l'esthétique de merleau-ponty

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    1/27

    Presses Universitaires de Franceis collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Les tudesphilosophiques.

    http://www.jstor.org

    L'ESTHTIQUE DE MERLEAU-PONTYAuthor(s): Michal B. SmithSource: Les tudes philosophiques, No. 1, MICHEL HENRY / RECHERCHES (JANVIER-MARS 1988),

    pp. 73-98Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41581739Accessed: 30-11-2015 17:14 UTC

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    2/27

    L'ESTHTIQUE

    DE MERLEAU-PONTY

    Le

    but

    de

    ces

    pages

    est

    de

    dmontrer

    u'il

    existe

    chez

    Merleau-Ponty

    une

    thorie

    cohrente

    de

    l'esthtique,

    qu'elle

    transparat,

    ntgrale

    et

    moins

    ambigu

    qu'on

    ne

    l'a

    dit

    parfois,

    dans

    ses

    crits ur

    la

    peinture

    t

    le

    langage,

    et

    qu'elle

    est

    consquente

    sa

    thse

    du

    primat

    e

    la

    perception,

    dont elle constitue un dveloppementncessairesur le plan culturel.

    Par

    un

    renversement

    ien

    connu

    des ordres de

    la

    logique

    et

    de

    la

    dcou-

    verte,

    a

    rflexion u

    philosophe

    sur

    l'esthtique

    renouvel et

    modifi

    ses

    prmisses

    de

    dpart.

    Ayant

    nterrog

    onguement

    es

    nigmes

    de

    la

    cration

    plastique

    et

    verbale,

    Merleau

    Ponty

    fut

    amen,

    dans

    Le

    visible

    et V

    nvisible

    uvre

    nterrompue

    ar

    la

    mort,

    concevoir une

    ontologie

    indirecte.

    Conformment

    une

    obliquit

    essentielle

    qu'il

    avait

    dcou-

    verte

    dans

    toute

    expression,

    l

    en

    vint

    rformer

    'ide

    mme

    de

    la

    vrit.

    Au

    rve

    trompeur

    d'une

    vrit

    dentique, qui

    feraitde

    la

    connaissance

    concidence

    muette,

    crasement

    e

    l'esprit

    contre a

    chose,

    est

    substitue

    une vritde la vision. Cettedernire omporterait n cart inhrent

    qui

    ne

    nous

    spare

    pas

    des

    choses,

    qui

    au contraire ous

    donne notre

    eul

    accs

    possible.

    La

    proximit

    par

    distance

    *

    serait e

    principe

    et

    de

    la

    perception

    t

    de

    l'expression.

    Alphonse

    de

    Waelhens,

    dans

    une

    tude

    critique

    ur

    a

    philosophie

    de

    Merleau-Ponty,

    affirme

    ue

    la

    doctrine

    que

    nous

    tudions

    recle

    vraiment es

    germes

    d'une

    esthtique

    cohrenteet

    complte

    2. Or

    ce

    jugement

    de

    195

    1

    ne

    s'appuyait que

    sur

    deux

    textes

    yant

    trait

    l'esth-

    tique

    Le

    doute e

    Csanne

    t

    Le roman t

    a

    mtaphysiqueparus

    dans

    Cahiers

    du Sud et

    Fontaine

    respectivement,

    n

    1945,

    et

    repris

    dans

    le

    recueil

    Sens t non-sensn 1948).Nous auronsl'occasion de confirmer'panouis-

    I.

    Merleau-Ponty,

    e

    visible

    t

    V

    nvisible,

    allimard,964, . 170.

    2.

    A.

    de

    Waelhens,

    ne

    hilosophie

    e

    V

    mbigut,

    ouvain,

    967,

    .

    376.

    Les

    Etudes

    hilosophiques

    n

    1/1988

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    3/27

    74

    Michael B.

    Smith

    sementultrieur e cette sthtique n germe travers es analysesde Le

    langage

    ndirect

    t

    es

    voixdu silence

    Temps

    modernes

    1952,

    repris

    dans

    Signes

    i960),

    jusqu'

    sa culmination

    dans

    les

    pages

    foisonnantes

    d'images

    et

    de

    rsonances

    mtaphysiques

    de L'il

    et

    V

    sprit

    1961)

    et de

    Le

    visible

    et V

    nvisible

    posthume,

    1964).

    Mais avant

    d'aborder

    ces textes

    mthodiquement,

    l

    convient

    de

    situer

    l'esthtique merleau-pontyenne

    ans

    ses

    grandes lignes,

    dans

    l'ensemble

    de

    son uvre.

    Le rledel'esthtiqueans a philosophieeMerleau-Ponty

    Remy

    Kwant3

    distingue

    trois

    phases

    dans

    la

    carrirede Merleau-

    Ponty.

    La

    premire,

    elle

    de

    La structureu

    comportement1942)

    et

    de

    la

    Phnomnologie

    e

    a

    perception

    1945),

    voit

    l'tablissement

    es

    bases

    de

    sa

    philosophie.

    La

    seconde,

    un

    mouvement

    en

    largeur,

    correspond

    la

    traduction

    e cette

    philosophie

    en

    prises

    de

    position

    sur a

    religion,

    'art

    et la

    politique.

    La

    dernire

    phase

    constituerait

    ne

    nouvelle

    lance,

    peine esquisse

    dans

    le manuscrit nachev de

    Le

    visible

    t

    /'

    nvisible

    t

    dans

    un

    certainnombre

    d'essais

    datant de

    la mme

    poque;

    il

    s'agirait

    d'une rvision du rle de la contingenceen faveur d'une tlologie

    transcendante

    l'homme. Kwant

    trace mticuleusement ettervision

    quatre

    notes

    autocritiques epresparmi

    es brouillons

    de

    l'auteur.

    Cette

    rpartition,

    d'une

    nettet toute

    didactique,

    fait

    l'conomie

    d'un fait

    ssentiel

    la

    comprhension

    u

    penseur

    xistentialiste.

    oujours

    hostile

    la

    pense

    de

    survol

    ,

    Merleau-Ponty

    n'a

    jamais

    cru

    qu'un

    philosophe

    purement

    contemplatif t

    s'isoler

    de

    son

    temps

    pour

    le

    rejoindre

    ensuite. Ce n'est

    donc

    pas

    parmi

    des

    notes

    autocritiques

    que

    nous avons

    chercher

    es

    raisons

    profondes

    du

    nouveau

    tournant

    de sa

    philosophie,

    mais

    dans

    son

    Auseinandersetzung

    vec tous

    les

    courants

    intellectuels e son poque. Retracer cettehistoired'aprs-guerre,es

    changes

    dialectiques

    avec

    un

    marxisme

    tiraill

    entre

    le

    stalinisme

    t

    l'humanisme

    occidental,

    une

    psychologie

    o s'enchevtraient

    es

    l-

    ments

    freudiens,

    estaltistes

    t

    existentialistes,

    t une

    sociologie

    structu-

    raliste

    naissante,

    la

    recherche

    de

    ses buts

    et

    ses

    moyens,

    ce serait

    un

    travail

    qui

    dpasse

    de loin la vise

    de

    cette

    tude.

    Notons

    cependant

    ue

    c'tait

    a

    convergence

    de ces

    forces

    vec

    la

    logique

    interne

    de

    la

    phno-

    mnologiequi

    a

    produit

    e

    mouvement

    omplexe

    de

    la

    pense

    de

    Merleau-

    Ponty,

    et

    que

    ce

    n'est

    pas

    en s

    interdisant

    e

    mler es niveaux

    du

    dis-

    cours

    qu'on parviendra

    le

    reconstituer.

    Mais il y a une autreobjection la schmatisation e Kwant, et elle

    nous

    touche de

    plus

    prs.

    Elle a le tortde

    suggrer

    ue

    l'intrt

    e

    Mer-

    3.

    R.

    Kwant,

    rom

    henomenology

    o

    MetaphysicsDusquesne

    niversity,

    966, .

    15

    t

    q.

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    4/27

    L'Esthtique

    de

    Merleau-Ponty

    75

    leau-Ponty our l'artet l'expression n gnral e situeuniquementdans

    la

    priode

    moyenne

    et

    pour

    ainsi

    dire mondaine de

    sa carrire.

    n

    fait,

    nous verrons

    ue

    ce n'est

    pas

    dans

    quelques

    uvres

    de

    circonstance

    mais

    un

    peu partout,

    t

    de

    plus

    en

    plus imprieusement,

    u'il

    s'interroge

    ur

    les

    problmes

    de

    la

    peinture

    t

    de

    la

    parole.

    Si nous

    le

    croyons,

    'ensemble

    de

    la

    philosophie

    de

    Merleau-Ponty

    doit

    tre

    compris

    comme

    un

    empirisme

    adical

    (au

    sens

    husserlien) ui,

    partant

    d'une

    critique

    de

    la

    perception,

    'tend

    au domaine de

    l'expres-

    sion

    pour

    aboutir

    une

    ontologie

    fonde

    sur

    le

    sentant-sensible,

    our-

    quoi

    ne

    pas

    admettre

    ue

    cet ensembleconstitue

    une thorie

    gnrale

    de

    l'esthtique Il faudrait, ien entendu, l'encontred'un usage du mot

    souvent

    plus

    restreint,

    nsister sur

    le sens

    philosophique

    d

    esthtique,

    drive

    du

    grec

    aisthsis

    ,

    c'est--dire

    sensation

    . C'est

    prcisment

    partir

    'une

    critique

    de

    la thorie

    lassique

    de

    la

    sensation

    ue

    commence

    le

    magtum pus

    de

    Merleau-Ponty,

    a

    Phnomnologie

    e

    la

    perception

    Revenons

    rapidement

    ur les

    moments essentiels

    de

    ces

    analyses

    de

    la

    perception,

    puis

    de

    l'expression;

    analyses

    qui

    ont

    peu

    peu

    rvl

    leur

    auteur

    le

    sens

    plein

    des

    hypothses implicites

    de

    ses

    propres

    recherches.

