tareq oubrou : coran, clés de lecture

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    Tareq OUBROU

    CORAN, CLS

    DE LECTURE

    Janvier 2015

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    CORAN, CLS DE LECTURE

    Tareq OUBROU

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    Ce terme calligraphi signifie Lectures et se prononce : qirt.

    Calligraphie de Rany Rouabah.

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    La Fondation pour linnovation politique

    est un think tank libral, progressiste et europen.

    Prsident : Nicolas Bazire

    Vice Prsident : Grgoire Chertok

    Directeur gnral : Dominique ReyniPrsidente du Conseil scientifique et dvaluation : Laurence Parisot

    La Fondation pour linnovation politique publie la prsente note

    dans le cadre de ses travaux sur les valeurs.

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    NOTE DE LDITEUR

    Les traductions des versets du Coran proposes dans cette note sontluvre de lauteur et ont t effectues partir de ldition du Caire.

    Le conseil scientifique de la srie Valeurs dislam a t assurpar ric Geoffroy, islamologue lUniversit de Strasbourg.

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    INTRODUCTION

    Lislam appartient lunivers des monothismes, celui des religions rvles.Le Coran, son livre rfrence, se qualifie comme une parole de Dieu (en arabe

    Allh1), Celui mme de lAncien et du Nouveau Testament : un Dieu existant,

    communiquant et exigeant. Cest--dire un Dieu qui sintresse lhomme

    et sa condition, et attend de lui une relation et un retour. Lislam partage

    particulirement avec le christianisme la notion de salut eschatologique et

    luniversalit de son message, car destin toute lhumanit et non pas un

    peuple particulier.

    Deux notions se confondent quand on voque lislam : celle de la religion(islam) et celle de la civilisation (Islam). Toute la problmatique laquelle

    doit rpondre le discours sur lislam aujourdhui est celle de sa capacit

    sparer lordre de la spiritualit de celui de la temporalit, le particulier et

    luniversel. Une sparation qui ne veut pas dire une rupture de lien car, quel

    que soit le degr de scularisation dune religion, celle-ci reste porte par des

    hommes qui ont une histoire et qui vivent dans leur monde et leur poque.

    Pour comprendre la nature de lislam en tant que religion et comment ellefonctionne dans sa relation lhistoire et la ralit, nous allons dans cette

    1. Les juifs et les chrtiens arabes utilisent le nom dAllh pour nommer Dieu. Dans la Bible, nous trouvonsles mot Elohim, Elohe ou Eloah, qui ont la mme racine smite que le mot Allh que lon peut crire aussi Elah.Quant au mot dieu , il est dorigine indo-europenne paenne : dei, qui signifie briller . Il fut adopt enlatin (deus) au IXesicle pour devenir dieu en franais. En islam, Dieu a plusieurs noms, autant que sesmultiples qualits. Et, contrairement ce qui est rpandu, mme chez les communs des musulmans, il en abeaucoup plus de 99 noms.

    CORAN,CLS DE LECTURE

    Tareq OUBROUGrand Imam de Bordeaux et thologien

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    note accomplir un voyage dans les rfrences de lislam. Elle sera brve,

    certes, mais elle tchera nanmoins de donner une ide sur la complexit du

    phnomne coranique, une complexit qui chappe mme aux musulmans les

    plus aviss et qui explique en partie lintgrisme et le fanatisme dont souffre

    lislam cause de lignorance dune partie de ses adeptes. Cela permettraindirectement de comprendre quelque peu ce qui se passe actuellement

    dans ce quon appelle par conomie de langage le monde musulman , un

    monde o le thologique simbrique souvent avec le politique, lconomique,

    lidentitaire, lanthropologique et o parfois la religion apparat comme

    une cause de conflits, alors quelle y est souvent instrumentalise. En effet,

    nous sommes dans un moment deffondrement des idologies politiques,

    un affaiblissement notoire des tats-nations. Le progrs, qui nest plus unepromesse de bonheur, est devenu source dincertitude et donc inquitude et

    lconomie qui dicte sa logique de rentabilit et de profit aggrave encore les

    ingalits. Et quand lhorizon social se rtrcit, celui du ciel souvre. Cette

    situation contribue un retour au religieux, parfois par dfaut, chaotique,

    voire brutal, lequel retour doit faire lobjet de toute une discipline, que je

    qualifierais de gothologie , afin de suivre la mondialisation des religions

    et leur circulation dans les diffrents systmes politiques.

    CORAN, UNE COMMUNICATION DIVINE DISTANCE

    Toute pense ou tout agir musulman prend en principe son lan partir de la

    notion de Rvlation. La thologie musulmane utilise le vocable coranique

    al-wahy, qui veut dire faire signe . Nous comprenons ds lors pourquoi

    les versets du Coran sont appels yt, signes ou traces. Selon le Coran,Dieu communique par mdiation. Il ne se manifeste pas par Lui-Mme 2. Il

    ne sagit donc pas dune rvlation proprement dite, dun dvoilement total,

    mais dune simple indication qui ne lve pas intgralement le suspens sur la

    vrit de Dieu et sur Son dessein. En effet, le Coran est le Verbe de Dieu, mais

    il ne peut tre confondu avec Lui. Il indique un sens quil faudra continuer

    chercher. Le Verbe ne sest pas fait chair, dans le sens entendu dans le

    christianisme, mais crit. Dieu ne vient pas dans le monde des hommes. Ily a l une scularisation thologique fondamentale, une dmarcation entre

    lordre du divin et celui de lhumain. Les thologiens distinguent la Parole

    ontologique de Dieu et lessence de ce qui est crit dans le Coran, lu et articul

    2. Coran 42 : 51.

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    par le musulman. Lorigine de la Parole est absolue et intemporelle, mais son

    irruption en dehors de lEssence de Dieu ne peut tre saisie et comprise que

    dans les limites dun sens historique. Elle sexprime dans un langage arabe

    humain, et est donc relative.

    Le travail sur le sens du Texte consistera alors chercher et comprendreuniquement les signes de Dieu. Laccs au sens ontologique (tawl) de Dieu

    restera pour lrudit hermneute une tche inluctablement inacheve, car

    il ne sagit que dune hermneutique de la trace, avec la conscience quil

    y aura toujours une marge smiologique et smantique entre la Parole

    Divine intrieure (al-kalm al-nafs), lIntention de Dieu, et la Parole Divine

    exprime en langue arabe dans le texte du Coran. Par consquent lintention

    du Texte nest donc pas forcment celle de son Auteur. Ce qui veut direque linterprtation quelle que soit sa pertinence ne peut rendre compte

    intgralement du vouloir et de la Pense de Dieu. Aussi est-il clair que

    les Paroles de Dieu ne sont pas toutes dans le Coran, car elles sont infinies 3.

    En rsum : linterprtation du Texte nest pas le Texte, et par consquent

    linterprtation du Sacr nest pas sacre. Cest ce qui explique

    thologiquement labsence en islam dune institution religieuse qui serait

    impeccable, infaillible et qui aurait la lgitimit divine et le monopole de

    canoniser une quelconque interprtation du Coran, encore moins unetraduction. Cette sparation entre le Texte et son interprtation explique

    un certain degr de tolrance par le pass entre les diffrentes doctrines

    thologiques, juridiques et mystiques de lislam. Elles ne se sont pas

    constitues comme des religions part, mais comme des ordres, des coles et

    des courants au sein dune mme religion. Il a certes exist des tensions, voire

    des violences, mais globalement lhistoire musulmane na pas assist, avec la

    mme acuit, aux abus des excommunications et des guerres de religion quiont dchir le christianisme occidental avant sa scularisation.

    Laccs dmocratique au Texte, qui tait un avantage, est devenu aujourdhui

    un accs sauvage, une source de violence chez certains musulmans qui

    pensent quil suffit de lire le Coran pour le comprendre et quil suffit de le

    comprendre pour le mettre en application, abstraction faite des situations et

    dans une intolrance parfois violente.

    3. Nous verrons dans ce qui suit que le Coran ouvre sur dautres horizons de la connaissance, dautres signes.

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    LE CORAN, STRUCTURE ET STYLE

    Le Coran sinscrit dans la mme ligne que les deux autres anciennes

    critures, lAncien et le Nouveau Testament (vangile). Il se revendique du

    mme message monothiste et reprend beaucoup de thmes de la Bible. Ilse considre comme une ralisation de la promesse biblique dAbraham

    concernant son fils Ismal et sa descendance 4, parmi laquelle figure

    Muhammad, sceau et dernier des prophtes 5. Le Coran, cet gard, se veut

    comme Dernier Testament 6.

    Comme la Bible, il est constitu de chapitres (114 au total), lesquels sont

    composs de versets (6 326). En voquant les origines de la Cration, les

    rcits des prophtes et leur peuple, et sommairement quelques vnementsqui se sont drouls au vivant du Prophte, le Coran, la diffrence de la

    Bible, nentre pas dans les dtails. Il ne donne pas de date, ni ne prcise de

    lieu, quelques rares exceptions.

    Aussi le Coran est-il un texte de structure anarchique. Il nest organis ni

    selon une logique chronologique, ni selon des thmatiques. Le discours

    y est saltatoire : il passe dun sujet un autre sans continuit ni relation

    apparente7. Les transitions sont adoucies grce un style rythm et une

    acoustique qui bercent loreille et lesprit du lecteur arabophone.Le texte est atypique ni prose (nathr), ni prose rime (saj), ni posie (shir)

    et nappartient aucun genre littraire connu des Arabes dalors. Son style

    est particulirement elliptique et de structure linguistique trs contracte, le

    signe mme de lloquence par excellence aux yeux des Arabes. Ils y virent

    dailleurs un signe divin, car le Prophte tait illettr et na jamais pratiqu

    la posie ni particip aux concours de lloquence que son peuple organisait

    chaque anne La Mecque.

    4. Gense 17 : 15-21.

    5. Coran 33 : 40.6. Nous verrons que la fin de la prophtie ne signifie pas clture de la vrit, encore moins une source dinto-lrance et de violence.

