techniques d'enquête
TRANSCRIPT
Techniques d’enquête Florence Huguenin-Richard - 2014
1. Méthodologie générale
Pourquoi faire une enquête ? On a besoin d’informations qui n’existent pas ailleurs !
Une enquête vient après une recherche documentaire approfondie.
Pour qui ? Est-ce que l’enquête est commandée ?
Où ? Quand ? Quels sont les délais ? Doit-on se déplacer ? Peut-on réaliser l’enquête en tout temps ?
Comment ? Comment on s’y prend pour mettre en place l’enquête ?
Quelle méthode d’enquête choisir ?
Définir l’objectif général de l’enquête = le sujet de l’étude (ex. la rue, un espace à vivre = « que font les gens dans la rue ? »)
Définir les hypothèses ou les besoins de données qui découlent de cet objectif général.
Choix de la technique d’enquête Entretien ? Questionnaire ? Observation ?
Echantillonnage ?
Analyse bibliographique de ce qui a déjà été fait par d’autres chercheurs.
Mise en place de l’instrument d’enquête Écriture et test en vue de correction.
Recueil, codage et analyse des données
Ecriture du rapport final On rend compte à la fois de la méthodologie mise en place et des résultats.
1. Méthodologie générale
Questionnaire ou entretien ?
1. Méthodologie générale
Questionnaire Entretien
Outil standardisé Entretien ouvert sur un thème
Questions toutes préparées Pas ou peu de questions préparées
Structuration maximum Structuration minimum
Réponses imposées au répondant Libre expression du répondant
Nombre important d’enquêtés Nombre réduit d’enquêtés
Rendu chiffré Rendu narratif
Sens « objectif » des pratiques, comportements ou choix
Sens « subjectif » des pratiques, comportements ou choix
Étude quantitative Étude qualitative
Objectifs Décrire des comportements, des faits.
Estimer des opinions, des valeurs, des représentations, des perceptions.
Vérifier des hypothèses.
2 grands types de questionnaire : Le recensement (population interrogée de manière exhaustive).
Le sondage (on interroge une partie de la population uniquement).
Méthodologie spécifique au questionnaire Définir et délimiter le sujet de l’enquête (ex : la prise de risque chez les jeunes).
Définir les indicateurs empiriques (ex : la conduite, la consommation d’alcool…).
Formuler les questions / mettre en forme le questionnaire / le tester.
2. Le questionnaire
2 grandes familles de question Les questions relatives aux déterminants sociaux (âge, sexe, …).
Les questions relatives au sujet d’étude lui-même reprenant les indicateurs empiriques.
Les questions sur les déterminants sociaux : Doivent être adaptées à chaque enquête !
Classiquement, on peut demander :
l’âge ;
le sexe (question de genre) ;
la position sociale de manière directe (PCS) ou indirecte (revenus, niveau d’études) ;
le statut familial, le rang dans la famille ;
le lieu de résidence (commune, quartier)
…
Origines et appartenance religieuse = déterminants difficiles à collecter (en France).
2. Le questionnaire
Les questions relatives au sujet de l’étude… Peuvent porter sur des comportements, des pratiques, des faits.
combien de fois … ?
avez-vous déjà … ?
Peuvent porter sur les opinions.
pensez-vous … ?
Peuvent porter sur des valeurs.
pour vous, est-il … ?
Peuvent porter sur des représentations.
parmi les situations suivantes, laquelle vous semble plus dangereuse ?
En fonction de la nature de la question, la mise en forme, le codage et l’analyse statistique vont varier !!!
2. Le questionnaire
Questions ouvertes, semi-ouvertes ou fermées ? Un bon questionnaire privilégie les questions fermées (plus aisées à traiter).
Sans enfermer l’enquêté dans un cadre trop réducteur (risque = questions sans réponse).
Si trop de questions ouvertes, l’entretien est à privilégier !
Pour choisir la formulation d’une question, penser à son codage et traitement statistique !
Les questions (semi)ouvertes les plus fréquentes : Autre, précisez : …………………………………………………
Des questions ouvertes mais limitées dans leur réponse (en nombre de caractères) :
Année de naissance : …..
Heure de départ : ….
Code postal : …..
Prix : …..
2. Le questionnaire
2. Le questionnaire
Exemple de mise en forme
2. Le questionnaire
Quelques règles ! Tester le questionnaire en réel et sur une population « cible », afin d’apporter les corrections
nécessaires avant de le réaliser pour de bon !
Penser au codage des réponses et au traitement statistique avant de formuler une question.
Utiliser un langage simple, compréhensible par les personnes enquêtées.
Maîtriser le temps qu’il faut pour remplir le questionnaire !!!
Au final, pas de recette miracle mais du savoir-faire !
Avec prise de photos
3. Exemples d’enquête instrumentée
Enquête paysagère sur un chemin de Compostelle – M. Griselin, Laboratoire Théma, Université de Franche-Comté, 2000.
Étude systématique des paysages le long d’un chemin vers Compostelle à partir de photographies prises au sol.
