteacutes pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et le public ndash patient usager consommateur ndash doivent enfin ecirctre clairement informeacutes des regravegles existantes et des limites poseacutees aux modifications volontaires de lrsquoecirctre humain

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Bibliographie ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique 2008 NICHOLAS AGAR Liberal eugenics In defence of human enhancement Malden 2005 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration du 18 avril 1999 Zurich Bacircle Genegraveve 2003 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse 2egraveme eacuted Berne 2006 (2 vol) FLORENCE AUBRY GIRARDIN Santeacute et seacutecuriteacute au travail eacutetude de droit suisse et communautaire Zurich 1995 ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire 2009 BERNARD BAERTSCHI Neuro-Enhancement Prendre la pilule de lrsquoameacutelioration morale serait-ce mal in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 5 s OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 s PETER BOumlHRINGER Arbeitsrecht Zurich 2001 SEVERINE BOILLAT le commerce eacutelectronique de meacutedicaments sous lrsquoangle de la santeacute publique Thegravese Neuchacirctel 2007 Berne 2007 CHRISTIANE BRUNNER et al Commentaire du contrat de travail Lausanne 2004 ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34 HEIDI BUumlRGI Richtlinien der Swissmedic zur Arzneimittelwerbung im Internet kritische Bemerkungen in AJP 2007 70 ss DIETER BUumlRGIN JOHANNES BIRCHER DANIEL CANDINAS et al Buts et missions de la meacutedecine au deacutebut du 21e siegravecle Rapport drsquoun groupe drsquoexperts de lrsquoAcadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales (ASSM) de la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) et des cinq Faculteacutes de meacutedecine Bacircle 2004

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MARYAM KOHLER-VAUDAUX Le deacutebut de la personnaliteacute juridique et la situation juridique de lenfant agrave naicirctre eacutetude de droit suisse et aperccedilu des droits franccedilais et allemand Genegraveve Zurich Bacircle 2006 DAMIAN KOumlNIG DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) La xeacutenotransplantation dans lordre juridique suisse Technology Assessment - Document de travail 282001 Berne 2001 MORITZ W KUHN TOMAS POLEDNA (eacuted) Arztrecht in der Praxis Zurich Bacircle Genegraveve 2007 HARDY LANDOLT Oumlffentliches Gesundheitsrecht Zurich 2009 HARDY LANDOLT Rechtskunde fuumlr Gesundheits- und Pflegeberufe Berne 2004 PATRICK LAURE Dopage et socieacuteteacute Paris 2000 PATRICK LAURE Ethique du dopage paris 2002 PATRICK LAURE et al Histoire du dopage et des conduites dopantes les alchimistes de la performance Paris 2004 PATRICK LAURE CLAIRE BINSINGER Les meacutedicaments deacutetourneacutes crimes meacutesusages pratiques addictives conduites dopantes suicide euthanasie Paris 2003 DOMINIQUE LECOURT (dir) Dictionnaire de la penseacutee meacutedicale Paris 2004 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 ss CHRISTIAN LENK Therapie und Enhancement Ziele und Grenzen der modernen Medizine Muumlnster 2002 CHRISTIAN LENK ANNA-KARINA JAKOVLJEVIĆ Ethik und optimierende Eingriffe am Menschen ethische Aspekte von Enhancement in der Medizin Bochum 2005 THOMAS LOCHER Grundriss des Sozialversicherungsrecht Berne 2003 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen Berlin 2007 DOMINIQUE MANAIuml Les droits du patient face agrave la biomeacutedecine Berne 2006 JEAN MARTIN Deacutefis eacutethiques autour des nanotechnologies in Bulletin des meacutedecins suisses 200788 34 p 1394 ss PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 ANDY MIAH Engineering Greater Resilience or Radical Transhuman Enhancement in Studies in ethics law and technology Volume 2 Issue 1 2008 article 5

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  • Table des matiegraveres
    • Introduction et contexte
    • 1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
      • a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration
      • b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo
        • i) Ameacuteliorations et modifications physiques
        • ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales
        • iii) Prolongation de la vie
        • iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo
        • v) Preacutevention primaire
          • c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo
            • i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain
            • ii) Les substances
              • d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                • 2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                  • a) Fondements constitutionnels
                    • i) Digniteacute humaine
                    • ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle
                    • iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations
                    • iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes
                    • v) Protection des consommatrices et consommateurs
                    • vi) Protection de la santeacute
                    • vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain
                    • viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain
                    • ix) Meacutedecine de la transplantation
                    • x) Recherche impliquant des ecirctres humains
                      • b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine
                        • i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee
                        • ii) Analyse geacuteneacutetique humaine
                        • iii) Meacutedecine de la transplantation
                        • iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires
                        • v) Recherche impliquant des ecirctres humains
                          • c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions
                            • i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)
                              • d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires
                                • i) Seacutecuriteacute des produits
                                • ii) Meacutedicaments
                                  • (1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo
                                  • (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance
                                  • (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)
                                  • (4) Interdiction du dopage
                                    • iii) Stupeacutefiants
                                    • iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels
                                      • (1) Denreacutees alimentaires
                                      • (2) Objets usuels
                                          • e) Droit du travail
                                            • i) Protection du travailleur
                                              • (1) En geacuteneacuteral
                                                • ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute
                                                • iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                                                  • f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal
                                                    • 3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations
                                                      • Bibliographie
Page 10: Le développement humain artificiel

bull Administration de meacutedicaments ou autres substances (p ex antideacutepresseurs ritalin modafinil adderall aricept)

bull Modifications geacuteneacutetiques de lrsquoecirctre humain bull Stimulation ceacutereacutebrale profonde (introduction drsquoune eacutelectrode dans le cerveau

et envoi drsquoimpulsions eacutelectriques) bull Stimulation magneacutetique transcracircnienne (envoi drsquoune impulsion sur

lrsquoenceacutephale agrave travers le cracircne) bull laquo Prosthetic brain chips raquo22

iii) Prolongation de la vie

Parmi les buts du laquo human enhancement raquo nous trouvons le rallongement de la vie Il faut ici distinguer entre les maladies de la vieillesse dont fait par exemple partie le diabegravete de type 2 et laquo les manifestations deacutegeacuteneacuteratives lieacutees agrave lrsquoacircge raquo23 Les premiegraveres neacutecessitent un traitement qualifiable de theacuterapie ce type de traitement ne fait donc pas partie du laquo human enhancement raquo Le traitement des secondes peut faire partie du laquo human enhancement raquo en fonction des cas et la preacutevention des manifestations deacutegeacuteneacuteratives est un eacuteleacutement du laquo human enhancement raquo De faccedilon geacuteneacuterale les meacutethodes permettant agrave des personnes saines de lutter contre le vieillissement et de rallonger la dureacutee de leur vie sont abordeacutees ici

bull Transplantations drsquoorganes et xeacutenotransplantations bull Remplacement total ou partiel drsquoorganes naturels par des organes artificiels et

modifications drsquoorganes agrave lrsquoaide drsquoeacuteleacutements artificiels bull Administration de meacutedicaments drsquohormones et autres substances bull Consommation de suppleacutements nutritionnels (acide folique antioxydants

laquo brainfood raquo etc)24

iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo

Lrsquoutilisation de meacutethodes du geacutenie geacuteneacutetique dans ce que les germanophones appellent le laquo Gen-Enhancement raquo poursuit le but de deacutevelopper certaines qualiteacutes chez lrsquoenfant25 Les principales meacutethodes utiliseacutees relegravevent des techniques de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et drsquoanalyse geacuteneacutetique et de la theacuterapie geacutenique

v) Preacutevention primaire

Si la distinction entre ameacutelioration et theacuterapie nrsquoest pas eacutevidente celle entre ameacutelioration et preacutevention lrsquoest encore moins En effet lrsquoinclusion des techniques drsquoameacutelioration dans la preacutevention deacutepend de la deacutefinition retenue de la notion de preacutevention et de la maniegravere de consideacuterer les techniques ayant un potentiel ameacutelioratif La preacutevention peut se deacutefinir comme laquo les mesures visant agrave reacuteduire la probabiliteacute agrave limiter ou agrave empecirccher lrsquoapparition drsquoune maladie ou drsquoun risque pour la santeacute et les conseacutequences neacutegatives drsquoune maladie raquo26 ou plus simplement comme laquo toutes les activiteacutes deacuteveloppeacutees par une personne pour eacuteviter et empecirccher

22 Aussi appeleacutes ldquoelectronic brain implantsrdquo 23 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 3 24 ASTRID STUCKELBERGER Anti-ageing Medicine Myths and Chances p 130 ss 25 Pour LORZ laquo [d]as Gen-Enhancement betrifft Verbesserungen der Erbsubstanz vor allem fuumlr die zukuumlnftige Generation raquo SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen p 43 26 Art 3 du projet de loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute

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lrsquoapparition drsquoune maladie raquo27 En comparant ces deacutefinitions de la preacutevention avec celles du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo on peut deacuteterminer un premier critegravere de distinction dans le fait que la preacutevention est en geacuteneacuteral en lien avec une maladie ou un problegraveme de santeacute28 alors que le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo se rattache aux performances ou agrave lrsquoapparence Dans ce sens la vaccination est une activiteacute se rapprochant plus de la preacutevention que du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Une meacutethode permettant drsquoameacuteliorer de faccedilon geacuteneacuterale le fonctionnement du systegraveme immunitaire drsquoune personne pourrait par contre ecirctre incluse dans les deux cateacutegories car elle permet drsquoeacuteviter lrsquoapparition de maladies deacutetermineacutees et constitue une ameacutelioration geacuteneacuterale de la reacutesistance du corps humain

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo

Lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain peut passer par de nombreuses et diverses meacutethodes En retenant un concept large du laquo human enhancement raquo la meacuteditation qui permet de reacuteduire le stress et lrsquoanxieacuteteacute ou les exercices permettant drsquoameacuteliorer sa meacutemoire pourraient ainsi y ecirctre inclus Nous ne prendrons cependant pas en compte les meacutethodes que lrsquoon peut cateacutegoriser sous la notion drsquoentraicircnement (qui regroupe des notions comme lrsquoentraicircnement sportif lrsquoentraicircnement cognitif etc) Elles ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme produit de la technique et nrsquoentrent donc pas dans le concept de laquo human enhancement raquo tel que retenu En effet nous ne traitons ici que du deacuteveloppement artificiel par opposition au deacuteveloppement dit naturel

i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain

Font partie des interventions sur lrsquoecirctre humain les interventions sur lrsquoadulte et lrsquoenfant ainsi que les interventions preacutenatales Lrsquointervention meacutedicale peut se deacutefinir comme laquo an act performed to prevent harm to a patient or to improve the mental emotional or physical function of a patient A physiologic process may be monitored or enhanced or a pathologic process may be arrested or controlled raquo29 Il srsquoagit notamment drsquointerventions chirurgicales

ii) Les substances

Diverses substances peuvent avoir un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisables dans un but de deacuteveloppement artificiel Lrsquoon pense particuliegraverement aux produits theacuterapeutiques (meacutedicaments) ndash favorisant le deacuteveloppement musculaire la concentration lrsquoendurance lrsquoexplosiviteacute lrsquoagressiviteacute etc - et aux aliments speacuteciaux ou alicaments ndash faibles en calories (favorisant la perte de poids) ayant un apport eacutenergeacutetique accru (en proteacuteine favorisant la prise de muscles) ayant un taux de cafeacuteine eacuteleveacute etc Tout produit ayant un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisable agrave des fins autres que la theacuterapie et les soins peut potentiellement avoir un usage dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

27 Deacutefinition de lrsquoInstitut suisse de preacutevention de lrsquoalcoolisme et des autres toxicomanies httpwwwsfa-ispachindexphpIDtheme=107ampIDcat48visible=1amplangue=F 28 Sur les diffeacuterentes cateacutegories de preacutevention voir Message relatif agrave la loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute FF 2009 6389 p 6447 ss 29 Mosbys Medical Dictionary 8th edition 2009 Pour drsquoautres deacutefinitions voir httpmedical-dictionarythefreedictionarycomintervention

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d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Il peut paraicirctre surprenant de construire un rapport juridique en franccedilais en partant drsquoune expression anglaise comme celle de laquo human enhancement raquo Il conviendrait en fait drsquoanalyser preacuteciseacutement et de maniegravere deacutetailleacutee qursquoelle est justement la notion que deacutesigne ladite expression Cette deacutemarche ayant aboutie il serait encore neacutecessaire drsquoexclure qursquoil nrsquoexiste pas drsquoeacutequivalent en franccedilais (ou en allemand) avant de conclure que seule lrsquoexpression anglaise doit ecirctre retenue Dans tous les cas il paraicirct raisonnable de rechercher si lrsquoobjet de ce rapport ne peut pas srsquoexprimer clairement en franccedilais respectivement en allemand avant de faire usage de termes anglais Drsquoautres motifs nous incitent agrave souhaiter une formulation franccedilaise Premiegraverement il existe de nombreuses acceptions de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo Mecircme en anglais la question de la terminologie nrsquoest de loin pas reacutesolue Reprendre sans autre reacuteflexion cette expression preacutesente le risque que chacun pense y retrouver sa propre notion contribuant ainsi agrave la confusion Il est donc neacutecessaire de clarifier et de deacuteterminer au mieux la notion qui sera analyseacutee dans ce travail Deuxiegravemement le droit est indissociable des langues dans lesquelles il srsquoapplique il convient dans ce cadre de maintenir une uniteacute linguistique entre lrsquoobjet traiteacute et les normes juridiques qui srsquoy reacutefeacuterent Une traduction dans la langue de lrsquoeacutetude srsquoavegravere degraves lors utile voire neacutecessaire Troisiegravemement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est en soi biaiseacutee dans la mesure ougrave elle veacutehicule lrsquoideacutee selon laquelle les meacutethodes qursquoelles recouvrent sont veacuteritablement ameacutelioratives sans preacuteciser pour autant la nature de cette ameacutelioration Le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE a bien senti le piegravege puisqursquoil introduit dans sa propre deacutefinition la notion de contexte socioculturel pour appreacutecier lrsquoameacutelioration rechercheacutee30 Il y a donc neacutecessiteacute de se distancier de lrsquoexpression consacreacutee de laquo human enhancement raquo dans la mesure ougrave elle conforte lrsquoideacutee drsquoune certaine ameacutelioration qui reste pourtant agrave deacutemontrer selon des critegraveres socio-culturellement partageacutes et dont le degreacute est encore agrave eacutevaluer La question nrsquoest plus ici seulement de traduction mais bien de deacutefinition Parler drsquoameacutelioration humaine ou de laquo corps augmenteacute raquo31 ne paraicirct pas correct mais plutocirct trompeur Il srsquoagit de trouver un terme neutre Nous proposons ainsi de retenir lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Premiegraverement le terme de deacuteveloppement peut se comprendre comme ameacutelioration mais il laisse ouverte la possibiliteacute que ce deacuteveloppement soit beacuteneacutefique ou non32 Dans son sens neacutegatif il pourrait donc aussi srsquoappliquer pour deacutesigner une alteacuteration de lrsquohomme Le principe est surtout drsquoexprimer la transformation le changement qui est apporteacute agrave lrsquohumain ces autres termes pouvant ici valoir comme synonymes Mais lrsquointeacuterecirct du terme de deacuteveloppement est de renvoyer ou rappeler lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement durable raquo Pour reprendre le rapport laquo Notre avenir agrave tous raquo de la Commission mondiale sur lenvironnement et le deacuteveloppement (Commission Brundtland) laquo le deacuteveloppement durable est un deacuteveloppement qui reacutepond aux

30 Voir plus haut pt 1a 31 Cette traduction quasi-litteacuterale de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est parfois utiliseacutee en franccedilais Citons Geacuterard Ayache Corps augmenteacute recircve bionique ou cauchemar protheacuteen disponible agrave la page httpwwwagoravoxfractualitestechnologiesarticlecorps-augmente-reve-bionique-ou-11710 et une confeacuterence donneacutee dans le cadre des manifestations culturelles de la bibliothegraveque cantonale et universitaire de Lausanne le 27 janvier 2009 intituleacutee laquo Le corps augmenteacute utopie drsquoaujourdrsquohui reacutealiteacute de demain raquo 32 Sur le lien entre les notions de laquo enhancement raquo et de deacuteveloppement voir ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34

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besoins du preacutesent sans compromettre la possibiliteacute pour les geacuteneacuterations agrave venir de pouvoir reacutepondre aux leurs raquo33 Cette expression implique une responsabiliteacute individuelle et collective marqueacutee sur la dureacutee pour appreacutecier les effets du deacuteveloppement qui pour ecirctre positif ne peut se limiter aux seules personnes directement concerneacutees mais doit ecirctre appreacutecieacute dans ses conseacutequences globales pour lrsquohumaniteacute et la planegravete Une ameacutelioration de telle performance drsquoun athlegravete ne constitue pas neacutecessairement un progregraves pour les hommes et doit donc ecirctre appreacutecieacute de maniegravere relative sous lrsquoangle du deacuteveloppement durable et humain Deuxiegravemement le deacuteveloppement dont il est question ici concerne directement lrsquohumain justement afin de le deacutelimiter par rapport au deacuteveloppement durable et agrave drsquoautres formes drsquoactiviteacutes Troisiegravemement la caracteacuteristique de ce deacuteveloppement humain est de se libeacuterer des regravegles de la nature drsquoecirctre directement et volontairement induit autrement dit drsquoecirctre artificiel Cet eacuteleacutement est important pour marquer la limite avec lrsquoensemble des facteurs ndash ou deacuteterminants ndash qui influencent notre santeacute et dont les effets se traduisent au fil des deacutecennies par un allongement de la dureacutee de vie moyenne de la population et une baisse des morbiditeacutes Nous vivons mieux et plus longtemps que nos anciens Mais les eacuteleacutements qui participent agrave cette eacutevolution eacutechappent pour la plupart agrave un controcircle direct des individus concerneacutes Il srsquoagit donc de bien distinguer ces eacuteleacutements de lrsquoeacutevolution de la socieacuteteacute de la meacutedecine ameacuteliorative et autres mesures de deacuteveloppement humain artificiel Nous retiendrons ainsi actuellement la deacutenomination de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo qui renvoie au concept de laquo deacuteveloppement durable raquo aujourdrsquohui appliqueacute tant en matiegravere drsquoenvironnement que drsquoeacuteconomie domaines eacutetroitement lieacutes agrave celui de deacuteveloppement humain comme il sera deacutemontreacute ci-dessous

2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Fondements constitutionnels

Plusieurs normes constitutionnelles influent directement sur les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo en Suisse Ces dispositions concernent entre autres la digniteacute humaine le droit agrave la vie et agrave la liberteacute personnelle lrsquoeacutegaliteacute la protection de la santeacute la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee le geacutenie geacuteneacutetique et la meacutedecine de la transplantation

i) Digniteacute humaine

Lrsquoart 7 Cst dispose que la digniteacute humaine doit ecirctre respecteacutee et proteacutegeacutee Ce droit fondamental agrave ecirctre traiteacute de maniegravere humaine et non deacutegradante est consideacutereacute comme un principe directeur concreacutetiseacute par les autres droits fondamentaux34 Parmi ceux-ci le droit agrave la liberteacute personnelle garantit entre autres le droit agrave la vie agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique Si laquo [l]a garantie de lrsquointeacutegriteacute physique protegravege

33 Notre avenir agrave tous Rapport de la commission mondiale sur lrsquoenvironnement et le deacuteveloppement du 10 mars 1987 Disponible dans sa version anglaise agrave la page httpwwwareadminchthemennachhaltig002660054000542indexhtmllang=fr 34 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 69 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 691 s ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 260 s p 121 s PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 139 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 PHILIPPE MASTRONARDI com ad art 7 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 77 s

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lrsquoindividu contre toute atteinte injustifieacutee (hellip) porteacutee au corps humain qursquoelle soit intentionnelle ou non grave ou leacutegegravere et quels qursquoen soient les motifs raquo35 elle ne creacutee pas ni ne protegravege un eacuteventuel droit drsquoameacuteliorer son corps ou de modifier lrsquoecirctre humain drsquoune autre maniegravere Il existe drsquoailleurs drsquoautres dispositions constitutionnelles restreignant les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo A ce propos laquo [l]ecirctre humain se distinguerait agrave la fois par son individualiteacute et par ses imperfections Le jauger selon une norme preacutetendue juste et deacutetermineacutee de maniegravere arbitraire et le manipuler geacuteneacutetiquement par rapport agrave cette norme constituerait une violation grave de sa digniteacute raquo36 Le clonage et la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides sont eacutegalement par leur nature mecircme contraire agrave la digniteacute humaine37 Si lrsquoEtat doit srsquoabstenir drsquoatteindre de faccedilon injustifieacutee agrave lrsquointeacutegriteacute physique et la proteacuteger la Constitution preacutevoit eacutegalement agrave son art 118 que la Confeacutedeacuteration prend des mesures pour proteacuteger la santeacute Cet eacuteleacutement sera traiteacute ci-apregraves

ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle

Lrsquoart 10 Cst feacuted garantit le droit agrave la vie agrave la liberteacute personnelle agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique et agrave la liberteacute de mouvement donc laquo toutes les liberteacutes eacuteleacutementaires dont lrsquoexercice est indispensable agrave lrsquoeacutepanouissement de la personne humaine raquo38 Le Tribunal feacutedeacuteral a retenu que les vaccinations obligatoires les opeacuterations chirurgicales lrsquoobligation pour les eacutelegraveves de suivre un controcircle et des soins dentaires obligatoires ou lrsquoadministration forceacutee de meacutedicaments dans une clinique psychiatrique constituent des atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute physique et donc agrave la liberteacute personnelle39 La liberteacute personnelle protegravege la personne contre les atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute psychique laquo qui tendraient par un moyen quelconque agrave restreindre ou agrave supprimer la faculteacute qui lui est propre drsquoappreacutecier une situation donneacutee et de se deacuteterminer drsquoapregraves cette appreacuteciation raquo40 Enfin lrsquoart 10 al 3 Cst feacuted interdit la torture et tout autre traitement ou peine cruels inhumains ou deacutegradants Une des reacutesultantes de lrsquoart 10 Cst feacuted en droit meacutedical est lrsquoexigence du consentement des patients pour tout acte meacutedical On retrouve son pendant en droit priveacute avec lrsquoart 28 CC Cela garantit le respect de la volonteacute du patient et lui donne ainsi le droit drsquoexercer son libre arbitre Cependant le consentement nrsquoest pas une condition suffisante pour justifier une atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle Encore faut-il qursquoelle soit conforme aux regravegles de lrsquoart autrement dit que cette intervention reacuteponde aux standards meacutedicaux compte tenu des besoins du patient Une meacutethode de laquo deacuteveloppement durable artificiel raquo devra ainsi non seulement ecirctre autoriseacutee par la personne concerneacutee Elle doit en outre respecter les regravegles de lrsquoart et la digniteacute humaine consacreacutee agrave lrsquoart 7 Cst indeacutependamment de la volonteacute de la personne concerneacutee

35 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 108 36 Message LPMA FF 1996 276 reprenant une intervention parlementaire BO N 1991 p 616 (intervention Koller) 37 Message LPMA FF 1996 27 et les reacutefeacuterences citeacutees Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1221 38 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 101 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER com ad art 10 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 148 s 39 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 108 et la jurisprudence citeacutee 40 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 109

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iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations

Lrsquoart 8 Cst pose les principes de lrsquoeacutegaliteacute des ecirctres humains devant la loi et de lrsquointerdiction des discriminations Si cette disposition a vocation agrave srsquoappliquer dans les relations que lrsquoEtat entretient avec ses citoyens administreacutes justiciables elle a aussi un effet dans les relations entre particuliers Si dans la regravegle lrsquointerdiction des discriminations sadresse agrave lEacutetat et ne produit pas deffet horizontal direct dans les relations entre personnes priveacutees laquo les regravegles de droit civil doivent cependant ecirctre interpreacuteteacutees en tenant compte des exigences particuliegraveres qui reacutesultent des droits fondamentaux raquo41 Lrsquoart 8 al 2 Cst a toutefois des effets indirects notamment en vertu de lrsquoart 35 al 3 Cst qui dispose que les autoriteacutes veillent agrave ce que les droits fondamentaux dans la mesure ougrave ils srsquoy precirctent soient aussi reacutealiseacutes dans les relations qui lient les particuliers entre eux Ces effets indirects sont de deux ordres Premiegraverement il srsquoagit pour les autoriteacutes de tenir compte des droits fondamentaux dans lrsquointerpreacutetation des lois et dans lrsquousage de leur pouvoir drsquointerpreacutetation Deuxiegravemement laquo [l]e leacutegislateur doit concevoir la leacutegislation de sorte qursquoelle assure le mieux possible le respect des droits fondamentaux dans les relations entre particuliers Il le fera en eacutedictant des normes notamment de droit civil et peacutenal qui reacutesolvent les conflits de liberteacute entre particuliers et qui preacuteviennent des traitements discriminatoires Aussi les garanties constitutionnelles peuvent-elles contenir un mandat au leacutegislateur drsquoadopter des dispositions propres agrave proteacuteger dans la mesure du possible les particuliers contre les atteintes agrave leurs droits fondamentaux provenant drsquoautres particuliers Lrsquoexistence drsquoune telle obligation positive de lrsquoEtat (Schutzpflichten) deacutecoulant de la Constitution est admise depuis longtemps par la Cour europeacuteenne des droits de lrsquohomme ainsi que par la doctrine et la jurisprudence suisse raquo42 Ce deuxiegraveme eacuteleacutement est particuliegraverement important concernant lrsquointerdiction des discriminations En effet les laquo obligations de protection raquo de lrsquoEtat citeacutees ci-dessus neacutecessitent qursquoil prenne divers types de mesures afin de reacuteduire voire drsquoeacuteliminer les discriminations horizontales On pense en particulier agrave des mesures positives drsquoinformation de sensibilisation ou des recherches scientifiques et projets drsquoeacutechange et de contacts etc43 La creacuteation drsquoorganismes de sensibilisation et de coordination et la prise de mesures drsquoencouragement sont eacutegalement envisageables Dans les domaines ougrave la Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences leacutegislatives le leacutegislateur feacutedeacuteral peut eacutedicter des regravegles lorsque leur neacutecessiteacute est aveacutereacutee assurant la protection des citoyens contre les discriminations En reacutesumeacute les autoriteacutes eacutetatiques ne peuvent discriminer les personnes de faccedilon geacuteneacuterale et doivent assurer leur protection contre des discriminations horizontales par la prise de mesures positives et lrsquoeacutetablissement de textes de lois

41 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 5A4842009 du 18 aoucirct 2009 consid 41 et les reacutefeacuterences citeacutees 42 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 164 ss 167 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 43 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 318 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 124

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iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes

Lrsquoart 11 Cst dispose entre autres que les enfants et les jeunes ont droit agrave une protection particuliegravere de leur inteacutegriteacute et agrave lrsquoencouragement de leur deacuteveloppement Cette disposition dans certains domaines en tout cas44 laquo ne creacutee pas un droit subjectif particulier deacuteductible en justice faute notamment decirctre suffisamment preacutecise et deacutetermineacutee et doit plutocirct ecirctre consideacutereacutee comme une disposition programmatique respectivement une disposition que les autoriteacutes doivent prendre en compte lorsquil sagit de combler une lacune ou lorsquelles font usage de leur pouvoir dappreacuteciation raquo45 Il exige dans tous les cas une prudence accrue lorsqursquoil srsquoagit de porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle des enfants ou drsquointervenir dans leur deacuteveloppement

v) Protection des consommatrices et consommateurs

Lrsquoart 97 Cst dispose que la Confeacutedeacuteration prend des mesures destineacutees agrave proteacuteger les consommateurs et les consommatrices46 Il preacutevoit encore que les organisations de consommateurs disposent de voies de droit et que les proceacutedures de conciliation ou judiciaires doivent ecirctre simple et rapides pour les litiges dont la valeur litigieuse ne deacutepasse pas un montant deacutetermineacute Le but du premier alineacutea de cette disposition est de proteacuteger les consommateurs en geacuteneacuteral Les marcheacutes des meacutedicaments des denreacutees alimentaires des produits cosmeacutetiques et des services dans les domaines de la cosmeacutetique et du bien-ecirctre sont concerneacutees par cette disposition qui sert par ailleurs de base leacutegale agrave diverses lois de protection des consommateurs contre les tromperies

vi) Protection de la santeacute

Lrsquoart 118 Cst mentionne que la Confeacutedeacuteration prend des mesures afin de proteacuteger la santeacute dans les limites de ses compeacutetences et leacutegifegravere entre autres sur lrsquoutilisation des denreacutees alimentaires des agents theacuterapeutiques des stupeacutefiants des organismes des produits chimiques et des objets qui peuvent preacutesenter un danger pour la santeacute47 laquo Lrsquoancien art 69bis parlait de laquo commerce raquo (Verkehr raquo) des denreacutees alimentaires et objets usuels Le constituant de 1999 a preacutefeacutereacute parler drsquo laquo utilisation raquo (laquo Umgang raquo) pour bien montrer que la leacutegislation vise le comportement des consommateurs aussi bien que les opeacuterations drsquoamont fabrication traitement importation distribution raquo48 Si la santeacute publique est principalement un domaine de compeacutetence des cantons la Confeacutedeacuteration dispose toutefois de tacircches speacuteciales dans ce domaine49 Lrsquoart 118 44 Voir RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht p 262 ss en particulier p 264 s voir aussi RUTH REUSSER KURT LUumlSCHER com ad art 11 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 175 45 Arrecirct du Tribunal administratif feacutedeacuteral Cour III C-38852007 du 2 deacutecembre 2008 consid 10 46 Voir RETO JACOBS com ad art 97 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar Lachen amp Zurich p 1062 s voir aussi KLAUS A VALLENDER com ad art 94-107 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 47 LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1207 s 48 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 930 49 La Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences en matiegravere de santeacute publique depuis 1848 voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 926 Voir aussi ERWIN MURER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER

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sert de base agrave de nombreuses lois et ordonnances dont les principales sont la loi sur les denreacutees alimentaires 50 la loi sur les produits theacuterapeutiques51 la loi sur les stupeacutefiants52 la loi sur les produits chimiques53 ou encore la loi sur la seacutecuriteacute des produits54

vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain

Touchant directement le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo lrsquoart 119 Cst55 doit eacutegalement ecirctre mentionneacute Cette disposition traite de la protection de lrsquoecirctre humain contre les abus en matiegravere de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et de geacutenie geacuteneacutetique56 dans le domaine humain et limite ou interdit plusieurs activiteacutes dans le but de proteacuteger la digniteacute humaine la personnaliteacute et la famille57 Premiegraverement en application de lrsquoalineacutea 1 let a laquo [s]ont interdites les laquo interventions raquo (laquo Eingriffe raquo) dans le patrimoine geacuteneacutetique drsquoun gamegravete ou drsquoun embryon crsquoest-agrave-dire les opeacuterations qui modifient ce patrimoine et qui par conseacutequent peuvent influencer la descendance raquo58 Le clonage est aussi expresseacutement interdit Deuxiegravemement la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides interespegraveces59 est prohibeacutee60 Troisiegravemement la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee nrsquoest autoriseacute que lorsque la steacuteriliteacute ou le danger de transmission drsquoune grave maladie ne peuvent ecirctre eacutecarteacutes drsquoune autre maniegravere et non pour deacutevelopper chez lrsquoenfant certaines qualiteacutes ou pour faire de la recherche61 Cette disposition interdit donc expresseacutement lrsquoutilisation de meacutethodes de PMA afin de modifier les caracteacuteristiques drsquoun futur enfant

Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 967 s et surtout p 976 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 285 p 132 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 140 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 41 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 535 s ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht p 118 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII p 21 s 50 RS 8170 51 RS 81221 52 RS 812121 53 RS 8131 54 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 929 Voir aussi LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1209 s 55 Dans lrsquoancienne constitution voir art 24novies aCst 56 laquo Le laquo geacutenie geacuteneacutetique raquo (Gentechnologie) deacutesigne les proceacutedeacutes qui permettent drsquoanalyser de soigner voire de modifier des gegravenes notamment le support moleacuteculaire des caractegraveres heacutereacuteditaires drsquoun ecirctre vivant de mainegravere agrave identifier celui-ci voire agrave lrsquoinfluencer lui ou sa descendance raquo JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 936 Selon lrsquoart 2 let a LPMA la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee se deacutefinit comme les meacutethodes permettant drsquoinduire une grossesse en dehors de lrsquounion naturelle de lrsquohomme et de la femme en particulier lrsquoinseacutemination la feacutecondation in vitro avec transfert drsquoembryons et le transfert de gamegravetes Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 57 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 939 s Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 58 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 940 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 59 Notamment par la feacutecondation drsquoun ovule humain par un spermatozoiumlde humain et inversement JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 941 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 60 Art 119 al 1 let b Cst feacuted 61 Art 119 al 1 let c Cst feacuted Sur les meacutethodes de la PMA voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 942 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217

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viii)Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain

Enfin lrsquoart 120 Cst pose le principe de la protection de lrsquoecirctre humain et de son environnement contre les abus en matiegravere de geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain62 Il donne eacutegalement la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoutilisation du patrimoine germinal et geacuteneacutetique des animaux des veacutegeacutetaux et des autres organismes en suivant les principes suivants respect de lrsquointeacutegriteacute des organismes vivants de la seacutecuriteacute de lrsquoecirctre humain de lrsquoanimal et de lrsquoenvironnement et protection de la diversiteacute geacuteneacutetique des espegraveces animales et veacutegeacutetales

ix) Meacutedecine de la transplantation

Lrsquoart 119a Cst porte sur la meacutedecine de la transplantation et donne agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules Cette disposition pose les principes que la leacutegislation doit garantir la digniteacute humaine (en interdisant entre autres le commerce lucratif drsquoorganes et une reacutepartition discriminatoire des organes) proteacuteger la personnaliteacute (principalement du donneur) et la santeacute (du donneur et du receveur)63 Les textes leacutegaux fondeacutes sur cette disposition constitutionnelle sont eacutetudieacutes ci-dessous64

x) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement le 25 septembre 200965 sera soumis au peuple le 7 mars prochain Cette disposition pose les principes permettant de reacutealiser une recherche sur lrsquoecirctre humain et donne la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer dans ce domaine dans la mesure ougrave la protection de la digniteacute humaine et de la personnaliteacute lrsquoexige Les principes preacutevus sont les suivants66

a un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute que si la personne y participant ou la personne deacutesigneacutee par la loi a donneacute son consentement eacuteclaireacute la loi peut preacutevoir des exceptions un refus est contraignant dans tous les cas

b les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne doivent pas ecirctre disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute du projet

c un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute sur des personnes incapables de discernement que si des reacutesultats eacutequivalents ne peuvent ecirctre obtenus chez des personnes capables de discernement lorsque le projet de recherche ne permet pas drsquoescompter un beacuteneacutefice direct pour les personnes incapables de discernement les risques et les contraintes doivent ecirctre minimaux

d une expertise indeacutependante du projet de recherche doit avoir eacutetabli que la protection des personnes participant agrave ce projet est garantie

Sous le reacutegime de cet article constitutionnel les recherches impliquant des ecirctres humains visant un deacuteveloppement humain sont envisageables aux conditions mentionneacutees ci-dessus La lettre b retient particuliegraverement lrsquoattention La notion 62 Voir RAINER J SCHWEIZER com ad art 120 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1240 63 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 950 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARKUS SCHOTT com ad art 119a in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1230 s 64 Voir ci-dessous p 22 65 Arrecircteacute feacutedeacuteral relatif agrave un article constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain du 25 septembre 2009 66 Art 118b al 2 Cst

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drsquoutiliteacute du projet doit ecirctre preacuteciseacutee Selon le message lrsquoutiliteacute du projet consiste en le beacuteneacutefice escompteacute de la recherche envisageacutee Ce beacuteneacutefice peut ecirctre drsquoune part un beacuteneacutefice individuel du sujet par exemple pour sa santeacute et drsquoautre part un beacuteneacutefice pour des tiers pour la socieacuteteacute laquo Outre lrsquoutiliteacute pour la santeacute publique (p ex de meilleures possibiliteacutes de traitement pour les patients agrave venir) on peut penser agrave drsquoautres beacuteneacutefices pour la socieacuteteacute (p ex ameacutelioration de la qualiteacute de la vie deacutepassant le cadre de lrsquoutiliteacute pour la santeacute au sens strict) raquo67 Au vu de ces exemples donneacutes dans le message on peut se poser la question du beacuteneacutefice de recherches visant le deacuteveloppement humain En toute hypothegravese le principe geacuteneacuteral veut que les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne soient pas disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute de la recherche et aux beacuteneacutefices escompteacutes68 Pour esquisser des eacuteleacutements de reacuteponses agrave cette question il faut se pencher sur les nombreuses lois traitant de recherche sur lrsquoecirctre humain Citons la Loi sur les produits theacuterapeutiques lrsquoOrdonnance sur les essais cliniques la Loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee la Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires la Loi sur la transplantation les Lois sur la radioprotection et la protection des donneacutees69 et le projet de loi feacutedeacuterale sur la recherche sur lrsquoecirctre humain traiteacute ci-dessous70

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine

i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee

La loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee (LPMA) entreacutee en vigueur en 2001 regravegle les conditions de pratique de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee sur les ecirctres humains Elle assure la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la famille et interdit lrsquoapplication abusive de la biotechnologie et du geacutenie geacuteneacutetique Comme drsquoautres dispositions leacutegales71 et lrsquoart 119 Cst la LPMA interdit toute forme de seacutelection geacuteneacutetique ayant pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoenfant agrave naicirctre Lrsquoart 33 dispose que quiconque lors de lrsquoapplication drsquoune meacutethode de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee seacutelectionne les gamegravetes en fonction du sexe ou sur la base drsquoune analyse geacuteneacutetique dans un but autre que celui drsquoeacutecarter le risque de transmission drsquoune maladie grave et incurable aux descendants sera puni de lrsquoemprisonnement ou de lrsquoamende Lrsquoart 35 LPMA interdit de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire des cellules germinatives ou des cellules embryonnaires humaine drsquoutiliser de telles gamegravetes pour une impreacutegnation et drsquoutiliser pour le deacutevelopper jusqursquoau stade drsquoembryon un ovule impreacutegneacute ayant subi une telle modification72 Lrsquoart 36 preacutevoit encore une interdiction de creacuteer un clone un hybride ou une chimegravere et de transfeacuterer un embryon de chimegravere ou drsquohybride agrave une femme ou agrave un animal Quiconque commet une des actions interdite sera puni de lrsquoemprisonnement Selon le message la ratio legis de lrsquointerdiction des modifications du patrimoine germinal est que laquo nous ne sommes pas qualifieacutes pour deacuteterminer la nature des futurs ecirctres

67 Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 68 Voir Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 69 ASSM La recherche avec des ecirctres humains Meacutemento pour la pratique Bacircle 2009 p 13 70 Voir ci-dessous p 24 71 Voir loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain p 24 72 Selon le message le but de ces dispositions est drsquoempecirccher la conception programmeacutee drsquolaquo enfants ideacuteaux raquo de chimegraveres et drsquohybrides Le principe geacuteneacuteral est que toute seacutelection est exclue FF 1996 197 p 220 s et 275 ss

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humains cest-agrave-dire leurs capaciteacutes physiques et psychiques Cela reviendrait agrave donner agrave la geacuteneacuteration actuelle un pouvoir exclusif sur les geacuteneacuterations suivantes et agrave long terme agrave donner agrave des morts le pouvoir sur des vivants raquo73

ii) Analyse geacuteneacutetique humaine

La loi feacutedeacuterale sur lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine (LAGH) entreacutee en vigueur le 1er avril 2007 reacuteglemente lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques humaines74 dans le domaine de la meacutedecine du travail de lrsquoassurance et de la responsabiliteacute civile ainsi que lrsquoeacutetablissement de profils drsquoADN visant agrave deacuteterminer la filiation ou lrsquoidentiteacute drsquoune personne75 Elle a pour but de garantir la digniteacute humaine et la qualiteacute des analyses et de preacutevenir les analyses abusives et lrsquoutilisation abusive des donneacutees recueillies76 Pour cette eacutetude lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques dans la meacutedecine et le travail nous inteacuteressent plus particuliegraverement Sur les principes la loi preacutevoit que lrsquoanalyse geacuteneacutetique ne peut ecirctre effectueacutee qursquoagrave des fins meacutedicales et dans le respect du droit agrave lrsquoautodeacutetermination du patient77 Permettant de deacutetecter et diagnostiquer certaines maladies une analyse geacuteneacutetique peut ecirctre prescrite par un meacutedecin laquo que si elle reacutepond agrave un inteacuterecirct leacutegitime de celle-ci crsquoest-agrave-dire si lrsquoanalyse a un but prophylactique ou theacuterapeutique ou si elle permet drsquoeacutetablir un choix de vie ou un planning familial raquo78 Les analyses geacuteneacutetiques sont donc permises pour diagnostiquer une maladie parfois de faccedilon preacutecoce avant mecircme lrsquoapparition des premiers symptocircmes En particulier laquo une personne a le droit de savoir ou pas si elle est porteuse drsquoun gegravene deacutefectueux qui sera probablement agrave lrsquoorigine drsquoune maladie dans le futur mecircme srsquoil nrsquoexiste pas de mesure prophylactique raquo79 Par contre une analyse geacuteneacutetique ne sera pas autoriseacutee si elle a pour but de deacuteterminer une aptitude speacuteciale pour certains sports Certains preacutetendent qursquoune telle analyse est aujourdrsquohui techniquement possible A titre drsquoexemple la socieacuteteacute ameacutericaine Atlas Sport Genetics propose un test permettant drsquoanalyser le gegravene ACTN-3 qui srsquoapparenterait agrave un gegravene du sportif drsquoeacutelite80 et qui indiquerait une preacutedisposition agrave deacutevelopper des aptitudes biomotrices (vitesse endurance etc) supeacuterieures agrave la moyenne Ce test est vendu aux parents souhaitant connaicirctre les preacutedispositions geacuteneacutetiques de leurs enfants au sport de haut niveau81 Il convient drsquoembleacutee de souligner que la pertinence de ce test reste agrave deacutemontrer scientifiquement De plus la LAGH interdit dans tous les cas les analyses dans le but de deacuteterminer les preacutedispositions sportives des enfants au motif qursquoil nrsquoy a aucun laquo beacuteneacutefice direct au sens meacutedical pour la personne mineure incapable de discernement raquo8283 73 Message LPMA FF 1996 276 74 Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine est deacutefinie agrave lrsquoart 3 de la loi comme laquo les analyses cytogeacuteneacutetiques et moleacuteculaires effectueacutees sur lrsquoecirctre humain dans le but de deacuteterminer des caracteacuteristiques du patrimoine geacuteneacutetique heacutereacuteditaires ou acquises pendant la phase embryonnaire et toutes les autres analyses de laboratoire qui visent agrave obtenir de maniegravere directe ces mecircmes informations raquo les analyses cytogeacuteneacutetiques eacutetant laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer le nombre et la structure des chromosomes et les analyses moleacuteculaires laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer la structure moleacuteculaire des acides nucleacuteiques (ADN et ARN) ainsi que le produit direct du gegravene raquo 75 Art 1 LAGH 76 Art 2 LAGH 77 Art 10 al 1 LAGH 78 Message LAGH FF 2007 6841 p 6886 79 Message LAGH FF 2007 6841 p 6887 80 Voir agrave ce propos lrsquoarticle paru agrave ce sujet dans le New York Times du 30 novembre 2008 disponible agrave la page httpwwwnytimescom20081130sports30geneticshtml 81 wwwatlasgenecom 82 Message LAGH FF 2007 6841 p 6888

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Les analyses preacutenatales sont autoriseacutees pour deacutetecter chez lrsquoenfant agrave naicirctre des anomalies maladies et autres eacuteleacutements pouvant atteindre agrave sa santeacute A son art 11 la loi interdit de telles analyses visant agrave rechercher des caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus qui nrsquoinfluencent pas directement sa santeacute ou agrave deacuteterminer le sexe dans un but autre qursquoun diagnostic Le but de cette disposition est drsquointerdire la laquo seacutelection des embryons ou des fœtus selon le deacutesir des parents raquo84 Le but est ici drsquoeacuteviter que des parents puissent choisir des laquo beacutebeacutes agrave la carte raquo Lrsquoeacutevolution des techniques drsquoanalyse geacuteneacutetique de geacutenie geacuteneacutetique de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et des sciences biomeacutedicales en geacuteneacuteral permettent aujourdrsquohui et permettront toujours plus agrave lrsquoavenir drsquoenvisager non seulement la seacutelection mais encore la modification geacuteneacutetique des enfants agrave naicirctre donc des geacuteneacuterations futures Si lrsquoEtat ne prend plus aujourdrsquohui de mesures collectives agrave viseacutee eugeacuteniste85 une nouvelle forme drsquoeugeacutenisme priveacute libeacuteral volontaire ou positif selon les formules consacreacutees86 est concevable voire souhaiteacutee par certains87 Le leacutegislateur a reacuteglementeacute de faccedilon claire et reacutepeacuteteacutee le domaine de lrsquoutilisation des technologies geacuteneacutetiques appliqueacute agrave la seacutelection et agrave la modification libeacuterale drsquoenfants agrave naicirctre Dans la Constitution deacutejagrave dont lrsquoart 119 interdit lrsquoutilisation des meacutethodes de PMA pour modifier les caracteacuteristiques drsquoun enfant Dans les lois ensuite la LAGH prohibe la seacutelection de gamegravetes et drsquoembryons fondeacutee sur les preacutedispositions geacuteneacutetiques et la LPMA interdit toute modification volontaire du patrimoine geacuteneacutetique lors de procreacuteations meacutedicalement assisteacutees Le projet de LRH enfin deacuteclare illicites les projets de recherche visant agrave modifier des embryons ou fœtus sans rapport avec une maladie La volonteacute du leacutegislateur de ne pas permettre de modifications preacutenatales choisies a eacuteteacute affirmeacutee et confirmeacutee plusieurs fois de 199288 agrave 200989 Il paraicirct donc drsquoembleacutee exclu du moins agrave court et moyen termes que la leacutegislation soit reacuteviseacutee Au contraire les arguments invoqueacutes agrave reacuteiteacutereacutees reprises pour justifier la fermeteacute du Parlement agrave ce sujet relegravevent de valeurs fondamentales qui ne paraissent pas souffrir drsquoexceptions Il srsquoagit drsquoune barriegravere tregraves claire agrave lrsquoapplication de meacutethodes de deacuteveloppement humain artificiel dans ce domaine

83 Voir agrave ce sujet DOMINIQUE SPRUMONT La reacuteglementation des trousses drsquoanalyse geacuteneacutetique Lanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives Actes drsquoun colloque CHARLES JOYE (eacuted) Schulthess Zurich Bacircle et Genegraveve 2004 pp 71-88 84 Message LAGH FF 2007 6841 p 6889 85 Comme nous le savons il nrsquoen a pas toujours eacuteteacute ainsi En 1928 encore lrsquoEtat de Vaud mettait en place un reacutegime de steacuterilisation des malades mentaux et autorisait lrsquoavortement pour des motifs eugeacuteniques Voir GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 55 ss 67 et 85 Tout programme eacutetatique agrave viseacutees eugeacuteniques serait aujourdrsquohui contraire agrave la Constitution entre autre agrave ses articles 7 et 8 86 La liberteacute de choix reste relative dans lrsquoeugeacutenisme dit libeacuteral Si les mesures ne sont plus dicteacutees autoritairement par lrsquoEtat elles ne sont pas libres de fortes influences sociales et eacuteconomiques Nous ne pouvons qursquoabonder dans le sens de DUMOULIN pour qui laquo lrsquoeugeacutenisme nrsquoa pas cesseacute drsquoexister tout au plus a-t-il changeacute de forme raquo GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 87 87 Sur ces reacuteflexions voir parmi drsquoautres PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 et les reacutefeacuterences citeacutees 88 Date de lrsquoadoption de lrsquoart 24novies aCst Repris ensuite agrave lrsquoart 119 Cst Voir FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 935 89 Le projet de LRH dans sa version provisoire actuelle est dateacute du 21 octobre 2009

