gros - de borges à magritte

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  • DE BORGES MAGRITIE

    FRD~RIC GROS*

    n peut sembler que Les mots et les choses mettent en place une conceptualisation loigne des livres prcdents, mme si Foucault prend soin, la fin de la prface qu'il donne ce livre, de trouver une cohrence, des points logique de passage entre Histoi de la folie, Naissance de la clinique et ce dernier ouvrage1 L'introduction de l'-nigmatique notion d' pistm pourrait suffire nous veiller la dimension de rupture qui pourrait bien caractriser cette uvre. On connait par ailleurs le succs immdiat qu'elle remporta. On peut caractriser, mais de loin, la relative nouveaut de Les mots et les cho-ses, en notant que la rgion archwlogique dsigne dans Histoi de lafolie renvoyait l'exprience d'un objet, prise dans toute son pais-seur culturelle (il y tait question de sensibilit sociale). Naissance de la clinique tentait d'lucider les structures d'une perception spci-fique, celle du pathologique, avec les conditions de son exercice conc-ret. Il semble que Les mots el les choses s'adresse une dimension beaucoup plus vaste et englobante: celle de la pense (mme si l'on constate un repli systmatique sur l'tude des savoirs; mais le seul fait que la diversit des savoirs ne soit convoque que pour dmontrer qu'ils pensent selon une mme disposition, indique le ncessaire dpassement vers l'ordre plus gnral de la pense, ou au moins, de la connaissance des choses). Les mots et les choses peut largement dsi-gner son projet comme celui d'une "archologie de la pense" (l'ex-pression encore une fois est de Merleau-Ponty).

  • 16 Michel Foucault, la littrature et les arts

    Notre propos ici serait d'examiner de prs la prface de Les mots et les choses dont il a pu crire qu'elle reprsentait "une thorie gn-rale de l'archologie qui [le] rjouit assez2", et son lien avec la pein-ture de Magritte.

    *

    L'criture est splendide, et c'est aussitt, par la rfrence l' ency-clopdie chinoise voque par Borges, la pense, dans la nudit de ses pouvoirs, qui est mise au dfi. La pense, c'est--dire trs vite, "la ntre : [ ... ] celle qui a notre ge et notre gographie3". Ce dont il est fait preuve dans la lecture de l'encyclopdie de Borges (dans ce qui constitue une exprience: cette exprience qui se donne comme "lieu de naissance4" de Les mots et les choses), c'est prcisment de la "limite" de notre pense: "l'impossibilit nue de penser cela5". Il faut bien comprendre, malgr l'ambigut de la formule prcdente, que l'tranget ne provient pas des objets penser, mais de l'espace de pense dans lequel se dploient ces objet~: "Ce ne sont pas les ani-maux "fabuleux" qui sont impossibles, puisqu'ils sont dsigns comme tels, mais l'troite distance selon laquelle ils sont juxtaposs aux chiens en libert ou ceux qui de loin semblent des mouches6''. Mais il subsiste encore une quivoque. Car on pourrait trouver que toute la surprise ne tient au fon~ que dans ce rapprochement entre ce qui n'tait ordinairement pas juxtapos. Alors, le jeu de Borges pour-rait tre confondu avec les procds surralistes: "comme sur la table d'opration le parapluie et la machine coudre7". Mais il faut se mon-trer attentif ici au dtail du texte.

    Car Foucault nous prvient: "encore ne s'agit-il pas de la bizarre-rie des rencontres insolites". Le premier exemple de ces "rencontres insolites" (auxquelles ne correspond pas l'encyclopdie chinoise de Borges) est donn par Eusthnes: "Pour tout ce jourd'hui, seront en sOret de ma salive: Aspics, Amphisbnes, Anerudutes, Abedessimons ... ". Suit une liste non-close de treize autres noms. Or, nous dit Foucault, tous ces noms trouvent leur lieu commun dans "la salive d'Eusthnes", dans "cette bouche accueillante et vorace". C'est dire, autrement, que la jouissive matrialit phonique se trouve seule convoque, et peut servir, un moment, de fanfare instaurant par son

