l'inébranlable - numéro 11

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OCTOBRE 2010 — NUMÉRO 11 — DISTRIBUÉ GRATUITEMENT — LE JOURNAL DES ÉLÈVES DU LYCÉE ÉDOUARD BRANLY DE NOGENT- SUR-MARNE La prépa Sciences-po continue. Page 2. — Les secondes se sont installés. Page 3. — Bloquer ou être bloqué, telle est la question. Page 4. — Sorties indé(centes). Page 6 — Entrez dans l’ère tôpienne. Page 7 — The Social Network, critique. Page 7 — Ce qui mène à la réforme. Page 8. BLOQUER OU ÊTRE BLOQUÉ TOUT CE QU’IL FAUT SAVOIR, PAGE 4.

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Le onzième numéro du journal des lycéens du lycée Édouard Branly, de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne, France)

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Page 1: L'Inébranlable - Numéro 11

OctObre 2010 — NumérO 11 — Distribué gratuitemeNt — Le jOurNaL Des éLèves Du Lycée éDOuarD braNLy De NOgeNt-sur-marNe

La prépa Sciences-po continue. Page 2. — Les secondes se sont installés. Page 3. — Bloquer ou être bloqué, telle est la question. Page 4. — Sorties indé(centes). Page 6 — Entrez dans l’ère tôpienne. Page 7 — The Social Network, critique. Page 7 — Ce qui mène à la réforme. Page 8.

BLOQUER OU ÊTRE

BLOQUÉ

TOUT CE QU’IL FAUT SAVOIR, PAGE 4.

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2 L’iNébraNLabLe, OctObre 2010, NumérO 11BRANLY EN BREF

LA PRÉPA SCIENCES PO CONTINUEDepuis 10 ans maintenant (et depuis deux

ans pour M. Bossy), une « prépa » au sein du lycée propose des cours de culture gé-

nérale à ceux qui souhaitent intégrer Sciences Po, le très fameux Institut d’études politiques. A raison d’une ou deux heures de cours par semaine (selon les disponibilités), les partici-pants pourront renforcer leur culture générale et affronter le plus sereinement possible le concours d’entrée à l’école. Cet examen, qui l’année dernière a eu lieu fin juin, consiste généralement en une dissertation d’histoire portant sur le programme de 1ère et de Terminale, une épreuve de culture générale (composition ou commentaire), une épreuve de langue (LV1 ou LV2 au choix) sous forme de questionnaire sur un texte, la note éliminatoire étant de 7/20. Eventuellement, les candidats

peuvent présenter une option, selon leur filière (économie, français, maths...). Les cours sont dirigés par M. Bossy, profes-seur de philosophie à Branly et maître de conférence à Sciences Po Paris. Les candidats doivent prendre le plus grand soin de leur syntaxe, grammaire et ortho-graphe, sans quoi la sanction est immédiate. « Ce concours demande de vraies qualités littéraires, » précise M. Bossy. Si la forme doit être soignée, il en va de même pour le fond : la prépa est là pour vous aider mais, masse de travail oblige, la motivation est la condition sine qua non pour réussir. Des dossiers consistants sont envoyés aux élèves et travaillés en cours. Si cette prépa-ration semble trop légère, les élèves désireux peuvent toujours s’inscrire dans différents

lycées qui organisent des heures de travail plus intensives en dehors de l’année scolaire ou dans une prépa durant les vacances de la Toussaint, Noël, Février et Pâques (le concours Sciences Po Paris aura encore lieu cette année au mois de juin, après les épreuves du bac). « Le lycée La Fontaine (Paris-16e arrondisse-ment) a intégré une bonne trentaine d’élèves sur une centaine l’année dernière, » indique M. Bossy. « C’est une très bonne prépa pu-blique, connue depuis près de 20 ans. »Une précision très importante : Sciences Po n’accueille ses élèves qu’à bac +0 ou, beau-coup plus tard, en bac +3 (finies les admis-sions à bac +1 pour Paris, reste la province). Il faut donc se décider rapidement si on souhaite présenter le concours Paris, bac en poche.