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Dans le domaine du travail la loi pose des conditions strictes quant agrave lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques Le principe fondamental qui a vocation agrave srsquoappliquer de faccedilon geacuteneacuterale et pas seulement dans le domaine du travail est que nul ne peut ecirctre discrimineacute en raison de son patrimoine geacuteneacutetique90 Ce principe pose la regravegle de lrsquointerdiction de lrsquousage drsquoinformations geacuteneacutetiques tant par lrsquoEtat que par les particuliers sauf dans les cas preacutevus par la loi91 Cette norme est une concreacutetisation du principe geacuteneacuteral poseacute agrave lrsquoart 8 al 2 Cst92 plus preacuteciseacutement de lrsquointerdiction des discriminations fondeacutees sur les deacuteficiences corporelles Pour PREVITALI laquo [l]e fait que la deacuteficience geacuteneacutetique repreacutesente une simple probabiliteacute qursquoune certaine maladie puisse se manifester un jour et que la deacuteficience ne soit deacutecelable sans recourir agrave des analyses approfondies nrsquoest pas un critegravere pertinent pour exclure les raisons geacuteneacutetiques du champ drsquoapplication de ce motif de discrimination raquo93 Plus avant la loi deacutetermine les conditions auxquelles un meacutedecin du travail peut prescrire une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique Le principe poseacute agrave lrsquoart 21 veut qursquoun employeur ou son meacutedecin ne puisse ni exiger une telle analyse ni exiger les reacutesultats drsquoune analyse preacuteexistante ni exiger une analyse geacuteneacutetique ayant pour but de deacuteterminer des caracteacuteristiques personnelles du travailleur qui nrsquoont pas de rapport avec sa santeacute Il existe toutefois des exceptions ougrave des analyses peuvent ecirctre effectueacutees dans le but de preacutevenir les maladies professionnelles ou les accidents Selon lrsquoart 22 les conditions cumulatives suivantes doivent alors ecirctre remplies

bull le poste est soumis aux dispositions sur la preacutevention dans le domaine de la meacutedecine du travail en vertu drsquoune deacutecision de la SUVA94 ou agrave drsquoautres dispositions feacutedeacuterales qui prescrivent une analyse meacutedicale pour eacutevaluer lrsquoaptitude de la personne concerneacutee agrave exercer lrsquoactiviteacute en question en raison des risques susceptibles de provoquer une maladie professionnelle une grave atteinte agrave lrsquoenvironnement ou des risques drsquoaccident grave ou drsquoatteinte grave agrave la santeacute de tiers

bull les mesures sur le lieu de travail au sens de lrsquoart 82 de la loi feacutedeacuterale du 20 mars 1981 sur lrsquoassurance-accidents ou drsquoautres dispositions leacutegales ne suffisent pas agrave eacutecarter ces risques

bull il est eacutetabli selon lrsquoeacutetat des connaissances scientifiques qursquoil existe un rapport de cause agrave effet entre une preacutedisposition geacuteneacutetique deacutetermineacutee et une maladie professionnelle un risque drsquoatteinte agrave lrsquoenvironnement ou un risque drsquoaccident ou drsquoatteinte agrave la santeacute de tiers

bull la Commission drsquoexperts pour lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine a confirmeacute le rapport de cause agrave effet selon la lettre preacuteceacutedente et reconnu la fiabiliteacute de la meacutethode drsquoanalyse permettant de deacutetecter la preacutedisposition

bull la personne concerneacutee a donneacute son consentement par eacutecrit

90 Art 4 LAGH 91 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 56 et les reacutefeacuterences citeacutees 92 Message LAGH FF 2002 6841 p 6876 Lrsquointerdiction de discriminer en raison du patrimoine geacuteneacutetique vise eacutegalement de faccedilon plus geacuteneacuterale la sauvegarde de la digniteacute humaine voir ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 52 s 93 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 51 94 Voir art 70 OPA

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Si une analyse est envisageable aux conditions susmentionneacutees dans le but de proteacuteger la santeacute du travailleur ou parce que le meacutetier en question exige une santeacute parfaite (p ex personnel navigant de lrsquoaeacuteronautique)95 rappelons cette analyse doit ecirctre consideacutereacutee comme une ultima ratio En effet le principe veut qursquoen preacutesence drsquoune activiteacute professionnelle potentiellement dangereuse lrsquoemployeur ne doit pas seacutelectionner ses employeacutes en fonction de leur reacutesistance ou de preacutedispositions particuliegraveres ou leur proposer des traitements leur permettant de srsquoadapter aux conditions de travail particuliegraveres (p ex la prescription drsquoampheacutetamines aux pilotes militaires ameacutericains) mais prioritairement adapter lrsquoenvironnement et les conditions de travail agrave la protection de la santeacute des personnes La deuxiegraveme condition de lrsquoart 22 LAGH le mentionne explicitement Il y a lagrave un frein explicite agrave toute forme de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo dans le domaine du travail qui ne reacutepondrait pas aux critegraveres susmentionneacutes qui concernent une atteinte moindre aux droits des travailleurs Cet eacuteleacutement devra tout particuliegraverement ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoeacutevaluation de projet de recherche dans ce domaine une laquo ameacutelioration raquo du travailleur par rapport agrave son environnement ne devrait pas ecirctre consideacutereacutee comme un veacuteritable beacuteneacutefice du point de vue de lrsquoeacutethique de la recherche si des mesures drsquoassainissement de cet environnement sont envisageables respectivement si les tacircches agrave accomplir peuvent ecirctre automatiseacutees On pense par exemple agrave la situation qui preacutevaut dans les centrales nucleacuteaires

iii) Meacutedecine de la transplantation

La loi feacutedeacuterale du 8 octobre 2004 sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules (loi sur la transplantation) fixe les conditions dans lesquelles des organes des tissus ou des cellules peuvent ecirctre utiliseacutes agrave des fins de transplantation Elle doit contribuer agrave ce que des organes des tissus et des cellules humains soient disponibles agrave des fins de transplantation et a eacutegalement pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoorganes de tissus ou de cellules notamment le commerce drsquoorganes lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de transplantation et drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute96 Le but fondamental de la loi est laquo drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de la transplantation raquo97 La loi sur la transplantation empecircche lrsquoutilisation de cette technique meacutedicale agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo par le biais des critegraveres permettant le preacutelegravevement et lrsquoattribution drsquoorganes Selon lrsquoart 12 de la loi le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes nrsquoest possible que si entre autres conditions le receveur ne peut pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode theacuterapeutique ayant une efficaciteacute comparable Le principe veut que les organes issus de dons effectueacutes par des personnes vivantes reviennent toujours agrave une personne deacutesigneacutee agrave lrsquoavance le plus souvent un proche98 Tout preacutelegravevement

95 Message LAGH FF 2002 6841 p 6904 96 Art 1 Loi sur la transplantation 97 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 129 98 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 145

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drsquoorgane sur une personne vivante agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est degraves lors exclu Concernant lrsquoattribution drsquoorganes preacuteleveacutes sur une personne deacuteceacutedeacutee plusieurs critegraveres srsquoappliquent dont celui de lrsquourgence meacutedicale de la transplantation et de lrsquoefficaciteacute de la transplantation drsquoun point de vue meacutedical99 La premiegravere condition veut que laquo les organes doivent ecirctre attribueacutes en premier lieu aux patients dont la santeacute est la plus gravement atteinte En lrsquooccurrence le seul eacuteleacutement deacuteterminant est la situation meacutedicale du patient raquo100 Au vu de la situation actuelle de peacutenurie drsquoorganes cette condition suffit agrave elle seule agrave empecirccher toute transplantation drsquoorgane agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo La deuxiegraveme condition mentionneacutee signifie qursquolaquo il y a lieu drsquoattribuer les organes aux patients auxquels la transplantation sera la plus profitable Lagrave encore seule lrsquoutiliteacute meacutedicale entre en consideacuteration Il ne saurait ecirctre question de prendre en compte lrsquoaspect laquoutiliteacute socialeraquo par exemple la laquovaleurraquo que revecirct une personne pour la socieacuteteacute ou encore pour drsquoautres patients lrsquoampleur et le niveau des responsabiliteacute qursquoils exercent raquo101 Lrsquoefficaciteacute meacutedicale se mesure en tenant compte la compatibiliteacute des groupes sanguins des groupes tissulaires et anatomiques existant entre lrsquoorgane et le receveur potentiel Enfin en application de lrsquoart 17 de la loi le principe de non-discrimination de lrsquoart 8 al 2 Cst srsquoapplique agrave lrsquoattribution drsquoorganes En conseacutequence laquo lrsquoorigine la race le sexe lrsquoacircge la langue la position sociale les convictions philosophiques ou religieuses une deacuteficience corporelle mentale ou psychique pas plus que lrsquoacircge ou la situation sociale ne sauraient ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoattribution drsquoorganes raquo102

iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires

La Loi feacutedeacuterale du 19 deacutecembre 2003 relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires (Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches LRCS) a pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoembryons surnumeacuteraires et de cellules souches embryonnaires et de proteacuteger la digniteacute humaine Pour ce faire elle fixe les conditions reacutegissant la production de cellules souches embryonnaires humaines agrave partir drsquoembryons humains surnumeacuteraires et lrsquoutilisation de ces cellules agrave des fins de recherche103 La LRCS prohibe diverses pratiques Lrsquoart 3 interdit en particulier

a de produire un embryon agrave des fins de recherche (art 29 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches agrave partir drsquoun tel embryon ou drsquoutiliser de telles cellules b de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire de cellules germinatives (art 35 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de

99 Art 18 Loi sur la transplantation 100 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 101 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 147 102 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 103 Art 1 LRCS

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produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun embryon dont le patrimoine germinal a eacuteteacute modifieacute ou drsquoutiliser de telles cellules c de creacuteer un clone une chimegravere ou un hybride (art 36 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun clone drsquoune chimegravere ou drsquoun hybride ou drsquoutiliser de telles cellules d de deacutevelopper un partheacutenote de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun partheacutenote ou drsquoutiliser de telles cellules e drsquoimporter ou drsquoexporter un embryon au sens des let a ou b un clone une chimegravere un hybride ou un partheacutenote

Un projet de recherche utilisant des cellules souches embryonnaires ne peut ecirctre meneacute que si la commission drsquoeacutethique compeacutetente a donneacute un avis favorable et aux conditions suivantes

a le projet a pour but drsquoobtenir des connaissances essentielles 1 visant agrave constater traiter ou preacutevenir des maladies humaines graves ou 2 portant sur la biologie du deacuteveloppement de lrsquoecirctre humain

b des connaissances drsquoeacutegale valeur ne peuvent ecirctre obtenues drsquoaucune autre maniegravere c le projet satisfait aux exigences de qualiteacute scientifiques d le projet est acceptable au plan eacutethique

Il srsquoavegravere ainsi que lrsquoexigence de lrsquoarticle 12 lit a ch 1 preacuteciteacute eacutecarte ou du moins rend particuliegraverement difficile la possibiliteacute drsquoutiliser des cellules souches embryonnaires pour faire de la recherche agrave des fins de deacuteveloppement humain artificiel

v) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement et prochainement soumis au peuple et aux cantons attribue agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la recherche sur lrsquoecirctre humain Le Conseil feacutedeacuteral a alors approuveacute et transmis agrave lrsquoassembleacutee feacutedeacuterale un projet de loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain (abreacutegeacute LRH) et le message y relatif104 Ce projet de loi vise agrave proteacuteger la digniteacute la personnaliteacute et la santeacute de lrsquoecirctre humain dans la recherche105 Il eacutetablit plusieurs regravegles geacuteneacuterales applicables agrave drsquoeacuteventuelles recherches visant le deacuteveloppement et lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain Mentionnons drsquoembleacutee que les projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus sans rapport avec une maladie sont illicites106 Cette regravegle est un simple rappel de la norme constitutionnelle poseacutee agrave lrsquoart 119 Cst107 Le message dans le commentaire de lrsquoart 24 du projet de loi tranche clairement la question de la pertinence et de lrsquoutiliteacute de recherches visant lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain par des modifications geacuteneacutetiques de fœtus ou drsquoembryons laquo La reacutealisation drsquoun projet de recherche qui a pour but de modifier les caracteacuteristiques du fœtus sans rapport avec une maladie est interdite en vertu de la 104 Les analyses ci-dessous sont fondeacutees sur les versions provisoires du projet et du message du 21 octobre 2009 105 Art 1 al 1 LRH 106 Art 24 LRH 107 Voir ci-dessus p 15

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preacutesente disposition Sont prohibeacutes drsquoune part les projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain Il srsquoagit ici de projets qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement Ces tentatives font depuis quelque temps lrsquoobjet de discussion sous la deacutesignation laquohuman enhancementraquo (meacutedecine meacuteliorative) Sont prohibeacutes drsquoautre part les projets de recherche ayant pour finaliteacute de modifier ou drsquoameacuteliorer des caracteacuteristiques humaines sans rapport direct avec la santeacute de la personne p ex lrsquoorientation sexuelle certains traits de caractegravere ou des particulariteacutes physiques comme la couleur des yeux Seuls sont autoriseacutes les projets de recherche qui ont pour but de traiter des maladies ou drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie en cas drsquoinfirmiteacute ou de malformations La liceacuteiteacute drsquoun projet de recherche doit ecirctre examineacutee concregravetement au cas par cas raquo108 De faccedilon geacuteneacuterale lrsquoart 5 pose le principe que la recherche sur lrsquoecirctre humain peut ecirctre pratiqueacutee uniquement si sa pertinence est eacutetablie pour la science ainsi que pour la compreacutehension des maladies humaines pour la compreacutehension de la structure et du fonctionnement du corps humain ou pour la santeacute publique Cette disposition reprend la regravegle consacreacutee par la Convention sur les droits de lrsquoHomme et la Biomeacutedecine du Conseil de lrsquoEurope109 et dans la leacutegislation suisse actuelle Il est particuliegraverement douteux que des projets de recherche visant uniquement une ameacutelioration de lrsquoecirctre humain remplissent cette condition Drsquoailleurs le message preacutecise que laquo [n]e seraient ainsi p ex pas autoriseacutes les projets de recherche visant agrave restreindre la libre opinion des personnes de maniegravere cibleacutee raquo110 En toute logique on peut deacuteduire de cet exemple que ce critegravere de pertinence exclu a priori la recherche en vue de modifications de la morale de personnes deacutetermineacutees Enfin mentionnons qursquoune autorisation de la commission drsquoeacutethique du canton dans lequel la recherche est proposeacutee est obligatoire pour la reacutealisation drsquoun projet de recherche Lrsquoautorisation est accordeacutee si les exigences eacutethiques juridiques et scientifiques de la loi sont remplies111 En autres eacuteleacutements de base que la CER devra eacutevaluer il srsquoagit de srsquoassurer que le principe de la primauteacute des inteacuterecircts de la personne sur les inteacuterecircts de la science et de la socieacuteteacute est bien respecteacute Proposer une recherche en matiegravere de dopage pourrait ainsi drsquoembleacutee en contradiction avec cette exigence agrave moins de deacutemontrer que la personne concerneacutee va effectivement beacuteneacuteficier de cette recherche sans risque drsquoinstrumentalisation Les arguments eacutevoqueacutees plus haut en matiegravere drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine en droit du travail gardent ici toute leur pertinence

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions

i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)

Les professions de meacutedecin dentiste pharmacien et chiropraticien sont reacuteglementeacutees par le droit feacutedeacuteral en vertu de lrsquoattribution de compeacutetence de lrsquoart 95

108 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 109 Voir lrsquoart 4 de la Convention httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml164htm et surtout le Protocole additionnel agrave la Convention sur les Droits de lHomme et la biomeacutedecine relatif agrave la recherche biomeacutedicale httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml195htm 110 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 54 111 Art 44 agrave 46 LRH

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Cst feacuted112 qui permet agrave la confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoexercice des activiteacutes eacuteconomiques lucratives priveacutees Ces professions sont reacuteglementeacutees par la loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) qui fixe les conditions de formation permettant drsquoacceacuteder agrave ces professions et les regravegles drsquoexercice des professions meacutedicales universitaires Lrsquoart 4 LPMeacuted pose les objectifs de la formation universitaire En substance il srsquoagit de srsquoassurer que les professionnels concerneacutes seront en mesure de preacutevenir diagnostiquer et gueacuterir les troubles de la santeacute soulager les souffrances promouvoir la santeacute et fabriquer remettre ou distribuer des meacutedicaments En font eacutegalement partie le fait de pouvoir prodiguer aux patients des soins individuels complets et de qualiteacute (let a) de traiter les problegravemes en recourant agrave des meacutethodes reconnues scientifiquement en prenant en consideacuteration les aspects eacutethiques et eacuteconomiques (let b) et drsquoassumer leurs responsabiliteacutes dans le domaine de la santeacute et au sein de la collectiviteacute de maniegravere conforme aux speacutecificiteacutes de leur profession (let d) De faccedilon geacuteneacuterale en plus des soins et theacuterapies laquo [s]ie muumlssen aber auch die Faumlhigkeit haben aufzuzeigen wie Menschen und Tiere nicht nur die Krankheit verhindern sondern vor allem ihre Gesundheit foumlrdern und staumlrken koumlnnen raquo113 Les art 6 et 7 mentionnent les compeacutetences geacuteneacuterales que doivent posseacuteder les personnes ayant termineacute les filiegraveres drsquoeacutetude concerneacutees Citons les eacuteleacutements suivants de lrsquoart 6 al 1 LPMeacuted disposer des bases scientifiques neacutecessaires pour prendre des mesures preacuteventives diagnostiques theacuterapeutiques palliatives et de reacutehabilitation (let a) savoir reconnaicirctre et eacutevaluer les facteurs de maintien de la santeacute et en tenir compte dans leur activiteacute professionnelle (let c) ecirctre capables de deacuteterminer si les prestations qursquoils fournissent sont efficaces adeacutequates et eacuteconomiques et savoir se comporter en conseacutequence (let h) Lrsquoart 8 LPMeacuted pose les objectifs speacutecifiques de formation que doivent atteindre les personnes ayant termineacute leurs eacutetudes de meacutedecine humaine de meacutedecine dentaire ou de chiropratique Parmi ceux-ci on peut citer le fait drsquoecirctre capables de prescrire les meacutedicaments de faccedilon professionnelle respectueuse de lrsquoenvironnement et eacuteconomique (let c) drsquoœuvrer en faveur de la santeacute humaine en donnant des conseils et en prenant les mesures de preacutevention et de promotion neacutecessaires dans leur champ drsquoactiviteacute professionnel (let h) et de respecter la digniteacute et lrsquoautonomie des personnes concerneacutees connaicirctre les principes de base de lrsquoeacutethique ecirctre familiariseacutees avec les diffeacuterents problegravemes eacutethiques qui se posent dans leur profession et se laisser guider dans leurs activiteacutes professionnelle et scientifique par des principes eacutethiques visant le bien des ecirctres humains (let i) Lrsquoart 40 LPMeacuted deacutefinit les devoirs professionnels que doivent observer les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant Ces devoirs sont les suivants

a exercer leur activiteacute avec soin et conscience professionnelle et respecter les limites des compeacutetences qursquoelles ont acquises dans le cadre de leur formation universitaire de leur formation postgrade et de leur formation continue

112 Voir eacutegalement les art 63a et 118 Cst feacuted 113 THOMAS FLEINER com ad art 4 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire p 101

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b approfondir deacutevelopper et ameacuteliorer leurs connaissances aptitudes et capaciteacutes professionnelles par une formation continue c garantir les droits du patient d srsquoabstenir de toute publiciteacute qui nrsquoest pas objective et qui ne reacutepond pas agrave lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral cette publiciteacute ne doit en outre ni induire en erreur ni importuner e deacutefendre dans leur collaboration avec drsquoautres professions de la santeacute exclusivement les inteacuterecircts des patients indeacutependamment des avantages financiers f observer le secret professionnel conformeacutement aux dispositions applicables

g precircter assistance en cas drsquourgence et participer aux services drsquourgence conformeacutement aux dispositions cantonales

h conclure une assurance responsabiliteacute civile professionnelle offrant une couverture adapteacutee agrave la nature et agrave lrsquoeacutetendue des risques lieacutes agrave leur activiteacute ou fournir des sucircreteacutes eacutequivalentes

Les devoirs professionnels114 de la LPMeacuted concreacutetisent le but de la loi en garantissant la qualiteacute des soins meacutedicaux par le biais drsquoune surveillance effective des professionnels viseacutes Ce rapide survol des compeacutetences reconnues aux meacutedecins ainsi que des responsabiliteacutes qui sont les leur met en lumiegravere lrsquoimportance de respecter drsquoune part les regravegles de lrsquoart agrave savoir les laquoprincipes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo (ATF 108 II 5961) et drsquoautre part les droits et la digniteacute des patients Afin drsquoappreacutecier la reacuteception de nouvelles pratiques de deacuteveloppement humain artificiel dans la meacutedecine il convient donc drsquoeacutevaluer si ces pratiques peuvent ecirctre consideacutereacutees comme conforme aux regravegles de lrsquoart Cette question relegraveve principalement des compeacutetences et de lrsquoeacutethique professionnelles On notera qursquoun meacutedecin qui srsquoeacutecarte des regravegles de lrsquoart peut ecirctre tenu pour responsable vis-agrave-vis du patient indeacutependamment du consentement de ce dernier En effet le consentement est certes le motif justificatif par excellence de la violation des droits de la personnaliteacute qursquoimplique tout acte meacutedical et partant absolument neacutecessaire Il ne srsquoagit cependant pas drsquoune condition suffisante Encore faut-il que ce agrave quoi consent le patient soit admissible sous lrsquoangle de lrsquoart 27 al 2 CC autrement dit nrsquoest pas contraire aux mœurs ou agrave lrsquoordre juridique notions qui recoupent partiellement celle de laquo regravegles de lrsquoart raquo La question ne peut se reacutesoudre que dans un cas concret A priori il existe cependant quelques reacuteticences agrave inclure ces nouvelles pratiques dans lrsquoeacutethos professionnel Le meacutedecin concerneacute se trouve ainsi agrave assumer un lourd 114 Selon SPRUMONT ET AL les devoirs professionnels laquo sont des normes de comportement devant ecirctre suivies par toutes les personnes exerccedilant une mecircme profession raquo DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 385

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fardeau de la preuve par laquelle il devrait deacutemontrer la pertinence de son acte sous lrsquoangle tant meacutedico-scientifique que eacutethique Nous reviendrons sur cette question dans la section sur les produits theacuterapeutiques On ne peut toutefois ignorer la tendance geacuteneacuterale vers les pratiques de bien-ecirctre ou laquo wellness raquo comme cela se dit souvent Ce mouvement nrsquoest pas limiteacute au seul domaine meacutedical Drsquoautres professionnels de la santeacute eacutelargissent aujourdrsquohui leur champ drsquointervention dans des domaines qui ne relegravevent pas strictement du theacuterapeutique ou du prophylactique On peut mentionner eacutegalement les professions lieacutees agrave lrsquoestheacutetique agrave la cosmeacutetique ou encore les tatoueurs ou les perceurs Les personnes pratiquant ces professions doivent toutefois respecter lrsquoOrdonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur les objets destineacutes agrave entrer en contact avec les muqueuses la peau ou le systegraveme pileux et capillaire et sur les bougies les allumettes les briquets et les articles de farces et attrapes115 Cette ordonnance preacutevoit des regravegles sur les mateacuteriaux et colorants utiliseacutes116 lrsquoobligation pour ces professionnels de prendre toutes les preacutecautions raisonnablement neacutecessaires afin de preacutevenir la transmission de toute infection dont fait partie lrsquoobligation drsquoutiliser du mateacuteriel steacuterile117 Le but de ces mesures est avant tout la protection de la santeacute des consommateurs Un autre point important meacuterite drsquoecirctre releveacute ces professions sont expresseacutement exclues de la liste des professions de la santeacute usuellement soumises agrave autorisation de pratique en droit cantonal sans parler des professions de la santeacute qui relegravevent du droit feacutedeacuteral (professions meacutedicales universitaires psychologues etc) Il ne srsquoagit donc pas de tomber dans la confusion lorsque des professionnels de la santeacute stricto sensu envahissent le champ de lrsquoestheacutetisme et de la cosmeacutetique Cela ne signifie pas neacutecessairement un changement de nature dans ces activiteacutes qui acquerraient ainsi un statut meacutedico-scientifique Comme pour les meacutedecins compleacutementaires dans les cantons romands il srsquoagit plutocirct drsquoune forme de toleacuterance de ces pratiques par les autoriteacutes tant que la santeacute publique est preacuteserveacutee et qursquoil nrsquoy a pas de confusion pour les patients entre ce qui se rapporte aux soins et ce qui relegraveve plutocirct du bien-ecirctre On notera que la deacuterive des professionnels de la santeacute dans des activiteacutes ougrave le marcheacute est en forte croissance soulegraveve un problegraveme reacuteel dans la situation actuelle de quasi peacutenurie de professionnels qualifieacutes Alors que le nombre de meacutedecins ou drsquoinfirmiers formeacutes en Suisse reste insuffisant pour maintenir une couverture des soins de lrsquoensemble de la population le fait que de nombreux professionnels abandonnent leurs activiteacutes de base pour se consacrer agrave des tacircches qui nrsquoentrent ni dans les soins ni dans la preacutevention est tregraves preacuteoccupant118 On voit drsquoailleurs ici toute lrsquoimportance de tracer une limite preacutecise entre preacutevention et deacuteveloppement humain artificiel La premiegravere relegraveve clairement aujourdrsquohui du systegraveme de santeacute alors que le second ne semble pas y appartenir

115 OFFICE FEDERAL DE LA SANTE PUBLIQUE OFSP Uniteacute de direction Protection des consommateurs Fiche drsquoinformation Tatouages et piercings comment ne pas risquer sa peau mai 2009 p 3 116 Lrsquoart 5 al 2 de lrsquoordonnance preacutevoit que les couleurs de tatouage et les couleurs de maquillage permanent ne doivent pas mettre en danger la santeacute du consommateur 117 Art 2 agrave 8 de lrsquoOrdonnance 118 Voir lrsquoarticle agrave paraicirctre de PETER SUTER preacutesident de lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales dans les actes de la 16egraveme journeacutee de droit de la santeacute octobre 2009 Neuchacirctel

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d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires

i) Seacutecuriteacute des produits

La nouvelle loi sur la seacutecuriteacute des produits du 12 juin 2009 (LSPro) remplace et abroge119 la loi feacutedeacuterale du 19 mars 1976 sur la seacutecuriteacute drsquoinstallations et drsquoappareils techniques (LSIT) Elle vise agrave assurer la seacutecuriteacute des produits mis sur le marcheacute120 en geacuteneacuteral (un produit au sens de cette loi eacutetant tout bien meuble precirct agrave lrsquoemploi mecircme srsquoil est incorporeacute agrave un autre bien meuble ou immeuble) dans la mesure ougrave le droit feacutedeacuteral ne contient pas drsquoautres dispositions visant le mecircme but Elle srsquoapplique donc de faccedilon subsidiaire aux autres lois sectorielles reacuteglementant des cateacutegories de produits particuliegraveres121 A titre drsquoexemple mentionnons que les produits chimiques theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires ainsi que les objets usuels sont soumis agrave des reacuteglementations speacuteciales La LSPro pose les principes suivants

bull Peuvent ecirctre mis sur le marcheacute les produits qui preacutesentent un risque nul ou minime pour la santeacute ou la seacutecuriteacute des utilisateurs ou de tiers lorsqursquoils sont utiliseacutes dans des conditions normales ou raisonnablement preacutevisibles122

bull Lrsquoeacutetiquetage lrsquoemballage les instructions drsquoassemblage drsquoinstallation et drsquoentretien les mises en garde et consignes de seacutecuriteacute les instructions concernant lrsquoutilisation et lrsquoeacutelimination et toute autre instruction et information relatifs agrave un produit doivent ecirctre adapteacutes au risque speacutecifique lieacute audit produit123

bull La mise sur le marcheacute drsquoun produit nrsquoest pas soumise agrave une autorisation administrative mais agrave des controcircles ougrave le responsable de la mise sur le marcheacute doit apporter la preuve que le produit respecte les exigences en matiegravere de seacutecuriteacute et de santeacute124

bull Le responsable de la mise sur le marcheacute doit adopter des mesures pour ecirctre informeacute et preacutevenir les risques que peuvent preacutesenter un produit et en garantir la traccedilabiliteacute

Ces regravegles geacuteneacuterales doivent ecirctre respecteacutees pour la mise sur le marcheacute suisse de tout produit nrsquoeacutetant pas soumis agrave des regravegles speacuteciales plus strictes Concernant le deacuteveloppement humain elles ont donc vocation agrave srsquoappliquer agrave tout produit (au sens de bien meuble mentionneacute ci-dessus) nrsquoeacutetant pas soumis agrave une loi speacuteciale La plupart des produits et substances utilisables dans un but de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont soumis agrave des regravegles plus strictes en particulier la loi sur les produits theacuterapeutiques et la loi sur les denreacutees alimentaires

119 Art 20 LSPro 120 Lrsquoart 2 al 3 LSPro contient une deacutefinition tregraves large de la mise sur la marcheacute qui comprend toute remise drsquoun produit agrave titre oneacutereux ou gratuit que ce produit soit neuf drsquooccasion reconditionneacute ou profondeacutement modifieacute ainsi que lrsquousage en propre drsquoun produit agrave des fins commerciales ou professionnelles lrsquoutilisation drsquoun produit dans le cadre drsquoune prestation de services la mise agrave la disposition de tiers drsquoun produit et lrsquooffre drsquoun produit 121 Message LSPro FF 2008 6771 p 6791 122 Art 3 al 1 LSPro 123 Art 3 al 4 LSPro 124 Art 5 LSPro Voir Message LSPro FF 2008 6771 p 6803 s

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ii) Meacutedicaments

La loi sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux (loi sur les produits theacuterapeutiques LPTh) a pour but en geacuteneacuteral de proteacuteger la santeacute de lrsquoecirctre humain et des animaux et vise agrave garantir la mise sur le marcheacute de produits theacuterapeutiques de qualiteacute sucircrs et efficaces En particulier elle vise agrave ce que les produits theacuterapeutiques mis sur le marcheacute soient utiliseacutes conformeacutement agrave leur destination et avec modeacuteration125 Lrsquoart 4 LPTh deacutefinit les meacutedicaments comme laquo les produits drsquoorigine chimique ou biologique destineacutes agrave agir meacutedicalement sur lrsquoorganisme humain ou animal ou preacutesenteacutes comme tels et servant notamment agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps le sang et les produits sanguins sont consideacutereacutes comme des meacutedicaments raquo Pour accomplir les buts de la loi la LPTh eacutetablit un reacutegime drsquoautorisations La fabrication la mise sur le marcheacute suisse lrsquoimportation lrsquoexportation la vente en gros et de deacutetails de meacutedicaments ne sont possible que si lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (Swissmedic)126 a deacutelivreacute une autorisation drsquoexploitation agrave lrsquoentreprise requeacuterante Pour qursquoune autorisation de mise sur le marcheacute soit deacutelivreacutee le requeacuterant doit a apporter la preuve que le meacutedicament ou le proceacutedeacute est de qualiteacute sucircr et efficace b ecirctre titulaire drsquoune autorisation de fabriquer drsquoimporter ou de faire le commerce de gros deacutelivreacutee par lrsquoautoriteacute compeacutetente c avoir son domicile ou son siegravege social en Suisse ou y avoir fondeacute une filiale Notons que les art 23 ss de la LPTh classent les meacutedicaments dans cinq listes diffeacuterentes (A) les meacutedicaments sous ordonnance non-renouvelable vendus en pharmacie (B) les meacutedicaments sous ordonnance vendus en pharmacien (C) les meacutedicaments vendus en pharmacies (D) les meacutedicaments vendus en drogueries et (E) les meacutedicaments en vente libre La diffeacuterence entre les meacutedicaments en vente libre et ceux vendus sans ordonnance est que ces derniers ne peuvent ecirctre remis agrave un consommateur que par un professionnel formeacute et autoriseacute agrave vendre des meacutedicaments au deacutetail agrave savoir en principe un pharmacien ou un droguiste pour ceux de la liste D127 Les regravegles de base eacutetant poseacutees plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre deacuteveloppeacutes en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo

Selon le Tribunal feacutedeacuteral laquo [u]n meacutedicament ne sera pas autoriseacute sil ressort du dossier quil preacutesente un rapport beacuteneacutefice-risque neacutegatif lors de lusage auquel il est 125 Art 1 LPTh 126 Lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (swissmedic) est lrsquoautoriteacute suisse de controcircle et drsquoautorisation des produits theacuterapeutiques voir wwwswissmedicch 127 Art 24 et 30 LPTh

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destineacute sil na pas lefficaciteacute theacuterapeutique voulue ou si celle-ci nest pas suffisamment prouveacutee ou encore si sa composition ne correspond pas agrave celle qui est indiqueacutee (message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux du 1er mars 1999 FF 1999 3151 ss 3193) raquo128 Dans le mecircme arrecirct il est encore mentionneacute ce qui suit laquo Il ressort du systegraveme dautorisation de mise sur le marcheacute dun meacutedicament que ladmission de celui-ci se rapporte toujours agrave des indications meacutedicales preacutecises Lexigence dun lien entre le meacutedicament et une application concregravete et deacutetermineacutee de celui-ci est inheacuterente au systegraveme de lautorisation puisquun meacutedicament est par deacutefinition destineacute agrave agir meacutedicalement sur lorganisme humain et sert agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps (art 4 al 1 let a LPTh) En plus de la qualiteacute du meacutedicament une autre des conditions de lautorisation est lefficaciteacute du produit theacuterapeutique (art 10 al 1 let a LPTh) soit sa capaciteacute agrave atteindre le reacutesultat theacuterapeutique viseacute par rapport agrave une maladie deacutetermineacutee La mise sur le marcheacute dun meacutedicament nest donc autoriseacutee quen relation avec les maladies pour le diagnostic la preacutevention ou le traitement desquelles le requeacuterant a apporteacute la preuve que le meacutedicament eacutetait efficace Si le requeacuterant entend par la suite eacutetendre le champ dapplication du meacutedicament au beacuteneacutefice dune autorisation agrave dautres indications il doit en faire la demande Les indications pour lesquelles le meacutedicament a eacuteteacute autoriseacute sont mentionneacutees dans la notice destineacutee aux professions meacutedicales et approuveacutee par Swissmedic Elles font eacutegalement lobjet du preacuteavis deacutelivreacute par Swissmedic preacutecisant lautorisation que cet institut entend donner ainsi que les indications et les dosages qui seront autoriseacutes La notice et le preacuteavis font partie des documents qui doivent par la suite ecirctre preacutesenteacutes agrave lOFAS avec la demande dadmission du meacutedicament dans la liste des speacutecialiteacutes (art 30a al 1 let a et b OPAS) raquo129 On peut deacuteduire de cet arrecirct et drsquoautres plus reacutecents130 qursquoune mise sur le marcheacute de meacutedicaments dans un but autre que theacuterapeutique (p ex de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo) devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic Un meacutedicament devant servir agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps ne peut ecirctre autoriseacute qursquoen relation avec une atteinte agrave la santeacute Le message concernant la LPTh conforte cette interpreacutetation pour plusieurs raisons Premiegraverement elle vise agrave restreindre lrsquoutilisation agrave des fins de dopage131 deuxiegravemement un meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute srsquoil preacutesente un rapport beacuteneacutefice risque neacutegatif Un produit ayant pour but une ameacutelioration cognitive physique ou autre preacutesente un beacuteneacutefice contestable concernant la santeacute srsquoil nrsquoa pas drsquoutiliteacute theacuterapeutique srsquoil preacutesente en plus des risques sa mise sur le marcheacute doit ecirctre refuseacutee Etant donneacute que la plupart des substances pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo pour des personnes en santeacute ont des fonctions theacuterapeutiques pour les personnes atteintes de maladies le critegravere de la mise sur le marcheacute est selon nous moins pertinent pour deacuteterminer les limites leacutegales des possibiliteacutes de deacuteveloppement humain artificiel que celui de lrsquousage hors eacutetiquette traiteacute ci-dessous

128 Tribunal feacutedeacuteral des assurances K10303 Arrecirct du 14 septembre 2004 et ATF 130 (2004) V p 532-546 p 537 129 ATF 130 (2004) V p 532-546 p 538 130 Notamment ATF 134 V 83 131 V 349 et 133 V 239 131 Message LPTh FF 1999 3151 p 3171

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(2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance Selon lrsquoart 26 LPTh Les regravegles reconnues des sciences pharmaceutiques et meacutedicales doivent ecirctre respecteacutees lors de la prescription et de la remise de meacutedicaments Le Message LPTh explique qursquolaquo [i]mplicitement cette prescription interdit la prescription et la remise abusives de meacutedicaments raquo132 Si une prescription abusive est interdite les meacutedecins disposent de la liberteacute theacuterapeutique en drsquoautres termes du libre choix de la theacuterapie agrave utiliser dans une situation donneacutee Lorsqursquoun meacutedicament est autoriseacute par Swissmedic lrsquoautorisation est accompagneacutee drsquoune laquo information professionnelle raquo133 contenant les indications et la posologie On parle alors drsquousage hors eacutetiquette en cas de prescription drsquoun meacutedicament par un meacutedecin deacuterogeant agrave cette information professionnelle autrement dit en cas drsquolaquo Einsatz eines Arzneimittels ausserhalb der registrierten Indikation in anderer Dosierung oder bei anderen Patientengruppen (off label) raquo134 En geacuteneacuteral la prescription hors eacutetiquette est admise et fait partie de la liberteacute theacuterapeutique du meacutedecin Elle est mecircme courante dans certaines disciplines comme la peacutediatrie la gyneacutecologie lrsquooncologie ou la geacuteriatrie135 Le deacuteveloppement de cette pratique est ducirc agrave plusieurs facteurs dont le fait que des meacutedicaments nrsquoont pas eacuteteacute autoriseacutee ni testeacutes sur des groupes de patients donneacutes et le fait que dans divers cas lrsquoinformation professionnelle est deacutepasseacutee et que lrsquoindustrie pharmaceutique ne la fait pas enregistrer pour les nouvelles applications scientifiquement attesteacutees136 Parallegravelement agrave lrsquolaquo usage hors eacutetiquette (off label use) raquo on parle de laquo unlicensed use raquo lorsqursquoun meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute en Suisse laquo Dans ce cas le meacutedecin peut prescrire un meacutedicament sans autorisation particuliegravere pour autant que celui-ci ait eacuteteacute admis par un pays dont lrsquoautorisation est reconnue comme eacutequivalente agrave celles deacutelivreacutees en Suisse (pex UE ou USA) Si tel nrsquoest pas le cas le meacutedecin doit obtenir une autorisation speacuteciale de Swissmedic Pour pouvoir importer un tel meacutedicament le meacutedecin ou lrsquohocircpital aura en outre besoin drsquoune autorisation du canton raquo137 Le corollaire de lrsquoadmission de lrsquousage non autoriseacute et de lrsquousage hors eacutetiquette se trouve dans la responsabiliteacute du meacutedecin La responsabiliteacute civile des meacutedecins indeacutependants comme de toutes les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant est fondeacutee sur le

132 Message LPTh FF 1999 3178 p 3209 133 Art 13 et annexe 4 Ordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les exigences relatives agrave lrsquoautorisation de mise sur le marcheacute des meacutedicaments 134 Mitteilung Arzneimittelpolitik FMH in Bulletin des meacutedecins suisses 2004 85 Nr 28 1485 Pour AYER laquo le meacutedicament qui figure dans la liste des speacutecialiteacutes mais qui est utiliseacute pour des indications qui ne figurent pas dans lrsquoautorisation de Swissmedic est qualifieacute de laquo hors eacutetiquette raquo raquo ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 135 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 18 ss 136 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 19 s 137 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20

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code des obligations plus preacuteciseacutement sur le contrat de mandat138 Pour que la responsabiliteacute contractuelle du meacutedecin soit engageacutee il faut donc une violation du contrat impliquant une faute ou une neacutegligence et un rapport de causaliteacute entre la violation du contrat et le dommage pour que le dommage subi par le patient soit imputeacute au meacutedecin En matiegravere meacutedicale la violation du contrat se traduit par une violation du devoir de diligence du meacutedecin crsquoest-agrave-dire une violation des regravegles de lrsquoart Les regravegles de lrsquoart se deacutefinissent comme laquo les principes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo139 En conseacutequence une faute de diagnostic ou de traitement peut geacuteneacuterer la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin si elle constitue une inobservation drsquoune des regravegles de lrsquoart140 En cas de prescription hors eacutetiquette le meacutedecin est responsable de la deacuterogation En cas de complication il doit donc pouvoir justifier que lrsquoutilisation faite du meacutedicament correspondait agrave lrsquoeacutetat actuel de la science141 La responsabiliteacute peacutenale du meacutedecin en cas drsquousage non conforme drsquoun meacutedicament par exemple est donneacutee lorsqursquoil reacutealise une infraction en geacuteneacuteral une infraction contre la vie ou lrsquointeacutegriteacute corporelle Le TF a eu lrsquooccasion de trancher cette question dans deux arrecircts reacutecents142 Le premier concerne un oncologue bacirclois ayant traiteacute des patients avec un meacutedicament non autoriseacute par Swissmedic143 Ce praticien expeacuterimenteacute administrait agrave ses patients les plus atteints du laquo Lipoteichonsaumlure (LTA) raquo Les autoriteacutes bacircloises lui ont alors interdit lrsquousage de cette substance Sur demande de certains patients le praticien a eacuteteacute autoriseacute agrave des conditions strictes agrave utiliser ce meacutedicament dans le cadre drsquoune laquo compassionate use raquo Par la suite le meacutedecin srsquoest agrave nouveau vu interdire lrsquoutilisation du LTA au motif qursquoil nrsquoavait pas respecteacute ses engagements preacuteceacutedents Devant le Tribunal feacutedeacuteral srsquoest poseacutee la question de savoir si lrsquooncologue incrimineacute avait mis en danger la vie de ses patients au sens de lrsquoart 127 CP Le tribunal a consideacutereacute qursquoen lrsquoespegravece lrsquoon ne pouvait retenir de volonteacute du praticien de mettre en danger ses patients Il a donc eacuteteacute acquitteacute Le deuxiegraveme cas est celui drsquoun meacutedecin zurichois accuseacute drsquohomicide par neacutegligence suite au deacutecegraves drsquoune patiente agrave qui il avait prescrit un meacutedicament dans un dosage exceacutedant la quantiteacute geacuteneacuteralement admissible144 La question srsquoest alors poseacutee de savoir si la mort de la patiente eacutetait due agrave une violation des regravegles de lrsquoart qui en lrsquoespegravece serait constitueacutee par lrsquoutilisation drsquoune dose non conforme A ce propos le TF a retenu que laquo [a]ufgrund fruumlherer Studien ist das Bundesgericht jedoch zum Schluss gekommen dass diese Dosierung einer gaumlngigen Therapieform und damit 138 Art 394 ss CO DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 408 s En cas de leacutesion commise par un meacutedecin par exemple un concours entre la responsabiliteacute contractuelle et deacutelictuelle est possible voir OLIVIER GUILLOD CHRISTOPHE RAPIN La responsabiliteacute rapport suisse in La responsabiliteacute aspects nouveaux (journeacutees panameacuteennes) Paris 2003 p 375-403 p 376 139 ATF 108 II 59 61 140 Idem 141 Acadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales et la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) (eacuted) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20 142 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss 143 ATF 6B_402008 144 ATF 6B_6462007

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dem aktuellen Stand der Medizin entsprach An die Aufklaumlrungs- und Risikoabwaumlgungspflichten waren deshalb keine besonders strengen Anforderungen zu stellen raquo145 Mecircme si ces deux exemples ne traitent pas de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ils tendent agrave montrer que la liberteacute theacuterapeutique des personnes exerccedilant des professions meacutedicales universitaires est tregraves eacutetendue et permet une utilisation de meacutedicaments plus large que celle autoriseacutee Faut-il en deacuteduire que les meacutedecins disposent drsquoune large liberteacute de prescrire des meacutedicaments agrave des fins autres qursquoune theacuterapie Une reacuteponse neacutegative srsquoimpose en effet pour plusieurs raisons Premiegraverement le meacutedecin devant respecter les regravegles de lrsquoart pour ne pas devoir engager sa responsabiliteacute en cas de dommage des preuves scientifiques sont neacutecessaires pour pouvoir utiliser un meacutedicament hors eacutetiquette Mais pour que de telles preuves existent il faut que des recherches aient eacuteteacute meneacutees Comme vu ci-dessus il est douteux que des recherches puissent ecirctre meneacutees avec les risques qursquoelles comportent pour les sujets de recherche alors que les beacuteneacutefices escompteacutes nrsquoauront aucun but theacuterapeutique ou de santeacute publique En conseacutequence lrsquousage hors eacutetiquette de meacutedicaments agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne sera en toute logique pas autoriseacute principalement au motif que les recherches neacutecessaires pour arriver au niveau de seacutecuriteacute exigeacute par le droit suisse ne rentrent pas dans les conditions permettant leur mise en œuvre (critegravere de la pertinence et adeacutequation entre risque potentiel et beacuteneacutefice escompteacute) Deuxiegravemement le meacutedecin devra suffisamment informer le patient pour qursquoil puisse consentir au traitement en connaissance de cause Si les beacuteneacutefices drsquoun meacutedicament ne sont pas suffisamment deacutemontreacutes scientifiquement dans une situation donneacutee lrsquoincertitude doit mener agrave la prudence pour le patient et surtout pour le meacutedecin dans les conseils qursquoil prodigue au vu lrsquoengagement de sa responsabiliteacute Les conseacutequences envisageables de meacutedicaments soumis agrave ordonnance sur la santeacute et les conseacutequences patrimoniales pour le patient (les conditions de remboursement drsquoun meacutedicament prescrit hors eacutetiquette eacutetant strictes146) doivent reacuteguler des utilisations trop laquo fantaisistes raquo de meacutedicaments Troisiegravemement le principe drsquoeacuteconomie mentionneacute agrave lrsquoart 6 al 1 let h LPMeacuted et dans drsquoautres lois pose une restriction de principe agrave la fourniture de prestations qui ne sont pas efficaces adeacutequates et eacuteconomiques

(3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)

La LPTh limite les possibiliteacutes de faire de la publiciteacute pour les meacutedicaments147 Son article 31 pose le principe que la publiciteacute destineacutee au public ne peut ecirctre faite que pour des meacutedicaments non soumis agrave ordonnance Une publiciteacute pour les autres meacutedicaments ne peut ecirctre adresseacutee qursquoaux personnes autoriseacutees agrave prescrire et 145 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1215 146 Voir ci-dessous p 42 147 Selon lrsquoart 2 al 1 OPMed la publiciteacute se deacutefinit comme laquo toute forme drsquoinformation de prospection ou drsquoincitation qui vise agrave encourager la prescription la remise la vente la consommation ou lrsquoutilisation de meacutedicaments raquo

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remettre des meacutedicaments148 Lrsquoart 32 LPTh pose encore des conditions strictes dans lesquelles les publiciteacutes pour meacutedicaments sont autoriseacutees Suivant cette disposition est illicite a la publiciteacute trompeuse ou contraire agrave lrsquoordre public et aux bonnes moeurs b la publiciteacute pouvant inciter agrave un usage excessif abusif ou inapproprieacute de meacutedicaments c la publiciteacute pour les meacutedicaments qui ne peuvent ecirctre mis sur le marcheacute en Suisse Est illicite la publiciteacute destineacutee au public pour les meacutedicaments a qui ne peuvent ecirctre remis que sur ordonnance b qui contiennent des stupeacutefiants ou des substances psychotropes viseacutes par la loi du 3 octobre 1951 sur les stupeacutefiants1 c qui du fait de leur composition et de lrsquousage auquel ils sont destineacutes ne peuvent ecirctre utiliseacutes pour le diagnostic la prescription ni le traitement correspondant sans lrsquointervention drsquoun meacutedecin d qui font freacutequemment lrsquoobjet drsquoun usage abusif ou qui peuvent engendrer une accoutumance ou une deacutependance Selon le TF laquo [l]a publiciteacute destineacutee aux professionnels (publiciteacute pour des produits theacuterapeutiques adresseacutee aux personnes qui les remettent ou les prescrivent) ne doit pas inciter agrave un emploi abusif ou inapproprieacute des produits theacuterapeutiques Une autorisation de publiciteacute pour des applications qui ne sont pas autoriseacutees sous langle du droit des produits theacuterapeutiques serait contraire aux principes de la protection de la santeacute et de celle des consommateurs ainsi quau principe de lutilisation modeacutereacutee des produits theacuterapeutiques raquo149 Lrsquoordonnance sur la publiciteacute pour les meacutedicaments ajoute entre autres les eacuteleacutements suivants

bull la publiciteacute tant destineacutee aux professionnels qursquoau public doit se limiter aux indications et aux possibiliteacutes drsquoemploi reconnues par lrsquoinstitut (art 5 al 1 et 16 al 1 OPMeacuted)

bull La publiciteacute destineacutee au public doit preacutesenter le meacutedicament de faccedilon veacuteridique et sans exageacuteration que ce soit par lrsquoimage le son ou la parole (art 16 al 2 OPMeacuted)

bull la publiciteacute destineacutee au public pour des indications ou des possibiliteacutes drsquoemploi neacutecessitant un diagnostic ou un traitement meacutedical ou veacuteteacuterinaire est illicite (art 21 al 1 OPMeacuted)

bull les eacuteleacutements qui suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre ameacutelioreacute par lrsquoutilisation du meacutedicament sont interdits (art 22 let d OPMeacuted)

bull suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre affecteacute par la non-utilisation du meacutedicament (art 22 let e OPMeacuted)