    fraca~. un incroyable dfil. Mais la trame reste visible qui relie entre

  • De Borges Magritte 17

    elles les choses : leur bruit dans la bouche. Et c'est ici qu'est voque la table d'opration surraliste: lieu de rencontre de la machine cou-dre et du parapluie, elle fait luire entre eux "l'clair de la rencontre potique8", ce qui veut dire que "le blanc interstitiel qui spare les tres" est bien rempli. Peut rgner enfin l'ordre suprme (supra-raliste) de la posie pure, rien n'aurait chang dans cet ordre que la place des choses, mais non cet ordre lui-mme9

    Or que nous apprend l'encyclopdie chinoise de Borges? Faut-il dire qu'elle nous expose un autre ordre? C'est plus que cela, et il s'a-git de bien 1' entendre : Borges ne joue pas au savant ethnologue qui exhiberait des classifications exotiques afin de faire apparai'tre les ntres comme simplement relatives, pauvrement occidentales. L'opration est autre, et plus subversive: il s'agit de faire (qu'il soit le mme ou autre) s'effondrer le "site lui-mme", d'ouvrir "un espace impensa-ble". Mais impensable seulement pour nous? Il aurait suffi alors de quelque texte de la Renaissance ou de l'poque classique, puisque dj l (comme l'tablira Les mots et les choses) les choses se mettent en place autrement, et pour des regards anciens. Non, ce qui surgit plutt dans le texte de Borges, c'est en lui-mime, en tant qu'effondr, "le sol muet o les tres peuvent se juxtaposer11"'. Pour le dire autre-ment, Borges ne livre pas en fait un autre ordre, mais dlivre l'impos-sibilit mime d'un ordre. Mais o les choses vont-elles alors se juxtaposer "sinon dans le non-lieu du langage" (qui est autre que l'espace solide de la parole d'Eusth~nes) ? Il y aurait donc, comme lieu de naissance de Les mots et les choses, une exprience souveraine du langage comme effondrement du lieu commun des mots et des cho-ses. Ce que dsigne aussi la littrature.

    L' htrotopie11 est moins un ordre autre, que l'Autre de l'ordre, et c'est depuis lui seulement qu'on apprendra distinguer des ordres dif-frents de celui dont nous sommes contemporains. Ce qui dispanu"t dans l'htrotopie (c'est--dire dans l'encyclopdie chinoise de Borges), "c'est la cl~bre "table d'opration"". Quelle est cette table qui s'effondre ici, si ce n'est aussi la table des catgories de Kant? Mais n'allons pas trop vite: qu'il suffise de mentionner que Foucault nous dit que cette table qui s'effondre, c'est aussi bien le "tableau". Or ce mouvement d'effondrement du tableau, on sait que Foucault en a

  • 18 Michel Foucault, la linrature et les arts

    donn une autre version : "sur ses montants biseauts et si visiblement instables, le chevalet n'a plus qu' basculer, le cadre se disloquer, le tableau et la pipe rouler par terre, les lettres s'parpiller: le lieu commun- uvre banale ou leon de choses- a disparu 12". C'est le mme terme de "lieu commun" qui dessine, entre la prface de Les mots et les choses et le texte sur Magritte, un mme espace d'effon-drement.

    Tchons donc de dterminer, avant de poursuivre le mouvement propre cette prface, en quoi 1' encyclopdie chinoise de Borges rejoint la pipe de Magritte.

