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  • LA MAGIE ADAMIQUETHOMAS VAUGHAM

    Dit EUGENE PHILALETHE

    Prtendre professer la Magie dans ce trait, et lgitimer ceux qui lenseignent, est une impit pour beaucoup, mais pour nous, cela fait partie de la religion. Cest une connaissance intime que nous avons apprise dauteurs plus illustres que nous, ainsi que des Ecritures. La Magie nest rien dautre que la sagesse du Crateur, rvle et seme dans la crature.

    Comme nous le dit Agrippa, cest un mot que lEvangile ne ddaigne pas. Les Mages furent les premiers serviteurs que notre Sauveur ait rencontrs dans ce monde, et les seuls philosophes qui laient connu dans la chair, avant quil ne la dcouvre lui-mme. Dieu conversait avec eux, comme il le faisait dj avec les Patriarches. Il les guide dans leurs voyages au moyen dune toile, comme il guidait les Isralites au moyen dune colonne de feu. Il les informe, en songes, des prils venir; et il leur annonce, quayant vu son Fils, ils verront son salut. Cela nous porte croire quils taient Fils de Prophtes tout comme Fils de lArt, cest--dire, des Hommes tmoins des mmes mystres que ceux que les prophtes avaient connus. Vouloir rconcilier cette science et ses matres avec le monde, est une tentative plus plausible que possible, car le prjug contre la magie est tellement immense, que ni la raison ni lautorit ne peuvent lquilibrer. [160]

    Sil fallait persuader un juif de nos principes, nous le ferions en deux mots : Amru hakamim , cest--dire les sages lont dit (1). Lautorit de ses Pres lui suffit. En ralit, les premiers galilens (nous nous rfrons aux chrtiens dont les lampes brlrent prs de la croix et du tombeau) taient trs concis dans leurs initiations; un simple mot suffisait confirmer un proslyte : Croyez . Plus encore, la solennit de cette brve induction tait telle que Julien lApostat en fit le thme de son apostasie : Tu nas que ta foi, disait-il, pour fonder ta religion . Telle tait la simplicit de ces temps-l, quand ses blessures taient toujours devant leurs yeux, et son sang chaud dans leurs curs .

    Mais hlas, ces gouttes saintes sont geles, notre salut est pass de la croix au chevalet et a t dmembr par la sphre inquisitrice dAristote.

  • Mais ne te courrouce pas, pripatticien. Comment appeler tes coles, tes nombreuses sectes et cabales, qui ont massacr les Ecritures de faon si cruelle ? On vit dabord apparatre un ressentiment, suivi de querelles et de divisions dtestables, qui dsintgrrent une seule Vrit en mille extravagances hrtiques. Mais cette rupture ne compte pas : la science de Dieu nest que paille, si on ne la passe au tamis, si elle nest mue par un dsir dexprimentation (2). Cest ainsi que lenthousiasme corrompu par la logique exhale des passions contentieuses, et que la foi, abandonnant ses ailes et sa perspective, sappuie sur le roseau du syllogisme.

    De toute vidence, nous ne parvenons toujours pas concevoir comment la raison peut juger ces principes, dont la certitude ne dpend que de Dieu, et par consquent, nest pas dmontrable sans lEsprit de Dieu. Et voici ce que nous affirmons : la vraie foi ne consiste pas en la raison mais en lamour. Car nous avons reu nos principes et nous croyons les [161] avoir reus uniquement grce notre amour pour Lui. Cest pour cela quIl nous les rvle.

    Ainsi, les juifs ont cru en notre Sauveur pour son amour, ou dfaut, pour ses oeuvres. Hlas, certains thologiens ne croient que grce Aristote, cest--dire grce la logique sur laquelle ils sappuient pour rendre un dogme probable; cest alors quils parlent de foi. Dans le cas contraire, ils disent que cest le Coran. Nanmoins, Aristote - marchand ambulant de cette thorie et prenant par sophisme la place dIgnace dans son propre conclave - nous a concd ceci : Tant la raison que lopinion sont sujettes lerreur . Aristote nous dit Nous comprenons les termes de la science ainsi que les termes de ses principes , et Philopon dajouter cette excellente et chrtienne observation : En prenant vraiment l Esprit comme principe ou cause premire de la connaissance, non de la ntre, mais de celle de Dieu, qui est au-dessus de nous, et en prenant les termes comme tant des formes divines et intellectuelles . Donc, daprs ce commentaire, lEsprit divin est la cause premire de la connaissance, et si cet Esprit se rvle et rpand sur nous sa lumire, nous capterons les formes intellectuelles et les signes de toutes les choses qui sont en lui.

    Il nomme trs justement ces formes horoi, termes, car elles terminent ou finissent toute chose. Cest donc par elles que la crature est dfinie et trouve son individualit ou, pour utiliser le langage de Scott, son haccit, par laquelle elle est ceci et non cela. Telle est lexprience que

  • nous devons rechercher, cest--dire, le dveloppement et louverture de lEsprit divin, et non un syllogisme, mme sil est parfait.