    7. Cet aspect a fait lobjet de toute une discipline qui sintitule la science de lordonnance et des connexionsdes versets et des sourates du Coran. Plonge dans les interstices du Coran, elle tudie la continuit et lalogique dun texte dont les thmes paraissent discontinus et discrets, exactement comme les lments de lanature. Ils paraissent spars alors quils sont lis, comme la plante et le soleil. En effet, on ne comprendraitpas la croissance dune plante sans le soleil qui lui permet la photosynthse. Le Coran, comme le monde, paratdiscontinu alors que tous ses lments sont lis.

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    LA SUNNA 8LE HADTH 9

    La Sunna, ou Tradition, est lautre rfrence scripturaire de lislam aprs le

    Coran. Elle constitue le corpus des paroles, des actes et des approbations du

    Prophte. Sans elle, le Coran ne peut tre correctement lisible.Souvent le Coran renvoie au Prophte comme modle suivre. Il ntait donc

    pas un simple messager, un facteur qui apporte un message son peuple. Il

    tait aussi un message. Il a certes reu linjonction coranique de lincarner, de

    lexpliquer et donc de le commenter , mais aussi denseigner la sagesse, et

    donc ouvrir sur luniversel 10.

    Nous avons parl du Coran comme Rvlation de Dieu. Pour tre encore plus

    prcis, nous sommes en prsence dune Rvlation deux strates : le Coranest dorigine divine et dexpression divine dans la mesure o ses mots et sa

    forme linguistique et stylistique ne sont pas luvre du Prophte ; la Sunna,

    elle, est dorigine divine mais dexpression humaine, celle du Prophte.

    la diffrence du Coran, le contenu de la Sunna pourrait se confondre

    avec linterpolation et linterprtation des rapporteurs. Les disciples du

    Prophte transmettaient souvent ce quils avaient compris du discours

    et des actes du Prophte, non ce quils avaient entendu la lettre ou vu

    rellement. En revanche, le Coran est transmis et appris par cur et lalettre. Du point de vue de lauthenticit historique, la Sunnanest pas toute

    formelle, contrairement au Coran qui est unanimement authentique et de

    manire certaine. Il y a une partie de la Sunnaauthentique qui relve dune

    Rvlation formelle. Par exemple, les cinq prires quotidiennes, deuxime

    des cinq piliers de lislam. En effet, les dtails et le nombre de ces prires

    canoniques sont tablis par la Sunnaet non par le Coran. Lautre partie de la

    Sunnanest pas admise unanimement comme authentique par les spcialistestraditionnistes-critiques (muhaddithn).

    Il sajoute cette complexit le fait que tout ce qui est attribu au Prophte

    nest pas forcment de lordre dune Rvlation, ni mme dune inspiration.

    En effet, tout ntait pas religieux dans ses comportements, comme il la

    rpt lui-mme plusieurs fois, telles les prises de position quil a t amen

    prendre en tant que chef dune cit, par exemple.

    La Sunnaacquiert son importance dans la mesure o elle explique ce qui est

    gnral ou ambivalent dans le Coran et relativise la charge normative desenseignements de celui-ci, pour ne citer que cet aspect sensible qui touche

    la pratique. Nous pouvons examiner quelques cas pour illustrer ce lien.

    8. tymologiquement, ce terme signifie coutume , modle .

    9. tymologiquement, ce terme signifie parole , discours .

    10. Coran 2 : 129 et 151 ; 62 : 2.

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    Premier exemple, celui du plus grand verset normatif du Coran 11. Il sagit

    dun verset qui oblige, entre autres et en apparence, consigner les contrats

    par crit, par un notaire, en prsence de tmoins. Or le Prophte lui-mme

    na pas mis en pratique ce verset dans ses contrats. Il faut noter que le style

    du Coran, comme tout langage, est li lusage de la langue en gnral et delarabe de lpoque en particulier. Cest ce quon appelle la pragmatique

    du langage . Ce qui veut dire concrtement que toute injonction coranique

    nimplique pas systmatiquement une obligation. Lattitude du Prophte

    vient nous lindiquer ici. Le fait que le Prophte ne met pas en pratique ce

    verset signifie quil nest pas de lordre de limpratif catgorique, mais de

    celui de limpratif optatif (amr irshd) : un simple conseil. Rappelons que

    dans ce mme verset le tmoignage dun homme quivaut au double de celuidune femme. Est-ce prendre comme une obligation ? La rponse est la

    mme, il sagit dune option, non dune obligation.

    Deuxime exemple, le verset coranique qui autorise le mari frapper

    sa femme si elle se refuse lui 12. Certains littralistes y voient mme une

    obligation. Or le verbe darabautilis dans le verset ne signifie pas forcment

    frapper , mais pourrait signifier en arabe le fait darrter ou dempcher

    un acte. Mais supposons que le mot signifie bien frapper ou taper ,

    ce qui est plausible. Il faudrait alors inscrire cette lecture et traduction dansla culture du moment coranique qui viserait un accompagnement dune

    violence masculine culturelle dans le but de lattnuer. Soulignons que le

    verset est destin un public dont il ne faudrait pas ignorer les murs.

    Cela fait partie de lexgse fondamentale : comprendre le Texte dans son

    univers (asbb al-nuzl). En effet, il ntait destin qu une catgorie de

    la communaut musulmane de lpoque, notamment les Mecquois. Les

    Mdinois, eux, taient dociles lgard de leur femme. Un verset qui doittre entendu dans un sens plus pdagogique que normatif, le geste physique

    qui doit tre un dernier recourt. Il demande au mari dabord dappeler

    gentiment lpouse la raison ensuite de la bouder sans quitter le lit conjugal,

    avant de recourir un geste physique lui-mme attnu par des hadthqui

    le rduisent une simple expression symbolique de la colre. On dit que les

    femmes de certaines cultures tolrent ce genre de geste de jalousie de la part

    du mari, qui est pour elle est une preuve damour ; cest pourquoi, explique

    Tahar Ibn Achour (m. 1973) dans son exgse, quand ce geste mme anodinest peru comme contraire la dignit des femmes dans une autre culture,

    il doit tre systmatiquement interdit, voire sanctionn. Cest pourquoi il

    faudrait comprendre la cohrence de ce passage dans le sens dune dmarche

    11. Coran 2 : 282.

    12. Coran 4 : 34.

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    qui procde dun remde justement ce type de violence, dont souffrait une

    partie de la population musulmane dalors. Il sinscrit dans cette mme

    perspective de sevrage que le hadthdu Prophte qui stipule que celui qui

    frappe son esclave doit le librer sil veut viter un chtiment de Dieu le jour

    du Jugement. Tout en prenant compte dune certaine ralit culturelle, le

    Coran propose une ducation qui se fait avec douceur. La Sunnavient jouer

    son rle dans ce processus dinterdiction de violence conjugale par tapes.

    En effet, nous avons des paroles du Prophte qui interdisent dfinitivement

    toute violence conjugale ou domestique. Ici, non seulement la Sunnaattnue

    la charge normative du Coran mais annule ce que le verset aurait autoris

    provisoirement. Do limportance de la Sunnapour comprendre lintention

    coranique. En effet, selon les hanafites, ce que le Coran permet peut treabrog par une Sunna. Mais si lon retient le sens empcher que pourrait

    prendre le verbe darabadu verset et non celui de frapper physiquement ,

    le dbat devient alors clos.

    Troisime exemple : on peut dire la mme chose de la permission de la

    ttragamie13. La culture polygame tait tellement ancre anthropologiquement

    ces poques quil tait impossible de lradiquer par une simple injonction

    du Coran, qui sest content de lattnuer et de la restreindre. En effet, commele fait remarquer Ibn Taymiyya (m. 1328), le Coran et la Sunnaont appliqu

    la sagesse qui dit : Si tu veux tre cout demande ce qui est possible.

    Certains aujourdhui y voient un privilge donn aux hommes. Ce ntait

    pas la perception quen avaient les hommes de lpoque. Le verset tait une

    limitation leur droit, car avant lislam ils se mariaient avec autant de femmes

    quils voulaient et en rpudiaient sans conditions. Cette limitation quatre

    femmes fut paralllement accompagne par des conditions rigoureuses,

    exigeant une galit parfaite dans la relation avec les pouses. Le Coranprcise quen cas de risque dtre injuste lhomme doit alors se contenter

    dune seule femme. Et le Coran de souligner subrepticement que le fait

    dtre parfaitement juste envers ses pouses reste impossible 14. Autrement

    dit, le droit coranique limite dfinitivement et rigoureusement la polygamie,

    pour quensuite vienne la morale coranique pour inviter les hommes la

    monogamie. En effet, pour changer la loi ou le droit, il faudrait dabord

    changer la culture et la mentalit par des indications morales qui parlentdabord aux consciences. Cest--dire avant que la loi tombe, il faut dabord

    un environnement favorable pour lappliquer, sinon elle sera rejete. Cest

    13. Coran 4 : 3.

    14. Coran 4 : 129.

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    pourquoi des hanbalites interdisent le mariage avec une deuxime femme

    si la culture ou les murs dun peuple ne ladmettent pas. Ils ont compris

    que la coutume est normative et quen principe une loi doit attendre le

    moment favorable pour quelle sexprime entirement, comme labolition de

    lesclavage. Il ne fut aboli quune fois devenu plus coteux, moins rentable

    conomiquement aprs la rvolution industrielle. Ce ne sont donc pas des

    raisons uniquement philosophiques ou thiques mais surtout des raisons

    pragmatiques qui ont favoris la libration des esclaves.

    La loi se ngocie avec la socit, cest ce que le Coran a fait avec les

    musulmans de lpoque : une pdagogie suivre. Autrement dit, sadapter

    nest pas forcment approuver.

    DE LINTERPRTATION

    De toutes les religions monothistes lislam est probablement la religion du

    Livre par excellence. En effet, le Livre est la seule autorit qui simpose la

    conscience religieuse musulmane. Et qui dit Livre dit lecture et interprtation

    sans mdiation ecclsiale. Cependant, linterprtation exige des comptencesintellectuelles et un travail savant. Suyt15voque 80 matires ncessaires

    pour lexgse du Coran. Le Coran ne se lit pas nimporte comment.

