le yéty / septembre - décembre 2013

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Scène locale Septembre. 2013 Décembre. 2013 L’actualité des musiques amplifiées du 4.9 www.lechabada.com BENJAMIN PIAT THYLACINE PEPSO STAVINSKY

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L'actualité des musiques actuelles du 49

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Page 1: Le Yéty / Septembre - Décembre 2013

Scène locale

Septembre. 2013Décembre. 2013

L’actualité des musiques amplifiées du 4.9 www.lechabada.com

BENJAMIN PIATTHYLACINE

PEPSO STAVINSKY

Page 2: Le Yéty / Septembre - Décembre 2013

Formations

Tarifs, infos et inscrip.www.trempo.com02 40 46 66 33

• Stage international d’arrangements et de direction artistique des musi-ques pop rock (Liverpool, UK)>>> Du 15 au 25 oct 2013 - 77h 1 800€ (inc. voyage, hébergement et restau-ration) dont prise en charge AFDAS possi-ble de 1 500€ • Transmettre, enseigner et accompa-gner les musiques actuelles>>> Du 15 au 18 oct et du 15 au 20 déc 2013 - 56h900€ (pour les adhérents au Collectif RPM) / 1 200€ (pour les non-adhérents)

• Production en musiques électroni-ques >>> Du 4 nov 2013 au 24 mars 2014 - 42h (en 14 séances de 3h le lundi soir)485€• Organiser un spectacle, un festival>>> Du 25 au 28 nov 2013 - 28h 390€ • Atelier Rythme et Mesure>>> Les 7 et 8 déc 2013 - 9h40€

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Stages / AteliersMasterclasses

A l’heure où nous impri-mons ce Yéty, la date du On Stage#42 n’était pas encore calée, l’édition du 4 Décembre prochain

étant dédiée aux groupes répétant dans les locaux de La Cerclère (voir pré-sentation dans le Pro-gramme). Attendez donc encore avant d’envoyer vos démos, et surveillez le site Internet du Chabada où nous annoncerons d’ici la fin de l’année la date et conditions du OS#42. On se voit en 14!!

Les studios Tostaky Situés à l’arrière du Chabada, les Studios Tostaky sont un équipement entièrement dédié aux répéti-tions scéniques (filages) et à l’accompagnement des pratiques musicales (stages, ateliers, interventions d’accompagnement artistique...).Tarifs (pour groupes locaux)> 30€ la journée pour une répétition en condition scène sans le système façade > 50€ la journée pour une répétition en «configura-tion complète»

Pour tout renseignement : [email protected]

Locaux de répétition La Cerclère à 800 mètres du Chabada, la Cerclère regroupe 7 locaux de répétition ouverts tous les jours de 14h à 22h (sauf le lundi de 16h à 22h) et de 14h à 20h les WE et jours fériés.Tarifs> Local équipé (=sono, amplis, batterie) : 6€ / h >> forfait 25h : 140€ > Local semi-équipé (sono, avec ou sans batte-rie) : 4€ / h >> forfait 25h : 90€> Local au mois (formule sans sono) : 80€ > Local pro accès 24/24 (situé au Chabada) : 160€ / mois>>> + Adhésion annuelle à l’association (obligatoire) : 8€ (par an et par musicien)

Pour tout renseignement : [email protected]

Sauf indication contraire, tous les stages et ateliers ont lieu aux studios Tostaky (situés à l’arrière du bâtiment du Chabada).

• L’Harmonie FaciLe

Objectifs : • Comprendre les bases de l’harmonie et savoir les mettre à profit pour élargir son vocabulaire musicalContenus : • Construction et l’enchaînement des accords; réfléchir en termes de «degrés»; identifier les schémas fréquents• Visualisation sur la guitare : la méthode CAGED• Comment utiliser concrètement ces éléments (pour «repi-quer» facilement un morceau; transposer ; développer des thè-mes, des solos)• Comment développer son oreille

Atelier en 4 épisodes : Lun 7 et 21 oct., 4 et 18 nov., de 19h à 21h / 20€ (l’ensemble)

• L’acouStique FaciLe

Objectifs : • Comprendre les bases de l’acoustique (en local de ré-pète, pièce de mix, d’enregistrement) ainsi que les pos-sibilités et les limites du traitement acoustique.• voir en action quelques patches de baseContenus : • Différences entre isolation acoustique et traitement• Le son dans la pièce : le trajet du son; absorptions, réflexions, vi-brations• Conséquences et problèmes rencontrés : la fatigue auditive, les pièces «trompeuses», les mixages incohérents• Solutions : les grands principes du traitement; les solutions du commerce et le système D; les fausses bonnes idées• Etude d’un cas pratique

Atelier en 2 épisodes : Lun 2 et 16 déc, de 19h à 21h / 10€ (l’ensemble)

Et aussi nos désormais classiques M.A.O. Initiation, M.A.O. Perfection-nement, Réglage Batterie, etc.