Ce qu’on nomme Sciences Po est un institut d’étude politique (IEP) qui offre une forma-tion large et un vaste choix de diplômes. Les matières privilégiées sont les sciences humaines (Histoire, histoire des institutions et de la politique, économie...), le droit, la philosophie, la culture générale. Pour quoi faire ? Pour préparer un master ; il y en a 12, parmi lesquels Affaires euro-péennes, Affaires publiques (notamment pour entrer à l’ENA et faire une carrière de fonctionnaire), Carrières judiciaires et

juridiques, Communication, Environnement, Développement durable et risques, Finance des projets internationaux et bien d’autres. Les plus courageux et passionnés peuvent tenter un doctorat que ce soit en histoire, économie, science politique ou sociologie. Ainsi l’éventail des possibilités est vaste et l’atout de cette école est bien le choix qu’elle offre en matière de formations ; le « cloison-nement » est moins fort qu’à la fac ou dans d’autres écoles. Quant aux débouchés, ils sont plus ou

moins nombreux selon le master choisi : ain-si, le master communication ouvre les portes d’un large panel d’entreprises ; les détenteurs d’un diplôme en affaires publiques peuvent être embauchés par l’Etat, les collectivités territoriales, ambassades, hôpitaux... Mais en attendant, il faudra soigner ses bulletins et ses copies du bac, la moyenne générale du sacro-saint baccalauréat étant coefficient 1 au concours d’entrée... Bien d’autres préci-sions sont à découvrir sur sciences-po.fr !

Solène Baron

Les cours de M. Bossy ont lieu tous les ven-dredis de 13h à 14h en A204 et tous les samedis de 12h à 13h en A112 ; les deux heures seront consacrées aux mêmes cours.

En cas d’absence, les participants vous trans-mettront leurs notes. Deux des cinq élèves qui faisaient la prépa l’année dernière et qui ont intégré Sciences

Po devraient passer dans le cours de M. Bos-sy le samedi 23 octobre, jour du début des vacances pour répondre aux questions sur le concours.

L’école

Les informations pratiques

Si vous pensez pouvoir obtenir la mention Très Bien au bac, vous devez d’ores et déjà penser à faire un dossier auprès de l’admi-nistration Sciences Po Paris pour cette pro-cédure spéciale (ce qui ne vous empêche pas de tenter aussi le concours, car votre mention n’est pas assurée) : un oral étant éventuelle-ment organisé, toutes les mentions Très Bien

ne sont plus automatiquement admises comme avant.Ceci, vous pourriez aussi le présenter en Bac + 1, dans un an.Si vous échouez au concours bac +0, il vous faudra attendre trois ans d’études pour pouvoir vous représenter à Paris. Pour avoir des chances d’être pris(e), il vaut mieux

s’engager, en attendant, dans des études d’économie ou de droit que d’ingénieur, par exemple...Et si vous n’êtes pas au courant, le concours est payant : vous devrez verser la « modique » somme de 180 euros, à moins que vous ne soyez boursier (60 euros).

Le coin des « si »

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3L’iNébraNLabLe, OctObre 2010, NumérO 11

Premier bilan après un mois de cours. Se perdent-ils encore dans le lycée ? Prenent-ils Madame Cocotier pour Madame Cheze ? L’entrée collège pour l’entrée lycée ?

LES SECONDES SE SONT INSTALLÉSBRANLY EN BREF

Qu’on soit en Première, en Terminale ou qu’on vienne d’entrer en Seconde, on se souvient pratiquement tous de ce pre-

mier jour au lycée, qui est un peu synonyme de « nouveau » et de « perdu » pour la plupart. Le lycée peut être au début un peu boule-versant pour les nouveaux qui entrent en Seconde. «Il y a beaucoup de gens nouveaux qu’on ne connaît pas,  » dit Rossane Salem en seconde  7. « Le premier jour, il y en avait tellement que nous étions complètement perdus.» C’est vrai qu’avec pas moins d’environ 960 lycéens, les bâtiments d’Edouard Branly peuvent paraître gigantesques. Pour beaucoup d’élèves, le lycée offre une opportunité de se faire d’autres connais-sances, de nouveaux amis.«  On se connaît tous, vu qu’on a passé les quatre dernières années ensemble, » raconte Inès Roulet, en seconde 6. « C’est d’ailleurs bien de changer, de rencontrer d’autres gens. » D’autres ont été séparés des gens qu’ils connaissaient. « On est en quelque sorte forcé d’aller vers les autres, car personnellement, je ne connais-sais personne, venant d’arriver à Nogent sur Marne cette année, » dit Sophie Ren, en se-conde 1 scolarisée en Alsace dans le collège Robert Bletz jusqu’à l’année dernière. « C’est un bon moyen de connaître d’autres gens. » En effet, il n’y a pas que des gens de Nogent qui viennent à Branly, mais aussi des gens venus de Bry-Sur-Marne, le plus souvent du collège Henri Cahn, et même de Saint-Maur.