    *

    Dans le texte consacr Magritte, Foucault tente de montrer com-ment le tableau Ceci n'est pas une pipe (surtout dans sa deuxime ver-sion) doit tre compris en supposant, pour sa composition, l'antriorit dchue d'un calligramme. La fonction du calligramme est clairement expose : "le calligramme a un triple rle : compenser 1' al-phabet; rpter sans le secours de la rhtorique; prendre les choses au pige d'une double graphie13". chaque fois, il s'agit donc de tisser l'espace commun entre le mot et l'image, entre le signe verbal et la forme plastique. Or le tableau de Magritte "reprend les trois fonctions, mais pour les pervertir, et inquiter par l tous les rapports tradition-nels du langage et de l'image14". Il n'y a plus de calligramme dans le tableau (la phrase et le dessin ont repris leur lieu propre), mais il conti-nue sourdement le hanter: la phrase est nettement dessine, la pipe est creuse de petits signes; d'autre part le rapport ngatif, prsent dans tout calligramme (il faut regarder les signes sans les lire pour y voir apparatre la forme), est repris sous la forme d'une ngation dans la phrase ("Ceci n'est pas une pipe"). Cependant l'opration de Magritte ne doit pas tre prise comme la simple restitution masque des pouvoirs du calligramme. Le calligramme ~e une confusion, comme une superposition entre l'espace de dploiement des signes verbaux, et l'espace de dploiement des formes visibles. Ces deux espaces sont ordinairement spars, mais une surface de contact est toujours maintenue entre eux ("ce petit espace blanc qui court au-des-sus des mots et au-dessous des dessins, qui leur sert de frontire corn-

  • De Borges Magrine 19

    mune pour d'incessants passages1'"), surface de contact prcisment qui permet "tous les rapports de dsignation, de nomination, de des-cription, de classification". Or Foucault note qu'aprs l'hypothtique calligramme, au moment o la phrase et le dessin reprennent leur place respective, c'est ce petit espace blanc qui a disparu, ce dont rend compte la phrase ngative (ceci n 'est pas une pipe) : "le pige a t fractur sur le vide: l'image et le texte tombent chacun de son ct, selon la gravitation qui leur est propre. Ils n'ont plus d'espace com-mun, plus de lieu o ils puissent interfrer, o les mots soient suscep-tibles de recevoir une figure, et les images d'entrer dans 1' ordre du lexiquel6". Tout l'heure, dans l'encyclopdie chinoise de Borges, les mots et les choses ne trouvaient plus un espace d'ordre o communi-quer. Ici les phrases et les images voient leur lieu commun se dislo-quer.

    Dans la suite du texte, Foucault met en rapport la peinture de Magritte avec le destin de la peinture moderne. Destin qu'il dtermine comme la remise en question de deux "principes". "Le premier spare la reprsentation plastique (qui implique la ressemblance) et la repr-sentation linguistique (qui l'exclut) 17" : les tableaux de Klee ouvrent un "espace incertain" o flottent les signes et les formes, sans que rgne le principe de clture du calligramme. "Le second principe pose l'quivalence entre le fait de la similitude et l'affirmation d'un lien reprsentatifl8" : Kandinsky rompt avec l'exigence de la reprsenta-tion. Ces deux refus, Foucault les voit l'uvre aussi dans les tableaux de Magritte qui insrent des messages verbaux dans la plni-tude des formes, et font jouer une multiplicit de similitudes ne ren-voyant qu' leur propre logique, dans les dissociations soigneusement mnages entre le tableau et son titre.

    Toute cette analyse tend montrer que la peinture classique conti-nuait postuler entre les images et les signes verbaux un espace com-mun. Leur sparation (l'image ressemble alors que le signe signifie) se trouvait immdiatement quilibre par la structure affirmative (apo-phantique) de la ressemblance: "la peinture classique parlait- et par-lait beaucoup - tout en se constituant hors langage; de l, le fait qu'elle reposait silencieusement sur un espace discursif!"''. Ce qui est doM dans la peinture moderne ~s lors, c'est moins un nouvel

  • 20 Michel Foucault, la linrature et les arts

    espace constitu o les mots et les figures composeraient autrement, que l'absence marque de ce lieu commun. Et c'est la meme absence qui clate dans l'encyclopdie chinoise de Borges, dtaille dans la prface de Les mots et les choses.