Consultez www.lechabada.com (rubrique agenda > stages et ateliers) pour plus de détails. Les inscriptions se prennent à la billetterie du Chabada, ouverte du lundi au vendredi, de 10h à 12h et de 14h à 18h.

Pour tout renseignement supplémentaire :[email protected] 02 41 96 13 48

Le YetY Scène localeL’actualité des musiques amplifiées du 4.9

Une publication du Chabada / Contact : 02 41 34 93 [email protected] / Rédac chef : Kalcha / Rédaction de ce numéro : Kalcha / Mise en page : Jeff / lostpaper.org

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InterviewRencontre

La scène hip hop angevine est longtemps restée prostrée sur elle-même. Depuis deux ou trois ans, plusieurs projets très différents comme Dajanem, Humanist, Alakyn ou toi êtes venus prêter main forte aux (presque) vétérans de Nouvel R et Wadi et commencez à faire parler de vous hors du circuit hip hop pur et dur...

Angers est une petite ville, dans laquelle il ne se passe pas grand chose. Pour s’enri-chir il faut voyager. C’est pour ça je pense qu’il n’y a pas vraiment d’identité artisti-que commune. Pour moi la cause de la prostra-tion, c’est que tout le monde travaille dans son coin. Il n’y a pas de collectif de MC’s, pas vraiment de featurings. Devrait-il y en

avoir plus ? Est-ce bien ou mal ? Je ne sais pas et je ne vais pas dans ce sens, car je ne me reconnais pas vraiment artistiquement ici. Ce qui ne veut pas dire que je n’aime pas ma ville et ses artistes, juste que j’ai besoin d’aller ailleurs pour me développer. Mais je revendique mon appartenance à l’Ouest, l’An-jou, la Bretagne, notre culture provinciale, notre côté bon vivant, la douceur angevine. Notre force peut se situer plus au niveau de la diversité des projets solos, certains vont peut-être « réussir », car ce sont des projets relativement solides, je rajouterais les beat-boxers O’slim et L.O.S qui sont très bien par-tis, et qui se situent tous les deux dans des propos artistiques personnels. (...)

PEPSO STAVINSKYVous avez peut-être déjà croisé sa silhouette légèrement débraillée, la tignasse hirsute, l ’ air

éternellement mal réveillé, qu’ il danse au milieu de la piste ou qu’ il chauffe la salle derrière

un micro. Benjamin ‘‘ Pepso ‘‘ Stavinsky est un indécrottable noctambule, qui aime tellement

‘‘ voir la lune ‘‘ qu’ il a ainsi baptisé son premier album. Un disque à l ’image de son auteur,

plein de faux-semblants et de feelings à la cool.Retrouvez l ’intégralité de cet entretien sur www.lechabada.com

RAPPING ONTHE MOON

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Malgré ton air nonchalant, tu as toujours été très actif sur la scène hip hop, organisant des soirées au T’es Rock Coco, travaillant à consolider un réseau de rappeurs d’un peu partout... C’est une démarche peu commune aujourd’hui où beaucoup de jeunes groupes (hip hop ou autres) attendent plus volontiers qu’on leur propose des choses ?

On me parle souvent de mon air nonchalant, à cause de ma facette lente et calme je crois (rires). Je n’ai jamais cherché à le changer, ni à le cacher. J’ai plutôt essayé de faire avec et de travailler autour de ce contraste, afin de pouvoir me démarquer. Donc oui j’apparais comme quelqu’un de lent, et pourtant je dois être un des plus actifs ici en ce moment. Ça me plait, car c’est comme ça que je crée la surprise. Le T’es Rock coco c’est la famille, on est tous des potes, qui avons monté il y a quelques années l’asso-ciation Paï Paï avec laquelle j’organise les soirées « Bridging The Gap » entre autres. Je le fais au feeling, quand j’ai le temps, et des opportunités. Les MC’s que j’invite pour jouer sur scène sont aussi des potes et des artistes que j’apprécie, et on fait tout ça sans argent. Le but c’est juste de passer une bonne soirée, faire kiffer le public. Ici il n’y a pas de dimension spectaculaire, juste une instru, un micro, et un MC qui sait rapper et partager avec le public. On veut voir des sourires, des mains en l’air, du rap, des hanches qui bougent, des garçons, des filles, des vieux et des jeunes qui font la fête. On reste naturels et je crois que c’est pour ça que les gens kiffent. J’aime-rais bien développer ce concept sur des plus grosses soirées, car je suis persuadé que le public répondrait présent. La soirée de sor-tie de l’album le 24 mai dernier le prouve, ce n’était rien d’autre qu’une « Bridging The Gap » organisée à plus grosse échelle avec Ul3sons. La salle était remplie, on a passé une pure soirée.