Bien sûr, ce n’est qu’en minorité, car une grande majorité vient du collège Édouard Branly, qui eux partent d’ailleurs avec un gros avantage : ils connaissent un peu le bâtiment.Séverine Augé, elle, en Seconde 7, ne vient pas de Branly mais de Watteau : «  pendant les deux premières semaines, je me suis souvent perdue, et salle A205 est encore un grand mystère pour moi », dit-elle. Elle n’est bien sûr pas la seule qui se trompe encore de côté pour ces fameuses salles 200. Pour beaucoup, le lycée n’est pas simple-ment un lieu on l’on travaille, mais aussi un lieu dans lequel on peut s’investir en participant à plusieurs activités. Il y a un club de photographie, un concert, un bal de fin d’année et un journal auquel tout le monde peut contribuer, créant ainsi une vraie vie lycéenne, ce qui est également nou-veau par rapport au collège, où ces activités là n’existaient quasiment pas.

Si en matière de sociabilité et d’activités pro-posées le lycée est différent de la troisième, la quantité de travail à fournir l’est aussi. «  Les journées sont doublées, le travail à fournir est assez impressionnant et les profs attendent beaucoup plus de nous qu’avant», dit Rida Saih, en Seconde 7. Pour Yalda Taghizadeh, en Seconde 10, s’ap-puyer sur ses connaissances ne suffit plus. «  Je ne me suis pas encore faite au rythme prenant du lycée en ce qui concerne le tra-vail, » dit-elle. « Il faut que je travaille plus. » Mais pour les nouveaux Secondes, qui dit « lycée » dit plus de « libertés ». « C’est vraiment bien car on peut utiliser nos portables dans les couloirs, on n’a plus besoin de montrer nos carnets pour sortir et on peut aller dehors pendant la récrée », dit Caroline Longuet en Seconde 2. « On est plus libre et on a également plus de responsabilités. »

Maude Sebaïhi

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4 L’iNébraNLabLe, OctObre 2010, NumérO 11INTERVIEW

BLOQUER OU ÊTRE BLOQUÉ,TELLE EST LA QUESTIONLe mouvement national contre la réforme des retraites a perturbé le lycée Edouard Branly qui, comme beaucoup d’autres lycées en France, n’a pas échappé aux casseurs ces deux dernières semaines.

Branly a souvent participé aux mouve-ments nationaux dans le passé, mais « cette année, » dit Mme Cocotier,

conseillère principale d’éducation, « c’est complètement différent. » « En temps normal, on n’a pas affaire à des jeunes casseurs, » dit le responsable de la po-lice municipale de Nogent-Sur-Marne. «  En général, ça se passe de façon bon enfant.  » En effet, lors des mouvements de ces der-niers jours, il a fallu faire la distinction entre manifestants et casseurs, qui ont des motifs différents. « Ils ne sont pas organisés politiquement, » affirme M. Sadoul, proviseur du lycée. « Ils profitent de la situation politique pour casser. » L’année dernière, au contraire, les mouve-ments devant Branly concernaient les élèves du lycée. « On avait aussi Louis Armand qui venait étoffer le blocus de Branly mais on pouvait leur parler, » ajoute M. Sadoul.

Les faitsJeudi vers 11h, des lycéens de Val de Beauté et Paul Doumer sont venus bloquer et vandaliser Branly. Les jeunes, d’abord peu nombreux, ont hésité face aux quatre policiers municipaux présents, mais au fur et à mesure que leur nombre a augmenté, ils se sont avancés vers les portes du lycée.