    1. Deux cohrences du Texte

    la cohrence endogne : elle consiste comprendre le passage concern

    dans le contexte scripturaire et la pricope o il se trouve ; ensuite il faut le

    mettre en rapport avec les autres passages dans dautres chapitres (sourates)qui traitent explicitement ou implicitement du mme sujet ;

    la cohrence exogne : elle exige la mise en relation du passage tudi

    avec son contexte historique, la raison de sa rvlation au Prophte (asbb

    al-nuzl).

    Cette double cohrence, textuelle et contextuelle, est ncessaire pour

    comprendre lesprit des enseignements du Coran. En effet, le fait de se

    contenter de la premire cohrence, celle du texte avec lui-mme, pourrait

    conduire un autisme hermneutique.

    15. Abdurrahmn Al-Suyt (m. 1505), grand rudit de lislam, a rdig 981 ouvrages, concernant toutes lesdisciplines islamiques (thologie, langue arabe, exgse, sciences du Coran, sciences du hadth, droit, thique,soufisme).

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    2. Deux formes dexgse

    lexgse fondamentale : elle consiste comprendre le Texte dans son

    univers (linguistique, anthropologique, historique) dorigine ;

    lexgse applique : elle sintresse au sens du Texte partir de la situationhistorique de lexgte, en partant des problmatiques poses par son

    poque. Il sagit de rendre le Texte lisible et intelligible aux contemporains,

    une sorte de traduction aprs dcodage.

    Ces deux manires diffrentes dapprocher le Coran, exigent deux

    mthodologies diffrentes. La premire, part de la ralit historiquea priori

    du Texte ; la seconde part de la ralit actuelle et donc a posterioridu Texte.

    Il est impossible, par consquent, de comprendre le Coran et luniversalit de

    son message en faisant fi dune certaine forme dpistmologie hermneutiquede la ralit.

    Lexgse plurielle et spcialise

    Dans la bibliothque musulmane, nous pouvons constater une multitude

    douvrages dexgse de toutes approches : lexgse linguistique, littraire,

    thologique, thosophique, morale, juridique, mystique, traditionnelle,

    discursive, moderne Et, contrairement une ide rpandue, le Coranest certainement le texte qui a t le plus comment parmi les livres dits

    sacrs. Lhistoire musulmane enregistre des dizaines de milliers douvrages

    dexgse. Chaque ouvrage peut parfois atteindre plusieurs volumes. Je

    ne citerai ici que deux exemples : louvrage dAbu al-Hassan al-Achar

    (m. 936), une exgse en 500 volumes, et celui dAbu Bakr Ibn al-Arab

    (m. 1148) en 80 volumes, chacun compos de 2 000 feuilles.

    Au Moyen ge, il y a eu une vritable inflation hermneutique, tellement

    droutante pour le commun des musulmans que les savants ont dcid de

    larrter pour sauver la foi et lunit des musulmans. Aujourdhui, notre

    monde a considrablement chang, ses interrogations et attentes ne sont plus

    celles de lge classique de lislam. Il faudrait ractiver de nouveau la culture

    de linterprtation (ijtihd), mais sur des bases pistmologiques nouvelles et

    la lumire des problmatiques poses par notre poque.

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    LES CATGORIES DU CORAN

    Dans le Coran et la Sunna, tout nest pas absolu ni universel, ni mme

    universalisable. Lenjeu hermneutique commence dabord par une bonne

    taxinomie scripturaire. Le Coran nest pas organis en thmatiqueset la Sunna est constitue de fragments de paroles qui appellent une

    classification et une organisation en fonction du thme trait. Les textes

    ne prsentent pas de doctrine, mais une somme dinformations. Ce sont les

    savants qui, pour trouver un sens et une cohrence toutes ces informations

    scripturaires, ont d forger des doctrines diffrentes. Cest ainsi que la pense

    thologique, thique ou encore juridique musulmane a toujours fonctionn.

    Je proposerai ici quelques lments sommaires dapproche des textes. Ilsagit essentiellement de classification et de sparation des ordres, comme

    une des cls de lecture.

    Lune des classifications les plus importantes est celle qui consiste distinguer

    les informations fondamentales des secondaires.

    Deux typologies se prsentent :

    les passages principiels : par exemple les versets et les hadthqui demandent

    aux croyants dhonorer leur engagement ; ceux qui exigent le souci de justice

    et le respect de la dignit humaine ; les passages qui expliquent que la guerrenest pas un objectif et que la paix doit tre recherche et jamais refuse,

    etc. ;

    les passages circonstanciels, qui sont lis une situation donne et qui,

    parfois, ne concernent que la priode du moment coranique : dispositions

    particulires lies au statut du Prophte et de sa famille, appels au combat

    dans des situations quil faudrait comprendre comme une dfense et une

    exception, et non comme la rgleToute erreur ce niveau taxinomique pourrait conduire absolutiser et

    universaliser ce qui est relatif et particulier, et relativiser ce qui est absolu

    et universel.

    Trois grands domaines ne pas confondre

    1. Le dogme(al-aqda), domaine des croyances, celui de la foi : lunicit de

    Dieu, les prophties, les anges, les Livres rvls (Coran, Torah, vangile,

    psaumes), le jour du Jugement dernier, le Destin. Il sagit du credo de lafoi. Ce domaine a donn naissance par la suite la discipline appele kalm,

    la thologie spculative, qui sest dveloppe pour traiter des questions que

    lon pourrait qualifier de mtaphysiques ou de philosophiques, concernant

    la libert humaine, le statut de la raison, etc.

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    2. La sharia,systme normatif qui codifie les pratiques exotriques qui sont

    de deux sortes :

    le rite : domaine cultuel, celui des adorations strictes (al-ibdt). Il

    sagit de pratiques invariables et symboliques telles que les cinq prires

    quotidiennes, le jene du mois de Ramadan, le plerinage. Ces pratiquescultuelles relvent dune catgorie dactes et de gestes symboliques (ibdt

    l tuqal) qui sinscrivent dans un temps spirituel cyclique. Les textes ont

    prvu paralllement des drogations et des commutations en cas de ncessit

    ou de difficult ;

    lthique et le droit : domaine du relationnel (al-mumalt). Cest

    le domaine horizontal des pratiques musulmanes qui sont intelligibles

    (maqlt), contrairement au rite qui est de lordre de linintelligiblerationnellement, o lon ne se pose pas la question du pourquoi des pratiques

    rituelles. Le domaine relationnel, lui, exige de connatre la raison (illa) des

    lois, leurs conditions dapplication (shart), leurs finalits (maqsid) Les

    valeurs thiques universelles ne changent pas, mais les rgles et les lois qui

    les traduisent changent et voluent en fonction des poques, des cultures et

    des contextes.

    3. La mystique musulmane(soufisme) : domaine des pratiques intrieures.

    Elle sintresse, entre autres, aux rgles qui orientent le comportement delesprit et du cur. Il sagit galement dans ce domaine des lois de lasctisme,

    du renoncement (zuhd), du scrupule (al-wara), etc., et ne concernent quune

    lite musulmane en qute de saintet.

    Toute confusion entre ces trois ordres le dogme de foi et le culte, le relationnel

    (thique et droit) et la mystique conduirait au mlange des genres.

    LE CORAN, LIVRE OUVERT

    Nous avons soulign que la Rvlation en islam est un phnomne qui

    procde par indication et non pas par dvoilement ni par incarnation.

    Nous ajouterons ici le fait que Dieu, selon le Coran, ne communique pas

    uniquement par une smantique ou une smiologie. Il dsigne dautres

    sources de communication divine : Nous [Dieu] leur montrerons Nossignes aussi bien dans lUnivers [horizons] quen eux-mmes [leur esprit]

    jusqu ce quils reconnaissent que cest cela [le Coran] la vrit 16. Ce qui

    veut dire tout simplement que la sortie de la clture scripturaire nest pas

    une sortie de la religion.

    16. Coran 41 : 53.

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    Il sagit en dfinitive de trois modes de communication divine : par signes

    coraniques ; par signes cosmiques et naturels ; et travers les signes

    intrieurs qui se trouvent dans le livre de la raison qui nest autre que cette

    voix divine qui nous parle partir de notre esprit et de notre conscience

    profonde. Le thologien mystique al-Ghazl (m.1111) a trouv les motsjustes pour exprimer ce lien intime entre la transcendance et limmanence

    en disant que la rvlation est une raison extrieure et la raison est une

    rvlation intrieure . Et cest peut-tre le sens mme du verset de la

    lumire17qui parle de deux lumires qui se joignent, celle de la Rvlation et

    celle de la Raison. Le philosophe, thologien et canoniste Averros (m. 1198)

    ne sest pas content de ce constat. Il confectionna un opuscule canonique

    sous forme de fatwa (fasl al-maql) dans lequel, Coran et Sunna lappui, ilrend obligatoire ltude de la philosophie, comme savoir et sagesse universels.

    On peut parler ici dune thorie de trois livres interdpendants mais

    convergents et dune triple hermneutique qui doit concilier linterprtation

    du monde et celle du Coran avec les lumires de la raison. ce titre, le

    silence de Dieu nest quapparent : la nature, notre raison et les vnements

    de lhistoire permettent de mieux comprendre les textes. Une condition

    spirituelle reste cependant ncessaire : vacuer les bruits intrieurs et les

    prjugs qui nous empchent dcouter la voix de la sagesse (al-hikma).Cest ce quon appelle aussi le souci dobjectivit (al-insf), qui suppose une

    ouverture de lesprit.

    Il est utile ici de rappeler que ltre humain, en tant que vicaire (calife) de

    Dieu sur terre 18, doit assumer compltement sa libert de croire ou non,

    dagir pour le bien ou non, et donc sa totale responsabilit. Mais il doit tre

    en mme temps conscient quil nest pas la mesure de toute chose, que son

    monde ne constitue pas la totalit du monde, ni son histoire toute lhistoirede lunivers ; son existence ny occupe que la place dun battement dailes.