Le rap aime généralement bien bomber le torse. Toi, au contraire, tu joues facile-ment au anti-héros. Tu dis par exemple dans «Les gens ne savent pas» que tu sais que ton disque fera un bide. C’est presque paradoxal de vouloir à ce point se singulariser dans un genre pour lequel tu fais tant pour le sortir de son ghetto ? C’est un peu «je t’aime, moi non plus»...

J’aime le rap, j’en écoute depuis que j’ai huit ans. Je suis un gosse du centre ville, qui ai grandi avec cette musique, mais aussi avec plein d’influences différentes. J’ai tou-jours traîné avec des gens de tous bords et de toutes catégories sociales. Si je cherche à me singulariser c’est parce que je suis sensible à la personnalité, au charisme d’un artiste. C’est pour ça que je cite l’in-fluence de Gainsbourg ou Bukowsky, mais il y en a plein d’autres comme Jean Gabin, Jacques Brel, ODB, Lino Ventura, Philippe Katerine, Robert De Niro, Louis de Funès, Chilly Gonza-

les, Jim Morrisson, etc. Je trouve toutes ces personnes impressionnantes grâce à leur classe et leur folie. Je crois que dans n’importe quelle discipline un artiste doit assumer ses différences, travailler autour de celles-ci. Aujourd’hui il y a beaucoup trop de copié/collé dans le rap, comme dans toutes les for-mes d’art. La technique, le travail il en faut c’est clair, mais sans propos personnel c’est vide. Tu peux parler de grands thèmes, mais si tu n’es pas concerné directement, ou si tu n’as pas croisé des vies qui l’étaient, ton propos sera bidon. J’ai vraiment du mal avec le rap encyclopédique, on est des artistes pas des professeurs. C’est pourquoi je ne parle quasiment que de moi, avec mes qualités, mes défauts, mes contradictions et c’est aussi pour ça je pense que certaines personnes se reconnaissent dans ce que je dis. Je parle de mes sentiments, et ce sont aussi les vôtres. Si tu veux sortir le rap de son ghetto, et ar-rêter d’être pris pour un cassos, alors parle des autres choses qui te touchent, ce qui ne t’empêchera jamais d’être subversif et contes-tataire bien au contraire. Car tu n’es pas le rap, tu es un humain, et j’espère qu’il y a d’autres choses qui te touchent, sinon tu ne parleras qu’à toi, et tu finiras schizophrène comme De Niro dans Taxi Driver, « You Talking to me » . Voilà ce que je peux dire aux rap-peurs aujourd’hui. Je me fous que la personne qui vienne me voir sur scène aime ou pas le rap, je veux juste partager des sentiments avec elle.

Ta musique mélange funk, nu-soul, acid-jazz, rap, deep-house. C’est finalement peu commun par chez nous, même si Hocus Pocus est déjà passé par là. Je me plante peut-être complète-ment, mais j’entends davantage d’influences an-glaises qu’américaines dans les instrumentaux? Qu’est-ce que tu as écouté qui t’a traumatisé dans le passé ?

Je ne sais pas si c’est de l’acid jazz à proprement parler, mais il peut y avoir des influences en effet, sur « Cigales feignan-tes » par exemple. Je pense que tu dis ça par rapport au mélange entre les samples issues de musiques organiques, pour la plupart noires américaines, et la musique électro qui va don-ner un côté plus actuel, anglais ouais, mais aussi French Touch. Je suis parti dans cette direction, car je traîne pas mal la nuit, et j’aime depuis longtemps danser sur ces sons. Quand j’ai réalisé l’album, je voulais qu’une fois joués sur scène les morceaux fassent dan-ser le public, c’était primordial. En matière de hip hop, j’écoute beaucoup ce qui se passe du côté de Détroit, Jay Dee, Black Milk, vers L.A, Flying Lotus et Odd Future, quelques groupes anglais, Foreign Beggars, Roots Manuva bien-sûr. Que des artistes qu’on catégorise « spé » mais qui pour moi développent des identités sans faire de concession. (...)

www.pepsostavinsky.com

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InterviewRencontre

Thylacine n’existe a priori que depuis un peu plus de deux ans. Pourtant, j’ai l’impression que tu as une idée très claire d’où tu veux al-ler. C’était un projet que tu as longtemps mûri dans ta tête avant de te lancer ?