L’un d’eux a jeté une pierre contre une des fenêtres de l’établissement, brisant une vitre à 600 €, d’après M. Rabia. Par un mouvement de foule, le groupe est ensuite parvenu à forcer les portes du lycée et entrer en masse dans la cour, jusqu’au bâtiment B, renversant chaises, meubles et poubelles.

Le jour suivant, le groupe est revenu un peu plus gros mais cette fois, les lycéens ont dû rester dans leur salle de cours pendant la récréation ou du moins dans la cour intérieure. Trois personnes sont parvenues à pénétrer dans le lycée, occasionnant des dommages matériels. Samedi, le mouvement s’est calmé. « Ils dor-ment le samedi, » plaisante Mme Cocotier.

« Et puis il y a beaucoup d’établissements qui sont fermés. » Lundi, pour la première fois depuis le début des événements, des lycéens de Branly ont voulu organiser un véritable blocus. Un petit groupe d’élèves avait d’abord proposé une assemblée générale, en prenant d’autres lycées pour modèle. « Une assemblée générale, ça peut se faire dans la cour, avec un vote et des tours de parole, » explique M. Sadoul. « Il faut surtout éviter de faire quoi que ce soit à l’extérieur jusqu’aux vacances. » Suivant les restrictions de sécurité, les organisateurs ont préféré un vote par classe. Le blocus du lendemain a alors été voté à 77,4%.Le pic de violence a eu lieu mardi. De 7h30 à 11h environ, le blocus des lycéens de Branly s’est déroulé dans le calme, avec chansons et bannières. Les collégiens pouvaient accéder

à l’établissement, ainsi que les terminales s’inscrivant au bac. Les organisateurs com-muniquaient avec les policiers nationaux et municipaux, venus en renfort. Vers 11h, des élèves de Paul Doumer et de Val de Beauté, mais surtout aussi des « éléments déscolarisés, » d’après la police,

sont venus se mêler aux manifestants. « Ils ont commencé par des fumigènes, puis des bières, tout ce qui était vide, tout ce qu’ils trouvaient, ils l’ont jeté sur les policiers. Alors ils nous ont dit ‘‘on va vous gazer. Partez.’’ Ils étaient gentils, ils nous ont prévenus. Après ils ont avancé, et ils nous ont gazés. On a tous été gazés, tout le lot, à la bombe lacrymo,» témoigne Sarah De

Oliveira, élève de Branly. La police municipale n’a fait usage d’aucune arme. Les CRS ne sont pas intervenus, mais des compagnies départementales. Les dégradationsDe l’intrusion d’élèves de Val de Beauté et Paul Doumer jeudi aux émeutes de mardi, Branly, mais aussi d’autres lycées, ainsi que la ville de Nogent ont subi des dommages. D’après le responsable de la police muni-cipale, c’est surtout du matériel urbain qui a été saccagé mardi, comme des barrières et des pots de fleurs, ainsi qu’un véhicule municipal. « Il y a un groupe qui est venu casser la vitrine, ils ont retourné la voiture de flics, » ajoute Sarah De Oliveira. « Ils ont retourné la voiture d’un surveillant aussi. Il a été blessé. »« Il y a un car avec des petits de l’école primaire qui est passé, ils ont balancé des cailloux et cassé une vitre, » témoigne Daniel

Cocer Roa. À l’intérieur du lycée, les dégâts sont du même ordre. « Ils ont cassé du mobi-lier, et des portes dans les bâtiments A et B. On a arraché des radars de sécurité incendie, des extincteurs, des fils... ça coûte très cher, » dit M. Sadoul. « Le moindre carreau de cassé coûte une fortune. »

« En général, c’Est bon Enfant »

« lE PIc DE VIolEncE a EU lIEU MarDI »