    La structureu

    comportement

    montre

    'insuffisance

    es

    explications

    de la physiognomie t de la psychologiede l'poque4 l'gard de leurs

    propres

    constatations.

    La

    Gestalttheorie

    plus prometteuse

    ue

    le beha-

    viorisme,

    emble

    se dtourner

    des

    consquences

    philosophiques

    de

    ses

    mthodes.

    Les

    rapports

    de

    l'organisme

    avec

    son

    entourage

    ne

    sauraient

    tre

    xpliqus

    par

    'action causale d'un

    stimulus

    xtrieur,

    ar

    'organisme

    ragit

    globalement

    u contextevital

    des

    stimulus

    dans

    un milieu

    qui

    n'a

    pas

    d'existence

    purement

    bjective.

    l

    y

    a donc

    un a

    priori

    de

    l'orga-

    nisme,

    qui

    contribue

    ctivement

    la

    mise en forme

    du

    stimulus

    uquel

    il

    ragit.

    Cette causalit

    circulaire,

    mpitement

    mutuel

    du

    sujet

    et

    de

    l'objet,

    de

    l'esprit

    t la

    matire,

    'est

    pas

    un

    cas

    exceptionnel

    mais

    plutt

    la norme, la condition ncessaire l'exprience vcue. Elle ne fait

    problme

    qu'

    la rflexion c'est

    elle

    de

    s'en accommoder.

    Seule

    la

    pense

    dialectique

    reste

    fidle

    ce

    phnomne d'appel

    et

    de

    rponse

    rciproques

    entre

    'intriorit

    e

    l'organique

    et l'extriorit

    u

    monde,

    entre

    a

    conscience

    et la nature.

    Avec

    la

    Phnomnologie

    e la

    perception

    ous

    passons

    du

    niveau de

    la

    critique

    des

    sciences

    exprimentales

    l'exploration plus

    ample

    du

    Lebensweltont

    parlent

    es

    uvres

    posthumes

    de

    Husserl.

    Mais

    la

    diff-

    rence

    de

    ce

    dernier,

    Merleau

    Ponty

    s'astreint

    tayer

    a

    spculation

    constamment

    ur

    les

    observations

    des

    psychologues

    de

    la forme

    alle-

    mande,Gelb,Goldsteinet Kohler. La notion du corps propre,ntroduite

    4.

    Merleau-Ponty

    achev 'crire

    a

    structure

    u

    omportment

    n

    1938.

    f.

    Th.

    Geraets,

    Vers ne ouvelle

    hilosophie

    ranscendentales

    ijhoff,

    971, .

    1.

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    5/27

    76

    Michael

    B. Smith

    dans l'existentialisme ranaispar Gabriel Marcel6,se fait ci le sujet

    naturel de la

    perception.

    L'espace,

    le

    temps

    et

    les

    choses sont

    moins

    subis

    que

    constitus

    ar

    ce

    corps

    vcu,

    dont

    e

    corps

    physiologique

    de

    la

    science

    ne

    reprsente

    u'un

    dcalque

    driv

    et affaibli.

    Sige

    de

    la

    perception,

    e

    corps

    est aussi le

    lieu

    de

    l'expression.

    Le

    geste

    accomplit

    une

    transcendance ans

    l'inhrence,

    ar la

    ligne

    virtuelle

    du

    bout de mon

    doigt jusqu'

    l'objet dsign

    donne

    un

    sens

    (direction)

    l'espace

    et

    exprime

    du mme

    coup

    mon ens

    (signification)

    ntentionnel

    d'autres

    subjectivits.

    a

    parole

    aussi

    a

    une

    signification

    estuelle.

    Le

    langage,

    avant

    d'tre

    un

    code

    ou

    un

    dpt

    de

    significations

    cquises,

    n'est qu'un stylegnralis,une faon de chanter e monde (Phno-

    mnologie

    e

    a

    perceptionp.

    218).

    Mais comment

    lors

    d'un

    usage

    gestuel

    ou motif

    e

    la

    parole

    passe-t-on

    sa fonction

    onceptuelle

    Le

    processus

    serait

    nalogue,

    dans

    son

    commencement

    u

    moins,

    aux

    actes transcen-

    dants

    du

    corps.

    Le sens

    du

    mot

    n'est

    pas

    contenu

    dans

    e

    mot

    comme on.

    Mais

    c'est

    a

    dfinition

    u

    corps

    humain

    de

    s'approprier

    ans une

    srie ndfinie

    'actes

    discontinus

    es

    noyaux

    ignificatifs

    ui dpassent

    t

    transfigurent

    es

    pouvoirs

    naturels.

    et acte de

    transcendancee rencontre

    'abord

    dans

    l'acquisition

    d'un

    comportement,uis

    dans

    a

    communication uette u

    geste

    c'est

    par

    a

    mmepuissance ue le corpss'ouvre uneconduitenouvelle t la fait om-

    prendre

    des tmoins

    xtrieurs

    ibid.,

    .

    226).

    Pour

    qu'il

    y

    ait

    communication

    l

    faut

    qu'il

    y

    ait

    une

    gnralit

    e

    la

    part

    du

    signifiant

    t

    un

    fonds

    d'expriences

    communes

    qui

    constitue e

    signifi.

    n

    ce

    qui

    concerne es

    gestes corporels,

    c'est

    le

    corps

    humain

    qui

    fait a

    gnralit

    du

    signifiant;

    e

    monde

    peru

    commun

    fournit

    n

    arrire-plan

    e

    rfrents

    ignifis. j

    avec

    ce

    monde

    peru

    commun

    est

    donne

    une

    des

    conditions

    ncessaires

    pour

    qu'il

    y

    ait

    langage parl.

    La parole est un geste et sa signification n monde (ibid.,p. 214).

    Mais

    la

    gnralit

    du

    corps

    humain

    se substitue

    a

    gnralit

    d'une

    langue.

    Cette

    institution,

    igoureusement

    omologue

    au

    corps

    propre,

    est

    bien

    plus qu'une

    mtaphore

    hez

    Merleau-Ponty.

    a

    parole

    n'est

    pas

    le

    reprsentant

    'une

    pense

    (et

    encore

    moins

    d'une

    chose),

    ni

    son vte-

    ment

    ,

    mais

    exactement son

    emblme

    ou

    son

    corps

    (ibid.y

    .

    212).

    L'expression

    fait

    exister

    a

    signification

    omme

    une

    chose au

    cur

    5.

    L'Etre

    t voire Gabriel

    arcel

    1935)

    d xercer

    ne nfluenceonsidrable

    ur

    e

    jeuneMerleau-Ponty,en uger'aprsn ompteenducritar ederniern1936. 'extrait

    suivant,

    sumantarflexioneMarcelur e

    corps ropre,

    ait

    ressentirj

    athse e

    la

    Phnomnologie

    e a

    perception

    Il

    ne

    m'apparatas

    omme

    n

    objet,

    omme

    n nsemble

    de

    qualits

    t

    de

    caractres

    u'il

    'agirait

    e coordonner

    t

    de

    comprendre;

    es

    rapports

    que 'ai

    vec

    ui

    ne

    ont

    as

    eux u

    cogito

    tdu

    cogitatimi,

    u

    sujet pistmologique

    t de

    l'objet. e

    ais ause ommunevec

    ui, t,

    'une

    ertaine

    anire,

    e

    uismon

    orps

    (Mer-

    leau-Ponty,

    tre

    t

    voir,

    ans a

    vie

    ntellectuellevol.

    5,

    n

    1,

    octobre

    936,

    .

    100).

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    6/27

    L'Esthtique

    de

    Merleau-Ponty

    77

    mmedu texte . Et quinze ans plus tard,dans Le visib/et 'invisiblele

    rle

    du

    langage

    comme

    corps

    de

    toute idalit est

    affirm t affermi

    davantage.

    Disons

    seulement

    ue

    l'idalit

    ure

    n'est

    pas

    elle-mmeans

    chair i

    dli-

    vre

    des

    structures

    'horizon

    elle

    en

    vit,

    quoiqu'il s'agisse

    d'une autre hair

    et

    d'autres

    orizons.

    C'est

    comme i

    la

    visibilit

    ui

    anime e monde ensible

    migrait,

    on

    pas

    hors

    de

    tout

    corps,

    mais dans

    un

    autre

    orps

    moins

    ourd,

    plus

    transparent,

    omme

    i elle

    changeait

    e

    chair,

    bandonnant

    elle

    du

    corps

    pour

    celle

    du

    angage,

    t affranchie

    ar

    ,

    maisnon dlivre

    e

    toute

    ondition

    (Le

    visible

    tV nvisible

    p.

    200).

    Le

    problme

    qui

    proccupe

    Merleau-Ponty

    ci

    est

    le mme

    qui

    avait

    t

    soulev

    lors

    de

    la

    soutenance

    de sa thse du

    primat

    de

    la

    perception

    en

    19466,

    savoir

    :

    Comment

    expliquer

    e

    passage

    du monde

    vcu

    ori-

    ginaire

    au monde

    culturel

    Problme

    constant

    pour

    toute

    philosophie

    qui

    prend

    au

    srieux

    a

    gense

    de

    sa

    propre

    rflexion.

    a

    mthode

    de

    Merleau-Ponty

    onsiste,

    comme

    on voit dans

    le

    passage

    cit

    plus

    haut,

    qualifier

    es

    termes

    rop antithtiques

    u

    dilemme.

    D'une

    part,

    'idalit

    n'est

    pas

    sans

    conditions

    : elle n'existe

    ue

    dans

    e

    langage.

    L'inhrence

    dans

    une forme

    st vidente

    pour

    les

    ides

    musicales

    t

    ittraires,

    ussi

    bien que pour ce genre d'idalit de cohrence ou de styledvoile

    dans

    la

    peinture;

    ce

    sont

    l

    des

    ides

    sans

    quivalents

    dont

    parle

    Marcel

    Proust.