Plus ou moins oui, je crois que je l’ai pas mal mûri inconsciemment lors de mes diverses expériences musicales dans des groupes en tant qu’instrumentiste. En apprenant et en gardant tout de côté. Mais je pense que c’est surtout parce que j’y suis plongé 24h/24 en ce moment…

Tu dois pas mal te retrouver dans le travail d’artistes comme Four Tet, Burial, Caribou ou Nathan Fake qui partent d’une musique de club et la transforment en quelque chose de plus in-timiste, plus délicat ?

Ah oui complètement, c’est vraiment comme ça que je conçois ma musique. Même si au départ je ne viens pas du tout du clubbing. Je me suis mis à l’électro avec l’envie de travailler le son et de composer seul. La dimension club a pris un peu d’ampleur grâce aux lives, et maintenant je

THYLACINE

Ecouter la musique de Thylacine, c ‘ est s ’ imaginer rentrer chez soi un brin mélancolique aux

premières lueurs du matin, dans les rues ressuscitantes de la ville, après une nuit dans un club chauffé à

blanc à surfer sur des infrabasses pachydermiques. Le jeune producteur William Rezé, accompagné de la

chanteuse Camille Després, a suscité bien des espoirs avec son premier maxi et on l ’ imaginerait volontiers

faire rapidement sa place à côté des grands noms de la scène électro hexagonale. Questions / réponses.

Retrouvez cet entretien sur www.lechabada.com

POST-CLUBBING

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joue un peu sur ces deux aspects, entre studio et club. Et oui ces artistes ont été de grandes influences pour moi, avec d’autres comme John Talabot, Modeselektor, Para One, Bonobo, Rone, etc.

Il y avait un morceau qui samplait le «Ne Me Quitte Pas» de Jacques Brel dans le précédent maxi. C’est à la fois culotté et surprenant dans l’electro. Tu as un rapport particulier à l’oeuvre de Brel ou à la chanson en règle générale ?

J’apprécie beaucoup l’œuvre de Brel, la chan-son en général beaucoup moins. C’est justement seulement chez certains artistes comme Brel que j’y vois un intérêt. Sur ce morceau je n’avais pas vraiment l’intention de m’attaquer à son œu-vre, mais plutôt de l’utiliser comme une petite piqûre de rappel et à la fois une ouverture sur une vision plus large que j’ai de la musique électronique.

A priori, tu travailles sur de nouveaux mor-ceaux. Peux-tu me dire vers quoi tu as envie d’évoluer ?

Les prochaines sorties ne vont pas être regrou-pées dans un maxi, actuellement j’aime beaucoup expérimenter à droite et gauche et ce serait illogique de faire comme si chaque morceau avait été composé avec une intention commune. J’aime vraiment beaucoup le format album, avec une continuité et un ensemble qui veut dire quel-que chose, mais là je découvre et expérimente beaucoup, je ne bosse pas aux mêmes endroits non plus et je me retrouve avec des morceaux qui ont leur propre identité. C’est ce qu’il y a de bien actuellement en musique, on est plus obligé de sortir un 1er EP, un deuxième, puis un album. Du coup je préfère les sortir un par un, accompagnés d’une vidéo à chaque fois. Je trouve ça plus intéressant de casser le rythme du CD et de voir la musique sous un autre an-gle. Musicalement c’est donc assez large, on y retrouve parfois pas mal d’influences de techno minimale berlinoise mais aussi de trip hop, plus travaillé rythmiquement. J’ai vraiment la volonté de m’enfermer le moins possible dans un style musical et de garder la liberté de pouvoir évoluer sans arrêt.

Tu sembles également bien aimer le travail de remix. Et c’est finalement assez rare pour un jeune artiste. Qu’est-ce que tu y trouves que tu ne trouves pas déjà dans la composition ? Comment choisis-tu les artistes avec qui tu collabores ?

Oui c’est vraiment un truc que j’apprécie beaucoup, ça me permet de travailler avec de nouvelles sonorités et de contraindre un peu la composition, c’est souvent là où l’on peut découvrir de nouvelles choses. Et c’est aussi l’occasion de sortir d’autres morceaux avec

moins de pression derrière, où je peux un peu plus me risquer. Et pour le choix des artis-tes je choisis souvent des groupes qui ont une musique complètements différente de la mienne, en tout cas pas électronique. Ça me permet de profiter d’enregistrements d’instruments et de sons que je n’ai pas. Mais je n’attache pas forcément d’importance au morceau d’origine, il faut juste qu’il y ait des sons qui me plaisent à l’intérieur.