    Et cest l que, paradoxalement, la conscience de linfime serait la meilleure

    garantie contre le nihilisme, dune part, et contre le fanatisme, dautre part,

    en contribuant lavnement dune conscience des liens qui unissent les

    lments dun monde complexe ce quelle prtend indfiniment explorer et

    exploiter. Le Coran rappelle cette condition humaine : Vous navez acquis

    quune infime partie du savoir 19. Ce passage peut se conjuguer au prsent

    et au futur. En effet, le savoir nest quun moyen de nous faire dcouvrir nosignorances. Lignorant, lui, ne sait ce quil ignore.

    17. Coran 24 : 35.

    18. Coran 2 : 30.

    19. Coran 17 : 85.

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    LE POUVOIR, ENTRE LE THOLOGIQUE ET LHISTORIQUE

    Les textes ont une histoire. Celle-ci se trouve en grande partie dans la

    sra: la biographie du Prophte et lhistoire de son peuple. Elle en assure

    la traabilit. Elle permet de situer les versets du Coran et la Sunnadansleur contexte et leur gographie. Comme le style de la Bible, elle rapporte

    les vnements sans lesquels beaucoup de passages de Coran et de la Sunna

    resteraient illisibles. Cependant cette histoire (sra) est dcouple du corpus

    du Coran, lui-mme dcoupl de celui de la Sunna.

    Nous pouvons parler dune certaine forme de scularisation qui fait que, tout

    en sinscrivant dans lhistoire, la Rvlation se dmarque de toute tentative

    de canonisation de celle-ci. Pour la simple raison que lhistoire ne doit pastre un code. Il ny a pas dhistoire ni de mmoire musulmane sacres.

    Appliquons ce paradigme de dmarcation entre le thologique et lhistorique

    sur le systme politique califal. En effet, lors du moment coranique , les

    rponses aux situations historiques que traversaient les premiers musulmans

    se faisaient par le biais de la Rvlation et grce aux initiatives personnelles

    du Prophte qui, parfois, se voient rfutes puis rectifies par le Coran quand

    il lui arrive de se tromper 20. Tout en nonant les grands principes de la foi

    et de la morale, et sans anticiper les vnements, le Coran venait rpondreaux diffrentes situations ponctuelles, accompagnant le Prophte dans sa

    mission et suivant lvolution historique de la premire communaut de

    lislam. On pourrait dire, dune faon gnrale, que les musulmans taient

    gouverns par Dieu Lui-mme et travers son Messager.

    Aprs la mort du Prophte, les disciples (sahba, compagnons) durent

    saccommoder, subitement et difficilement, du silence de la Rvlation et

    affronter ainsi seuls des situations inattendues. Ds sa mort et avant mmeson enterrement, le choix de la personne qui devait succder au Prophte la

    tte de la communaut sest instinctivement et pragmatiquement pos. Or, ni

    intellectuellement ni psychologiquement, les disciples du Prophte ntaient

    prpars sa disparition. Pourtant, tous le savaient mortel, comme le

    rappelle le Coran plus dune fois. Le dbat sur sa succession fut dautant plus

    agit que ni le Coran ni le Prophte navaient laiss de consignes explicites :

    Il ny a aucun espoir de trouver un passage du Coran ni un enseignement

    du Prophte qui traiterait de cette question, et dont lauthenticit seraitcertaine , fait remarquer le grand juriste al-Juwayn (m. 1085). Le seul

    20. Il y a dans le Coran des passages critiques lgard du Prophte, parfois dans un langage dur, touchantmme des questions qui relvent de sa vie personnelle et de ses penses les plus intimes. En effet, dans lathologie musulmane, Mohammed nest pas le Christ, Dieu incarn. Il nest pas infaillible par lui-mme, maisun prophte infaillibilis par la Rvlation. Quand son attitude est juste, le Coran ne ragit pas et son attitudedevient une catgorie que les hanafites qualifient de rvlation implicite.

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    recours qui restait tait le principe coranique de dlibration (shr), un

    concept au demeurant amphibologique ainsi quen tmoignent les diffrentes

    manires de dsigner les quatre premiers califes. Le champ et le mode de

    cette dlibration taient restrictifs ; elle se droulait au sein du cercle ferm

    des compagnons les plus rapprochs du Prophte.La succession du Prophte fut le premier problme de nature thologico-

    juridico-politique qui se posa la communaut des croyants. Il

    dterminera par la suite beaucoup dautres questions thologiques,

    notamment lorthodoxie et lhtrodoxie. On donna celui qui gouverne

    la communaut (al-Umma) le titre de calife (vicaire), de gouverneur

    des croyants (amr al-muminn) ou d imam (imm). La dmarche,

    ce niveau dapproche, consiste voir si la succession du Prophte fut denature religieuse ou politique sculire, ou bien les deux en mme temps,

    cest--dire semi-sculire. Cette question est en lien avec la classification

    des comportements du Prophte, qui ntaient pas tous dordre religieux,

    et la taxinomie scripturaire des enseignements coraniques, qui ne sont pas

    tous absolus. Cest ce niveau de discernement ou de sparation des ordres

    (furq) que se joue cette question. Nous allons nous contenter ici dvoquer

    les principaux courants thologiques classiques en la matire :

    les sunnites (ahl al-sunna wa l-jama) : orthodoxes, ils constituent lecourant majoritaire et dominant. Ils considrent que le Prophte na pas laiss

    de testament dsignant son successeur, mais a laiss cette responsabilit la

    communaut. Ils exigent de la part de celui qui gouverne une connaissance

    religieuse importante, mais pas dinfaillibilit. Ils exigent aussi une moralit

    irrprochable, mais pas dimpeccabilit. Commettre des pchs graves ne

    le destitue pas, pourvu quil soit comptent dans la gestion de la Cit, quil

    garantisse lordre public et scurise les frontires. Les sunnites sont les pluspragmatiques en ce domaine, ils sont majoritaires et le pouvoir califal a

    toujours t entre leurs mains, sauf quelques moments exceptionnels de

    lhistoire politique de lislam ;

    les mutazilites et les kharijites, dune part, et les chiites, de lautre :

    qualifis par les sunnites dhtrodoxes (ahl al-bida). Les mutazilites et les

    kharijites exigent comme les sunnites la dlibration de la communaut pour

    dsigner son chef. Mais, contrairement aux sunnites, ils exigent du calife ou

    de limam une impeccabilit morale. Il suffit quil commette un pch gravepour quil soit destitu. Ces deux tendances se sont teintes politiquement.

    Les chiites, quant eux, considrent que la succession du Prophte doit

    se faire par dsignation divine et au sein de sa filiation. Selon leur doctrine

    testamentaire, seul Ali (cousin et gendre du Prophte) et sa descendance issue

    de son mariage avec Fatima, fille du Prophte, sont les vicaires et successeurs

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    canoniques et lgitimes du Prophte. Ils se rfrent pour cela des textes

    dont lauthenticit et/ou linterprtation sont controverses. Les plus connus

    aujourdhui sont les chiites imamites ou duodcimains, car ils ont douze

    imams. Selon leur doctrine, ces imams rpondent aux qualits dinfaillibilit

    intellectuelle, parce quils seraient inspirs directement de Dieu, comme unesorte de prolongement de la Rvlation, ainsi que dimpeccabilit morale.

    On peut parler ici dune vraie vision thocratique de ltat et dune vision qui

    ressemble celle de linfaillibilit pontificale de lglise romaine. Les chiites

    considrent que cet tat ne doit se raliser quavec la parousie du douzime

    imam, qui aurait disparu au Xesicle et qui reparatra pour rtablir lordre.

    On parle de lImam cach (occulte), qui reviendrait en mme temps que

    Jsus. Les chiites vivent dans cette perspective messianique. Ce quon appelle tat islamique en Iran aujourdhui serait alors une hrsie thologico-

    politique, si lon se rfre cette doctrine. Pour esquiver la difficult et la

    surprise de lhistoire provoques par la rvolution iranienne, Khomeiny a d

    inventer un artifice thologique nomm wilyatu al-faqh, la gouvernance

    du canoniste , incarne par le guide de la rvolution , dont le statut est

    au-dessus de celui du prsident, en attendant le dernier imam et le Messie.

    On voit bien dans ce dernier cas de figure la rsistance de la ralit et de

    lhistoire aux doctrines, notamment messianiques.Les sunnites, nont pas t non plus conformes leur propre doctrine depuis

    le quatrime calife Ali. Le califat fut dynastique et ne fonctionna pas par

    dlibration conformment la doctrine thologico-politique sunnite. Le

    souverain tait un empereur ou un roi comme dans tous les systmes de

    gouvernement du Moyen ge.

    LALLIANCE POLITIQUE ET LALLIANCE RELIGIEUSE DANS LE CORAN

    Cette question est connue sous le vocable wal, dont le sens se modifie

    (alliance, allgeance, fidlit) selon le contexte de son utilisation dans le

    Coran et la Sunna, et selon la pragmatique linguistique arabe lie son

    usage, cest--dire en fonction des circonstances de la rvlation du verset

    ou du hadthet en fonction du public cible du moment coranique Parexemple, lallgeance politique et citoyenne dun musulman une nation

    ou un pays, quel quil soit, peut tre totale, de mme que son allgeance

    spirituelle lislam, comme religion, est totale galement. Il sagit de deux

    allgeances qui relvent de deux rpertoires diffrents et non opposs.

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    Dans le Coran, rompre une alliance (al-bar) et il sagit toujours dune

    rupture politique momentane, en fonction des circonstances ne concerne

    pas uniquement les Gens du Livre et les paens. Il y a aussi des versets qui

    parlent de rupture dalliance avec dautres croyants musulmans. En effet,

    certains musulmans, lpoque du Prophte, taient rests La Mecque etavaient refus de le rejoindre Mdine, l o il y avait une communaut

    musulmane au sein dune entit politique, l o ils auraient pu tre mieux

    protgs. Il sagissait dans ce cas de rompre une alliance politique avec les

    musulmans mecquois en ce sens que les musulmans de Mdine dclaraient

    navoir plus dobligation ni morale ni politique de venir leur secours en cas

    de guerre avec dautres tribus non musulmanes, comme lindique le Coran 21.