    Mais

    que

    dire

    de

    ses

    ides

    de

    l'intelligence

    ,

    celles

    qui

    sont

    susceptibles

    e

    transposition

    n

    algorithme

    Merleau-Ponty

    borde

    le

    problme

    n

    faisant

    ppel

    au

    principe

    ue Bergson

    appelait

    le mouve-

    ment

    rtrograde

    du

    vrai

    7,

    et

    par

    Husserl

    E

    ickgestaltung.

    e

    qu'on

    appelle

    sign

    ne

    prend

    valeur

    de

    signe

    qu'aprs

    que

    le sens

    en a

    t

    donn.

    Ce

    phnomne

    nous

    met

    dans

    l'impossibilit

    de

    nous

    dfaire

    de

    ce

    que

    nous avons

    une fois

    pens,

    et nous

    le fait

    retrouver

    ans

    le

    monde

    peru.

    D'autre

    part,

    a sensation

    ponctuelle

    brute

    sur

    laquelle

    reposait

    le vieil empirismede Hume n'existepas telle quelle. La perceptionest

    exgse nspire

    ,

    la

    vision

    et

    le

    toucher

    nterrogent

    es choses

    selon

    leurs

    propres

    vux

    .

    Le

    vcu

    est

    dj

    du

    vcu-parl

    avant

    la

    lettre.

    (Citant

    Lacan,

    Merleau-Ponty

    dit :

    La vision

    mme,

    a

    pense

    mme

    sont,

    a-t-on

    dit,

    structures

    comme

    un

    langage ,

    sont

    articulation

    [...]. )

    Jusqu'ici

    on aurait

    pu

    penser

    que

    Merleau-Ponty

    e

    contenterait

    e

    rapprocher

    es

    termes

    du

    dilemme

    matrialisme-idalisme9.

    n

    fait,

    l se

    6. Bulletine a SocitranaiseePhilosophie,ol.48,dcembre947, . 1 9-15.

    7.

    L'expression

    e

    rencontre

    ans

    e

    premier

    hapitre

    e

    La

    pensee

    t

    e

    mouvante

    Bergson.

    Cite

    ar

    Merleau-Ponty,

    e visible

    t

    y

    nvisible

    p.

    242-243.

    8.

    Le visible

    t invisible

    p.

    168.

    9.

    Le matrialisme

    t 'idalisme

    ont

    l

    s

    agit

    ci seraient

    eux

    un cartsianisme

    n

    dgnrescence.

    [...]

    e

    cartsianisme,

    u'il

    e

    voult

    u

    non,

    inspir

    ne cienceu

    corps

    humain

    ui

    e

    dcompose,

    ui

    aussi,

    n

    unentrelacement

    e

    processusbjectifs

    t,

    vec

    a

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    7/27

    78

    Michail

    B. Smith

    prpare frayer ne nouvelle voie, gale distance des deux, dans le

    clair-obscur

    de

    l'exprience

    vcue.

    Il

    y

    a,

    selon

    lui,

    une

    tendance

    construire

    a

    perception

    partir

    u

    peru,

    notre ontact

    vec

    le

    monde

    partir

    de

    ce

    que

    nous avons

    appris

    sur le

    monde

    10.

    C'est

    prcisment

    cette

    application rtrospective

    es

    accomplissements

    e

    la

    perception

    sa

    propre

    dfinition

    ue

    Merleau-Ponty

    eproche

    aussi bien aux

    physi-

    calistes

    qu'

    Husserl et Sartre. l

    appelle

    cette erreur le

    prjug

    du

    monde

    .

    Comment

    se

    dfaire

    d'une

    erreur

    apparemment

    si

    solidaire avec

    notre

    exprience

    du monde

    ? Voil la tche

    que

    s'est

    propose

    Merleau-

    Pontydans Le visibletV nvisible.l fautd'abord se dbarrasser u bric--

    brac

    positiviste,

    es corrlatifs

    u

    monde

    objectif qu'on appelle

    tats

    de

    conscience

    ,

    matire

    ,

    forme

    image

    ,

    et

    mme

    perception

    (dans

    la mesure o elle

    sous-entend

    e

    dcoupage

    du

    vcu en actes

    discontinus

    t

    se

    rfre ux

    choses

    ,

    dont

    le statut

    n'est

    pas

    encore

    dtermin).

    La

    destructiones

    croyances,

    e

    meurtre

    ymbolique

    es

    utres tdu

    monde,

    la

    coupure

    e la

    vision

    t du

    visible,

    e

    la

    pense

    t de

    l'tre

    ne nous

    tablissent

    pas,

    comme ls le

    prtentent,

    ans

    le

    ngatif;

    uand

    on

    a t tout

    cela,

    on

    s'installe

    ansce

    qui

    reste,

    ensations,

    pinions;

    e

    sontdes

    fragments

    utils

    de la vagueomnitudoealitatisontreaquelle e doutes'exerait,t ls la rg-

    nrent

    ous d'autresnoms

    -

    apparence,

    ve,

    Psych,

    eprsentation.

    'est

    au

    nom

    et au

    profit

    e ces ralits

    lottantes

    ue

    la

    ralit olide

    est

    miseen

    doute.

    On

    ne

    sort

    pas

    du

    quelque

    chose,

    et

    le doute comme destruction

    es

    certitudes 'est

    pas

    doute11.

    La foi

    perceptive

    este

    ntacte t

    le

    doute,

    mthodique

    ou

    non,

    ne

    peut

    que dplacer

    son

    objet.

    Pour viter

    de

    rentrer ans les

    impasses

    d'o

    il

    s'agit

    de

    sortir,

    l faut revenir

    ux

    expriences

    non

    encore

    travailles,

    antrieures u

    partage

    n

    objet

    ou

    sujet

    ,

    essence

    ou

    existence

    .

    Ces expriences ont voir tparler (On ne peut ajouter penser que

    sous

    certaines

    rserves,

    car la

    distinction

    bsolue entre

    parler

    et

    penser

    nous

    mettrait

    j

    au niveau de

    la

    rflexion.)

    Il n'est

    pas

    question

    de

    renoncer

    la

    rflexion,

    mais de

    la

    rendre

    ssez

    consciente

    de

    ses

    propres

    dmarches

    pour

    se mettre n

    rapport

    vec ses

    origines;

    ni

    la

    raison,

    mais de

    la

    ramener

    ur

    terre.

    Or,

    il ne

    peut

    y

    avoir de

    modle

    ou

    de

    schma

    qui

    restefidle

    la

    perception

    qui,

    elle,

    est antrieure

    toute abstraction.

    Et

    quoi

    notionesensation,rolongeettenalyseusqu'aupsychisme .es deuxdalisations

    sont

    olidairest doivent

    tre

    faites

    nsemble

    (Le

    visible

    t

    'invisible

    p.

    46).

    Pour

    ne

    analyse

    lus

    taillee

    a

    critique

    erleau-pontyenne

    e

    a

    pense

    flexiveno-cart-

    sienne,

    f.F.

    Olafson,

    erleau-Ponty's

    hilosophy,

    ans

    henomenology

    nd

    xistentialism,

    John opkins,

    967, .

    179-205,

    assim.

    10.

    Le vtsible

    t

    nvisible,

    .

    207.

    il.

    Ibid.,

    . 145.

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    8/27

    U

    Esthtique

    e

    Merleau-Ponty

    79

    bon une philosophiese donnerait-elle our but d'expliquer a possibilit

    du

    monde

    rel,

    une fois

    qu'elle

    a

    appris

    que

    les

    possibilits

    ne

    sont

    elles

    aussi

    que

    des

    fragments

    mutils

    du

    rel

    et en drivent

    Si le

    possible

    est

    fond

    sur

    le

    rel,

    c'est l'tre

    de

    cette

    ralit-l,

    ur

    laquelle

    notre

    perception

    ouvre

    directement,

    u'il

    faut

    nterroger.

    Une

    ontologie

    du

    monde

    vcu

    ne

    peut

    s'tablir dans

    le

    langage

    des

    positivistes, angage

    dont

    la

    pauvret

    et

    le

    style

    dcharn

    ont

    la

    ranon

    de

    la clart.Le

    visible,

    'invisible,

    a

    voix

    et le

    silence,

    a

    chair,

    e dedans

    et

    le

    dehors

    seront

    les

    lments de

    cette

    ontologie.

    Il faut entendre

    lment au

    sens

    o l'entendaient

    es

    Anciens.

    La

    chair

    st lment

    comme 'taient e eu Peau, 'air et a terrenotionsimple,pensableen soi.

    (L'on

    sait

    'usage

    qu'a

    faitGaston

    Bachelard

    des

    lments ans

    la

    psycha-

    nalyse

    de

    la

    littrature.)

    Ce

    que

    nous

    appelons

    chair

    [...]

    n'a

    de

    nom

    dans

    aucune

    philosophie

    ,

    crit

    Merleau-Ponty12.

    l

    nous

    importe

    de

    donner

    ci

    une ide de

    ce

    que

    c'est

    que

    l'lment chair

    ,

    car

    'esthtique

    que

    nous

    tudions

    est

    fonde,

    non

    sur

    une

    esthsiologie

    des

    organes

    de

    la

    perception

    comme

    nous

    les dcrit

    la

    physiognomie,

    mais

    sur

    le bti

    ontologique

    du

    corps

    vcu.

    Or,

    ce

    corps-l,

    mais

    aussi le

    monde vcu

    qui

    en est le

    prolongement,

    st

    un

    chiasme,

    entrelacs

    de

    mouvement,

    e

    vision

    et

    de

    toucher,

    arcissisme

    u

    voyant-

    isible,

    rversibilit u

    dedans

    et du dehors,milieuformateur e l'objet et du sujet; c'est le Principe

    barbare

    ,

    antrieur

    toute

    objectivit,

    nomm

    chair

    .