Je crois que tu travailles aussi avec le chan-teur de VedeTT depuis peu ? On peut en savoir un peu plus ? As-tu l’impression de faire partie d’une scène particulière à Angers ? Il y a pas mal de groupes qui se tournent vers l’electro-pop en ce moment.

On bosse sur un morceau ensemble oui, j’espère avoir l’occasion de faire pas mal de collabo-ration, c’est vraiment quelque chose que j’ap-précie. Et je ne sais pas si il y a une scène particulière à Angers justement, il y a une scène pop/rock bien présente mais à part ça il y a très peu de choses, ou alors ça reste dans l’ombre. Et oui il y a beaucoup de groupes pop qui ont acheté un synthé mais de là à appeler ça de l’électro-pop…

Ta musique est pour l’instant plutôt bien accueillie par les médias et le milieu pro. Qu’est-ce que tu aimerais qu’il t’arrive dans les prochains mois ?

Là je viens de recevoir mes billets d’avion pour le Dokufest qui a lieu au Kosovo où je suis invité à jouer. Une copine à moi était au Kosovo il y a pas longtemps, elle a un peu fait écouter notre musique là-bas et ça à commencé à tourner un peu en soirée jusqu’à arriver au oreilles de la programmatrice. C’est d’abord un festival de courts-métrages et documentaires, et qui organise des concerts tous les soirs. C’est d’autant plus intéressant que je suis très pro-che du cinéma, je vais composer la BO pour un long-métrage qui est en tournage actuellement, et le premier clip qu’on a tourné va aussi su-rement avoir une vie en tant que court-métrage dans certains festivals. Cette invitation est une des meilleures choses qui me soit arrivé grâce à ce projet pour l’instant. Il n’y a pas beaucoup mieux que de pouvoir voyager grâce à sa musique, donc là dans l’idéal si ça pouvait continuer comme ça ce serait vraiment top !

Thylacine jouera en première partie de La Femme le samedi 12 Octobre 2013 au Chabada.

thylacine.bandcamp.com

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InterviewRencontre

Tu as fait un gros travail depuis ton premier maxi pour développer un univers plus person-nel, qui s’éloigne davantage de l’héritage de La Ruda, même si ton chant rappelle toujours un peu celui de Pierre Lebas. Comment vis-tu cette comparaison récurrente ? Est-ce facile/possible de « tuer le père » ?

Je le vis plutôt bien, Pierre est un ami et il a participé à l’évolution du projet. C’est grâce à lui que j’ai rencontré Gilles Théolier, à l’époque ingé son de La Ruda, maintenant mon manager. Avec Pierre nous co-écrivons des chansons, trois titres sur ce

premier album. J’arrive avec une mélodie et un premier jet de texte et nous travaillons autour de cette première mouture. Il est aussi de très bon conseil sur la métrique et le ton des morceaux, à chaque rencontre découle une riche collaboration. Je vis cette comparaison assez bien puisque les chansons qui peuvent se rapprocher du chant de Pierre sont celles que l’on a écrites et travaillées ensemble. Sept autres titres sont « bien à moi » avec ma plume et mon identité ! Aussi, on est tous inspiré de quelqu’un lorsque l’on fait de la chanson, on a tous une influence. Pour ma part, j’ai beaucoup écouté de chanson française !

BENJAMIN PIATIl y a quelques années, Benjamin Piat préférait se planquer derrière son surnom juvénile

Benouzz. Le jeune chanteur a fait du chemin depuis et s ‘est désormais accepté tel

qu’ il est, avec ses influences revendiquées (la Ruda en premier lieu) et ses singularités pro-

pres. Son premier album, ‘‘ Boîte à Musique ’’, sort à l ’automne et le Yéty est sur le coup

pour vous... Retrouvez cet entretien sur www.lechabada.com

QUE LE SON L’ EMPORTE

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On sent également un gros travail d’arrange-ment sur les morceaux. Comment composes-tu au départ ? A la guitare, au piano ? Comment ça se passe ensuite ?

Je compose toujours guitare et chant en même temps, bien souvent la mélodie ou la ryth-mique m’inspirent un texte. Pour ce qui est des paroles c’est assez curieux mais j’aime m’inventer des histoires, des personnages, des situations, des amours ou encore des endroits, c’est ce qui m’inspire… Concernant l’arrange-ment, je fonctionne de façon identique depuis le début du projet « Bénouzz ». J’arrive avec une mélodie, une rythmique guitare, un texte et ensuite je propose cela à mes musiciens. J’essaye de les orienter avec une couleur, une ambiance, parfois même un tempo… C’est pas toujours facile de décrire des émotions et des sentiments avec mes mots mais j’y parviens toujours avec un peu de patience et grâce au professionnalisme de mes musiciens… Sur ce premier album en particulier je me suis fait plaisir, j’ai eu le souhait de ne pas me fixer de limites, d’où l’intervention de cuivres, de piano, de chœurs, d’accordéon ou encore de xylophone !