    On se souvient par ailleurs que dans L'il et l'esprit, qui s'ouvre par la reproduction d'un tableau de Klee, Merleau-Ponty voulait ramener "la pense allgre et improvisatrice de la science" "son his-toricit primordialelO''. L'historicit des savoirs, chez Foucault et Merleau-Ponty, s'impose, et la redistribution des sens de vrit s'opre depuis une exprience de la peinture moderne. On dira qu'il n'y a entre le texte de Merleau-Ponty et celui de Foucault que ce trs faible cho, mnag en oprant ce glissement de l'encyclopdie chi-noise de Borges la pipe de Magritte. Mais nous voudrions faire jouer encore un peu, avant de rendre compte de la fm de la prface de Les mots et les choses, les deux sries de textes. Merleau-Ponty voque ce "fondamental [ ... ] de toute culture", et Foucault: "entre ces deux rgions si distantes, rgne un domaine[ ... ] fondamental[ ... ] C'est l qu'une culture ... ". Mais qu'est donc ce fondamental o les savoirs trouveront leur mesure? Merleau-Ponty le donne comme ce " "il y a" pralable". Et Foucault comme ce "il y a de l'ordre". Fondamental rflchi comme "site" et "sol" par Merleau-Ponty: deux t.ermea qu'on retrouve dans la prface de FoucaulL Ces reprages lexicaux ne prou-vent sans doute rien, et il y a loin de l'pisthn, de l'espace d'ordre, des configuratiODJ du savoir au corps tissant avec le moode visible une complicit sans Jllellft. Mais c'est dans Je sillage sans doute d'une mne interrogation que Foucault a pu rmouver si vite les mou de Merleau-Ponty, et toujoun cette mne id que les savoirs n' q,ui-sent pas dans une auto-rfrence Jeun conditi0111 de possibilit, et que celles-l ne seront pas plus donnes dans J'examea des formes logiques du laugage, mais qu'il y a auez dans J'expmence de la litt-rature ou de la peinture pour repenser l'historicit de la~-

    D nous f mainaenanl. une demie fois. cta.ouer la fils de la

    prface. ou plurat llleiUia leur~ d'~ foacaall la* de rauisir qgi fail .. ""lalir Glial...,. ( ... )la

  • De Borges Magritte 21

    mots et les choses21". Cet lment, c'est l'ordre: "l'ordre, c'est la fois ce qui se donne dans les choses comme leur loi intrieure, le rseau secret selon lequel elles se regardent en quelque sorte les unes les autres et ce qui n'existe qu' travers la grille d'un regard, d'une attention, et d'un langage". Cette solidarit entre la structure interne de J'objet et la constitution active du sujet, on l'a dj rencontre quand Foucault parlait de "structure" pour dsigner le rapport indivi-sible entre ce qu'on voit des choses et ce qu'on en dit (Naissance de la clinique). Mais Foucault se veut ici plus prcis. Il distingue d'abord "les codes fondamentaux d'une culturell" et le domaine "des thories scientifiques ou des interprtations de philosophe23". D'un ct les ordres pratiques, et de 1' autre les thories de l'ordre. La rgion archo-logique est prcisment donn penser comme intermdiaire, mdiane, et nanmoins fondamentale. Fondamentale en un double sens. D'abord en ce sens qu'elle neutralise les rgularits pratiques illlldiates pour laisser apercevoir "l' atre brut de l' ordre2A" ; au sens ensuite ob les thories de l'ordre reposeront sur cette rgion nouvel-lement dcouverte pour difier leurs substructions spculatives. On voit combien Foucault fiine ici avec une phnomnologie husser-lienne: ce double mouvement recoupe en effet l'opaoation d'une rduction e~que (amener une exhibition de ''l'~e brul de l'or-dre") et d'une duction tranACeDdantale (montrer un mouvemenl de constitution des thorie panir d'une rgion "plu~ arctuque''J. Cependant ces rductions ouvrent ici une dimenJion d'hi~toricit. Car ce "il y a de l'ordre" manifest dans 1011 eslleiiCe et danJ se capacit~ de constitution recouvre immdiatement une essence d' poquel' de l'ordre, une mise en ordre hiltOrique des empiricits. Comment d'ailleun dterminer cene rgion archologique? On a.\siste alors l une valse des dsignali0111. Foucault parle en effet d'une "ex~rience". Chaque poque donne lieu lune ex~ence ~ine du il Y a de l'ordre: "dans l'tude que voici, c'nl cette expmence qu'on voudra lllalyser'".