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5L’iNébraNLabLe, OctObre 2010, NumérO 11 INTERVIEWEn ville comme au lycée, les réparations n’incombent pas aux fautifs. « C’est le contribuable qui paie, » dit la police. « Il n’y a pas d’assurance pour couvrir ces dégâts, » affirme M. Sadoul. « Soit c’est avec la région qu’on va obtenir une petite subvention, soit sur fonds propres, c’est-à-dire que tout ça, il va falloir le réparer. » L’argent des réparations pourrait alors sortir du même budget que celui qui sert aux activités scolaires, comme les voyages. Aux dégâts matériels s’ajoutent les dom-mages physiques. Le plus important pour la police et M. Sadoul sont les dommages aux personnes. « On a une surveillante qui a pris une pierre dans la jambe et a été hospitalisée parce qu’elle boitait beaucoup, » dit M. Sadoul. Elle est maintenant sortie de l’hôpital. « Des collégiens ont été très gravement traumatisés jeudi. Vendredi on a été obligé de les mettre à l’abri. On a fermé le collège. Jeudi, il y a eu des traumatismes très forts chez ces gamins qui ont vu débarquer ces hordes de sauvages. Ils tremblaient, ils pleuraient. Ils ont eu très peur. On a eu du mal à les calmer. »D’après la police municipale, il y a aussi eu des intrusions dans la crèche rue de la

Muette, avec de gros traumatismes psycho-logiques sur les enfants, les parents et le personnel enseignant.

Les analysesPour les lycéens de Branly, l’attitude de ces individus porte atteinte à leur crédibilité de jeunes, et donc à la portée de leurs revendi-cations. « Les médias, à la suite d’émeutes comme celles [de mardi] nous mélangent avec les casseurs, » affirme un élève de Branly. « La véritable cause des lycéens n’est plus véritablement prise en compte alors puisque nous sommes mélangés à des casseurs. On pense de nous que nous manifestons pour semer le désordre. » En réponse à ce comportement, une déclara-tion circule au lycée pour bien affirmer la différence entre manifestants et casseurs. (Consultable sur le site, inebranlablebranly.free.fr) Les syndicats lycéens ont aussi une part de responsabilité d’après le proviseur. « A partir du moment où les syndicats appellent les lycéens à descendre dans la rue, certes les lycéens descendent dans la rue mais ce qui vient avec les lycéens, ce sont les casseurs. Et ça même les lycéens

ne peuvent pas les contrôler. Les syndicats prennent le risque de voir s’agglutiner des casseurs et ça donne une image très néga-tive du mouvement lycéen, qui est légitime. Il a le droit de manifester, le lycéen. »Par casseurs, on entend souvent les élèves de Paul Doumer et de Val de Beauté. En réalité, ceux-ci présentent un mélange de jeunes revendicateurs et de jeunes casseurs. « Je suis triste de constater qu’une généra-lité soit faite et que tous les jeunes ayant participé jeudi et vendredi soient insultés de ‘casseurs’, » affirme Mikael Gohier, élève au lycée Paul Doumer. « La réforme des retraites nous concerne tous. Nous sommes conscients de l’importance des jeunes dans ce mouvement de contestation et nous sommes fiers de participer. »M. Sadoul estime en effet que ces minorités ne constituent que 5 à 10% des effectifs de chacun des deux lycées. La police municipale a compté une trentaine d’individus, qu’elle connaît pour la plupart d’entre eux en tant que multirécidivistes. Une vingtaine a été arrêtée. D’après le responsable, « On n’a pas trop de soucis avec les lycéens de Branly. »

Eve Zuckerman

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6 L’iNébraNLabLe, OctObre 2010, NumérO 11MUSIQUE

SORTIES INDÉ(CENTES)

Duck Sauce : the sauce makes the difference !

Quand A-Trak et Van Helden, les pro-ducteurs les plus courus de New York, associent leur cuisine du beat, c'est le

canard qui trinque. A-Trak, aka Alain Mac-klovitch (petit frère du duo Chroméo!) : DJ du très en vogue Kanye West, première fois vain-queur du championnat du monde de scratch à 15 ans ; Armand van Helden : grande figure de la house new-yorkaise avec son culte

my my my ou nyc beat, se réunissent pour la première fois afin de remonter le temps. Au menu : tout le meilleur de la sauce club depuis les années 70.A l'image de la grosse pomme, Duck Sauce est un mélange s'entourant de grandes figures internationales (Gang Starr, Kanye West, Pharrell Williams) et d'artistes plus ou moins hype tels que le Ed Banger Crew.

Dubba Johnny : le dubstep qui claqueDuo formé en 2009 Dubba Johnny serait de-venu outre-Manche l'un des artistes les plus présents de la scène underground Dubstep.