148 Les personnes autoriseacutees agrave remettre des meacutedicaments sont eacutenumeacutereacutees aux art 24 ss LPTh Lrsquoart 3 OPMeacuted preacutecise que cette disposition les meacutedecins dentistes veacuteteacuterinaires pharmaciens et droguistes 149 Topamax Bundesgericht vom 1 Oktober 2008 Unzulaumlssige Bewerbung nicht genehmigter Arzneimittelanwendungen II oumlffentlichrechtliche Abteilung Abweisung der Beschwerde Akten-Nr 2C9320088 in sic 2009 p 93 ss p 93

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Les deux derniers eacuteleacutements mentionneacutes sont clairs toute publiciteacute pour des meacutedicaments pour un usage de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est interdite en Suisse

(4) Interdiction du dopage Lrsquoentreacutee en vigueur de la LPTh srsquoest accompagneacutee drsquoune modification de la Loi encourageant la gymnastique et les sports150 par lrsquoadjonction drsquoun nouveau chapitre Vb sur les mesures contre le dopage (art 11b agrave 11f) En particulier lrsquoart 11d interdit laquo a de fabriquer drsquoimporter drsquoacqueacuterir pour des tiers de distribuer de prescrire et de remettre des produits destineacutes au dopage b drsquoappliquer des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Eleacutement important lrsquoart 11f introduit des sanctions peacutenales pour toute personne qui contribue au dopage en particulier qui laquo fabrique importe acquiert pour des tiers distribue prescrit ou remet des produits dopants ou applique des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Cette disposition vise directement les professionnels de la santeacute qui pourraient participer agrave des activiteacutes dopantes Ces dispositions leacutegales sont compleacuteteacutees par deux ordonnances

bull - ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et meacutethodes de dopage (Ordonnance sur les produits dopants)

bull - ordonnance du 17 octobre 2001 sur les exigences minimales agrave respecter lors des controcircles antidopage (Ordonnance sur les controcircles antidopage)

Lrsquoart 2 de lrsquoordonnance sur les produits dopants offre la deacutefinition leacutegale du dopage agrave savoir laquo lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo On constatera que cette deacutefinition rejoint celle consacreacutee dans la Convention internationale contre le dopage dans le sport151 elle-mecircme reprenant les principes du code mondial antidopage La Suisse participe ainsi aux efforts internationaux en matiegravere de lutte contre le dopage dont la tendance est de se renforcer On notera que les objectifs de cette lutte sont multiples Il srsquoagit de garantir le fair-play dans le sport en preacuteservant ainsi lrsquoimage positive de cette activiteacute et de proteacuteger la santeacute des athlegravetes Non seulement la santeacute des sportifs qui se dopent prenant ainsi des risques seacuterieux mais eacutegalement celles des autres athlegravetes qui dans un environnement ougrave de nombreux sportifs seraient dopeacutes nrsquoauraient pas drsquoautre choix que de se doper eux-mecircmes pour maintenir leur performance Paradoxalement il nrsquoy a pas lieu de srsquoeacutetendre dans ce rapport sur la question de la lutte antidopage dans la mesure ougrave lrsquoengagement des gouvernements et des autoriteacutes semble clair De telles pratiques ne semblent pas devoir ecirctre autoriseacutees dans les anneacutees agrave venir bien au contraire Sous lrsquoangle du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo la condamnation du dopage dans le sport est largement partageacutee au niveau international La Suisse vient drsquoailleurs de se doter drsquoun organisme adhoc pour respecter ses engagements internationaux la fondation laquo Antidopage 150 RS 4150 151 RS 08121222

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Suisse raquo152 Cette fondation est en charge de mener des campagnes de preacutevention et drsquoinformation mais aussi drsquoorganiser les controcircles antidopage des sportifs concerneacutes A ce propos il convient toutefois de souligner qursquoils ne touchent que les sportifs drsquoeacutelite dans le monde amateur ou professionnel La question reste ouverte dans les autres domaines drsquoougrave lrsquoimportance des normes analyseacutees dans le reste de ce rapport qui srsquoappliquent agrave tous et pas seulement dans le milieu du sport drsquoeacutelite Il srsquoagit lagrave sans doute drsquoune des grandes faiblesses de la lutte antidopage qui srsquoexplique en partie peut-ecirctre par le fait que la prioriteacute dans ce domaine est davantage la protection de lrsquoimage du sport que la protection de la santeacute des athlegravetes153

iii) Stupeacutefiants

La loi feacutedeacuterale sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes (LStup) eacutetablit un controcircle desdites substances en Suisse154 laquo La LStup reacuteglemente lrsquousage meacutedical des substances psychotropes et interdit en mecircme temps la production le commerce la deacutetention et la consommation de drogues agrave des fins non meacutedicales raquo155 Dans la regravegle La LStup interdit sous peine de sanctions peacutenales tout usage sans droit de stupeacutefiants dont la consommation la vente la production la culture le trafic lrsquoachat etc156 De nombreux produits potentiellement utilisables dans le domaine du deacuteveloppement humain et du dopage sont des stupeacutefiants au sens de la LStup citons par exemple les ampheacutetamines meacutethampheacutetamines cocaiumlne MDMA etc157 Preacutecisons drsquoembleacutee que selon lrsquoart 1 al 1bis LStup la loi sur les produits theacuterapeutiques srsquoapplique aux stupeacutefiants utiliseacutes comme produits theacuterapeutiques sauf si elle ne preacutevoit pas de reacuteglementation ou que sa reacuteglementation est moins eacutetendue La LStup soumet la fabrication la dispensation lrsquoacquisition et lrsquoutilisation de stupeacutefiants agrave des regravegles et une proceacutedure drsquoautorisation strictes des exceptions eacutetant preacutevues pour les meacutedecins utilisant ces produits dans le cadre de leur profession En geacuteneacuteral ces actions ne sont autoriseacutees qursquoagrave des fins meacutedicales les autorisations nrsquoeacutetant remises qursquoagrave des prestataires de soins meacutedicaux ou des entreprises de lrsquoindustrie pharmaceutique158

152 httpwwwantidopingchfrindexphp 153 Cf OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 154 Sur la deacutefinition des produits stupeacutefiants voir art 1 LStup qui mentionne laquo les substances et les preacuteparations ayant des effets du type morphinique cocaiumlnique et cannabique et qui engendrent la deacutependance (toxicomanie) raquo Pour une autre deacutefinition THOMAS FINGERHUTH CHRISTOF TSCHURR BetmG Kommentar com ad Art 1 p 60 laquo Als ldquoBetaumlubungsmittelldquo iSv Art 1 BetmG koumlnnen ganz allgemein natuumlrliche oder synthetische Stoffe und Praumlparate (= Zubereitungen) bezeichnet werden deren Gebrauch eine physische undoder psychische Abhaumlngigkeit erzeugen kann raquo La liste de tous les stupeacutefiants se trouve dans lrsquoOrdonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes et ses appendices 155 SIMONE LEDERMANN FRITZ SAGER La politique suisse en matiegravere de drogue Troisiegraveme programme de mesures de la confeacutedeacuteration en vue de reacuteduire les problegravemes de drogue (ProMeDro III) 2006-2011 p 33 156 Art 19 et 19a LStup 157 Ces substances sont inclues dans la liste des stupeacutefiants de lrsquoappendice a de lrsquoordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes 158 Voir par exemple les art 4 et 8 al 5 LStup

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iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels

(1) Denreacutees alimentaires Si le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo peut impliquer lrsquousage de meacutedicaments les denreacutees alimentaires et objets usuels peuvent eacutegalement jouer un rocircle dans ce cadre En effet on voit de plus en plus drsquoaliments fonctionnels (alicaments ou laquo nutraceuticals raquo) ayant des vertus de laquo santeacute raquo voire de deacuteveloppement humain Les denreacutees alimentaires sont deacutefinies comme eacutetant les produits nutritionnels destineacutes agrave la constitution et agrave lrsquoentretien de lrsquoorganisme humain qui ne sont pas procircneacutes comme meacutedicaments En application de lrsquoart 3 al 2 LDAI le fournisseur drsquoun produit peut deacutecider srsquoil souhaite vendre son produit comme denreacutee alimentaire respectivement objet usuel ou comme meacutedicament laquo [U]ne marchandise eacutechappe au controcircle des denreacutees alimentaires lorsquelle est procircneacutee ou vendue comme un meacutedicament mecircme si de par ses autres proprieacuteteacutes elle est au fond une laquodenreacutee alimentaireraquo et consommeacutee comme telle raquo159 Cette solution est logique vu que la proceacutedure drsquoautorisation de mise sur le marcheacute drsquoun meacutedicament est plus contraignante que la mise sur le marcheacute drsquoun aliment Le Message relatif agrave la LPTh preacutecise encore que laquo [l]a proceacutedure dannonce que linstitut peut preacutevoir pour certains meacutedicaments ou certaines cateacutegories de meacutedicaments apporte encore une plus grande simplification Elle vaudra pour les produits situeacutes dans la zone grise entre les meacutedicaments et les denreacutees alimentaires comme les tisanes ou les bonbons contre la toux ou les meacutedicaments homeacuteopathiques sans indication meacutedicale et visera uniquement agrave permettre un controcircle des preacuteparations en question notamment de leur qualiteacute dans le cadre de la surveillance du marcheacute par exemple raquo160 Les questions qui se posent dans ce contexte sont celles lieacutees agrave la mise sur le marcheacute de tels produits et agrave la publiciteacute qui en est faite Rappelons que les buts fondamentaux de la LDAI sont la protection de la santeacute des consommateurs et la protection contre les tromperies en particulier en lien avec les progregraves scientifiques et lrsquoeacutevolution des marcheacutes concerneacutes La mise sur le marcheacute des denreacutees alimentaires deacutepend de la cateacutegorie dans laquelle entre le produit nutritionnel traiteacute Les denreacutees alimentaires speacutecifieacutees (dont la liste est inscrite agrave lrsquoart 4 ODAIOUs) sont admises laquo Un produit ne peut ecirctre commercialiseacute comme aliment sans autorisation de lOFSP que sil satisfait aux exigences de la leacutegislation alimentaire et sil est deacutefini dans une ordonnance speacutecifique du produit raquo161 A lrsquoinverse les denreacutees alimentaires non speacutecifieacutees sont interdites sauf autorisation individuelle de lrsquoOFSP Les critegraveres importants pour lrsquoautorisation sont la composition lrsquousage preacutevu et lrsquoeacutetiquetage du produit Lrsquoautorisation peut ecirctre soumise agrave la condition que le requeacuterant prouve que le produit demandeacute est inoffensif162 Enfin les microorganismes et substances eacutetrangegraveres doivent se trouver dans les quantiteacutes les plus faibles possibles dans les produits

159 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 160 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 161 Informations tireacutees du site de lrsquoOFSP httpwwwbagadminchthemenlebensmittel048580486204875indexhtmllang=fr 162 Art 5 et 6 OADIOUs

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nutritifs en application du principe laquo aussi peu que possible aussi souvent que neacutecessaire raquo163 Il existe une cateacutegorie particuliegravere de denreacutees alimentaires deacutesigneacutee par lrsquoexpression laquo aliments speacuteciaux raquo Les aliments speacuteciaux sont des denreacutees alimentaires destineacutees agrave une alimentation particuliegravere qui du fait de leur composition ou drsquoun proceacutedeacute de fabrication speacuteciale soit reacutepondent aux besoins nutritionnels des personnes qui pour des motifs de santeacute doivent srsquoalimenter de maniegravere diffeacuterente soit contribuent agrave produire des effets nutritionnels ou physiologiques deacutetermineacutes164 Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux mentionne les aliments suivants

bull les denreacutees alimentaires pauvres en lactose ou exemptes de lactose (art 5) bull les succeacutedaneacutes du sel comestible et les sels dieacuteteacutetiques (art 7) bull les denreacutees alimentaires pauvres en proteacuteines (art 8) bull les denreacutees alimentaires exemptes de gluten (art 9) bull les denreacutees alimentaires pouvant ecirctre consommeacutees par les diabeacutetiques

(art 13) bull les denreacutees alimentaires de substitution pour le controcircle du poids (art

16) bull les preacuteparations pour nourrissons (art 17) bull les preacuteparations de suite (art 18) bull les preacuteparations agrave base de ceacutereacuteales et autres aliments pour nourrissons et

enfants en bas acircge (art 19) bull les aliments destineacutes aux personnes ayant besoin drsquoun apport

eacutenergeacutetique ou nutritionnel accru (art 20) bull les aliments dieacuteteacutetiques destineacutes agrave des fins meacutedicales speacuteciales (art 20a) bull les aliments contenant de lrsquoextrait de malt (art 21) bull les compleacutements alimentaires (art 22) bull les levures alimentaires (art 22a) bull les micro-algues et les algues rouges calcaires (maeumlrl) (art 22b) bull les boissons speacuteciales contenant de la cafeacuteine (art 23)

Dans la regravegle les aliments speacuteciaux doivent se distinguer nettement des denreacutees alimentaires ordinaires (produits ordinaires) par leur composition et leur proceacutedeacute de fabrication et ils doivent satisfaire aux mecircmes exigences que les produits ordinaires correspondants agrave moins que leur destination particuliegravere ne requiegravere des deacuterogations165 Concernant la publiciteacute et lrsquoinformation lrsquoart 18 LDAI pose les deux regravegles suivantes la qualiteacute procircneacutee ainsi que toutes les autres indications sur une denreacutee alimentaire doivent ecirctre conformes agrave la reacutealiteacute et la publiciteacute pour les denreacutees alimentaires ainsi que leur preacutesentation et leur emballage ne doivent pas tromper le consommateur Lrsquoal 3 preacutecise que sont trompeuses les indications et les preacutesentations propres agrave susciter chez le consommateur de fausses ideacutees sur les effets speacuteciaux drsquoun aliment

163 Rapport explicatif relatif agrave la modification de la loi feacutedeacuterale sur les denreacutees alimentaires et les objets usuels p 15 164 Art 2 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux 165 Art 3 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux

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(2) Objets usuels Les objets usuels qui nous inteacuteressent dans cette eacutetude sont principalement les produits de soins corporels et cosmeacutetiques dont les producteurs vantent les vertus drsquoameacutelioration estheacutetiques Dans la regravegle lors de leur emploi conforme agrave leur destination ou habituellement preacutesumeacute les objets usuels ne doivent pas mettre la santeacute en danger Lrsquoart 31 ODAIOUs dispose encore que toute mention attribuant aux objets usuels des proprieacuteteacutes curatives leacutenitives ou preacuteventives (p ex des proprieacuteteacutes meacutedicinales ou theacuterapeutiques des effets deacutesinfectants ou anti-inflammatoires des recommandations drsquoun membre du corps meacutedical) est interdite Selon lrsquoart 40 ODAIOUs le DFI fixe a les exigences auxquelles doivent satisfaire les couleurs pour le tatouage et le maquillage permanent ainsi que leur eacutetiquetage b les exigences auxquelles doivent satisfaire les appareils et instruments utiliseacutes pour le piercing le tatouage et le maquillage permanent Il srsquoavegravere donc eacutegalement essentiel en matiegravere drsquoobjets usuels de proteacuteger la santeacute des consommateurs en eacutevitant toute confusion avec des meacutedicaments ou dispositifs meacutedicaux destineacutes agrave traiter ou preacutevenir des maladies

e) Droit du travail

Nous avons vu ci-dessus qursquoen principe un employeur ne peut exiger drsquoun employeacute une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique ni utiliser les reacutesultats drsquoune telle analyse166 De faccedilon plus geacuteneacuterale se posent de nombreuses questions en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et les relations de travail La performance eacutetant le plus souvent ce que recherche un employeur chez son employeacute la tentation peut ecirctre forte de seacutelectionner des employeacutes ayant ameacutelioreacutes leurs aptitudes ou drsquoaccroitre les aptitudes drsquoemployeacutes par des moyens artificiels Se pose alors la question de la protection du travailleur et de ses limites

i) Protection du travailleur

(1) En geacuteneacuteral Lrsquoart 328 du Code des Obligations preacutevoit la protection de la personnaliteacute du travailleur167 Selon cette disposition lrsquoemployeur doit entre autres proteacuteger la personnaliteacute la santeacute et lrsquointeacutegriteacute physique du travailleur168 Pour ce faire il doit prendre toutes les mesures que lrsquoon peut eacutequitablement exiger de lui Les art 6 LTr et 82 LAA obligent eacutegalement les employeurs agrave prendre les mesures neacutecessaires et

166 VINCENT CORPATAUX en lien avec lrsquoarrecirct ougrave le TF a retenu que des mesures de protection accrues eacutetaient requises pour proteacuteger la santeacute drsquoun employeacute allergique agrave la fumeacutee passive preacutecise que laquo la LAGH ne permettant qursquoexceptionnellement agrave un employeur de recruter ses employeacutes sur la base drsquoune analyse de leurs caracteacuteristiques geacuteneacutetiques (art 21 ss) un devoir accru de protection pourra ecirctre attendu de sa part dans des cas potentiellement nombreux raquo VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 75 167 Cette disposition concreacutetise les principes geacuteneacuteraux de protection de la personnaliteacute de lrsquoart 28 CC agrave la relation employeur ndash employeacute 168 Font partie des valeurs proteacutegeacutees la vie et lrsquointeacutegriteacute corporelle la santeacute physique et psychique lrsquointeacutegriteacute morale et la consideacuteration sociale la jouissance des liberteacutes individuelles et la sphegravere priveacutee JEAN-BERNARD WEBER Travail et protection de la personnaliteacute in Plaumldoyer 22002 p 46 ss p 47

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raisonnables afin de proteacuteger les employeacutes des maladies et accidents professionnels En application de cette disposition de principe lrsquoemployeur doit prendre toutes les mesures pour que lrsquoenvironnement et les conditions de travail de lrsquoemployeacute sauvegardent sa santeacute et sa personnaliteacute169 Les maladies professionnelles ainsi que toute autre atteinte de lrsquoemployeacute reacutesultant de lrsquoexercice de sa profession sont concerneacutees170 Traditionnellement les regravegles sur la protection de la santeacute des travailleurs ont eacuteteacute conccedilues en lien avec les maladies professionnelles et les accidents du travail Mais laquo la perspective srsquoest eacutelargie depuis une quinzaine drsquoanneacutees agrave la protection de la santeacute psychique des travailleurs raquo171

ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute

Dans le cadre de la protection du travailleur les limites doivent ecirctre poseacutees concernant ce que lrsquoemployeur peut demander ou imposer agrave ses employeacutes En lien avec le deacuteveloppement humain artificiel la question se pose de connaicirctre ces limites concernant les modifications et ameacuteliorations estheacutetiques et de performances (cognitives et physiques) De faccedilon geacuteneacuterale et sauf exceptions un employeur ne peut pas seacutelectionner les employeacutes plus reacutesistants dans le but qursquoils contractent moins vite voire pas du tout de maladies professionnelles mais doit au contraire adapter les conditions et lrsquoenvironnement de travail agrave la protection de la santeacute des employeacutes dans leur ensemble172 Au vu de cet eacuteleacutement un employeur ne peut a fortiori pas demander ou exiger drsquoun employeacute qursquoil emploie des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo comme par exemple la prise de ritaline Plus avant lrsquoemployeur a eacutegalement des obligations positives de preacutevention

iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Si lrsquoemployeur ne peut pas laquo ameacuteliorer raquo ses employeacutes pas les moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo il doit en plus prendre toutes les mesures raisonnablement exigibles pour que ses employeacutes ne soient pas contraints de facto agrave utiliser ces techniques pour pouvoir remplir leurs obligations Dans un arrecirct 4C242005 du 17 octobre 2005 le Tribunal feacutedeacuteral a condamneacute un employeur agrave payer une indemniteacute pour tort moral drsquoun montant de CHF 10000- agrave une employeacutee placeacutee dans une situation contraignante par son employeur Si en lrsquoespegravece lrsquoemployeacutee nrsquoa pas eacuteteacute victime de mobbing le fait que son employeur la contraigne agrave devoir effectuer une quantiteacute de travail propre agrave nuire agrave sa santeacute psychique a eacuteteacute consideacutereacute comme une violation de ses droits173

169 Arrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 170 VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 74 s 171 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 102 Sur le mecircme thegraveme voir WOLFGANG PORTMANN Stresshaftung im Arbeitsverhaumlltnis Erfolgreiche Stresshaftungsklagen gegen Arbeitgeber in der Schweiz und in anderen europaumlischen Laumlndern in ARV 2008 p 1-13 172 Message LAGH FF 2002 6841 p 6906 ss 173 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 4C242005 du 17 octobre 2005 consideacuterant 7

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On peut en deacuteduire qursquoun employeur ne peut exercer une trop forte pression sur ses employeacutes de faccedilon geacuteneacuterale par exemple en les astreignant agrave une charge de travail extrecircmement eacuteleveacutee nuisant agrave leur santeacute Les conditions de travail (charge de travail deacutelais horaires de travail etc) doivent pouvoir permettre aux employeacutes drsquoexercer leur emploi sans recours agrave des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans le mecircme sens selon DUNAND laquo [l]es conditions de travail doivent ecirctre adapteacutees aux capaciteacutes de lrsquoecirctre humain Lrsquoemployeur offrira aux travailleurs un climat de travail qui exclut toute atteinte agrave leur santeacute psychique Le travail sera organiseacute de maniegravere agrave eacuteviter un stress inutile ou un eacutepuisement professionnel raquo174 Pour le mecircme auteur laquo il appartient agrave lrsquoemployeur de mettre sur pied un systegraveme drsquoorganisation rationnel et respectueux qui permette drsquoeacuteviter une mise sous pression excessive des employeacutes raquo175 Le fait que dans certains milieux professionnels des comportements se rapprochant de ceux du dopage soient toleacutereacutes voire encourageacutes ne deacutedouane pas les employeurs de leurs obligations Il est vrai neacuteanmoins que rares sont ceux qui osent porter plainte dans ces conditions Il relegraveve alors de la responsabiliteacute du meacutedecin du travail srsquoil en existe de mettre en garde le travailleur sur les risques qursquoil encourt mais aussi drsquoavertir lrsquoemployeur des mesures agrave prendre pour corriger la situation

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal

La question qui se pose concernant les assurances de soins est la prise en charge de traitements entrant dans la cateacutegorie du deacuteveloppement humain artificiel Dans la regravegle lrsquoassurance-accidents couvre les frais meacutedicaux conseacutecutifs agrave un accident professionnel ou non professionnel176 laquo Le but du traitement meacutedical est deacuteliminer de la maniegravere la plus complegravete possible les atteintes physiques ou psychiques agrave la santeacute raquo177 Lrsquoart 54 LAA pose la limite suivante ceux qui pratiquent aux frais de lrsquoassurance-accidents doivent se limiter agrave ce qui est exigeacute par le but du traitement Lrsquoassurance-accidents ne couvre donc en principe pas de prestations relevant du deacuteveloppement humain artificiel son but fondamental eacutetant de prendre en charge les coucircts des theacuterapies conseacutecutives aux accidents Parmi les prestations preacutevues par la LAMal lrsquoart 25 mentionne les meacutedicaments prescrits par un meacutedecin dans la mesure ougrave ils servent agrave diagnostiquer ou agrave traiter une maladie et ses seacutequelles Lrsquoart 32 LAMal pose encore trois conditions au remboursement par lrsquoassureur-maladie obligatoire qui sont que les prestations doivent ecirctre efficaces approprieacutees et eacuteconomiques Lrsquoefficaciteacute doit ecirctre deacutemontreacutee scientifiquement Pour ecirctre rembourseacute un meacutedicament doit eacutegalement ecirctre inscrit sur la liste des speacutecialiteacutes de lrsquoOffice feacutedeacuteral de la santeacute publique178 Mais le remboursement de meacutedicaments par les caisses-maladie est soumis agrave diverses autres conditions dont celle de lrsquoutilisation conforme agrave lrsquoinformation professionnelle

174 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 175 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 176 Art 6 ss LAA 177 ATF 113 V 45 consid 4 178 Art 52 LAMal

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approuveacutee et publieacutee dans le Compendium suisse des meacutedicaments179 En conseacutequence un usage hors eacutetiquette nrsquoest en principe pas pris en charge Toutefois le TF a retenu deux exceptions pour lesquelles une telle utilisation peut ecirctre rembourseacutee180 La premiegravere est que la prescription hors eacutetiquette du meacutedicament constitue une condition essentielle agrave la poursuite drsquoune prestation prise en charge par lrsquoassurance obligatoire de soins181 La seconde est qursquoil srsquoagisse laquo de traiter une maladie qui pourrait ecirctre mortelle pour lrsquoassureacute ou impliquer des problegravemes de santeacute graves et chroniques qursquoil nrsquoexiste pas drsquoalternative theacuterapeutique et que le meacutedicament concerneacute preacutesente un important beacuteneacutefice theacuterapeutique raquo curatif ou palliatif182 Au vu de la jurisprudence traitant du remboursement de meacutedicaments utiliseacutes laquo hors eacutetiquette raquo force est de constater que lrsquousage de meacutedicaments soumis agrave ordonnance dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne remplit pas les conditions permettant leur remboursement par lrsquoassurance obligatoire de soins Ces conditions ayant pour but de permettre au meacutedecin de soigner au mieux des maladies pour lesquelles les meacutedicaments efficaces nrsquoont pas eacuteteacute speacutecifiquement testeacutes aux fins de lrsquoautorisation par Swissmedic on voit mal comment il pourrait en aller autrement

179 Voir ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 180 ATF 130 V 503 BGE 130 V 544 ATF 131 V 349 181 ARIANE AYER Prise en charge des meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 et la jurisprudence citeacutee 182 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 43

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3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations

La notion de laquo human enhancement raquo ne dispose pas actuellement de deacutefinition commune et arrecircteacutee Aux fins de cette eacutetude nous avons degraves lors ducirc commencer par en deacutefinir les contours et deacuteterminer les activiteacutes concerneacutees Le premier constat auquel nous sommes arriveacutes est que ces activiteacutes ne se limitent pas au dopage agrave la chirurgie estheacutetique ou au laquo wellness raquo Nous avons alors choisi drsquoappreacutehender cette notion de faccedilon large en parlant de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo expression qui nous apparait plus adapteacutee pour circonscrire la notion eacutetudieacutee Partant il nous a fallu trouver les dispositions leacutegales pertinentes et analyser les regravegles qursquoelles posent agrave la lumiegravere de cet ensemble drsquoactiviteacutes Nous avons alors constateacute que de nombreux champs du droit sont concerneacutes et que chaque activiteacute concerneacutee est reacuteglementeacutee de faccedilon propre Le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo nrsquoest pas appreacutehendeacute en tant que tel par le droit et ne le sera probablement jamais au vu de lrsquoensemble des diffeacuterentes activiteacutes et professions concerneacutees Dans de nombreuses situations les reacuteglementations eacutetudieacutees nrsquoont drsquoailleurs pas eacuteteacute eacutetablies en tenant compte du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Neacuteanmoins le droit positif suisse nrsquoest pas deacutemuni face aux possibiliteacutes de creacuteer des laquo surhommes raquo et pose des limites dans tous les domaines concerneacutes que lrsquoon pense agrave lrsquousage de meacutedicaments par des personnes en bonne santeacute en vue de modifications corporelles individuelles et volontaires aux possibiliteacutes pour une entreprise de demander des rendements surhumains agrave ses employeacutes ou agrave lrsquousage priveacute drsquoanalyses geacuteneacutetiques En conclusion nous pouvons mentionner que le droit suisse actuel ne connait pas de lacune manifeste concernant le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans les diffeacuterents champs concerneacutes des limites claires semblent eacutetablies

bull Toute modification geacuteneacutetique volontaire ou positive drsquoenfants agrave naicirctre est prohibeacutee

bull Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine ne peut ecirctre utiliseacutee agrave des fins laquo reacutecreacuteatives raquo (par exemple pour deacuteterminer lrsquoaptitude drsquoun enfant agrave diffeacuterentes activiteacutes sportives) ou en vue de seacutelectionner des employeacutes

bull Le preacutelegravevement et la transplantation drsquoorganes en vue drsquoameacuteliorer les performances drsquoun corps sain sont pratiquement interdites En effet le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes ne peut ecirctre effectueacute qursquoagrave la condition que le receveur ne puisse pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode Aucun traitement nrsquoeacutetant requis dans le cadre de deacuteveloppement artificiel force est de constater qursquoun preacutelegravevement est prohibeacute Concernant lrsquoattribution lrsquoordre de prioriteacute des requeacuterants deacutepend de lrsquourgence meacutedicale avec pour conseacutequence qursquoune transplantation laquo ameacuteliorative raquo est leacutegalement inconcevable

bull Les possibiliteacutes drsquoeffectuer de la recherche en vue de creacuteer de nouvelles meacutethodes et de nouveaux produits de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont limiteacutees par la neacutecessaire peseacutee drsquointeacuterecircts entre les risques et les beacuteneacutefices escompteacutes en particulier lorsque ces recherche doivent ecirctre meneacutees sur des ecirctres humains ou des cellules souches embryonnaires

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bull Les meacutedecins et professionnels de la santeacute sont limiteacutes dans leur activiteacute par le respect des regravegles de lrsquoart En conseacutequence ils ne peuvent sans risquer drsquoengager leur responsabiliteacute utiliser des produits et proceacutedeacutes agrave des fins non autoriseacutees De telles autorisations sont elles limiteacutees par les critegraveres permettant de faire les recherches neacutecessaires agrave leur deacutelivrance

bull La mise sur la marcheacute de meacutedicaments agrave des fins ameacutelioratives ne servant ni agrave diagnostiquer ni agrave preacutevenir ni agrave traiter une maladie devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic

bull La prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments nrsquoest possible qursquoagrave des conditions strictes ne permettant pas drsquoy inclure a priori le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

bull Les regravegles de droit du travail obligent lrsquoemployeur agrave adapter les conditions de travail aux employeacutes (et non lrsquoinverse) et interdisent les conduites dopantes qursquoelles soient demandeacutees explicitement ou tacitement agrave travers des conditions de travail et des instructions les rendant neacutecessaire pour lrsquoemployeacute

bull Enfin les activiteacutes meacutedicales relevant du deacuteveloppement humain artificiel ne remplissent pas les conditions permettant une prise en charge par les assurances sociales que ce soit par exemple la LAA ou la LAMal

Si les aspects juridiques paraissent suffisamment clairs les questions drsquoeacutethique et de deacuteontologie meacutedicales doivent selon nous ecirctre aujourdrsquohui clarifieacutees afin drsquounifier les pratiques en particulier dans les cas limites difficiles agrave cateacutegoriser entre laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo theacuterapie ou preacutevention Enfin les personnes pratiquant les activiteacutes pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et le public ndash patient usager consommateur ndash doivent enfin ecirctre clairement informeacutes des regravegles existantes et des limites poseacutees aux modifications volontaires de lrsquoecirctre humain

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MARYAM KOHLER-VAUDAUX Le deacutebut de la personnaliteacute juridique et la situation juridique de lenfant agrave naicirctre eacutetude de droit suisse et aperccedilu des droits franccedilais et allemand Genegraveve Zurich Bacircle 2006 DAMIAN KOumlNIG DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) La xeacutenotransplantation dans lordre juridique suisse Technology Assessment - Document de travail 282001 Berne 2001 MORITZ W KUHN TOMAS POLEDNA (eacuted) Arztrecht in der Praxis Zurich Bacircle Genegraveve 2007 HARDY LANDOLT Oumlffentliches Gesundheitsrecht Zurich 2009 HARDY LANDOLT Rechtskunde fuumlr Gesundheits- und Pflegeberufe Berne 2004 PATRICK LAURE Dopage et socieacuteteacute Paris 2000 PATRICK LAURE Ethique du dopage paris 2002 PATRICK LAURE et al Histoire du dopage et des conduites dopantes les alchimistes de la performance Paris 2004 PATRICK LAURE CLAIRE BINSINGER Les meacutedicaments deacutetourneacutes crimes meacutesusages pratiques addictives conduites dopantes suicide euthanasie Paris 2003 DOMINIQUE LECOURT (dir) Dictionnaire de la penseacutee meacutedicale Paris 2004 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 ss CHRISTIAN LENK Therapie und Enhancement Ziele und Grenzen der modernen Medizine Muumlnster 2002 CHRISTIAN LENK ANNA-KARINA JAKOVLJEVIĆ Ethik und optimierende Eingriffe am Menschen ethische Aspekte von Enhancement in der Medizin Bochum 2005 THOMAS LOCHER Grundriss des Sozialversicherungsrecht Berne 2003 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen Berlin 2007 DOMINIQUE MANAIuml Les droits du patient face agrave la biomeacutedecine Berne 2006 JEAN MARTIN Deacutefis eacutethiques autour des nanotechnologies in Bulletin des meacutedecins suisses 200788 34 p 1394 ss PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 ANDY MIAH Engineering Greater Resilience or Radical Transhuman Enhancement in Studies in ethics law and technology Volume 2 Issue 1 2008 article 5

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CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss CHRISTOPH WILLI Der informierte Patient ist der beste Patient Spannungsverhaumlltnis zwischen Werbung und Information fuumlr Arzneimittel und Medizinalprodukte benachteiligt Patienteninteressen in AJP 2008 159 ss ENITA A WILLIAMS Good Better Best The Human Quest for Enhancement Summary Report of an Invitational Workshop Convened by the Scientific Freedom Responsibility and Law Program American Association for the Advancement of Science June 1-2 2006 REMY WYLER (eacuted) Panorama en droit du travail Berne 2009 VLADIMIR M ZATSIORSKY (eacuted) Biomechanics in sport performance enhancement and injury prevention Oxford 2000 LEO ZONNEVELD (eacuted) Reshaping the Human Exploring Human Enhancement La Hague 2008

  • Table des matiegraveres
    • Introduction et contexte
    • 1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
      • a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration
      • b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo
        • i) Ameacuteliorations et modifications physiques
        • ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales
        • iii) Prolongation de la vie
        • iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo
        • v) Preacutevention primaire
          • c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo
            • i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain
            • ii) Les substances
              • d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                • 2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                  • a) Fondements constitutionnels
                    • i) Digniteacute humaine
                    • ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle
                    • iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations
                    • iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes
                    • v) Protection des consommatrices et consommateurs
                    • vi) Protection de la santeacute
                    • vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain
                    • viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain
                    • ix) Meacutedecine de la transplantation
                    • x) Recherche impliquant des ecirctres humains
                      • b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine
                        • i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee
                        • ii) Analyse geacuteneacutetique humaine
                        • iii) Meacutedecine de la transplantation
                        • iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires
                        • v) Recherche impliquant des ecirctres humains
                          • c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions
                            • i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)
                              • d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires
                                • i) Seacutecuriteacute des produits
                                • ii) Meacutedicaments
                                  • (1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo
                                  • (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance
                                  • (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)
                                  • (4) Interdiction du dopage
                                    • iii) Stupeacutefiants
                                    • iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels
                                      • (1) Denreacutees alimentaires
                                      • (2) Objets usuels
                                          • e) Droit du travail
                                            • i) Protection du travailleur
                                              • (1) En geacuteneacuteral
                                                • ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute
                                                • iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                                                  • f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal
                                                    • 3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations
                                                      • Bibliographie
Page 11: Le développement humain artificiel

lrsquoapparition drsquoune maladie raquo27 En comparant ces deacutefinitions de la preacutevention avec celles du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo on peut deacuteterminer un premier critegravere de distinction dans le fait que la preacutevention est en geacuteneacuteral en lien avec une maladie ou un problegraveme de santeacute28 alors que le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo se rattache aux performances ou agrave lrsquoapparence Dans ce sens la vaccination est une activiteacute se rapprochant plus de la preacutevention que du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Une meacutethode permettant drsquoameacuteliorer de faccedilon geacuteneacuterale le fonctionnement du systegraveme immunitaire drsquoune personne pourrait par contre ecirctre incluse dans les deux cateacutegories car elle permet drsquoeacuteviter lrsquoapparition de maladies deacutetermineacutees et constitue une ameacutelioration geacuteneacuterale de la reacutesistance du corps humain

c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo

Lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain peut passer par de nombreuses et diverses meacutethodes En retenant un concept large du laquo human enhancement raquo la meacuteditation qui permet de reacuteduire le stress et lrsquoanxieacuteteacute ou les exercices permettant drsquoameacuteliorer sa meacutemoire pourraient ainsi y ecirctre inclus Nous ne prendrons cependant pas en compte les meacutethodes que lrsquoon peut cateacutegoriser sous la notion drsquoentraicircnement (qui regroupe des notions comme lrsquoentraicircnement sportif lrsquoentraicircnement cognitif etc) Elles ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme produit de la technique et nrsquoentrent donc pas dans le concept de laquo human enhancement raquo tel que retenu En effet nous ne traitons ici que du deacuteveloppement artificiel par opposition au deacuteveloppement dit naturel

i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain

Font partie des interventions sur lrsquoecirctre humain les interventions sur lrsquoadulte et lrsquoenfant ainsi que les interventions preacutenatales Lrsquointervention meacutedicale peut se deacutefinir comme laquo an act performed to prevent harm to a patient or to improve the mental emotional or physical function of a patient A physiologic process may be monitored or enhanced or a pathologic process may be arrested or controlled raquo29 Il srsquoagit notamment drsquointerventions chirurgicales

ii) Les substances

Diverses substances peuvent avoir un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisables dans un but de deacuteveloppement artificiel Lrsquoon pense particuliegraverement aux produits theacuterapeutiques (meacutedicaments) ndash favorisant le deacuteveloppement musculaire la concentration lrsquoendurance lrsquoexplosiviteacute lrsquoagressiviteacute etc - et aux aliments speacuteciaux ou alicaments ndash faibles en calories (favorisant la perte de poids) ayant un apport eacutenergeacutetique accru (en proteacuteine favorisant la prise de muscles) ayant un taux de cafeacuteine eacuteleveacute etc Tout produit ayant un effet physiologique sur lrsquoecirctre humain utilisable agrave des fins autres que la theacuterapie et les soins peut potentiellement avoir un usage dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

27 Deacutefinition de lrsquoInstitut suisse de preacutevention de lrsquoalcoolisme et des autres toxicomanies httpwwwsfa-ispachindexphpIDtheme=107ampIDcat48visible=1amplangue=F 28 Sur les diffeacuterentes cateacutegories de preacutevention voir Message relatif agrave la loi feacutedeacuterale sur la preacutevention et la promotion de la santeacute FF 2009 6389 p 6447 ss 29 Mosbys Medical Dictionary 8th edition 2009 Pour drsquoautres deacutefinitions voir httpmedical-dictionarythefreedictionarycomintervention

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d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Il peut paraicirctre surprenant de construire un rapport juridique en franccedilais en partant drsquoune expression anglaise comme celle de laquo human enhancement raquo Il conviendrait en fait drsquoanalyser preacuteciseacutement et de maniegravere deacutetailleacutee qursquoelle est justement la notion que deacutesigne ladite expression Cette deacutemarche ayant aboutie il serait encore neacutecessaire drsquoexclure qursquoil nrsquoexiste pas drsquoeacutequivalent en franccedilais (ou en allemand) avant de conclure que seule lrsquoexpression anglaise doit ecirctre retenue Dans tous les cas il paraicirct raisonnable de rechercher si lrsquoobjet de ce rapport ne peut pas srsquoexprimer clairement en franccedilais respectivement en allemand avant de faire usage de termes anglais Drsquoautres motifs nous incitent agrave souhaiter une formulation franccedilaise Premiegraverement il existe de nombreuses acceptions de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo Mecircme en anglais la question de la terminologie nrsquoest de loin pas reacutesolue Reprendre sans autre reacuteflexion cette expression preacutesente le risque que chacun pense y retrouver sa propre notion contribuant ainsi agrave la confusion Il est donc neacutecessaire de clarifier et de deacuteterminer au mieux la notion qui sera analyseacutee dans ce travail Deuxiegravemement le droit est indissociable des langues dans lesquelles il srsquoapplique il convient dans ce cadre de maintenir une uniteacute linguistique entre lrsquoobjet traiteacute et les normes juridiques qui srsquoy reacutefeacuterent Une traduction dans la langue de lrsquoeacutetude srsquoavegravere degraves lors utile voire neacutecessaire Troisiegravemement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est en soi biaiseacutee dans la mesure ougrave elle veacutehicule lrsquoideacutee selon laquelle les meacutethodes qursquoelles recouvrent sont veacuteritablement ameacutelioratives sans preacuteciser pour autant la nature de cette ameacutelioration Le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE a bien senti le piegravege puisqursquoil introduit dans sa propre deacutefinition la notion de contexte socioculturel pour appreacutecier lrsquoameacutelioration rechercheacutee30 Il y a donc neacutecessiteacute de se distancier de lrsquoexpression consacreacutee de laquo human enhancement raquo dans la mesure ougrave elle conforte lrsquoideacutee drsquoune certaine ameacutelioration qui reste pourtant agrave deacutemontrer selon des critegraveres socio-culturellement partageacutes et dont le degreacute est encore agrave eacutevaluer La question nrsquoest plus ici seulement de traduction mais bien de deacutefinition Parler drsquoameacutelioration humaine ou de laquo corps augmenteacute raquo31 ne paraicirct pas correct mais plutocirct trompeur Il srsquoagit de trouver un terme neutre Nous proposons ainsi de retenir lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Premiegraverement le terme de deacuteveloppement peut se comprendre comme ameacutelioration mais il laisse ouverte la possibiliteacute que ce deacuteveloppement soit beacuteneacutefique ou non32 Dans son sens neacutegatif il pourrait donc aussi srsquoappliquer pour deacutesigner une alteacuteration de lrsquohomme Le principe est surtout drsquoexprimer la transformation le changement qui est apporteacute agrave lrsquohumain ces autres termes pouvant ici valoir comme synonymes Mais lrsquointeacuterecirct du terme de deacuteveloppement est de renvoyer ou rappeler lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement durable raquo Pour reprendre le rapport laquo Notre avenir agrave tous raquo de la Commission mondiale sur lenvironnement et le deacuteveloppement (Commission Brundtland) laquo le deacuteveloppement durable est un deacuteveloppement qui reacutepond aux

30 Voir plus haut pt 1a 31 Cette traduction quasi-litteacuterale de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est parfois utiliseacutee en franccedilais Citons Geacuterard Ayache Corps augmenteacute recircve bionique ou cauchemar protheacuteen disponible agrave la page httpwwwagoravoxfractualitestechnologiesarticlecorps-augmente-reve-bionique-ou-11710 et une confeacuterence donneacutee dans le cadre des manifestations culturelles de la bibliothegraveque cantonale et universitaire de Lausanne le 27 janvier 2009 intituleacutee laquo Le corps augmenteacute utopie drsquoaujourdrsquohui reacutealiteacute de demain raquo 32 Sur le lien entre les notions de laquo enhancement raquo et de deacuteveloppement voir ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34

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besoins du preacutesent sans compromettre la possibiliteacute pour les geacuteneacuterations agrave venir de pouvoir reacutepondre aux leurs raquo33 Cette expression implique une responsabiliteacute individuelle et collective marqueacutee sur la dureacutee pour appreacutecier les effets du deacuteveloppement qui pour ecirctre positif ne peut se limiter aux seules personnes directement concerneacutees mais doit ecirctre appreacutecieacute dans ses conseacutequences globales pour lrsquohumaniteacute et la planegravete Une ameacutelioration de telle performance drsquoun athlegravete ne constitue pas neacutecessairement un progregraves pour les hommes et doit donc ecirctre appreacutecieacute de maniegravere relative sous lrsquoangle du deacuteveloppement durable et humain Deuxiegravemement le deacuteveloppement dont il est question ici concerne directement lrsquohumain justement afin de le deacutelimiter par rapport au deacuteveloppement durable et agrave drsquoautres formes drsquoactiviteacutes Troisiegravemement la caracteacuteristique de ce deacuteveloppement humain est de se libeacuterer des regravegles de la nature drsquoecirctre directement et volontairement induit autrement dit drsquoecirctre artificiel Cet eacuteleacutement est important pour marquer la limite avec lrsquoensemble des facteurs ndash ou deacuteterminants ndash qui influencent notre santeacute et dont les effets se traduisent au fil des deacutecennies par un allongement de la dureacutee de vie moyenne de la population et une baisse des morbiditeacutes Nous vivons mieux et plus longtemps que nos anciens Mais les eacuteleacutements qui participent agrave cette eacutevolution eacutechappent pour la plupart agrave un controcircle direct des individus concerneacutes Il srsquoagit donc de bien distinguer ces eacuteleacutements de lrsquoeacutevolution de la socieacuteteacute de la meacutedecine ameacuteliorative et autres mesures de deacuteveloppement humain artificiel Nous retiendrons ainsi actuellement la deacutenomination de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo qui renvoie au concept de laquo deacuteveloppement durable raquo aujourdrsquohui appliqueacute tant en matiegravere drsquoenvironnement que drsquoeacuteconomie domaines eacutetroitement lieacutes agrave celui de deacuteveloppement humain comme il sera deacutemontreacute ci-dessous

2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Fondements constitutionnels

Plusieurs normes constitutionnelles influent directement sur les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo en Suisse Ces dispositions concernent entre autres la digniteacute humaine le droit agrave la vie et agrave la liberteacute personnelle lrsquoeacutegaliteacute la protection de la santeacute la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee le geacutenie geacuteneacutetique et la meacutedecine de la transplantation

i) Digniteacute humaine

Lrsquoart 7 Cst dispose que la digniteacute humaine doit ecirctre respecteacutee et proteacutegeacutee Ce droit fondamental agrave ecirctre traiteacute de maniegravere humaine et non deacutegradante est consideacutereacute comme un principe directeur concreacutetiseacute par les autres droits fondamentaux34 Parmi ceux-ci le droit agrave la liberteacute personnelle garantit entre autres le droit agrave la vie agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique Si laquo [l]a garantie de lrsquointeacutegriteacute physique protegravege

33 Notre avenir agrave tous Rapport de la commission mondiale sur lrsquoenvironnement et le deacuteveloppement du 10 mars 1987 Disponible dans sa version anglaise agrave la page httpwwwareadminchthemennachhaltig002660054000542indexhtmllang=fr 34 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 69 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 691 s ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 260 s p 121 s PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 139 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 PHILIPPE MASTRONARDI com ad art 7 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 77 s

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lrsquoindividu contre toute atteinte injustifieacutee (hellip) porteacutee au corps humain qursquoelle soit intentionnelle ou non grave ou leacutegegravere et quels qursquoen soient les motifs raquo35 elle ne creacutee pas ni ne protegravege un eacuteventuel droit drsquoameacuteliorer son corps ou de modifier lrsquoecirctre humain drsquoune autre maniegravere Il existe drsquoailleurs drsquoautres dispositions constitutionnelles restreignant les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo A ce propos laquo [l]ecirctre humain se distinguerait agrave la fois par son individualiteacute et par ses imperfections Le jauger selon une norme preacutetendue juste et deacutetermineacutee de maniegravere arbitraire et le manipuler geacuteneacutetiquement par rapport agrave cette norme constituerait une violation grave de sa digniteacute raquo36 Le clonage et la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides sont eacutegalement par leur nature mecircme contraire agrave la digniteacute humaine37 Si lrsquoEtat doit srsquoabstenir drsquoatteindre de faccedilon injustifieacutee agrave lrsquointeacutegriteacute physique et la proteacuteger la Constitution preacutevoit eacutegalement agrave son art 118 que la Confeacutedeacuteration prend des mesures pour proteacuteger la santeacute Cet eacuteleacutement sera traiteacute ci-apregraves

ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle

Lrsquoart 10 Cst feacuted garantit le droit agrave la vie agrave la liberteacute personnelle agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique et agrave la liberteacute de mouvement donc laquo toutes les liberteacutes eacuteleacutementaires dont lrsquoexercice est indispensable agrave lrsquoeacutepanouissement de la personne humaine raquo38 Le Tribunal feacutedeacuteral a retenu que les vaccinations obligatoires les opeacuterations chirurgicales lrsquoobligation pour les eacutelegraveves de suivre un controcircle et des soins dentaires obligatoires ou lrsquoadministration forceacutee de meacutedicaments dans une clinique psychiatrique constituent des atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute physique et donc agrave la liberteacute personnelle39 La liberteacute personnelle protegravege la personne contre les atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute psychique laquo qui tendraient par un moyen quelconque agrave restreindre ou agrave supprimer la faculteacute qui lui est propre drsquoappreacutecier une situation donneacutee et de se deacuteterminer drsquoapregraves cette appreacuteciation raquo40 Enfin lrsquoart 10 al 3 Cst feacuted interdit la torture et tout autre traitement ou peine cruels inhumains ou deacutegradants Une des reacutesultantes de lrsquoart 10 Cst feacuted en droit meacutedical est lrsquoexigence du consentement des patients pour tout acte meacutedical On retrouve son pendant en droit priveacute avec lrsquoart 28 CC Cela garantit le respect de la volonteacute du patient et lui donne ainsi le droit drsquoexercer son libre arbitre Cependant le consentement nrsquoest pas une condition suffisante pour justifier une atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle Encore faut-il qursquoelle soit conforme aux regravegles de lrsquoart autrement dit que cette intervention reacuteponde aux standards meacutedicaux compte tenu des besoins du patient Une meacutethode de laquo deacuteveloppement durable artificiel raquo devra ainsi non seulement ecirctre autoriseacutee par la personne concerneacutee Elle doit en outre respecter les regravegles de lrsquoart et la digniteacute humaine consacreacutee agrave lrsquoart 7 Cst indeacutependamment de la volonteacute de la personne concerneacutee