Tu as déjà travaillé avec B-Roy (accordéoniste de Manu Chao), Seb Martel (ex-guitariste de -M-) ou Richard (guitariste de La Ruda). Dans quel cadre ? Ils sont sur l’album ?

Oui, concernant Bruno et Seb, j’ai eu la chance de les croiser sur ma route, on s’est bien entendus dès notre première rencontre, je leur ai donc proposé de participer à un titre du disque… C’était aussi un de mes souhaits d’avoir une couleur précise par morceau, B-Roy a un son très roots et à la fois très chaud, c’est exactement ce qu’il fallait pour «Confi-dence », en revanche pour «Leçon qu’j’aime», qui est un titre très doux, très feutré, Seb Martel a apporté la finesse et la légèreté qu’il fallait. Bruno et Seb ont une identité artistique bien marquée et c’est cela que je recherchais. Concernant Richard, il a intégré le projet un peu avant la fin de « La Ruda » en décembre dernier, je cherchais un guita-riste pour intégrer mon projet et Gilles, mon manager, me l’a présenté, c’est exactement le type d’arrangement qu’il fallait pour l’album. Richard a participé à tous les morceaux du disque et est désormais avec moi sur la tour-née « Boîte à Musique Tour ».

J’aime notamment beaucoup le morceau « Ceri-se » dans lequel on entend une interview d’une vieille chanteuse. De qui s’agit-il ? Piaf ? Fréhel ? Pourquoi cette interview ?

Oui effectivement l’interview de fin est celle de Piaf en sortie d’Olympia [source INA]. «Cerise» est une demoiselle du vieux Paname, c’était une rêveuse, elle aimait Edith Piaf… Et lorsque j’ai entendu cette interview je me

suis dit que Cerise aurait vieilli à l’iden-tique. L’une était danseuse étoile, l’autre chanteuse, mais elles avaient la même passion, la même croyance, la même foi et peut-être bien la même folie.

Tu étais en Italie cet été, et en Angleterre au printemps dernier. Comment réagit un public non-francophone à tes chansons ?

Eh bien, j’ai été assez étonné de l’accueil à l’étranger. Sincèrement, je ne m’attendais pas à cela. A chaque concert le public a été curieux de la découverte, j’aime tellement ça m’ouvrir à d’autres cultures…

Tu as déjà beaucoup joué, malgré un relatif anonymat médiatique. A notre époque, c’est de-venu très rare. Comment expliques-tu tous ces concerts ?

Je ne sais pas j’ai toujours entendu que l’école des caf’conc’ était l’étape nécessaire dans la musique pour se faire une expérience, pour appréhender la scène de la meilleure des manières. Et puis, c’est ma mission d’aller jouer ici, autre part et ailleurs. Je ne re-cherche pas la notoriété, le succès, mais jus-te l’échange par la scène et je me porte bien. Dans ce réseau, il y a un bouche à oreille qui fonctionne bien, les programmateurs de ces en-droits se passent le mot, et on m’appelle pour jouer maintenant…

Tu joueras au Chabada le 24 Octobre pour célé-brer la sortie de l’album. Tu sais déjà à quoi ça ressemblera (formation, invités...) ?

Bien sûr, j’y travaille déjà ! Le Chabada me propose trois jours de résidence pour pré-parer ce spectacle. Il sera complètement à l’image de l’album. Probablement sous formes de tableaux avec trois grandes parties qui représenteront chacune une couleur musicale. Il y aura plusieurs invités du disque et les musiciens qui me suivent depuis plus d’un an maintenant… Cette date du 24 Octobre au Cha-bada sera le début de la tournée et la date officielle de la sortie du disque, il y aura le même spectacle le 15 novembre aux 3 Baudets de Paris !