Cela ne fait aucun doute que le duo partira à l'offensive en 2010. L'album de ces deux charcutiers devrait sortir sous peu. En atten-

dant, les sons sont tous sur soundcloud.com à télécharger gratuitement. Grosse claque !

Bonobo : l’homme qui venait du singeDepuis le début des années 2000, Bonobo s'impose comme l'une des références ma-jeures du trip-hop, il revient en mars 2010 avec son nouvel album : Black Sand.Une pure merveille en phase de devenir le florilège des tracks de l'artiste, l'album compte plusieurs collaborations avec Andrea

Triana incluant les fameux "Stay the Same" ou "Eyes Down". Le titre "All in Forms" et le titre "Black Sand" sont plus techniques mais tout aussi gouteux.[Ndlr : Bonobo n’est pas un mammifère pri-mate anthropoïde mais bel et bien un homi-nidé pluridisciplinaire.]

LE JOURNAL RECRUTE !Envoie un mail à [email protected]

Jérémie Nuñez

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7L’iNébraNLabLe, OctObre 2010, NumérO 11 MUSIQUE — CINÉMA

ENTREZ DANS L’ÈRE TÔPIENNE

Synopsis : en 2003, plaqué par sa copine et écarté des clubs selects de Harvard, Mark Zuckerberg, jeune prodige de l’informatique, pirate toutes les photos des filles du campus. Ce sera le point de départ du réseau social Facebook. Cette idée lui vaudra la haine de certains de ses condisciples et plusieurs procès. Critique : cette réalisation est sans aucun doute une des plus atypiques de l’année. En effet, ce

film n’a pas le moindre personnage positif, est dépourvu de happy end et d’action. Il y a bien un personnage central, mais il est tellement anti-héros que s’en est presque déroutant. Mark Zuckerberg, joué par Jesse Eisenberg, est une espèce d’adolescent affublé de claquettes de sport et d’un éternel sweat à capuche, au visage à l’expression si déconcertante, qu’on ne sait jamais s’il exprime la tristesse ou la moque-rie, le désespoir ou le mépris, l’amour ou la haine de soi. Le film raconte le parcours de cette personne si étrange qui possède à 25 ans une boîte qui pèse 25 milliards de dollars. David Fincher filme une histoire de revanche, sur les filles d’abord (la genèse de Facebook est une rupture) puis sur les WASP et les clubs selects de Harvard, servie par une mise en scène sans aucun temps mort, très rapide, qui rappelle la vitesse de création et de croissance de l’informatique. Tant de films racontent l’ascension de person-nages puis leurs inévitables chutes (Barry Lyn-don ou Aviator par exemple). Mais The Social Network relate l’ascension sans chute et donc sans retour possible, une réussite tellement ver-tigineuse qu’elle laisse l’auteur de cette réussite

très seul. En vérité ce film stupéfiant, parcouru de la tristesse existentielle du protagoniste princi-pal, un être déconnecté et solitaire comme en témoignent les scènes de réflexions du héros dans les décors de Harvard, véhicule l’idée du rêve américain de monter toujours plus haut, ce qui entraîne inévitablement de se retrouver dans une extrême solitude et avec beaucoup d’enne-mis. Le film est servi par une bande originale géniale, très rapide et rythmée, ainsi qu’un casting abso-lument sublime, avec Justin Timberlake et sa fausse désinvolture, Eisenberg et son débit-mi-traillette et enfin une mention spéciale à Andrew Garfield en seul ami du héros qui offre une belle complémentarité au personnage de Zuckerberg. Mais à propos de l’authenticité de ce qui est relaté dans le film, il faut savoir que le scénario est l’adaptation d’une biographie romancée du créateur de Facebook. The Social Network est un long-métrage en or, vraiment magnifique, à aller voir absolument.

Claire Eladoui

THE SOCIAL NETWORK De David Fincher. États-Unis. 2h03. Avec Jesse Eisenberg, Andrew Garfield, Justin Timberlake...

Mettez René de côté, la vraie Tôpe est là pour le plus grand plaisir de vos oreilles !