35 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 108 36 Message LPMA FF 1996 276 reprenant une intervention parlementaire BO N 1991 p 616 (intervention Koller) 37 Message LPMA FF 1996 27 et les reacutefeacuterences citeacutees Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1221 38 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 101 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER com ad art 10 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 148 s 39 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 108 et la jurisprudence citeacutee 40 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 109

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iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations

Lrsquoart 8 Cst pose les principes de lrsquoeacutegaliteacute des ecirctres humains devant la loi et de lrsquointerdiction des discriminations Si cette disposition a vocation agrave srsquoappliquer dans les relations que lrsquoEtat entretient avec ses citoyens administreacutes justiciables elle a aussi un effet dans les relations entre particuliers Si dans la regravegle lrsquointerdiction des discriminations sadresse agrave lEacutetat et ne produit pas deffet horizontal direct dans les relations entre personnes priveacutees laquo les regravegles de droit civil doivent cependant ecirctre interpreacuteteacutees en tenant compte des exigences particuliegraveres qui reacutesultent des droits fondamentaux raquo41 Lrsquoart 8 al 2 Cst a toutefois des effets indirects notamment en vertu de lrsquoart 35 al 3 Cst qui dispose que les autoriteacutes veillent agrave ce que les droits fondamentaux dans la mesure ougrave ils srsquoy precirctent soient aussi reacutealiseacutes dans les relations qui lient les particuliers entre eux Ces effets indirects sont de deux ordres Premiegraverement il srsquoagit pour les autoriteacutes de tenir compte des droits fondamentaux dans lrsquointerpreacutetation des lois et dans lrsquousage de leur pouvoir drsquointerpreacutetation Deuxiegravemement laquo [l]e leacutegislateur doit concevoir la leacutegislation de sorte qursquoelle assure le mieux possible le respect des droits fondamentaux dans les relations entre particuliers Il le fera en eacutedictant des normes notamment de droit civil et peacutenal qui reacutesolvent les conflits de liberteacute entre particuliers et qui preacuteviennent des traitements discriminatoires Aussi les garanties constitutionnelles peuvent-elles contenir un mandat au leacutegislateur drsquoadopter des dispositions propres agrave proteacuteger dans la mesure du possible les particuliers contre les atteintes agrave leurs droits fondamentaux provenant drsquoautres particuliers Lrsquoexistence drsquoune telle obligation positive de lrsquoEtat (Schutzpflichten) deacutecoulant de la Constitution est admise depuis longtemps par la Cour europeacuteenne des droits de lrsquohomme ainsi que par la doctrine et la jurisprudence suisse raquo42 Ce deuxiegraveme eacuteleacutement est particuliegraverement important concernant lrsquointerdiction des discriminations En effet les laquo obligations de protection raquo de lrsquoEtat citeacutees ci-dessus neacutecessitent qursquoil prenne divers types de mesures afin de reacuteduire voire drsquoeacuteliminer les discriminations horizontales On pense en particulier agrave des mesures positives drsquoinformation de sensibilisation ou des recherches scientifiques et projets drsquoeacutechange et de contacts etc43 La creacuteation drsquoorganismes de sensibilisation et de coordination et la prise de mesures drsquoencouragement sont eacutegalement envisageables Dans les domaines ougrave la Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences leacutegislatives le leacutegislateur feacutedeacuteral peut eacutedicter des regravegles lorsque leur neacutecessiteacute est aveacutereacutee assurant la protection des citoyens contre les discriminations En reacutesumeacute les autoriteacutes eacutetatiques ne peuvent discriminer les personnes de faccedilon geacuteneacuterale et doivent assurer leur protection contre des discriminations horizontales par la prise de mesures positives et lrsquoeacutetablissement de textes de lois

41 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 5A4842009 du 18 aoucirct 2009 consid 41 et les reacutefeacuterences citeacutees 42 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 164 ss 167 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 43 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 318 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 124

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iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes

Lrsquoart 11 Cst dispose entre autres que les enfants et les jeunes ont droit agrave une protection particuliegravere de leur inteacutegriteacute et agrave lrsquoencouragement de leur deacuteveloppement Cette disposition dans certains domaines en tout cas44 laquo ne creacutee pas un droit subjectif particulier deacuteductible en justice faute notamment decirctre suffisamment preacutecise et deacutetermineacutee et doit plutocirct ecirctre consideacutereacutee comme une disposition programmatique respectivement une disposition que les autoriteacutes doivent prendre en compte lorsquil sagit de combler une lacune ou lorsquelles font usage de leur pouvoir dappreacuteciation raquo45 Il exige dans tous les cas une prudence accrue lorsqursquoil srsquoagit de porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle des enfants ou drsquointervenir dans leur deacuteveloppement

v) Protection des consommatrices et consommateurs

Lrsquoart 97 Cst dispose que la Confeacutedeacuteration prend des mesures destineacutees agrave proteacuteger les consommateurs et les consommatrices46 Il preacutevoit encore que les organisations de consommateurs disposent de voies de droit et que les proceacutedures de conciliation ou judiciaires doivent ecirctre simple et rapides pour les litiges dont la valeur litigieuse ne deacutepasse pas un montant deacutetermineacute Le but du premier alineacutea de cette disposition est de proteacuteger les consommateurs en geacuteneacuteral Les marcheacutes des meacutedicaments des denreacutees alimentaires des produits cosmeacutetiques et des services dans les domaines de la cosmeacutetique et du bien-ecirctre sont concerneacutees par cette disposition qui sert par ailleurs de base leacutegale agrave diverses lois de protection des consommateurs contre les tromperies

vi) Protection de la santeacute

Lrsquoart 118 Cst mentionne que la Confeacutedeacuteration prend des mesures afin de proteacuteger la santeacute dans les limites de ses compeacutetences et leacutegifegravere entre autres sur lrsquoutilisation des denreacutees alimentaires des agents theacuterapeutiques des stupeacutefiants des organismes des produits chimiques et des objets qui peuvent preacutesenter un danger pour la santeacute47 laquo Lrsquoancien art 69bis parlait de laquo commerce raquo (Verkehr raquo) des denreacutees alimentaires et objets usuels Le constituant de 1999 a preacutefeacutereacute parler drsquo laquo utilisation raquo (laquo Umgang raquo) pour bien montrer que la leacutegislation vise le comportement des consommateurs aussi bien que les opeacuterations drsquoamont fabrication traitement importation distribution raquo48 Si la santeacute publique est principalement un domaine de compeacutetence des cantons la Confeacutedeacuteration dispose toutefois de tacircches speacuteciales dans ce domaine49 Lrsquoart 118 44 Voir RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht p 262 ss en particulier p 264 s voir aussi RUTH REUSSER KURT LUumlSCHER com ad art 11 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 175 45 Arrecirct du Tribunal administratif feacutedeacuteral Cour III C-38852007 du 2 deacutecembre 2008 consid 10 46 Voir RETO JACOBS com ad art 97 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar Lachen amp Zurich p 1062 s voir aussi KLAUS A VALLENDER com ad art 94-107 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 47 LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1207 s 48 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 930 49 La Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences en matiegravere de santeacute publique depuis 1848 voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 926 Voir aussi ERWIN MURER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER

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sert de base agrave de nombreuses lois et ordonnances dont les principales sont la loi sur les denreacutees alimentaires 50 la loi sur les produits theacuterapeutiques51 la loi sur les stupeacutefiants52 la loi sur les produits chimiques53 ou encore la loi sur la seacutecuriteacute des produits54

vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain

Touchant directement le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo lrsquoart 119 Cst55 doit eacutegalement ecirctre mentionneacute Cette disposition traite de la protection de lrsquoecirctre humain contre les abus en matiegravere de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et de geacutenie geacuteneacutetique56 dans le domaine humain et limite ou interdit plusieurs activiteacutes dans le but de proteacuteger la digniteacute humaine la personnaliteacute et la famille57 Premiegraverement en application de lrsquoalineacutea 1 let a laquo [s]ont interdites les laquo interventions raquo (laquo Eingriffe raquo) dans le patrimoine geacuteneacutetique drsquoun gamegravete ou drsquoun embryon crsquoest-agrave-dire les opeacuterations qui modifient ce patrimoine et qui par conseacutequent peuvent influencer la descendance raquo58 Le clonage est aussi expresseacutement interdit Deuxiegravemement la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides interespegraveces59 est prohibeacutee60 Troisiegravemement la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee nrsquoest autoriseacute que lorsque la steacuteriliteacute ou le danger de transmission drsquoune grave maladie ne peuvent ecirctre eacutecarteacutes drsquoune autre maniegravere et non pour deacutevelopper chez lrsquoenfant certaines qualiteacutes ou pour faire de la recherche61 Cette disposition interdit donc expresseacutement lrsquoutilisation de meacutethodes de PMA afin de modifier les caracteacuteristiques drsquoun futur enfant

Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 967 s et surtout p 976 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 285 p 132 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 140 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 41 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 535 s ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht p 118 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII p 21 s 50 RS 8170 51 RS 81221 52 RS 812121 53 RS 8131 54 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 929 Voir aussi LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1209 s 55 Dans lrsquoancienne constitution voir art 24novies aCst 56 laquo Le laquo geacutenie geacuteneacutetique raquo (Gentechnologie) deacutesigne les proceacutedeacutes qui permettent drsquoanalyser de soigner voire de modifier des gegravenes notamment le support moleacuteculaire des caractegraveres heacutereacuteditaires drsquoun ecirctre vivant de mainegravere agrave identifier celui-ci voire agrave lrsquoinfluencer lui ou sa descendance raquo JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 936 Selon lrsquoart 2 let a LPMA la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee se deacutefinit comme les meacutethodes permettant drsquoinduire une grossesse en dehors de lrsquounion naturelle de lrsquohomme et de la femme en particulier lrsquoinseacutemination la feacutecondation in vitro avec transfert drsquoembryons et le transfert de gamegravetes Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 57 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 939 s Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 58 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 940 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 59 Notamment par la feacutecondation drsquoun ovule humain par un spermatozoiumlde humain et inversement JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 941 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 60 Art 119 al 1 let b Cst feacuted 61 Art 119 al 1 let c Cst feacuted Sur les meacutethodes de la PMA voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 942 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217

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viii)Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain

Enfin lrsquoart 120 Cst pose le principe de la protection de lrsquoecirctre humain et de son environnement contre les abus en matiegravere de geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain62 Il donne eacutegalement la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoutilisation du patrimoine germinal et geacuteneacutetique des animaux des veacutegeacutetaux et des autres organismes en suivant les principes suivants respect de lrsquointeacutegriteacute des organismes vivants de la seacutecuriteacute de lrsquoecirctre humain de lrsquoanimal et de lrsquoenvironnement et protection de la diversiteacute geacuteneacutetique des espegraveces animales et veacutegeacutetales

ix) Meacutedecine de la transplantation

Lrsquoart 119a Cst porte sur la meacutedecine de la transplantation et donne agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules Cette disposition pose les principes que la leacutegislation doit garantir la digniteacute humaine (en interdisant entre autres le commerce lucratif drsquoorganes et une reacutepartition discriminatoire des organes) proteacuteger la personnaliteacute (principalement du donneur) et la santeacute (du donneur et du receveur)63 Les textes leacutegaux fondeacutes sur cette disposition constitutionnelle sont eacutetudieacutes ci-dessous64

x) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement le 25 septembre 200965 sera soumis au peuple le 7 mars prochain Cette disposition pose les principes permettant de reacutealiser une recherche sur lrsquoecirctre humain et donne la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer dans ce domaine dans la mesure ougrave la protection de la digniteacute humaine et de la personnaliteacute lrsquoexige Les principes preacutevus sont les suivants66

a un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute que si la personne y participant ou la personne deacutesigneacutee par la loi a donneacute son consentement eacuteclaireacute la loi peut preacutevoir des exceptions un refus est contraignant dans tous les cas

b les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne doivent pas ecirctre disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute du projet

c un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute sur des personnes incapables de discernement que si des reacutesultats eacutequivalents ne peuvent ecirctre obtenus chez des personnes capables de discernement lorsque le projet de recherche ne permet pas drsquoescompter un beacuteneacutefice direct pour les personnes incapables de discernement les risques et les contraintes doivent ecirctre minimaux

d une expertise indeacutependante du projet de recherche doit avoir eacutetabli que la protection des personnes participant agrave ce projet est garantie

Sous le reacutegime de cet article constitutionnel les recherches impliquant des ecirctres humains visant un deacuteveloppement humain sont envisageables aux conditions mentionneacutees ci-dessus La lettre b retient particuliegraverement lrsquoattention La notion 62 Voir RAINER J SCHWEIZER com ad art 120 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1240 63 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 950 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARKUS SCHOTT com ad art 119a in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1230 s 64 Voir ci-dessous p 22 65 Arrecircteacute feacutedeacuteral relatif agrave un article constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain du 25 septembre 2009 66 Art 118b al 2 Cst

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drsquoutiliteacute du projet doit ecirctre preacuteciseacutee Selon le message lrsquoutiliteacute du projet consiste en le beacuteneacutefice escompteacute de la recherche envisageacutee Ce beacuteneacutefice peut ecirctre drsquoune part un beacuteneacutefice individuel du sujet par exemple pour sa santeacute et drsquoautre part un beacuteneacutefice pour des tiers pour la socieacuteteacute laquo Outre lrsquoutiliteacute pour la santeacute publique (p ex de meilleures possibiliteacutes de traitement pour les patients agrave venir) on peut penser agrave drsquoautres beacuteneacutefices pour la socieacuteteacute (p ex ameacutelioration de la qualiteacute de la vie deacutepassant le cadre de lrsquoutiliteacute pour la santeacute au sens strict) raquo67 Au vu de ces exemples donneacutes dans le message on peut se poser la question du beacuteneacutefice de recherches visant le deacuteveloppement humain En toute hypothegravese le principe geacuteneacuteral veut que les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne soient pas disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute de la recherche et aux beacuteneacutefices escompteacutes68 Pour esquisser des eacuteleacutements de reacuteponses agrave cette question il faut se pencher sur les nombreuses lois traitant de recherche sur lrsquoecirctre humain Citons la Loi sur les produits theacuterapeutiques lrsquoOrdonnance sur les essais cliniques la Loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee la Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires la Loi sur la transplantation les Lois sur la radioprotection et la protection des donneacutees69 et le projet de loi feacutedeacuterale sur la recherche sur lrsquoecirctre humain traiteacute ci-dessous70

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine

i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee

La loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee (LPMA) entreacutee en vigueur en 2001 regravegle les conditions de pratique de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee sur les ecirctres humains Elle assure la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la famille et interdit lrsquoapplication abusive de la biotechnologie et du geacutenie geacuteneacutetique Comme drsquoautres dispositions leacutegales71 et lrsquoart 119 Cst la LPMA interdit toute forme de seacutelection geacuteneacutetique ayant pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoenfant agrave naicirctre Lrsquoart 33 dispose que quiconque lors de lrsquoapplication drsquoune meacutethode de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee seacutelectionne les gamegravetes en fonction du sexe ou sur la base drsquoune analyse geacuteneacutetique dans un but autre que celui drsquoeacutecarter le risque de transmission drsquoune maladie grave et incurable aux descendants sera puni de lrsquoemprisonnement ou de lrsquoamende Lrsquoart 35 LPMA interdit de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire des cellules germinatives ou des cellules embryonnaires humaine drsquoutiliser de telles gamegravetes pour une impreacutegnation et drsquoutiliser pour le deacutevelopper jusqursquoau stade drsquoembryon un ovule impreacutegneacute ayant subi une telle modification72 Lrsquoart 36 preacutevoit encore une interdiction de creacuteer un clone un hybride ou une chimegravere et de transfeacuterer un embryon de chimegravere ou drsquohybride agrave une femme ou agrave un animal Quiconque commet une des actions interdite sera puni de lrsquoemprisonnement Selon le message la ratio legis de lrsquointerdiction des modifications du patrimoine germinal est que laquo nous ne sommes pas qualifieacutes pour deacuteterminer la nature des futurs ecirctres

67 Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 68 Voir Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 69 ASSM La recherche avec des ecirctres humains Meacutemento pour la pratique Bacircle 2009 p 13 70 Voir ci-dessous p 24 71 Voir loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain p 24 72 Selon le message le but de ces dispositions est drsquoempecirccher la conception programmeacutee drsquolaquo enfants ideacuteaux raquo de chimegraveres et drsquohybrides Le principe geacuteneacuteral est que toute seacutelection est exclue FF 1996 197 p 220 s et 275 ss

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humains cest-agrave-dire leurs capaciteacutes physiques et psychiques Cela reviendrait agrave donner agrave la geacuteneacuteration actuelle un pouvoir exclusif sur les geacuteneacuterations suivantes et agrave long terme agrave donner agrave des morts le pouvoir sur des vivants raquo73

ii) Analyse geacuteneacutetique humaine

La loi feacutedeacuterale sur lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine (LAGH) entreacutee en vigueur le 1er avril 2007 reacuteglemente lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques humaines74 dans le domaine de la meacutedecine du travail de lrsquoassurance et de la responsabiliteacute civile ainsi que lrsquoeacutetablissement de profils drsquoADN visant agrave deacuteterminer la filiation ou lrsquoidentiteacute drsquoune personne75 Elle a pour but de garantir la digniteacute humaine et la qualiteacute des analyses et de preacutevenir les analyses abusives et lrsquoutilisation abusive des donneacutees recueillies76 Pour cette eacutetude lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques dans la meacutedecine et le travail nous inteacuteressent plus particuliegraverement Sur les principes la loi preacutevoit que lrsquoanalyse geacuteneacutetique ne peut ecirctre effectueacutee qursquoagrave des fins meacutedicales et dans le respect du droit agrave lrsquoautodeacutetermination du patient77 Permettant de deacutetecter et diagnostiquer certaines maladies une analyse geacuteneacutetique peut ecirctre prescrite par un meacutedecin laquo que si elle reacutepond agrave un inteacuterecirct leacutegitime de celle-ci crsquoest-agrave-dire si lrsquoanalyse a un but prophylactique ou theacuterapeutique ou si elle permet drsquoeacutetablir un choix de vie ou un planning familial raquo78 Les analyses geacuteneacutetiques sont donc permises pour diagnostiquer une maladie parfois de faccedilon preacutecoce avant mecircme lrsquoapparition des premiers symptocircmes En particulier laquo une personne a le droit de savoir ou pas si elle est porteuse drsquoun gegravene deacutefectueux qui sera probablement agrave lrsquoorigine drsquoune maladie dans le futur mecircme srsquoil nrsquoexiste pas de mesure prophylactique raquo79 Par contre une analyse geacuteneacutetique ne sera pas autoriseacutee si elle a pour but de deacuteterminer une aptitude speacuteciale pour certains sports Certains preacutetendent qursquoune telle analyse est aujourdrsquohui techniquement possible A titre drsquoexemple la socieacuteteacute ameacutericaine Atlas Sport Genetics propose un test permettant drsquoanalyser le gegravene ACTN-3 qui srsquoapparenterait agrave un gegravene du sportif drsquoeacutelite80 et qui indiquerait une preacutedisposition agrave deacutevelopper des aptitudes biomotrices (vitesse endurance etc) supeacuterieures agrave la moyenne Ce test est vendu aux parents souhaitant connaicirctre les preacutedispositions geacuteneacutetiques de leurs enfants au sport de haut niveau81 Il convient drsquoembleacutee de souligner que la pertinence de ce test reste agrave deacutemontrer scientifiquement De plus la LAGH interdit dans tous les cas les analyses dans le but de deacuteterminer les preacutedispositions sportives des enfants au motif qursquoil nrsquoy a aucun laquo beacuteneacutefice direct au sens meacutedical pour la personne mineure incapable de discernement raquo8283 73 Message LPMA FF 1996 276 74 Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine est deacutefinie agrave lrsquoart 3 de la loi comme laquo les analyses cytogeacuteneacutetiques et moleacuteculaires effectueacutees sur lrsquoecirctre humain dans le but de deacuteterminer des caracteacuteristiques du patrimoine geacuteneacutetique heacutereacuteditaires ou acquises pendant la phase embryonnaire et toutes les autres analyses de laboratoire qui visent agrave obtenir de maniegravere directe ces mecircmes informations raquo les analyses cytogeacuteneacutetiques eacutetant laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer le nombre et la structure des chromosomes et les analyses moleacuteculaires laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer la structure moleacuteculaire des acides nucleacuteiques (ADN et ARN) ainsi que le produit direct du gegravene raquo 75 Art 1 LAGH 76 Art 2 LAGH 77 Art 10 al 1 LAGH 78 Message LAGH FF 2007 6841 p 6886 79 Message LAGH FF 2007 6841 p 6887 80 Voir agrave ce propos lrsquoarticle paru agrave ce sujet dans le New York Times du 30 novembre 2008 disponible agrave la page httpwwwnytimescom20081130sports30geneticshtml 81 wwwatlasgenecom 82 Message LAGH FF 2007 6841 p 6888

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Les analyses preacutenatales sont autoriseacutees pour deacutetecter chez lrsquoenfant agrave naicirctre des anomalies maladies et autres eacuteleacutements pouvant atteindre agrave sa santeacute A son art 11 la loi interdit de telles analyses visant agrave rechercher des caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus qui nrsquoinfluencent pas directement sa santeacute ou agrave deacuteterminer le sexe dans un but autre qursquoun diagnostic Le but de cette disposition est drsquointerdire la laquo seacutelection des embryons ou des fœtus selon le deacutesir des parents raquo84 Le but est ici drsquoeacuteviter que des parents puissent choisir des laquo beacutebeacutes agrave la carte raquo Lrsquoeacutevolution des techniques drsquoanalyse geacuteneacutetique de geacutenie geacuteneacutetique de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et des sciences biomeacutedicales en geacuteneacuteral permettent aujourdrsquohui et permettront toujours plus agrave lrsquoavenir drsquoenvisager non seulement la seacutelection mais encore la modification geacuteneacutetique des enfants agrave naicirctre donc des geacuteneacuterations futures Si lrsquoEtat ne prend plus aujourdrsquohui de mesures collectives agrave viseacutee eugeacuteniste85 une nouvelle forme drsquoeugeacutenisme priveacute libeacuteral volontaire ou positif selon les formules consacreacutees86 est concevable voire souhaiteacutee par certains87 Le leacutegislateur a reacuteglementeacute de faccedilon claire et reacutepeacuteteacutee le domaine de lrsquoutilisation des technologies geacuteneacutetiques appliqueacute agrave la seacutelection et agrave la modification libeacuterale drsquoenfants agrave naicirctre Dans la Constitution deacutejagrave dont lrsquoart 119 interdit lrsquoutilisation des meacutethodes de PMA pour modifier les caracteacuteristiques drsquoun enfant Dans les lois ensuite la LAGH prohibe la seacutelection de gamegravetes et drsquoembryons fondeacutee sur les preacutedispositions geacuteneacutetiques et la LPMA interdit toute modification volontaire du patrimoine geacuteneacutetique lors de procreacuteations meacutedicalement assisteacutees Le projet de LRH enfin deacuteclare illicites les projets de recherche visant agrave modifier des embryons ou fœtus sans rapport avec une maladie La volonteacute du leacutegislateur de ne pas permettre de modifications preacutenatales choisies a eacuteteacute affirmeacutee et confirmeacutee plusieurs fois de 199288 agrave 200989 Il paraicirct donc drsquoembleacutee exclu du moins agrave court et moyen termes que la leacutegislation soit reacuteviseacutee Au contraire les arguments invoqueacutes agrave reacuteiteacutereacutees reprises pour justifier la fermeteacute du Parlement agrave ce sujet relegravevent de valeurs fondamentales qui ne paraissent pas souffrir drsquoexceptions Il srsquoagit drsquoune barriegravere tregraves claire agrave lrsquoapplication de meacutethodes de deacuteveloppement humain artificiel dans ce domaine

83 Voir agrave ce sujet DOMINIQUE SPRUMONT La reacuteglementation des trousses drsquoanalyse geacuteneacutetique Lanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives Actes drsquoun colloque CHARLES JOYE (eacuted) Schulthess Zurich Bacircle et Genegraveve 2004 pp 71-88 84 Message LAGH FF 2007 6841 p 6889 85 Comme nous le savons il nrsquoen a pas toujours eacuteteacute ainsi En 1928 encore lrsquoEtat de Vaud mettait en place un reacutegime de steacuterilisation des malades mentaux et autorisait lrsquoavortement pour des motifs eugeacuteniques Voir GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 55 ss 67 et 85 Tout programme eacutetatique agrave viseacutees eugeacuteniques serait aujourdrsquohui contraire agrave la Constitution entre autre agrave ses articles 7 et 8 86 La liberteacute de choix reste relative dans lrsquoeugeacutenisme dit libeacuteral Si les mesures ne sont plus dicteacutees autoritairement par lrsquoEtat elles ne sont pas libres de fortes influences sociales et eacuteconomiques Nous ne pouvons qursquoabonder dans le sens de DUMOULIN pour qui laquo lrsquoeugeacutenisme nrsquoa pas cesseacute drsquoexister tout au plus a-t-il changeacute de forme raquo GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 87 87 Sur ces reacuteflexions voir parmi drsquoautres PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 et les reacutefeacuterences citeacutees 88 Date de lrsquoadoption de lrsquoart 24novies aCst Repris ensuite agrave lrsquoart 119 Cst Voir FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 935 89 Le projet de LRH dans sa version provisoire actuelle est dateacute du 21 octobre 2009

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Dans le domaine du travail la loi pose des conditions strictes quant agrave lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques Le principe fondamental qui a vocation agrave srsquoappliquer de faccedilon geacuteneacuterale et pas seulement dans le domaine du travail est que nul ne peut ecirctre discrimineacute en raison de son patrimoine geacuteneacutetique90 Ce principe pose la regravegle de lrsquointerdiction de lrsquousage drsquoinformations geacuteneacutetiques tant par lrsquoEtat que par les particuliers sauf dans les cas preacutevus par la loi91 Cette norme est une concreacutetisation du principe geacuteneacuteral poseacute agrave lrsquoart 8 al 2 Cst92 plus preacuteciseacutement de lrsquointerdiction des discriminations fondeacutees sur les deacuteficiences corporelles Pour PREVITALI laquo [l]e fait que la deacuteficience geacuteneacutetique repreacutesente une simple probabiliteacute qursquoune certaine maladie puisse se manifester un jour et que la deacuteficience ne soit deacutecelable sans recourir agrave des analyses approfondies nrsquoest pas un critegravere pertinent pour exclure les raisons geacuteneacutetiques du champ drsquoapplication de ce motif de discrimination raquo93 Plus avant la loi deacutetermine les conditions auxquelles un meacutedecin du travail peut prescrire une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique Le principe poseacute agrave lrsquoart 21 veut qursquoun employeur ou son meacutedecin ne puisse ni exiger une telle analyse ni exiger les reacutesultats drsquoune analyse preacuteexistante ni exiger une analyse geacuteneacutetique ayant pour but de deacuteterminer des caracteacuteristiques personnelles du travailleur qui nrsquoont pas de rapport avec sa santeacute Il existe toutefois des exceptions ougrave des analyses peuvent ecirctre effectueacutees dans le but de preacutevenir les maladies professionnelles ou les accidents Selon lrsquoart 22 les conditions cumulatives suivantes doivent alors ecirctre remplies

bull le poste est soumis aux dispositions sur la preacutevention dans le domaine de la meacutedecine du travail en vertu drsquoune deacutecision de la SUVA94 ou agrave drsquoautres dispositions feacutedeacuterales qui prescrivent une analyse meacutedicale pour eacutevaluer lrsquoaptitude de la personne concerneacutee agrave exercer lrsquoactiviteacute en question en raison des risques susceptibles de provoquer une maladie professionnelle une grave atteinte agrave lrsquoenvironnement ou des risques drsquoaccident grave ou drsquoatteinte grave agrave la santeacute de tiers

bull les mesures sur le lieu de travail au sens de lrsquoart 82 de la loi feacutedeacuterale du 20 mars 1981 sur lrsquoassurance-accidents ou drsquoautres dispositions leacutegales ne suffisent pas agrave eacutecarter ces risques

bull il est eacutetabli selon lrsquoeacutetat des connaissances scientifiques qursquoil existe un rapport de cause agrave effet entre une preacutedisposition geacuteneacutetique deacutetermineacutee et une maladie professionnelle un risque drsquoatteinte agrave lrsquoenvironnement ou un risque drsquoaccident ou drsquoatteinte agrave la santeacute de tiers

bull la Commission drsquoexperts pour lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine a confirmeacute le rapport de cause agrave effet selon la lettre preacuteceacutedente et reconnu la fiabiliteacute de la meacutethode drsquoanalyse permettant de deacutetecter la preacutedisposition

bull la personne concerneacutee a donneacute son consentement par eacutecrit

90 Art 4 LAGH 91 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 56 et les reacutefeacuterences citeacutees 92 Message LAGH FF 2002 6841 p 6876 Lrsquointerdiction de discriminer en raison du patrimoine geacuteneacutetique vise eacutegalement de faccedilon plus geacuteneacuterale la sauvegarde de la digniteacute humaine voir ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 52 s 93 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 51 94 Voir art 70 OPA

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Si une analyse est envisageable aux conditions susmentionneacutees dans le but de proteacuteger la santeacute du travailleur ou parce que le meacutetier en question exige une santeacute parfaite (p ex personnel navigant de lrsquoaeacuteronautique)95 rappelons cette analyse doit ecirctre consideacutereacutee comme une ultima ratio En effet le principe veut qursquoen preacutesence drsquoune activiteacute professionnelle potentiellement dangereuse lrsquoemployeur ne doit pas seacutelectionner ses employeacutes en fonction de leur reacutesistance ou de preacutedispositions particuliegraveres ou leur proposer des traitements leur permettant de srsquoadapter aux conditions de travail particuliegraveres (p ex la prescription drsquoampheacutetamines aux pilotes militaires ameacutericains) mais prioritairement adapter lrsquoenvironnement et les conditions de travail agrave la protection de la santeacute des personnes La deuxiegraveme condition de lrsquoart 22 LAGH le mentionne explicitement Il y a lagrave un frein explicite agrave toute forme de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo dans le domaine du travail qui ne reacutepondrait pas aux critegraveres susmentionneacutes qui concernent une atteinte moindre aux droits des travailleurs Cet eacuteleacutement devra tout particuliegraverement ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoeacutevaluation de projet de recherche dans ce domaine une laquo ameacutelioration raquo du travailleur par rapport agrave son environnement ne devrait pas ecirctre consideacutereacutee comme un veacuteritable beacuteneacutefice du point de vue de lrsquoeacutethique de la recherche si des mesures drsquoassainissement de cet environnement sont envisageables respectivement si les tacircches agrave accomplir peuvent ecirctre automatiseacutees On pense par exemple agrave la situation qui preacutevaut dans les centrales nucleacuteaires

iii) Meacutedecine de la transplantation

La loi feacutedeacuterale du 8 octobre 2004 sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules (loi sur la transplantation) fixe les conditions dans lesquelles des organes des tissus ou des cellules peuvent ecirctre utiliseacutes agrave des fins de transplantation Elle doit contribuer agrave ce que des organes des tissus et des cellules humains soient disponibles agrave des fins de transplantation et a eacutegalement pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoorganes de tissus ou de cellules notamment le commerce drsquoorganes lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de transplantation et drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute96 Le but fondamental de la loi est laquo drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de la transplantation raquo97 La loi sur la transplantation empecircche lrsquoutilisation de cette technique meacutedicale agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo par le biais des critegraveres permettant le preacutelegravevement et lrsquoattribution drsquoorganes Selon lrsquoart 12 de la loi le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes nrsquoest possible que si entre autres conditions le receveur ne peut pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode theacuterapeutique ayant une efficaciteacute comparable Le principe veut que les organes issus de dons effectueacutes par des personnes vivantes reviennent toujours agrave une personne deacutesigneacutee agrave lrsquoavance le plus souvent un proche98 Tout preacutelegravevement

95 Message LAGH FF 2002 6841 p 6904 96 Art 1 Loi sur la transplantation 97 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 129 98 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 145

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drsquoorgane sur une personne vivante agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est degraves lors exclu Concernant lrsquoattribution drsquoorganes preacuteleveacutes sur une personne deacuteceacutedeacutee plusieurs critegraveres srsquoappliquent dont celui de lrsquourgence meacutedicale de la transplantation et de lrsquoefficaciteacute de la transplantation drsquoun point de vue meacutedical99 La premiegravere condition veut que laquo les organes doivent ecirctre attribueacutes en premier lieu aux patients dont la santeacute est la plus gravement atteinte En lrsquooccurrence le seul eacuteleacutement deacuteterminant est la situation meacutedicale du patient raquo100 Au vu de la situation actuelle de peacutenurie drsquoorganes cette condition suffit agrave elle seule agrave empecirccher toute transplantation drsquoorgane agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo La deuxiegraveme condition mentionneacutee signifie qursquolaquo il y a lieu drsquoattribuer les organes aux patients auxquels la transplantation sera la plus profitable Lagrave encore seule lrsquoutiliteacute meacutedicale entre en consideacuteration Il ne saurait ecirctre question de prendre en compte lrsquoaspect laquoutiliteacute socialeraquo par exemple la laquovaleurraquo que revecirct une personne pour la socieacuteteacute ou encore pour drsquoautres patients lrsquoampleur et le niveau des responsabiliteacute qursquoils exercent raquo101 Lrsquoefficaciteacute meacutedicale se mesure en tenant compte la compatibiliteacute des groupes sanguins des groupes tissulaires et anatomiques existant entre lrsquoorgane et le receveur potentiel Enfin en application de lrsquoart 17 de la loi le principe de non-discrimination de lrsquoart 8 al 2 Cst srsquoapplique agrave lrsquoattribution drsquoorganes En conseacutequence laquo lrsquoorigine la race le sexe lrsquoacircge la langue la position sociale les convictions philosophiques ou religieuses une deacuteficience corporelle mentale ou psychique pas plus que lrsquoacircge ou la situation sociale ne sauraient ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoattribution drsquoorganes raquo102

iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires

La Loi feacutedeacuterale du 19 deacutecembre 2003 relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires (Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches LRCS) a pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoembryons surnumeacuteraires et de cellules souches embryonnaires et de proteacuteger la digniteacute humaine Pour ce faire elle fixe les conditions reacutegissant la production de cellules souches embryonnaires humaines agrave partir drsquoembryons humains surnumeacuteraires et lrsquoutilisation de ces cellules agrave des fins de recherche103 La LRCS prohibe diverses pratiques Lrsquoart 3 interdit en particulier

a de produire un embryon agrave des fins de recherche (art 29 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches agrave partir drsquoun tel embryon ou drsquoutiliser de telles cellules b de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire de cellules germinatives (art 35 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de

99 Art 18 Loi sur la transplantation 100 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 101 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 147 102 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 103 Art 1 LRCS

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produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun embryon dont le patrimoine germinal a eacuteteacute modifieacute ou drsquoutiliser de telles cellules c de creacuteer un clone une chimegravere ou un hybride (art 36 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun clone drsquoune chimegravere ou drsquoun hybride ou drsquoutiliser de telles cellules d de deacutevelopper un partheacutenote de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun partheacutenote ou drsquoutiliser de telles cellules e drsquoimporter ou drsquoexporter un embryon au sens des let a ou b un clone une chimegravere un hybride ou un partheacutenote

Un projet de recherche utilisant des cellules souches embryonnaires ne peut ecirctre meneacute que si la commission drsquoeacutethique compeacutetente a donneacute un avis favorable et aux conditions suivantes

a le projet a pour but drsquoobtenir des connaissances essentielles 1 visant agrave constater traiter ou preacutevenir des maladies humaines graves ou 2 portant sur la biologie du deacuteveloppement de lrsquoecirctre humain

b des connaissances drsquoeacutegale valeur ne peuvent ecirctre obtenues drsquoaucune autre maniegravere c le projet satisfait aux exigences de qualiteacute scientifiques d le projet est acceptable au plan eacutethique

Il srsquoavegravere ainsi que lrsquoexigence de lrsquoarticle 12 lit a ch 1 preacuteciteacute eacutecarte ou du moins rend particuliegraverement difficile la possibiliteacute drsquoutiliser des cellules souches embryonnaires pour faire de la recherche agrave des fins de deacuteveloppement humain artificiel

v) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement et prochainement soumis au peuple et aux cantons attribue agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la recherche sur lrsquoecirctre humain Le Conseil feacutedeacuteral a alors approuveacute et transmis agrave lrsquoassembleacutee feacutedeacuterale un projet de loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain (abreacutegeacute LRH) et le message y relatif104 Ce projet de loi vise agrave proteacuteger la digniteacute la personnaliteacute et la santeacute de lrsquoecirctre humain dans la recherche105 Il eacutetablit plusieurs regravegles geacuteneacuterales applicables agrave drsquoeacuteventuelles recherches visant le deacuteveloppement et lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain Mentionnons drsquoembleacutee que les projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus sans rapport avec une maladie sont illicites106 Cette regravegle est un simple rappel de la norme constitutionnelle poseacutee agrave lrsquoart 119 Cst107 Le message dans le commentaire de lrsquoart 24 du projet de loi tranche clairement la question de la pertinence et de lrsquoutiliteacute de recherches visant lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain par des modifications geacuteneacutetiques de fœtus ou drsquoembryons laquo La reacutealisation drsquoun projet de recherche qui a pour but de modifier les caracteacuteristiques du fœtus sans rapport avec une maladie est interdite en vertu de la 104 Les analyses ci-dessous sont fondeacutees sur les versions provisoires du projet et du message du 21 octobre 2009 105 Art 1 al 1 LRH 106 Art 24 LRH 107 Voir ci-dessus p 15

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preacutesente disposition Sont prohibeacutes drsquoune part les projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain Il srsquoagit ici de projets qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement Ces tentatives font depuis quelque temps lrsquoobjet de discussion sous la deacutesignation laquohuman enhancementraquo (meacutedecine meacuteliorative) Sont prohibeacutes drsquoautre part les projets de recherche ayant pour finaliteacute de modifier ou drsquoameacuteliorer des caracteacuteristiques humaines sans rapport direct avec la santeacute de la personne p ex lrsquoorientation sexuelle certains traits de caractegravere ou des particulariteacutes physiques comme la couleur des yeux Seuls sont autoriseacutes les projets de recherche qui ont pour but de traiter des maladies ou drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie en cas drsquoinfirmiteacute ou de malformations La liceacuteiteacute drsquoun projet de recherche doit ecirctre examineacutee concregravetement au cas par cas raquo108 De faccedilon geacuteneacuterale lrsquoart 5 pose le principe que la recherche sur lrsquoecirctre humain peut ecirctre pratiqueacutee uniquement si sa pertinence est eacutetablie pour la science ainsi que pour la compreacutehension des maladies humaines pour la compreacutehension de la structure et du fonctionnement du corps humain ou pour la santeacute publique Cette disposition reprend la regravegle consacreacutee par la Convention sur les droits de lrsquoHomme et la Biomeacutedecine du Conseil de lrsquoEurope109 et dans la leacutegislation suisse actuelle Il est particuliegraverement douteux que des projets de recherche visant uniquement une ameacutelioration de lrsquoecirctre humain remplissent cette condition Drsquoailleurs le message preacutecise que laquo [n]e seraient ainsi p ex pas autoriseacutes les projets de recherche visant agrave restreindre la libre opinion des personnes de maniegravere cibleacutee raquo110 En toute logique on peut deacuteduire de cet exemple que ce critegravere de pertinence exclu a priori la recherche en vue de modifications de la morale de personnes deacutetermineacutees Enfin mentionnons qursquoune autorisation de la commission drsquoeacutethique du canton dans lequel la recherche est proposeacutee est obligatoire pour la reacutealisation drsquoun projet de recherche Lrsquoautorisation est accordeacutee si les exigences eacutethiques juridiques et scientifiques de la loi sont remplies111 En autres eacuteleacutements de base que la CER devra eacutevaluer il srsquoagit de srsquoassurer que le principe de la primauteacute des inteacuterecircts de la personne sur les inteacuterecircts de la science et de la socieacuteteacute est bien respecteacute Proposer une recherche en matiegravere de dopage pourrait ainsi drsquoembleacutee en contradiction avec cette exigence agrave moins de deacutemontrer que la personne concerneacutee va effectivement beacuteneacuteficier de cette recherche sans risque drsquoinstrumentalisation Les arguments eacutevoqueacutees plus haut en matiegravere drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine en droit du travail gardent ici toute leur pertinence

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions

i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)

Les professions de meacutedecin dentiste pharmacien et chiropraticien sont reacuteglementeacutees par le droit feacutedeacuteral en vertu de lrsquoattribution de compeacutetence de lrsquoart 95

108 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 109 Voir lrsquoart 4 de la Convention httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml164htm et surtout le Protocole additionnel agrave la Convention sur les Droits de lHomme et la biomeacutedecine relatif agrave la recherche biomeacutedicale httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml195htm 110 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 54 111 Art 44 agrave 46 LRH

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Cst feacuted112 qui permet agrave la confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoexercice des activiteacutes eacuteconomiques lucratives priveacutees Ces professions sont reacuteglementeacutees par la loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) qui fixe les conditions de formation permettant drsquoacceacuteder agrave ces professions et les regravegles drsquoexercice des professions meacutedicales universitaires Lrsquoart 4 LPMeacuted pose les objectifs de la formation universitaire En substance il srsquoagit de srsquoassurer que les professionnels concerneacutes seront en mesure de preacutevenir diagnostiquer et gueacuterir les troubles de la santeacute soulager les souffrances promouvoir la santeacute et fabriquer remettre ou distribuer des meacutedicaments En font eacutegalement partie le fait de pouvoir prodiguer aux patients des soins individuels complets et de qualiteacute (let a) de traiter les problegravemes en recourant agrave des meacutethodes reconnues scientifiquement en prenant en consideacuteration les aspects eacutethiques et eacuteconomiques (let b) et drsquoassumer leurs responsabiliteacutes dans le domaine de la santeacute et au sein de la collectiviteacute de maniegravere conforme aux speacutecificiteacutes de leur profession (let d) De faccedilon geacuteneacuterale en plus des soins et theacuterapies laquo [s]ie muumlssen aber auch die Faumlhigkeit haben aufzuzeigen wie Menschen und Tiere nicht nur die Krankheit verhindern sondern vor allem ihre Gesundheit foumlrdern und staumlrken koumlnnen raquo113 Les art 6 et 7 mentionnent les compeacutetences geacuteneacuterales que doivent posseacuteder les personnes ayant termineacute les filiegraveres drsquoeacutetude concerneacutees Citons les eacuteleacutements suivants de lrsquoart 6 al 1 LPMeacuted disposer des bases scientifiques neacutecessaires pour prendre des mesures preacuteventives diagnostiques theacuterapeutiques palliatives et de reacutehabilitation (let a) savoir reconnaicirctre et eacutevaluer les facteurs de maintien de la santeacute et en tenir compte dans leur activiteacute professionnelle (let c) ecirctre capables de deacuteterminer si les prestations qursquoils fournissent sont efficaces adeacutequates et eacuteconomiques et savoir se comporter en conseacutequence (let h) Lrsquoart 8 LPMeacuted pose les objectifs speacutecifiques de formation que doivent atteindre les personnes ayant termineacute leurs eacutetudes de meacutedecine humaine de meacutedecine dentaire ou de chiropratique Parmi ceux-ci on peut citer le fait drsquoecirctre capables de prescrire les meacutedicaments de faccedilon professionnelle respectueuse de lrsquoenvironnement et eacuteconomique (let c) drsquoœuvrer en faveur de la santeacute humaine en donnant des conseils et en prenant les mesures de preacutevention et de promotion neacutecessaires dans leur champ drsquoactiviteacute professionnel (let h) et de respecter la digniteacute et lrsquoautonomie des personnes concerneacutees connaicirctre les principes de base de lrsquoeacutethique ecirctre familiariseacutees avec les diffeacuterents problegravemes eacutethiques qui se posent dans leur profession et se laisser guider dans leurs activiteacutes professionnelle et scientifique par des principes eacutethiques visant le bien des ecirctres humains (let i) Lrsquoart 40 LPMeacuted deacutefinit les devoirs professionnels que doivent observer les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant Ces devoirs sont les suivants

a exercer leur activiteacute avec soin et conscience professionnelle et respecter les limites des compeacutetences qursquoelles ont acquises dans le cadre de leur formation universitaire de leur formation postgrade et de leur formation continue

112 Voir eacutegalement les art 63a et 118 Cst feacuted 113 THOMAS FLEINER com ad art 4 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire p 101

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b approfondir deacutevelopper et ameacuteliorer leurs connaissances aptitudes et capaciteacutes professionnelles par une formation continue c garantir les droits du patient d srsquoabstenir de toute publiciteacute qui nrsquoest pas objective et qui ne reacutepond pas agrave lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral cette publiciteacute ne doit en outre ni induire en erreur ni importuner e deacutefendre dans leur collaboration avec drsquoautres professions de la santeacute exclusivement les inteacuterecircts des patients indeacutependamment des avantages financiers f observer le secret professionnel conformeacutement aux dispositions applicables

g precircter assistance en cas drsquourgence et participer aux services drsquourgence conformeacutement aux dispositions cantonales

h conclure une assurance responsabiliteacute civile professionnelle offrant une couverture adapteacutee agrave la nature et agrave lrsquoeacutetendue des risques lieacutes agrave leur activiteacute ou fournir des sucircreteacutes eacutequivalentes

Les devoirs professionnels114 de la LPMeacuted concreacutetisent le but de la loi en garantissant la qualiteacute des soins meacutedicaux par le biais drsquoune surveillance effective des professionnels viseacutes Ce rapide survol des compeacutetences reconnues aux meacutedecins ainsi que des responsabiliteacutes qui sont les leur met en lumiegravere lrsquoimportance de respecter drsquoune part les regravegles de lrsquoart agrave savoir les laquoprincipes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo (ATF 108 II 5961) et drsquoautre part les droits et la digniteacute des patients Afin drsquoappreacutecier la reacuteception de nouvelles pratiques de deacuteveloppement humain artificiel dans la meacutedecine il convient donc drsquoeacutevaluer si ces pratiques peuvent ecirctre consideacutereacutees comme conforme aux regravegles de lrsquoart Cette question relegraveve principalement des compeacutetences et de lrsquoeacutethique professionnelles On notera qursquoun meacutedecin qui srsquoeacutecarte des regravegles de lrsquoart peut ecirctre tenu pour responsable vis-agrave-vis du patient indeacutependamment du consentement de ce dernier En effet le consentement est certes le motif justificatif par excellence de la violation des droits de la personnaliteacute qursquoimplique tout acte meacutedical et partant absolument neacutecessaire Il ne srsquoagit cependant pas drsquoune condition suffisante Encore faut-il que ce agrave quoi consent le patient soit admissible sous lrsquoangle de lrsquoart 27 al 2 CC autrement dit nrsquoest pas contraire aux mœurs ou agrave lrsquoordre juridique notions qui recoupent partiellement celle de laquo regravegles de lrsquoart raquo La question ne peut se reacutesoudre que dans un cas concret A priori il existe cependant quelques reacuteticences agrave inclure ces nouvelles pratiques dans lrsquoeacutethos professionnel Le meacutedecin concerneacute se trouve ainsi agrave assumer un lourd 114 Selon SPRUMONT ET AL les devoirs professionnels laquo sont des normes de comportement devant ecirctre suivies par toutes les personnes exerccedilant une mecircme profession raquo DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 385