Benjamin Piat sera en apéro-concert le jeudi 24 Octobre au Chabada.

www.benjaminpiat.sitew.com

QUE LE SON L’ EMPORTE

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Sorties de disques

Depuis la fin de Bell Oeil (le groupe) en 2006, Bell Oeil (le chanteur) vous a peut-être donné l’impression d’avoir levé le pied. Ce n’était qu’une impression. Outre son premier album solo en 2011, et une palanquée de concerts chez l’habitant, Christophe Bell Oeil s’attelait surtout à son grand oeuvre. Depuis 2007, il planche en effet sur l’histoire grandiloquente de «Ferdinand», adolescent marginal et introverti, hanté par des démons qu’il peine à maîtriser. Le disque, d’abord ébauché sur ordinateur -offrant alors des possibilités démultipliées enfin à la hauteur du cerveau dérangé de son auteur-, prendra définitivement corps à la rencontre de Marc Leroy (ZEL), qui constituera pour l’occasion un véritable orchestre symphonique de 39 musiciens classique, pour finir par être décliné sur scène en un specta-cle gothique et inquiétant. Découpé en douze titres comme autant de tableaux d’une pièce de théâtre vic-torien, «Ferdinand» voyage dans le temps entre le 19ème et le début du 20ème siècle, et plonge l’auditeur en pleine ambiance fantastique ré-tro-futuriste façon Frankenstein ou Dr Jeckyll & Mr Hyde. D’ailleurs, à l’écoute du disque, la première com-paraison qui vient en tête, c’est la BO de «L’Etrange Noël de Monsieur Jack» de Tim Burton par Danny El-fman (notez que Christophe a tou-jours eu sur scène cette silhouette d’homme/insecte très burtonien). On se prend alors à rêver désormais d’un film d’animation à la hauteur de la musique !

CHRISTOPHE BELLOEILFerdinand(Emel)

www.christophebelloeil.fr

Mais qu’est-ce qu’ils ont bouffé, nom d’un chien?? Ou alors c’est de ne pas avoir sorti de disque depuis plus d’un an qui les met dans cet état-là? Eux qui gravaient auparavant des rondelles plus vite que nous des Yétys... Toujours est-il que les deux gonzos de The Forks reviennent plus en forme que jamais avec cette sep-tième sortie: quatre titres véloces, ra-geurs, inventifs et élégants. Le math-rock comme il devrait toujours être: sans calculette à la main mais avec beaucoup d’âme. Comme souvent avec The Forks, les titres simplement numérotés s’enchaînent comme s’ils n’étaient que les différents mouve-ments d’une seule et même oeuvre. Vous glissez le disque dans le lec-teur et, sans vous en rendre compte, vous vous retrouvez 21’28’’ minutes plus tard, le coeur battant, haletant d’avoir suivi cette batterie tachycar-dique (essayez de survivre aux mon-tagnes russes de «3»!), et sonné par ces riffs de guitare qui fouillaient en vous là où vous préférez justement que personne ne regarde. Sans pa-role, avec six cordes, deux baguettes et quelques fûts, The Forks écrivent des symphonies punk, des courts-métrages bruitistes, des poèmes post-rock. Ces deux-là n’en finissent plus de s’améliorer, et ça en devient flippant. Il serait plus que temps de les écouter à leur juste valeur!

THE FORKS7(Autoproduit)

theforks.bandcamp.com

Il faut parfois s’attarder sur les dé-tails. Sur la pochette de son nouveau maxi, Alex Grenier a écrit le «Trio» du titre en beaucoup plus gros que le mot «Power». Et c’est sûr que c’est sans doute le disque le plus calme et le plus jazz de toute sa discographie. On est désormais très loin du groove remuant des débuts du duo Sharkee. Après avoir décliné sa musique dans toutes les gammes du blues funky et de l’electro-jazz, du solo jusqu’au quintet, Alex Grenier a en effet décidé de s’atta-quer à la Note Bleue plus frontalement. Ces quatre nouveaux titres, enregistrés dans le célèbre studio parisien Mercre-di 9 et masterisés à l’encore plus célèbre Abbey Road de Londres, se prélassent donc dans un groove charnu, entre jazz funk intimiste et blues savant, comme ont pu le faire Grant Green ou George Benson dans les ‘80s. On sent vite que le nouveau trio prend énormément de plaisir à jouer ensemble, tellement qu’il a peut-être même parfois ten-dance à oublier l’auditeur moins initié? Ce «Power Trio!» nécessite en effet un certain bagage dans un certain jazz pour être pleinement apprécié. Les danseurs s’y retrouveront donc sans doute moins que par le passé mais connaissant le rythme effréné d’enre-gistrement du bonhomme, ils n’auront peut-être pas si longtemps à patienter avant de retrouver de quoi tortiller des fesses.