    Voici

    un

    passage,

    que

    nous

    appellerions

    de

    la

    philosophie

    lyrique,

    o

    Merleau-Ponty

    dcrit

    ce

    qui

    en

    termes

    analytiques

    se rduirait

    l'nonc

    du

    problme

    de

    la

    perception

    d'autres

    subjectivits

    :

    Pour

    la

    premire

    ois,

    e

    corps

    ne

    s'accoupleplus

    au

    monde,

    l

    enlace

    un

    autre

    corps,

    s'y appliquant

    oigneusement

    e toute son

    tendue,

    dessinant

    inlassablement

    e ses mains

    'trange

    tatue

    ui

    donne son

    tour out

    e

    qu'elle

    reoit,

    erdu

    hors

    du monde

    et des

    buts,

    fascin

    ar

    l'unique

    occupation

    e

    flotterans 'Etre avecune autrevie,

    de

    se faire e

    dehors

    e

    son

    dedans

    t

    e

    dedansde son dehors.Et ds lors,mouvement,oucher, ision,

    'appliquant

    l'autre t

    eux-mmes,

    emontenters

    eur

    ource

    t,

    dans e

    travail

    atient

    et silencieux

    u

    dsir,

    ommence

    e

    paradoxe

    de

    l'expression18.

    Ce

    n'est

    pas

    un

    exemple

    de la

    posie prcieuse,

    dite

    mtaphysique

    la

    John

    Donne,

    ni le

    lyrisme

    idactique

    d'un

    Fontenelle,

    our

    enjoliver

    la

    mcanique

    cleste.

    Plus

    prs

    dans

    le

    temps,

    les

    descriptions

    de

    l'Autre

    chez

    Sartre ont trs

    loignes

    de

    celle-ci

    et

    par

    le

    style

    t

    par

    le

    contenu

    :

    le

    corps

    d'autrui

    y

    est

    le

    plus

    souvent

    rduit

    la Facticit

    d'une

    chose

    par

    mon

    regard.

    Nous aurons

    revenir

    ur

    e sens

    trs

    prcis

    que

    Merleau-Ponty

    donne

    l'expression

    du dedans du dehors et

    12.

    bid.,

    . 193.

    13.

    btd.y

    . 189.

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    9/27

    8o

    Michael B Smith

    vice versa non plus dans le drame ontologique de la rencontre vec

    autrui,

    mais

    propos

    des

    rapports

    de

    l'image

    la ralit

    n

    peinture.

    La

    chair

    du

    corps

    et

    du monde

    vcus

    n'est

    pas

    la

    matrialit

    inerte,

    mais

    perptuelle

    rgnance,

    erptuelle arturition,

    nrativit

    et

    gnralit,

    ssence brute et

    existence brute

    [...]

    M. La

    matire est

    toujours

    prgnante

    e

    sa

    forme,

    t les

    dimensions,

    es

    pilotis

    du

    monde

    vcu laissent

    entrevoir

    n

    filigrane

    n

    Logos sauvage

    .

    L'idalit

    est

    idalit d'horizon

    d'abord,

    et

    incruste

    ux

    jointures

    de

    mon

    corps

    et

    du monde.

    Si nous avons bien

    compris

    le

    sens

    de

    la

    dernire

    philosophie

    de

    Merleau-Ponty, lle donnait l'anthropomorphisme a part de vrit,

    en

    vertu

    du fait

    que

    les

    conditions

    ontologiques

    de

    notre

    tre

    (en

    tant

    qu'

    tre-au-monde

    )

    et

    de

    celui du

    monde

    sont es mmes.

    La chose est

    une

    variante e

    moi-mme,

    ui

    suis tre

    exemplaire,

    t le

    langage,

    n'tant

    la

    voix de

    personne,

    est,

    dans un

    sens,

    la

    voix mme des

    choses,

    des

    ondes et

    des

    bois

    15.

    Dire

    que

    les

    choses ont une

    prsence

    ,

    c'est dire

    qu'elles

    nous

    regardent

    ,

    et

    qu'une

    mme

    Visibilit,

    tantt

    errante

    et

    tantt

    rassemble

    16

    fait

    que

    nous

    voyons

    le

    monde

    et

    que

    nous

    sommes

    visibles.

    L'ontogense s'intgre

    dans

    l'ontologie

    gnrale.

    On

    dit

    qu'un

    homme est

    n

    l'instant

    o ce

    qui

    n'tait

    au

    fond du

    corps

    maternel u'un visible virtuel e fait la foisvisible pour nous et pour

    soi.

    La vision

    du

    peintre

    st une

    naissance

    continue.

    17

    I

    fautfaire

    tat

    de

    cette

    ontologie

    de

    la vision

    qui

    entoure

    l'esthtique

    de

    Merleau-

    Ponty,

    qui

    la

    traverse

    e

    part

    en

    part,

    t

    qui

    claire

    notamment

    es textes

    sur

    a

    peinture,

    onstamment

    nims

    par

    une

    dialectique

    du

    visible et de

    l'invisible.

    LA

    PEINTURE

    L'intrt

    de

    Merleau-Ponty

    our

    la

    peinture

    date

    de

    sa

    thse

    de

    1945,

    se

    dveloppant

    comme

    la

    suite

    naturelle

    de

    son tude

    de

    la

    perception.

    Dans

    un

    chapitre

    de

    la

    Phnomnologie

    e la

    perception

    ntitul

    La

    chose

    et

    le

    monde

    naturel

    il

    avait

    dj

    tudi cette

    qualit

    de

    l'objet

    rel

    que

    Husserl

    appelait

    sa

    transcendance

    :

    toujours

    a

    source

    d'explora-

    tions

    plus

    approfondies,

    d'une

    srie infinie

    Abschattungen

    la chose

    relle

    demeure

    extrieure

    la

    conscience,

    absolument

    autre

    .

    Elle

    provient

    de cette mme

    nappe

    antprdicative

    'o

    surgissent

    es hallu-

    cinations, t elle est aussi rsistante u'elles aux rductions dalistesou

    14.

    bid.,

    .

    155.

    15. bid., . 204 la

    formule

    st ttribue

    Paul

    Valry.

    f. La

    Pythie).

    16.

    bid.,

    .

    181.

    17.

    L'il t

    'esprit,

    allimard,

    964,

    .

    32.

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    10/27

    L'Esthtique

    de

    Merleau-Ponty

    8i

    empiriques.La foiperceptive , appele parHusserl Urdoxa u Urglaube

    trouve ou

    constitue,

    n

    de

    de la distinction

    u vrai

    et

    du

    faux,

    de

    la

    passivit

    t de

    l'activit,

    etteralit

    riginaire.

    e

    premier

    momentde la

    vision

    est

    extase

    ,

    garement

    de

    la conscience hors d'elle-mme.

    La

    conscience

    se

    perd

    dans

    l'objet.

    Une

    des

    consquences

    de

    ce

    postulat,

    celle d'une

    premire

    laboration

    nconsciente

    de

    la

    perception

    chez

    le

    sujet,

    ne

    sera

    examine

    que

    beaucoup plus

    tard,

    dans

    Le

    visible

    t Vin-

    visible1*.

    La

    mme anne

    de

    la

    parution

    de

    la

    Phnomnologie

    e

    la

    perception

    Merleau-Ponty

    crit

    un

    essai

    sur

    la

    peinture

    de

    Czanne

    (

    Fontaine

    n

    8,

    1945, p. 80-100,reprisdans Senset non-sens1948), intitulLe doute e

    Csanne.

    L'essai

    prolonge

    ses

    rflexions

    ur

    Czanne

    dans

    la

    Phnomno-

    logie

    e a

    perception

    et

    dcouvre

    dans

    la

    pratique

    du

    peintre

    une

    rsolu-

    tion

    concrte,

    quoique toujours

    provisoire,

    du

    dilemme

    philosophique

    de

    l'intellectualisme

    t

    de

    l'empirisme.

    L'uvre

    de

    Czanne

    serait

    un

    quilibre

    malais

    entre

    a

    logique

    de

    la

    vision

    et la nature

    n

    soi,

    entre a

    sensation

    brute

    et

    la

    pense.

    Le

    doute

    e

    Csanne

    L'essai s'ouvre

    sur

    un ton

    dsinvolte,

    moncelant

    fragments

    iogra-

    phiques,

    paroles

    de

    l'artiste

    t

    jugements

    des

    contemporains.

    A

    travers

    les faitsdivers

    de

    cette

    vie,

    presque

    dpourvue

    de

    rapports

    humains

    et

    qui

    cherche

    sa

    justification

    t

    son

    sens

    dans

    la

    peinture,

    ransparat

    e

    signe

    menaant

    du

    doute.

    Czanne se

    rfugie

    dans

    son

    art,

    incapable

    d'articuler

    es raisons

    de

    cette vrit

    qu'il pratique,

    ni ses

    amis,

    ni

    soi-mme.

    [...]

    lui-mmen'est

    pas

    au centre

    de

    lui-mme,

    neuf

    ours

    sur

    dix

    il ne

    voit

    autour

    de lui

    que

    la misre de sa vie

    empirique

    et ses

    essais

    manqus,

    restes

    d'une

    fte

    nconnue

    20. l

    en

    vient

    attribuer

    l'originalitde son art un troublede ses yeux.Mais laissons de ct

    18.

    Merleau-Ponty

    uvre

    a

    porte

    une

    horie

    e

    'inconscient

    ans

    a

    Phnomnologie

    de a

    perception

    orsque,

    propos

    e

    'hallucination,

    l

    crit

    [...]

    l

    nous

    aut ien

    efuser

    la

    conscience

    erceptive

    a

    pleine

    ossession

    e soi

    et l'immanence

    ui

    exclurait

    oute

    llu-

    sion.