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fardeau de la preuve par laquelle il devrait deacutemontrer la pertinence de son acte sous lrsquoangle tant meacutedico-scientifique que eacutethique Nous reviendrons sur cette question dans la section sur les produits theacuterapeutiques On ne peut toutefois ignorer la tendance geacuteneacuterale vers les pratiques de bien-ecirctre ou laquo wellness raquo comme cela se dit souvent Ce mouvement nrsquoest pas limiteacute au seul domaine meacutedical Drsquoautres professionnels de la santeacute eacutelargissent aujourdrsquohui leur champ drsquointervention dans des domaines qui ne relegravevent pas strictement du theacuterapeutique ou du prophylactique On peut mentionner eacutegalement les professions lieacutees agrave lrsquoestheacutetique agrave la cosmeacutetique ou encore les tatoueurs ou les perceurs Les personnes pratiquant ces professions doivent toutefois respecter lrsquoOrdonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur les objets destineacutes agrave entrer en contact avec les muqueuses la peau ou le systegraveme pileux et capillaire et sur les bougies les allumettes les briquets et les articles de farces et attrapes115 Cette ordonnance preacutevoit des regravegles sur les mateacuteriaux et colorants utiliseacutes116 lrsquoobligation pour ces professionnels de prendre toutes les preacutecautions raisonnablement neacutecessaires afin de preacutevenir la transmission de toute infection dont fait partie lrsquoobligation drsquoutiliser du mateacuteriel steacuterile117 Le but de ces mesures est avant tout la protection de la santeacute des consommateurs Un autre point important meacuterite drsquoecirctre releveacute ces professions sont expresseacutement exclues de la liste des professions de la santeacute usuellement soumises agrave autorisation de pratique en droit cantonal sans parler des professions de la santeacute qui relegravevent du droit feacutedeacuteral (professions meacutedicales universitaires psychologues etc) Il ne srsquoagit donc pas de tomber dans la confusion lorsque des professionnels de la santeacute stricto sensu envahissent le champ de lrsquoestheacutetisme et de la cosmeacutetique Cela ne signifie pas neacutecessairement un changement de nature dans ces activiteacutes qui acquerraient ainsi un statut meacutedico-scientifique Comme pour les meacutedecins compleacutementaires dans les cantons romands il srsquoagit plutocirct drsquoune forme de toleacuterance de ces pratiques par les autoriteacutes tant que la santeacute publique est preacuteserveacutee et qursquoil nrsquoy a pas de confusion pour les patients entre ce qui se rapporte aux soins et ce qui relegraveve plutocirct du bien-ecirctre On notera que la deacuterive des professionnels de la santeacute dans des activiteacutes ougrave le marcheacute est en forte croissance soulegraveve un problegraveme reacuteel dans la situation actuelle de quasi peacutenurie de professionnels qualifieacutes Alors que le nombre de meacutedecins ou drsquoinfirmiers formeacutes en Suisse reste insuffisant pour maintenir une couverture des soins de lrsquoensemble de la population le fait que de nombreux professionnels abandonnent leurs activiteacutes de base pour se consacrer agrave des tacircches qui nrsquoentrent ni dans les soins ni dans la preacutevention est tregraves preacuteoccupant118 On voit drsquoailleurs ici toute lrsquoimportance de tracer une limite preacutecise entre preacutevention et deacuteveloppement humain artificiel La premiegravere relegraveve clairement aujourdrsquohui du systegraveme de santeacute alors que le second ne semble pas y appartenir

115 OFFICE FEDERAL DE LA SANTE PUBLIQUE OFSP Uniteacute de direction Protection des consommateurs Fiche drsquoinformation Tatouages et piercings comment ne pas risquer sa peau mai 2009 p 3 116 Lrsquoart 5 al 2 de lrsquoordonnance preacutevoit que les couleurs de tatouage et les couleurs de maquillage permanent ne doivent pas mettre en danger la santeacute du consommateur 117 Art 2 agrave 8 de lrsquoOrdonnance 118 Voir lrsquoarticle agrave paraicirctre de PETER SUTER preacutesident de lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales dans les actes de la 16egraveme journeacutee de droit de la santeacute octobre 2009 Neuchacirctel

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d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires

i) Seacutecuriteacute des produits

La nouvelle loi sur la seacutecuriteacute des produits du 12 juin 2009 (LSPro) remplace et abroge119 la loi feacutedeacuterale du 19 mars 1976 sur la seacutecuriteacute drsquoinstallations et drsquoappareils techniques (LSIT) Elle vise agrave assurer la seacutecuriteacute des produits mis sur le marcheacute120 en geacuteneacuteral (un produit au sens de cette loi eacutetant tout bien meuble precirct agrave lrsquoemploi mecircme srsquoil est incorporeacute agrave un autre bien meuble ou immeuble) dans la mesure ougrave le droit feacutedeacuteral ne contient pas drsquoautres dispositions visant le mecircme but Elle srsquoapplique donc de faccedilon subsidiaire aux autres lois sectorielles reacuteglementant des cateacutegories de produits particuliegraveres121 A titre drsquoexemple mentionnons que les produits chimiques theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires ainsi que les objets usuels sont soumis agrave des reacuteglementations speacuteciales La LSPro pose les principes suivants

bull Peuvent ecirctre mis sur le marcheacute les produits qui preacutesentent un risque nul ou minime pour la santeacute ou la seacutecuriteacute des utilisateurs ou de tiers lorsqursquoils sont utiliseacutes dans des conditions normales ou raisonnablement preacutevisibles122

bull Lrsquoeacutetiquetage lrsquoemballage les instructions drsquoassemblage drsquoinstallation et drsquoentretien les mises en garde et consignes de seacutecuriteacute les instructions concernant lrsquoutilisation et lrsquoeacutelimination et toute autre instruction et information relatifs agrave un produit doivent ecirctre adapteacutes au risque speacutecifique lieacute audit produit123

bull La mise sur le marcheacute drsquoun produit nrsquoest pas soumise agrave une autorisation administrative mais agrave des controcircles ougrave le responsable de la mise sur le marcheacute doit apporter la preuve que le produit respecte les exigences en matiegravere de seacutecuriteacute et de santeacute124

bull Le responsable de la mise sur le marcheacute doit adopter des mesures pour ecirctre informeacute et preacutevenir les risques que peuvent preacutesenter un produit et en garantir la traccedilabiliteacute

Ces regravegles geacuteneacuterales doivent ecirctre respecteacutees pour la mise sur le marcheacute suisse de tout produit nrsquoeacutetant pas soumis agrave des regravegles speacuteciales plus strictes Concernant le deacuteveloppement humain elles ont donc vocation agrave srsquoappliquer agrave tout produit (au sens de bien meuble mentionneacute ci-dessus) nrsquoeacutetant pas soumis agrave une loi speacuteciale La plupart des produits et substances utilisables dans un but de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont soumis agrave des regravegles plus strictes en particulier la loi sur les produits theacuterapeutiques et la loi sur les denreacutees alimentaires

119 Art 20 LSPro 120 Lrsquoart 2 al 3 LSPro contient une deacutefinition tregraves large de la mise sur la marcheacute qui comprend toute remise drsquoun produit agrave titre oneacutereux ou gratuit que ce produit soit neuf drsquooccasion reconditionneacute ou profondeacutement modifieacute ainsi que lrsquousage en propre drsquoun produit agrave des fins commerciales ou professionnelles lrsquoutilisation drsquoun produit dans le cadre drsquoune prestation de services la mise agrave la disposition de tiers drsquoun produit et lrsquooffre drsquoun produit 121 Message LSPro FF 2008 6771 p 6791 122 Art 3 al 1 LSPro 123 Art 3 al 4 LSPro 124 Art 5 LSPro Voir Message LSPro FF 2008 6771 p 6803 s

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ii) Meacutedicaments

La loi sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux (loi sur les produits theacuterapeutiques LPTh) a pour but en geacuteneacuteral de proteacuteger la santeacute de lrsquoecirctre humain et des animaux et vise agrave garantir la mise sur le marcheacute de produits theacuterapeutiques de qualiteacute sucircrs et efficaces En particulier elle vise agrave ce que les produits theacuterapeutiques mis sur le marcheacute soient utiliseacutes conformeacutement agrave leur destination et avec modeacuteration125 Lrsquoart 4 LPTh deacutefinit les meacutedicaments comme laquo les produits drsquoorigine chimique ou biologique destineacutes agrave agir meacutedicalement sur lrsquoorganisme humain ou animal ou preacutesenteacutes comme tels et servant notamment agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps le sang et les produits sanguins sont consideacutereacutes comme des meacutedicaments raquo Pour accomplir les buts de la loi la LPTh eacutetablit un reacutegime drsquoautorisations La fabrication la mise sur le marcheacute suisse lrsquoimportation lrsquoexportation la vente en gros et de deacutetails de meacutedicaments ne sont possible que si lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (Swissmedic)126 a deacutelivreacute une autorisation drsquoexploitation agrave lrsquoentreprise requeacuterante Pour qursquoune autorisation de mise sur le marcheacute soit deacutelivreacutee le requeacuterant doit a apporter la preuve que le meacutedicament ou le proceacutedeacute est de qualiteacute sucircr et efficace b ecirctre titulaire drsquoune autorisation de fabriquer drsquoimporter ou de faire le commerce de gros deacutelivreacutee par lrsquoautoriteacute compeacutetente c avoir son domicile ou son siegravege social en Suisse ou y avoir fondeacute une filiale Notons que les art 23 ss de la LPTh classent les meacutedicaments dans cinq listes diffeacuterentes (A) les meacutedicaments sous ordonnance non-renouvelable vendus en pharmacie (B) les meacutedicaments sous ordonnance vendus en pharmacien (C) les meacutedicaments vendus en pharmacies (D) les meacutedicaments vendus en drogueries et (E) les meacutedicaments en vente libre La diffeacuterence entre les meacutedicaments en vente libre et ceux vendus sans ordonnance est que ces derniers ne peuvent ecirctre remis agrave un consommateur que par un professionnel formeacute et autoriseacute agrave vendre des meacutedicaments au deacutetail agrave savoir en principe un pharmacien ou un droguiste pour ceux de la liste D127 Les regravegles de base eacutetant poseacutees plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre deacuteveloppeacutes en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo

Selon le Tribunal feacutedeacuteral laquo [u]n meacutedicament ne sera pas autoriseacute sil ressort du dossier quil preacutesente un rapport beacuteneacutefice-risque neacutegatif lors de lusage auquel il est 125 Art 1 LPTh 126 Lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (swissmedic) est lrsquoautoriteacute suisse de controcircle et drsquoautorisation des produits theacuterapeutiques voir wwwswissmedicch 127 Art 24 et 30 LPTh

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destineacute sil na pas lefficaciteacute theacuterapeutique voulue ou si celle-ci nest pas suffisamment prouveacutee ou encore si sa composition ne correspond pas agrave celle qui est indiqueacutee (message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux du 1er mars 1999 FF 1999 3151 ss 3193) raquo128 Dans le mecircme arrecirct il est encore mentionneacute ce qui suit laquo Il ressort du systegraveme dautorisation de mise sur le marcheacute dun meacutedicament que ladmission de celui-ci se rapporte toujours agrave des indications meacutedicales preacutecises Lexigence dun lien entre le meacutedicament et une application concregravete et deacutetermineacutee de celui-ci est inheacuterente au systegraveme de lautorisation puisquun meacutedicament est par deacutefinition destineacute agrave agir meacutedicalement sur lorganisme humain et sert agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps (art 4 al 1 let a LPTh) En plus de la qualiteacute du meacutedicament une autre des conditions de lautorisation est lefficaciteacute du produit theacuterapeutique (art 10 al 1 let a LPTh) soit sa capaciteacute agrave atteindre le reacutesultat theacuterapeutique viseacute par rapport agrave une maladie deacutetermineacutee La mise sur le marcheacute dun meacutedicament nest donc autoriseacutee quen relation avec les maladies pour le diagnostic la preacutevention ou le traitement desquelles le requeacuterant a apporteacute la preuve que le meacutedicament eacutetait efficace Si le requeacuterant entend par la suite eacutetendre le champ dapplication du meacutedicament au beacuteneacutefice dune autorisation agrave dautres indications il doit en faire la demande Les indications pour lesquelles le meacutedicament a eacuteteacute autoriseacute sont mentionneacutees dans la notice destineacutee aux professions meacutedicales et approuveacutee par Swissmedic Elles font eacutegalement lobjet du preacuteavis deacutelivreacute par Swissmedic preacutecisant lautorisation que cet institut entend donner ainsi que les indications et les dosages qui seront autoriseacutes La notice et le preacuteavis font partie des documents qui doivent par la suite ecirctre preacutesenteacutes agrave lOFAS avec la demande dadmission du meacutedicament dans la liste des speacutecialiteacutes (art 30a al 1 let a et b OPAS) raquo129 On peut deacuteduire de cet arrecirct et drsquoautres plus reacutecents130 qursquoune mise sur le marcheacute de meacutedicaments dans un but autre que theacuterapeutique (p ex de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo) devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic Un meacutedicament devant servir agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps ne peut ecirctre autoriseacute qursquoen relation avec une atteinte agrave la santeacute Le message concernant la LPTh conforte cette interpreacutetation pour plusieurs raisons Premiegraverement elle vise agrave restreindre lrsquoutilisation agrave des fins de dopage131 deuxiegravemement un meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute srsquoil preacutesente un rapport beacuteneacutefice risque neacutegatif Un produit ayant pour but une ameacutelioration cognitive physique ou autre preacutesente un beacuteneacutefice contestable concernant la santeacute srsquoil nrsquoa pas drsquoutiliteacute theacuterapeutique srsquoil preacutesente en plus des risques sa mise sur le marcheacute doit ecirctre refuseacutee Etant donneacute que la plupart des substances pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo pour des personnes en santeacute ont des fonctions theacuterapeutiques pour les personnes atteintes de maladies le critegravere de la mise sur le marcheacute est selon nous moins pertinent pour deacuteterminer les limites leacutegales des possibiliteacutes de deacuteveloppement humain artificiel que celui de lrsquousage hors eacutetiquette traiteacute ci-dessous

128 Tribunal feacutedeacuteral des assurances K10303 Arrecirct du 14 septembre 2004 et ATF 130 (2004) V p 532-546 p 537 129 ATF 130 (2004) V p 532-546 p 538 130 Notamment ATF 134 V 83 131 V 349 et 133 V 239 131 Message LPTh FF 1999 3151 p 3171

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(2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance Selon lrsquoart 26 LPTh Les regravegles reconnues des sciences pharmaceutiques et meacutedicales doivent ecirctre respecteacutees lors de la prescription et de la remise de meacutedicaments Le Message LPTh explique qursquolaquo [i]mplicitement cette prescription interdit la prescription et la remise abusives de meacutedicaments raquo132 Si une prescription abusive est interdite les meacutedecins disposent de la liberteacute theacuterapeutique en drsquoautres termes du libre choix de la theacuterapie agrave utiliser dans une situation donneacutee Lorsqursquoun meacutedicament est autoriseacute par Swissmedic lrsquoautorisation est accompagneacutee drsquoune laquo information professionnelle raquo133 contenant les indications et la posologie On parle alors drsquousage hors eacutetiquette en cas de prescription drsquoun meacutedicament par un meacutedecin deacuterogeant agrave cette information professionnelle autrement dit en cas drsquolaquo Einsatz eines Arzneimittels ausserhalb der registrierten Indikation in anderer Dosierung oder bei anderen Patientengruppen (off label) raquo134 En geacuteneacuteral la prescription hors eacutetiquette est admise et fait partie de la liberteacute theacuterapeutique du meacutedecin Elle est mecircme courante dans certaines disciplines comme la peacutediatrie la gyneacutecologie lrsquooncologie ou la geacuteriatrie135 Le deacuteveloppement de cette pratique est ducirc agrave plusieurs facteurs dont le fait que des meacutedicaments nrsquoont pas eacuteteacute autoriseacutee ni testeacutes sur des groupes de patients donneacutes et le fait que dans divers cas lrsquoinformation professionnelle est deacutepasseacutee et que lrsquoindustrie pharmaceutique ne la fait pas enregistrer pour les nouvelles applications scientifiquement attesteacutees136 Parallegravelement agrave lrsquolaquo usage hors eacutetiquette (off label use) raquo on parle de laquo unlicensed use raquo lorsqursquoun meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute en Suisse laquo Dans ce cas le meacutedecin peut prescrire un meacutedicament sans autorisation particuliegravere pour autant que celui-ci ait eacuteteacute admis par un pays dont lrsquoautorisation est reconnue comme eacutequivalente agrave celles deacutelivreacutees en Suisse (pex UE ou USA) Si tel nrsquoest pas le cas le meacutedecin doit obtenir une autorisation speacuteciale de Swissmedic Pour pouvoir importer un tel meacutedicament le meacutedecin ou lrsquohocircpital aura en outre besoin drsquoune autorisation du canton raquo137 Le corollaire de lrsquoadmission de lrsquousage non autoriseacute et de lrsquousage hors eacutetiquette se trouve dans la responsabiliteacute du meacutedecin La responsabiliteacute civile des meacutedecins indeacutependants comme de toutes les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant est fondeacutee sur le

132 Message LPTh FF 1999 3178 p 3209 133 Art 13 et annexe 4 Ordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les exigences relatives agrave lrsquoautorisation de mise sur le marcheacute des meacutedicaments 134 Mitteilung Arzneimittelpolitik FMH in Bulletin des meacutedecins suisses 2004 85 Nr 28 1485 Pour AYER laquo le meacutedicament qui figure dans la liste des speacutecialiteacutes mais qui est utiliseacute pour des indications qui ne figurent pas dans lrsquoautorisation de Swissmedic est qualifieacute de laquo hors eacutetiquette raquo raquo ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 135 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 18 ss 136 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 19 s 137 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20

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code des obligations plus preacuteciseacutement sur le contrat de mandat138 Pour que la responsabiliteacute contractuelle du meacutedecin soit engageacutee il faut donc une violation du contrat impliquant une faute ou une neacutegligence et un rapport de causaliteacute entre la violation du contrat et le dommage pour que le dommage subi par le patient soit imputeacute au meacutedecin En matiegravere meacutedicale la violation du contrat se traduit par une violation du devoir de diligence du meacutedecin crsquoest-agrave-dire une violation des regravegles de lrsquoart Les regravegles de lrsquoart se deacutefinissent comme laquo les principes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo139 En conseacutequence une faute de diagnostic ou de traitement peut geacuteneacuterer la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin si elle constitue une inobservation drsquoune des regravegles de lrsquoart140 En cas de prescription hors eacutetiquette le meacutedecin est responsable de la deacuterogation En cas de complication il doit donc pouvoir justifier que lrsquoutilisation faite du meacutedicament correspondait agrave lrsquoeacutetat actuel de la science141 La responsabiliteacute peacutenale du meacutedecin en cas drsquousage non conforme drsquoun meacutedicament par exemple est donneacutee lorsqursquoil reacutealise une infraction en geacuteneacuteral une infraction contre la vie ou lrsquointeacutegriteacute corporelle Le TF a eu lrsquooccasion de trancher cette question dans deux arrecircts reacutecents142 Le premier concerne un oncologue bacirclois ayant traiteacute des patients avec un meacutedicament non autoriseacute par Swissmedic143 Ce praticien expeacuterimenteacute administrait agrave ses patients les plus atteints du laquo Lipoteichonsaumlure (LTA) raquo Les autoriteacutes bacircloises lui ont alors interdit lrsquousage de cette substance Sur demande de certains patients le praticien a eacuteteacute autoriseacute agrave des conditions strictes agrave utiliser ce meacutedicament dans le cadre drsquoune laquo compassionate use raquo Par la suite le meacutedecin srsquoest agrave nouveau vu interdire lrsquoutilisation du LTA au motif qursquoil nrsquoavait pas respecteacute ses engagements preacuteceacutedents Devant le Tribunal feacutedeacuteral srsquoest poseacutee la question de savoir si lrsquooncologue incrimineacute avait mis en danger la vie de ses patients au sens de lrsquoart 127 CP Le tribunal a consideacutereacute qursquoen lrsquoespegravece lrsquoon ne pouvait retenir de volonteacute du praticien de mettre en danger ses patients Il a donc eacuteteacute acquitteacute Le deuxiegraveme cas est celui drsquoun meacutedecin zurichois accuseacute drsquohomicide par neacutegligence suite au deacutecegraves drsquoune patiente agrave qui il avait prescrit un meacutedicament dans un dosage exceacutedant la quantiteacute geacuteneacuteralement admissible144 La question srsquoest alors poseacutee de savoir si la mort de la patiente eacutetait due agrave une violation des regravegles de lrsquoart qui en lrsquoespegravece serait constitueacutee par lrsquoutilisation drsquoune dose non conforme A ce propos le TF a retenu que laquo [a]ufgrund fruumlherer Studien ist das Bundesgericht jedoch zum Schluss gekommen dass diese Dosierung einer gaumlngigen Therapieform und damit 138 Art 394 ss CO DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 408 s En cas de leacutesion commise par un meacutedecin par exemple un concours entre la responsabiliteacute contractuelle et deacutelictuelle est possible voir OLIVIER GUILLOD CHRISTOPHE RAPIN La responsabiliteacute rapport suisse in La responsabiliteacute aspects nouveaux (journeacutees panameacuteennes) Paris 2003 p 375-403 p 376 139 ATF 108 II 59 61 140 Idem 141 Acadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales et la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) (eacuted) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20 142 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss 143 ATF 6B_402008 144 ATF 6B_6462007

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dem aktuellen Stand der Medizin entsprach An die Aufklaumlrungs- und Risikoabwaumlgungspflichten waren deshalb keine besonders strengen Anforderungen zu stellen raquo145 Mecircme si ces deux exemples ne traitent pas de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ils tendent agrave montrer que la liberteacute theacuterapeutique des personnes exerccedilant des professions meacutedicales universitaires est tregraves eacutetendue et permet une utilisation de meacutedicaments plus large que celle autoriseacutee Faut-il en deacuteduire que les meacutedecins disposent drsquoune large liberteacute de prescrire des meacutedicaments agrave des fins autres qursquoune theacuterapie Une reacuteponse neacutegative srsquoimpose en effet pour plusieurs raisons Premiegraverement le meacutedecin devant respecter les regravegles de lrsquoart pour ne pas devoir engager sa responsabiliteacute en cas de dommage des preuves scientifiques sont neacutecessaires pour pouvoir utiliser un meacutedicament hors eacutetiquette Mais pour que de telles preuves existent il faut que des recherches aient eacuteteacute meneacutees Comme vu ci-dessus il est douteux que des recherches puissent ecirctre meneacutees avec les risques qursquoelles comportent pour les sujets de recherche alors que les beacuteneacutefices escompteacutes nrsquoauront aucun but theacuterapeutique ou de santeacute publique En conseacutequence lrsquousage hors eacutetiquette de meacutedicaments agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne sera en toute logique pas autoriseacute principalement au motif que les recherches neacutecessaires pour arriver au niveau de seacutecuriteacute exigeacute par le droit suisse ne rentrent pas dans les conditions permettant leur mise en œuvre (critegravere de la pertinence et adeacutequation entre risque potentiel et beacuteneacutefice escompteacute) Deuxiegravemement le meacutedecin devra suffisamment informer le patient pour qursquoil puisse consentir au traitement en connaissance de cause Si les beacuteneacutefices drsquoun meacutedicament ne sont pas suffisamment deacutemontreacutes scientifiquement dans une situation donneacutee lrsquoincertitude doit mener agrave la prudence pour le patient et surtout pour le meacutedecin dans les conseils qursquoil prodigue au vu lrsquoengagement de sa responsabiliteacute Les conseacutequences envisageables de meacutedicaments soumis agrave ordonnance sur la santeacute et les conseacutequences patrimoniales pour le patient (les conditions de remboursement drsquoun meacutedicament prescrit hors eacutetiquette eacutetant strictes146) doivent reacuteguler des utilisations trop laquo fantaisistes raquo de meacutedicaments Troisiegravemement le principe drsquoeacuteconomie mentionneacute agrave lrsquoart 6 al 1 let h LPMeacuted et dans drsquoautres lois pose une restriction de principe agrave la fourniture de prestations qui ne sont pas efficaces adeacutequates et eacuteconomiques

(3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)

La LPTh limite les possibiliteacutes de faire de la publiciteacute pour les meacutedicaments147 Son article 31 pose le principe que la publiciteacute destineacutee au public ne peut ecirctre faite que pour des meacutedicaments non soumis agrave ordonnance Une publiciteacute pour les autres meacutedicaments ne peut ecirctre adresseacutee qursquoaux personnes autoriseacutees agrave prescrire et 145 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1215 146 Voir ci-dessous p 42 147 Selon lrsquoart 2 al 1 OPMed la publiciteacute se deacutefinit comme laquo toute forme drsquoinformation de prospection ou drsquoincitation qui vise agrave encourager la prescription la remise la vente la consommation ou lrsquoutilisation de meacutedicaments raquo

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remettre des meacutedicaments148 Lrsquoart 32 LPTh pose encore des conditions strictes dans lesquelles les publiciteacutes pour meacutedicaments sont autoriseacutees Suivant cette disposition est illicite a la publiciteacute trompeuse ou contraire agrave lrsquoordre public et aux bonnes moeurs b la publiciteacute pouvant inciter agrave un usage excessif abusif ou inapproprieacute de meacutedicaments c la publiciteacute pour les meacutedicaments qui ne peuvent ecirctre mis sur le marcheacute en Suisse Est illicite la publiciteacute destineacutee au public pour les meacutedicaments a qui ne peuvent ecirctre remis que sur ordonnance b qui contiennent des stupeacutefiants ou des substances psychotropes viseacutes par la loi du 3 octobre 1951 sur les stupeacutefiants1 c qui du fait de leur composition et de lrsquousage auquel ils sont destineacutes ne peuvent ecirctre utiliseacutes pour le diagnostic la prescription ni le traitement correspondant sans lrsquointervention drsquoun meacutedecin d qui font freacutequemment lrsquoobjet drsquoun usage abusif ou qui peuvent engendrer une accoutumance ou une deacutependance Selon le TF laquo [l]a publiciteacute destineacutee aux professionnels (publiciteacute pour des produits theacuterapeutiques adresseacutee aux personnes qui les remettent ou les prescrivent) ne doit pas inciter agrave un emploi abusif ou inapproprieacute des produits theacuterapeutiques Une autorisation de publiciteacute pour des applications qui ne sont pas autoriseacutees sous langle du droit des produits theacuterapeutiques serait contraire aux principes de la protection de la santeacute et de celle des consommateurs ainsi quau principe de lutilisation modeacutereacutee des produits theacuterapeutiques raquo149 Lrsquoordonnance sur la publiciteacute pour les meacutedicaments ajoute entre autres les eacuteleacutements suivants

bull la publiciteacute tant destineacutee aux professionnels qursquoau public doit se limiter aux indications et aux possibiliteacutes drsquoemploi reconnues par lrsquoinstitut (art 5 al 1 et 16 al 1 OPMeacuted)

bull La publiciteacute destineacutee au public doit preacutesenter le meacutedicament de faccedilon veacuteridique et sans exageacuteration que ce soit par lrsquoimage le son ou la parole (art 16 al 2 OPMeacuted)

bull la publiciteacute destineacutee au public pour des indications ou des possibiliteacutes drsquoemploi neacutecessitant un diagnostic ou un traitement meacutedical ou veacuteteacuterinaire est illicite (art 21 al 1 OPMeacuted)

bull les eacuteleacutements qui suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre ameacutelioreacute par lrsquoutilisation du meacutedicament sont interdits (art 22 let d OPMeacuted)

bull suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre affecteacute par la non-utilisation du meacutedicament (art 22 let e OPMeacuted)

148 Les personnes autoriseacutees agrave remettre des meacutedicaments sont eacutenumeacutereacutees aux art 24 ss LPTh Lrsquoart 3 OPMeacuted preacutecise que cette disposition les meacutedecins dentistes veacuteteacuterinaires pharmaciens et droguistes 149 Topamax Bundesgericht vom 1 Oktober 2008 Unzulaumlssige Bewerbung nicht genehmigter Arzneimittelanwendungen II oumlffentlichrechtliche Abteilung Abweisung der Beschwerde Akten-Nr 2C9320088 in sic 2009 p 93 ss p 93

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Les deux derniers eacuteleacutements mentionneacutes sont clairs toute publiciteacute pour des meacutedicaments pour un usage de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est interdite en Suisse

(4) Interdiction du dopage Lrsquoentreacutee en vigueur de la LPTh srsquoest accompagneacutee drsquoune modification de la Loi encourageant la gymnastique et les sports150 par lrsquoadjonction drsquoun nouveau chapitre Vb sur les mesures contre le dopage (art 11b agrave 11f) En particulier lrsquoart 11d interdit laquo a de fabriquer drsquoimporter drsquoacqueacuterir pour des tiers de distribuer de prescrire et de remettre des produits destineacutes au dopage b drsquoappliquer des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Eleacutement important lrsquoart 11f introduit des sanctions peacutenales pour toute personne qui contribue au dopage en particulier qui laquo fabrique importe acquiert pour des tiers distribue prescrit ou remet des produits dopants ou applique des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Cette disposition vise directement les professionnels de la santeacute qui pourraient participer agrave des activiteacutes dopantes Ces dispositions leacutegales sont compleacuteteacutees par deux ordonnances

bull - ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et meacutethodes de dopage (Ordonnance sur les produits dopants)

bull - ordonnance du 17 octobre 2001 sur les exigences minimales agrave respecter lors des controcircles antidopage (Ordonnance sur les controcircles antidopage)

Lrsquoart 2 de lrsquoordonnance sur les produits dopants offre la deacutefinition leacutegale du dopage agrave savoir laquo lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo On constatera que cette deacutefinition rejoint celle consacreacutee dans la Convention internationale contre le dopage dans le sport151 elle-mecircme reprenant les principes du code mondial antidopage La Suisse participe ainsi aux efforts internationaux en matiegravere de lutte contre le dopage dont la tendance est de se renforcer On notera que les objectifs de cette lutte sont multiples Il srsquoagit de garantir le fair-play dans le sport en preacuteservant ainsi lrsquoimage positive de cette activiteacute et de proteacuteger la santeacute des athlegravetes Non seulement la santeacute des sportifs qui se dopent prenant ainsi des risques seacuterieux mais eacutegalement celles des autres athlegravetes qui dans un environnement ougrave de nombreux sportifs seraient dopeacutes nrsquoauraient pas drsquoautre choix que de se doper eux-mecircmes pour maintenir leur performance Paradoxalement il nrsquoy a pas lieu de srsquoeacutetendre dans ce rapport sur la question de la lutte antidopage dans la mesure ougrave lrsquoengagement des gouvernements et des autoriteacutes semble clair De telles pratiques ne semblent pas devoir ecirctre autoriseacutees dans les anneacutees agrave venir bien au contraire Sous lrsquoangle du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo la condamnation du dopage dans le sport est largement partageacutee au niveau international La Suisse vient drsquoailleurs de se doter drsquoun organisme adhoc pour respecter ses engagements internationaux la fondation laquo Antidopage 150 RS 4150 151 RS 08121222

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Suisse raquo152 Cette fondation est en charge de mener des campagnes de preacutevention et drsquoinformation mais aussi drsquoorganiser les controcircles antidopage des sportifs concerneacutes A ce propos il convient toutefois de souligner qursquoils ne touchent que les sportifs drsquoeacutelite dans le monde amateur ou professionnel La question reste ouverte dans les autres domaines drsquoougrave lrsquoimportance des normes analyseacutees dans le reste de ce rapport qui srsquoappliquent agrave tous et pas seulement dans le milieu du sport drsquoeacutelite Il srsquoagit lagrave sans doute drsquoune des grandes faiblesses de la lutte antidopage qui srsquoexplique en partie peut-ecirctre par le fait que la prioriteacute dans ce domaine est davantage la protection de lrsquoimage du sport que la protection de la santeacute des athlegravetes153

iii) Stupeacutefiants

La loi feacutedeacuterale sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes (LStup) eacutetablit un controcircle desdites substances en Suisse154 laquo La LStup reacuteglemente lrsquousage meacutedical des substances psychotropes et interdit en mecircme temps la production le commerce la deacutetention et la consommation de drogues agrave des fins non meacutedicales raquo155 Dans la regravegle La LStup interdit sous peine de sanctions peacutenales tout usage sans droit de stupeacutefiants dont la consommation la vente la production la culture le trafic lrsquoachat etc156 De nombreux produits potentiellement utilisables dans le domaine du deacuteveloppement humain et du dopage sont des stupeacutefiants au sens de la LStup citons par exemple les ampheacutetamines meacutethampheacutetamines cocaiumlne MDMA etc157 Preacutecisons drsquoembleacutee que selon lrsquoart 1 al 1bis LStup la loi sur les produits theacuterapeutiques srsquoapplique aux stupeacutefiants utiliseacutes comme produits theacuterapeutiques sauf si elle ne preacutevoit pas de reacuteglementation ou que sa reacuteglementation est moins eacutetendue La LStup soumet la fabrication la dispensation lrsquoacquisition et lrsquoutilisation de stupeacutefiants agrave des regravegles et une proceacutedure drsquoautorisation strictes des exceptions eacutetant preacutevues pour les meacutedecins utilisant ces produits dans le cadre de leur profession En geacuteneacuteral ces actions ne sont autoriseacutees qursquoagrave des fins meacutedicales les autorisations nrsquoeacutetant remises qursquoagrave des prestataires de soins meacutedicaux ou des entreprises de lrsquoindustrie pharmaceutique158

152 httpwwwantidopingchfrindexphp 153 Cf OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 154 Sur la deacutefinition des produits stupeacutefiants voir art 1 LStup qui mentionne laquo les substances et les preacuteparations ayant des effets du type morphinique cocaiumlnique et cannabique et qui engendrent la deacutependance (toxicomanie) raquo Pour une autre deacutefinition THOMAS FINGERHUTH CHRISTOF TSCHURR BetmG Kommentar com ad Art 1 p 60 laquo Als ldquoBetaumlubungsmittelldquo iSv Art 1 BetmG koumlnnen ganz allgemein natuumlrliche oder synthetische Stoffe und Praumlparate (= Zubereitungen) bezeichnet werden deren Gebrauch eine physische undoder psychische Abhaumlngigkeit erzeugen kann raquo La liste de tous les stupeacutefiants se trouve dans lrsquoOrdonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes et ses appendices 155 SIMONE LEDERMANN FRITZ SAGER La politique suisse en matiegravere de drogue Troisiegraveme programme de mesures de la confeacutedeacuteration en vue de reacuteduire les problegravemes de drogue (ProMeDro III) 2006-2011 p 33 156 Art 19 et 19a LStup 157 Ces substances sont inclues dans la liste des stupeacutefiants de lrsquoappendice a de lrsquoordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes 158 Voir par exemple les art 4 et 8 al 5 LStup

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iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels

(1) Denreacutees alimentaires Si le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo peut impliquer lrsquousage de meacutedicaments les denreacutees alimentaires et objets usuels peuvent eacutegalement jouer un rocircle dans ce cadre En effet on voit de plus en plus drsquoaliments fonctionnels (alicaments ou laquo nutraceuticals raquo) ayant des vertus de laquo santeacute raquo voire de deacuteveloppement humain Les denreacutees alimentaires sont deacutefinies comme eacutetant les produits nutritionnels destineacutes agrave la constitution et agrave lrsquoentretien de lrsquoorganisme humain qui ne sont pas procircneacutes comme meacutedicaments En application de lrsquoart 3 al 2 LDAI le fournisseur drsquoun produit peut deacutecider srsquoil souhaite vendre son produit comme denreacutee alimentaire respectivement objet usuel ou comme meacutedicament laquo [U]ne marchandise eacutechappe au controcircle des denreacutees alimentaires lorsquelle est procircneacutee ou vendue comme un meacutedicament mecircme si de par ses autres proprieacuteteacutes elle est au fond une laquodenreacutee alimentaireraquo et consommeacutee comme telle raquo159 Cette solution est logique vu que la proceacutedure drsquoautorisation de mise sur le marcheacute drsquoun meacutedicament est plus contraignante que la mise sur le marcheacute drsquoun aliment Le Message relatif agrave la LPTh preacutecise encore que laquo [l]a proceacutedure dannonce que linstitut peut preacutevoir pour certains meacutedicaments ou certaines cateacutegories de meacutedicaments apporte encore une plus grande simplification Elle vaudra pour les produits situeacutes dans la zone grise entre les meacutedicaments et les denreacutees alimentaires comme les tisanes ou les bonbons contre la toux ou les meacutedicaments homeacuteopathiques sans indication meacutedicale et visera uniquement agrave permettre un controcircle des preacuteparations en question notamment de leur qualiteacute dans le cadre de la surveillance du marcheacute par exemple raquo160 Les questions qui se posent dans ce contexte sont celles lieacutees agrave la mise sur le marcheacute de tels produits et agrave la publiciteacute qui en est faite Rappelons que les buts fondamentaux de la LDAI sont la protection de la santeacute des consommateurs et la protection contre les tromperies en particulier en lien avec les progregraves scientifiques et lrsquoeacutevolution des marcheacutes concerneacutes La mise sur le marcheacute des denreacutees alimentaires deacutepend de la cateacutegorie dans laquelle entre le produit nutritionnel traiteacute Les denreacutees alimentaires speacutecifieacutees (dont la liste est inscrite agrave lrsquoart 4 ODAIOUs) sont admises laquo Un produit ne peut ecirctre commercialiseacute comme aliment sans autorisation de lOFSP que sil satisfait aux exigences de la leacutegislation alimentaire et sil est deacutefini dans une ordonnance speacutecifique du produit raquo161 A lrsquoinverse les denreacutees alimentaires non speacutecifieacutees sont interdites sauf autorisation individuelle de lrsquoOFSP Les critegraveres importants pour lrsquoautorisation sont la composition lrsquousage preacutevu et lrsquoeacutetiquetage du produit Lrsquoautorisation peut ecirctre soumise agrave la condition que le requeacuterant prouve que le produit demandeacute est inoffensif162 Enfin les microorganismes et substances eacutetrangegraveres doivent se trouver dans les quantiteacutes les plus faibles possibles dans les produits

159 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 160 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 161 Informations tireacutees du site de lrsquoOFSP httpwwwbagadminchthemenlebensmittel048580486204875indexhtmllang=fr 162 Art 5 et 6 OADIOUs

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nutritifs en application du principe laquo aussi peu que possible aussi souvent que neacutecessaire raquo163 Il existe une cateacutegorie particuliegravere de denreacutees alimentaires deacutesigneacutee par lrsquoexpression laquo aliments speacuteciaux raquo Les aliments speacuteciaux sont des denreacutees alimentaires destineacutees agrave une alimentation particuliegravere qui du fait de leur composition ou drsquoun proceacutedeacute de fabrication speacuteciale soit reacutepondent aux besoins nutritionnels des personnes qui pour des motifs de santeacute doivent srsquoalimenter de maniegravere diffeacuterente soit contribuent agrave produire des effets nutritionnels ou physiologiques deacutetermineacutes164 Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux mentionne les aliments suivants

bull les denreacutees alimentaires pauvres en lactose ou exemptes de lactose (art 5) bull les succeacutedaneacutes du sel comestible et les sels dieacuteteacutetiques (art 7) bull les denreacutees alimentaires pauvres en proteacuteines (art 8) bull les denreacutees alimentaires exemptes de gluten (art 9) bull les denreacutees alimentaires pouvant ecirctre consommeacutees par les diabeacutetiques

(art 13) bull les denreacutees alimentaires de substitution pour le controcircle du poids (art

16) bull les preacuteparations pour nourrissons (art 17) bull les preacuteparations de suite (art 18) bull les preacuteparations agrave base de ceacutereacuteales et autres aliments pour nourrissons et

enfants en bas acircge (art 19) bull les aliments destineacutes aux personnes ayant besoin drsquoun apport

eacutenergeacutetique ou nutritionnel accru (art 20) bull les aliments dieacuteteacutetiques destineacutes agrave des fins meacutedicales speacuteciales (art 20a) bull les aliments contenant de lrsquoextrait de malt (art 21) bull les compleacutements alimentaires (art 22) bull les levures alimentaires (art 22a) bull les micro-algues et les algues rouges calcaires (maeumlrl) (art 22b) bull les boissons speacuteciales contenant de la cafeacuteine (art 23)

Dans la regravegle les aliments speacuteciaux doivent se distinguer nettement des denreacutees alimentaires ordinaires (produits ordinaires) par leur composition et leur proceacutedeacute de fabrication et ils doivent satisfaire aux mecircmes exigences que les produits ordinaires correspondants agrave moins que leur destination particuliegravere ne requiegravere des deacuterogations165 Concernant la publiciteacute et lrsquoinformation lrsquoart 18 LDAI pose les deux regravegles suivantes la qualiteacute procircneacutee ainsi que toutes les autres indications sur une denreacutee alimentaire doivent ecirctre conformes agrave la reacutealiteacute et la publiciteacute pour les denreacutees alimentaires ainsi que leur preacutesentation et leur emballage ne doivent pas tromper le consommateur Lrsquoal 3 preacutecise que sont trompeuses les indications et les preacutesentations propres agrave susciter chez le consommateur de fausses ideacutees sur les effets speacuteciaux drsquoun aliment

163 Rapport explicatif relatif agrave la modification de la loi feacutedeacuterale sur les denreacutees alimentaires et les objets usuels p 15 164 Art 2 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux 165 Art 3 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux

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(2) Objets usuels Les objets usuels qui nous inteacuteressent dans cette eacutetude sont principalement les produits de soins corporels et cosmeacutetiques dont les producteurs vantent les vertus drsquoameacutelioration estheacutetiques Dans la regravegle lors de leur emploi conforme agrave leur destination ou habituellement preacutesumeacute les objets usuels ne doivent pas mettre la santeacute en danger Lrsquoart 31 ODAIOUs dispose encore que toute mention attribuant aux objets usuels des proprieacuteteacutes curatives leacutenitives ou preacuteventives (p ex des proprieacuteteacutes meacutedicinales ou theacuterapeutiques des effets deacutesinfectants ou anti-inflammatoires des recommandations drsquoun membre du corps meacutedical) est interdite Selon lrsquoart 40 ODAIOUs le DFI fixe a les exigences auxquelles doivent satisfaire les couleurs pour le tatouage et le maquillage permanent ainsi que leur eacutetiquetage b les exigences auxquelles doivent satisfaire les appareils et instruments utiliseacutes pour le piercing le tatouage et le maquillage permanent Il srsquoavegravere donc eacutegalement essentiel en matiegravere drsquoobjets usuels de proteacuteger la santeacute des consommateurs en eacutevitant toute confusion avec des meacutedicaments ou dispositifs meacutedicaux destineacutes agrave traiter ou preacutevenir des maladies

e) Droit du travail

Nous avons vu ci-dessus qursquoen principe un employeur ne peut exiger drsquoun employeacute une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique ni utiliser les reacutesultats drsquoune telle analyse166 De faccedilon plus geacuteneacuterale se posent de nombreuses questions en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et les relations de travail La performance eacutetant le plus souvent ce que recherche un employeur chez son employeacute la tentation peut ecirctre forte de seacutelectionner des employeacutes ayant ameacutelioreacutes leurs aptitudes ou drsquoaccroitre les aptitudes drsquoemployeacutes par des moyens artificiels Se pose alors la question de la protection du travailleur et de ses limites

i) Protection du travailleur

(1) En geacuteneacuteral Lrsquoart 328 du Code des Obligations preacutevoit la protection de la personnaliteacute du travailleur167 Selon cette disposition lrsquoemployeur doit entre autres proteacuteger la personnaliteacute la santeacute et lrsquointeacutegriteacute physique du travailleur168 Pour ce faire il doit prendre toutes les mesures que lrsquoon peut eacutequitablement exiger de lui Les art 6 LTr et 82 LAA obligent eacutegalement les employeurs agrave prendre les mesures neacutecessaires et

166 VINCENT CORPATAUX en lien avec lrsquoarrecirct ougrave le TF a retenu que des mesures de protection accrues eacutetaient requises pour proteacuteger la santeacute drsquoun employeacute allergique agrave la fumeacutee passive preacutecise que laquo la LAGH ne permettant qursquoexceptionnellement agrave un employeur de recruter ses employeacutes sur la base drsquoune analyse de leurs caracteacuteristiques geacuteneacutetiques (art 21 ss) un devoir accru de protection pourra ecirctre attendu de sa part dans des cas potentiellement nombreux raquo VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 75 167 Cette disposition concreacutetise les principes geacuteneacuteraux de protection de la personnaliteacute de lrsquoart 28 CC agrave la relation employeur ndash employeacute 168 Font partie des valeurs proteacutegeacutees la vie et lrsquointeacutegriteacute corporelle la santeacute physique et psychique lrsquointeacutegriteacute morale et la consideacuteration sociale la jouissance des liberteacutes individuelles et la sphegravere priveacutee JEAN-BERNARD WEBER Travail et protection de la personnaliteacute in Plaumldoyer 22002 p 46 ss p 47

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raisonnables afin de proteacuteger les employeacutes des maladies et accidents professionnels En application de cette disposition de principe lrsquoemployeur doit prendre toutes les mesures pour que lrsquoenvironnement et les conditions de travail de lrsquoemployeacute sauvegardent sa santeacute et sa personnaliteacute169 Les maladies professionnelles ainsi que toute autre atteinte de lrsquoemployeacute reacutesultant de lrsquoexercice de sa profession sont concerneacutees170 Traditionnellement les regravegles sur la protection de la santeacute des travailleurs ont eacuteteacute conccedilues en lien avec les maladies professionnelles et les accidents du travail Mais laquo la perspective srsquoest eacutelargie depuis une quinzaine drsquoanneacutees agrave la protection de la santeacute psychique des travailleurs raquo171

ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute

Dans le cadre de la protection du travailleur les limites doivent ecirctre poseacutees concernant ce que lrsquoemployeur peut demander ou imposer agrave ses employeacutes En lien avec le deacuteveloppement humain artificiel la question se pose de connaicirctre ces limites concernant les modifications et ameacuteliorations estheacutetiques et de performances (cognitives et physiques) De faccedilon geacuteneacuterale et sauf exceptions un employeur ne peut pas seacutelectionner les employeacutes plus reacutesistants dans le but qursquoils contractent moins vite voire pas du tout de maladies professionnelles mais doit au contraire adapter les conditions et lrsquoenvironnement de travail agrave la protection de la santeacute des employeacutes dans leur ensemble172 Au vu de cet eacuteleacutement un employeur ne peut a fortiori pas demander ou exiger drsquoun employeacute qursquoil emploie des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo comme par exemple la prise de ritaline Plus avant lrsquoemployeur a eacutegalement des obligations positives de preacutevention

iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Si lrsquoemployeur ne peut pas laquo ameacuteliorer raquo ses employeacutes pas les moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo il doit en plus prendre toutes les mesures raisonnablement exigibles pour que ses employeacutes ne soient pas contraints de facto agrave utiliser ces techniques pour pouvoir remplir leurs obligations Dans un arrecirct 4C242005 du 17 octobre 2005 le Tribunal feacutedeacuteral a condamneacute un employeur agrave payer une indemniteacute pour tort moral drsquoun montant de CHF 10000- agrave une employeacutee placeacutee dans une situation contraignante par son employeur Si en lrsquoespegravece lrsquoemployeacutee nrsquoa pas eacuteteacute victime de mobbing le fait que son employeur la contraigne agrave devoir effectuer une quantiteacute de travail propre agrave nuire agrave sa santeacute psychique a eacuteteacute consideacutereacute comme une violation de ses droits173

169 Arrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 170 VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 74 s 171 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 102 Sur le mecircme thegraveme voir WOLFGANG PORTMANN Stresshaftung im Arbeitsverhaumlltnis Erfolgreiche Stresshaftungsklagen gegen Arbeitgeber in der Schweiz und in anderen europaumlischen Laumlndern in ARV 2008 p 1-13 172 Message LAGH FF 2002 6841 p 6906 ss 173 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 4C242005 du 17 octobre 2005 consideacuterant 7

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On peut en deacuteduire qursquoun employeur ne peut exercer une trop forte pression sur ses employeacutes de faccedilon geacuteneacuterale par exemple en les astreignant agrave une charge de travail extrecircmement eacuteleveacutee nuisant agrave leur santeacute Les conditions de travail (charge de travail deacutelais horaires de travail etc) doivent pouvoir permettre aux employeacutes drsquoexercer leur emploi sans recours agrave des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans le mecircme sens selon DUNAND laquo [l]es conditions de travail doivent ecirctre adapteacutees aux capaciteacutes de lrsquoecirctre humain Lrsquoemployeur offrira aux travailleurs un climat de travail qui exclut toute atteinte agrave leur santeacute psychique Le travail sera organiseacute de maniegravere agrave eacuteviter un stress inutile ou un eacutepuisement professionnel raquo174 Pour le mecircme auteur laquo il appartient agrave lrsquoemployeur de mettre sur pied un systegraveme drsquoorganisation rationnel et respectueux qui permette drsquoeacuteviter une mise sous pression excessive des employeacutes raquo175 Le fait que dans certains milieux professionnels des comportements se rapprochant de ceux du dopage soient toleacutereacutes voire encourageacutes ne deacutedouane pas les employeurs de leurs obligations Il est vrai neacuteanmoins que rares sont ceux qui osent porter plainte dans ces conditions Il relegraveve alors de la responsabiliteacute du meacutedecin du travail srsquoil en existe de mettre en garde le travailleur sur les risques qursquoil encourt mais aussi drsquoavertir lrsquoemployeur des mesures agrave prendre pour corriger la situation