    Politiquement, ils taient une entit spare de la communaut politique deMdine, mme sils appartenaient tous une seule et mme communaut

    religieuse et spirituelle. Ce qui veut dire aussi que lennemi politique dune

    communaut musulmane particulire nest pas forcment lennemi politique

    de toute lUmma. Cest dans ce sens quil faut comprendre la parole du

    Prophte disant quil rompait son alliance avec le musulman qui vit parmi les

    polythistes et dsignant par-l les musulmans qui ne voulaient pas rejoindre

    le territoire de Mdine o ils vivraient leur religion en toute scurit. Cela

    veut dire aussi que le Prophte en tant que chef politique navait paslobligation de les dfendre. Par contre, les juifs de Mdine faisaient partie

    de lentit politique de Mdine dans une alliance (wal) politique commune

    avec les musulmans.

    Ce qui est interdit un musulman, cest lalliance politique avec lennemi

    en temps de guerre, ou bien une alliance religieuse dogmatique avec

    une autre religion, ce qui serait une forme de syncrtisme, nuisible aux

    religions elles-mmes. Il faut donc comprendre le sens de lalliance dans lecontexte scripturaire, dune part, et dans le contexte politique et religieux

    de la rvlation du passage coranique concern, dautre part. Beaucoup de

    tribus polythistes, pendant la trve de Hudaybiyya, firent alliance avec

    les musulmans. La tribu Khuza faisait partie de ces tribus idoltres qui

    sallirent aux musulmans. Elle fut massacre par une tribu allie aux

    Qurayshites de La Mecque, avec le soutien de ces derniers. Les musulmans,

    selon les termes mmes du contrat en vigueur, prirent les armes pour dfendre

    leur allie Khuza, pourtant polythiste. Ce fut la raison de la conqutede La Mecque. Elle fut pacifique et sans effusion de sang, avec un pardon

    gnral et sans condition de conversion. Aprs quils ont reconnu leur tort,

    le Prophte dit aux Qurayshites mecquois : Partez ! Vous tes libres.

    21. Coran 8 : 72.

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    Et cest cela le vrai pardon, lorsque lon a tous les pouvoirs et la capacit

    de se venger. Il pardonna une ville qui lavait chass, combattu pendant

    plus de vingt ans, qui avait caus la mort de membres de sa propre famille,

    perscut ses compagnons, spoli leurs biens. Il refusa mme de reprendre

    sa maison spolie. En fait, il cherchait la souverainet sur les curs et sur lesconsciences, non sur les corps et sur les territoires. Sa conqute tait celle des

    esprits. Et cest cela le vrai rgne.

    Omettre tous ces aspects de lhistoire du moment coranique et dont les

    dtails ne se trouvent pas dans le Coran absolutiserait ce qui lorigine

    ntait que circonstanciel.

    LE CORAN ET LA V IOLENCE

    Parmi les tymologies du mot islam se trouve la notion de paix. Dieu dans

    le Coran est nomm Salm: Paix. Cest aussi la salutation des musulmans.

    Quant la guerre voque dans le Coran, elle ntait pas un objectif, ce qui

    serait dailleurs absurde. Elle est un mal ncessaire dans certaines situations,

    lorsquelle est impose. La guerre vous a t impose, alors quelle vousest dsagrable 22, dit le Coran. Dans de telles situations conflictuelles, il

    faut ragir soit par la diplomatie, soit par les armes. Dans toute lhistoire,

    il en a t ainsi : pas dautre issue. Celui qui veut pratiquer la couture doit

    ncessairement utiliser ses ustensiles : le ciseau et laiguille. Menacs dans

    leur foi et dans leur existence spirituelle et matrielle, les musulmans, sous

    le commandement du Prophte, taient donc contraints de tirer les armes,

    une fois forts et organiss. Ctait une question vitale. En revanche : Ne

    souhaitez pas la rencontre et la confrontation avec lennemi. Mais si lecombat vous est impos, alors vous devez rsister, et sachez que le paradis

    est dans lombre des pes , leur disait le Prophte. Cela signifie que le

    martyr est celui qui subit la guerre et la mort, et non le kamikaze qui les

    recherche, ce qui ne serait en dfinitive quun suicide dguis. Or provoquer

    volontairement sa propre mort est interdit, sans parler de celle des innocents.

    Le Coran est venu autoriser et confirmer une rgle universelle, celle de la

    lgitime dfense : Quant ceux qui, aprs avoir subi un tort, se dfendent, ceux-l aucun reproche ne sera fait. Le reproche est fait ceux qui sont

    injustes envers les hommes et qui, sans raison, se montrent violents sur

    terre23.

    22. Coran 2 : 216.

    23. Coran 42 : 41 et 42.

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    Souvent, la guerre fut invitable pour le Prophte, mais il arrivait parfois

    viter le conflit par la diplomatie. Nous connaissons les conditions qui

    lui furent imposes par les Qurayshites en change dune trve de dix ans,

    lors du pacte de Hudaybiyya que nous avons dj examin. Le Prophte

    en accepta les conditions malgr la position de force et les victoires queles musulmans avaient obtenues. Parmi les termes de ce trait, le Prophte

    devait laisser partir la personne qui voulait quitter lislam et Mdine, pour

    rejoindre la Mecque. En revanche, il devait rendre aux Mecquois la personne

    qui quittait la Mecque pour le rejoindre Mdine. Cette attitude rvolta

    beaucoup de musulmans, au point quil y eut une insurrection. Ils perurent

    ce pacte comme une capitulation sans raison de la part du prophte, et donc

    pour eux comme une humiliation, une offense et une atteinte leur fiertdArabes, peuple rebelle et fier par nature.

    Le Prophte devait composer aussi avec le rang intrieur travers et travaill

    par des doutes et des moments de rminiscences du fanatisme tribal. Mais le

    respect des engagements et des traits, mme au dtriment des musulmans,

    tait lexigence thique qui guidait le Prophte dans sa mission, dans un

    monde o la trahison et linfidlit taient courantes. Le Prophte devait

    prendre en considration les alliances tribales, sans pour autant accepter

    lethnocentrisme des valeurs quand cela heurtait de plein fouet luniversalismede sa mission. Le Coran, tout en prenant en considration son contexte

    ethnique, vient nanmoins rompre clairement et sans quivoque avec un

    certain extrmisme ethnocentrique aveugle 24: Si [des musulmans] vous

    demandent votre aide au nom de la Religion, vous devez les secourir ; sauf

    quand il sagit de combattre une nation non musulmane avec laquelle

    vous avez sign un trait 25. On est ici en prsence dun exemple on ne

    peut plus parlant dune norme qui met le contrat et les conventions signsau-dessus de toute appartenance ethnique ou religieuse. Quant lennemi,

    il nest jamais radical ni absolu ; il nest que relatif et circonstanciel. Cest

    ce qui explique ce passage qui vise apaiser lesprit de vengeance chez

    certains musulmans et qui dit qu il se peut quun jour Dieu tablisse de

    lamiti entre vous et ceux qui taient vos ennemis. Dieu est capable, Dieu

    est indulgent. Dieu ne vous interdit pas dtre vertueux et justes envers ceux

    qui ne vous ont pas combattus cause de votre foi et qui ne vous ont pas

    chasss de vos demeures. Dieu aime les justes. Par contre il vous interdit depactiser avec ceux qui vous combattent cause de votre foi et qui vous ont

    24. Le Coran condamne le fanatisme du temps de lignorance (paganisme) : hamiyatu al-jhiliyya(48 :26).

    25. Coran 8 : 72.

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    chasss de vos demeures ainsi que ceux qui ont aid votre expulsion. Ceux

    qui pactisent avec eux, ceux-l sont iniques26.

    Dans un contexte de rupture avec les polythistes et un climat de guerre

    totale contre lislam, la neuvime sourate, considre comme la plus

    violente, ne manque pas dappeler, malgr cela, au discernement : Et si un

    polythiste te demande asile, accorde-le lui, ce sera pour lui une occasion

    dentendre la parole de Dieu, puis fais-le parvenir son lieu o il trouvera

    sa scurit. Car cest un peuple qui ne sait pas 27. Dans ce passage, il sagit

    pour le musulman de risquer sa vie pour protger une personne qui serait

    potentiellement un ennemi de lislam. Il ne sagit mme pas de convertir

    mais dinformer des gens hostiles sur le contenu du Coran pour arrter

    leur hostilit, car ils combattent le Prophte par ignorance. Vient confirmerce passage le hadith du Prophte qui dit que toute protection (dhimma)

    octroye par un(e) musulman(e) un non-musulman, mme hostile ou en

    guerre contre les musulmans, engage tous les musulmans, qui doivent la

    respecter.

    propos des vnements historiques rien nempchait les auteurs musulmans

    de la sra, grce auxquels nous avons dailleurs t informs sur ces conflits,

    dvoquer lexistence dune quelconque volont de conversion religieuse,

    comme cause de la guerre. Mais comment pourrait-il en tre ainsi, alors

    que le Prophte na pas cess de recevoir, tout au long de sa mission, des

    versets qui lui rappellent sa fonction dinformateur et de transmetteur de

    la Vrit, et non de tyran qui doit imposer sa foi et trancher la tte de ceux

    qui la refusent : Tu ne guides pas qui tu veux. Cest Dieu qui guide celui

    quIl veut 28, lui rappelle le Coran. Non seulement il na pas un pouvoir

    coercitif en la matire, mais il tait conscient que la conversion de tous les

    hommes tait impossible, contraire la volont de Dieu Lui-mme : Quelsque soient tes efforts, la plupart des hommes ne croiront pas 29 ; Si ton

    Seigneur lavait voulu, Il aurait rassembl tous les hommes en une seule

    communaut. Or ils ne cesseront de se diviser 30 ; Si ton Seigneur lavait

    voulu, tous les habitants de la terre auraient t croyants. Est-ce toi qui

    pourrais forcer les hommes croire par la contrainte ? 31. Et le Coran de

    lui rappeler sa tche : Tu nes en vrit que celui qui a lobligation de faire

    entendre le Rappel. Tu nes pas charg de le leur imposer 32.