Méthodologie / Echantillonnage : un arrêt toutes les 30 minutes de marche avec prise de 4 clichés (dans l’axe du chemin, à droite à 90°, à gauche à 90°, derrière à 180°).
Au total, 4 000 photos prises.
Avec prise de photos Les jardins partagés : un lieu de sociabilité, expression de la ville durable ? Master GAELE-CPP, Paris, 2009.
3. Exemples d’enquête instrumentée
Avec prise de photos
3. Exemples d’enquête instrumentée
Avec prise de vidéos Visibilité psychophysique des piétons dans l’environnement urbain – V. Boucher et al., Laboratoire des Ponts et Chaussées d’Angers, 2009.
But de l’étude : étudier l’environnement visuel du conducteur en évaluant la saillance visuelle des piétons dans un environnement complexe + connaître le ressenti et les sentiments des conducteurs à l’égard du piéton.
Méthodologie : création d’une base de données de films / analyse de la saillance visuelle physique / projections des films à des sujets conducteurs en simulateur (11 personnes) et analyse du discours des sujets audités. Puis, comparaison des deux résultats.
3. Exemples d’enquête instrumentée
Avec prise de bandes sonores Percevoir la ville sans voir – N. Baltenneck et S. Portalier, Université de Lyon 2, 2009.
Objectif de l’étude : étudier la perception, la représentation et la gestion de l’espace urbain chez les personnes aveugles.
Méthodologie : enregistrement des commentaires de sujets mal voyants (marchant avec canne ou chien guide) lors d’une promenade urbaine en situation réelle. Itinéraire fixe long de 950 m (environ 20 minutes de marche), définissant 5 zones du point de vue de l’aménagement. 26 personnes interrogées (identifiées par le biais d’une association). Puis, analyse du contenu textuelle et du ressenti des sujets dans chaque bande son en fonction du lieu.
3. Exemples d’enquête instrumentée
Avec prise de bandes sonores Percevoir la ville sans voir – N. Baltenneck et S. Portalier, Université de Lyon 2, 2009.
3. Exemples d’enquête instrumentée
Avec cartographie Les jardins collectifs d’insertion sociale : un moyen d’améliorer le cadre de vie d’un quartier? Master GAELE-CPP, Paris, 2009.
3. Exemples d’enquête instrumentée
2 grandes méthodes l’entretien non directif
Au départ, une question ouverte et on laisse parler l’enquêté (relances neutres par reformulation ou interprétant, signes de compréhension nécessaires de la part de l’enquêteur, pas de jugement de valeur !).
l’entretien semi-directif ou guidé
On prépare un guide d’entretien avec des grandes questions à poser ou des mots clés à utiliser.
4. L’entretien
Objectif : obtenir des informations qualitatives compte-rendu de ce qui est dit…
… ou analyse statistique du discours.
Des variantes Focus groupe / Carte collaborative
Parcours accompagnés
Qui ? Où ? Quand ? pas de technique d’échantillonnage mais choix judicieux des personnes à enquêter
choix d’un lieu neutre et calme (privilégier un lieu non institutionnel)
prévoir une à deux heures de manière à établir un climat de confiance avant l’entretien (l’enquêteur se présente, présente son organisme, son projet, explique pourquoi il a choisi cette personne, le respect de l’anonymat, et pose les modalités de déroulement de l’entretien).
4. L’entretien
Instrumentation ? soit prise de notes, soit enregistrement avec un magnétophone ou une caméra…
… mais toujours demander l’autorisation préalable à la personne enquêtée.
Les biais, l’entretien = un exercice de communication résultats obtenus fortement dépendant de la qualité de l’enquêteur… qui peut influencer les réponses, intimider la personne enquêtée… = problème de distance sociale entre les protagonistes, d’assimilation, d’empathie.
biais de la part de l’enquêté qui cherchera bien souvent à « rester dans la norme ».
Intérêts ? donne le point de vue du « voyageur-marcheur », « mise en récit » d’un parcours connu
la personne interrogée devient guide / le chercheur, l’accompagnant – à l’écoute
prévoir deux à trois heures (explication de la méthode et mise en confiance de la personne interrogée, choix du parcours avec elle sur une carte au préalable, test du matériel, parcours puis séance d’entretien sur ce qui vient d’être vécu et/ou dit)
4. Le parcours accompagné commenté
Instrumentation requise caméra embarquée sur la personne (à hauteur de sa vue), petit enregistreur à défaut
une deuxième personne qui au loin suit le couple enquêté/enquêteur et prend des photos
Une méthode de terrain Repose sur des méthodologies déjà bien expérimentées !
Exemple, les méthodes d’observations des sujets piétons : les études de site ; les enquêteurs mobiles ; le suivi.
5. L’observation directe non participante
On ne part pas sur le terrain comme ça ! Constitution d’une grille d’observation à partir d’un travail de terrain exploratoire… … et traitement statistique des données collectées (occcurences) ! On choisit les lieux, les supports (tablette graphique, magnéto, …), les horaires des observations. On reste discret !
Pas d’échantillonnage… … mais méthode des quotas en revanche possible.
Exemple :
5. L’observation directe non participante
CL. Un objectif / Des techniques