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal

La question qui se pose concernant les assurances de soins est la prise en charge de traitements entrant dans la cateacutegorie du deacuteveloppement humain artificiel Dans la regravegle lrsquoassurance-accidents couvre les frais meacutedicaux conseacutecutifs agrave un accident professionnel ou non professionnel176 laquo Le but du traitement meacutedical est deacuteliminer de la maniegravere la plus complegravete possible les atteintes physiques ou psychiques agrave la santeacute raquo177 Lrsquoart 54 LAA pose la limite suivante ceux qui pratiquent aux frais de lrsquoassurance-accidents doivent se limiter agrave ce qui est exigeacute par le but du traitement Lrsquoassurance-accidents ne couvre donc en principe pas de prestations relevant du deacuteveloppement humain artificiel son but fondamental eacutetant de prendre en charge les coucircts des theacuterapies conseacutecutives aux accidents Parmi les prestations preacutevues par la LAMal lrsquoart 25 mentionne les meacutedicaments prescrits par un meacutedecin dans la mesure ougrave ils servent agrave diagnostiquer ou agrave traiter une maladie et ses seacutequelles Lrsquoart 32 LAMal pose encore trois conditions au remboursement par lrsquoassureur-maladie obligatoire qui sont que les prestations doivent ecirctre efficaces approprieacutees et eacuteconomiques Lrsquoefficaciteacute doit ecirctre deacutemontreacutee scientifiquement Pour ecirctre rembourseacute un meacutedicament doit eacutegalement ecirctre inscrit sur la liste des speacutecialiteacutes de lrsquoOffice feacutedeacuteral de la santeacute publique178 Mais le remboursement de meacutedicaments par les caisses-maladie est soumis agrave diverses autres conditions dont celle de lrsquoutilisation conforme agrave lrsquoinformation professionnelle

174 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 175 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 176 Art 6 ss LAA 177 ATF 113 V 45 consid 4 178 Art 52 LAMal

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approuveacutee et publieacutee dans le Compendium suisse des meacutedicaments179 En conseacutequence un usage hors eacutetiquette nrsquoest en principe pas pris en charge Toutefois le TF a retenu deux exceptions pour lesquelles une telle utilisation peut ecirctre rembourseacutee180 La premiegravere est que la prescription hors eacutetiquette du meacutedicament constitue une condition essentielle agrave la poursuite drsquoune prestation prise en charge par lrsquoassurance obligatoire de soins181 La seconde est qursquoil srsquoagisse laquo de traiter une maladie qui pourrait ecirctre mortelle pour lrsquoassureacute ou impliquer des problegravemes de santeacute graves et chroniques qursquoil nrsquoexiste pas drsquoalternative theacuterapeutique et que le meacutedicament concerneacute preacutesente un important beacuteneacutefice theacuterapeutique raquo curatif ou palliatif182 Au vu de la jurisprudence traitant du remboursement de meacutedicaments utiliseacutes laquo hors eacutetiquette raquo force est de constater que lrsquousage de meacutedicaments soumis agrave ordonnance dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne remplit pas les conditions permettant leur remboursement par lrsquoassurance obligatoire de soins Ces conditions ayant pour but de permettre au meacutedecin de soigner au mieux des maladies pour lesquelles les meacutedicaments efficaces nrsquoont pas eacuteteacute speacutecifiquement testeacutes aux fins de lrsquoautorisation par Swissmedic on voit mal comment il pourrait en aller autrement

179 Voir ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 180 ATF 130 V 503 BGE 130 V 544 ATF 131 V 349 181 ARIANE AYER Prise en charge des meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 et la jurisprudence citeacutee 182 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 43

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3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations

La notion de laquo human enhancement raquo ne dispose pas actuellement de deacutefinition commune et arrecircteacutee Aux fins de cette eacutetude nous avons degraves lors ducirc commencer par en deacutefinir les contours et deacuteterminer les activiteacutes concerneacutees Le premier constat auquel nous sommes arriveacutes est que ces activiteacutes ne se limitent pas au dopage agrave la chirurgie estheacutetique ou au laquo wellness raquo Nous avons alors choisi drsquoappreacutehender cette notion de faccedilon large en parlant de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo expression qui nous apparait plus adapteacutee pour circonscrire la notion eacutetudieacutee Partant il nous a fallu trouver les dispositions leacutegales pertinentes et analyser les regravegles qursquoelles posent agrave la lumiegravere de cet ensemble drsquoactiviteacutes Nous avons alors constateacute que de nombreux champs du droit sont concerneacutes et que chaque activiteacute concerneacutee est reacuteglementeacutee de faccedilon propre Le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo nrsquoest pas appreacutehendeacute en tant que tel par le droit et ne le sera probablement jamais au vu de lrsquoensemble des diffeacuterentes activiteacutes et professions concerneacutees Dans de nombreuses situations les reacuteglementations eacutetudieacutees nrsquoont drsquoailleurs pas eacuteteacute eacutetablies en tenant compte du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Neacuteanmoins le droit positif suisse nrsquoest pas deacutemuni face aux possibiliteacutes de creacuteer des laquo surhommes raquo et pose des limites dans tous les domaines concerneacutes que lrsquoon pense agrave lrsquousage de meacutedicaments par des personnes en bonne santeacute en vue de modifications corporelles individuelles et volontaires aux possibiliteacutes pour une entreprise de demander des rendements surhumains agrave ses employeacutes ou agrave lrsquousage priveacute drsquoanalyses geacuteneacutetiques En conclusion nous pouvons mentionner que le droit suisse actuel ne connait pas de lacune manifeste concernant le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans les diffeacuterents champs concerneacutes des limites claires semblent eacutetablies

bull Toute modification geacuteneacutetique volontaire ou positive drsquoenfants agrave naicirctre est prohibeacutee

bull Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine ne peut ecirctre utiliseacutee agrave des fins laquo reacutecreacuteatives raquo (par exemple pour deacuteterminer lrsquoaptitude drsquoun enfant agrave diffeacuterentes activiteacutes sportives) ou en vue de seacutelectionner des employeacutes

bull Le preacutelegravevement et la transplantation drsquoorganes en vue drsquoameacuteliorer les performances drsquoun corps sain sont pratiquement interdites En effet le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes ne peut ecirctre effectueacute qursquoagrave la condition que le receveur ne puisse pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode Aucun traitement nrsquoeacutetant requis dans le cadre de deacuteveloppement artificiel force est de constater qursquoun preacutelegravevement est prohibeacute Concernant lrsquoattribution lrsquoordre de prioriteacute des requeacuterants deacutepend de lrsquourgence meacutedicale avec pour conseacutequence qursquoune transplantation laquo ameacuteliorative raquo est leacutegalement inconcevable

bull Les possibiliteacutes drsquoeffectuer de la recherche en vue de creacuteer de nouvelles meacutethodes et de nouveaux produits de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont limiteacutees par la neacutecessaire peseacutee drsquointeacuterecircts entre les risques et les beacuteneacutefices escompteacutes en particulier lorsque ces recherche doivent ecirctre meneacutees sur des ecirctres humains ou des cellules souches embryonnaires

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bull Les meacutedecins et professionnels de la santeacute sont limiteacutes dans leur activiteacute par le respect des regravegles de lrsquoart En conseacutequence ils ne peuvent sans risquer drsquoengager leur responsabiliteacute utiliser des produits et proceacutedeacutes agrave des fins non autoriseacutees De telles autorisations sont elles limiteacutees par les critegraveres permettant de faire les recherches neacutecessaires agrave leur deacutelivrance

bull La mise sur la marcheacute de meacutedicaments agrave des fins ameacutelioratives ne servant ni agrave diagnostiquer ni agrave preacutevenir ni agrave traiter une maladie devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic

bull La prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments nrsquoest possible qursquoagrave des conditions strictes ne permettant pas drsquoy inclure a priori le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

bull Les regravegles de droit du travail obligent lrsquoemployeur agrave adapter les conditions de travail aux employeacutes (et non lrsquoinverse) et interdisent les conduites dopantes qursquoelles soient demandeacutees explicitement ou tacitement agrave travers des conditions de travail et des instructions les rendant neacutecessaire pour lrsquoemployeacute

bull Enfin les activiteacutes meacutedicales relevant du deacuteveloppement humain artificiel ne remplissent pas les conditions permettant une prise en charge par les assurances sociales que ce soit par exemple la LAA ou la LAMal

Si les aspects juridiques paraissent suffisamment clairs les questions drsquoeacutethique et de deacuteontologie meacutedicales doivent selon nous ecirctre aujourdrsquohui clarifieacutees afin drsquounifier les pratiques en particulier dans les cas limites difficiles agrave cateacutegoriser entre laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo theacuterapie ou preacutevention Enfin les personnes pratiquant les activiteacutes pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et le public ndash patient usager consommateur ndash doivent enfin ecirctre clairement informeacutes des regravegles existantes et des limites poseacutees aux modifications volontaires de lrsquoecirctre humain

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Bibliographie ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique 2008 NICHOLAS AGAR Liberal eugenics In defence of human enhancement Malden 2005 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration du 18 avril 1999 Zurich Bacircle Genegraveve 2003 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse 2egraveme eacuted Berne 2006 (2 vol) FLORENCE AUBRY GIRARDIN Santeacute et seacutecuriteacute au travail eacutetude de droit suisse et communautaire Zurich 1995 ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire 2009 BERNARD BAERTSCHI Neuro-Enhancement Prendre la pilule de lrsquoameacutelioration morale serait-ce mal in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 5 s OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 NIKOLA BILLER-ANDORNO ELIANE PFISTER Human Enhancement Fuumlllhorn der Medizin oder Buumlchse der Pandora in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 3 s PETER BOumlHRINGER Arbeitsrecht Zurich 2001 SEVERINE BOILLAT le commerce eacutelectronique de meacutedicaments sous lrsquoangle de la santeacute publique Thegravese Neuchacirctel 2007 Berne 2007 CHRISTIANE BRUNNER et al Commentaire du contrat de travail Lausanne 2004 ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34 HEIDI BUumlRGI Richtlinien der Swissmedic zur Arzneimittelwerbung im Internet kritische Bemerkungen in AJP 2007 70 ss DIETER BUumlRGIN JOHANNES BIRCHER DANIEL CANDINAS et al Buts et missions de la meacutedecine au deacutebut du 21e siegravecle Rapport drsquoun groupe drsquoexperts de lrsquoAcadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales (ASSM) de la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) et des cinq Faculteacutes de meacutedecine Bacircle 2004

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  • Table des matiegraveres
    • Introduction et contexte
    • 1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
      • a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration
      • b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo
        • i) Ameacuteliorations et modifications physiques
        • ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales
        • iii) Prolongation de la vie
        • iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo
        • v) Preacutevention primaire
          • c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo
            • i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain
            • ii) Les substances
              • d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                • 2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                  • a) Fondements constitutionnels
                    • i) Digniteacute humaine
                    • ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle
                    • iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations
                    • iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes
                    • v) Protection des consommatrices et consommateurs
                    • vi) Protection de la santeacute
                    • vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain
                    • viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain
                    • ix) Meacutedecine de la transplantation
                    • x) Recherche impliquant des ecirctres humains
                      • b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine
                        • i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee
                        • ii) Analyse geacuteneacutetique humaine
                        • iii) Meacutedecine de la transplantation
                        • iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires
                        • v) Recherche impliquant des ecirctres humains
                          • c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions
                            • i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)
                              • d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires
                                • i) Seacutecuriteacute des produits
                                • ii) Meacutedicaments
                                  • (1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo
                                  • (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance
                                  • (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)
                                  • (4) Interdiction du dopage
                                    • iii) Stupeacutefiants
                                    • iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels
                                      • (1) Denreacutees alimentaires
                                      • (2) Objets usuels
                                          • e) Droit du travail
                                            • i) Protection du travailleur
                                              • (1) En geacuteneacuteral
                                                • ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute
                                                • iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                                                  • f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal
                                                    • 3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations
                                                      • Bibliographie
Page 12: Le développement humain artificiel

d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Il peut paraicirctre surprenant de construire un rapport juridique en franccedilais en partant drsquoune expression anglaise comme celle de laquo human enhancement raquo Il conviendrait en fait drsquoanalyser preacuteciseacutement et de maniegravere deacutetailleacutee qursquoelle est justement la notion que deacutesigne ladite expression Cette deacutemarche ayant aboutie il serait encore neacutecessaire drsquoexclure qursquoil nrsquoexiste pas drsquoeacutequivalent en franccedilais (ou en allemand) avant de conclure que seule lrsquoexpression anglaise doit ecirctre retenue Dans tous les cas il paraicirct raisonnable de rechercher si lrsquoobjet de ce rapport ne peut pas srsquoexprimer clairement en franccedilais respectivement en allemand avant de faire usage de termes anglais Drsquoautres motifs nous incitent agrave souhaiter une formulation franccedilaise Premiegraverement il existe de nombreuses acceptions de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo Mecircme en anglais la question de la terminologie nrsquoest de loin pas reacutesolue Reprendre sans autre reacuteflexion cette expression preacutesente le risque que chacun pense y retrouver sa propre notion contribuant ainsi agrave la confusion Il est donc neacutecessaire de clarifier et de deacuteterminer au mieux la notion qui sera analyseacutee dans ce travail Deuxiegravemement le droit est indissociable des langues dans lesquelles il srsquoapplique il convient dans ce cadre de maintenir une uniteacute linguistique entre lrsquoobjet traiteacute et les normes juridiques qui srsquoy reacutefeacuterent Une traduction dans la langue de lrsquoeacutetude srsquoavegravere degraves lors utile voire neacutecessaire Troisiegravemement lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est en soi biaiseacutee dans la mesure ougrave elle veacutehicule lrsquoideacutee selon laquelle les meacutethodes qursquoelles recouvrent sont veacuteritablement ameacutelioratives sans preacuteciser pour autant la nature de cette ameacutelioration Le groupe de travail ASSMASSHTA-SwissCNE a bien senti le piegravege puisqursquoil introduit dans sa propre deacutefinition la notion de contexte socioculturel pour appreacutecier lrsquoameacutelioration rechercheacutee30 Il y a donc neacutecessiteacute de se distancier de lrsquoexpression consacreacutee de laquo human enhancement raquo dans la mesure ougrave elle conforte lrsquoideacutee drsquoune certaine ameacutelioration qui reste pourtant agrave deacutemontrer selon des critegraveres socio-culturellement partageacutes et dont le degreacute est encore agrave eacutevaluer La question nrsquoest plus ici seulement de traduction mais bien de deacutefinition Parler drsquoameacutelioration humaine ou de laquo corps augmenteacute raquo31 ne paraicirct pas correct mais plutocirct trompeur Il srsquoagit de trouver un terme neutre Nous proposons ainsi de retenir lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Premiegraverement le terme de deacuteveloppement peut se comprendre comme ameacutelioration mais il laisse ouverte la possibiliteacute que ce deacuteveloppement soit beacuteneacutefique ou non32 Dans son sens neacutegatif il pourrait donc aussi srsquoappliquer pour deacutesigner une alteacuteration de lrsquohomme Le principe est surtout drsquoexprimer la transformation le changement qui est apporteacute agrave lrsquohumain ces autres termes pouvant ici valoir comme synonymes Mais lrsquointeacuterecirct du terme de deacuteveloppement est de renvoyer ou rappeler lrsquoexpression de laquo deacuteveloppement durable raquo Pour reprendre le rapport laquo Notre avenir agrave tous raquo de la Commission mondiale sur lenvironnement et le deacuteveloppement (Commission Brundtland) laquo le deacuteveloppement durable est un deacuteveloppement qui reacutepond aux

30 Voir plus haut pt 1a 31 Cette traduction quasi-litteacuterale de lrsquoexpression laquo human enhancement raquo est parfois utiliseacutee en franccedilais Citons Geacuterard Ayache Corps augmenteacute recircve bionique ou cauchemar protheacuteen disponible agrave la page httpwwwagoravoxfractualitestechnologiesarticlecorps-augmente-reve-bionique-ou-11710 et une confeacuterence donneacutee dans le cadre des manifestations culturelles de la bibliothegraveque cantonale et universitaire de Lausanne le 27 janvier 2009 intituleacutee laquo Le corps augmenteacute utopie drsquoaujourdrsquohui reacutealiteacute de demain raquo 32 Sur le lien entre les notions de laquo enhancement raquo et de deacuteveloppement voir ALLEN BUCHANAN Enhancement and the Ethics of Development in Kennedy Institute of Ethics Journal Vol 18 No 1 1ndash34

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besoins du preacutesent sans compromettre la possibiliteacute pour les geacuteneacuterations agrave venir de pouvoir reacutepondre aux leurs raquo33 Cette expression implique une responsabiliteacute individuelle et collective marqueacutee sur la dureacutee pour appreacutecier les effets du deacuteveloppement qui pour ecirctre positif ne peut se limiter aux seules personnes directement concerneacutees mais doit ecirctre appreacutecieacute dans ses conseacutequences globales pour lrsquohumaniteacute et la planegravete Une ameacutelioration de telle performance drsquoun athlegravete ne constitue pas neacutecessairement un progregraves pour les hommes et doit donc ecirctre appreacutecieacute de maniegravere relative sous lrsquoangle du deacuteveloppement durable et humain Deuxiegravemement le deacuteveloppement dont il est question ici concerne directement lrsquohumain justement afin de le deacutelimiter par rapport au deacuteveloppement durable et agrave drsquoautres formes drsquoactiviteacutes Troisiegravemement la caracteacuteristique de ce deacuteveloppement humain est de se libeacuterer des regravegles de la nature drsquoecirctre directement et volontairement induit autrement dit drsquoecirctre artificiel Cet eacuteleacutement est important pour marquer la limite avec lrsquoensemble des facteurs ndash ou deacuteterminants ndash qui influencent notre santeacute et dont les effets se traduisent au fil des deacutecennies par un allongement de la dureacutee de vie moyenne de la population et une baisse des morbiditeacutes Nous vivons mieux et plus longtemps que nos anciens Mais les eacuteleacutements qui participent agrave cette eacutevolution eacutechappent pour la plupart agrave un controcircle direct des individus concerneacutes Il srsquoagit donc de bien distinguer ces eacuteleacutements de lrsquoeacutevolution de la socieacuteteacute de la meacutedecine ameacuteliorative et autres mesures de deacuteveloppement humain artificiel Nous retiendrons ainsi actuellement la deacutenomination de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo qui renvoie au concept de laquo deacuteveloppement durable raquo aujourdrsquohui appliqueacute tant en matiegravere drsquoenvironnement que drsquoeacuteconomie domaines eacutetroitement lieacutes agrave celui de deacuteveloppement humain comme il sera deacutemontreacute ci-dessous

2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

a) Fondements constitutionnels

Plusieurs normes constitutionnelles influent directement sur les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo en Suisse Ces dispositions concernent entre autres la digniteacute humaine le droit agrave la vie et agrave la liberteacute personnelle lrsquoeacutegaliteacute la protection de la santeacute la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee le geacutenie geacuteneacutetique et la meacutedecine de la transplantation

i) Digniteacute humaine

Lrsquoart 7 Cst dispose que la digniteacute humaine doit ecirctre respecteacutee et proteacutegeacutee Ce droit fondamental agrave ecirctre traiteacute de maniegravere humaine et non deacutegradante est consideacutereacute comme un principe directeur concreacutetiseacute par les autres droits fondamentaux34 Parmi ceux-ci le droit agrave la liberteacute personnelle garantit entre autres le droit agrave la vie agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique Si laquo [l]a garantie de lrsquointeacutegriteacute physique protegravege

33 Notre avenir agrave tous Rapport de la commission mondiale sur lrsquoenvironnement et le deacuteveloppement du 10 mars 1987 Disponible dans sa version anglaise agrave la page httpwwwareadminchthemennachhaltig002660054000542indexhtmllang=fr 34 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 69 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 691 s ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 260 s p 121 s PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 139 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 PHILIPPE MASTRONARDI com ad art 7 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 77 s

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lrsquoindividu contre toute atteinte injustifieacutee (hellip) porteacutee au corps humain qursquoelle soit intentionnelle ou non grave ou leacutegegravere et quels qursquoen soient les motifs raquo35 elle ne creacutee pas ni ne protegravege un eacuteventuel droit drsquoameacuteliorer son corps ou de modifier lrsquoecirctre humain drsquoune autre maniegravere Il existe drsquoailleurs drsquoautres dispositions constitutionnelles restreignant les possibiliteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo A ce propos laquo [l]ecirctre humain se distinguerait agrave la fois par son individualiteacute et par ses imperfections Le jauger selon une norme preacutetendue juste et deacutetermineacutee de maniegravere arbitraire et le manipuler geacuteneacutetiquement par rapport agrave cette norme constituerait une violation grave de sa digniteacute raquo36 Le clonage et la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides sont eacutegalement par leur nature mecircme contraire agrave la digniteacute humaine37 Si lrsquoEtat doit srsquoabstenir drsquoatteindre de faccedilon injustifieacutee agrave lrsquointeacutegriteacute physique et la proteacuteger la Constitution preacutevoit eacutegalement agrave son art 118 que la Confeacutedeacuteration prend des mesures pour proteacuteger la santeacute Cet eacuteleacutement sera traiteacute ci-apregraves

ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle

Lrsquoart 10 Cst feacuted garantit le droit agrave la vie agrave la liberteacute personnelle agrave lrsquointeacutegriteacute physique et psychique et agrave la liberteacute de mouvement donc laquo toutes les liberteacutes eacuteleacutementaires dont lrsquoexercice est indispensable agrave lrsquoeacutepanouissement de la personne humaine raquo38 Le Tribunal feacutedeacuteral a retenu que les vaccinations obligatoires les opeacuterations chirurgicales lrsquoobligation pour les eacutelegraveves de suivre un controcircle et des soins dentaires obligatoires ou lrsquoadministration forceacutee de meacutedicaments dans une clinique psychiatrique constituent des atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute physique et donc agrave la liberteacute personnelle39 La liberteacute personnelle protegravege la personne contre les atteintes agrave lrsquointeacutegriteacute psychique laquo qui tendraient par un moyen quelconque agrave restreindre ou agrave supprimer la faculteacute qui lui est propre drsquoappreacutecier une situation donneacutee et de se deacuteterminer drsquoapregraves cette appreacuteciation raquo40 Enfin lrsquoart 10 al 3 Cst feacuted interdit la torture et tout autre traitement ou peine cruels inhumains ou deacutegradants Une des reacutesultantes de lrsquoart 10 Cst feacuted en droit meacutedical est lrsquoexigence du consentement des patients pour tout acte meacutedical On retrouve son pendant en droit priveacute avec lrsquoart 28 CC Cela garantit le respect de la volonteacute du patient et lui donne ainsi le droit drsquoexercer son libre arbitre Cependant le consentement nrsquoest pas une condition suffisante pour justifier une atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle Encore faut-il qursquoelle soit conforme aux regravegles de lrsquoart autrement dit que cette intervention reacuteponde aux standards meacutedicaux compte tenu des besoins du patient Une meacutethode de laquo deacuteveloppement durable artificiel raquo devra ainsi non seulement ecirctre autoriseacutee par la personne concerneacutee Elle doit en outre respecter les regravegles de lrsquoart et la digniteacute humaine consacreacutee agrave lrsquoart 7 Cst indeacutependamment de la volonteacute de la personne concerneacutee

35 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 108 36 Message LPMA FF 1996 276 reprenant une intervention parlementaire BO N 1991 p 616 (intervention Koller) 37 Message LPMA FF 1996 27 et les reacutefeacuterences citeacutees Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1221 38 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 101 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER com ad art 10 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 148 s 39 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 10 p 108 et la jurisprudence citeacutee 40 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 109

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iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations

Lrsquoart 8 Cst pose les principes de lrsquoeacutegaliteacute des ecirctres humains devant la loi et de lrsquointerdiction des discriminations Si cette disposition a vocation agrave srsquoappliquer dans les relations que lrsquoEtat entretient avec ses citoyens administreacutes justiciables elle a aussi un effet dans les relations entre particuliers Si dans la regravegle lrsquointerdiction des discriminations sadresse agrave lEacutetat et ne produit pas deffet horizontal direct dans les relations entre personnes priveacutees laquo les regravegles de droit civil doivent cependant ecirctre interpreacuteteacutees en tenant compte des exigences particuliegraveres qui reacutesultent des droits fondamentaux raquo41 Lrsquoart 8 al 2 Cst a toutefois des effets indirects notamment en vertu de lrsquoart 35 al 3 Cst qui dispose que les autoriteacutes veillent agrave ce que les droits fondamentaux dans la mesure ougrave ils srsquoy precirctent soient aussi reacutealiseacutes dans les relations qui lient les particuliers entre eux Ces effets indirects sont de deux ordres Premiegraverement il srsquoagit pour les autoriteacutes de tenir compte des droits fondamentaux dans lrsquointerpreacutetation des lois et dans lrsquousage de leur pouvoir drsquointerpreacutetation Deuxiegravemement laquo [l]e leacutegislateur doit concevoir la leacutegislation de sorte qursquoelle assure le mieux possible le respect des droits fondamentaux dans les relations entre particuliers Il le fera en eacutedictant des normes notamment de droit civil et peacutenal qui reacutesolvent les conflits de liberteacute entre particuliers et qui preacuteviennent des traitements discriminatoires Aussi les garanties constitutionnelles peuvent-elles contenir un mandat au leacutegislateur drsquoadopter des dispositions propres agrave proteacuteger dans la mesure du possible les particuliers contre les atteintes agrave leurs droits fondamentaux provenant drsquoautres particuliers Lrsquoexistence drsquoune telle obligation positive de lrsquoEtat (Schutzpflichten) deacutecoulant de la Constitution est admise depuis longtemps par la Cour europeacuteenne des droits de lrsquohomme ainsi que par la doctrine et la jurisprudence suisse raquo42 Ce deuxiegraveme eacuteleacutement est particuliegraverement important concernant lrsquointerdiction des discriminations En effet les laquo obligations de protection raquo de lrsquoEtat citeacutees ci-dessus neacutecessitent qursquoil prenne divers types de mesures afin de reacuteduire voire drsquoeacuteliminer les discriminations horizontales On pense en particulier agrave des mesures positives drsquoinformation de sensibilisation ou des recherches scientifiques et projets drsquoeacutechange et de contacts etc43 La creacuteation drsquoorganismes de sensibilisation et de coordination et la prise de mesures drsquoencouragement sont eacutegalement envisageables Dans les domaines ougrave la Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences leacutegislatives le leacutegislateur feacutedeacuteral peut eacutedicter des regravegles lorsque leur neacutecessiteacute est aveacutereacutee assurant la protection des citoyens contre les discriminations En reacutesumeacute les autoriteacutes eacutetatiques ne peuvent discriminer les personnes de faccedilon geacuteneacuterale et doivent assurer leur protection contre des discriminations horizontales par la prise de mesures positives et lrsquoeacutetablissement de textes de lois

41 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 5A4842009 du 18 aoucirct 2009 consid 41 et les reacutefeacuterences citeacutees 42 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 164 ss 167 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 43 BERNHARD PULVER Lrsquointerdiction de la discrimination Etude de lrsquoarticle 8 alineacutea 2 de la Constitution feacutedeacuterale du 18 avril 1999 Thegravese Neuchacirctel 2003 p 318 s Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 8 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 124

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iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes

Lrsquoart 11 Cst dispose entre autres que les enfants et les jeunes ont droit agrave une protection particuliegravere de leur inteacutegriteacute et agrave lrsquoencouragement de leur deacuteveloppement Cette disposition dans certains domaines en tout cas44 laquo ne creacutee pas un droit subjectif particulier deacuteductible en justice faute notamment decirctre suffisamment preacutecise et deacutetermineacutee et doit plutocirct ecirctre consideacutereacutee comme une disposition programmatique respectivement une disposition que les autoriteacutes doivent prendre en compte lorsquil sagit de combler une lacune ou lorsquelles font usage de leur pouvoir dappreacuteciation raquo45 Il exige dans tous les cas une prudence accrue lorsqursquoil srsquoagit de porter atteinte agrave lrsquointeacutegriteacute corporelle des enfants ou drsquointervenir dans leur deacuteveloppement

v) Protection des consommatrices et consommateurs

Lrsquoart 97 Cst dispose que la Confeacutedeacuteration prend des mesures destineacutees agrave proteacuteger les consommateurs et les consommatrices46 Il preacutevoit encore que les organisations de consommateurs disposent de voies de droit et que les proceacutedures de conciliation ou judiciaires doivent ecirctre simple et rapides pour les litiges dont la valeur litigieuse ne deacutepasse pas un montant deacutetermineacute Le but du premier alineacutea de cette disposition est de proteacuteger les consommateurs en geacuteneacuteral Les marcheacutes des meacutedicaments des denreacutees alimentaires des produits cosmeacutetiques et des services dans les domaines de la cosmeacutetique et du bien-ecirctre sont concerneacutees par cette disposition qui sert par ailleurs de base leacutegale agrave diverses lois de protection des consommateurs contre les tromperies

vi) Protection de la santeacute

Lrsquoart 118 Cst mentionne que la Confeacutedeacuteration prend des mesures afin de proteacuteger la santeacute dans les limites de ses compeacutetences et leacutegifegravere entre autres sur lrsquoutilisation des denreacutees alimentaires des agents theacuterapeutiques des stupeacutefiants des organismes des produits chimiques et des objets qui peuvent preacutesenter un danger pour la santeacute47 laquo Lrsquoancien art 69bis parlait de laquo commerce raquo (Verkehr raquo) des denreacutees alimentaires et objets usuels Le constituant de 1999 a preacutefeacutereacute parler drsquo laquo utilisation raquo (laquo Umgang raquo) pour bien montrer que la leacutegislation vise le comportement des consommateurs aussi bien que les opeacuterations drsquoamont fabrication traitement importation distribution raquo48 Si la santeacute publique est principalement un domaine de compeacutetence des cantons la Confeacutedeacuteration dispose toutefois de tacircches speacuteciales dans ce domaine49 Lrsquoart 118 44 Voir RENEacute RHINOW MARKUS SCHEFER Schweizerisches Verfassungsrecht p 262 ss en particulier p 264 s voir aussi RUTH REUSSER KURT LUumlSCHER com ad art 11 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 175 45 Arrecirct du Tribunal administratif feacutedeacuteral Cour III C-38852007 du 2 deacutecembre 2008 consid 10 46 Voir RETO JACOBS com ad art 97 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar Lachen amp Zurich p 1062 s voir aussi KLAUS A VALLENDER com ad art 94-107 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 91 s 47 LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1207 s 48 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 930 49 La Confeacutedeacuteration dispose de compeacutetences en matiegravere de santeacute publique depuis 1848 voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 926 Voir aussi ERWIN MURER Verfassungsrechtlicher Persoumlnlichkeitsschutz in DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER

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sert de base agrave de nombreuses lois et ordonnances dont les principales sont la loi sur les denreacutees alimentaires 50 la loi sur les produits theacuterapeutiques51 la loi sur les stupeacutefiants52 la loi sur les produits chimiques53 ou encore la loi sur la seacutecuriteacute des produits54

vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain

Touchant directement le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo lrsquoart 119 Cst55 doit eacutegalement ecirctre mentionneacute Cette disposition traite de la protection de lrsquoecirctre humain contre les abus en matiegravere de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et de geacutenie geacuteneacutetique56 dans le domaine humain et limite ou interdit plusieurs activiteacutes dans le but de proteacuteger la digniteacute humaine la personnaliteacute et la famille57 Premiegraverement en application de lrsquoalineacutea 1 let a laquo [s]ont interdites les laquo interventions raquo (laquo Eingriffe raquo) dans le patrimoine geacuteneacutetique drsquoun gamegravete ou drsquoun embryon crsquoest-agrave-dire les opeacuterations qui modifient ce patrimoine et qui par conseacutequent peuvent influencer la descendance raquo58 Le clonage est aussi expresseacutement interdit Deuxiegravemement la creacuteation de chimegraveres et drsquohybrides interespegraveces59 est prohibeacutee60 Troisiegravemement la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee nrsquoest autoriseacute que lorsque la steacuteriliteacute ou le danger de transmission drsquoune grave maladie ne peuvent ecirctre eacutecarteacutes drsquoune autre maniegravere et non pour deacutevelopper chez lrsquoenfant certaines qualiteacutes ou pour faire de la recherche61 Cette disposition interdit donc expresseacutement lrsquoutilisation de meacutethodes de PMA afin de modifier les caracteacuteristiques drsquoun futur enfant

Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse p 967 s et surtout p 976 ANDREAS AUER GIORGIO MALINVERNI MICHEL HOTTELIER Droit constitutionnel suisse vol II ndeg 285 p 132 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft p 140 RENEacute RHINOW Grundzuumlge des Schweizerischen Verfassungsrechts p 173 MARGRITH BIGLER-EGGENBERGER com ad art 41 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 535 s ERWIN RUCK Schweizerisches Staatsrecht p 118 TOMAS POLEDNA UELI KIESER (HRSG) Gesundheitsrecht Schweizerisches Bundesverwaltungsrecht Bd VIII p 21 s 50 RS 8170 51 RS 81221 52 RS 812121 53 RS 8131 54 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 118 p 929 Voir aussi LUZIUS MADER com ad art 118 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1209 s 55 Dans lrsquoancienne constitution voir art 24novies aCst 56 laquo Le laquo geacutenie geacuteneacutetique raquo (Gentechnologie) deacutesigne les proceacutedeacutes qui permettent drsquoanalyser de soigner voire de modifier des gegravenes notamment le support moleacuteculaire des caractegraveres heacutereacuteditaires drsquoun ecirctre vivant de mainegravere agrave identifier celui-ci voire agrave lrsquoinfluencer lui ou sa descendance raquo JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 936 Selon lrsquoart 2 let a LPMA la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee se deacutefinit comme les meacutethodes permettant drsquoinduire une grossesse en dehors de lrsquounion naturelle de lrsquohomme et de la femme en particulier lrsquoinseacutemination la feacutecondation in vitro avec transfert drsquoembryons et le transfert de gamegravetes Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 57 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 939 s Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1211 s 58 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 940 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 59 Notamment par la feacutecondation drsquoun ovule humain par un spermatozoiumlde humain et inversement JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 941 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217 60 Art 119 al 1 let b Cst feacuted 61 Art 119 al 1 let c Cst feacuted Sur les meacutethodes de la PMA voir JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 942 Voir aussi RUTH REUSSER RAINER J SCHWEIZER com ad art 119 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1217

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viii)Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain

Enfin lrsquoart 120 Cst pose le principe de la protection de lrsquoecirctre humain et de son environnement contre les abus en matiegravere de geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain62 Il donne eacutegalement la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoutilisation du patrimoine germinal et geacuteneacutetique des animaux des veacutegeacutetaux et des autres organismes en suivant les principes suivants respect de lrsquointeacutegriteacute des organismes vivants de la seacutecuriteacute de lrsquoecirctre humain de lrsquoanimal et de lrsquoenvironnement et protection de la diversiteacute geacuteneacutetique des espegraveces animales et veacutegeacutetales

ix) Meacutedecine de la transplantation

Lrsquoart 119a Cst porte sur la meacutedecine de la transplantation et donne agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules Cette disposition pose les principes que la leacutegislation doit garantir la digniteacute humaine (en interdisant entre autres le commerce lucratif drsquoorganes et une reacutepartition discriminatoire des organes) proteacuteger la personnaliteacute (principalement du donneur) et la santeacute (du donneur et du receveur)63 Les textes leacutegaux fondeacutes sur cette disposition constitutionnelle sont eacutetudieacutes ci-dessous64

x) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement le 25 septembre 200965 sera soumis au peuple le 7 mars prochain Cette disposition pose les principes permettant de reacutealiser une recherche sur lrsquoecirctre humain et donne la compeacutetence agrave la Confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer dans ce domaine dans la mesure ougrave la protection de la digniteacute humaine et de la personnaliteacute lrsquoexige Les principes preacutevus sont les suivants66

a un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute que si la personne y participant ou la personne deacutesigneacutee par la loi a donneacute son consentement eacuteclaireacute la loi peut preacutevoir des exceptions un refus est contraignant dans tous les cas

b les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne doivent pas ecirctre disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute du projet

c un projet de recherche ne peut ecirctre reacutealiseacute sur des personnes incapables de discernement que si des reacutesultats eacutequivalents ne peuvent ecirctre obtenus chez des personnes capables de discernement lorsque le projet de recherche ne permet pas drsquoescompter un beacuteneacutefice direct pour les personnes incapables de discernement les risques et les contraintes doivent ecirctre minimaux

d une expertise indeacutependante du projet de recherche doit avoir eacutetabli que la protection des personnes participant agrave ce projet est garantie

Sous le reacutegime de cet article constitutionnel les recherches impliquant des ecirctres humains visant un deacuteveloppement humain sont envisageables aux conditions mentionneacutees ci-dessus La lettre b retient particuliegraverement lrsquoattention La notion 62 Voir RAINER J SCHWEIZER com ad art 120 in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1240 63 JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 950 Voir aussi RAINER J SCHWEIZER MARKUS SCHOTT com ad art 119a in BERNHARD EHRENZELLER ET AL (HERAUSG) Die schweizerische Bundesverfassung Kommentar p 1230 s 64 Voir ci-dessous p 22 65 Arrecircteacute feacutedeacuteral relatif agrave un article constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain du 25 septembre 2009 66 Art 118b al 2 Cst

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drsquoutiliteacute du projet doit ecirctre preacuteciseacutee Selon le message lrsquoutiliteacute du projet consiste en le beacuteneacutefice escompteacute de la recherche envisageacutee Ce beacuteneacutefice peut ecirctre drsquoune part un beacuteneacutefice individuel du sujet par exemple pour sa santeacute et drsquoautre part un beacuteneacutefice pour des tiers pour la socieacuteteacute laquo Outre lrsquoutiliteacute pour la santeacute publique (p ex de meilleures possibiliteacutes de traitement pour les patients agrave venir) on peut penser agrave drsquoautres beacuteneacutefices pour la socieacuteteacute (p ex ameacutelioration de la qualiteacute de la vie deacutepassant le cadre de lrsquoutiliteacute pour la santeacute au sens strict) raquo67 Au vu de ces exemples donneacutes dans le message on peut se poser la question du beacuteneacutefice de recherches visant le deacuteveloppement humain En toute hypothegravese le principe geacuteneacuteral veut que les risques et les contraintes encourus par les personnes participant agrave un projet de recherche ne soient pas disproportionneacutes par rapport agrave lrsquoutiliteacute de la recherche et aux beacuteneacutefices escompteacutes68 Pour esquisser des eacuteleacutements de reacuteponses agrave cette question il faut se pencher sur les nombreuses lois traitant de recherche sur lrsquoecirctre humain Citons la Loi sur les produits theacuterapeutiques lrsquoOrdonnance sur les essais cliniques la Loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee la Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires la Loi sur la transplantation les Lois sur la radioprotection et la protection des donneacutees69 et le projet de loi feacutedeacuterale sur la recherche sur lrsquoecirctre humain traiteacute ci-dessous70

b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine

i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee

La loi sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee (LPMA) entreacutee en vigueur en 2001 regravegle les conditions de pratique de la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee sur les ecirctres humains Elle assure la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la famille et interdit lrsquoapplication abusive de la biotechnologie et du geacutenie geacuteneacutetique Comme drsquoautres dispositions leacutegales71 et lrsquoart 119 Cst la LPMA interdit toute forme de seacutelection geacuteneacutetique ayant pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoenfant agrave naicirctre Lrsquoart 33 dispose que quiconque lors de lrsquoapplication drsquoune meacutethode de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee seacutelectionne les gamegravetes en fonction du sexe ou sur la base drsquoune analyse geacuteneacutetique dans un but autre que celui drsquoeacutecarter le risque de transmission drsquoune maladie grave et incurable aux descendants sera puni de lrsquoemprisonnement ou de lrsquoamende Lrsquoart 35 LPMA interdit de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire des cellules germinatives ou des cellules embryonnaires humaine drsquoutiliser de telles gamegravetes pour une impreacutegnation et drsquoutiliser pour le deacutevelopper jusqursquoau stade drsquoembryon un ovule impreacutegneacute ayant subi une telle modification72 Lrsquoart 36 preacutevoit encore une interdiction de creacuteer un clone un hybride ou une chimegravere et de transfeacuterer un embryon de chimegravere ou drsquohybride agrave une femme ou agrave un animal Quiconque commet une des actions interdite sera puni de lrsquoemprisonnement Selon le message la ratio legis de lrsquointerdiction des modifications du patrimoine germinal est que laquo nous ne sommes pas qualifieacutes pour deacuteterminer la nature des futurs ecirctres

67 Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 68 Voir Message relatif agrave lrsquoarticle constitutionnel concernant la recherche sur lrsquoecirctre humain FF 2007 6345 p 6368 s 69 ASSM La recherche avec des ecirctres humains Meacutemento pour la pratique Bacircle 2009 p 13 70 Voir ci-dessous p 24 71 Voir loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain p 24 72 Selon le message le but de ces dispositions est drsquoempecirccher la conception programmeacutee drsquolaquo enfants ideacuteaux raquo de chimegraveres et drsquohybrides Le principe geacuteneacuteral est que toute seacutelection est exclue FF 1996 197 p 220 s et 275 ss

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humains cest-agrave-dire leurs capaciteacutes physiques et psychiques Cela reviendrait agrave donner agrave la geacuteneacuteration actuelle un pouvoir exclusif sur les geacuteneacuterations suivantes et agrave long terme agrave donner agrave des morts le pouvoir sur des vivants raquo73

ii) Analyse geacuteneacutetique humaine

La loi feacutedeacuterale sur lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine (LAGH) entreacutee en vigueur le 1er avril 2007 reacuteglemente lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques humaines74 dans le domaine de la meacutedecine du travail de lrsquoassurance et de la responsabiliteacute civile ainsi que lrsquoeacutetablissement de profils drsquoADN visant agrave deacuteterminer la filiation ou lrsquoidentiteacute drsquoune personne75 Elle a pour but de garantir la digniteacute humaine et la qualiteacute des analyses et de preacutevenir les analyses abusives et lrsquoutilisation abusive des donneacutees recueillies76 Pour cette eacutetude lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques dans la meacutedecine et le travail nous inteacuteressent plus particuliegraverement Sur les principes la loi preacutevoit que lrsquoanalyse geacuteneacutetique ne peut ecirctre effectueacutee qursquoagrave des fins meacutedicales et dans le respect du droit agrave lrsquoautodeacutetermination du patient77 Permettant de deacutetecter et diagnostiquer certaines maladies une analyse geacuteneacutetique peut ecirctre prescrite par un meacutedecin laquo que si elle reacutepond agrave un inteacuterecirct leacutegitime de celle-ci crsquoest-agrave-dire si lrsquoanalyse a un but prophylactique ou theacuterapeutique ou si elle permet drsquoeacutetablir un choix de vie ou un planning familial raquo78 Les analyses geacuteneacutetiques sont donc permises pour diagnostiquer une maladie parfois de faccedilon preacutecoce avant mecircme lrsquoapparition des premiers symptocircmes En particulier laquo une personne a le droit de savoir ou pas si elle est porteuse drsquoun gegravene deacutefectueux qui sera probablement agrave lrsquoorigine drsquoune maladie dans le futur mecircme srsquoil nrsquoexiste pas de mesure prophylactique raquo79 Par contre une analyse geacuteneacutetique ne sera pas autoriseacutee si elle a pour but de deacuteterminer une aptitude speacuteciale pour certains sports Certains preacutetendent qursquoune telle analyse est aujourdrsquohui techniquement possible A titre drsquoexemple la socieacuteteacute ameacutericaine Atlas Sport Genetics propose un test permettant drsquoanalyser le gegravene ACTN-3 qui srsquoapparenterait agrave un gegravene du sportif drsquoeacutelite80 et qui indiquerait une preacutedisposition agrave deacutevelopper des aptitudes biomotrices (vitesse endurance etc) supeacuterieures agrave la moyenne Ce test est vendu aux parents souhaitant connaicirctre les preacutedispositions geacuteneacutetiques de leurs enfants au sport de haut niveau81 Il convient drsquoembleacutee de souligner que la pertinence de ce test reste agrave deacutemontrer scientifiquement De plus la LAGH interdit dans tous les cas les analyses dans le but de deacuteterminer les preacutedispositions sportives des enfants au motif qursquoil nrsquoy a aucun laquo beacuteneacutefice direct au sens meacutedical pour la personne mineure incapable de discernement raquo8283 73 Message LPMA FF 1996 276 74 Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine est deacutefinie agrave lrsquoart 3 de la loi comme laquo les analyses cytogeacuteneacutetiques et moleacuteculaires effectueacutees sur lrsquoecirctre humain dans le but de deacuteterminer des caracteacuteristiques du patrimoine geacuteneacutetique heacutereacuteditaires ou acquises pendant la phase embryonnaire et toutes les autres analyses de laboratoire qui visent agrave obtenir de maniegravere directe ces mecircmes informations raquo les analyses cytogeacuteneacutetiques eacutetant laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer le nombre et la structure des chromosomes et les analyses moleacuteculaires laquo les analyses effectueacutees dans le but de deacuteterminer la structure moleacuteculaire des acides nucleacuteiques (ADN et ARN) ainsi que le produit direct du gegravene raquo 75 Art 1 LAGH 76 Art 2 LAGH 77 Art 10 al 1 LAGH 78 Message LAGH FF 2007 6841 p 6886 79 Message LAGH FF 2007 6841 p 6887 80 Voir agrave ce propos lrsquoarticle paru agrave ce sujet dans le New York Times du 30 novembre 2008 disponible agrave la page httpwwwnytimescom20081130sports30geneticshtml 81 wwwatlasgenecom 82 Message LAGH FF 2007 6841 p 6888

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Les analyses preacutenatales sont autoriseacutees pour deacutetecter chez lrsquoenfant agrave naicirctre des anomalies maladies et autres eacuteleacutements pouvant atteindre agrave sa santeacute A son art 11 la loi interdit de telles analyses visant agrave rechercher des caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus qui nrsquoinfluencent pas directement sa santeacute ou agrave deacuteterminer le sexe dans un but autre qursquoun diagnostic Le but de cette disposition est drsquointerdire la laquo seacutelection des embryons ou des fœtus selon le deacutesir des parents raquo84 Le but est ici drsquoeacuteviter que des parents puissent choisir des laquo beacutebeacutes agrave la carte raquo Lrsquoeacutevolution des techniques drsquoanalyse geacuteneacutetique de geacutenie geacuteneacutetique de procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et des sciences biomeacutedicales en geacuteneacuteral permettent aujourdrsquohui et permettront toujours plus agrave lrsquoavenir drsquoenvisager non seulement la seacutelection mais encore la modification geacuteneacutetique des enfants agrave naicirctre donc des geacuteneacuterations futures Si lrsquoEtat ne prend plus aujourdrsquohui de mesures collectives agrave viseacutee eugeacuteniste85 une nouvelle forme drsquoeugeacutenisme priveacute libeacuteral volontaire ou positif selon les formules consacreacutees86 est concevable voire souhaiteacutee par certains87 Le leacutegislateur a reacuteglementeacute de faccedilon claire et reacutepeacuteteacutee le domaine de lrsquoutilisation des technologies geacuteneacutetiques appliqueacute agrave la seacutelection et agrave la modification libeacuterale drsquoenfants agrave naicirctre Dans la Constitution deacutejagrave dont lrsquoart 119 interdit lrsquoutilisation des meacutethodes de PMA pour modifier les caracteacuteristiques drsquoun enfant Dans les lois ensuite la LAGH prohibe la seacutelection de gamegravetes et drsquoembryons fondeacutee sur les preacutedispositions geacuteneacutetiques et la LPMA interdit toute modification volontaire du patrimoine geacuteneacutetique lors de procreacuteations meacutedicalement assisteacutees Le projet de LRH enfin deacuteclare illicites les projets de recherche visant agrave modifier des embryons ou fœtus sans rapport avec une maladie La volonteacute du leacutegislateur de ne pas permettre de modifications preacutenatales choisies a eacuteteacute affirmeacutee et confirmeacutee plusieurs fois de 199288 agrave 200989 Il paraicirct donc drsquoembleacutee exclu du moins agrave court et moyen termes que la leacutegislation soit reacuteviseacutee Au contraire les arguments invoqueacutes agrave reacuteiteacutereacutees reprises pour justifier la fermeteacute du Parlement agrave ce sujet relegravevent de valeurs fondamentales qui ne paraissent pas souffrir drsquoexceptions Il srsquoagit drsquoune barriegravere tregraves claire agrave lrsquoapplication de meacutethodes de deacuteveloppement humain artificiel dans ce domaine