    Et

    dans

    ne onfrence

    onne

    Genve

    n

    195 (Sigpes,

    . 291),

    Merleau-Ponty

    signaleue

    'inconscient,

    cette

    smosentre

    a vie

    nonyme

    u

    corps

    t a

    vie

    officielle

    de a

    personne,

    ui

    st a

    grande

    couverteeFreud

    ,

    est

    ne

    es

    dcouvertes

    es

    plus

    mar-

    quantes

    u

    xxe

    icle.

    l dfend

    a

    notion 'un

    nconscient

    ontre

    'objection

    rincipale

    e

    Sartre

    pour

    ui

    'inconscient

    erduit

    un

    processus

    en roisime

    ersonne

    ),

    t

    l

    ndique

    que

    on

    tatut

    hilosophique

    erait 'une

    perceptionmbigu

    ,

    c'est--dire

    pas

    un

    non-

    savoir,

    ais

    lutt

    n

    avoir

    on

    econnu,

    nformul,

    ue

    nous

    e voulons

    as

    ssumer

    .

    Dans esderniresnnese avie,Merleau-Pontyttribue'inconscientn le rimordial

    dans 'laboratione

    'objet eru

    cf.

    e

    visible

    t 'invisible

    p.

    243, 23,

    24).

    Malgr

    es

    objections

    e Husserl

    t

    de

    Sartreontree

    concept

    e

    'inconscient,

    l

    est vident

    ue

    es

    termes

    otivierung,

    fungierende

    ntentionnalitt

    t

    surtout

    orizontbaftigkeit

    hez e

    premier,

    et es

    nalyses

    e

    a

    mauvaise

    oi chez

    e

    second,

    elvent

    'un

    hnomnenalogue.

    19. Phnomnologie

    e

    a

    perception

    p. 368,

    73.

    20. Sens tnon-sens

    Nagel,

    9665

    d.),

    .

    43.

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    11/27

    82 Michail B.

    Smith

    cet aspect existentiel e l'essai, qui tented'tablir es liens subtils entre

    l'uvre

    et

    la

    vie

    d'un

    artiste

    raqu

    par

    le

    doute.

    L'art

    de Czanne semble

    paradoxal,

    en

    ce

    qu'il

    se

    propose

    de

    faire

    de

    l'Impressionnisme quelque

    chose

    de

    solide

    comme

    'art

    des

    muses

    .

    Et en

    effet,

    zanne traverse

    ssez

    rapidement

    a

    priode

    impression-

    niste.

    A

    la

    diffrence

    e

    l'objet

    volatil,

    perdu

    dans

    le

    jeu

    des

    reflets,

    enveloppe

    de

    la luminosit

    nivrante

    mpressionniste,

    'objet

    czannien

    est

    comme

    clair

    sourdementde

    l'intrieur,

    a

    lumire mane de

    lui,

    et

    il

    en rsulteune

    impression

    de

    solidit

    et

    de

    matrialit

    .

    C'est

    que

    l'esthtique

    de Czanne refusede choisir entre

    a

    pense

    et la

    sensation.

    Son regard ssiste la gensede l'objet. L'objet rel estperu commela

    source

    essentielle

    dont

    toute

    impression

    est

    une

    expression.

    l

    y

    a

    une

    logique

    de

    la

    vision

    que

    l'il

    comprend

    ans l'intervention

    e la

    rflexion

    (ce

    qui

    ne veut

    pas

    dire,

    bien

    entendu,

    que

    la rflexion

    'intervient

    as

    au

    stade de

    l'agencement

    echnique

    de

    l'expression

    du

    peintre).

    Le

    biais

    fondamental

    de

    la

    peinture

    est

    de

    tout

    exprimer,

    ensations

    tactiles,

    mouvement,

    usqu'aux

    odeurs

    au

    dire de

    Czanne,

    rien

    que

    par

    la

    vision.

    Mais

    il

    ne

    s'agirait

    pas

    de

    suggrer

    es

    sensations

    par

    un

    code visuel

    appropri;

    le

    peintre

    voit

    e

    velout,

    a

    duret

    dans

    l'objet

    mme. l

    ne

    faut

    pas,

    disait

    Czanne,

    vouloir

    peindre

    les

    expressions,

    es

    physio-

    nomies, es apparencesaffectives irectement. a peinturen'estpas une

    calligraphie.

    Balzac dcrit

    ansLa

    peau

    de

    hagrin

    ine

    nappe

    blanche omme necouche

    de

    neige

    frachement

    ombe

    et

    sur

    laquelle

    s'levaient

    ymtriquement

    es

    couverts

    ouronns

    de

    petits

    pains

    blonds

    .

    Toute

    ma

    jeunesse,

    disait

    Czanne,

    'ai

    voulu

    peindre

    a,

    cette

    appe

    de

    neige

    frache

    ...]

    Je

    ais mainte-

    nant

    u'il

    ne

    faut

    ouloir

    eindre

    ue

    :

    s'levaient

    ymtriquement

    es

    couverts,

    et

    de

    petits ains

    blonds.Si

    je peins

    couronns

    je

    suis

    foutu,

    omprenez-

    vous ?

    Et

    si vraiment

    'quilibre

    t

    e

    nuancemes

    couverts

    t

    mes

    pains

    omme

    sur

    nature,

    oyez

    srs

    que

    les

    couronnes,

    a

    neige

    et

    tout e

    tremblement

    seront. ai

    D'o l'effet

    'un

    fonds de

    nature nhumaine

    dans

    ses

    paysages.

    Le

    monde

    est

    gel,

    nanim

    le

    lac

    d'Annecy

    est

    sans

    e

    moindre

    mouvement.

    Le

    mouvement,

    e

    sens,

    n'est

    pas

    thmatis.

    out

    hsite,

    omme

    l'origine

    de

    la

    terre.

    La

    nature

    est au

    premier our.

    Cet

    essai

    nous

    laisse

    avec

    une

    vague inquitude.

    En

    associant

    mplici-

    tement 'effort

    u

    peintre

    par

    excellence,

    Czanne

    en

    l'espce,

    avec celui

    de la

    peinture

    en

    gnral,

    Merleau-Ponty

    ne nous

    propose-t-il

    pas

    une

    esthtique

    rop

    troite

    Est-ce

    que

    les

    Impressionnistes

    nt tous

    manqu

    la voie de la peinture uthentique Et que dire alors de l'art abstrait

    Il

    est

    certain

    ue

    la

    carrire t l'uvre

    de

    Czanne

    sont

    particulirement

    aptes

    la

    dmonstration

    e certains lments

    e

    la

    philosophie

    de

    Merleau-

    2i.

    Ibid.,

    .

    27,

    28.

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    12/27

    L'Esthtique

    de

    Merleau-Ponty

    83

    Ponty,et dans un sens il estvrai que le meilleurmoyende saisir 'esprit

    de la

    peinture,

    'est de

    concider

    en

    partisan

    vec

    la

    vision

    d'm

    peintre.

    Nanmoins,

    si

    un

    peintre,

    dont

    la forme

    d'expression

    n'est

    pas

    discur-

    sive,

    n'est

    pas

    tenu

    formuler orrectement

    n mots sa

    pratique

    rtistique

    (et

    encore

    moins celle des

    autres),

    l n'en est

    pas

    de

    mme

    pour

    un

    philosophe.

    Nous

    verrons

    dans

    Le

    langage

    ndirect

    t les voix du

    silence

    paru

    sept

    ans

    aprs

    Le

    doute

    de

    Csanne

    'apparition

    d'une notion

    de

    l'historicit

    es uvres

    culturelles

    t

    de

    la

    peinture

    comme

    institution,

    qui

    rpondra

    mieux

    ces

    exigences.

    Le

    langage

    ndirect

    t es voix du

    silence

    En

    1952,

    Merleau-Ponty

    emania un

    chapitre

    de

    La

    prose

    du monde*

    uvre

    qu'il

    devait

    abandonner

    par

    la suite22

    our

    publication

    dans

    Les

    Temps

    modernes

    Il

    l'intitula

    Le

    langage

    ndirectt es

    voix du silence

    L'auteur de

    l'essai

    a

    plusieurs

    interlocuteurs

    Saussure,

    Sartre

    (la

    ddicace

    en

    tmoigne),

    et

    surtout

    Malraux. Une

    partie importante

    de

    l'uvre

    traite

    de

    l'expression

    verbale.

    Rservons

    notre

    discussion

    sur

    le

    langage

    chez

    Merleau-Ponty

    our

    plus

    tard.

    Mais

    puisque

    les

    deux

    formes

    d'expression ont contrastes e faontrs ignificative,l fautque nous

    disions

    ci

    comment

    a

    peinture

    t

    la

    parole

    s'clairent

    mutuellement.

    Merleau-Ponty

    rcuse

    la

    sparation

    trop

    radicale

    que

    fait

    Sartre

    entre

    a

    peinture

    t le

    langage

    dans

    Qu'est-ce

    ue

    a littrature

    23.

    i le sens

    parat

    captif

    dans

    la

    peinture,

    'il

    a

    l'air

    d'imprgner

    e

    tableau

    au lieu

    d'tre

    exprim

    par

    lui,

    c'est

    que

    nous, crivains,

    vons

    trop

    l'habitude

    de

    l'expression

    plus

    explicite

    de

    la

    parole.

    C'est

    que

    le

    langage

    donne

    l'illusion d'un

    monde de

    significations

    utonomes,

    d'un

    accs

    immdiat

    au

    domaine

    du

    signifi

    n toute

    sa

    puret.

    Mais

    la

    peinture

    parle

    sa

    faon

    :

    ses

    voix

    sont

    les

    voix

    du

    silence.

    Toutefois,

    l'autonomie

    du

    signifide la parole n'est pas absolue, et en ce sens la diffrencentre

    les

    deux

    modes

    d'expression

    est relative.

    Le

    langage

    aussi,

    nous

    le

    verrons

    plus

    loin,

    a

    un

    rapport

    essentiel

    vec

    le

    silence.

    Le silence

    n'est

    pas

    le

    contraire,

    mais

    Vautre

    t

    du

    langage

    :

    il

    s'agrandit

    avec

    lui.