ALEX GRENIER Power Trio!(Tico Stud)

www.alexgrenier.fr

Page 11: Le Yéty / Septembre - Décembre 2013

Pepso Stavinsky a toujours suivi un chemin d’équilibriste dans le monde du hip hop : activiste forcené de l’underground et iconoclaste com-plètement décomplexé. Si ses efforts précédents souffraient trop souvent de comparaisons avec les Nantais de Hocus Pocus, son premier album «Voir La Lune» creuse désormais son propre sillon. Son rap y est plus que jamais influencé par la deep-house, l’acid-jazz et l’electro-funk et devrait en conséquence draguer bien au-delà des sphères habituelles du genre. Nos plus vieux lecteurs qui se souviennent avoir dodeliné de la tête sur les productions du label anglais Talking Loud au début des ‘90s (les premiers MC Solaar, Young Disci-ples...), voire les balbutiements de ce qu’on n’appelait pas encore la French Touch (La Funk Mob, DJ Gilb-R...), devraient même y retrouver le groo-ve de leurs 20 ans. S’il demeure ici ou là quelques maladresses de jeunesse dans le flow, il faut surtout souligner les réussites incontestables que sont les titres «Melocoton» qui accueille l’étonnante rappeuse anglaise Oracy, le synth et funky «L’Apéritif», le mélancolique «Voir La Lune» et son sample soul RZAesque en dia-ble, «Cigales Feignantes» où Pepso croise le mic avec l’excellent Safirius (MC des Rennais de Micronologie) ou encore le très loungy «Un verre de vin et une cigarette». Bonne nou-velle des étoiles, donc.

PEPSO STAVINSKYVoir La Lune(Autoproduit)

www.pepsostavinsky.com

Malgré son jeune âge, Benjamin Piat est un artiste à l’ancienne. Il a écumé les bars sordides à jouer ses chansons devant qui voudrait bien les écouter avant même de penser à sortir le moindre album, sans parler de clips promotionnels. Le résultat, c’est que ses chansons arrivent sur disque avec un vécu qui les rend forcément plus épaisses. C’est peut-être pour ça que les ritournelles de Benjamin ont su séduire des vieux brisquards comme Pierre Lebas (ex-chanteur de La Ruda, ici co-compositeur de trois titres), Seb Martel (ex-guita-riste de -M-), B-Roy (ex-accordéo-niste de Manu Chao) ou Richard Pauvert (ex-guitariste de La Ruda), tous actifs sur cette jolie «Boîte à Musique». Bien sûr, le chanteur s’inscrit pleinement dans la tradition chanson/swing et les amateurs de La Ruda (version débranchée), Thomas Dutronc ou Sansévérino ne seront pas vraiment déstabilisés. Mais si les influences sont encore palpables il ne faut pas pour autant sous-estimer le travail de l’Angevin pour trouver des arrangements originaux (cf. les cuivres majestueux en fond de «Leçon qu’j’aime», le xylophone/boite à musique à la fin de «Cerise», le piano de «Comptine»...). On trouve d’ailleurs les morceaux mé-lancoliques plus personnels que les sautillants. Au final, même si on reste en terres familières, plusieurs mélo-dies restent obstinément en tête, des heures après la fin du disque. Et c’est plutôt bon signe.

BENJAMIN PIATBoîte à Musique(La Fabrik Acoustik)

www.benjaminpiat.sitew.com

On n’en parle que trop rarement dans les pages du Yéty, mais il existe aussi une scène jazz locale qui met les bou-chées doubles pour faire avancer le Schmilblick. C’est le cas notamment du souffleur segréen Julien Behar qui est sur tous les fronts -pédagogiques et artistiques- depuis quelques années. Depuis 2009, il conduit par exemple le quatuor Z Comme (en clin d’oeil au saxophoniste new-yorkais John Zorn) où il s’emploie aux saxs, flûte, clarinette et gong, tandis que ses trois acolytes picards gèrent percussions (Christophe Chaïr), basse (Rémi Ga-dret) et vibraphone (Philippe Rak). Outre deux efficaces reprises de Ma-sada (l’une des formations de John Zorn), ce «Mockba 80» se la joue baroudeur (des Balkans au Maghreb) tout en évitant les pièges du jazz à papa. Z Comme privilégie en effet les ambiances et le groove général plutôt que de simplement combler les vides entres d’éventuels soli. Les amateurs de post-rock à la Tortoise devraient donc par exemple pouvoir y retrouver facilement leurs petits. Et le vibrapho-ne étant l’un des instruments les plus funky au monde, vous devriez de toute façon vous mettre à mover du body sans même vous en rendre compte. Planant et groovy à la fois, ce premier album offre une nouvelle preuve que la frontière psychologique entre le jazz et les autres musiques (dites actuelles) est aujourd’hui rongée de tous bords. Tant mieux!

Z COMMEMockba 80(Autoproduit)

zcommemusic.blogspot.fr

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