83 Voir agrave ce sujet DOMINIQUE SPRUMONT La reacuteglementation des trousses drsquoanalyse geacuteneacutetique Lanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives Actes drsquoun colloque CHARLES JOYE (eacuted) Schulthess Zurich Bacircle et Genegraveve 2004 pp 71-88 84 Message LAGH FF 2007 6841 p 6889 85 Comme nous le savons il nrsquoen a pas toujours eacuteteacute ainsi En 1928 encore lrsquoEtat de Vaud mettait en place un reacutegime de steacuterilisation des malades mentaux et autorisait lrsquoavortement pour des motifs eugeacuteniques Voir GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 55 ss 67 et 85 Tout programme eacutetatique agrave viseacutees eugeacuteniques serait aujourdrsquohui contraire agrave la Constitution entre autre agrave ses articles 7 et 8 86 La liberteacute de choix reste relative dans lrsquoeugeacutenisme dit libeacuteral Si les mesures ne sont plus dicteacutees autoritairement par lrsquoEtat elles ne sont pas libres de fortes influences sociales et eacuteconomiques Nous ne pouvons qursquoabonder dans le sens de DUMOULIN pour qui laquo lrsquoeugeacutenisme nrsquoa pas cesseacute drsquoexister tout au plus a-t-il changeacute de forme raquo GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees Deacutebat sur lrsquoeugeacutenisme Pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle p 87 87 Sur ces reacuteflexions voir parmi drsquoautres PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 et les reacutefeacuterences citeacutees 88 Date de lrsquoadoption de lrsquoart 24novies aCst Repris ensuite agrave lrsquoart 119 Cst Voir FRANCcedilOIS AUBERT PASCAL MAHON Petit commentaire de la Constitution feacutedeacuterale de la Confeacutedeacuteration suisse com ad art 7 p 935 89 Le projet de LRH dans sa version provisoire actuelle est dateacute du 21 octobre 2009

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Dans le domaine du travail la loi pose des conditions strictes quant agrave lrsquoutilisation des analyses geacuteneacutetiques Le principe fondamental qui a vocation agrave srsquoappliquer de faccedilon geacuteneacuterale et pas seulement dans le domaine du travail est que nul ne peut ecirctre discrimineacute en raison de son patrimoine geacuteneacutetique90 Ce principe pose la regravegle de lrsquointerdiction de lrsquousage drsquoinformations geacuteneacutetiques tant par lrsquoEtat que par les particuliers sauf dans les cas preacutevus par la loi91 Cette norme est une concreacutetisation du principe geacuteneacuteral poseacute agrave lrsquoart 8 al 2 Cst92 plus preacuteciseacutement de lrsquointerdiction des discriminations fondeacutees sur les deacuteficiences corporelles Pour PREVITALI laquo [l]e fait que la deacuteficience geacuteneacutetique repreacutesente une simple probabiliteacute qursquoune certaine maladie puisse se manifester un jour et que la deacuteficience ne soit deacutecelable sans recourir agrave des analyses approfondies nrsquoest pas un critegravere pertinent pour exclure les raisons geacuteneacutetiques du champ drsquoapplication de ce motif de discrimination raquo93 Plus avant la loi deacutetermine les conditions auxquelles un meacutedecin du travail peut prescrire une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique Le principe poseacute agrave lrsquoart 21 veut qursquoun employeur ou son meacutedecin ne puisse ni exiger une telle analyse ni exiger les reacutesultats drsquoune analyse preacuteexistante ni exiger une analyse geacuteneacutetique ayant pour but de deacuteterminer des caracteacuteristiques personnelles du travailleur qui nrsquoont pas de rapport avec sa santeacute Il existe toutefois des exceptions ougrave des analyses peuvent ecirctre effectueacutees dans le but de preacutevenir les maladies professionnelles ou les accidents Selon lrsquoart 22 les conditions cumulatives suivantes doivent alors ecirctre remplies

bull le poste est soumis aux dispositions sur la preacutevention dans le domaine de la meacutedecine du travail en vertu drsquoune deacutecision de la SUVA94 ou agrave drsquoautres dispositions feacutedeacuterales qui prescrivent une analyse meacutedicale pour eacutevaluer lrsquoaptitude de la personne concerneacutee agrave exercer lrsquoactiviteacute en question en raison des risques susceptibles de provoquer une maladie professionnelle une grave atteinte agrave lrsquoenvironnement ou des risques drsquoaccident grave ou drsquoatteinte grave agrave la santeacute de tiers

bull les mesures sur le lieu de travail au sens de lrsquoart 82 de la loi feacutedeacuterale du 20 mars 1981 sur lrsquoassurance-accidents ou drsquoautres dispositions leacutegales ne suffisent pas agrave eacutecarter ces risques

bull il est eacutetabli selon lrsquoeacutetat des connaissances scientifiques qursquoil existe un rapport de cause agrave effet entre une preacutedisposition geacuteneacutetique deacutetermineacutee et une maladie professionnelle un risque drsquoatteinte agrave lrsquoenvironnement ou un risque drsquoaccident ou drsquoatteinte agrave la santeacute de tiers

bull la Commission drsquoexperts pour lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine a confirmeacute le rapport de cause agrave effet selon la lettre preacuteceacutedente et reconnu la fiabiliteacute de la meacutethode drsquoanalyse permettant de deacutetecter la preacutedisposition

bull la personne concerneacutee a donneacute son consentement par eacutecrit

90 Art 4 LAGH 91 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 56 et les reacutefeacuterences citeacutees 92 Message LAGH FF 2002 6841 p 6876 Lrsquointerdiction de discriminer en raison du patrimoine geacuteneacutetique vise eacutegalement de faccedilon plus geacuteneacuterale la sauvegarde de la digniteacute humaine voir ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 52 s 93 ADRIANO PREVITALI Non discrimination et analyse geacuteneacutetique in CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine p 49 ss p 51 94 Voir art 70 OPA

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Si une analyse est envisageable aux conditions susmentionneacutees dans le but de proteacuteger la santeacute du travailleur ou parce que le meacutetier en question exige une santeacute parfaite (p ex personnel navigant de lrsquoaeacuteronautique)95 rappelons cette analyse doit ecirctre consideacutereacutee comme une ultima ratio En effet le principe veut qursquoen preacutesence drsquoune activiteacute professionnelle potentiellement dangereuse lrsquoemployeur ne doit pas seacutelectionner ses employeacutes en fonction de leur reacutesistance ou de preacutedispositions particuliegraveres ou leur proposer des traitements leur permettant de srsquoadapter aux conditions de travail particuliegraveres (p ex la prescription drsquoampheacutetamines aux pilotes militaires ameacutericains) mais prioritairement adapter lrsquoenvironnement et les conditions de travail agrave la protection de la santeacute des personnes La deuxiegraveme condition de lrsquoart 22 LAGH le mentionne explicitement Il y a lagrave un frein explicite agrave toute forme de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo dans le domaine du travail qui ne reacutepondrait pas aux critegraveres susmentionneacutes qui concernent une atteinte moindre aux droits des travailleurs Cet eacuteleacutement devra tout particuliegraverement ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoeacutevaluation de projet de recherche dans ce domaine une laquo ameacutelioration raquo du travailleur par rapport agrave son environnement ne devrait pas ecirctre consideacutereacutee comme un veacuteritable beacuteneacutefice du point de vue de lrsquoeacutethique de la recherche si des mesures drsquoassainissement de cet environnement sont envisageables respectivement si les tacircches agrave accomplir peuvent ecirctre automatiseacutees On pense par exemple agrave la situation qui preacutevaut dans les centrales nucleacuteaires

iii) Meacutedecine de la transplantation

La loi feacutedeacuterale du 8 octobre 2004 sur la transplantation drsquoorganes de tissus et de cellules (loi sur la transplantation) fixe les conditions dans lesquelles des organes des tissus ou des cellules peuvent ecirctre utiliseacutes agrave des fins de transplantation Elle doit contribuer agrave ce que des organes des tissus et des cellules humains soient disponibles agrave des fins de transplantation et a eacutegalement pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoorganes de tissus ou de cellules notamment le commerce drsquoorganes lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de transplantation et drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute96 Le but fondamental de la loi est laquo drsquoassurer la protection de la digniteacute humaine de la personnaliteacute et de la santeacute lors de lrsquoapplication agrave lrsquoecirctre humain de la meacutedecine de la transplantation raquo97 La loi sur la transplantation empecircche lrsquoutilisation de cette technique meacutedicale agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo par le biais des critegraveres permettant le preacutelegravevement et lrsquoattribution drsquoorganes Selon lrsquoart 12 de la loi le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes nrsquoest possible que si entre autres conditions le receveur ne peut pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode theacuterapeutique ayant une efficaciteacute comparable Le principe veut que les organes issus de dons effectueacutes par des personnes vivantes reviennent toujours agrave une personne deacutesigneacutee agrave lrsquoavance le plus souvent un proche98 Tout preacutelegravevement

95 Message LAGH FF 2002 6841 p 6904 96 Art 1 Loi sur la transplantation 97 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 129 98 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 145

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drsquoorgane sur une personne vivante agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est degraves lors exclu Concernant lrsquoattribution drsquoorganes preacuteleveacutes sur une personne deacuteceacutedeacutee plusieurs critegraveres srsquoappliquent dont celui de lrsquourgence meacutedicale de la transplantation et de lrsquoefficaciteacute de la transplantation drsquoun point de vue meacutedical99 La premiegravere condition veut que laquo les organes doivent ecirctre attribueacutes en premier lieu aux patients dont la santeacute est la plus gravement atteinte En lrsquooccurrence le seul eacuteleacutement deacuteterminant est la situation meacutedicale du patient raquo100 Au vu de la situation actuelle de peacutenurie drsquoorganes cette condition suffit agrave elle seule agrave empecirccher toute transplantation drsquoorgane agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo La deuxiegraveme condition mentionneacutee signifie qursquolaquo il y a lieu drsquoattribuer les organes aux patients auxquels la transplantation sera la plus profitable Lagrave encore seule lrsquoutiliteacute meacutedicale entre en consideacuteration Il ne saurait ecirctre question de prendre en compte lrsquoaspect laquoutiliteacute socialeraquo par exemple la laquovaleurraquo que revecirct une personne pour la socieacuteteacute ou encore pour drsquoautres patients lrsquoampleur et le niveau des responsabiliteacute qursquoils exercent raquo101 Lrsquoefficaciteacute meacutedicale se mesure en tenant compte la compatibiliteacute des groupes sanguins des groupes tissulaires et anatomiques existant entre lrsquoorgane et le receveur potentiel Enfin en application de lrsquoart 17 de la loi le principe de non-discrimination de lrsquoart 8 al 2 Cst srsquoapplique agrave lrsquoattribution drsquoorganes En conseacutequence laquo lrsquoorigine la race le sexe lrsquoacircge la langue la position sociale les convictions philosophiques ou religieuses une deacuteficience corporelle mentale ou psychique pas plus que lrsquoacircge ou la situation sociale ne sauraient ecirctre pris en consideacuteration lors de lrsquoattribution drsquoorganes raquo102

iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires

La Loi feacutedeacuterale du 19 deacutecembre 2003 relative agrave la recherche sur les cellules souches embryonnaires (Loi relative agrave la recherche sur les cellules souches LRCS) a pour but de preacutevenir toute utilisation abusive drsquoembryons surnumeacuteraires et de cellules souches embryonnaires et de proteacuteger la digniteacute humaine Pour ce faire elle fixe les conditions reacutegissant la production de cellules souches embryonnaires humaines agrave partir drsquoembryons humains surnumeacuteraires et lrsquoutilisation de ces cellules agrave des fins de recherche103 La LRCS prohibe diverses pratiques Lrsquoart 3 interdit en particulier

a de produire un embryon agrave des fins de recherche (art 29 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches agrave partir drsquoun tel embryon ou drsquoutiliser de telles cellules b de modifier le patrimoine heacutereacuteditaire de cellules germinatives (art 35 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de

99 Art 18 Loi sur la transplantation 100 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 101 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 147 102 Message Loi sur la transplantation FF 2002 19 p 146 103 Art 1 LRCS

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produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun embryon dont le patrimoine germinal a eacuteteacute modifieacute ou drsquoutiliser de telles cellules c de creacuteer un clone une chimegravere ou un hybride (art 36 al 1 de la loi du 18 deacutec 1998 sur la procreacuteation meacutedicalement assisteacutee) de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun clone drsquoune chimegravere ou drsquoun hybride ou drsquoutiliser de telles cellules d de deacutevelopper un partheacutenote de produire des cellules souches embryonnaires agrave partir drsquoun partheacutenote ou drsquoutiliser de telles cellules e drsquoimporter ou drsquoexporter un embryon au sens des let a ou b un clone une chimegravere un hybride ou un partheacutenote

Un projet de recherche utilisant des cellules souches embryonnaires ne peut ecirctre meneacute que si la commission drsquoeacutethique compeacutetente a donneacute un avis favorable et aux conditions suivantes

a le projet a pour but drsquoobtenir des connaissances essentielles 1 visant agrave constater traiter ou preacutevenir des maladies humaines graves ou 2 portant sur la biologie du deacuteveloppement de lrsquoecirctre humain

b des connaissances drsquoeacutegale valeur ne peuvent ecirctre obtenues drsquoaucune autre maniegravere c le projet satisfait aux exigences de qualiteacute scientifiques d le projet est acceptable au plan eacutethique

Il srsquoavegravere ainsi que lrsquoexigence de lrsquoarticle 12 lit a ch 1 preacuteciteacute eacutecarte ou du moins rend particuliegraverement difficile la possibiliteacute drsquoutiliser des cellules souches embryonnaires pour faire de la recherche agrave des fins de deacuteveloppement humain artificiel

v) Recherche impliquant des ecirctres humains

Lrsquoart 118b Cst adopteacute par le parlement et prochainement soumis au peuple et aux cantons attribue agrave la Confeacutedeacuteration la compeacutetence de leacutegifeacuterer sur la recherche sur lrsquoecirctre humain Le Conseil feacutedeacuteral a alors approuveacute et transmis agrave lrsquoassembleacutee feacutedeacuterale un projet de loi sur la recherche sur lrsquoecirctre humain (abreacutegeacute LRH) et le message y relatif104 Ce projet de loi vise agrave proteacuteger la digniteacute la personnaliteacute et la santeacute de lrsquoecirctre humain dans la recherche105 Il eacutetablit plusieurs regravegles geacuteneacuterales applicables agrave drsquoeacuteventuelles recherches visant le deacuteveloppement et lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain Mentionnons drsquoembleacutee que les projets de recherche qui ont pour but de modifier les caracteacuteristiques de lrsquoembryon ou du fœtus sans rapport avec une maladie sont illicites106 Cette regravegle est un simple rappel de la norme constitutionnelle poseacutee agrave lrsquoart 119 Cst107 Le message dans le commentaire de lrsquoart 24 du projet de loi tranche clairement la question de la pertinence et de lrsquoutiliteacute de recherches visant lrsquoameacutelioration de lrsquoecirctre humain par des modifications geacuteneacutetiques de fœtus ou drsquoembryons laquo La reacutealisation drsquoun projet de recherche qui a pour but de modifier les caracteacuteristiques du fœtus sans rapport avec une maladie est interdite en vertu de la 104 Les analyses ci-dessous sont fondeacutees sur les versions provisoires du projet et du message du 21 octobre 2009 105 Art 1 al 1 LRH 106 Art 24 LRH 107 Voir ci-dessus p 15

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preacutesente disposition Sont prohibeacutes drsquoune part les projets visant agrave modifier les caracteacuteristiques et les aptitudes propres agrave lrsquoecirctre humain Il srsquoagit ici de projets qui srsquoefforceraient de produire artificiellement des caracteacuteristiques ou aptitudes que lrsquoindividu ne possegravede pas naturellement Ces tentatives font depuis quelque temps lrsquoobjet de discussion sous la deacutesignation laquohuman enhancementraquo (meacutedecine meacuteliorative) Sont prohibeacutes drsquoautre part les projets de recherche ayant pour finaliteacute de modifier ou drsquoameacuteliorer des caracteacuteristiques humaines sans rapport direct avec la santeacute de la personne p ex lrsquoorientation sexuelle certains traits de caractegravere ou des particulariteacutes physiques comme la couleur des yeux Seuls sont autoriseacutes les projets de recherche qui ont pour but de traiter des maladies ou drsquoameacuteliorer la qualiteacute de vie en cas drsquoinfirmiteacute ou de malformations La liceacuteiteacute drsquoun projet de recherche doit ecirctre examineacutee concregravetement au cas par cas raquo108 De faccedilon geacuteneacuterale lrsquoart 5 pose le principe que la recherche sur lrsquoecirctre humain peut ecirctre pratiqueacutee uniquement si sa pertinence est eacutetablie pour la science ainsi que pour la compreacutehension des maladies humaines pour la compreacutehension de la structure et du fonctionnement du corps humain ou pour la santeacute publique Cette disposition reprend la regravegle consacreacutee par la Convention sur les droits de lrsquoHomme et la Biomeacutedecine du Conseil de lrsquoEurope109 et dans la leacutegislation suisse actuelle Il est particuliegraverement douteux que des projets de recherche visant uniquement une ameacutelioration de lrsquoecirctre humain remplissent cette condition Drsquoailleurs le message preacutecise que laquo [n]e seraient ainsi p ex pas autoriseacutes les projets de recherche visant agrave restreindre la libre opinion des personnes de maniegravere cibleacutee raquo110 En toute logique on peut deacuteduire de cet exemple que ce critegravere de pertinence exclu a priori la recherche en vue de modifications de la morale de personnes deacutetermineacutees Enfin mentionnons qursquoune autorisation de la commission drsquoeacutethique du canton dans lequel la recherche est proposeacutee est obligatoire pour la reacutealisation drsquoun projet de recherche Lrsquoautorisation est accordeacutee si les exigences eacutethiques juridiques et scientifiques de la loi sont remplies111 En autres eacuteleacutements de base que la CER devra eacutevaluer il srsquoagit de srsquoassurer que le principe de la primauteacute des inteacuterecircts de la personne sur les inteacuterecircts de la science et de la socieacuteteacute est bien respecteacute Proposer une recherche en matiegravere de dopage pourrait ainsi drsquoembleacutee en contradiction avec cette exigence agrave moins de deacutemontrer que la personne concerneacutee va effectivement beacuteneacuteficier de cette recherche sans risque drsquoinstrumentalisation Les arguments eacutevoqueacutees plus haut en matiegravere drsquoanalyse geacuteneacutetique humaine en droit du travail gardent ici toute leur pertinence

c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions

i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)

Les professions de meacutedecin dentiste pharmacien et chiropraticien sont reacuteglementeacutees par le droit feacutedeacuteral en vertu de lrsquoattribution de compeacutetence de lrsquoart 95

108 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 72 s 109 Voir lrsquoart 4 de la Convention httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml164htm et surtout le Protocole additionnel agrave la Convention sur les Droits de lHomme et la biomeacutedecine relatif agrave la recherche biomeacutedicale httpconventionscoeintTreatyfrTreatiesHtml195htm 110 Message LRH (version provisoire du 21 octobre 2009) p 54 111 Art 44 agrave 46 LRH

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Cst feacuted112 qui permet agrave la confeacutedeacuteration de leacutegifeacuterer sur lrsquoexercice des activiteacutes eacuteconomiques lucratives priveacutees Ces professions sont reacuteglementeacutees par la loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) qui fixe les conditions de formation permettant drsquoacceacuteder agrave ces professions et les regravegles drsquoexercice des professions meacutedicales universitaires Lrsquoart 4 LPMeacuted pose les objectifs de la formation universitaire En substance il srsquoagit de srsquoassurer que les professionnels concerneacutes seront en mesure de preacutevenir diagnostiquer et gueacuterir les troubles de la santeacute soulager les souffrances promouvoir la santeacute et fabriquer remettre ou distribuer des meacutedicaments En font eacutegalement partie le fait de pouvoir prodiguer aux patients des soins individuels complets et de qualiteacute (let a) de traiter les problegravemes en recourant agrave des meacutethodes reconnues scientifiquement en prenant en consideacuteration les aspects eacutethiques et eacuteconomiques (let b) et drsquoassumer leurs responsabiliteacutes dans le domaine de la santeacute et au sein de la collectiviteacute de maniegravere conforme aux speacutecificiteacutes de leur profession (let d) De faccedilon geacuteneacuterale en plus des soins et theacuterapies laquo [s]ie muumlssen aber auch die Faumlhigkeit haben aufzuzeigen wie Menschen und Tiere nicht nur die Krankheit verhindern sondern vor allem ihre Gesundheit foumlrdern und staumlrken koumlnnen raquo113 Les art 6 et 7 mentionnent les compeacutetences geacuteneacuterales que doivent posseacuteder les personnes ayant termineacute les filiegraveres drsquoeacutetude concerneacutees Citons les eacuteleacutements suivants de lrsquoart 6 al 1 LPMeacuted disposer des bases scientifiques neacutecessaires pour prendre des mesures preacuteventives diagnostiques theacuterapeutiques palliatives et de reacutehabilitation (let a) savoir reconnaicirctre et eacutevaluer les facteurs de maintien de la santeacute et en tenir compte dans leur activiteacute professionnelle (let c) ecirctre capables de deacuteterminer si les prestations qursquoils fournissent sont efficaces adeacutequates et eacuteconomiques et savoir se comporter en conseacutequence (let h) Lrsquoart 8 LPMeacuted pose les objectifs speacutecifiques de formation que doivent atteindre les personnes ayant termineacute leurs eacutetudes de meacutedecine humaine de meacutedecine dentaire ou de chiropratique Parmi ceux-ci on peut citer le fait drsquoecirctre capables de prescrire les meacutedicaments de faccedilon professionnelle respectueuse de lrsquoenvironnement et eacuteconomique (let c) drsquoœuvrer en faveur de la santeacute humaine en donnant des conseils et en prenant les mesures de preacutevention et de promotion neacutecessaires dans leur champ drsquoactiviteacute professionnel (let h) et de respecter la digniteacute et lrsquoautonomie des personnes concerneacutees connaicirctre les principes de base de lrsquoeacutethique ecirctre familiariseacutees avec les diffeacuterents problegravemes eacutethiques qui se posent dans leur profession et se laisser guider dans leurs activiteacutes professionnelle et scientifique par des principes eacutethiques visant le bien des ecirctres humains (let i) Lrsquoart 40 LPMeacuted deacutefinit les devoirs professionnels que doivent observer les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant Ces devoirs sont les suivants

a exercer leur activiteacute avec soin et conscience professionnelle et respecter les limites des compeacutetences qursquoelles ont acquises dans le cadre de leur formation universitaire de leur formation postgrade et de leur formation continue

112 Voir eacutegalement les art 63a et 118 Cst feacuted 113 THOMAS FLEINER com ad art 4 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) - Commentaire p 101

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b approfondir deacutevelopper et ameacuteliorer leurs connaissances aptitudes et capaciteacutes professionnelles par une formation continue c garantir les droits du patient d srsquoabstenir de toute publiciteacute qui nrsquoest pas objective et qui ne reacutepond pas agrave lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral cette publiciteacute ne doit en outre ni induire en erreur ni importuner e deacutefendre dans leur collaboration avec drsquoautres professions de la santeacute exclusivement les inteacuterecircts des patients indeacutependamment des avantages financiers f observer le secret professionnel conformeacutement aux dispositions applicables

g precircter assistance en cas drsquourgence et participer aux services drsquourgence conformeacutement aux dispositions cantonales

h conclure une assurance responsabiliteacute civile professionnelle offrant une couverture adapteacutee agrave la nature et agrave lrsquoeacutetendue des risques lieacutes agrave leur activiteacute ou fournir des sucircreteacutes eacutequivalentes

Les devoirs professionnels114 de la LPMeacuted concreacutetisent le but de la loi en garantissant la qualiteacute des soins meacutedicaux par le biais drsquoune surveillance effective des professionnels viseacutes Ce rapide survol des compeacutetences reconnues aux meacutedecins ainsi que des responsabiliteacutes qui sont les leur met en lumiegravere lrsquoimportance de respecter drsquoune part les regravegles de lrsquoart agrave savoir les laquoprincipes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo (ATF 108 II 5961) et drsquoautre part les droits et la digniteacute des patients Afin drsquoappreacutecier la reacuteception de nouvelles pratiques de deacuteveloppement humain artificiel dans la meacutedecine il convient donc drsquoeacutevaluer si ces pratiques peuvent ecirctre consideacutereacutees comme conforme aux regravegles de lrsquoart Cette question relegraveve principalement des compeacutetences et de lrsquoeacutethique professionnelles On notera qursquoun meacutedecin qui srsquoeacutecarte des regravegles de lrsquoart peut ecirctre tenu pour responsable vis-agrave-vis du patient indeacutependamment du consentement de ce dernier En effet le consentement est certes le motif justificatif par excellence de la violation des droits de la personnaliteacute qursquoimplique tout acte meacutedical et partant absolument neacutecessaire Il ne srsquoagit cependant pas drsquoune condition suffisante Encore faut-il que ce agrave quoi consent le patient soit admissible sous lrsquoangle de lrsquoart 27 al 2 CC autrement dit nrsquoest pas contraire aux mœurs ou agrave lrsquoordre juridique notions qui recoupent partiellement celle de laquo regravegles de lrsquoart raquo La question ne peut se reacutesoudre que dans un cas concret A priori il existe cependant quelques reacuteticences agrave inclure ces nouvelles pratiques dans lrsquoeacutethos professionnel Le meacutedecin concerneacute se trouve ainsi agrave assumer un lourd 114 Selon SPRUMONT ET AL les devoirs professionnels laquo sont des normes de comportement devant ecirctre suivies par toutes les personnes exerccedilant une mecircme profession raquo DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 385

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fardeau de la preuve par laquelle il devrait deacutemontrer la pertinence de son acte sous lrsquoangle tant meacutedico-scientifique que eacutethique Nous reviendrons sur cette question dans la section sur les produits theacuterapeutiques On ne peut toutefois ignorer la tendance geacuteneacuterale vers les pratiques de bien-ecirctre ou laquo wellness raquo comme cela se dit souvent Ce mouvement nrsquoest pas limiteacute au seul domaine meacutedical Drsquoautres professionnels de la santeacute eacutelargissent aujourdrsquohui leur champ drsquointervention dans des domaines qui ne relegravevent pas strictement du theacuterapeutique ou du prophylactique On peut mentionner eacutegalement les professions lieacutees agrave lrsquoestheacutetique agrave la cosmeacutetique ou encore les tatoueurs ou les perceurs Les personnes pratiquant ces professions doivent toutefois respecter lrsquoOrdonnance du DFI du 23 novembre 2005 sur les objets destineacutes agrave entrer en contact avec les muqueuses la peau ou le systegraveme pileux et capillaire et sur les bougies les allumettes les briquets et les articles de farces et attrapes115 Cette ordonnance preacutevoit des regravegles sur les mateacuteriaux et colorants utiliseacutes116 lrsquoobligation pour ces professionnels de prendre toutes les preacutecautions raisonnablement neacutecessaires afin de preacutevenir la transmission de toute infection dont fait partie lrsquoobligation drsquoutiliser du mateacuteriel steacuterile117 Le but de ces mesures est avant tout la protection de la santeacute des consommateurs Un autre point important meacuterite drsquoecirctre releveacute ces professions sont expresseacutement exclues de la liste des professions de la santeacute usuellement soumises agrave autorisation de pratique en droit cantonal sans parler des professions de la santeacute qui relegravevent du droit feacutedeacuteral (professions meacutedicales universitaires psychologues etc) Il ne srsquoagit donc pas de tomber dans la confusion lorsque des professionnels de la santeacute stricto sensu envahissent le champ de lrsquoestheacutetisme et de la cosmeacutetique Cela ne signifie pas neacutecessairement un changement de nature dans ces activiteacutes qui acquerraient ainsi un statut meacutedico-scientifique Comme pour les meacutedecins compleacutementaires dans les cantons romands il srsquoagit plutocirct drsquoune forme de toleacuterance de ces pratiques par les autoriteacutes tant que la santeacute publique est preacuteserveacutee et qursquoil nrsquoy a pas de confusion pour les patients entre ce qui se rapporte aux soins et ce qui relegraveve plutocirct du bien-ecirctre On notera que la deacuterive des professionnels de la santeacute dans des activiteacutes ougrave le marcheacute est en forte croissance soulegraveve un problegraveme reacuteel dans la situation actuelle de quasi peacutenurie de professionnels qualifieacutes Alors que le nombre de meacutedecins ou drsquoinfirmiers formeacutes en Suisse reste insuffisant pour maintenir une couverture des soins de lrsquoensemble de la population le fait que de nombreux professionnels abandonnent leurs activiteacutes de base pour se consacrer agrave des tacircches qui nrsquoentrent ni dans les soins ni dans la preacutevention est tregraves preacuteoccupant118 On voit drsquoailleurs ici toute lrsquoimportance de tracer une limite preacutecise entre preacutevention et deacuteveloppement humain artificiel La premiegravere relegraveve clairement aujourdrsquohui du systegraveme de santeacute alors que le second ne semble pas y appartenir

115 OFFICE FEDERAL DE LA SANTE PUBLIQUE OFSP Uniteacute de direction Protection des consommateurs Fiche drsquoinformation Tatouages et piercings comment ne pas risquer sa peau mai 2009 p 3 116 Lrsquoart 5 al 2 de lrsquoordonnance preacutevoit que les couleurs de tatouage et les couleurs de maquillage permanent ne doivent pas mettre en danger la santeacute du consommateur 117 Art 2 agrave 8 de lrsquoOrdonnance 118 Voir lrsquoarticle agrave paraicirctre de PETER SUTER preacutesident de lrsquoAcadeacutemie suisse des sciences meacutedicales dans les actes de la 16egraveme journeacutee de droit de la santeacute octobre 2009 Neuchacirctel

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d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires

i) Seacutecuriteacute des produits

La nouvelle loi sur la seacutecuriteacute des produits du 12 juin 2009 (LSPro) remplace et abroge119 la loi feacutedeacuterale du 19 mars 1976 sur la seacutecuriteacute drsquoinstallations et drsquoappareils techniques (LSIT) Elle vise agrave assurer la seacutecuriteacute des produits mis sur le marcheacute120 en geacuteneacuteral (un produit au sens de cette loi eacutetant tout bien meuble precirct agrave lrsquoemploi mecircme srsquoil est incorporeacute agrave un autre bien meuble ou immeuble) dans la mesure ougrave le droit feacutedeacuteral ne contient pas drsquoautres dispositions visant le mecircme but Elle srsquoapplique donc de faccedilon subsidiaire aux autres lois sectorielles reacuteglementant des cateacutegories de produits particuliegraveres121 A titre drsquoexemple mentionnons que les produits chimiques theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires ainsi que les objets usuels sont soumis agrave des reacuteglementations speacuteciales La LSPro pose les principes suivants

bull Peuvent ecirctre mis sur le marcheacute les produits qui preacutesentent un risque nul ou minime pour la santeacute ou la seacutecuriteacute des utilisateurs ou de tiers lorsqursquoils sont utiliseacutes dans des conditions normales ou raisonnablement preacutevisibles122

bull Lrsquoeacutetiquetage lrsquoemballage les instructions drsquoassemblage drsquoinstallation et drsquoentretien les mises en garde et consignes de seacutecuriteacute les instructions concernant lrsquoutilisation et lrsquoeacutelimination et toute autre instruction et information relatifs agrave un produit doivent ecirctre adapteacutes au risque speacutecifique lieacute audit produit123

bull La mise sur le marcheacute drsquoun produit nrsquoest pas soumise agrave une autorisation administrative mais agrave des controcircles ougrave le responsable de la mise sur le marcheacute doit apporter la preuve que le produit respecte les exigences en matiegravere de seacutecuriteacute et de santeacute124

bull Le responsable de la mise sur le marcheacute doit adopter des mesures pour ecirctre informeacute et preacutevenir les risques que peuvent preacutesenter un produit et en garantir la traccedilabiliteacute

Ces regravegles geacuteneacuterales doivent ecirctre respecteacutees pour la mise sur le marcheacute suisse de tout produit nrsquoeacutetant pas soumis agrave des regravegles speacuteciales plus strictes Concernant le deacuteveloppement humain elles ont donc vocation agrave srsquoappliquer agrave tout produit (au sens de bien meuble mentionneacute ci-dessus) nrsquoeacutetant pas soumis agrave une loi speacuteciale La plupart des produits et substances utilisables dans un but de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont soumis agrave des regravegles plus strictes en particulier la loi sur les produits theacuterapeutiques et la loi sur les denreacutees alimentaires

119 Art 20 LSPro 120 Lrsquoart 2 al 3 LSPro contient une deacutefinition tregraves large de la mise sur la marcheacute qui comprend toute remise drsquoun produit agrave titre oneacutereux ou gratuit que ce produit soit neuf drsquooccasion reconditionneacute ou profondeacutement modifieacute ainsi que lrsquousage en propre drsquoun produit agrave des fins commerciales ou professionnelles lrsquoutilisation drsquoun produit dans le cadre drsquoune prestation de services la mise agrave la disposition de tiers drsquoun produit et lrsquooffre drsquoun produit 121 Message LSPro FF 2008 6771 p 6791 122 Art 3 al 1 LSPro 123 Art 3 al 4 LSPro 124 Art 5 LSPro Voir Message LSPro FF 2008 6771 p 6803 s

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ii) Meacutedicaments

La loi sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux (loi sur les produits theacuterapeutiques LPTh) a pour but en geacuteneacuteral de proteacuteger la santeacute de lrsquoecirctre humain et des animaux et vise agrave garantir la mise sur le marcheacute de produits theacuterapeutiques de qualiteacute sucircrs et efficaces En particulier elle vise agrave ce que les produits theacuterapeutiques mis sur le marcheacute soient utiliseacutes conformeacutement agrave leur destination et avec modeacuteration125 Lrsquoart 4 LPTh deacutefinit les meacutedicaments comme laquo les produits drsquoorigine chimique ou biologique destineacutes agrave agir meacutedicalement sur lrsquoorganisme humain ou animal ou preacutesenteacutes comme tels et servant notamment agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps le sang et les produits sanguins sont consideacutereacutes comme des meacutedicaments raquo Pour accomplir les buts de la loi la LPTh eacutetablit un reacutegime drsquoautorisations La fabrication la mise sur le marcheacute suisse lrsquoimportation lrsquoexportation la vente en gros et de deacutetails de meacutedicaments ne sont possible que si lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (Swissmedic)126 a deacutelivreacute une autorisation drsquoexploitation agrave lrsquoentreprise requeacuterante Pour qursquoune autorisation de mise sur le marcheacute soit deacutelivreacutee le requeacuterant doit a apporter la preuve que le meacutedicament ou le proceacutedeacute est de qualiteacute sucircr et efficace b ecirctre titulaire drsquoune autorisation de fabriquer drsquoimporter ou de faire le commerce de gros deacutelivreacutee par lrsquoautoriteacute compeacutetente c avoir son domicile ou son siegravege social en Suisse ou y avoir fondeacute une filiale Notons que les art 23 ss de la LPTh classent les meacutedicaments dans cinq listes diffeacuterentes (A) les meacutedicaments sous ordonnance non-renouvelable vendus en pharmacie (B) les meacutedicaments sous ordonnance vendus en pharmacien (C) les meacutedicaments vendus en pharmacies (D) les meacutedicaments vendus en drogueries et (E) les meacutedicaments en vente libre La diffeacuterence entre les meacutedicaments en vente libre et ceux vendus sans ordonnance est que ces derniers ne peuvent ecirctre remis agrave un consommateur que par un professionnel formeacute et autoriseacute agrave vendre des meacutedicaments au deacutetail agrave savoir en principe un pharmacien ou un droguiste pour ceux de la liste D127 Les regravegles de base eacutetant poseacutees plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre deacuteveloppeacutes en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

(1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo

Selon le Tribunal feacutedeacuteral laquo [u]n meacutedicament ne sera pas autoriseacute sil ressort du dossier quil preacutesente un rapport beacuteneacutefice-risque neacutegatif lors de lusage auquel il est 125 Art 1 LPTh 126 Lrsquoinstitut suisse des produits theacuterapeutiques (swissmedic) est lrsquoautoriteacute suisse de controcircle et drsquoautorisation des produits theacuterapeutiques voir wwwswissmedicch 127 Art 24 et 30 LPTh

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destineacute sil na pas lefficaciteacute theacuterapeutique voulue ou si celle-ci nest pas suffisamment prouveacutee ou encore si sa composition ne correspond pas agrave celle qui est indiqueacutee (message concernant une loi feacutedeacuterale sur les meacutedicaments et les dispositifs meacutedicaux du 1er mars 1999 FF 1999 3151 ss 3193) raquo128 Dans le mecircme arrecirct il est encore mentionneacute ce qui suit laquo Il ressort du systegraveme dautorisation de mise sur le marcheacute dun meacutedicament que ladmission de celui-ci se rapporte toujours agrave des indications meacutedicales preacutecises Lexigence dun lien entre le meacutedicament et une application concregravete et deacutetermineacutee de celui-ci est inheacuterente au systegraveme de lautorisation puisquun meacutedicament est par deacutefinition destineacute agrave agir meacutedicalement sur lorganisme humain et sert agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps (art 4 al 1 let a LPTh) En plus de la qualiteacute du meacutedicament une autre des conditions de lautorisation est lefficaciteacute du produit theacuterapeutique (art 10 al 1 let a LPTh) soit sa capaciteacute agrave atteindre le reacutesultat theacuterapeutique viseacute par rapport agrave une maladie deacutetermineacutee La mise sur le marcheacute dun meacutedicament nest donc autoriseacutee quen relation avec les maladies pour le diagnostic la preacutevention ou le traitement desquelles le requeacuterant a apporteacute la preuve que le meacutedicament eacutetait efficace Si le requeacuterant entend par la suite eacutetendre le champ dapplication du meacutedicament au beacuteneacutefice dune autorisation agrave dautres indications il doit en faire la demande Les indications pour lesquelles le meacutedicament a eacuteteacute autoriseacute sont mentionneacutees dans la notice destineacutee aux professions meacutedicales et approuveacutee par Swissmedic Elles font eacutegalement lobjet du preacuteavis deacutelivreacute par Swissmedic preacutecisant lautorisation que cet institut entend donner ainsi que les indications et les dosages qui seront autoriseacutes La notice et le preacuteavis font partie des documents qui doivent par la suite ecirctre preacutesenteacutes agrave lOFAS avec la demande dadmission du meacutedicament dans la liste des speacutecialiteacutes (art 30a al 1 let a et b OPAS) raquo129 On peut deacuteduire de cet arrecirct et drsquoautres plus reacutecents130 qursquoune mise sur le marcheacute de meacutedicaments dans un but autre que theacuterapeutique (p ex de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo) devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic Un meacutedicament devant servir agrave diagnostiquer agrave preacutevenir ou agrave traiter des maladies des blessures et des handicaps ne peut ecirctre autoriseacute qursquoen relation avec une atteinte agrave la santeacute Le message concernant la LPTh conforte cette interpreacutetation pour plusieurs raisons Premiegraverement elle vise agrave restreindre lrsquoutilisation agrave des fins de dopage131 deuxiegravemement un meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute srsquoil preacutesente un rapport beacuteneacutefice risque neacutegatif Un produit ayant pour but une ameacutelioration cognitive physique ou autre preacutesente un beacuteneacutefice contestable concernant la santeacute srsquoil nrsquoa pas drsquoutiliteacute theacuterapeutique srsquoil preacutesente en plus des risques sa mise sur le marcheacute doit ecirctre refuseacutee Etant donneacute que la plupart des substances pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo pour des personnes en santeacute ont des fonctions theacuterapeutiques pour les personnes atteintes de maladies le critegravere de la mise sur le marcheacute est selon nous moins pertinent pour deacuteterminer les limites leacutegales des possibiliteacutes de deacuteveloppement humain artificiel que celui de lrsquousage hors eacutetiquette traiteacute ci-dessous

128 Tribunal feacutedeacuteral des assurances K10303 Arrecirct du 14 septembre 2004 et ATF 130 (2004) V p 532-546 p 537 129 ATF 130 (2004) V p 532-546 p 538 130 Notamment ATF 134 V 83 131 V 349 et 133 V 239 131 Message LPTh FF 1999 3151 p 3171

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(2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance Selon lrsquoart 26 LPTh Les regravegles reconnues des sciences pharmaceutiques et meacutedicales doivent ecirctre respecteacutees lors de la prescription et de la remise de meacutedicaments Le Message LPTh explique qursquolaquo [i]mplicitement cette prescription interdit la prescription et la remise abusives de meacutedicaments raquo132 Si une prescription abusive est interdite les meacutedecins disposent de la liberteacute theacuterapeutique en drsquoautres termes du libre choix de la theacuterapie agrave utiliser dans une situation donneacutee Lorsqursquoun meacutedicament est autoriseacute par Swissmedic lrsquoautorisation est accompagneacutee drsquoune laquo information professionnelle raquo133 contenant les indications et la posologie On parle alors drsquousage hors eacutetiquette en cas de prescription drsquoun meacutedicament par un meacutedecin deacuterogeant agrave cette information professionnelle autrement dit en cas drsquolaquo Einsatz eines Arzneimittels ausserhalb der registrierten Indikation in anderer Dosierung oder bei anderen Patientengruppen (off label) raquo134 En geacuteneacuteral la prescription hors eacutetiquette est admise et fait partie de la liberteacute theacuterapeutique du meacutedecin Elle est mecircme courante dans certaines disciplines comme la peacutediatrie la gyneacutecologie lrsquooncologie ou la geacuteriatrie135 Le deacuteveloppement de cette pratique est ducirc agrave plusieurs facteurs dont le fait que des meacutedicaments nrsquoont pas eacuteteacute autoriseacutee ni testeacutes sur des groupes de patients donneacutes et le fait que dans divers cas lrsquoinformation professionnelle est deacutepasseacutee et que lrsquoindustrie pharmaceutique ne la fait pas enregistrer pour les nouvelles applications scientifiquement attesteacutees136 Parallegravelement agrave lrsquolaquo usage hors eacutetiquette (off label use) raquo on parle de laquo unlicensed use raquo lorsqursquoun meacutedicament nrsquoest pas autoriseacute en Suisse laquo Dans ce cas le meacutedecin peut prescrire un meacutedicament sans autorisation particuliegravere pour autant que celui-ci ait eacuteteacute admis par un pays dont lrsquoautorisation est reconnue comme eacutequivalente agrave celles deacutelivreacutees en Suisse (pex UE ou USA) Si tel nrsquoest pas le cas le meacutedecin doit obtenir une autorisation speacuteciale de Swissmedic Pour pouvoir importer un tel meacutedicament le meacutedecin ou lrsquohocircpital aura en outre besoin drsquoune autorisation du canton raquo137 Le corollaire de lrsquoadmission de lrsquousage non autoriseacute et de lrsquousage hors eacutetiquette se trouve dans la responsabiliteacute du meacutedecin La responsabiliteacute civile des meacutedecins indeacutependants comme de toutes les personnes exerccedilant une profession meacutedicale universitaire agrave titre indeacutependant est fondeacutee sur le

132 Message LPTh FF 1999 3178 p 3209 133 Art 13 et annexe 4 Ordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les exigences relatives agrave lrsquoautorisation de mise sur le marcheacute des meacutedicaments 134 Mitteilung Arzneimittelpolitik FMH in Bulletin des meacutedecins suisses 2004 85 Nr 28 1485 Pour AYER laquo le meacutedicament qui figure dans la liste des speacutecialiteacutes mais qui est utiliseacute pour des indications qui ne figurent pas dans lrsquoautorisation de Swissmedic est qualifieacute de laquo hors eacutetiquette raquo raquo ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 135 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 18 ss 136 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 19 s 137 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20

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code des obligations plus preacuteciseacutement sur le contrat de mandat138 Pour que la responsabiliteacute contractuelle du meacutedecin soit engageacutee il faut donc une violation du contrat impliquant une faute ou une neacutegligence et un rapport de causaliteacute entre la violation du contrat et le dommage pour que le dommage subi par le patient soit imputeacute au meacutedecin En matiegravere meacutedicale la violation du contrat se traduit par une violation du devoir de diligence du meacutedecin crsquoest-agrave-dire une violation des regravegles de lrsquoart Les regravegles de lrsquoart se deacutefinissent comme laquo les principes eacutetablis par la science meacutedicale geacuteneacuteralement reconnus et admis communeacutement suivis et appliqueacutes par les praticiens raquo139 En conseacutequence une faute de diagnostic ou de traitement peut geacuteneacuterer la responsabiliteacute drsquoun meacutedecin si elle constitue une inobservation drsquoune des regravegles de lrsquoart140 En cas de prescription hors eacutetiquette le meacutedecin est responsable de la deacuterogation En cas de complication il doit donc pouvoir justifier que lrsquoutilisation faite du meacutedicament correspondait agrave lrsquoeacutetat actuel de la science141 La responsabiliteacute peacutenale du meacutedecin en cas drsquousage non conforme drsquoun meacutedicament par exemple est donneacutee lorsqursquoil reacutealise une infraction en geacuteneacuteral une infraction contre la vie ou lrsquointeacutegriteacute corporelle Le TF a eu lrsquooccasion de trancher cette question dans deux arrecircts reacutecents142 Le premier concerne un oncologue bacirclois ayant traiteacute des patients avec un meacutedicament non autoriseacute par Swissmedic143 Ce praticien expeacuterimenteacute administrait agrave ses patients les plus atteints du laquo Lipoteichonsaumlure (LTA) raquo Les autoriteacutes bacircloises lui ont alors interdit lrsquousage de cette substance Sur demande de certains patients le praticien a eacuteteacute autoriseacute agrave des conditions strictes agrave utiliser ce meacutedicament dans le cadre drsquoune laquo compassionate use raquo Par la suite le meacutedecin srsquoest agrave nouveau vu interdire lrsquoutilisation du LTA au motif qursquoil nrsquoavait pas respecteacute ses engagements preacuteceacutedents Devant le Tribunal feacutedeacuteral srsquoest poseacutee la question de savoir si lrsquooncologue incrimineacute avait mis en danger la vie de ses patients au sens de lrsquoart 127 CP Le tribunal a consideacutereacute qursquoen lrsquoespegravece lrsquoon ne pouvait retenir de volonteacute du praticien de mettre en danger ses patients Il a donc eacuteteacute acquitteacute Le deuxiegraveme cas est celui drsquoun meacutedecin zurichois accuseacute drsquohomicide par neacutegligence suite au deacutecegraves drsquoune patiente agrave qui il avait prescrit un meacutedicament dans un dosage exceacutedant la quantiteacute geacuteneacuteralement admissible144 La question srsquoest alors poseacutee de savoir si la mort de la patiente eacutetait due agrave une violation des regravegles de lrsquoart qui en lrsquoespegravece serait constitueacutee par lrsquoutilisation drsquoune dose non conforme A ce propos le TF a retenu que laquo [a]ufgrund fruumlherer Studien ist das Bundesgericht jedoch zum Schluss gekommen dass diese Dosierung einer gaumlngigen Therapieform und damit 138 Art 394 ss CO DOMINIQUE SPRUMONT MARC GUINCHARD DEBORAH SCHORNO com ad art 40 LPMeacuted in ARIANE AYER UELI KIESER TOMAS POLEDNA DOMINIQUE SPRUMONT (ED) Medizinalberufegesetz (MedBG) - Kommentar Loi sur les professions meacutedicales universitaires (LPMeacuted) ndash Commentaire p 408 s En cas de leacutesion commise par un meacutedecin par exemple un concours entre la responsabiliteacute contractuelle et deacutelictuelle est possible voir OLIVIER GUILLOD CHRISTOPHE RAPIN La responsabiliteacute rapport suisse in La responsabiliteacute aspects nouveaux (journeacutees panameacuteennes) Paris 2003 p 375-403 p 376 139 ATF 108 II 59 61 140 Idem 141 Acadeacutemie Suisse des Sciences Meacutedicales et la Feacutedeacuteration des meacutedecins suisses (FMH) (eacuted) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 20 142 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss 143 ATF 6B_402008 144 ATF 6B_6462007

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dem aktuellen Stand der Medizin entsprach An die Aufklaumlrungs- und Risikoabwaumlgungspflichten waren deshalb keine besonders strengen Anforderungen zu stellen raquo145 Mecircme si ces deux exemples ne traitent pas de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ils tendent agrave montrer que la liberteacute theacuterapeutique des personnes exerccedilant des professions meacutedicales universitaires est tregraves eacutetendue et permet une utilisation de meacutedicaments plus large que celle autoriseacutee Faut-il en deacuteduire que les meacutedecins disposent drsquoune large liberteacute de prescrire des meacutedicaments agrave des fins autres qursquoune theacuterapie Une reacuteponse neacutegative srsquoimpose en effet pour plusieurs raisons Premiegraverement le meacutedecin devant respecter les regravegles de lrsquoart pour ne pas devoir engager sa responsabiliteacute en cas de dommage des preuves scientifiques sont neacutecessaires pour pouvoir utiliser un meacutedicament hors eacutetiquette Mais pour que de telles preuves existent il faut que des recherches aient eacuteteacute meneacutees Comme vu ci-dessus il est douteux que des recherches puissent ecirctre meneacutees avec les risques qursquoelles comportent pour les sujets de recherche alors que les beacuteneacutefices escompteacutes nrsquoauront aucun but theacuterapeutique ou de santeacute publique En conseacutequence lrsquousage hors eacutetiquette de meacutedicaments agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne sera en toute logique pas autoriseacute principalement au motif que les recherches neacutecessaires pour arriver au niveau de seacutecuriteacute exigeacute par le droit suisse ne rentrent pas dans les conditions permettant leur mise en œuvre (critegravere de la pertinence et adeacutequation entre risque potentiel et beacuteneacutefice escompteacute) Deuxiegravemement le meacutedecin devra suffisamment informer le patient pour qursquoil puisse consentir au traitement en connaissance de cause Si les beacuteneacutefices drsquoun meacutedicament ne sont pas suffisamment deacutemontreacutes scientifiquement dans une situation donneacutee lrsquoincertitude doit mener agrave la prudence pour le patient et surtout pour le meacutedecin dans les conseils qursquoil prodigue au vu lrsquoengagement de sa responsabiliteacute Les conseacutequences envisageables de meacutedicaments soumis agrave ordonnance sur la santeacute et les conseacutequences patrimoniales pour le patient (les conditions de remboursement drsquoun meacutedicament prescrit hors eacutetiquette eacutetant strictes146) doivent reacuteguler des utilisations trop laquo fantaisistes raquo de meacutedicaments Troisiegravemement le principe drsquoeacuteconomie mentionneacute agrave lrsquoart 6 al 1 let h LPMeacuted et dans drsquoautres lois pose une restriction de principe agrave la fourniture de prestations qui ne sont pas efficaces adeacutequates et eacuteconomiques