    Autant

    l'essai

    sur

    Czanne

    tait centr

    sur la

    peinture

    d'un

    seul

    artiste,

    utant

    Le

    langage

    ndirect

    t esvoix

    du ilencehmatise

    es

    problmes

    gnraux

    de

    l'expression

    et l'historicit.

    Aprs

    quelques

    pages

    intro-

    ductives

    sur la

    thorie

    saussurienne

    du

    signe

    diacritique,

    'tude

    sur

    la

    peinture

    rend

    on

    dpart

    n

    reprenant

    ous

    un

    angle

    critique

    es

    analyses

    de

    Malraux

    (il s'agit

    d'essais

    runis

    plus

    tard sous

    le

    titre Les voix

    du

    silence. Malrauxobserveque la thoriede l'artchez les matres lassiques

    22. Claude

    efort,

    ans

    on

    vertissement

    son dition

    e

    La

    prose

    u

    monde

    Gallimard,

    1969),

    rcise

    e

    rapport

    ntre

    es

    deuxuvres.

    23.

    Sartre,

    u

    est-ce

    ue

    a

    littrature

    dans

    ituations

    l,

    p.

    60,

    61.

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    13/27

    84

    Michail B.

    Smith

    (mais non toujours leur pratique) faisaitdu tableau une reprsentation

    quelque peu

    embellie de

    la nature

    objective.

    Les

    modernes

    en

    posie

    aussi

    bien

    qu'en

    peinture)

    uraient mis en

    question

    ce

    prjug

    objec-

    tiviste de

    l'art,

    pour

    y

    substituer

    ne

    esthtique

    ndividualiste

    t

    subjec-

    tive.

    Aux

    yeux

    de

    Merleau-Ponty

    ette

    analyse

    est

    insuffisante,

    ar

    elle

    mconnat

    la

    profondeur

    laquelle

    se

    situe

    ce

    prjug objectiviste.

    Mme

    si

    la

    conception

    moderne

    de

    l'art

    abstrait ibre 'artiste

    de

    l'imi-

    tation de

    la

    nature,

    nous

    croyons

    aussi

    fermement

    ue

    les

    classiques

    une ralit

    extrieure

    nous,

    perceptible

    par

    nos

    sens,

    et

    susceptible

    d'une

    reprsentation

    isuelle

    moyennant

    ertains

    procds

    qui

    en

    don-

    neraient ommeune illusionfidle.

    Mais

    n'est-ce

    pas

    concder la thorie

    lassique

    e

    domaine du monde

    visible

    ?

    Est-ce

    que

    la

    perception

    des

    classiques

    ne relevait

    pas

    de

    leur

    culture,

    omme

    notre

    perception

    de

    la

    ntre

    ?

    Les

    donnes

    des

    sens

    ne

    sont

    pas

    des

    faits

    mmuables

    qui

    se

    situent

    u-del

    de

    l'historicit

    culturelle.

    Ce

    n'est

    pas

    seulementnotre

    rapport

    la

    cration

    rtistique

    qui

    a

    chang

    :

    la

    vision

    mme,

    celle

    des

    classiques

    non

    moins

    que

    la

    ntre,

    est

    une

    mtamorphose

    Soit

    la

    conception classique

    de

    la

    perspective.

    nvention,

    technique

    de

    la

    reprsentation our

    les artistes e

    la

    Renaissance,

    lle

    s'est

    impose

    progressivement omme une vrit ternelle du monde en soi. Mais

    malgr

    a

    force

    persuasive,

    l fautnous

    soustraire

    son

    emprise,

    veiller

    l'univers

    polymorphe

    dont

    cette

    perspective

    n'est

    qu'une

    expression

    possible.

    Elle est une

    interprtation

    acultative

    e

    la

    vision

    spontane,

    on

    que

    le

    monde

    peru

    dmente

    es lois et en

    impose

    d'autres,

    mais

    plutt

    parce

    qu'il

    n'en

    exige

    ucuneet

    qu'il

    n'est

    pas

    de

    l'ordredes lois24.

    Cette

    perspective

    elve d'un biais

    fondamental

    la

    traduction

    'incom-

    possibles

    sur

    une

    surface

    lane,

    selon une chelle constante

    de

    grandeur.

    Mais la grandeur distancen'estpas pleinement ssimilable la grandeur

    des

    objets

    vus

    de

    prs26.

    'incompossibilit

    imultane

    u monde

    baroque

    vcu

    cde

    la

    sagesse

    de

    la

    subordination

    du

    point

    de vue

    unique.

    Toutefois,

    a modestie

    pparente

    qu'il

    y

    aurait

    ne

    voir

    un

    paysage

    que

    d'un seul

    angle,

    selon une

    projection

    gomtrique

    rgle

    sur

    un

    point

    24.

    Signes,

    allimard,

    960,

    .

    61.

    25.

    l faut

    ire,

    aralllement,

    esrsumses ours

    ue

    donnait

    erleau-Ponty

    n

    1950

    et

    195

    a

    Sorbonneur

    a

    psychologie

    e 'enfant

    Bulletin

    e

    sychologie

    n

    236,

    .

    XVIII,

    -6,

    novembre

    964).

    a

    notion

    ultrachosesde

    Wallon,

    es tres

    inguliers

    u'on

    ne

    peut

    cerneru

    regard,

    ur

    esquels

    l

    est

    mpossible

    e

    varier

    a

    perspective

    le

    ciel,

    a

    terre,

    e

    soleil ...]), st voque our xpliqueres distorsionsdesdessinsnfantins.insies

    parents,

    e

    champ

    ont

    grands

    ommenemaison

    pour

    'enfant.'adulteduitenombre

    de ces

    grandeurs

    bsolues

    c'est

    a

    significationsychologique

    e

    a

    rvolution

    operni-

    cienne,

    ar xemple),

    ais e

    parvientamais

    les

    liminer

    out

    fait.

    ous

    ommesitus

    toujours

    e a

    mme

    manire

    ar

    apport

    u

    corps ropre,

    t l

    est

    mpossible,

    me

    la

    conscience

    dulte,

    e

    concevoirellementa

    propre

    ort.

    a

    croyance

    ue

    nous ommes

    coextensifs

    l'tre

    erait

    nhrente

    la

    subjectivit.

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    14/27

    U

    Esthtique

    e

    Merleau-Ponty

    85

    de fuite ne seraitqu'une faussemodestie.En ralit, e paysagerepr-

    sente

    ce

    qu'on peut

    voir

    d'un monde

    devenu

    le

    Grand

    Objet.

    Cache

    au

    cur

    de

    ce

    pouvoir

    circonscrit st

    une

    autre

    perspective,

    elle

    de

    Dieu,

    celle

    du

    monde vu de

    nulle

    part

    et de

    partout.

    Le

    peintre

    devient

    ce

    point

    rtrci

    de

    la rtine

    qui

    reflteun

    aspect

    de

    Yomnitudo

    ealitatis

    cartsienne.

    a

    modestie

    est l'envers

    de

    cette

    domination

    du

    monde,

    qui

    rduit celui-ci

    au

    uni-ver

    um.

    Ce

    qu'il

    importe

    de

    rvler,

    pour

    Merleau-Ponty,

    'est

    le

    monde

    polymorphe

    qui

    donne

    lieu

    toutes les

    modalits

    d'expression

    sans

    correspondre

    aucune.

    Ce

    monde

    sauvage

    ,

    il

    l'voque

    dans

    le

    style

    indirect, u rythmeaccad qui charriedes mtaphores, ui est celui de

    sa

    dernire

    priode.

    Les

    choses

    sont

    ,

    non

    plus

    seulement,

    omme

    dans

    a

    perspective

    e la

    Renaissance,

    elon

    eur

    pparence rojective

    t selon

    'exigence

    u

    panorama,

    mais

    au contraire

    ebout, nsistantes,

    corchant e

    regard

    de leurs

    artes,

    chacune

    revendiquant

    ne

    prsence

    bsolue

    qui

    est

    incompossible

    vec celle

    des

    autres,

    t

    qu'elles

    ont

    pourtant

    outes

    nsemble,

    n

    vertu

    d'un sens

    de

    configuration

    ont

    e

    sens

    thortique

    ne nous

    donne

    pas

    ide26.

    Malgr

    l'importance

    philosophique,

    psychologique

    et

    mme

    poli-

    tique de la Weltanschauungui relvede la perspectivede la Renaissance,

    qui dompte

    l'tre

    sauvage

    du

    monde

    vcu,

    et

    malgr

    l'importance

    de

    cette

    tape

    dans

    l'histoire

    empirique

    et

    pour

    ainsi

    dire linaire

    de

    la

    peinture

    mme,

    l

    y

    a

    une

    autre

    histoire

    de

    la

    peinture

    historicit

    ans

    progrs,

    ans dbut

    et

    sans

    terme.

    La

    vrit

    de

    l'art,

    n'tant

    ni une

    correspondance

    vec

    une ralit xtrieure

    e

    laquelle

    on

    s'approcherait

    progressivement,

    i

    un

    volontarisme

    rbitraire,

    ne

    subjectivit

    bsolue

    qui

    n'aurait

    rien

    voir

    avec

    un

    monde

    objectif

    car

    quel

    sens

    pourrait-

    on

    assigner

    une

    subjectivit

    ans

    ralit

    extrieure

    ui

    s'y

    oppose

    ?),

    ne

    peut

    tre

    que

    le retour

    perptuel

    cet

    tre

    polymorphe,

    tre

    qui

    n'est pas plus objectivement peru que le peintren'est subjective-

    ment

    exprim

    dans

    son

    uvre.

    Toute

    la

    peinture

    reprsenterait

    n

    projet

    unitaire

    n

    quelque

    sorte,

    t c'est

    pourquoi

    les coles

    rivales

    et les

    peintres

    qui

    se

    sont

    dtests

    ont

    l'air

    de

    collaborer

    au

    muse.