    26. Coran 60 : 7 et 8.

    27. Coran 9 : 6.

    28. Coran 28 : 56.

    29. Coran 12 : 103.

    30. Coran 11 : 118.

    31. Coran 10 : 99.

    32. Coran 88 : 21 et 22.

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    Le Prophte devait donc respecter une mthode de diffusion de la foi qui ne

    devait pas dpasser largumentation et le conseil sincre (nasha), dans les

    limites de la courtoisie et de la bienveillance : Appelle les hommes venir

    sur le chemin du Seigneur par la sagesse et la douce exhortation 33. La raison

    de la religion dans ces conflits tant carte, le Prophte, en homme vertueuxquil tait cens tre, ne pouvait entrer en guerre sans raison juste, objective

    et rationnelle. Cest un postulat, un dogme de dpart, autrement cest son

    statut de prophte qui aurait t mis en cause. Il ne pouvait avoir de haine

    mme lgard de celui qui ne croyait pas en lui et qui le combattait. Quand

    les polythistes lavaient frapp, tout en essuyant le sang qui coulait de son

    visage, il priait son Dieu en disant : Seigneur, pardonne mon peuple,

    car ils ne savent pas ! Le Prophte est mort alors quil avait mis en gage sacotte de mailles chez un juif pour acheter de quoi manger. Autrement dit, il

    a prfr emprunter de largent un juif plutt qu un musulman, sachant

    que les musulmans riches ne manquaient pas dans sa Cit, commencer par

    le richissime Uthmn Ibn Affn, qui tait pourtant son beau-fils et qui sera

    le troisime calife de lislam. Ce geste de sa part est plus que symbolique.

    Dune part, les juifs qui ont respect leur engagement sont rests Mdine et

    nont pas t inquits pour ce qui est de leur religion, leur identit et leurs

    biens ; dautre part, cela signifie quil y avait encore Mdine, bien aprs lesconflits avec les tribus juives, des juifs plus riches que les musulmans et plus

    riches que le Prophte lui-mme, lequel est mort dans une pauvret totale.

    Aussi le Coran nous rappelle-t-il une ralit vidente propos des Gens

    du Livre (et donc des juifs) : Ils ne sont pas tous pareils 34, nous dit-il.

    Parmi les Gens du Livre, il y en a qui, si tu leur confiais un quintr35, ils te

    le rendraient. Dautres, par contre, si tu leur confiais un seul dinar, ils ne te

    le rendraient quaprs longue insistance

    36

    . On peut dire la mme chose desmusulmans : il y en a de bons et il y en a de moins bons.

    Pour clore ce sujet rappelons que lEmpire musulman, malgr les conflits

    de pouvoir, stendit et permit le dveloppement dune civilisation qui sest

    construite sur les restes des deux civilisations dominantes de lpoque,

    affaiblies par les guerres et les divisions internes : la romaine et la perse.

    Lexpansion rapide de lislam sexplique en grande partie par leur dclin

    et laspiration de leurs minorits plus de justice et de libert. Beaucoup

    33. Coran 16 : 125.

    34. Coran 3 : 113.

    35. Cest une somme dargent apparemment trs leve (1 000 pices dor, 1 000 dinars ?, on ne sait pasprcisment). Nous sommes en prsence dun contenu du Coran dont le sens nous chappe, car il fut enfouidans lhistoire et les savants musulmans nont jamais essay de le ressusciter. Ils savaient que ce contenutait destin aux seuls contemporains du moment coranique.

    36. Coran 3: 75.

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    dentre elles virent un espoir dans la nouvelle civilisation naissante. Cest

    ce qui explique la pntration de lislam en Espagne, pour ne citer que cet

    exemple. Ce sont les juifs et les chrtiens dEspagne qui firent appel aux

    musulmans, pour les dlivrer de loppression quexeraient sur eux les

    Wisigoths, qui taient aussi des chrtiens. Tout ne sexplique pas dans ces

    conqutes musulmanes par des raisons religieuses.

    Et comme toute religion qui entre dans la logique de la civilisation, de la

    politique et de lidentit, lislam y a laiss une partie de ces valeurs spirituelles

    et morales jusquau dclin et leffritement puis la disparition de lEmpire

    ottoman.

    LGALIT HOMMEFEMME

    Il y a deux niveaux du discours coranique sur lgalit des hommes et des

    femmes, lun sur lgalit ontologique et lautre sur lgalit juridique. La

    premire galit est mtaphysique, voire axiologique ; la seconde dpend de

    la ralit historique.

    La taxinomie du scripturaire en principiel et en circonstanciel est icioprante. Il faudrait rappeler en mme temps, pour ne pas tomber dans un

    anachronisme, que le concept dgalit entre les hommes et les femmes tel

    que nous lentendons aujourdhui est n avec la modernit.

    Lgalit ontologique et mtaphysique

    Le Dieu du Coran ne sest pas fait homme, masculin, travers sa knose et

    son incarnation dans Jsus, devenu Christ. Dans son apothose, il est restni fminin ni masculin. Il na pris la chair ni dun homme ni dune femme.

    Aussi le rcit du Coran ne cadre-t-il pas avec celui de la Gense biblique.

    Selon le Coran il ny avait quun seul tre (nafs whida) 37qui donna deux

    entits (Adam et ve) sans chronologie, une mme me (rh) asexue par

    essence mais dans deux corps diffrents. ve na donc pas t cre pour

    tenir compagnie Adam, encore moins son appendice sortant de sa cte,

    mais son gale, si lon se rfre la lettre du Coran cette fois-ci. Il ny a

    pas non plus une faute dAdam qui serait sduit par ve, laquelle serait

    pcheresse par essence et complice de Satan. Le Coran sur ce sujet reste

    laconique : les deux furent tents par Satan en mme temps, pchrent en

    37. Coran 4 :1 ; 6 : 98 ; 7 : 189

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    mme temps, se repentirent en mme temps, puis furent pardonns tous

    deux en mme temps. Il ny a pas de pch originel dont la cause serait la

    femme parce que tentatrice par nature. Les thologiens musulmans nont

    jamais parl dune quelconque infriorit spirituelle, intellectuelle et morale

    de la femme par rapport lhomme, car le Coran a clos ce dbat ds lesdbuts de la Rvlation.

    Lgalit pratique et juridique

    Si lgalit est un principe thologique, mtaphysique et ontologique absolu

    soulign par les textes de lislam, nanmoins elle reste relative en matire de

    droits et de devoirs des hommes et des femmes, vu le contexte du moment

    coranique.Les textes principiels soulignent lgalit ontologique spirituelle et

    axiologique de lhomme et de la femme, alors que les textes circonstanciels

    normatifs soulignent les diffrences. En effet, le droit codifie essentiellement

    pour le corps en fonction de la division des rles donns dans la socit. Ce

    droit coranique diffrenci ne pouvait tre mieux formul dans un contexte

    tribal et patriarcal, o la richesse et le pouvoir taient surtout lis la

    force physique et o, de fait, les femmes taient mises lcart des circuits

    politiques, conomiques, etc. En consquence de quoi, elles ne pouvaientavoir une grande indpendance par rapport aux hommes dans un tel

    contexte. Cest le sens du passage qui dit : Elles ont des droits quivalents

    leurs devoirs selon lusage, et les hommes les dpassent par un degr [celui

    de la responsabilit] 38. Ce qui est tout fait banal si lon sen tient la

    condition des hommes et des femmes quels que soient dailleurs leur religion,

    leur culture, leur peuple, etc., dans le monde et cette poque. Le constat que

    fait ce verset est pris malheureusement par beaucoup de musulmans commeune injonction et un modle de socit entretenir. Or cest la configuration

    anthropologique dalors qui explique la disposition diffrencie entre

    hommes et femmes dans les statuts de lordre social et relationnel (hritage,

    tmoignage), mais aucunement dans lordre spirituel, intellectuel et cultuel.

    Les femmes du moment coranique nespraient probablement pas mieux

    en matire dhritage, dindpendance conomique, daccs au savoir,

    de tmoignage Ctait dj une vritable rvolution juridique, mais ce

    mouvement ntait pas cens sarrter ce stade.

    38. Coran 2 : 228.

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    CONCLUSION

    La cl de vote de la comprhension du Coran se trouve dans une mtaphore

    galnique . En effet, le Coran est comme un mdicament, il contient un

    principe actif (esprit ou message) enrob dans des excipients et des adjuvants

    culturels (langue arabe, contexte anthropologique). Par consquent, toute

    confusion ce niveau de perception du phnomne coranique conduirait

    une lecture qui non seulement serait sans effet mais pourrait tre nocive,

    voire mortelle. Plus fondamentalement il sagit de passer de la lettre du texte

    et mme de son intention celle de son auteur.

    Ce qui doit importer le plus, cest la pdagogie coranique. La question devient

    alors plus thologique que normative si lon considre que Dieu peutlgifrer une loi quIl ne voulait pas forcment et quIl voudrait ce quIl na

    pas lgifr , pour reprendre une remarque thologique dal-Juwayn. On

    peut comprendre cette rgle thologique la lumire dun hadthnormatif

    du Prophte qui dit : Parmi les choses que Dieu a autorises tout en Lui

    tant la plus dtestable il y a le divorce. Cela signifie en clair que la loi

    coranique ne reflte pas forcment lidal conforme au Vouloir divin.

    On comprendra alors pourquoi le Coran tout en limitant et en attnuant les

    ingalits, sans les suspendre toutes, ouvre paralllement et implicitementtout un dispositif dvolution par le biais du principe recteur (irchd) vers

    lidal, une fois le contexte devenu favorable. Une loi doit toujours attendre

    le moment convenable pour quelle soit admise et bien applique, sinon elle

    serait contre-productive ou tout simplement refuse. Lhistoire nous montre

    que lesclavage ne fut aboli quune fois devenu plus coteux socialement,

    moins rentable conomiquement, surtout aprs la rvolution industrielle. Il

    ny avait donc pas que des considrations philosophiques et thiques, maisaussi pragmatiques voire utilitaristes.