(3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)

La LPTh limite les possibiliteacutes de faire de la publiciteacute pour les meacutedicaments147 Son article 31 pose le principe que la publiciteacute destineacutee au public ne peut ecirctre faite que pour des meacutedicaments non soumis agrave ordonnance Une publiciteacute pour les autres meacutedicaments ne peut ecirctre adresseacutee qursquoaux personnes autoriseacutees agrave prescrire et 145 CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1215 146 Voir ci-dessous p 42 147 Selon lrsquoart 2 al 1 OPMed la publiciteacute se deacutefinit comme laquo toute forme drsquoinformation de prospection ou drsquoincitation qui vise agrave encourager la prescription la remise la vente la consommation ou lrsquoutilisation de meacutedicaments raquo

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remettre des meacutedicaments148 Lrsquoart 32 LPTh pose encore des conditions strictes dans lesquelles les publiciteacutes pour meacutedicaments sont autoriseacutees Suivant cette disposition est illicite a la publiciteacute trompeuse ou contraire agrave lrsquoordre public et aux bonnes moeurs b la publiciteacute pouvant inciter agrave un usage excessif abusif ou inapproprieacute de meacutedicaments c la publiciteacute pour les meacutedicaments qui ne peuvent ecirctre mis sur le marcheacute en Suisse Est illicite la publiciteacute destineacutee au public pour les meacutedicaments a qui ne peuvent ecirctre remis que sur ordonnance b qui contiennent des stupeacutefiants ou des substances psychotropes viseacutes par la loi du 3 octobre 1951 sur les stupeacutefiants1 c qui du fait de leur composition et de lrsquousage auquel ils sont destineacutes ne peuvent ecirctre utiliseacutes pour le diagnostic la prescription ni le traitement correspondant sans lrsquointervention drsquoun meacutedecin d qui font freacutequemment lrsquoobjet drsquoun usage abusif ou qui peuvent engendrer une accoutumance ou une deacutependance Selon le TF laquo [l]a publiciteacute destineacutee aux professionnels (publiciteacute pour des produits theacuterapeutiques adresseacutee aux personnes qui les remettent ou les prescrivent) ne doit pas inciter agrave un emploi abusif ou inapproprieacute des produits theacuterapeutiques Une autorisation de publiciteacute pour des applications qui ne sont pas autoriseacutees sous langle du droit des produits theacuterapeutiques serait contraire aux principes de la protection de la santeacute et de celle des consommateurs ainsi quau principe de lutilisation modeacutereacutee des produits theacuterapeutiques raquo149 Lrsquoordonnance sur la publiciteacute pour les meacutedicaments ajoute entre autres les eacuteleacutements suivants

bull la publiciteacute tant destineacutee aux professionnels qursquoau public doit se limiter aux indications et aux possibiliteacutes drsquoemploi reconnues par lrsquoinstitut (art 5 al 1 et 16 al 1 OPMeacuted)

bull La publiciteacute destineacutee au public doit preacutesenter le meacutedicament de faccedilon veacuteridique et sans exageacuteration que ce soit par lrsquoimage le son ou la parole (art 16 al 2 OPMeacuted)

bull la publiciteacute destineacutee au public pour des indications ou des possibiliteacutes drsquoemploi neacutecessitant un diagnostic ou un traitement meacutedical ou veacuteteacuterinaire est illicite (art 21 al 1 OPMeacuted)

bull les eacuteleacutements qui suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre ameacutelioreacute par lrsquoutilisation du meacutedicament sont interdits (art 22 let d OPMeacuted)

bull suggeacutereraient que lrsquoeacutetat de bonne santeacute ordinaire du sujet puisse ecirctre affecteacute par la non-utilisation du meacutedicament (art 22 let e OPMeacuted)

148 Les personnes autoriseacutees agrave remettre des meacutedicaments sont eacutenumeacutereacutees aux art 24 ss LPTh Lrsquoart 3 OPMeacuted preacutecise que cette disposition les meacutedecins dentistes veacuteteacuterinaires pharmaciens et droguistes 149 Topamax Bundesgericht vom 1 Oktober 2008 Unzulaumlssige Bewerbung nicht genehmigter Arzneimittelanwendungen II oumlffentlichrechtliche Abteilung Abweisung der Beschwerde Akten-Nr 2C9320088 in sic 2009 p 93 ss p 93

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Les deux derniers eacuteleacutements mentionneacutes sont clairs toute publiciteacute pour des meacutedicaments pour un usage de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo est interdite en Suisse

(4) Interdiction du dopage Lrsquoentreacutee en vigueur de la LPTh srsquoest accompagneacutee drsquoune modification de la Loi encourageant la gymnastique et les sports150 par lrsquoadjonction drsquoun nouveau chapitre Vb sur les mesures contre le dopage (art 11b agrave 11f) En particulier lrsquoart 11d interdit laquo a de fabriquer drsquoimporter drsquoacqueacuterir pour des tiers de distribuer de prescrire et de remettre des produits destineacutes au dopage b drsquoappliquer des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Eleacutement important lrsquoart 11f introduit des sanctions peacutenales pour toute personne qui contribue au dopage en particulier qui laquo fabrique importe acquiert pour des tiers distribue prescrit ou remet des produits dopants ou applique des meacutethodes de dopage agrave des tiers raquo Cette disposition vise directement les professionnels de la santeacute qui pourraient participer agrave des activiteacutes dopantes Ces dispositions leacutegales sont compleacuteteacutees par deux ordonnances

bull - ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et meacutethodes de dopage (Ordonnance sur les produits dopants)

bull - ordonnance du 17 octobre 2001 sur les exigences minimales agrave respecter lors des controcircles antidopage (Ordonnance sur les controcircles antidopage)

Lrsquoart 2 de lrsquoordonnance sur les produits dopants offre la deacutefinition leacutegale du dopage agrave savoir laquo lrsquoutilisation de produits des classes de substances interdites ou de meacutethodes interdites par la preacutesente ordonnance raquo On constatera que cette deacutefinition rejoint celle consacreacutee dans la Convention internationale contre le dopage dans le sport151 elle-mecircme reprenant les principes du code mondial antidopage La Suisse participe ainsi aux efforts internationaux en matiegravere de lutte contre le dopage dont la tendance est de se renforcer On notera que les objectifs de cette lutte sont multiples Il srsquoagit de garantir le fair-play dans le sport en preacuteservant ainsi lrsquoimage positive de cette activiteacute et de proteacuteger la santeacute des athlegravetes Non seulement la santeacute des sportifs qui se dopent prenant ainsi des risques seacuterieux mais eacutegalement celles des autres athlegravetes qui dans un environnement ougrave de nombreux sportifs seraient dopeacutes nrsquoauraient pas drsquoautre choix que de se doper eux-mecircmes pour maintenir leur performance Paradoxalement il nrsquoy a pas lieu de srsquoeacutetendre dans ce rapport sur la question de la lutte antidopage dans la mesure ougrave lrsquoengagement des gouvernements et des autoriteacutes semble clair De telles pratiques ne semblent pas devoir ecirctre autoriseacutees dans les anneacutees agrave venir bien au contraire Sous lrsquoangle du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo la condamnation du dopage dans le sport est largement partageacutee au niveau international La Suisse vient drsquoailleurs de se doter drsquoun organisme adhoc pour respecter ses engagements internationaux la fondation laquo Antidopage 150 RS 4150 151 RS 08121222

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Suisse raquo152 Cette fondation est en charge de mener des campagnes de preacutevention et drsquoinformation mais aussi drsquoorganiser les controcircles antidopage des sportifs concerneacutes A ce propos il convient toutefois de souligner qursquoils ne touchent que les sportifs drsquoeacutelite dans le monde amateur ou professionnel La question reste ouverte dans les autres domaines drsquoougrave lrsquoimportance des normes analyseacutees dans le reste de ce rapport qui srsquoappliquent agrave tous et pas seulement dans le milieu du sport drsquoeacutelite Il srsquoagit lagrave sans doute drsquoune des grandes faiblesses de la lutte antidopage qui srsquoexplique en partie peut-ecirctre par le fait que la prioriteacute dans ce domaine est davantage la protection de lrsquoimage du sport que la protection de la santeacute des athlegravetes153

iii) Stupeacutefiants

La loi feacutedeacuterale sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes (LStup) eacutetablit un controcircle desdites substances en Suisse154 laquo La LStup reacuteglemente lrsquousage meacutedical des substances psychotropes et interdit en mecircme temps la production le commerce la deacutetention et la consommation de drogues agrave des fins non meacutedicales raquo155 Dans la regravegle La LStup interdit sous peine de sanctions peacutenales tout usage sans droit de stupeacutefiants dont la consommation la vente la production la culture le trafic lrsquoachat etc156 De nombreux produits potentiellement utilisables dans le domaine du deacuteveloppement humain et du dopage sont des stupeacutefiants au sens de la LStup citons par exemple les ampheacutetamines meacutethampheacutetamines cocaiumlne MDMA etc157 Preacutecisons drsquoembleacutee que selon lrsquoart 1 al 1bis LStup la loi sur les produits theacuterapeutiques srsquoapplique aux stupeacutefiants utiliseacutes comme produits theacuterapeutiques sauf si elle ne preacutevoit pas de reacuteglementation ou que sa reacuteglementation est moins eacutetendue La LStup soumet la fabrication la dispensation lrsquoacquisition et lrsquoutilisation de stupeacutefiants agrave des regravegles et une proceacutedure drsquoautorisation strictes des exceptions eacutetant preacutevues pour les meacutedecins utilisant ces produits dans le cadre de leur profession En geacuteneacuteral ces actions ne sont autoriseacutees qursquoagrave des fins meacutedicales les autorisations nrsquoeacutetant remises qursquoagrave des prestataires de soins meacutedicaux ou des entreprises de lrsquoindustrie pharmaceutique158

152 httpwwwantidopingchfrindexphp 153 Cf OLIVIER BANULS ISABELLA BURCZAK The anti-doping fight towards a greater protection of the athletersquos health travail de master FIFA master Universiteacute de Neuchacirctel 2006 154 Sur la deacutefinition des produits stupeacutefiants voir art 1 LStup qui mentionne laquo les substances et les preacuteparations ayant des effets du type morphinique cocaiumlnique et cannabique et qui engendrent la deacutependance (toxicomanie) raquo Pour une autre deacutefinition THOMAS FINGERHUTH CHRISTOF TSCHURR BetmG Kommentar com ad Art 1 p 60 laquo Als ldquoBetaumlubungsmittelldquo iSv Art 1 BetmG koumlnnen ganz allgemein natuumlrliche oder synthetische Stoffe und Praumlparate (= Zubereitungen) bezeichnet werden deren Gebrauch eine physische undoder psychische Abhaumlngigkeit erzeugen kann raquo La liste de tous les stupeacutefiants se trouve dans lrsquoOrdonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes et ses appendices 155 SIMONE LEDERMANN FRITZ SAGER La politique suisse en matiegravere de drogue Troisiegraveme programme de mesures de la confeacutedeacuteration en vue de reacuteduire les problegravemes de drogue (ProMeDro III) 2006-2011 p 33 156 Art 19 et 19a LStup 157 Ces substances sont inclues dans la liste des stupeacutefiants de lrsquoappendice a de lrsquoordonnance de lrsquoInstitut suisse des produits theacuterapeutiques sur les stupeacutefiants et les substances psychotropes 158 Voir par exemple les art 4 et 8 al 5 LStup

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iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels

(1) Denreacutees alimentaires Si le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo peut impliquer lrsquousage de meacutedicaments les denreacutees alimentaires et objets usuels peuvent eacutegalement jouer un rocircle dans ce cadre En effet on voit de plus en plus drsquoaliments fonctionnels (alicaments ou laquo nutraceuticals raquo) ayant des vertus de laquo santeacute raquo voire de deacuteveloppement humain Les denreacutees alimentaires sont deacutefinies comme eacutetant les produits nutritionnels destineacutes agrave la constitution et agrave lrsquoentretien de lrsquoorganisme humain qui ne sont pas procircneacutes comme meacutedicaments En application de lrsquoart 3 al 2 LDAI le fournisseur drsquoun produit peut deacutecider srsquoil souhaite vendre son produit comme denreacutee alimentaire respectivement objet usuel ou comme meacutedicament laquo [U]ne marchandise eacutechappe au controcircle des denreacutees alimentaires lorsquelle est procircneacutee ou vendue comme un meacutedicament mecircme si de par ses autres proprieacuteteacutes elle est au fond une laquodenreacutee alimentaireraquo et consommeacutee comme telle raquo159 Cette solution est logique vu que la proceacutedure drsquoautorisation de mise sur le marcheacute drsquoun meacutedicament est plus contraignante que la mise sur le marcheacute drsquoun aliment Le Message relatif agrave la LPTh preacutecise encore que laquo [l]a proceacutedure dannonce que linstitut peut preacutevoir pour certains meacutedicaments ou certaines cateacutegories de meacutedicaments apporte encore une plus grande simplification Elle vaudra pour les produits situeacutes dans la zone grise entre les meacutedicaments et les denreacutees alimentaires comme les tisanes ou les bonbons contre la toux ou les meacutedicaments homeacuteopathiques sans indication meacutedicale et visera uniquement agrave permettre un controcircle des preacuteparations en question notamment de leur qualiteacute dans le cadre de la surveillance du marcheacute par exemple raquo160 Les questions qui se posent dans ce contexte sont celles lieacutees agrave la mise sur le marcheacute de tels produits et agrave la publiciteacute qui en est faite Rappelons que les buts fondamentaux de la LDAI sont la protection de la santeacute des consommateurs et la protection contre les tromperies en particulier en lien avec les progregraves scientifiques et lrsquoeacutevolution des marcheacutes concerneacutes La mise sur le marcheacute des denreacutees alimentaires deacutepend de la cateacutegorie dans laquelle entre le produit nutritionnel traiteacute Les denreacutees alimentaires speacutecifieacutees (dont la liste est inscrite agrave lrsquoart 4 ODAIOUs) sont admises laquo Un produit ne peut ecirctre commercialiseacute comme aliment sans autorisation de lOFSP que sil satisfait aux exigences de la leacutegislation alimentaire et sil est deacutefini dans une ordonnance speacutecifique du produit raquo161 A lrsquoinverse les denreacutees alimentaires non speacutecifieacutees sont interdites sauf autorisation individuelle de lrsquoOFSP Les critegraveres importants pour lrsquoautorisation sont la composition lrsquousage preacutevu et lrsquoeacutetiquetage du produit Lrsquoautorisation peut ecirctre soumise agrave la condition que le requeacuterant prouve que le produit demandeacute est inoffensif162 Enfin les microorganismes et substances eacutetrangegraveres doivent se trouver dans les quantiteacutes les plus faibles possibles dans les produits

159 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 160 Message LPTh FF 1999 3151 p 3167 161 Informations tireacutees du site de lrsquoOFSP httpwwwbagadminchthemenlebensmittel048580486204875indexhtmllang=fr 162 Art 5 et 6 OADIOUs

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nutritifs en application du principe laquo aussi peu que possible aussi souvent que neacutecessaire raquo163 Il existe une cateacutegorie particuliegravere de denreacutees alimentaires deacutesigneacutee par lrsquoexpression laquo aliments speacuteciaux raquo Les aliments speacuteciaux sont des denreacutees alimentaires destineacutees agrave une alimentation particuliegravere qui du fait de leur composition ou drsquoun proceacutedeacute de fabrication speacuteciale soit reacutepondent aux besoins nutritionnels des personnes qui pour des motifs de santeacute doivent srsquoalimenter de maniegravere diffeacuterente soit contribuent agrave produire des effets nutritionnels ou physiologiques deacutetermineacutes164 Lrsquoart 2 de lrsquoOrdonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux mentionne les aliments suivants

bull les denreacutees alimentaires pauvres en lactose ou exemptes de lactose (art 5) bull les succeacutedaneacutes du sel comestible et les sels dieacuteteacutetiques (art 7) bull les denreacutees alimentaires pauvres en proteacuteines (art 8) bull les denreacutees alimentaires exemptes de gluten (art 9) bull les denreacutees alimentaires pouvant ecirctre consommeacutees par les diabeacutetiques

(art 13) bull les denreacutees alimentaires de substitution pour le controcircle du poids (art

16) bull les preacuteparations pour nourrissons (art 17) bull les preacuteparations de suite (art 18) bull les preacuteparations agrave base de ceacutereacuteales et autres aliments pour nourrissons et

enfants en bas acircge (art 19) bull les aliments destineacutes aux personnes ayant besoin drsquoun apport

eacutenergeacutetique ou nutritionnel accru (art 20) bull les aliments dieacuteteacutetiques destineacutes agrave des fins meacutedicales speacuteciales (art 20a) bull les aliments contenant de lrsquoextrait de malt (art 21) bull les compleacutements alimentaires (art 22) bull les levures alimentaires (art 22a) bull les micro-algues et les algues rouges calcaires (maeumlrl) (art 22b) bull les boissons speacuteciales contenant de la cafeacuteine (art 23)

Dans la regravegle les aliments speacuteciaux doivent se distinguer nettement des denreacutees alimentaires ordinaires (produits ordinaires) par leur composition et leur proceacutedeacute de fabrication et ils doivent satisfaire aux mecircmes exigences que les produits ordinaires correspondants agrave moins que leur destination particuliegravere ne requiegravere des deacuterogations165 Concernant la publiciteacute et lrsquoinformation lrsquoart 18 LDAI pose les deux regravegles suivantes la qualiteacute procircneacutee ainsi que toutes les autres indications sur une denreacutee alimentaire doivent ecirctre conformes agrave la reacutealiteacute et la publiciteacute pour les denreacutees alimentaires ainsi que leur preacutesentation et leur emballage ne doivent pas tromper le consommateur Lrsquoal 3 preacutecise que sont trompeuses les indications et les preacutesentations propres agrave susciter chez le consommateur de fausses ideacutees sur les effets speacuteciaux drsquoun aliment

163 Rapport explicatif relatif agrave la modification de la loi feacutedeacuterale sur les denreacutees alimentaires et les objets usuels p 15 164 Art 2 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux 165 Art 3 Ordonnance du DFI sur les aliments speacuteciaux

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(2) Objets usuels Les objets usuels qui nous inteacuteressent dans cette eacutetude sont principalement les produits de soins corporels et cosmeacutetiques dont les producteurs vantent les vertus drsquoameacutelioration estheacutetiques Dans la regravegle lors de leur emploi conforme agrave leur destination ou habituellement preacutesumeacute les objets usuels ne doivent pas mettre la santeacute en danger Lrsquoart 31 ODAIOUs dispose encore que toute mention attribuant aux objets usuels des proprieacuteteacutes curatives leacutenitives ou preacuteventives (p ex des proprieacuteteacutes meacutedicinales ou theacuterapeutiques des effets deacutesinfectants ou anti-inflammatoires des recommandations drsquoun membre du corps meacutedical) est interdite Selon lrsquoart 40 ODAIOUs le DFI fixe a les exigences auxquelles doivent satisfaire les couleurs pour le tatouage et le maquillage permanent ainsi que leur eacutetiquetage b les exigences auxquelles doivent satisfaire les appareils et instruments utiliseacutes pour le piercing le tatouage et le maquillage permanent Il srsquoavegravere donc eacutegalement essentiel en matiegravere drsquoobjets usuels de proteacuteger la santeacute des consommateurs en eacutevitant toute confusion avec des meacutedicaments ou dispositifs meacutedicaux destineacutes agrave traiter ou preacutevenir des maladies

e) Droit du travail

Nous avons vu ci-dessus qursquoen principe un employeur ne peut exiger drsquoun employeacute une analyse geacuteneacutetique preacutesymptomatique ni utiliser les reacutesultats drsquoune telle analyse166 De faccedilon plus geacuteneacuterale se posent de nombreuses questions en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et les relations de travail La performance eacutetant le plus souvent ce que recherche un employeur chez son employeacute la tentation peut ecirctre forte de seacutelectionner des employeacutes ayant ameacutelioreacutes leurs aptitudes ou drsquoaccroitre les aptitudes drsquoemployeacutes par des moyens artificiels Se pose alors la question de la protection du travailleur et de ses limites

i) Protection du travailleur

(1) En geacuteneacuteral Lrsquoart 328 du Code des Obligations preacutevoit la protection de la personnaliteacute du travailleur167 Selon cette disposition lrsquoemployeur doit entre autres proteacuteger la personnaliteacute la santeacute et lrsquointeacutegriteacute physique du travailleur168 Pour ce faire il doit prendre toutes les mesures que lrsquoon peut eacutequitablement exiger de lui Les art 6 LTr et 82 LAA obligent eacutegalement les employeurs agrave prendre les mesures neacutecessaires et

166 VINCENT CORPATAUX en lien avec lrsquoarrecirct ougrave le TF a retenu que des mesures de protection accrues eacutetaient requises pour proteacuteger la santeacute drsquoun employeacute allergique agrave la fumeacutee passive preacutecise que laquo la LAGH ne permettant qursquoexceptionnellement agrave un employeur de recruter ses employeacutes sur la base drsquoune analyse de leurs caracteacuteristiques geacuteneacutetiques (art 21 ss) un devoir accru de protection pourra ecirctre attendu de sa part dans des cas potentiellement nombreux raquo VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 75 167 Cette disposition concreacutetise les principes geacuteneacuteraux de protection de la personnaliteacute de lrsquoart 28 CC agrave la relation employeur ndash employeacute 168 Font partie des valeurs proteacutegeacutees la vie et lrsquointeacutegriteacute corporelle la santeacute physique et psychique lrsquointeacutegriteacute morale et la consideacuteration sociale la jouissance des liberteacutes individuelles et la sphegravere priveacutee JEAN-BERNARD WEBER Travail et protection de la personnaliteacute in Plaumldoyer 22002 p 46 ss p 47

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raisonnables afin de proteacuteger les employeacutes des maladies et accidents professionnels En application de cette disposition de principe lrsquoemployeur doit prendre toutes les mesures pour que lrsquoenvironnement et les conditions de travail de lrsquoemployeacute sauvegardent sa santeacute et sa personnaliteacute169 Les maladies professionnelles ainsi que toute autre atteinte de lrsquoemployeacute reacutesultant de lrsquoexercice de sa profession sont concerneacutees170 Traditionnellement les regravegles sur la protection de la santeacute des travailleurs ont eacuteteacute conccedilues en lien avec les maladies professionnelles et les accidents du travail Mais laquo la perspective srsquoest eacutelargie depuis une quinzaine drsquoanneacutees agrave la protection de la santeacute psychique des travailleurs raquo171

ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute

Dans le cadre de la protection du travailleur les limites doivent ecirctre poseacutees concernant ce que lrsquoemployeur peut demander ou imposer agrave ses employeacutes En lien avec le deacuteveloppement humain artificiel la question se pose de connaicirctre ces limites concernant les modifications et ameacuteliorations estheacutetiques et de performances (cognitives et physiques) De faccedilon geacuteneacuterale et sauf exceptions un employeur ne peut pas seacutelectionner les employeacutes plus reacutesistants dans le but qursquoils contractent moins vite voire pas du tout de maladies professionnelles mais doit au contraire adapter les conditions et lrsquoenvironnement de travail agrave la protection de la santeacute des employeacutes dans leur ensemble172 Au vu de cet eacuteleacutement un employeur ne peut a fortiori pas demander ou exiger drsquoun employeacute qursquoil emploie des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo comme par exemple la prise de ritaline Plus avant lrsquoemployeur a eacutegalement des obligations positives de preacutevention

iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

Si lrsquoemployeur ne peut pas laquo ameacuteliorer raquo ses employeacutes pas les moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo il doit en plus prendre toutes les mesures raisonnablement exigibles pour que ses employeacutes ne soient pas contraints de facto agrave utiliser ces techniques pour pouvoir remplir leurs obligations Dans un arrecirct 4C242005 du 17 octobre 2005 le Tribunal feacutedeacuteral a condamneacute un employeur agrave payer une indemniteacute pour tort moral drsquoun montant de CHF 10000- agrave une employeacutee placeacutee dans une situation contraignante par son employeur Si en lrsquoespegravece lrsquoemployeacutee nrsquoa pas eacuteteacute victime de mobbing le fait que son employeur la contraigne agrave devoir effectuer une quantiteacute de travail propre agrave nuire agrave sa santeacute psychique a eacuteteacute consideacutereacute comme une violation de ses droits173

169 Arrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 170 VINCENT CORPATAUX Protection du travailleur contre les effets nocifs de la fumeacutee passive commentaire de lrsquoarrecirct du TF 4C3542005 du 8 feacutevrier 2006 in Revue suisse de droit de la santeacute 22006 p 73 ss p 74 s 171 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 102 Sur le mecircme thegraveme voir WOLFGANG PORTMANN Stresshaftung im Arbeitsverhaumlltnis Erfolgreiche Stresshaftungsklagen gegen Arbeitgeber in der Schweiz und in anderen europaumlischen Laumlndern in ARV 2008 p 1-13 172 Message LAGH FF 2002 6841 p 6906 ss 173 Arrecirct du Tribunal feacutedeacuteral 4C242005 du 17 octobre 2005 consideacuterant 7

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On peut en deacuteduire qursquoun employeur ne peut exercer une trop forte pression sur ses employeacutes de faccedilon geacuteneacuterale par exemple en les astreignant agrave une charge de travail extrecircmement eacuteleveacutee nuisant agrave leur santeacute Les conditions de travail (charge de travail deacutelais horaires de travail etc) doivent pouvoir permettre aux employeacutes drsquoexercer leur emploi sans recours agrave des techniques de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans le mecircme sens selon DUNAND laquo [l]es conditions de travail doivent ecirctre adapteacutees aux capaciteacutes de lrsquoecirctre humain Lrsquoemployeur offrira aux travailleurs un climat de travail qui exclut toute atteinte agrave leur santeacute psychique Le travail sera organiseacute de maniegravere agrave eacuteviter un stress inutile ou un eacutepuisement professionnel raquo174 Pour le mecircme auteur laquo il appartient agrave lrsquoemployeur de mettre sur pied un systegraveme drsquoorganisation rationnel et respectueux qui permette drsquoeacuteviter une mise sous pression excessive des employeacutes raquo175 Le fait que dans certains milieux professionnels des comportements se rapprochant de ceux du dopage soient toleacutereacutes voire encourageacutes ne deacutedouane pas les employeurs de leurs obligations Il est vrai neacuteanmoins que rares sont ceux qui osent porter plainte dans ces conditions Il relegraveve alors de la responsabiliteacute du meacutedecin du travail srsquoil en existe de mettre en garde le travailleur sur les risques qursquoil encourt mais aussi drsquoavertir lrsquoemployeur des mesures agrave prendre pour corriger la situation

f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal

La question qui se pose concernant les assurances de soins est la prise en charge de traitements entrant dans la cateacutegorie du deacuteveloppement humain artificiel Dans la regravegle lrsquoassurance-accidents couvre les frais meacutedicaux conseacutecutifs agrave un accident professionnel ou non professionnel176 laquo Le but du traitement meacutedical est deacuteliminer de la maniegravere la plus complegravete possible les atteintes physiques ou psychiques agrave la santeacute raquo177 Lrsquoart 54 LAA pose la limite suivante ceux qui pratiquent aux frais de lrsquoassurance-accidents doivent se limiter agrave ce qui est exigeacute par le but du traitement Lrsquoassurance-accidents ne couvre donc en principe pas de prestations relevant du deacuteveloppement humain artificiel son but fondamental eacutetant de prendre en charge les coucircts des theacuterapies conseacutecutives aux accidents Parmi les prestations preacutevues par la LAMal lrsquoart 25 mentionne les meacutedicaments prescrits par un meacutedecin dans la mesure ougrave ils servent agrave diagnostiquer ou agrave traiter une maladie et ses seacutequelles Lrsquoart 32 LAMal pose encore trois conditions au remboursement par lrsquoassureur-maladie obligatoire qui sont que les prestations doivent ecirctre efficaces approprieacutees et eacuteconomiques Lrsquoefficaciteacute doit ecirctre deacutemontreacutee scientifiquement Pour ecirctre rembourseacute un meacutedicament doit eacutegalement ecirctre inscrit sur la liste des speacutecialiteacutes de lrsquoOffice feacutedeacuteral de la santeacute publique178 Mais le remboursement de meacutedicaments par les caisses-maladie est soumis agrave diverses autres conditions dont celle de lrsquoutilisation conforme agrave lrsquoinformation professionnelle

174 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 175 JEAN-PHILIPPE DUNAND Devoirs et responsabiliteacute de lrsquoemployeur in Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute Berne 2008 p 99 ss p 108 176 Art 6 ss LAA 177 ATF 113 V 45 consid 4 178 Art 52 LAMal

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approuveacutee et publieacutee dans le Compendium suisse des meacutedicaments179 En conseacutequence un usage hors eacutetiquette nrsquoest en principe pas pris en charge Toutefois le TF a retenu deux exceptions pour lesquelles une telle utilisation peut ecirctre rembourseacutee180 La premiegravere est que la prescription hors eacutetiquette du meacutedicament constitue une condition essentielle agrave la poursuite drsquoune prestation prise en charge par lrsquoassurance obligatoire de soins181 La seconde est qursquoil srsquoagisse laquo de traiter une maladie qui pourrait ecirctre mortelle pour lrsquoassureacute ou impliquer des problegravemes de santeacute graves et chroniques qursquoil nrsquoexiste pas drsquoalternative theacuterapeutique et que le meacutedicament concerneacute preacutesente un important beacuteneacutefice theacuterapeutique raquo curatif ou palliatif182 Au vu de la jurisprudence traitant du remboursement de meacutedicaments utiliseacutes laquo hors eacutetiquette raquo force est de constater que lrsquousage de meacutedicaments soumis agrave ordonnance dans le cadre du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo ne remplit pas les conditions permettant leur remboursement par lrsquoassurance obligatoire de soins Ces conditions ayant pour but de permettre au meacutedecin de soigner au mieux des maladies pour lesquelles les meacutedicaments efficaces nrsquoont pas eacuteteacute speacutecifiquement testeacutes aux fins de lrsquoautorisation par Swissmedic on voit mal comment il pourrait en aller autrement

179 Voir ARIANE AYER Prise en charge es meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 180 ATF 130 V 503 BGE 130 V 544 ATF 131 V 349 181 ARIANE AYER Prise en charge des meacutedicaments laquo hors eacutetiquette raquo un espoir pour le traitement des maladies orphelines Preacutesentation de lrsquoATF 130 V 532 in Revue suisse de droit de la santeacute 72005 p 7 ss p 9 et la jurisprudence citeacutee 182 ACADEMIE SUISSE DES SCIENCES MEDICALES ET LA FEDERATION DES MEDECINS SUISSES (FMH) (ED) Bases juridiques pour le quotidien du meacutedecin Un guide pratique p 43

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3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations

La notion de laquo human enhancement raquo ne dispose pas actuellement de deacutefinition commune et arrecircteacutee Aux fins de cette eacutetude nous avons degraves lors ducirc commencer par en deacutefinir les contours et deacuteterminer les activiteacutes concerneacutees Le premier constat auquel nous sommes arriveacutes est que ces activiteacutes ne se limitent pas au dopage agrave la chirurgie estheacutetique ou au laquo wellness raquo Nous avons alors choisi drsquoappreacutehender cette notion de faccedilon large en parlant de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo expression qui nous apparait plus adapteacutee pour circonscrire la notion eacutetudieacutee Partant il nous a fallu trouver les dispositions leacutegales pertinentes et analyser les regravegles qursquoelles posent agrave la lumiegravere de cet ensemble drsquoactiviteacutes Nous avons alors constateacute que de nombreux champs du droit sont concerneacutes et que chaque activiteacute concerneacutee est reacuteglementeacutee de faccedilon propre Le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo nrsquoest pas appreacutehendeacute en tant que tel par le droit et ne le sera probablement jamais au vu de lrsquoensemble des diffeacuterentes activiteacutes et professions concerneacutees Dans de nombreuses situations les reacuteglementations eacutetudieacutees nrsquoont drsquoailleurs pas eacuteteacute eacutetablies en tenant compte du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Neacuteanmoins le droit positif suisse nrsquoest pas deacutemuni face aux possibiliteacutes de creacuteer des laquo surhommes raquo et pose des limites dans tous les domaines concerneacutes que lrsquoon pense agrave lrsquousage de meacutedicaments par des personnes en bonne santeacute en vue de modifications corporelles individuelles et volontaires aux possibiliteacutes pour une entreprise de demander des rendements surhumains agrave ses employeacutes ou agrave lrsquousage priveacute drsquoanalyses geacuteneacutetiques En conclusion nous pouvons mentionner que le droit suisse actuel ne connait pas de lacune manifeste concernant le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo Dans les diffeacuterents champs concerneacutes des limites claires semblent eacutetablies

bull Toute modification geacuteneacutetique volontaire ou positive drsquoenfants agrave naicirctre est prohibeacutee

bull Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine ne peut ecirctre utiliseacutee agrave des fins laquo reacutecreacuteatives raquo (par exemple pour deacuteterminer lrsquoaptitude drsquoun enfant agrave diffeacuterentes activiteacutes sportives) ou en vue de seacutelectionner des employeacutes

bull Le preacutelegravevement et la transplantation drsquoorganes en vue drsquoameacuteliorer les performances drsquoun corps sain sont pratiquement interdites En effet le preacutelegravevement drsquoorganes sur des personnes vivantes ne peut ecirctre effectueacute qursquoagrave la condition que le receveur ne puisse pas ecirctre traiteacute par une autre meacutethode Aucun traitement nrsquoeacutetant requis dans le cadre de deacuteveloppement artificiel force est de constater qursquoun preacutelegravevement est prohibeacute Concernant lrsquoattribution lrsquoordre de prioriteacute des requeacuterants deacutepend de lrsquourgence meacutedicale avec pour conseacutequence qursquoune transplantation laquo ameacuteliorative raquo est leacutegalement inconcevable

bull Les possibiliteacutes drsquoeffectuer de la recherche en vue de creacuteer de nouvelles meacutethodes et de nouveaux produits de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo sont limiteacutees par la neacutecessaire peseacutee drsquointeacuterecircts entre les risques et les beacuteneacutefices escompteacutes en particulier lorsque ces recherche doivent ecirctre meneacutees sur des ecirctres humains ou des cellules souches embryonnaires

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bull Les meacutedecins et professionnels de la santeacute sont limiteacutes dans leur activiteacute par le respect des regravegles de lrsquoart En conseacutequence ils ne peuvent sans risquer drsquoengager leur responsabiliteacute utiliser des produits et proceacutedeacutes agrave des fins non autoriseacutees De telles autorisations sont elles limiteacutees par les critegraveres permettant de faire les recherches neacutecessaires agrave leur deacutelivrance

bull La mise sur la marcheacute de meacutedicaments agrave des fins ameacutelioratives ne servant ni agrave diagnostiquer ni agrave preacutevenir ni agrave traiter une maladie devrait ecirctre refuseacutee par Swissmedic

bull La prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments nrsquoest possible qursquoagrave des conditions strictes ne permettant pas drsquoy inclure a priori le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo

bull Les regravegles de droit du travail obligent lrsquoemployeur agrave adapter les conditions de travail aux employeacutes (et non lrsquoinverse) et interdisent les conduites dopantes qursquoelles soient demandeacutees explicitement ou tacitement agrave travers des conditions de travail et des instructions les rendant neacutecessaire pour lrsquoemployeacute

bull Enfin les activiteacutes meacutedicales relevant du deacuteveloppement humain artificiel ne remplissent pas les conditions permettant une prise en charge par les assurances sociales que ce soit par exemple la LAA ou la LAMal

Si les aspects juridiques paraissent suffisamment clairs les questions drsquoeacutethique et de deacuteontologie meacutedicales doivent selon nous ecirctre aujourdrsquohui clarifieacutees afin drsquounifier les pratiques en particulier dans les cas limites difficiles agrave cateacutegoriser entre laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo theacuterapie ou preacutevention Enfin les personnes pratiquant les activiteacutes pouvant ecirctre utiliseacutees agrave des fins de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo et le public ndash patient usager consommateur ndash doivent enfin ecirctre clairement informeacutes des regravegles existantes et des limites poseacutees aux modifications volontaires de lrsquoecirctre humain

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PIERRE-YVES GERBER BETTINA KAHIL-WOLFF Introduction au droit suisse de la seacutecuriteacute sociale Cahiers genevois et romands de seacutecuriteacute sociale CGSS ndeg43-2009 ARMIN GRUNWALD Human Enhancement ndash What does laquo enhancement raquo mean here Newsletter Akademie-Brief No 88 avril 2009 p 1 ss HENRY GREELY et al Towards responsible use of cognitive enhancing drugs by the healthy in Nature Vol 456 11 December 2008 p 702 ss OLIVIER GUILLOD (eacuted) Santeacute et travail 14egraveme journeacutee de droit de la santeacute de lrsquoinstitut de droit de la santeacute Universiteacute de Neuchacirctel Berne 2008 OLIVIER GUILLOD DOMINIQUE SPRUMONT Le droit agrave la santeacute un droit en eacutemergence in De la Constitution eacutetudes en lhonneur de Jean-Franccedilois Aubert eacuted par Piermarco Zen-Ruffinen et Andreas Auer Bacircle 1996 p 337-353 FRANK HALDEMANN Verantwortung im Gentechnikrecht Bacircle 2009 CHRISTIAN HEDIGER Die Haftungsbestimmungen des Gentechnikgesetzes (art 30-34 GTG) Thegravese Lucerne 2008 Zurich Bacircle Genegraveve 2009 GENEVIEVE HELLER GILLES JEANMONOD JACQUES GASSER Rejeteacutees rebelles mal adapteacutees deacutebats sur leugeacutenisme pratiques de la steacuterilisation non volontaire en Suisse romande au XXe siegravecle Genegraveve 2002 JONATHAN HERRING Medical law and ethics Oxford 2006 HANS HOPPELER Doping Leistungssteigerung im Sport durch Medikamente in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 7 s JOHANNES HUBER Anti-Aging Strategien zur Alterungspraumlvention in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 16 s PETER JAumlGER ANGELA SCHWEITER Rechtsprechung des Bundesgerichts zum Arzthaftpflicht- und Arztstrafrecht mit einem Anhang unveroumlffentlichter Urteile Zurich Bacircle Genegraveve 2006 CHARLES JOYE (eacuted) Lrsquoanalyse geacuteneacutetique humaine quelles perspectives leacutegislatives Genegraveve Zurich Bacircle 2004 LEON R KASS ELIZABETH H BLACKBURN REBECCA S DRESSER et al Beyond therapy biotechnology and the pursuit of happiness A Report by the Presidentrsquos Council on Bioethics 2003 UELI KIESER (eacuted) ATSG-Kommentar Zurich Bacircle Genegraveve 2009 UELI KIESER Schweizerisches Sozialversicherungsrecht Zurich St-Gall 2008

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MARYAM KOHLER-VAUDAUX Le deacutebut de la personnaliteacute juridique et la situation juridique de lenfant agrave naicirctre eacutetude de droit suisse et aperccedilu des droits franccedilais et allemand Genegraveve Zurich Bacircle 2006 DAMIAN KOumlNIG DOMINIQUE SPRUMONT (eacuted) La xeacutenotransplantation dans lordre juridique suisse Technology Assessment - Document de travail 282001 Berne 2001 MORITZ W KUHN TOMAS POLEDNA (eacuted) Arztrecht in der Praxis Zurich Bacircle Genegraveve 2007 HARDY LANDOLT Oumlffentliches Gesundheitsrecht Zurich 2009 HARDY LANDOLT Rechtskunde fuumlr Gesundheits- und Pflegeberufe Berne 2004 PATRICK LAURE Dopage et socieacuteteacute Paris 2000 PATRICK LAURE Ethique du dopage paris 2002 PATRICK LAURE et al Histoire du dopage et des conduites dopantes les alchimistes de la performance Paris 2004 PATRICK LAURE CLAIRE BINSINGER Les meacutedicaments deacutetourneacutes crimes meacutesusages pratiques addictives conduites dopantes suicide euthanasie Paris 2003 DOMINIQUE LECOURT (dir) Dictionnaire de la penseacutee meacutedicale Paris 2004 CHRISTIAN LENK Meacutedecine drsquoameacutelioration Ameacuteliorer un corps sain in Bulletin ASSM 306 p 1 ss CHRISTIAN LENK Therapie und Enhancement Ziele und Grenzen der modernen Medizine Muumlnster 2002 CHRISTIAN LENK ANNA-KARINA JAKOVLJEVIĆ Ethik und optimierende Eingriffe am Menschen ethische Aspekte von Enhancement in der Medizin Bochum 2005 THOMAS LOCHER Grundriss des Sozialversicherungsrecht Berne 2003 SIGRID LORZ Arzthaftung bei Schoumlnheitsoperationen Berlin 2007 DOMINIQUE MANAIuml Les droits du patient face agrave la biomeacutedecine Berne 2006 JEAN MARTIN Deacutefis eacutethiques autour des nanotechnologies in Bulletin des meacutedecins suisses 200788 34 p 1394 ss PAUL MCCARTHY Liberal Freedoms Enhancement Isnt Eugenics in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 8 ANDY MIAH Engineering Greater Resilience or Radical Transhuman Enhancement in Studies in ethics law and technology Volume 2 Issue 1 2008 article 5

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MICHAEL J SELGELID An argument against arguments for enhancement in Studies in Ethics Law and Technology Volume 1 Issue 1 2007 Article 12 JOHANNES SIEGRIST MICHAEL MARMOT Social inequalities in health Oxford 2006 DOMINIQUE SPRUMONT MARKUS TRUTMANN (eacuteds) La recherche avec les cellules souches un deacutefi Mais pour qui Rapport IDS Ndeg 3 2003 JEANINE-ANNE STIENNON PAUL SCHOTSMAN Tous dopes eacutethique de la meacutedecine drsquoameacutelioration Bruxelles 2008 CHRISTOF STOCK Die Indikation in der Wunschmedizin Frankfurt am Main 2009 ASTRID STUCKELBERGER Introduction to anti-ageing medicine in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 12 ss ASTRID STUCKELBERGER Anti-Ageing Medicine Myths and Chances Zurich 2008 RUUD TER MEULEN Will enhancement make us better Ethical reflections on the enhancement of human capacities by means of biomedical technologies in Bulletin SSEB No 56 mars 2008 p 23 ss RUUD TER MEULEN The enhancement of human capacities by medical and biological technologies Will we be better off (Inaugural Address 29th of November 2006 Centre for Ethics in Medicine University of Bristol) DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz = Droit constitutionnel suisse Zurich 2001 PIERRE TSCHANNEN Staatsrecht der Schweizerischen Eidgenossenschaft 2 Aufl Berne 2007 CHARLES M THIEBAULD PIERRE SPRUMONT (dir) Le sport apregraves 50 ans Bruxelles 2005 DANIEL THUumlRER JEAN-FRANCcedilOIS AUBERT JOumlRG PAUL MUumlLLER Verfassungsrecht der Schweiz Droit constitutionnel suisse Zurich 2001 RINIE VAN EST PIM KLAASSEN MIRJAM SCHUIJFF Future Man ndash No Future Man La Hague 2008 ADRIAN VON KAENEL Das neue Bundesgesetz uumlber genetische Untersuchungen beim Menschen (GUMG) Eine Uumlbersicht aus arbeitsrechtlicher Warte in ARV 2007 145 ss FRANCcedilOIS VOUILLOZ Le nouveau droit suisse du dopage in AJP 2002 915 ss RENEacute WIEDERKEHR Fairness als Verfassungsgrundsatz Thegravese drsquohabilitation Lucerne 2006 Berne 2006

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CHRISTOPH WILLI Unkonventionelle medikamentoumlse Behandlungen Wo liegt die Grenze in Bulletin des meacutedecins suisses 200990 32 p 1214 ss CHRISTOPH WILLI Der informierte Patient ist der beste Patient Spannungsverhaumlltnis zwischen Werbung und Information fuumlr Arzneimittel und Medizinalprodukte benachteiligt Patienteninteressen in AJP 2008 159 ss ENITA A WILLIAMS Good Better Best The Human Quest for Enhancement Summary Report of an Invitational Workshop Convened by the Scientific Freedom Responsibility and Law Program American Association for the Advancement of Science June 1-2 2006 REMY WYLER (eacuted) Panorama en droit du travail Berne 2009 VLADIMIR M ZATSIORSKY (eacuted) Biomechanics in sport performance enhancement and injury prevention Oxford 2000 LEO ZONNEVELD (eacuted) Reshaping the Human Exploring Human Enhancement La Hague 2008

  • Table des matiegraveres
    • Introduction et contexte
    • 1) Deacutefinitions deacutelimitations et moyens du laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
      • a) Deacutefinitions laquo human enhancement raquo dopage chirurgie et meacutedecine estheacutetique et meacutedecine drsquoameacutelioration
      • b) Les diffeacuterentes facettes du laquo human enhancement raquo
        • i) Ameacuteliorations et modifications physiques
        • ii) Ameacuteliorations cognitives et modifications mentales
        • iii) Prolongation de la vie
        • iv) Modifications preacutenatales laquo libeacuterales raquo
        • v) Preacutevention primaire
          • c) Les meacutethodes du laquo human enhancement raquo
            • i) Les interventions sur lrsquoecirctre humain
            • ii) Les substances
              • d) Questions de terminologie du laquo human enhancement raquo au laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                • 2) La leacutegislation suisse et les activiteacutes de laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                  • a) Fondements constitutionnels
                    • i) Digniteacute humaine
                    • ii) Droit agrave la vie et liberteacute personnelle
                    • iii) Egaliteacute et interdiction des discriminations
                    • iv) Protection et encouragement des enfants et des jeunes
                    • v) Protection des consommatrices et consommateurs
                    • vi) Protection de la santeacute
                    • vii) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee et geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine humain
                    • viii) Geacutenie geacuteneacutetique dans le domaine non humain
                    • ix) Meacutedecine de la transplantation
                    • x) Recherche impliquant des ecirctres humains
                      • b) Leacutegislation sur la meacutedecine et la digniteacute humaine
                        • i) Procreacuteation meacutedicalement assisteacutee
                        • ii) Analyse geacuteneacutetique humaine
                        • iii) Meacutedecine de la transplantation
                        • iv) Recherche sur les cellules souches embryonnaires
                        • v) Recherche impliquant des ecirctres humains
                          • c) Leacutegislation sur les professions de la santeacute et les autres professions
                            • i) Professions meacutedicales universitaires (meacutedecins dentistes pharmaciens chiropraticiens)
                              • d) Leacutegislation sur les produits stupeacutefiants les meacutedicaments les produits theacuterapeutiques et les denreacutees alimentaires
                                • i) Seacutecuriteacute des produits
                                • ii) Meacutedicaments
                                  • (1) Possibiliteacute de mettre sur le marcheacute des produits theacuterapeutiques agrave des fins laquo ameacutelioratives raquo
                                  • (2) Prescription hors eacutetiquette de meacutedicaments soumis agrave ordonnance
                                  • (3) Possibiliteacute de faire de la publiciteacute pour drsquoautres usages que celui pour lequel le meacutedicament a eacuteteacute mis sur le marcheacute (usages hors eacutetiquette)
                                  • (4) Interdiction du dopage
                                    • iii) Stupeacutefiants
                                    • iv) Denreacutees alimentaires et objets usuels
                                      • (1) Denreacutees alimentaires
                                      • (2) Objets usuels
                                          • e) Droit du travail
                                            • i) Protection du travailleur
                                              • (1) En geacuteneacuteral
                                                • ii) Protection de la personnaliteacute du travailleur et protection de la santeacute
                                                • iii) Obligations de lrsquoemployeur en lien avec le laquo deacuteveloppement humain artificiel raquo
                                                  • f) Leacutegislation sur les assurances sociales en particulier LAA et LAMal
                                                    • 3) Pistes de reacuteflexion et propositions de recommandations
                                                      • Bibliographie
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