    Mais

    cette

    gnralit

    de

    la

    peinture,

    fonds

    commun

    qui

    doue

    d'un

    sens

    la varit

    des

    techniques

    et

    des

    esthtiques,

    n'est

    pas

    comprendre

    l'aide

    des

    concepts

    dalistes,

    monstre

    hglien

    ou

    Esprit

    de

    la

    Pein-

    ture

    qui

    se

    raliserait

    travers

    'histoire.

    C'est

    plutt

    en

    dessous

    de

    l'histoire

    officielle e

    la

    Peinture,

    dans

    le

    corps

    humain

    et

    son

    apparte-

    nance

    un

    monde

    unique,

    non

    pas

    dans

    les

    vnements,

    mais

    dans

    Y

    v-

    nemente la perception t esdimensionnalitsuvertesparelle,qu'on doit

    saisir

    a

    gnralit

    de

    l'expression

    plastique.

    Gnralit

    du

    corps

    et

    non

    26.

    Signes,.

    228.

    Dans

    e

    philosophe

    t on

    mbre,

    aru

    'abordans

    dmundusserl

    i*J9-i99>

    ijhoff,

    959.)

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    15/27

    86 Micbal

    B.

    Smith

    de l'esprit, ogique naissante ux jointuresde la spatialitdu corps et de

    son

    monde,

    le

    langage

    de

    la

    peinture

    n'est

    pas

    hors du

    temps

    et

    de

    l'espace,

    mais

    omnitemporel

    et

    partout

    indigne,

    universel

    dans

    la

    mesure o elle est

    lie

    l'individuel concret.

    La

    quasi-ternit

    e

    l'art

    se

    confond vec

    la

    quasi-ternit

    e

    l'existence

    incarne t nous avons

    dans 'exercice e

    notre

    orps

    et de

    nos

    sens,

    en tant

    qu'ils

    nous

    insrent

    ans

    e

    monde,

    de

    quoi comprendre

    otre

    gesticulation

    culturelle n

    tant

    qu'elle

    nous insre

    dans l'histoire87.

    Prcisons

    le

    sens

    de

    cette

    historicit

    de

    l'expression,

    car c'est elle

    qui conduit l'ontologie de Merleau-Ponty. a perception, 'histoireet

    l'expression

    sont

    des

    problmes

    qui

    s'clairent

    mutuellement ans

    leur

    rapport

    l'Etre.

    L'Etre est

    ce

    qui

    exige

    e nous

    ration

    our que

    nous

    en

    ayons

    l'exprience.

    28

    L'histoire est

    Stiftung

    elon

    le

    terme

    husserlien,

    institution

    u

    sens actif

    du mot. Elle est

    donc

    tradition,

    mais tradition

    dfinie

    omme

    le

    pouvoir

    'oublier

    es

    origines

    t

    de donner

    au

    pass,

    non

    pas

    une survie

    qui

    est

    la forme

    hypocrite

    e

    l'oubli,

    mais

    une nouvelle

    vie,

    qui

    est

    la forme

    noble

    de la

    mmoire 29.

    Avnement, nstitution,

    initiation,

    uverture

    'une

    dimensionnalit

    ui

    ne

    cessera

    plus

    de solliciter

    un

    avenir,

    a

    position

    d'un monde

    qui

    soit

    peindre

    ,

    l'historicit

    e

    la peinture st aux antipodesde l'espritdu Muse, qui rend es peintres

    aussi

    mystrieux que

    les

    pieuvres

    et les

    langoustes

    .

    Ce

    morcellement,

    cette

    extriorit

    ecouvrent

    'histoire

    secrte,

    pudique,

    non

    dlibre,

    involontaire,

    ivante

    enfin

    de

    la

    peinture.

    Il

    nous

    reste montrer

    comment

    la

    perception, l'expression

    et

    l'histoire,

    ermes

    dsormais

    relis

    entre

    eux,

    entreront

    ans

    la

    configu-

    ration

    ontologique

    de

    U

    il et

    l'esprit.

    Entreprise

    d'autant

    plus

    difficile

    que

    le

    style

    mme

    de

    l'essai

    est

    souvent

    allusif,

    oblique,

    un

    exemple

    du

    langage

    indirect l'uvre. Autre

    difficult est

    sous-jacente

    ce

    texte,

    ui

    dit

    tout

    ,

    selon

    Sartre,

    pourvu

    qu'on

    sache

    le

    dchiffrer

    ,

    toute l'ontologie du Visibleet l'invisible. ssai sur la peinture,mais,

    comme

    L'origine

    e la

    gomtrie

    e

    Husserl,

    essai

    exemplaire,

    recherche

    de

    l'originaire,

    du

    fondamental

    non

    seulement

    de

    la

    peinture,

    mais

    de

    toute

    la

    culture.

    U

    il

    et

    l'esprit

    Tous

    les

    thmesde

    cet

    essai

    de

    1961

    ont t

    dj

    introduits ans des

    uvres

    prcdentes.

    Mais

    une

    modification

    ans

    la

    terminologie

    eflte

    27.

    bid

    p.

    87.

    28. he visible

    t

    'invisible,

    .

    251.

    29. Signes,.

    74.

    30.

    Jean-Paul

    artre,

    Merleau-Ponty

    ,

    dans

    ituations

    V,

    Gallimard,

    964, .

    262

    at

    parGary

    Madison,

    a

    phnomnologie

    e

    Merleau-Ponty

    Klincksieck,

    973, .

    112).

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    16/27

    L'Esthtique

    de

    Merleau-Ponty

    87

    unchangement adicaldeperspective. a perception stdevenue vision

    la

    corporalit

    chair

    ,

    et l'tre

    prend

    a

    majuscule.

    C'est

    que

    ces

    termes

    dsignent

    dsormais

    es lmentsd'une nouvelle

    ontologie.

    La

    peinture

    n'est

    plus

    une

    fonction

    anthropocentrique.

    L'homme,

    travers

    qui

    l'Etre

    s'exprime,

    est

    le lieu

    privilgi

    o le

    monde

    se retourne ur

    soi,

    se

    fait

    voyant-

    isible

    .

    Il

    s'agit

    donc

    d'une

    mtaphysique

    e

    la

    peinture.

    Mais

    le

    textemme

    nous

    prvient

    qu'il

    ne

    sera

    pas

    question

    d'attacher

    l'histoire

    de

    la

    peinture

    moderne

    une

    interprtation hilosophique

    :

    [...]

    la

    mtaphy-

    sique

    laquelle

    nous

    pensons

    n'est

    pas

    un

    corps

    d'ides

    spares

    pour

    lequel on chercherait es justificationsnductivesdans l'empirie... 31.

    Son intention

    pour

    ce

    qui

    est

    de

    ses vues sur

    l'art

    moderne,

    du

    moins)

    est formule ur

    un

    ton bien

    plus

    modeste,

    ui

    rappelle

    cet autre

    essayiste

    qu'il

    a tant

    admir,

    Michel de

    Montaigne.

    [...]

    il n'est

    pas

    illgitime

    u'un

    profane,

    aissant

    parler

    e

    souvenir

    de

    quelques

    tableaux

    t

    de

    quelques

    ivres,

    ise

    comment

    a

    peinture

    ntervient

    dans

    es rflexions

    t

    consigne

    e sentiment

    u'il

    a d'une

    discordance

    rofonde,

    d'une mutation

    ans

    es

    rapports

    e l'homme

    t de

    l'Etre,

    quand

    l

    confronte

    massivement

    n univers

    e

    pense

    lassique

    vec es

    recherches

    e la

    peinture

    moderne. orte

    d'histoire

    ar

    contact,

    ui

    peut-tre

    e

    sort

    pas

    des limites

    d'unepersonne,t qui pourtant oittout la frquentationes autres ...]#a.

    L'essai

    est

    de

    cinq

    parties.

    La

    premire

    oppose

    l'art

    et

    la science

    la seconde

    montre

    uelles

    sont

    les conditions

    ontologiques

    pour

    qu'il

    y

    ait

    une

    Visibilit

    ,

    ce

    dlire

    de

    la vision

    clbr

    par

    la

    peinture;

    la

    troisime

    est

    une

    critique

    de

    la

    mtaphysique

    de

    la

    peinture

    telle

    qu'elle

    est

    esquisse

    par

    Descartes

    dans

    La

    dioptrique

    la

    quatrime,

    introduite

    par

    notre citation

    du

    paragraphe

    prcdent,

    value et

    inter-

    prte

    les

    tableaux

    et les noncs

    thoriques

    de

    plusieurs

    peintres

    et

    sculpteurs

    modernes,

    dont

    Czanne,

    Matisse,

    Rodin,

    Delaunay

    et Klee.

    (Les ditions de l'Art de France et de Gallimard, 1963, comportent

    des

    planches

    de

    Czanne,

    Matisse et Nicolas de

    Stal,

    parmi

    d'autres.)

    Enfinune

    cinquime

    partie,

    rs

    brve,

    conclut

    sur

    une

    description

    e

    la

    temporalit

    ingulire

    des

    uvres

    artistiques.

    L'histoire

    de

    la

    peinture

    n'admet

    pas

    de

    progrs

    proprement

    arler,

    ar

    en

    un sens

    la

    premire

    des

    peintures

    llait

    usqu'au

    fond de

    l'avenir.

    Les uvres

    ont de l'ordre

    de

    l'acquis,

    une

    catgorie

    sur

    laquelle

    nous aurons

    revenir.

    La science

    manipule

    les choses

    et renonce

    les

    habiter.

    Avec

    cette

    dclaration

    liminaire

    il

    est clair

    que

    Merleau-Ponty

    associe

    la

    science

    moderne

    la

    pense

    opratoire,

    '

    idologie

    cyberntique

    qui

    pour lui prsage mal de l'avenir.

    Si ce

    genre

    e

    pense

    prend

    n

    charge

    'homme

    t

    'histoire,

    t

    si,

    feignant

    d'ignorer

    e

    que

    nous

    en

    savons

    par

    contact

    t

    par position,

    lle

    entreprend

    31.