    Aprs avoir t admis dans cette communion de la lumire, nous devons tre capable, comme laptre, de donner raison de notre foi. Dsormais, il faut savoir que Dieu ne se [162] rvle pas lui-mme, moins que le Ciel de lhomme ne se soit rvl dabord. Agrippa dit : Ecartez le voile qui est devant votre intellect , et vous ne serez plus aveugles. Dieu nest pas un dieu loign, mais un dieu porte de main. Soyez attentifs, dit-il, je suis la porte et jappelle (Apocalypse III, 20). Ouvrez donc vous-mmes, car il est crit : Si lhomme ouvre, jentrerai et je dnerai avec lui (ibidem). Il sagit ici du repas mystique intrieur, et non du repas symbolique extrieur. Cest le baptme spirituel du feu, et non le baptme lmentaire de leau.

    Voici deux constatations qui nous rconfortent. Premirement, que cest la Magie qui a apport au Christianisme ses premiers docteurs, qui furent conduits de lOrient jusqu Jrusalem grce leur connaissance et leur dvotion. Ensuite, que cet Art doit souffrir tout autant que la religion, et exactement pour les mmes raisons. Les motifs principaux qui ont provoqu les schismes actuels et les divisions de lEglise, sont les rites et les symboles qui y sont utiliss. Sans aucun doute, les aptres instaurrent et laissrent derrire eux quelques lments comme lEau, lHuile, le Sel et les Lumires, par lesquels ils nous signalrent quelques grands et vnrables mystres. Nanmoins, nos rformateurs, prenant ces choses pour des superstitions, les liminrent. En ralit, ce fut une erreur, car si lombre de saint Pierre gurissait, comment lombre duChrist naurait-elle fait davantage ? Dautre part, les papistes, ignorant le sens de ces symboles, leur attriburent une certaine saintet inhrente, et tombrent ainsi dans une trs dangereuse idoltrie. Nous omettons beaucoup de choses quils inventrent pour leur compte comme des images, de saints agneaux et autres reliques, ajoutant des ossements morts au splendide corps de lEglise primitive. [163]

    Comment ne pas tablir un parallle avec les Mages, qui institurent eux aussi comme cl de leur Art, les mmes signes, cest--dire, lEau, lHuile, le Sel et la Lumire par lesquels ils nous ont dcouvert tacitement leurs trois principes et la Lumire de la Nature qui remplit et active toutes choses. Aprs avoir lu attentivement leurs livres sans en rechercher le sens, lhomme ignorant prit des bougies, de leau, de lhuile et du sel

  • vulgaires, et se mit les consacrer et les exorciser pour faire sa magie condamnable et dmoniaque.

    La maxime des Mages tait la suivante : Il ny a aucune parole efficace en Magie si premirement, elle na t vivifie par la parole de Dieu . Dans leurs livres, il est souvent fait mention du verbum et du sermo, que lhomme vulgaire a interprt selon sa propre fantaisie, inventant des charmes et des vocables par lesquels il promet de faire des merveilles. Les Mages, dans leurs crits, parlent de triangles pour faire allusion leur plus secrte trinit, et de cercles, pour nous enseigner la rotation de la nature depuis le commencement de la semaine jusquau sabbat. Par cecercle ou rotation, ils ont aussi signifi que les esprits peuvent tre relis, indiquant que lme peut sunir au corps.

    Lhomme vulgaire a interprt ces triangles et ces caractres par une multitude de toiles daraigne ou de figures tranges, et ce cercle comme moyen de conjurer les esprits. Mais ignorant quel esprit se relient les Mages, lhomme vulgaire a travaill et tudi afin de se relier au dmon. Et si tu veux savoir qui taient ces Mages, nous te dirons quils taient rois, prtres et prophtes. Ces hommes connaissaient les mystres spirituels et substantiels de la religion, et en diffusrent ou en montrrent la partie extrieure et symbolique au peuple. Nous pouvons comprendre ici pourquoi la Magie na plus t recherche : les thologiens vulgaires et les [164] docteurs de la loi qui ne connaissaient pas ces secrets, examinrent la littrature de basse gamme, crmonielle et superstitieuse de quelque crivailleur qui simulait la Magie, allant linverse de lart mme et la considrant comme impie et antichrtienne. Par consquent, la professer devint un pch capital et le chtiment qui sy appliquait ntait rien dautre que la mort.

    Entre-temps, les quelques rares matres de cette science qui en observaient les premiers enseignements, lenterrrent dans un profond silence. Nanmoins, Dieu, qui avait support que sa vrit restt cache pendant trs longtemps, rveilla quelques esprits rsolus et actifs qui prirent leur plume pour dissiper ce nuage et qui, dans une certaine mesure, rvlrent la lumire. Les prcurseurs de ce courageux groupe sont Corneille-Agrippa, Libanius Gallus, le Philosophe Jean Trithme, Georges de Venise, Jean Reuchlin dit Capnion en grec, ainsi que quelques autres de leur temps. Et aprs tous ceux-ci, comme un nouveau prcurseur, n hors de leur temps, Eugne Philalthe.

  • Ayant entrepris de commenter publiquement ce sujet, ce que nous aurions pu faire en priv avec plus de satisfaction et davantage, nous pensons quil nest pas suffisant de rvler les malheurs et abus que cette science a subis; cest la raison pour laquelle nous ten