    Ce qui pourrait paratre aujourdhui choquant dans le Coran sexplique

    par le fait que les conditions pour changer certaines lois ntaient tout

    simplement pas toutes runies lors du moment coranique. Le temps tait

    trop court pour oprer tous les changements qui ont t amorcs par la

    dynamique de la Rvlation. Il y a donc une intention tlonomique que le

    canoniste musulman doit extraire partir du Coran lui-mme.

    Aujourdhui, la technologie, entre autres, qui est lune des caractristiquesde notre modernit, a permis par exemple aux femmes de travailler, davoir

    la mme mobilit que les hommes, dtre ministres ou mme prsidentes

    mme si la parit est loin dtre atteinte et dtre chefs dentreprise, sans

    tre handicapes par le physique, etc. Cest aussi grce aux avances de la

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    mdecine et des moyens de contraception que les femmes ont pu matriser

    leur fcondit ce que lislam na jamais condamn depuis ses origines. Tout

    ceci, entre autres, li aux progrs de lhumanit, a permis aux femmes de

    rivaliser plus loyalement avec les hommes dans la socit, voire mme de les

    dpasser dans certains secteurs. Cette nouvelle situation convoque ds lorsun dplacement dun certain nombre de normes coraniques vers des formes

    thiques concrtes, adquates la condition des hommes et des femmes

    aujourdhui.

    Cette perception cintique du Coran est la seule rponse ce conservatisme

    statique aigu qui, au lieu dextraire lesprit et la mthodologie du Coran

    pour les traduire sous une forme nouvelle et contemporaine, cherche

    reproduire un contexte coranique pour lui faire correspondre la lettre duCoran, confondant ainsi lenveloppe avec le message que contient la lettre.

    Ceci supposer que la lettre du Coran ait t un jour applique totalement,

    mme lpoque du Prophte.

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    Le pluralisme religieux en islam, ou la conscience de laltritric Geoffroy, janvier 2015, 40 pages

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    Le pluralisme religieux en islam, ou la conscience de laltritric Geoffroy, janvier 2015, 40 pages

    La classe moyenne amricaine en voie deffritementJulien Damon, dcembre 2014, 44 pages

    Pour une complmentaire ducation : lcole des classes moyennesErwan Le Noan, Dominique Reyni, novembre 2014, 56 pages

    Lantismitisme dans lopinion publique franaise. Nouveaux clairagesDominique Reyni, novembre 2014, 48 pages

    La politique de concurrence : un atout pour notre industrieEmmanuel Combe, novembre 2014, 48 pages

    uropennes 2014 (2) : pousse du FN, recul de lUMP et vote bretonJrme Fourquet, octobre 2014, 52 pages

    uropennes 2014 (1) : la gauche en miettesJrme Fourquet, octobre 2014, 40 pages

    Innovation politique 2014Fondation pour linnovation politique, PUF, octobre 2014, 554 pages

    nergie-climat : pour une politique efficaceAlbert Bressand, septembre 2014, 56 pages

    Lurbanisation du monde. Une chance pour la FranceLaurence Daziano, juillet 2014, 44 pages

    Que peut-on demander la politique montaire ?Pascal Salin, mai 2014, 48 pages

    Le changement, cest tout le temps ! 1514 - 2014Suzanne Baverez et Jean Sni, mai 2014, 34 pages

    Trop dmigrs ? Regards sur ceux qui partent de FranceJulien Gonzalez, mai 2014, 48 pages

    LOpinion europenne en 2014Dominique Reyni (dir.), ditions Lignes de Repres, avril 2014, 284 pages

    Taxer mieux, gagner plusRobin Rivaton, avril 2014, 38 pages

    Ltat innovant (2) : Diversifier la haute administrationKevin Brookes et Benjamin Le Pendeven, mars 2014, 52 pages

    Ltat innovant (1) : Renforcer les think tanksKevin Brookes et Benjamin Le Pendeven, mars 2014, 52 pages

    Pour un new deal fiscalGianmarco Monsellato, mars 2014, 8 pages

    NOS DERNIRES PUBLICATIONS

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    Faire cesser la mendicit avec enfantsJulien Damon, mars 2014, 48 pages

    Le low cost, une rvolution conomique et dmocratiqueEmmanuel Combe, fvrier 2014, 48 pages

    Un accs quitable aux thrapies contre le cancerNicolas Bouzou, fvrier 2014, 48 pages

    Rformer le statut des enseignantsLuc Chatel, janvier 2014, 8 pages

    Un outil de finance sociale : les social impact bondsYan de Kerorguen, dcembre 2013, 36 pages

    Pour la croissance, la dbureaucratisation par la confiancePierre Pezziardi, Serge Soudoplatoff et Xavier Qurat-Hment, novembre 2013,

    48 pagesLes valeurs des FranciliensGunalle Gault, octobre 2013, 36 pages

    Sortir dune grve tudiante : le cas du QubecJean-Patrick Brady et Stphane Paquin, octobre 2013, 40 pages

    Un contrat de travail unique avec indemnits de dpart intgresCharles Beigbeder, juillet 2013, 8 pages

    LOpinion europenne en 2013

    Dominique Reyni (dir.), ditions Lignes de Repres, juillet 2013, 268 pagesLa nouvelle vague des mergents : Bangladesh, thiopie, Nigeria, Indonsie,Vietnam, MexiqueLaurence Daziano, juillet 2013, 40 pages

    Transition nergtique europenne : bonnes intentions et mauvais calculsAlbert Bressand, juillet 2013, 44 pages

    La dmobilit : travailler, vivre autrementJulien Damon, juin 2013, 44 pages

    L KAPITAL. Pour rebtir lindustrieChristian Saint-tienne et Robin Rivaton, avril 2013, 42 pages

    Code thique de la vie politique et des responsables publics en FranceLes Arvernes, Fondation pour linnovation politique, avril 2013, 12 pages

    Les classes moyennes dans les pays mergentsJulien Damon, avril 2013, 38 pages

    Innovation politique 2013Fondation pour linnovation politique, PUF, janvier 2013, 652 pages

    Relancer notre industrie par les robots (2) : les stratgiesRobin Rivaton, dcembre 2012, 32 pages

    Relancer notre industrie par les robots (1) : les enjeuxRobin Rivaton, dcembre 2012, 40 pages

    La comptitivit passe aussi par la fiscalitAldo Cardoso, Michel Didier, Bertrand Jacquillat, Dominique Reyni, GrgoireSentilhes, dcembre 2012, 20 pages

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    Une autre politique montaire pour rsoudre la criseNicolas Goetzmann, dcembre 2012, 40 pages

    La nouvelle politique fiscale rend-elle lISF inconstitutionnel ?Aldo Cardoso, novembre 2012, 12 pages

    Fiscalit : pourquoi et comment un pays sans riches est un pays pauvreBertrand Jacquillat, octobre 2012, 32 pages

    Youth and Sustainable DevelopmentFondapol/Nomadis/United Nations, juin 2012, 80 pages

    La philanthropie. Des entrepreneurs de solidaritFrancis Charhon, mai / juin 2012, 44 pages

    Les chiffres de la pauvret : le sens de la mesureJulien Damon, mai 2012, 40 pages

    Librer le financement de lconomieRobin Rivaton, avril 2012, 40 pages

    Lpargne au service du logement socialJulie Merle, avril 2012, 40 pages

    LOpinion europenne en 2012Dominique Reyni (dir.), ditions Lignes de Repres, mars 2012, 210 pages

    Valeurs partagesDominique Reyni (dir.), PUF, mars 2012, 362 pages

    Les droites en uropeDominique Reyni (dir.), PUF, fvrier 2012, 552 pages

    Innovation politique 2012Fondation pour linnovation politique, PUF, janvier 2012, 648 pages

    Lcole de la libert : initiative, autonomie et responsabilitCharles Feuillerade, janvier 2012, 36 pages

    Politique nergtique franaise (2) : les stratgiesRmy Prudhomme, janvier 2012, 44 pages

    Politique nergtique franaise (1) : les enjeuxRmy Prudhomme, janvier 2012, 48 pages

    Rvolution des valeurs et mondialisationLuc Ferry, janvier 2012, 40 pages

    Quel avenir pour la social-dmocratie en urope ?Sir Stuart Bell, dcembre 2011, 36 pages

    La rgulation professionnelle : des rgles non tatiques pour mieux responsabiliserJean-Pierre Teyssier, dcembre 2011, 36 pages

    Lhospitalit : une thique du soinEmmanuel Hirsch, dcembre 2011, 32 pages

    12 ides pour 2012Fondation pour linnovation politique, dcembre 2011, 110 pages

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    Les classes moyennes et le logementJulien Damon, dcembre 2011, 40 pages

    Rformer la sant : trois propositionsNicolas Bouzou, novembre 2011, 32 pages

    Le nouveau Parlement : la rvision du 23 juillet 2008Jean-Flix de Bujadoux, novembre 2011, 40 pages

    La responsabilitAlain-Grard Slama, novembre 2011, 32 pages

    Le vote des classes moyenneslisabeth Dupoirier, novembre 2011, 40 pages

    La comptitivit par la qualitEmmanuel Combe et Jean-Louis Mucchielli, octobre 2011, 32 pages

    Les classes moyennes et le crditNicolas Pcourt, octobre 2011, 32 pages

    Portrait des classes moyennesLaure Bonneval, Jrme Fourquet, Fabienne Gomant, octobre 2011, 36 pages

    Morale, thique, dontologieMichel Maffesoli, octobre 2011, 40 pages

    Sortir du communisme, changer dpoqueStphane Courtois (dir.), PUF, octobre 2011, 672 pages

    La jeunesse du mondeDominique Reyni (dir.), ditions Lignes de Repres, septembre 2011, 132 pages