    U

    il t

    'esprit,

    .

    61.

    32.

    bid.t

    . 63.

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    17/27

    88 Michael

    B.

    Smith

    de les construire partir e quelques ndices bstraits,ommePont fait uxEtats-Unis ne

    psychanalyse

    t un culturalisme

    cadents,

    uisque

    Phomme

    devient raiment

    e

    manipulandum

    u'il pense

    tre,

    n

    entredans

    un

    rgime

    de culture

    il

    n'y

    a

    plus

    ni

    vraini faux

    ouchant

    homme t

    'histoire,

    ans

    un

    sommeil

    u

    un

    cachemar

    ontne

    saurait

    e

    rveiller38.

    Cette

    position

    est

    rapprocher

    e celle

    de

    Heidegger, qui

    situe

    l'esprit

    de

    la

    science

    dans la

    technologie.

    Mais

    Merleau-Pontyy

    voit un

    dve-

    loppement

    relativement

    cent,

    t admet

    que

    la

    science

    classique

    gar-

    dait

    le sentiment

    e

    l'opacit

    du monde

    .

    C'est

    pourquoi

    elle

    cherchait

    pour

    ses

    oprations

    un

    fondement

    ranscendant

    u

    transcendantal.

    Mais

    le dtourpar la mtaphysique, ue Descartes avait tout de mme fait

    une fois

    dans

    sa

    vie,

    la

    science

    s'en

    dispense

    elle

    part

    de ce

    qui

    fut

    son

    point

    d'arrive

    84.

    C'est

    dire

    que

    la

    certitude

    u

    monde

    extrieur,

    ue

    Descartes

    fondait

    ur

    le

    Cogito

    et le

    principe

    de la cration

    continuelle

    de

    Dieu,

    la science

    en

    est venue

    l'accepter

    comme

    allant

    de

    soi,

    et

    relgue

    la

    psychologie

    e

    problme

    du

    rapport

    du

    sujet

    connaissant

    avec

    le

    monde

    et avec

    lui-mme.

    U

    ilet

    V

    sprit

    onstitue,

    nos

    yeux,

    'expression

    a

    plus pleine que

    Merleau-Ponty

    it

    donne

    son

    esthtique.

    A

    la force

    discursivede

    ses

    arguments 'ajoute

    la

    sduction

    d'un

    style ui voque

    constamment

    otre

    situationde faitau monde vcu, et dont la fonction est de maintenir

    cette

    situation,

    rsente l'esprit,

    u

    cours de

    l'analyse.

    Il

    est

    essentiel,

    par

    exemple,

    que

    le

    lecteur e

    reprsente

    n

    monde

    non

    seulement

    tal

    devant

    ui,

    comme

    l'objet

    pistmologique,

    mais

    qui

    l'entoure,

    e com-

    prend,

    e

    traverse.

    La

    vision clt au

    milieu des

    choses,

    dans

    l'cart,

    e

    creux

    qu'on

    a

    appel

    trop catgoriquement

    subjectivit

    ,

    la

    dhiscence

    de

    l'Etre;

    elle est

    clatement

    ,

    dflagration

    de

    l'Etre.

    La vision ne

    peut

    pas

    tre

    Vintuitus entis

    e

    l'idalisme,

    parce

    que

    la

    vision

    est mouvement

    donc

    elle

    exige

    un

    corps.

    Que

    serait a

    vision

    sans mouvement

    Elle

    est

    l'entrelacs

    de

    nos

    projets

    sensorimoteurs.

    L'il

    explore, interroge

    es

    objets,

    et

    voir,

    c'est savoir

    s'approcher

    d'eux,

    en

    principe

    du

    moins. La

    vision

    n'est

    pas

    comme

    e bout

    du bton

    de

    l'aveugle

    :

    elle

    se

    prcde,

    est

    clairvoyance,

    tlvision

    .

    Le

    sujet

    voyant

    ne

    ressemble

    pas

    non

    plus

    au

    sujet

    pistmologique

    idaliste.

    C'est

    un

    soi,

    non

    par transparence,

    omme a

    pense,qui

    ne

    pense quoi

    que

    ce soit

    qu'en

    l'assimilant,

    n

    le

    constituant,

    n

    le transformantn

    pense

    -

    mais

    un

    soi

    par

    confusion,

    arcissisme,

    nhrence e celui

    qui

    voit

    ce

    qu'il

    voit,

    de celui

    qui

    touche ce

    qu'il

    touche,

    u

    sentant

    u

    senti

    un soi

    doncqui estprisentre es choses,qui a uneface et un dos,un pass et unavenir

    ...]36.

    33.

    bid.,

    . 9.

    -

    34.

    btd.,

    .

    57-

    35.

    bid.,

    p.

    19.

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    18/27

    UEsthitique

    de

    Merleau-Ponty

    89

    En somme l'esthtiquede la peintureest fonde sur une mtaphy-

    sique

    de

    la

    vision,

    et

    la

    vision

    son tour

    sur

    une

    description

    ntologique

    du

    corps-sujet

    omme

    voyant-visible.

    out

    dpend

    donc

    de

    la

    validit

    de

    l'explication

    du

    corps

    vcu. Voil ce

    que

    nous offre e

    passage lyrique

    remarquable,

    qui

    rsume

    tout le

    bti

    ontologique

    du

    corps,

    s

    arrtant

    sur une

    vocation

    du

    rapport

    ntre a

    contingence

    t

    la

    ncessit

    ui

    pour

    Merleau-Ponty

    aractrise

    a

    condition

    humaine :

    Un

    corps

    humain st

    quand,

    entre

    oyant

    t

    visible,

    ntre

    ouchant t

    touch,

    ntre n il et

    l'autre,

    ntre

    a main et la main se fait

    une

    sorte

    de

    recroisement,

    uand

    s'allume 'tincelle u

    sentant-sensible,

    uand

    prend

    e

    feu

    quinecessera asdebrler,usqu'ce que tel ccident ucorpsdfasse e que

    nul

    accident 'aurait uffi

    faire

    ...]36.

    Une

    fois

    pose

    cette ituation

    e

    fait,

    ous

    es

    problmes

    de

    la

    peinture

    sont l.

    Le

    tableau,

    c'est la

    trace

    visible,

    l'icne,

    la formule

    charnelle,

    l'quivalent

    interne

    du

    monde

    en

    moi.

    Le

    tableau

    n'est

    pas

    une

    chose

    mais

    l'essence charnelle

    de

    la

    chose,

    un

    visible

    la deuxime

    puissance.

    O

    est le

    tableau,

    dans

    quel espace

    ? Car

    sa

    spatialit

    n'est

    pas

    celle

    de

    la

    res

    xtensa

    mais

    on ne

    saurait ui

    assigner

    un lieu

    dans

    le ciel

    plato-

    nicien

    d'essences,

    puisqu'il

    doit exister

    pour

    la

    vision.

    Les

    animaux

    eints

    ur a

    paroi

    de Lascaux

    n'y

    sont

    pas

    comme

    y

    est a

    fente

    u

    la

    boursouflure

    u

    calcaire. ls

    ne

    sont

    pas

    davantage

    illeursUn

    peu

    en

    avant,

    n

    peu

    en

    arrire,

    outenus

    ar

    sa masse

    dont

    ls

    se

    servent droite-

    ment,

    ls

    rayonnent

    utourd'elle sans

    amaisrompre

    eur

    nsaisissable

    marre.

    Je

    serais

    bien

    en

    peine

    de dire

    o est

    e

    tableau

    que je regarde.

    Car

    je

    ne le

    regarde

    as

    comme

    on

    regarde

    ne

    chose,

    e

    ne le

    fixe

    as

    en

    son

    lieu,

    mon

    regard

    rre n

    lui

    commedans les nimbes

    de

    l'Etre,

    e

    vois selon ou

    avec

    lui

    plutt

    que je

    ne le vois37.

    Quelle

    est

    la

    diffrencentre

    a

    faon

    dont

    nous

    regardons

    es

    choses

    et les tableaux? Les choses ne sontpas seulementvisibles,elles offrent

    aussi

    l'esprit

    et aux instruments

    e

    la

    science

    un

    champ

    de

    recherche,

    mais

    le

    tableau

    n'est un

    analogue

    que

    selon le

    corps.

    Le tableau

    n'offre

    pas

    l'esprit

    une

    occasion

    de

    repenser

    es

    rapports

    onstitutifses

    choses,

    mais

    au

    regard,

    pour qu'il

    les

    pouse,

    les

    traces

    de la

    vision

    du

    dedans,

    la vision

    ce

    qui

    la

    tapisse

    intrieurement

    ...]

    88. Le tableau

    est

    le

    dehors

    u

    dedans

    la

    reprsentation

    xtrieure

    e

    l'quivalent

    nternede

    la

    chose en

    nous,

    le

    diagramme

    de sa

    vie

    dans mon

    corps,

    sa

    pulpe

    ou

    son

    envers

    charnel

    pour

    la

    premire

    fois

    exposs

    aux

    regards

    )

    et

    le

    dedans

    u

    dehors

    cette

    texture

    maginaire

    u rel

    ,

    essence

    qu'on

    dcouvre

    l'objet, dont toutes es facettes e prsentent ommel'expression).

    36.

    bid.y

    .

    21.

    37-

    bid.,

    . 2}.

    38.

    bid,,

    .

    24.

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  • 7/23/2019 l'Esthtique de Merleau-ponty

    19/27

    9o

    Michail

    B. Smith

    Le chiasmadu sensible est le lieu de la rversibilit ui est pour

    Merleau-Ponty

    a

    vrit

    ultime.

    Son

    archtype

    est le

    corps

    humain,

    qui

    ralise

    une

    sorte

    de

    rflexion

    aturelle,

    tant

    la

    fois

    sujet

    et

    objet

    de

    sa

    propre perception

    en

    ce