    L'.-chiologje ~erait donc une dncription d'une ,xplri,nu frmdo mnuale de l'ordre propre l chaque q,cque. Mai!! ce "il y a de l'fYr

    dre~ il a#!U ,......,.,..... ~AIW1.1. ,..~ ~ ~~: .. - ,._.,.~-- -~,;.---

  • 22 Michel Foucault, la linralllre et les arts

    entre les mots et les choses prsente dans la litthatw'e et la peinture contemporaines.

    NOTES " Maitre de conf6reoces en pbilosopbic, UDiversi~ Paris XB. ' Les mots et ks choses, Tel-Gallimard. Paris, p. lS. 1 "Chronooogie" tablie par Daniel Defen, iD Dits et icrits, Paris, tome 1, p. 27. 1 Les mot.r et ks choses, 6d. cit., p. 7. Ibl., p. 7 5 Loc. cil. 'Ibid., p. 8. 1 Loc. cil. 1 /bid., p. 9 ' Ou peut alors aappiocber ces analyses de la d6c:lanoa de Foucault dans "06>al sur le roman" (1963): "Quaod Sollers parte du retour ou de la rbninisnce, ou quaod daas ses textes on parle du jour et de la nuit et du mouvement par lequel le jour et route llllllim se perdent dans la nuit, etc., en quoi est-ce diff&ent d'exp6-ricas qu'on peutiiOUVer cbez les IUI1'6llistes? D me semble- mais I8DI que j'en lOis tr sOr- que la IUIRatista avaienl pla ces~ dans un apa qu'oo pourrail appeler psycbologique, elles 6laienl en tout cas domaine de la psy~; en faisaal ces exp&ieD.s. ils d6c:ouvraienl cet arri&e-moade, cet au-dell ou en-del du monde et qui ~ pour eux le food de toute raiaoo.. Ill y recoDII8IIIIe une 10rt.e d'iacomcienl, coUec:lif on 1100. Je crois que ce n'at llblolumeal .-ce que l'oo lrOuVe cbez Sollen et diol le poupe Td Qwl; il me semble que la~ doDI Sollen a~ hier, il la pla .- dlall'apKe de la psy~. mais daDI celui de la pelll6e", iD Dib et krit.r, rome 1, p. 339. 10 Lu mot.r et les dto~es, p. 9. " Le liCOl de ce lame rel qu'il se dooae llire daalla prtface de Les mou et ks cho~es, at profoodaDenl disciDct de ce qu'on peut rmouver dans un rexre de Foucault de 1967 ('"Dea espaces ures", iD Diu et krill, tome IV, rexre n 360). 11 "Ceci n'est.- u pipe", iD Dib et lcrits, tome 1, p. 643. J] Ibid., p. 638. Ibid., p. 639. 15 Ibid., p. 642. "Loc. cil. 17 lbtd., p. 643 . .. Loc. cil. ,. Ibid., p. 6SO. L'il et l'april, p. 13. l2 Lu ~ et la dtotes, p. 9. Z1 lbitL, p. Il. ZJ lbitL, p. 12. lO LDc.. Cil. 3 L'ff !tet ii clltl .. q.adW-rlr-aillldcWif Ollr.al _.....,_. rt... lbiL p. 16.

    pic_2012-10-20_184842_Page_1_1Lpic_2012-10-20_184842_Page_1_2Rpic_2012-10-20_184842_Page_2_1Lpic_2012-10-20_184842_Page_2_2Rpic_2012-10-20_184842_Page_3_1Lpic_2012-10-20_184842_Page_3_2Rpic_2012-10-20_184842_Page_4_1Lpic_2012-10-20_184842_Page_4_2Rpic_2012-10-20_184842_Page_5_1Lpic_2012-10-20_184842_Page_5_2R