    Pouvoir dachat : une politiqueEmmanuel Combe, septembre 2011, 52 pages

    La libert religieuseHenri Madelin, septembre 2011, 36 pages

    Rduire notre dette publiqueJean-Marc Daniel, septembre 2011, 40 pages

    cologie et libralismeCorine Pelluchon, aot 2011, 40 pages

    Valoriser les monuments historiques : de nouvelles stratgiesWladimir Mitrofanoff et Christiane Schmuckle-Mollard, juillet 2011, 28 pages

    Contester les technosciences : leurs raisonsEddy Fougier, juillet 2011, 40 pages

    Contester les technosciences : leurs rseauxSylvain Boulouque, juillet 2011, 36 pages

    La fraternitPaul Thibaud, juin 2011, 36 pages

    La transformation numrique au service de la croissanceJean-Pierre Corniou, juin 2011, 52 pages

    LengagementDominique Schnapper, juin 2011, 32 pages

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    Libert, galit, FraternitAndr Glucksmann, mai 2011, 36 pages

    Quelle industrie pour la dfense franaise ?Guillaume Lagane, mai 2011, 26 pages

    La religion dans les affaires : la responsabilit sociale de lentrepriseAurlien Acquier, Jean-Pascal Gond, Jacques Igalens, mai 2011, 44 pages

    La religion dans les affaires : la finance islamiqueLila Guermas-Sayegh, mai 2011, 36 pages

    O en est la droite ? LAllemagnePatrick Moreau, avril 2011, 56 pages

    O en est la droite ? La Slovaquietienne Boisserie, avril 2011, 40 pages

    Qui dtient la dette publique ?Guillaume Leroy, avril 2011, 36 pages

    Le principe de prcaution dans le mondeNicolas de Sadeleer, mars 2011, 36 pages

    Comprendre le Tea PartyHenri Hude, mars 2011, 40 pages

    O en est la droite ? Les Pays-BasNiek Pas, mars 2011, 36 pages

    Productivit agricole et qualit des eauxGrard Morice, mars 2011, 44 pages

    Lau : du volume la valeurJean-Louis Chaussade, mars 2011, 32 pages

    au : comment traiter les micropolluants ?Philippe Hartemann, mars 2011, 38 pages

    au : dfis mondiaux, perspectives franaisesGrard Payen, mars 2011, 62 pages

    Lirrigation pour une agriculture durableJean-Paul Renoux, mars 2011, 42 pages

    Gestion de leau : vers de nouveaux modlesAntoine Frrot, mars 2011, 32 pages

    O en est la droite ? LAutrichePatrick Moreau, fvrier 2011, 42 pages

    La participation au service de lemploi et du pouvoir dachatJacques Perche et Antoine Pertinax, fvrier 2011, 32 pages

    Le tandem franco-allemand face la crise de leuroWolfgang Glomb, fvrier 2011, 38 pages

    2011, la jeunesse du mondeDominique Reyni (dir.), janvier 2011, 88 pages

    LOpinion europenne en 2011Dominique Reyni (dir.), dition Lignes de Repres, janvier 2011, 254 pages

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    40

    Administration 2.0Thierry Weibel, janvier 2011, 48 pages

    O en est la droite ? La BulgarieAntony Todorov, dcembre 2010, 32 pages

    Le retour du tirage au sort en politiqueGil Delannoi, dcembre 2010, 38 pages

    La comptence morale du peupleRaymond Boudon, novembre 2010, 30 pages

    LAcadmie au pays du capitalBernard Belloc et Pierre-Franois Mourier, PUF, novembre 2010, 222 pages

    Pour une nouvelle politique agricole communeBernard Bachelier, novembre 2010, 30 pages

    Scurit alimentaire : un enjeu globalBernard Bachelier, novembre 2010, 30 pages

    Les vertus caches du low cost arienEmmanuel Combe, novembre 2010, 40 pages

    Innovation politique 2011Fondation pour linnovation politique, PUF, novembre 2010, 676 pages

    Dfense : surmonter limpasse budgtaireGuillaume Lagane, octobre 2010, 34 pages

    O en est la droite ? LspagneJoan Marcet, octobre 2010, 34 pages

    Les vertus de la concurrenceDavid Sraer, septembre 2010, 44 pages

    Internet, politique et coproduction citoyenneRobin Berjon, septembre 2010, 32 pages

    O en est la droite ? La PologneDominika Tomaszewska-Mortimer, aot 2010, 42 pages

    O en est la droite ? La Sude et le DanemarkJacob Christensen, juillet 2010, 44 pages

    Quel policier dans notre socit ?Mathieu Zagrodzki, juillet 2010, 28 pages

    O en est la droite ? LItalieSofia Ventura, juillet 2010, 36 pages

    Crise bancaire, dette publique : une vue allemandeWolfgang Glomb, juillet 2010, 28 pages

    Dette publique, inquitude publiqueJrme Fourquet, juin 2010, 32 pages

    Une rgulation bancaire pour une croissance durableNathalie Janson, juin 2010, 36 pages

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    Quatre propositions pour rnover notre modle agricolePascal Perri, mai 2010, 32 pages

    Rgionales 2010 : que sont les lecteurs devenus ?Pascal Perrineau, mai 2010, 56 pages

    LOpinion europenne en 2010Dominique Reyni (dir.), ditions Lignes de Repres, mai 2010, 245 pages

    Pays-Bas : la tentation populisteChristophe de Voogd, mai 2010, 43 pages

    Quatre ides pour renforcer le pouvoir dachatPascal Perri, avril 2010, 30 pages

    O en est la droite ? La Grande-BretagneDavid Hanley, avril 2010, 34 pages

    Renforcer le rle conomique des rgionsNicolas Bouzou, mars 2010, 30 pages

    Rduire la dette grce la ConstitutionJacques Delpla, fvrier 2010, 54 pages

    Stratgie pour une rduction de la dette publique franaiseNicolas Bouzou, fvrier 2010, 30 pages

    Iran : une rvolution civile ?Nader Vahabi, novembre 2009, 19 pages

    O va lglise catholique ?Dune querelle du libralisme lautremile Perreau-Saussine, octobre 2009, 26 pages

    Agir pour la croissance verteValry Morron et Dborah Sanchez, octobre 2009, 11 pages

    lections europennes 2009 :analyse des rsultats en urope et en FranceCorinne Deloy, Dominique Reyni et Pascal Perrineau, septembre 2009, 32 pages

    Retour sur lalliance sovito-nazie, 70 ans aprsStphane Courtois, juillet 2009, 16 pages

    Ltat administratif et le libralisme. Une histoire franaiseLucien Jaume, juin 2009, 12 pages

    La politique europenne de dveloppement :Une rponse la crise de la mondialisation ?

    Jean-Michel Debrat, juin 2009, 12 pages

    La protestation contre la rforme du statut des enseignants-chercheurs :dfense du statut, illustration du statu quo.

    Suivi dune discussion entre lauteur et Bruno BensassonDavid Bonneau, mai 2009, 20 pages

    La lutte contre les discriminations lies lge en matire demploilise Muir (dir.), mai 2009, 64 pages

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    fondapol

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    linnovationp

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    Quatre propositions pour que lurope ne tombe pas dans le protectionnismeNicolas Bouzou, mars 2009, 12 pages

    Aprs le 29 janvier : la fonction publique contre la socit civile ? Une question dejustice sociale et un problme dmocratique

    Dominique Reyni, mars 2009, 22 pagesLa rforme de lenseignement suprieur en AustralieZoe McKenzie, mars 2009, 74 pages

    Les rformes face au conflit socialDominique Reyni, janvier 2009, 14 pages

    LOpinion europenne en 2009Dominique Reyni (dir.), ditions Lignes de Repres, mars 2009, 237 pages

    Travailler le dimanche: quen pensent ceux qui travaillent le dimanche ?

    Sondage, analyse, lments pour le dbatDominique Reyni, janvier 2009, 18 pages

    Stratgie europenne pour la croissance verteElvire Fabry et de Damien Tresallet (dir.), novembre 2008, 124 pages

    Dfense, immigration, nergie : regards croiss franco-allemands sur troispriorits de la prsidence franaise de lUElvire Fabry, octobre 2008, 35 pages

    Retrouvez notre actualit et nos publications sur www.fondapol.org

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    Coran,clsdel

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    Pour renforcer son indpendance et conduire sa mission dutilit

    publique, la Fondation pour linnovation politique, institution de la

    socit civile, a besoin du soutien des entreprises et des particuliers. Ils

    sont invits participer chaque anne la convention gnrale qui dfinitses orientations. La Fondapol les convie rgulirement rencontrer ses

    quipes et ses conseillers, discuter en avant-premire de ses travaux,

    participer ses manifestations.

    Reconnue dutilit publique par dcret en date du 14 avril 2004, la Fondapol

    peut recevoir des dons et des legs des particuliers et des entreprises.

    Vous tes une entreprise, un organisme, une associationAvantage fiscal : votre entreprise bnficie dune rduction dimpt de

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    Dans le cas dun don de 20 000 , vous pourrez dduire 12 000

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    entreprise.

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    Avantages fiscaux : au titre de lIR, vous bnficiez dune rduction

    dimpt de 66 % de vos versements, dans la limite de 20 % du revenu

    imposable (report possible durant 5 ans) ; au titre de lISF, vous

    bnficiez dune rduction dimpt, dans la limite de 50 000 , de 75 %

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    Dans le cas dun don de 1 000 , vous pourrez dduire 660 de votre

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    La Fondationpour linnovation politique

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    Elle contribue au pluralisme de la pense et au renouvellement du dbat public dans une

    perspective librale, progressiste et europenne. Dans ses travaux, la Fondation privilgie

    quatre enjeux :la croissance conomique, lcologie, les valeurs et le numrique.

    Le sitewww.fondapol.org met la disposition du public la totalit de ses travaux.

    Par ailleurs, notre mdia Trop Libre offre un regard quotidien critique sur lactualit et

    la vie des ides. Trop Libre propose galement une importante veille ddie aux effets

    de la rvolution numrique sur les pratiques politiques, conomiques et sociales dans sa

    rubrique Renaissance numrique (anciennement Politique 2.0 ).

    La Fondation pour linnovation politique est reconnue dutilit publique. Elle est

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