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  • 7/28/2019 Le Nirvna et la conscience, par Ram Linssen

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    Le nirvana et la conscience(suite)

    par Ram LINSSEN

    Le nirvna est-il l'inconscience? N'est-il pas plutt une concienceinfiniment sublime?

    De la conscience de soi ordinaire il nest pas question. La conscienceprsupposant en gnral la perception de contrastes, implique la multiplicit. Elle rsulte de linterfrence active de principes opposs. Et noussavons que lexprience nirvnique abolit toute multiplicit. Lune de sescaractristiques est l'vanouissement de lillusion del sparativit. Arriv un tel tat, l'homme sent et voit l'Unit. Mieux encore, il la vit. Etantdevenu comme rien, stant affranchi de l'illusion dtre une entit indpendante, spare, il est en toutes choses. Il vit en tous les tres, en toutesles choses d'essence profonde qui constitue leur plus prcieuse richesse.Comment peut-il y accder? Parce qutant affranchi de son gosme, ila pu saisir en dedans de lui-mme, au del de lui-mme, lessence deson tre qui est l'E T R E de toutes les choses, l E T R E de tous les tres.

    Cette exprience peut revtir un caractre d'une telle acuit, quesoudain, par une trange magie, l'Univers des profondeurs rvle au chercheur la lumineuse splendeur de son intriorit. Il sagit ici dune des pluscurieuses expriences de la vie unitive. Elle constitue l'un des plus troublants paradoxes pour l'intellect. Parce quau cours de cette exprience,

    lorgane de la contemplation, le sujet spectateur et le spectacle lui-mmesvanouissent. Us font place l'ineffable unit dun ocan de Lumire.

    La puissance dune telle exprience est au-del des mots. L'clatfulgurant de la vision nouvelle emplit jamais l'me du chercheur d'une

    Joie divine. Cette jo ie nest pas la sienne, mais celle du Rel, qui en lui etpar lui se retrouve. L'homme sent quil a touch la substantialit profonde du monde. Il sent quil a apprhend la source de toutes les grcesdont se sont abreuves les mes de tant de mystiques. Et point capital :lhomme dans cet tat, sent, voit et vit dans une acuit de perception extraordinaire, une ralit en face de laquelle le monde extrieur semble svanouir. Il ne commettra pas l'erreur de le nier, mais au-del des apparences

    transitoires de celui-ci il aura senti, vu et vcu, la Ralit ternelle dontl'univers extrieur nest qu'une manation.

    Un tel homme accde des cimes dune tellement mouvante beaut,que son intelligence se mtamorphose miraculeusement en amour.

    Lamour qui jaillit d'un cur aussi vaste, revt un caractre d'unetelle transcendance, dune telle sagesse, quil se transmue en la plussouveraine intelligence.

    Le nirvna nest donc ni spcialement, intelligence, ni spcialementamour. Il rsulte de la synthse de ces deux ples du Rel.

    Une image pourrait nous faire comprendre davantage ce qui prcde

    Lorsque la lumire blanche traverse un prisme, celui-ci la dcomposeet rvle dans le spectre color les nuances de ses diverses composantes.

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    Le prisme est un transformateur dnergie. Mais lhomme est galement un transformateur dnergie, nous pourrions dire un prisme vivant.On pourrait comparer l'nergie universelle, ou l'essence profonde dumonde, la lumire blanche.

    Lhomme, tant un prisme vivant, fait subir cette nergie de multiples transformations. Il la dcompose en un certain sens.Cette essence profonde rve ainsi la nature de ses diffrentes composantes,, qui ne sont plus des couleurs mais forment un spectre psychologique .

    Les termes damour, d'intelligence, de conscience ont t donns auxdiffrents lments formant ce spectre psychologique .

    La lumire blanche est la synthse, l'apothose des diffrentes couleurs rvles par le prisme.

    Elle nest pas spcialement le bleu, ni le rouge, ni le vert. Elle conserve cependant le principe de sa brillance , sans que celle-ci ne soitteinte par des coloris particuliers.

    Dans l'exprience du mrvana, l'homme accde l'essence profondedes choses, qui, limage de la lumire blanche, nest ni spcialementamour, ni intelligence, ni conscience de soi.

    Comme la lumire blanche est la synthse, lapothose indivisede ses diffrentes composantes, ainsi, l'exprience nirvnique rvle lasuprme homognit dun tat d'tre dans le quel s'vanouissent toutesles distinctions opposant 'intelligence et le coeur, l'esprit et la matire.

    Nous pourrions dire, par analogie, que lorsque lhomme accdeau-dedans de lui-mme, au flux initial de lnergie qui lanime et le soutient, il apprhende dans sa spontanit premire la flamme d'une ralitvivante et cependant rigoureusement homogne, indivise.

    Si, en partant du spectre color, nous parcourons un faisceau lumineux en sens inverse de celui dans lequel s'est opr la dcompositiondu prisme, nous dcouvrons au-del de celui-ci, lunit indivise de lalumire blanche.

    Et de mme, dans la mesure o l'homme est capable de se dpouillerde ses limites, de se dpasser, de seffacer devant la ralit de profondeurqui forme lessence des choses, il parviendra la saisir, au dedans de

    lui-mme, au del de lui-mme, dans son homognit premire.Nous pourrions galement comparer les teintes particulire du spectre

    color aux diffrentes nuances caractrisant les multiples consciencesde soi.

    E t par contraste tablir un paralllisme entre la pure blancheur dela lumire et la conscience sublime de lessence profonde des choses.

    Mais si nous voulons tre plus prcis, plus svre dans notre langage,nous devrions cependant nous interdire de parler de conscience, lorsquenous voquons lessence des choses et l'exprience du Nirvana.

    Ns dans le monde munis de la soi-conscience, nous sommes dforms par la nature de cette spcialisation.

    La conscience telle que nous la concevons habituellement nest quunedgradation de la plnitude de l'E T R E .

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    Elle nen consiste quun reflet limit.

    Le Nirvana nest ni l'inconscience ni la conscience. Il est infinimentplus. Il est ltat dtre par excellence de l'homme accompli, vivant dans

    l'merveillement des plus hautes formes de lintelligence et de l'amour.La plupart d'entre nous concevons difficilement la possibilit de

    raliser un tat dtre absent de conscience de soi et cependant intensment lucide.

    Nous sommes domins ipar un prjug qui nous fait supposer unequivalence entre laffranchissement de la conscience de soi et lanantissement.

    Ces diffrentes craintes ne sont que des excuses tacites encourageant le refus de se dpasser, de se donner.

    Elles manifestent l'existence des rsistances quoffre lgo sa

    propre libration.

    Ainsi que l'exprime le sage indou Bhagavan Maharishi dans ltatsans go l homme bien loin de se perdre se retrouv e enfin, tel qu'ilft toujours, tel qu'il sera jamais. Telle est la seule signification duneauthentique rsurrection.

    Rsurrection qui n'est en tous cas pas celle de l'go , et qui apparatbeaucaup plus comme une dcouver te de C E qui E S T , de C EL A quin a jamais cess dE T R E au coeur de ce qui ipasse.

    Le pch originel ne serait quelillusion mentale de la consciencede soi. dont l'homme s affranchitpar le baptme dans l'oca n de

    lumire cosmique formant l'essence profonde des choses. Cette illusion tan t ne dans le mental, lorsque l'homme mangea le fruit del'arbre de la connaissance ne peut tre dissipe que par une formesouveraine de discernement o se trouvent troitement unis lintelligenceet l'amour.

    ( suivre)


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