Jeune artiste du Sud-Ouest, la Tôpe est un DJ sans prétention, passionné de musique, qui se caractérise par un son très origi-nal, l’envie de partager ses créations et un début peu banal.Au commencement il y avait... un pro-blème technique. Si la Tôpe a très vite pris goût à la musique électro-nique, l’envie de la créer lui-même n’est pas venue aussi naturellement. Tout est parti d’un simple délire avec un ami, six ans plus tôt : en écoutant des bruits produits par son ordinateur en plein bug, ils ont eu l’idée de transformer à leur tour de

simples sons en mélodie. Quelques jours plus tard, l’animal est né !À travers des morceaux s u r -

prenants, la Tôpe vous fait passer un moment en

tête à tête avec votre imagination, stimulée à la moindre écoute. Plus que ses compositions,

cet artiste vous fait découvrir quelques aspects de sa person-nalité qui influencent intensé-

ment ses créations. Avec des sonorités qui rappellent les

BO des films de Tim Burton ou encore celles de jeux

vidéos, ses musiques sont si envoûtantes qu’il est impossible de s’en las-

ser.C o m p o s i t e u r

jusqu’au bout des pattes, l’animal

vous ouvre les portes d’un univers bien à lui où se mêlent

folie rythmique et poésie électronique.Venez découvrir un son original qui saura sé-duire votre imagination et exciter vos basses!http://www.myspace.com/djlatope

Estelle

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8 L’iNébraNLabLe, OctObre 2010, NumérO 11

L’Inébranlable. Journal des élèves du lycée Édouard Branly, Nogent-sur-Marne.Onzième numéro. Octobre 2010. Distribué gratuitement. 500 exemplaires.Site internet : http://inebranlablebranly.free.fr/ - Adresse électronique : [email protected] - Adresse postale : 14, rue de la République. 94360 Bry-sur-Marne. Directeur de publication : Mathias Mora. Rédactrice en chef : Eve Zuckerman. Directeur des relations externes : Cantien Collinet.Trésorier : Jules Bouté. Correcteur : Mathias Mora. Maquettiste : Cantien Collinet.Ont participé à ce numéro : Solène Baron, Estelle Bénaïch, Laura Chevreau, Cantien Collinet, Claire Eladoui, Jérémine Nuñez, Eve Zuckerman.Illustrations de Léa Murawiec et Sophie Raven.Remerciements à M. le proviseur et à son secrétaire, ainsi qu’à Mme Pereira.

INFOS DIVERSES

Pourquoi donc la réforme des retraites pro-posée par le gouvernement ? Tout simple-ment parce que nous vivons plus longtemps.C’est aux actifs que revient le devoir de finan-cer, chaque mois, grâce à leurs cotisations, les pensions versées aux retraités (solidarité entre générations). Or l’équilibre financier des retraites est menacé puisque le déficit du système des retraites se creuse de plus en plus (32 milliards d’euros : plus d’une retraite sur dix n’est pas financée). Le problème majeur c’est que le nombre de retraités augmente plus rapidement que celui des actifs, il y a alors évidement moins de cotisations. Selon les statistiques, il est

prévu pour 2050 autant de cotisants que de retraités et si on continue de se fier aux statistiques, 17% des pensions ne serait plus assurées.Il faut dire aussi que la fameuse génération du baby boom (1946) commence à poser un gros problème à l’État puisqu’ils sont un tiers de plus que ceux des générations précé-dentes, c’est-à-dire près de 300 000 retraites supplémentaires à payer chaque année (les maths n’ont jamais été mon point fort mais si on commence à multiplier tout ça, ça fait beaucoup). Mais si seulement cela garantis-sait la baisse du chômage par compensation avec l’augmentation du nombre d’actifs...

bref, l’augmentation de l’espérance de vie grâce aux progrès de la médecine et des meilleures conditions de vie et de travail font qu’aujourd’hui on meurt plus tard (77 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes). Si on élargit au niveau européen, nous sommes de ceux qui partent le plus vite à la retraite (en moyenne deux ans plus tôt que nos voisins). Avec l’évolution croissante du nombre de retraités, on comprend bien qu’il faut les payer les retraites. D’ici 2018, il est prévu d’augmenter l’âge de départ à la retraite de deux ans.

Laura Chevreau

CE QUI MÈNE À LA RÉFORME

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